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CENTRE AFRICAIN D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION
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Novembre 2011
INSTITUT SUPERIEUR DE MANAGEMENT DES ENTREPRISES ET AUTRES
ORGANISATIONS - ISMEO
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES Pour l'obtention d'une
MAITRISE PROFESSIONNELLE EN SCIENCES DE GESTION
OPTION : GESTION DES PROJETS - MPSG-GP
Année académique 2010-2011
THEME
EVALUATION DE LA PERFORMANCE SOCIALE DU PROGRAMME DE
MICROFINANCE D'APHEDD- BAVEC BENIN
Présenté par
NOUKPOKINNOU Olivier
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Sous la direction de
M. CHABI Bertin Chef département
Master/ISCBF/CESAG
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Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
DEDICACE
Je dédie ce mémoire:
A mes parents défunts NOUKPOKINNOU Dénis et
WANCLOUNON Anasthasie trop tôt rappelés à DIEU en qui je me
souviendrai sempiternellement. Du séjour que le Seigneur vous a
réservé, continuez de bénir votre fils ;
A mes parents adoptifs HONVOU Alain Patrick et son épouse
qui se sont pliés en quatre pour m'accorder leur soutien
indéfectible ;
A mes bienfaiteurs HOUNDOTE Alfred et AMEGBEDJI Urbain qui par
leur rôle de conseiller m'ont permis de vaincre le découragement ;
que DIEU lui-même dans son amour infini soit la récompense ;
A tous mes frères et soeurs pour leur amour, leur
sacrifice et leur attention particulière à mon égard.
i
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
REMERCIEMENTS
Qu'il nous plaire ici de témoigner mes sincères
reconnaissances à tous ceux ou celles qui se sont investis dans ma
formation, en l'occurrence l'ensemble du corps professoral du
CESAG
J'adresse mes sincères remerciements en particulier
à nos encadreurs :
? Monsieur Bertin CHABI
qui, malgré ses multiples occupations a accepté suivre
de bout en bout la réalisation de ce mémoire ;
? A Madame PEDE Victoire Mahoutin,
Directrice Exécutive d'APHEDD-BAVEC ;
Que mes professeurs, mes amis et tous ceux qui m'ont
encouragé, soutenu et assisté soient aussi bien assurés de
ma profonde et amicale gratitude ; à vous, infini
remerciement.
ii
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
APHEDD-BAVEC : Association pour la Promotion
de l'Homme, la Protection de
l'Environnement pour un Développement Durable - Base
Villageoise d'Epargne et de Crédit
autogérée
BCEAO : Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
CGAP : Consultative Group to Assist the
Poor
CERISE : Comité d'Echanges de
Réflexions et d'Informations sur les
Systèmes d'Epargne et des crédits
CIDR : Centre International de
Développement et de Recherche
CSSFD : Cellule de Surveillance des
Systèmes de Financement
Décentralisé
FECECAM : Fédération des
Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuel
ICD : Institution de Crédit Direct
IMC : Institution Mutualistes et
Coopératives
IMF : Institution de Micro Finance
MIX : Microfinance Information eXchange
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAPME : Promotion d'Appui aux Petites et
Moyennes Entreprises
PARMEC : Projet d'Appui à la
Réglementation des Mutuelles d'Epargne et
de Crédit
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
SFD : Système de Financement
Décentralisé
UEMOA : Union Economique Monétaire
Ouest Africaine.
iii
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Tableaux
Tableau 1 : Evolution du secteur de la microfinance dans le
monde 11
Tableau 2 : Evolution du secteur microfinancier dans l'UEMOA
13
Tableau 3 : Critères de classification des IMF selon la
loi PARMEC 14
Tableau 4 : Typologie des IMF par domaine d'activité
18
Tableau 5 : Répartition des IMF par catégorie
dans les 12 départements du Bénin 20
Tableau 6 : Synthèses SWOT 22
Tableau 7 : composition de l'échantillon 37
Tableau 8 : Les 4 dimensions de l'outil SPI 40
Tableau 9 : Données clés 51
Tableau 10 : Résultats globaux 58
Tableau 11 : Données relatives à la dimension 1
61
Tableau 12 : Données relatives à la dimension 2
62
Tableau 13 : Données relatives à la dimension 3
63
Tableau 14 : données relatives à la dimension 4
64
Graphiques
Graphique 1 Ciblage des pauvres et des exclus 61
Graphique 2 Adaptation des services 62
Graphique 3 Amélioration de la situation 63
Graphique 4 Responsabilité sociale 64
iv
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 6
CHAPITRE 1 : LA PERFORMANCE SOCIALE DES IMF 7
I. Les Institutions de Microfinance (IMF) 7
II. La performance sociale 23
CHAPITRE 2 : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 34
I. Approches empiriques 34
II. Approches théoriques 40
DEUXIEME PARTIE : CADRE EMPIRIQUE DE L'ETUDE 43
CHAPITRE 1 : CADRE INSTITUTIONEL DE L'ETUDE 44
I. Présentation d'APHEDD-BAVEC 44
II. Programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC 50 CHAPITRE 2 :
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, APPROCHES DE
SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS 57
I. Présentation et analyse des résultats 57
II. Approches de solutions et recommandations 65
CONCLUSION 70
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 72
TABLE DES MATIERES 76
ANNEXES 80
v
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
INTRODUCTION GENERALE
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Selon le rapport 2011 de l'état de la campagne du
sommet du microcrédit1, en date du 31 décembre l'an
deux mille neuf, 3 589 institutions de microcrédit avaient
affirmé desservir 190 135 080 clients, dont 128 220 051
étaient considérés comme faisant partie des plus pauvres
lorsqu'ils ont contracté leur premier emprunt. Parmi ces clients les
plus pauvres (81,7 % d'entre eux, soit 104 694 115) sont des
femmes. En somme, Plus de 128 millions des plus pauvres du
monde ont reçu un micro-prêt en 2009. Cela montre que la
croissance de ce secteur, est non seulement importante, mais
considérable. Cependant, la croissance seule ne suffit pas. Le secteur
de la microfinance doit continuer à relever le défi et continuer
à réaliser son plein potentiel en tant que stratégie de
réduction de la pauvreté et, en particulier, sa capacité
à enrayer la pauvreté extrême. Il doit reconnaître
que son travail va au-delà de l'offre de services financiers.
Malgré cette prouesse, il existe encore des millions de personnes qui
vivent en dessous de moins d'un dollar US par jour et qui sont réparties
dans tous les pays du monde à l'instar du Bénin2. Ce
qui justifie d'ailleurs les objectifs3 pour 2015 (fixés au
sommet 2006 du microcrédit à Halifax, Canada selon le rapport
2009 sur l'Etat de la Campagne du Sommet du Microcrédit).
Le secteur dans son ensemble se développe rapidement,
le nombre des emprunteurs augmentant de 13 % par an depuis 1999. Cette
croissance est due dans une large mesure à l'insistance sur la
viabilité financière4. Le développement rapide
de la microfinance, l'espoir qu'elle suscite comme outil de lutte contre la
pauvreté, mais aussi l'ampleur des ressources investies, ont conduit
très tôt à s'interroger sur l'impact de la microfinance. En
effet, la marche vers la pérennisation a focalisé l'attention sur
la viabilité financière. Les performances sociales des IMF
étaient considérées comme acquises.
