TAYLOR est le premier à mettre en place les
éléments de contrôle en introduisant la notion de «
norme » dont découle l'idée des écarts, et de la
« gestion par exception », ensuite, en 1903, le point mort fait son
apparition aux Etats-Unis, suivi en 1910 par les couts variables. En 1915,
GANTT initie un traitement des charges de structure, qui deviendra l'imputation
rationnelle des charges fixes.
La plupart des auteurs s'accordent à dire que le
contrôle de gestion dans sa forme moderne a fait son apparition au sein
de la General Motors (GM) au début de la décennie 1920. La GM qui
est l'une des plus grandes et plus vieilles entreprises d'automobiles des
Etats-Unis d'Amérique, se retrouve non seulement en concurrence avec
Ford, mais aussi, avec d'énormes problèmes de trésorerie.
Alfred P. SLOAN, ingénieur du MIT (Massachussetts Institute of
Technology) ayant fait fortune avec une société de roulement
à billes, qu'il cède à la United Motors Corporation,
filiale de la GM, est nommé vice-président de cette
dernière.
En 1919, SLOAN observe que la GM fonctionne plus sous forme
de société de holding, avec plusieurs filiales autonomes dont les
produits sont mis sur le marché et se retrouvent même parfois en
concurrence les uns contre les autres. Il écrit une lettre au
président de GM, William C. Durant, pour dénoncer la structure de
gestion de la GM, et demander la création d'une direction
générale qui coordonnera les actions autonomes des
différentes filiales de la société.
En 1920, n'ayant pas obtenu de réponse favorable, il
initie de nouveau la démarche auprès du nouvel actionnaire
majoritaire P.S. Dupont de NEMOURS, qui donne son accord pour cette
démarche, en lui associant D. BROWN, directeur financier de la GM.
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Leur première mission fut d'établir un
système de cohérence entre les divisions de la
société, mettant donc en place le processus dénommé
« un modèle pour chaque budget et chaque usage ». Cela a
nécessité une coordination des actions menées par les
différentes entités de GM et leurs projets pour prendre le
contrôle du marché.
BROWN va ensuite implanter dans l'entreprise, des
méthodes de contrôle financier innovantes pour le secteur de
l'automobile, la situation économique en récession des
années 1920 et la mauvaise gestion de la trésorerie de la GM, les
ayant rendus nécessaire. Ainsi, plusieurs mesures drastiques, qui
peuvent être apparentées de nos jours aux outils et processus du
contrôle de gestion vont être mise en place:
· Le consolidated cash control system: pouvant
être appréhendé comme l'un des prémices de la
gestion de trésorerie, qui vise à centraliser les
différentes trésoreries des divisions à la direction
financière du siège;
· Une politique de gestion des stocks exigeante: son but
était, de corréler les prévisions aux approvisionnements,
pour réduire dans une première mesure, les effets de la
récession de 1920, et ensuite avoir une gestion des stocks capable de
limiter les effets d'une telle crise dans le futur;
· La mise en place d'un reporting prévisionnel:
pour les approvisionnements, les stocks, les investissements, la
trésorerie, le besoin en fond de roulement, permettant ainsi à
SLOAN de décider de la production de chaque mois, gérant ainsi,
les risques liés aux variations de la demande;
· Un reporting historique mensuel: il va tenir compte
des coûts, des prix, des volumes, du retour sur investissement, à
terme, uniformiser les reports des différentes unités;
· La considération des coûts standards, ne
variant pas et tenant compte des sensibilités du marché pour le
contrôle budgétaire ;
· Le ROI (return on investments): qui sera
l'élément de comparaison de la performance des différentes
divisions.
La nouvelle structure, qui peut être
appréhendée comme une structure de division, débouche sur
l'utilisation des centres de responsabilité. Elle permet ainsi d'avoir
simultanément une autonomie et la synergie nécessaire à
une action commune.
En 1923, GM mensualise les budgets commerciaux et introduit
les budgets flexibles; entre 1924 et 1925, il accélère la
remontée d'informations (tous les dix jours) et améliore ses
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procédures de prévision avec des écarts
mensuels passant à moins de 1%. Plus tard, les améliorations se
font dans d'autres entreprises de divers pays en Europe, ainsi, en 1932, Mc
GREGOR, dans sa théorie Y5, pose les bases de la
recherche de performance humaine. Des années plus tard, ANTHONY de la
Havard Busness School formalise les liens entre contrôle et
stratégie.
Durant les années 80, plusieurs innovations ont
été développées dans ce domaine, plus
précisément au niveau des outils qui se sont
considérablement perfectionnés, permettant ainsi une meilleure
performance pour les entreprises. En 1987, JOHNSON et KAPLAN, critiquant les
pratiques de comptabilité de gestion des entreprises américaines,
reconstruisent le modèle comptable sur la base des coûts
d'activité (Activity Based Consting)
Les années 90 apportent un mode de capitalisme plus
financier et font émerger l'Economic Value Added.
Crées pour permettre aux entreprises américaines
d'être plus compétitives face à la poussée
Japonaise, les auteursde ces pratiques, sont pour la plupart, des anglo-saxons,
et précisément des américains. Toutefois, des
contestations existent au niveau de la paternité de certaines pratiques,
souvent considérées comme une simple reformulation de concepts
déjà existants6. A cet effet, nous pouvons citer
l'Activity Based Consting qui ressemble considérablement
à la méthode des sections homogènes de RIMHAILO en
1927.
Comme nous pouvons le remarquer, les origines du
contrôle de gestion se situent non seulement au sein de la GM, mais aussi
d'autres entreprises partout en Europe, car la nécessité de son
avènement a été dictée par l'environnement
économique exigeant de la période entre les deux guerres. De ce
fait, l'évolution des pratiques et des différentes perceptions du
contrôle de gestion est diversifiée selon les différents
modèles et processus étudiés par les auteurs.
Les éléments de gestion décelés
chez GM durant la décennie 1920 et bien après, ne sont que des
prémices du contrôle de gestion. Plusieurs auteurs se sont
intéressés à cette discipline,
5Cette théorie suppose que l'effort
physique et mentale est aussi naturel aux humains que le repos et les loisirs,
si l'individu est associé aux objectifs de son organisation, il donnera
spontanément le meilleur de lui-même sans qu'il y ait besoin de
contrôle ni sanction, de plus, l'individu moyen placé dans les
conditions adéquates apprend à rechercher les
responsabilités. La théorie Y est basée sur la confiance,
la délégation et l'autocontrôle.
6 L'Economic Value Added qui a
été breveté aux Etats-Unis par Stern Steward & Co.
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à ses processus, produisant ainsi des approches
différentes, qui ont conduit à la mise en lumière de
plusieurs typologies du contrôle de gestion. Nous étudierons en
priorité le modèle SLOAN-BROWN, qui peut être
considéré comme la base du contrôle de gestion, sur lequel
tous les auteurs se sont appuyés pour améliorer cette
discipline.