La conception cartésienne de léhomme selon René Descartes( Télécharger le fichier original )par Placide IPAN MOLOUASHUNI Institut supérieur de philosophie Saint-Joseph MUKASA Yaoundé Cameroun - Baccalauréat 2011 |
II.2. DOUTE METHODIQUESelon Louis-Marie Morfaux Jean LEFRANC, le doute est : l' « Etat d'incertitude de l'esprit touchant la réalité d'une chose ou d'un événement, la validité d'un raisonnement, la vérité d'une conception, etc., qui se traduit par la suspension du jugement »46(*). Aussi pour Descartes, le doute méthodique sera « qualification donnée à la méthode philosophique de Descartes [...] visant à fonder de façon inébranlable la certitude en frappant systématiquement de doute tout ce qui n'est pas certain d'une certitude absolue »47(*). Le doute méthodique passe donc pour le seul moyen d'accès à la vérité ou la seule manière de distinguer le vrai d'avec le faux, pour voir clair dans les actions. Ainsi, Descartes commence par rejeter les opinions fondées sur l'autorité du fait qu'il n'a pas pu trouver une chose dite par une personne dont le contraire ne soit soutenu par un autre. C'est ce qui crée une incertitude au niveau de l'adoption des deux manières de penser. Le doute est envisagé et pratiqué en ce sens, surtout en vertu de sa valeur méthodique, car il n'est pas autre chose que la suspension du jugement exigée par la règle de l'évidence qui propose : « de ne jamais recevoir aucune chose pour vraie que je ne le connusse évidemment être telle »48(*). Il s'agit d'éviter la précipitation. Cependant, le doute qui a pour objet, selon Descartes, d'éviter les erreurs ne concerne pas les moeurs, car dit-il: « j'avais dû longtemps remarquer que, pour les moeurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables »49(*). En ceci, le chemin du doute est entrepris en vue de trouver ce dont on ne peut plus douter. Dans les Méditations Métaphysiques, Descartes justifie le doute, en évoquant l'expérience possible d'un malin génie qui pourrait nous tromper : « je supposerais donc qu'il y a, non point un vrai Dieu qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie non moins rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie à me tromper »50(*). Le doute aux yeux de Descartes permet donc d'atteindre l'indubitable. C'est la raison pour laquelle il est envisagé comme exigence de certitude: « tout mon dessein ne tendait qu'à m'assurer et à rejeter la terre mouvante et le sable pour trouver le roc ou l'argile»51(*). Descartes passe par le doute non parce qu'il sait d'avance que les opinions reçues sont fausses mais aussi, il les pose comme hypothèses, car c'est ce même doute qui le libère de fausses certitudes et apparences trompeuses. Dans le même sens, le doute se réalisera par la résolution de tout remettre en question, c'est-à-dire, de prendre du recul par rapport aux vieilles connaissances à partir des fondements nouveaux. Il s'agit d'imiter ceux qui font abattre leur maison parce que leurs fondations ne sont pas solides. Aussi selon L. MEYNARD, le doute est à considérer comme : « un instrument permanent de la liberté de l'esprit dans la recherche de la vérité »52(*). Bref, le doute cartésien prépare un chemin pour accoutumer notre esprit à se détacher des sens. Ce doute concernant les choses matérielles est un doute méthodique, une ascèse comparable à l'effort du prisonnier dont parle Platon (pour se tourner vers la lumière) dans le mythe de la caverne. Et Roger LEFEVRE de dire : « le doute cartésien est comme la rumination de la pensée dans une vie à la recherche de son sens. Il ne se borne pas à remâcher les arguments des sceptiques roulés par la tradition, ce qui le dégoûte plutôt»53(*). Que signifie ici la recherche du sens de la vie. Le doute cartésien aurait-il pour objectif l'affirmation fondamentale de l'existence du cogito ? * 46 Louis-Marie MORFAUX Jean LEFRANC, op.cit, p.143. * 47 Idem * 48 René DESCARTES, Discours de la méthode suivi des Méditations métaphysique, Ed. Montaigne, Paris, 1970, p.38. * 49 Ibidem, p.51. * 50 Idem. * 51 Ibidem, p.140. * 52 L. MEYNARD, Descartes, Discours de la Méthode, texte et commentaire en regard, Coll. Philosophique, Ed. Foucher, Paris p. 17. * 53 Roger LEFEVRE, op.cit, p.7 |
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