L'hypothèse fondamentale sous-jacente était que
la microfinance était l'affaire des pauvres et du coup l'objectif social
était quelque peu masqué. Selon Acclassato (2006), plusieurs
éléments ont contribué à cette vision.
1 Etat de la Campagne du Sommet du Microcrédit
Rapport 2011, Larry R. Reed
2 L'analyse spatiale de la part de la population ne
disposant pas d'un dollar US par jour : l'incidence en milieu rural est de
61,5% contre 34,1% en milieu urbain (rapport spécial 2010
d'évaluation des OMD)
3 S'assurer que 175 millions de familles les plus
pauvres de la terre reçoivent des prêts qui leur permettront
d'exercer une activité indépendante ainsi que d'autres services
financiers et commerciaux, et s'assurer que 100 millions des familles les plus
pauvres au monde passent de moins de 1 dollar US par jour.
4 Focus note, Syed Hashemi, spécialiste senior
de la microfinance au CGAP, 2007.
2
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Le premier est la forte médiatisation du
microcrédit à travers l'expérience du professeur Mohammed
Yunnus avec les couches déshéritées du Bengladesh et qui a
donné naissance à la Grameen Bank.
Le deuxième élément qui a masqué
l'intérêt de l'évaluation des performances sociales est la
proximité offerte par le microcrédit. Lapenu et al. (2004) ont
identifié trois services de proximité pour les
bénéficiaires de microcrédit : la proximité
géographique, la proximité sociale et la proximité
temporelle.
Le troisième élément qui contribue
à la marginalisation des performances sociales dans l'évaluation
des IMF réside dans l'absence ou la difficulté de mesure des
indicateurs sociaux. Les institutions de microfinance identifient leur mission
comme la lutte contre la pauvreté et l'insertion des exclus dans
l'activité économique (Lapenu et al. 2004).
Il est presque unanimement reconnu que la viabilité
financière est un critère essentiel de la réussite des
institutions de microfinance (IMF). En effet, si les IMF peuvent couvrir leurs
coûts, elles peuvent aussi se développer et servir un nombre
croissant de clients. Mais pour la plupart des praticiens de la microfinance et
des bailleurs de fonds, il est important aussi de toucher les pauvres et les
très pauvres, de fournir des services de qualité et, surtout,
d'améliorer le niveau de vie des clients. En d'autres termes, ce qui
compte, c'est à la fois la performance financière et la
performance sociale, c'est-à-dire la capacité d'avoir une
influence positive sur la vie des gens. Ces deux objectifs ne sont pas
nécessairement contradictoires. Nombreux sont les bailleurs de fonds et
les institutions financières qui cherchent des moyens plus transparents
de mesurer la performance sociale, en plus de la performance
financière.
La gestion de la performance sociale est
considérée aujourd'hui comme étant un impératif
pour tous les programmes de microfinance. Selon Jeff Toohig (de la Fondation
Grameen), « un des objectifs de gestion de la performance sociale est de
permettre à une organisation de démontrer ses objectifs et la
performance à un large public d'une manière robuste et
sophistiqué. C'est plus important pour attirer des investisseurs
socialement responsables ». La prise en compte de la performance sociale
s'impose peu à peu à l'ensemble des acteurs comme le
véritable gage de qualité d'un secteur qui se veut socialement
responsable et capable de répondre aux enjeux de la lutte contre la
pauvreté. Par ailleurs, à l'heure actuelle, dans un contexte de
forte croissance et de « commercialisation » du secteur de la
3
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
microfinance, les bailleurs et les investisseurs sociaux
demandent aux IMF de rendre des comptes en répondant aux questions
suivantes :
· Quelles est la population réellement
touchée ?
· Quelles sont les changements pour les clients (les
bénéficiaires) ?
Certaines IMF ont aussi l'intuition que renforcer les
performances sociales peut conduire, sur le moyen terme, à renforcer
leurs performances financières.
C'est donc pour pouvoir apprécier la contribution de
la microfinance à l'amélioration du bien-être des
populations bénéficiaires, que nous avons choisi d'orienter nos
recherches sur le thème : évaluation de la performance
sociale du programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC5
BENIN.
L'objectif principal de notre étude est d'analyser
l'efficacité sociale du programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC. Pour
atteindre cet objectif général, nous nous sommes fixés
quatre objectifs spécifiques à savoir :
· cerner la mission sociale du programme et les
activités réalisées dans le cadre dudit programme ;
· apprécier la pertinence des actions par rapport
à la réduction de la pauvreté ;
· proposer la mise en place d'un système de
gestion de la performance sociale du programme;
· contribuer à la l'amélioration de
l'image sociale du programme auprès du grand public et des bailleurs de
fonds.
Les résultats de toutes ces analyses nous permettront
d'identifier les atouts et les insuffisances d'APHEDD-BAVEC dans son rôle
de distributeur de microcrédit. Et par conséquent, de formuler
des recommandations dans le sens de l'amélioration et de
pérennisation des actions vis-à-vis des
bénéficiaires, afin que des objectifs sociaux inscrits dans ce
programme de microfinance soient atteints.
5 Association pour la Promotion de l'Homme, la
Protection de l'Environnement pour un Développement Durable - Base
Villageoise d'Epargne et de Crédit autogérée
4
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Ce document est composé deux grandes parties qui
s'articulent autour deux (02) chapitres chacune. La première sera
consacrée au cadre théorique et méthodologique de
l'étude. Quant à la deuxième partie, elle traitera de la
présentation du cadre institutionnel de l'étude et du programme
de microfinance de l'institution. On procèdera aussi dans cette partie,
à la présentation et analyse des résultats sans oublier
nos approches de solutions et recommandations.
5
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
Le premier chapitre de cette partie sera consacré
à la revue de la littérature et le deuxième chapitre quant
à lui, exposera la méthodologie retenue pour une analyse
détaillée.
6
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
CHAPITRE 1 : LA PERFORMANCE SOCIALE DES IMF
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons d'abord
à des définitions plus ou moins larges des concepts fondamentaux
liés au thème. Ensuite, nous passerons en revue
l'évolution des IMF pour enfin déboucher sur l'approche de leur
performance sociale.
I. Les Institutions de Microfinance (IMF)
A. Concepts fondamentaux
1. Notion de crédit
« Le crédit peut être défini
comme étant la mise à disposition effective d'un bien ou d'un
pouvoir d'achat contre la promesse de remboursement dans un certain
délai, le plus souvent avec rémunération du service rendu
et du risque encouru » (BOUDINOT et FRABOT, 1978). Dans ces
conditions, le crédit doit répondre à une double
contrainte à savoir la viabilité de l'Institution de
crédit et la rentabilité du projet pour lequel il a
été accordé.
Selon la théorie de l'intermédiation
financière, le crédit est considéré comme
étant un produit du processus de cette intermédiation. Il permet
de rendre disponible en temps opportun un surplus de liquidité ou
d'augmenter le pouvoir d'achat des paysans pour leurs besoins agricoles et non
agricoles (ADAMS et al, 1980)
D'après la Banque Mondiale (1997), les SFD se
distinguent par leurs perspectives de pérennité et la
qualité des services rendus. Pour assurer leur pérennité,
les SFD doivent être techniquement et financièrement autonomes
d'une part, puis l'impact et la qualité des services rendus
appréciables d'autre part. Dans ce contexte, « seuls les taux
d'intérêt pratiqués dans chaque SFD permettent
d'améliorer le rendement, de couvrir les charges et de renforcer la
capitalisation à travers les réserves et le report à
nouveau », (BIO TCHANE).
