II.2.2. Les facteurs limitant le développement du
secteur d'assainissement en milieu rural
Les principales contraintes de l'accès à
l'assainissement en milieu rural sont :
- Sur le plan socio-économique
L'écrasante majorité de la population
nigérienne, aussi bien en milieu rural qu'urbain, est de confession
musulmane, suivie de très loin par des minorités de confession
chrétienne et animiste. L'islam et le christianisme prônent la
propreté (corporelle, vestimentaire), l'hygiène (de
l'environnement, milieu physique, etc.) et donc des attitudes et des pratiques
favorables à l'assainissement. Cependant, la méconnaissance de
ces principes, l'ignorance et la pauvreté conduisent beaucoup d'adeptes
à développer des comportements autres, voire à refuser
certaines améliorations sanitaires qui leur sont proposées.
Par tradition, dans la plupart des communautés au Niger
les déjections humaines (fèces, urines, crachats, etc.) font
l'objet d'un dégoût et aussi naturelles que soient les fonctions
de défécation et de miction. Tous ces actes font l'objet de
honte. Ces considérations peuvent sans doute avoir des
répercussions négatives sur l'acceptation de certains types
d'ouvrage notamment les latrines ECOSAN qui nécessitent la manipulation
des déjections humaines.
- Sur le plan institutionnel :
Le secteur de l'assainissement souffre de sa dispersion entre
plusieurs départements ministériels et d'un manque de consensus
entre ces différents départements pour la définition et
l'adoption d'une politique et d'une stratégie nationale en la
matière. Des initiatives et des documents de politique
stratégique ont été élaborés respectivement
par chacun des deux principaux départements ministériels à
savoir le Ministère de l'hydraulique et le Ministère de la
santé Publique.
Le Conseil National pour l'Eau potable et l'Assainissement
(CNEA) qui est l'instance de coordination manque de pragmatisme et de moyens
tant humains que financiers. La conséquence de cette situation est qu'il
n'y a pas aujourd'hui au Niger de politique et de stratégie nationale
(moins encore pour le milieu rural) en matière d'hygiène et
d'assainissement formellement adoptées par le gouvernement. Il est donc
logique, dans ces conditions, qu'une grande majorité des acteurs
indiquent ne pas se référer à des normes ou à une
stratégie nationale.
A l'instar du niveau national, les actions d'assainissement
souffrent cruellement d'un manque de coordination au niveau local. Chaque
projet, programme ou ONG planifie et met en oeuvre ses actions selon ses
propres approches.
Les moyens financiers des communes sont très
insuffisants au regard de l'importance des problèmes d'assainissement.
La totalité des élus estiment que ces moyens (financiers et
humains) sont particulièrement insignifiants face aux importants besoins
en assainissement. Les prévisions budgétaires inscrites aux
Programmes de développement Communautaire (PDC) ne sont que très
partiellement concrétisées.
L'insuffisance voire le manque de collaboration entre les
différents partenaires locaux concernés par la question
d'assainissement est observé. Dans la mise en oeuvre de certains projets
et programmes, les techniciens d'assainissement au niveau local ne sont pas
toujours impliqués malgré leur rôle régalien. Ainsi,
à peine 1/3 des agents de santé sont informés de
manière très éparse sur la situation de l'assainissement
dans leur zone d'intervention. Le projet « PEADD 12 Communes » tente
de remédier à cette situation en mettant en place dans toutes les
communes de son intervention une commission communale pour l'eau et
l'assainissement qui aura la charge de planifier et de suivre
l'exécution des actions de la commune en matière d'eau et
d'assainissement.
Au niveau local, il faut aussi améliorer la
concertation et la collaboration entre les différents acteurs (agents de
santé, techniciens d'assainissement, élus, maçons, chefs
de village, etc.) afin de mieux planifier la mise en oeuvre et la promotion des
services d'assainissement.
Quant-à l'alimentation en eau potable, elle reste une
priorité, et tant que la précarité subsiste à ce
niveau, elle constitue un des principaux facteurs limitant le service de
l'assainissement en milieu rural.
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