Conclusion de la première partie
Dans cette partie, il était question de vérifier
l'hypothèse selon laquelle les difficultés de mise en oeuvre de
la coopération sécuritaire seraient un facteur structurant
d'enracinement et de recrudescence des actes de criminalité
transfrontalière dans le golfe de Guinée.
A cet effet, il nous a été tout d'abord
donné de constater que l'enracinement des actes de criminalité
transfrontalière dans le golfe de Guinée est consécutif
à la faillite des Etats de cette région à assumer
efficacement leurs missions régaliennes de défense et de
sécurité de leurs territoires, du fait de la conjugaison d'un
certain nombre de facteurs que nous avons étudiés. Car, s'il est
vrai qu'aucune société politique organisée, fut-elle
développée ou occidentale, n'est à l'abri de pratiques
criminelles transfrontalières, il apparait clairement que l'enracinement
et la multiplication des pratiques de ce phénomène dans le golfe
de Guinée sont exacerbés par la criminalisation des élites
politico-militaires gouvernantes, l'abondance des ressources naturelles, la
gestion problématique des frontières interétatiques ainsi
que la paupérisation et le sentiment d'exclusion sociale de la
majorité des populations qui y vivent.
Ensuite la recrudescence des pratiques criminelles
transfrontalières dans le golfe de Guinée s'explique, comme nous
l'avons analysé, par l'inadéquation des initiatives actuelles de
sécurisation de la région. Car, nous notons que les Etats ont
davantage privilégié une réponse sécuritaire
exclusive, solitaire et souverainiste pour répondre au problème
du phénomène de la criminalité qui se développait
dans leur environnement. Mais, face à la multiplication et à
l'extension régionale des actes de ce phénomène, ces Etats
ont noué des accords sécuritaires de coopération
bilatérale, sous régionale et régionale pour y faire face.
Toutefois ceux-ci, du fait de leur prolifération non coordonnée
et des défauts techniques inhérents à leur conception et
à leur mise en oeuvre, se sont avérés inadéquats
pour lutter efficacement contre ces actes.
C'est donc à partir de la plausibilité de cette
première hypothèse qu'il convient d'appréhender et
d'analyser la seconde. Celle-ci postule que les voies et moyens de renforcement
de la coopération sécuritaire passeraient à la fois par la
modernisation de la gouvernance des espaces transfrontaliers et la
concrétisation d'un système autonome de sécurité
collective.
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