Selon le rapport MDR/PNUD (1995), « les taux
d'intérêt bonifiés rendent le capital artificiellement peu
cher, favorise son gaspillage, démobilise l'épargne et n'est pas
soutenable à long terme par l'Etat une fois que le contrat avec les
bailleurs de fonds vient à terme ». Il est donc important de
financer le crédit avec de l'argent chaud pour accroître le sens
de responsabilité des emprunteurs et améliorer le taux de
remboursement des prêts.
7
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Il s'avère donc nécessaire pour les SFD de
procéder à un réglage subtil entre les fonctions : Epargne
et Crédit, qui constituent les activités principales du
système, tout en s'assurant du remboursement des crédits par une
analyse approfondie des garanties.
L'autonomie d'une institution d'épargne et de
crédit passe par une mobilisation importante de l'épargne qui
sert à financer le crédit. Ainsi, la confiance qu'inspire une
institution financière, l'efficacité de son personnel et les
orientations qui sont le reflet des compétences et de
l'expérience des dirigeants, conditionnent le niveau de l'épargne
collectée. Toutefois, une faiblesse de revenus entraîne une
faiblesse de l'épargne. Le taux de réinvestissement est alors
faible et compromet ainsi le développement économique. ADECHOUBOU
(1990) a identifié les déterminants de l'épargne rurale
à savoir :
? le niveau du taux d'intérêt, ? le revenu des
populations,
? les facteurs psychologiques tels que la confiance, la
sécurité, la liquidité et l'environnement.
Tous ces éléments devraient contribuer à
la mobilisation d'un volume important d'épargne devant stimuler
l'activité de crédit. Ce qui implique d'autres formes de
mobilisations des ressources financières par les autres types
d'institutions de microfinance qui ne font pas de la collecte de
l'épargne leur priorité.
2. Notion de microcrédit
Le microcrédit peut être défini comme
étant un crédit de faible montant offert à ceux qui ne
peuvent accéder au crédit bancaire, faute de garanties
nécessaires ou parfois même d'idéologie culturelle et
sociologique, d'éloignement, d'analphabétisme, etc.
Selon Yunus (2007), dans certaines circonstances, nous devons
vraiment savoir de quoi nous parlons quand nous nous parlons de
microcrédit. Il classe les programmes de microcrédit selon les
critères clairs et cohérents en deux catégories. Les
programmes de microcrédit centrés sur la pauvreté (les
prêts accordés le sont sans garantie et à des taux
d'intérêt bas) et les programmes de microcrédit maximisant
le profit (ces programmes exigent un taux supérieur et ne peuvent donc
être considérés comme centrés sur la pauvreté
: ce sont plutôt des entreprises commerciales dont le principal objectif
est de rapporter le profit maximal à leur actionnaires ou à
d'autres investisseurs).
8
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
3. Notion de microfinance
La microfinance peut être définie comme
l'ensemble des services financiers (services d'épargne et services de
crédit) offerts à des petits opérateurs économiques
des zones rurales et du secteur informel des milieux urbains et
périurbains. Ces services sont offerts par des institutions
spécialisées appelées institution de microfinance ou
système financier décentralisé
La Microfinance peut être perçue comme l'offre
de services financiers de proximité. Cette définition sommaire,
ne rencontre pas très souvent l'assentiment de tous. D'après
certains, la « Microfinance » ou « système de financement
décentralisé » est un outil qui permet de préparer
les populations à faibles revenus à accéder au
système bancaire.
Pour WOLFENSEN (1998), Président de la Banque
Mondiale: « la Microfinance représente un des outils que nous
utilisons pour essayer de réduire la pauvreté ».
Pour les spécialistes, « la Microfinance
regroupe une variété d'expériences d'épargne et/ou
de crédit, diverses par la taille, le degré de structuration, la
philosophie, les objectifs, les moyens techniques, financiers et humains mis en
oeuvre pour les populations à la base avec ou sans le soutien technique
et/ou financier des partenaires extérieurs en vue d'assurer
l'autopromotion économique et sociale de ces populations »
(Rapport BCEAO/BIT 1997).
Avant le développement des Institutions l'ayant
actuellement en charge, les activités de Microfinance étaient
liées à l'usure, qui consistait aux prêteurs locaux,
à accorder de petites sommes à des taux prohibitifs. Cette
activité, au lieu de stimuler le développement des micros
entreprises, servait plutôt à enrichir l'usurier.
La Microfinance est une finance de proximité par
opposition aux longues procédures administratives des banques
commerciales. Abordant dans ce sens, AGNIKPE (1998) a présenté la
définition des praticiens qui est celle-ci, « la Microfinance
est un outil performant au service du développement à la base.
Elle constitue l'un des leviers essentiels de lutte contre la pauvreté
en augmentant les revenus, en créant des emplois et en diminuant les
dépendances vis-à-vis des fournisseurs et usuriers
».
9
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
B. L'évolution des Institutions de Microfinance
D'un point de vue conceptuel, l'architecture du secteur
financier repose sur trois grands piliers, à savoir : les institutions
financières, les utilisateurs des services financiers et les
contrôleurs du secteur. En Afrique de l'Ouest et plus
précisément dans les pays de l'UEMOA, le secteur financier est en
pleine recomposition, du fait notamment de l'émergence de nouveaux
acteurs que sont les IMF. Nous proposons ici, une analyse du secteur de la
microfinance en trois points. Le premier porte sur la
généralisation de la microfinance à l'échelle
internationale, tandis que le second présente l'ampleur du
phénomène d'expansion du secteur micro-financier dans l'UEMOA.
Enfin, le troisième point est consacré au cas particulier du
Bénin.
1. La généralisation de la microfinance
à l'échelle internationale
Les observateurs sont unanimes sur le constat d'un
développement accéléré des institutions de
microfinance à travers le monde, notamment dans les pays du tiers-
monde, depuis plus d'une décennie. L'ampleur du développement des
IMF et l'intérêt grandissant qu'elles suscitent conduisent
certains auteurs à penser que la microfinance est une invention
récente, dont la paternité est généralement
attribuée au Professeur Yunus du Bangladesh (avec l'expérience
devenue «célèbre» de la Grameen Bank). En
effet, il est admis que les difficultés d'accès aux ressources
financières constituent l'un des facteurs-clés qui limitent les
capacités économiques des populations pauvres dans les pays du
Sud. Dans sa vocation consistant à offrir des services financiers
adéquats au profit des clients pauvres exclus des banques, la
microfinance est perçue comme un mécanisme de financement
alternatif sensé permettre à ces derniers d'améliorer leur
statut social, voire comme un instrument de réduction de la
pauvreté.
