1-1-2- THÈMES RÉCURRENTS ET MANIEMENT DU
TEMPS
Les cinq phases de l'intrigue semblent se mouvoir autour des
thèmes de la religion, de la guerre et du silence desquels, le lexique
est considérablement imprégné. Tout au long du
récit, ce sont ces thèmes qui font évoluer l'intrigue et
qui animent l'héroïne.
D'abord, c'est le thème de la religion qui
modèle toute la vie de l'héroïne qui, entre faire la
prière ou égrener le chapelet n'a plus beaucoup d'autres
activités. Outre les différents noms de dieu cités dans le
récit, c'est la scène de la prière qui réapparait
par alternance. Même le mot-clé du roman a semble-t-il une
étroite relation avec la religion (l'Islam), puisque selon le
récit de la femme, la pierre de patience ou Syngué sabour
ne serait autre que la Kaaba.
L'héroïne s'étonne que la Kaaba
n'ait toujours pas explosé quand bien même les lamentations
auxquelles, elle assista furent nombreuses : « Depuis des
siècles et des siècles que les pèlerins se rendent
à la Mecque pour tourner et prier autour de cette Pierre, je me demande
vraiment comment ça se fait qu'elle n'ait pas encore
explosé » (88).
Ensuite, c'est le thème de la guerre qui pullule de
part et d'autre le roman. C'est principalement les personnages qui font montre
de cette thématique : L'homme, un éternel
moudjahid, allé combattre à toutes les guerres,
blessé par balle, indigné par l'amant potentiel de sa femme un
soldat qu'elle connut lors d'une intrusion.
Enfin, le silence est l'autre thème qui régit
l'histoire du roman, puisque c'est contre le silence que se bat
l'héroïne, c'est son désir de se débarrasser de ses
secrets qui lui donne toute sa ferveur de parler. C'est aussi le silence qui
fait durer la tension de l'intrigue enchâssée entre son envie de
tout dire et sa crainte de se retrouver dévoilée de ses secrets.
C'est dans cette perspective qu' « elle se
mure dans le silence » (67), ou, qu'elle crie carrément
ses craintes : « Il me rend folle ! il me rend
faible ! il me pousse à parler ! à avouer mes fautes,
mes erreurs ! Il m'écoute ! il m'entend ! c'est
sûr ! il cherche à m'atteindre...à me
détruire » (76).
L'abondance lexicale des trois thèmes que nous venons
de citer, rend inévitable d'en faire suivre toute interprétation.
En effet, continuellement confronté à un vocabulaire
thématique fertile, le lecteur ne peut qu'adapter son
interprétation selon le renforcement de vocabulaire pratiqué dans
le texte.
En ce qui concerne le temps, il semblerait qu'il soit
étroitement lié au thème de la religion. Le fait que la
durée des évènements soit mesurée grâce au
nombre de tours de chapelet effectués rend cette liaison significative.
D'autant plus que ces segments diégétiques sont souvent
enchâssés entre deux accomplissements de la prière ou entre
deux appels à la prière. Dans une optique narrative, ce maniement
du temps s'avère être très révélateur. En
effet, le lecteur même ne connaissant pas la durée ou le temps
exact d'un évènement, a tout de même la possibilité
de percevoir l'intérêt porté à rattacher tout ce qui
a trait à la temporalisation avec la religion.
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