Les estimations de la Banque Mondiale montrent qu'environ un
milliard d'individus vivent dans la pauvreté absolue et sont donc
incapables de satisfaire leurs besoins de base. Pourtant plusieurs d'entre eux
sont capables d'initiatives entrepreneuriales, du moins s'ils pouvaient
accéder à des services financiers adéquats. C'est dans ce
cadre que s'inscrit l'objectif de la campagne du sommet de microcrédit,
lancée depuis 1997, qui consiste à toucher avant l'an 2005, cent
millions des familles les plus démunies du monde et de leur fournir le
crédit et les prestations financières nécessaires à
une activité indépendante (Yunus, 1997). Le tableau suivant
décrit les progrès réalisés dans le secteur de
la
10
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
microfinance, en termes de nombres d'institutions et de
clients, depuis l'ouverture de la première campagne du Sommet du
Microcrédit. En une décennie, le nombre d'institutions de
microcrédit6 a plus que quintuplé. De plus, la grande
majorité (soit 98%) des 3.316 IMF recensées (fin 2006)
opèrent dans les pays en développement. L'Afrique vient en
deuxième position de cette répartition avec 29,3% des
institutions, derrière l'Asie qui compte 50,6%. Le nombre de clients
quant à lui est multiplié par près de 10 durant la
même période (Daley-Harris, 2007), avec 70% qui sont
déclarés `'plus pauvres». Cette tranche de la
clientèle enregistre une croissance moyenne légèrement
plus forte (33%) comparativement au nombre total de clients (30,4%).
Tableau 1 : Evolution du secteur de la microfinance dans
le monde
Année
|
Nombre d'IMF Enregistrées
|
Variation
(%)
|
Nombre de clients servis
|
Variation
(%)
|
Nombre déclaré de clients
`plus pauvres'
|
Variation
(%)
|
1997
|
618
|
-
|
13.478.797
|
-
|
7.600.000
|
-
|
1998
|
925
|
49,7
|
20.938.899
|
55,3
|
12.221.918
|
60,8
|
1999
|
1.065
|
15,1
|
23.555.689
|
12,5
|
13.779.872
|
12,7
|
2000
|
1.567
|
47,1
|
30.681.107
|
30,2
|
19.327.451
|
40,3
|
2001
|
2.186
|
39,5
|
54.932.235
|
79,0
|
26.878.332
|
39,1
|
2002
|
2.572
|
17,6
|
67.606.080
|
23,1
|
41.594.778
|
54,7
|
2003
|
2.931
|
13,9
|
80.868.343
|
19,6
|
54.785.433
|
31,7
|
2004
|
3.164
|
7,9
|
92.270.289
|
14,1
|
66.614.871
|
21,6
|
2005
|
3.133
|
-9,8
|
113.261.390
|
22,7
|
81.949.036
|
23,0
|
2006
|
3.316
|
5,8
|
133.030.913
|
17,5
|
92.922.574
|
13,4
|
2007
|
3.552
|
7,12
|
154.825.825
|
16,4
|
106.584.679
|
14,7
|
2009
|
3.589
|
1,04
|
190.135.080
|
22,8
|
128.220.051
|
20,3
|
Accroissement moyen
annuel
|
17,7
|
-
|
28,5
|
-
|
30,2
|
|
Source: Larry R. Reed (2011), p.44.
Parmi les raisons qui justifient l'essor enregistré
dans le domaine de la microfinance, on évoque souvent les
expériences en matière de microcrédit qui ont
montré la possibilité de générer et
d'accroître les revenus des pauvres en utilisant le microcrédit. A
cela s'ajoute la promesse de pérennité qu'inspirent certaines
IMF, dans l'hypothèse que la
6 Depuis le lancement de la campagne du Sommet du
Microcrédit (1997), toute mention du terme « microcrédit
» fait référence aux programmes qui offrent des
crédits pour l'entrepreneuriat et autres services financiers et
commerciaux (y compris l'épargne et l'assistance technique) aux
personnes très pauvres.
11
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
microfinance contribue à la mise en place
d'institutions financièrement autonomes et capables d'offrir des
services financiers adéquats sans recourir aux subventions. Cependant,
des débats méritent d'être poursuivis sur la question de
l'efficacité réelle des IMF dans la lutte contre la
pauvreté. Etant donné qu'elle continue de s'inscrire dans le
cadre de stratégies de développement, la microfinance ne
connaîtra de succès que si elle est capable d'établir un
juste équilibre entre les deux fondements de son activité,
à savoir l'intermédiation financière et sociale, en
d'autres termes la finance et le développement. A cet effet, on fait
observer un contraste entre le mouvement émergent des IMF avec toutes
les nouvelles formes d'innovations et les diversités qui lui sont
associées, et la situation des ménages cibles qui, modestement
parlant, ne s'améliore pas de façon remarquable. Tout en
reconnaissant que les innovations enregistrées dans le secteur au cours
de ces dernières années ont fortement contribué au
succès de certaines institutions, il faut rappeler que les
principes-clés dont le non respect peut être préjudiciable
à la vie des institutions, à savoir : le remboursement des
crédits, la performance financière, la pertinence des subventions
au secteur, la mesure d'impact des programmes de microfinance sur les
ménages bénéficiaires, l'épargne.
2. L'ampleur du phénomène dans la zone
UEMOA
A l'instar de la dynamique qui caractérise le secteur
de la microfinance au plan mondial depuis quelques décennies, les IMF
africaines sont en pleine expansion. Il en est de même notamment pour les
pays d'Afrique de l'ouest qui ont enregistré des progrès
sensibles dans le secteur et qui ont vu leur tissu économique s'agrandir
avec le développement des initiatives micro-entrepreneuriales. Ce qu'il
convient d'appeler « la dynamique micro-financière »
en Afrique de l'ouest et spécifiquement dans l'UEMOA, s'observe
notamment à travers une croissance soutenue aussi bien du nombre d'IMF
qu'à travers la typologie des formes institutionnelles.
a) Evolutions du nombre d'institutions et de la
clientèle
A l'instar du mouvement observé au plan international,
les pays de l'UEMOA7 enregistrent depuis environ deux
décennies, une croissance rapide du secteur financier
7 UEMOA regroupe huit pays : Bénin, Burkina
Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger,
Sénégal, Togo.
12
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
dont les IMF deviennent les principaux acteurs. Le tableau 2
en donne une illustration. De ce tableau, il ressort d'une part une croissance
soutenue du nombre d'IMF qui a plus que quintuplé entre 1993 et 2001,
avant de se stabiliser avec une croissance relativement faible de 2001 à
2006. D'autre part, on note que le nombre de guichets a connu une forte
croissance dès les premières années (1993 à 1997),
puis une évolution en dents de scie (1997 à 2004) avant une
baisse de plus d'un tiers en 2005 suivie d'une légère reprise en
2006.
L'expansion observée du secteur au niveau
sous-régional traduit une plus grande accessibilité des IMF aux
personnes à faible revenu. Cependant, bien que les trois indicateurs
soient globalement croissants sur la période en valeur absolue, le fait
que les taux d'évolution soient décroissants traduit une
stagnation du secteur au niveau sous-régional. De plus, il faut
remarquer des signes d'une régression absolue de la clientèle
servie qui se manifestent déjà en 2005. Ce constat peut
résulter soit de la fermeture de certains points de service à
partir de 2003, soit des démissions de certains clients.
Tableau 2 : Evolution8 du secteur
microfinancier dans l'UEMOA
Années
|
Nombre d'institutions
|
Taux de variation
(%)
|
Nombre de points de service
|
Taux de variation
(%)
|
Nombre
de clients
|
Taux de variation
(%)
|
1993
|
107
|
-
|
1.136
|
-
|
309.545
|
-
|
1995
|
174
|
62,6
|
2.282
|
100,9
|
743.200
|
140,1
|
1997
|
188
|
08,0
|
2.628
|
15,2
|
1.440.979
|
93,9
|
1999
|
272
|
44,7
|
2.621
|
-0,03
|
2.339.071
|
62,3
|
2000
|
397
|
45,9
|
2.681
|
02,3
|
2.618.036
|
11,9
|
2001
|
555
|
39,8
|
2.626
|
-02,0
|
2.943.837
|
12,4
|
2002
|
565
|
01,8
|
2.549
|
-02,9
|
3.086.165
|
04,8
|
2003
|
598
|
05,8
|
2.827
|
10,9
|
3.594.912
|
16,5
|
2004
|
643
|
07,5
|
3.054
|
08,0
|
3.881.393
|
08,0
|
2005
|
652
|
01,4
|
1.989
|
-34,9
|
3.685.068
|
-05,1
|
2006
|
718
|
10,1
|
2083
|
4,7
|
3.688.185
|
0,1
|
|
Source : Statistiques de la BCEAO (2007).
8 Le tableau porte sur les institutions enregistrées qui
ont régulièrement fourni des données statistiques à
la BCEAO.
13
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
b) Les formes institutionnelles
La classification des formes institutionnelles en
présence dans l'UEMOA varie en fonction des critères retenus.
? Selon les critères de la loi
`Parmec'
La loi PARMEC qui régit le secteur micro-financier
dans l'UEMOA ne reconnaît que deux grandes catégories d'IMF,
notamment les structures mutualistes et celles non mutualistes. Toutefois, elle
permet de dissocier quatre catégories d'IMF, qui sont
résumées dans le tableau ci-après, en combinant deux
dimensions d'analyse, à savoir le degré de formalisation d'une
part, et le degré d'adoption des principes de la mutualité
d'autre part. Aussi faudrait-il signaler que la loi «PARMEC» ne
distingue pas les mutualistes des non-mutualistes dans la catégorie des
institutions non-agréées. Mais l'observation du terrain
révèle une cohabitation permanente entre les unes et les
autres.
Tableau 3 : Critères de classification des IMF
selon la loi PARMEC
DEGRE DE MUTUALITE
DEGRE DE FORMALI SATION
Mutualistes
|
Non mutualistes
|
Autorisées
|
Institutions mutualistes autorisées par
agrément
|
Institutions non mutualistes autorisées par
convention
|
Non
autorisées
|
Institutions mutualistes non autorisées
|
Institutions non mutualistes non autorisées
|
|
Source : Inspiré de la loi n° 97-027
dite `'Loi PARMEC» et de Lelart (1996). ? Selon les
critères de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
D'après les études de la BCEAO, les IMF
implantées dans les pays de l'UEMOA peuvent être classées
en trois catégories, à savoir : les institutions
mutualistes9 ou coopératives d'épargne et de
crédit (IMC), les institutions de crédit direct (ICD) et les ONG
ou projets à volet microfinance (BCEAO, 2000). Les premières qui
sont largement majoritaires
9 Selon la loi PARMEC (article 2, alinéa
1), « sont considérées comme institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit, un groupement de
personnes doté de la personnalité morale, sans but lucratif,
à capital variable, fondé sur les principes d'union, de
solidarité et d'entraide mutuelles et ayant principalement pour objet de
collecter l'épargne de ses membres et de leur consentir du crédit
».
14
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
cumulent les opérations d'épargne et de
crédit, en référence à la loi PARMEC qui leur
accorde le privilège de collecter l'épargne.
? Selon les formes
organisationnelles
La catégorisation tenant compte des formes
organisationnelles existantes dans l'union rejoint dans une certaine mesure
celle de Lancelin (2001) et de Lelart (2002), avec cependant quelques nuances.
En effet, on y retrouve certaines catégories d'institutions pour
lesquelles la loi PARMEC ne prévoit explicitement qu'une reconnaissance
juridique simple, à l'instar des structures villageoises
d'épargne et de crédit qui pourtant se révèlent
prépondérantes surtout dans les zones rurales isolées
(Djefal, 2007). On y distingue :
Les Coopératives et les Mutuelles d'Epargne et de
Crédit (IMC) : Elles sont généralement
constituées en liaison avec les structures de refinancement externes. La
particularité de ce système est qu'il exige la constitution d'une
épargne préalable avant l'accès au crédit. De plus,
en raison du principe de la propriété des membres qui les
caractérise, les IMC qui sont en général à but non
lucratif, appartiennent à leurs membres qui en conservent le
contrôle. Par ailleurs, au lieu de réaliser un profit pour les
actionnaires (comme le ferait une banque), les IMC reversent à leurs
membres une part des revenus excédant leurs coûts d'exploitation,
souvent sous diverses formes : dividendes distribués aux membres, taux
d'intérêt plus élevés pour l'épargne ou
réduits pour les prêts, prestations nouvelles ou
améliorées (Helms, 2006).
Les Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit
Autogérées (CVECA) . · Ces caisses dont les
premières expériences ouest-africaines sont apparues au Mali,
sont nées, en général, des initiatives endogènes.
Leur promotion dans la sous- région a bénéficié de
l'appui de l'organisation française CIDR, et visait à «
améliorer le modèle traditionnel des coopératives »
(Helms, 2006). Les possibilités d'octroi de crédit dans ces
structures se heurtent au niveau relativement faible de l'épargne
collectée. Ici, le champ d'action est souvent limité à un
village.
Les organismes de crédit solidaire . ·
Ils ciblent la couche vulnérable de la population, notamment les
pauvres qui sont uniquement pris en compte dans ce type de programme.
L'objectif est de réduire l'écart de pauvreté entre les
différentes couches d'une population.
15
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Les programmes d'appui au microcrédit: En
général, ils émanent soit des pouvoirs publics sous forme
de volet de programmes multidimensionnels, soit des institutions
internationales, en liaison avec les ONG locales. Ces ONG se chargent de la
gestion des microcrédits financés souvent de l'extérieur,
dans l'espoir qu'à long terme l'épargne locale prenne le relais
de l'aide extérieur.
Néanmoins, les classifications qui viennent
d'être énumérées ne constituent pas une liste
exhaustive. De plus en plus, on voit apparaître une nouvelle
classification qui semble privilégier la structure de
propriété des institutions (Cellule de microfinance, 2005). Cette
typologie qui est reprise en partie par Boyé & al. (2006) distingue
cinq types d'IMF à savoir: les mutuelles et coopératives
d'épargne et de crédit, les associations et ONG
spécialisées en microfinance, les sociétés à
capitaux privés, les groupements d'épargne et de crédit,
puis les projets et programmes publics à volet microfinance.
1- La microfinance au Bénin
Nous présenterons la microfinance au Bénin
à travers d'abord la finance informelle source d'inspiration de la
microfinance au Bénin, ensuite la structure de l'offre et enfin une
analyse SWOT10 du secteur de la microfinance au Bénin.
a) La finance informelle : une source d'inspiration de
la microfinance au Bénin
Depuis l'époque coloniale, l'exclusion bancaire a
souvent conduit les ménages à adopter des circuits de
proximité pour assurer le financement de leurs projets (Bekolo-Ebe,
1993). Mais au Bénin, c'est la dérive économique et
financière des années 1980 qui a stimulé
l'intérêt des divers acteurs économiques pour la finance
informelle. Plusieurs travaux (Lelart, 1989, 1997 ; Lelart & Gnansounou,
1990 ; Gentil & al. 1992; Adechoubou, 1996 ; Agbodjan, 1997) ont
évoqué deux groupes de pratiques. Le premier regroupe les
circuits commerciaux dans lesquels le prêt est
rémunéré par un taux d'intérêt effectif qui
varie en fonction des systèmes. On peut en citer quatre parmi les plus
courantes au Bénin : la tontine commerciale, la tontine
financière (les banquiers ambulants), la
10 Forces, faiblesses, opportunités et
menaces
16
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
tontine d'affaires11, puis enfin les
prêteurs individuels (usuriers). Le second groupe est quant à lui
constitué des circuits non commerciaux caractérisés par
des prêts sans intérêt ou des dons (Lelart, 1997 ; Robinson,
1998). On peut citer entre autres : la tontine mutuelle, les aides (dons ou
prêts sans intérêt) provenant de la proximité
familiale ou des amis. Cependant, en dépit de sa pertinence, la finance
informelle ne permet pas de satisfaire les besoins variés des PME dans
leur entièreté. De plus, l'émergence de la microfinance et
sa réglementation au niveau de l'UEMOA n'est pas sans effet sur le
rayonnement de la finance informelle au Bénin (Lelart, 2000). En effet,
la Loi PARMEC autorise les IMF agréées sous forme de
Coopératives ou de Mutuelles d'épargne et de crédit,
à recevoir de l'épargne de leurs membres ou adhérents. De
cette autorisation, il résulte implicitement que l'activité de
collecte d'épargne très développée chez les
banquiers ambulants (Lelart, 1989) est considérée comme
illégale. «Cette disposition a amené des banquiers ambulants
à se transformer en mutuelles factices pour prétendre à la
légalité » (Lanha, 2006).
b) La structure de l'offre
De ce point de vue, la microfinance se distingue au
Bénin par une diversité dans l'offre des services financiers aux
ménages économiquement faibles. Mais la multiplicité des
critères de classification et les similitudes existantes entre les
institutions, rend difficile l'élaboration de typologies exactes dans le
secteur.
? Le classement par mode
d'intervention
Au Bénin comme dans les autres pays de l'UEMOA, la
typologie des IMF repose d'une part sur la forme juridique (loi PARMEC) et
d'autre part sur les critères harmonisés relatifs au domaine
d'activité. Ces derniers critères restent les plus usités
au sein de l'UEMOA et par la BCEAO qui distingue trois types d'institutions
dont le tableau 2.12 donne une importance relative de 2002 à 2005. Il
s'agit des institutions mutualistes ou coopératives
d'épargne-crédit (IMC), des institutions de crédit direct
(ICD) et des ONG et projets à volet microfinance (ONG).
11 Importée du Cameroun, cette forme de
tontine est relativement récente au Bénin.
17
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Tableau 4 : Typologie des IMF par domaine
d'activité
Caractéristiques
|
Année
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
|
IMC
|
82,47%
|
79,38%
|
78,49%
|
80,20%
|
Part de clients
|
ICD
|
17,17%
|
20,10%
|
21,24%
|
19,29%
|
servis
|
ONG
|
00,36%
|
00,52%
|
00,27%
|
00,51%
|
|
IMC
|
82,84%
|
79,97%
|
74,79%
|
72,44%
|
Proportion des
|
ICD
|
16,89%
|
19,75%
|
25,07%
|
27,37%
|
dépôts
|
ONG
|
00,27%
|
00,28%
|
00,14%
|
00,19%
|
|
IMC
|
45,87%
|
39,75%
|
29,36%
|
28,80%
|
Proportion des
|
ICD
|
53,79%
|
59,87%
|
70,52%
|
70,98%
|
crédits
|
ONG
|
00,34%
|
00,38%
|
00,12%
|
00,22%
|
|
Source : Cellule de Microfinance du Bénin
(CMF, 2006).
Les institutions mutualistes ou coopératives
d'épargne et de crédit (IMC) : Cette catégorie
regroupe les IMF qui sont légitimées au niveau faîtier par
un agrément et au niveau local par une reconnaissance du
ministère des finances. Il s'agit des coopératives, des
mutuelles, ainsi que des groupements autogérés d'épargne
et de crédit. A titre d'exemple, le Bénin compte plusieurs
fédérations d'IMC dont les plus importantes sont FECECAM (101
caisses), UNACREP (35 caisses) et RENACA (25 caisses). Comme le montre le
tableau précédent, cette catégorie est largement dominante
dans le secteur (en nombre de clients ou de dépôts
collectés), avec à sa tête le réseau FECECAM. Ce
réseau compte 73,2% de la clientèle, 76,4% des
dépôts et 37,1% de l'encours de crédit du secteur (CMF,
2004). Selon une étude de MIX (Microfinance Information eXchange), la
FECECAM occupe simultanément le deuxième rang des IMF d'Afrique
subsaharienne, après TEBA en Afrique du Sud, sur la base du total de
l'encours brut de prêts, et le deuxième après KPOSB au
Kenya, sur la base du nombre d'épargnants (Lafourcade & al. 2005,
p.20). Cependant, les IMC sont en perte progressive de part de marché
depuis quelques années. En effet, ce constat n'est qu'un reflet des
difficultés auxquelles la plupart des réseaux sont
confrontés.
Les institutions de crédit direct (ICD) :
Cette catégorie regroupe les associations et les
sociétés spécialisées dans la microfinance, qui
sont quant à elles soumises à une convention renouvelable
(Arrêté n°465/MF/DC/MICROFIN du 7 juin 1999) signée
avec l'autorité de tutelle, à savoir le ministère des
finances. Bien que faible au départ, la proportion de ces institutions
augmente depuis quelques années, surtout en termes
18
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
d'encours de crédit. Cette croissance résulte
du fait que la majorité des IMF de cette catégorie
réalisent des performances remarquables dans le secteur, voire à
l'échelle sous-régionale. Pour preuve PADME, FINADEV et Vital
Finance figurent parmi les vingt IMF africaines les plus productives
(Lafourcade & al. 2005, p.22).
Les ONG et les projets à volet microfinance :
Cette catégorie qui détient une part de marché
très faible (moins de 1%), semble privilégier la dimension
sociale. Cela s'explique par le fait que, pour la plupart des IMF de ce type,
l'intermédiation financière ne constitue pas le but principal.
Cependant, dans le cadre de leurs activités de microfinance, elles
signent, tout comme la catégorie précédente, une
convention avec le ministère des finances.
? L'implantation
géographique
De fait, on distingue trois groupes d'institutions. Le
premier désigne les institutions implantées exclusivement en
zones urbaines et périurbaines, souvent marquées par une forte
densité de la population: il s'agit en majorité des institutions
de crédit direct qui sont beaucoup plus axées sur les objectifs
de viabilité. Ceci confirme le principe généralisé
dans les pays d'Amérique latine et d'Asie, suivant lequel, le
succès de l'activité de microfinance exige une forte
densité de population. Néanmoins depuis ces quatre
dernières années, certaines d'entre elles (dont PADME, PAPME,
CFAD et FINADEV), dans le cadre d'une stratégie de croissance, disposent
de quelques guichets dans les grandes agglomérations des zones rurales.
Le deuxième groupe comprend les IMF ayant une couverture nationale :
c'est le cas du réseau FECECAM qui dispose d'au moins un guichet dans
chacune des 77 communes que compte le Bénin. Ce faisant, il a l'avantage
de couvrir une clientèle plus large. Enfin, le troisième comprend
celles dont la présence est plus marquée dans les zones rurales :
on retrouve ici certains réseaux mutualistes tels que le RENACA et
l'UNACREP, ainsi que les ONG et les projets à volet microfinance qui
sont bien plus axés sur les objectifs sociaux. Le tableau 2.13 et la
carte (voir page suivante) indiquent la présence des différents
types d'IMF dans les 12 départements du Bénin, ainsi que du
degré de pauvreté qui caractérise chacun d'eux.
D'après les données de CMF (2005), le Bénin compte 1.308
guichets de microfinance. Les institutions mutualistes ou coopératives
(IMC) viennent en tête avec 1.036 guichets, dont 786 sont
implantés par les groupements d'épargne et de crédit (dont
48 pour FECECAM) et 250 par les caisses affiliées ou non à un
réseau
19
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
(parmi les 250 caisses, 101, soit 40% sont membres du
réseau FECECAM). Les ONG et projets à volet microfinance, puis
les institutions de crédit direct (ICD) viennent ensuite avec
respectivement 189 et 83 guichets.
Tableau 5 : Répartition des IMF par
catégorie dans les 12 départements du Bénin
Départem ent
|
Nombre de
communes
|
Population rurale (%)
|
Indice de
Pauvreté
|
Nombre de guichets des
|
Total par départem ent
|
Ratio de Goldsmith
(%0)
|
|
ICD* *
|
ONG* **
|
|
6
9
8
|
78,3
62,3
62,0
|
65,7
60,9
42,8
|
36
128
111
|
3
4
9
|
2
18
13
|
41
150
133
|
0,06
6
0,23
|
Brgou Collines Couffo Donga
|
8
6
6
4
|
56,6 780 79,4 69,1
|
55,1 473 54,8 60,9
|
75 140 103 45
|
9
3
2
2
|
26 33 2 20
|
10 176 107 67
|
6
0,28
1
1
5
0,17
|
Littora Mono
Ouémé Plateau Zou
|
1
6
9
5
9
|
0,0
78,6
55,7
70,1
71,7
|
20,9
44,
44,2
51,7
47,0
|
50
85
128
51
84
|
25
7
10
4
5
|
9
27
14
10
15
|
84
119
152
65
104
|
012
2
,9
8
,15
7
0,18
,12
|
Ensemble pays
|
77
|
61,2
|
47,6
|
1.036
|
83
|
189
|
1308
|
7
0,167
014
|
|
(*) IMC : Institutions Mutualistes et Coopératives
d'Epargne et de Crédit (**) ICD :
01
Institutions de Crédit Direct
(***) ONG : Organisations Non Gouvernementales et Projets
à Volet Microfinance Source : Synthèse issue des
données de CMF (2005) et d'INSAE (2005). c) Analyse SWOT du
secteur de la microfinance au Bénin
Les problèmes actuels du secteur de la microfinance au
Bénin tels que relatés par le Consortium Alafia12 lors
de sa dernière assemblée générale tenue en 2008 se
rapportent beaucoup plus aux défis actuels à relever par les
diverses institutions de microfinance pour la pérennité du
secteur. Il s'agit notamment de deux catégories de problèmes :
les problèmes récurrents et les difficultés
émergentes. Pour ce qui concerne les problèmes récurrents,
il s'agit de :
12 Association nationale des praticiens de la
microfinance au Bénin.
20
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
· la mobilisation et du recyclage des ressources
financières locales car les IMF en générale n'ont pas une
bonne politique de mobilisation de l'épargne et ne respectent pas
toujours les normes de la loi PARMEC notamment l'instruction n°06 relative
aux modalités de détermination des ratios prudentiels ;
· la mobilisation et de la gestion des lignes de
crédit extérieurs entrainant la mauvaise foi des
bénéficiaires qui considèrent lesdits crédits comme
des dons ;
· l'appréciation de l'impact de leurs
activités car les IMF doivent pouvoir mesurer l'impact de leurs
activités sur l'institution d'une part et sur les
bénéficiaires d'autre part ;
· l'organisation de l'assistance technique au
bénéfice du secteur ;
· la mauvaise gouvernance due au non respect des
dispositions de la loi PARMEC, notamment en son chapitre V relatif aux
dispositions communes au Conseil d'Administration, au Comité de
Crédit et au Conseil de Surveillance, et le système mis en place
dans les SFD souffre de beaucoup d'insuffisances et ne permet pas de renseigner
de façon fiable certaines données nécessaires pour
l'établissement des statistiques sectorielles ;
· la mauvaise qualité de l'information
financière ; cause de la non-exécution ou des retards
constatés dans la mise en oeuvre des recommandations formulées
à l'issue des inspections de la cellule qui empêche parfois la
CSSFD de disposer des données fiables pour l'établissement des
statistiques ;
· la conformité à la réglementation
dans la mesure où beaucoup d'entre elles exercent sans un
agrément.
Les difficultés émergentes
s'énoncent comme suit :
· la perte de crédibilité de plus en plus
croissante des institutions due à des communications non favorables au
secteur ;
· la dégradation de l'image internationale du
secteur béninois de la microfinance qui rend plus difficile la recherche
de partenaires étrangers pour les institutions de microfinance ;
· l'acharnement du fisc contre certaines institutions de
microfinance mettant ainsi en cause les conventions et agréments
signés par ces dernières.
A la lecture de tous les problèmes
sus-énoncés, il apparaît que les acteurs de la microfinance
au Bénin se préoccupent plus des problèmes liés
à la pérennité des SFD qu'à
21
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
ceux liés à ses objectifs fondamentaux qui sont
de financer les personnes les plus pauvres exclues du système financier
classique et de contribuer à la réduction de la pauvreté.
Mais très rapidement, l'effondrement voire la disparition de certaines
institutions de microfinance ont tôt fait de révéler la
fragilité de ces institutions qui, pour la plupart, n'étaient pas
financièrement viables et donc exposées à la faillite. Les
bailleurs de fonds ont donc placé cette exigence au coeur de
l'activité de microcrédit. Pendant une dizaine d'années,
cette exigence a relégué au second plan les objectifs sociaux que
la plupart des IMF se sont assignées. Aujourd'hui, l'impact social entre
dans les exigences des bailleurs de fonds qui s'interrogent de plus en plus sur
la portée sociale de leurs actions. Certes les objectifs sociaux ne
peuvent être atteints si la viabilité financière voire la
pérennité de l'institution n'est pas garantie13.
Néanmoins nonobstant les insuffisances et contraintes, le secteur
présente également des atouts et opportunités
présentés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 6 : Synthèses SWOT
Forces
|
Faiblesses
|
Existence dans l'ensemble d'une gamme
|
Trop grande proportion d'IMF non enregistrées
|
variées d'IMF apportant des services
|
selon la réglementation en vigueur ;
|
financiers diversifiés à la plupart des
|
Non maîtrise de la gestion des risques et des
|
couches sociales ;
|
impayés dans un environnement où la cavalerie
|
Evolution très soutenue des indicateurs du
|
des clients se développe très rapidement ;
|
secteur depuis dix ans avec des prestataires
|
Insuffisance de ressources financières devant
|
de services financiers de proximité qui font
|
permettre aux IMF de satisfaire les demandes
|
progressivement émerger un nouveau
métier, celui du microfinancier ;
|
solvables de crédit qui adressées ;
|
|
Surveillance du secteur par l'autorité de tutelle
|
Existence de dispositifs d'accompagnement,
notamment du Consortium Alafia, qui
|
non étendue sur tout le territoire et avec une
fréquence qui limite la prévention des risques
|
offrent des services de formation et d'appui conseil de bonne
qualité ;
|
systémique ;
|
|
Absence de politiques spécifiques de
|
La sécurisation du secteur évolution
|
financement du monde rural dans un cadre
|
positivement du point de vue de la maîtrise
|
concerté regroupant les IMF (professionnels du
|
des contrôles internes par les IMF et
|
domaine), l'Etat et les partenaires au
|
l'utilisation quasi généralisée des SIG
;
|
développement ;
|
La maîtrise des charges et la culture de la
|
Intervention directe de l'Etat dans la pratique de
|
viabilité financière commencent par rentrer
dans les habitudes des microfinanciers.
|
l'activité de microfinance
|
|
Pratique de taux d'intérêt assez
décriée de nos jours.
|
|
13 Acclassato, 2006
22
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Tableau 7 : Synthèses SWOT (suite et
fin)
Opportunités
|
Menaces/Contraintes
|
L'existence d'un marché potentiellement
|
Population pauvre, enclavée en zone rurale avec
|
porteur pour les IMF, qui innovent sur leurs
|
des niveaux de scolarisation ou d'alphabétisation
|
modes opératoires et sur leurs services
|
faible freinent la pénétration des prestataires
des
|
financiers ;
|
services financiers ;
|
L'engagement de l'Etat pour trouver une
|
Les interventions directes de l'Etat en matière de
|
solution au financement de l'économie
|
fournitures de services financiers dérégulent
le
|
rurale pour la promotion d'une révolution
|
marché financier rural ;
|
verte peut se traduire par des mesures
|
La viabilité des IMF en milieu rural est
perturbée
|
incitatives aux opérateurs qui trouveront des
|
par plusieurs facteurs imprévisibles comme les
|
solutions adaptées au financement du
monde rural ;
|
aléas climatiques.
|
Les évolutions des nouvelles technologies de
l'information sont une opportunité pour les IMF opérant ou
voulant opérer en milieu rural.
|
|
|
Source : inspiré du diagnostic
approfondi14 du secteur de la microfinance au Bénin
II. La performance sociale
Pendant longtemps la performance a été
analysée dans sa dimension financière alors que, des
études plus récentes montrent la nécessité
d'intégrer, dans la performance, une dimension sociale. En fait,
l'évolution de l'environnement des entreprises, en
générale, et des institutions de microfinance, en particulier,
fait que de plus en plus les bailleurs ainsi que les investisseurs demandent
aux IMF de rendre compte sur la population réellement touchée.
En plus de cette pression externe, ces IMF s'interrogent sur
comment elles peuvent concilier les objectifs sociaux et la viabilité
financière. Certaines IMF ont même pensé que le
renforcement de la performance sociale, pourrait conduire sur le court terme
à un renforcement de la performance financière. En effet,
beaucoup d'études sur la performance incluent la dimension sociale de la
performance. Pourquoi performance sociale ? La réponse à cette
question vise à voir d'abord l'attention croissante à la
performance sociale
14 PNUD Bénin, 2007
23
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
qui vise dans un second temps à expliquer comment les
services financiers influent sur la vie des pauvres.
A. Contexte d'émergence et définitions de la
performance sociale
La performance sociale est l'approche de la performance
développée par l'école des relations humaines. Pour les
auteurs comme Quinn, Rohrbaugh (1981), cette approche ne prend pas le contre
pieds des autres approches mais y intègre un certain nombre
d'activités jugées nécessaires au bon maintien de
l'organisation. Ainsi, pour les défenseurs de cette thèse en
l'occurrence, Bass (1952) le point focal reste la morale et la cohésion
de l'organisation considérée. Pour Lapenu et al (2004), on peut
globalement entendre par performance sociale d'une institution, les effets de
ladite institution sur les conditions sociales de ses clients : effet sur le
niveau de vie (pauvreté), logement, santé, éducation,
etc.
La performance sociale est souvent perçue à
travers la responsabilité sociale des
entreprises (RSE) qui selon ALLOUCHE et LAROCHE (2005), n'est
rien d'autre que le fait de s'engager au-delà de ses obligations
légales mais aussi économiques. En fait, il s'agit d'honorer ses
obligations à l'égard de la plupart des parties prenantes, de
répondre aux demandes sociales qui émanent de l'environnement
socioéconomique et enfin d'utiliser le concept de responsabilité
sociale et son contexte d'application comme outil de gestion.
Par ailleurs l'importance du nombre d'intervenants ainsi que
les différentes démarches font souvent apparaitre un certain
nombre de problèmes qui sont considérés comme des flous
méthodologiques voire épistémologiques. Ce qui pose avec
acuité le besoin d'une définition ou de définitions
opératoires de la performance sociale. Dans la littérature
existante, nous avons noté de nombreuses études autour de cette
tentative sans pour autant qu'on ait un consensus.
Par ailleurs, il faut noter qu'un état des lieux sur
les évolutions et mutations sémantiques prises au sens de Gond et
de Mullenbach (2004)15 permet d'avoir une perception assez claire
sur la RSE et par conséquent sur la performance sociale. En fait ces
deux auteurs ont
15 Menel BEN MLOUKA et Ezzedine BOUSSOURA
24
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
dégagé trois grandes phases marquant le
renforcement des concepts qui s'opèrent à travers l'accumulation
progressive des connaissances autour de la RSE.
La première phase correspond à une
conceptualisation renvoyant aux discours sur les principes ou sur la
portée voire le contenu de la RSE. Dans cette conception, nous avons
plusieurs définitions notamment celle de Friedman (1970)16
qui place la RSE dans une optique économique ou de profit. D'autres
auteurs comme Jones (1980)17 se sont interrogés sur les
engagements auxquels l'entreprise est tenue et vont au-delà des
obligations légales mais aussi contractuelles. En ce qui concerne les
définitions de Preston et post, 1975 cités par Carroll, 1999,
elles mettent l'accent sur les principes de la responsabilité publique
des entreprises (RPE).
La deuxième phase est plutôt transitoire et
retrace la migration des discours vers la notion de sensibilité ou la
« corporate social responsiveness ». Cette nouvelle
représentation, qui selon Carroll (1979) décrit la
capacité d'une firme à répondre aux pressions sociales,
relève d'une vision processuelle. Dans cette conception, la RSE n'est
plus considérée en tant que contenu mais plutôt un
processus de réponse.
La troisième phase de cette évolution est
considérée comme la phase d'intégration de l'ensemble des
conceptualisations antérieures (principes et processus) au sein de la
notion de performance sociétale des entreprises (PSE). Cette approche
intégrée est inscrite dans le modèle de la PSE
développée par Carroll (1979) et cela a fait de lui une
référence incontournable dans la littérature.
L'analyse de ces trois phases montre que l'on est
passé d'une vision restreinte et centrée sur les obligations ou
les principes de la RSE à une vision élargie et
intégrée appelée performance sociétale des
entreprises (PSE) ou « Corporate Social Performance » qui
prend en compte les résultats des comportements sociétaux en
passant par une vision intermédiaire axée sur les processus et
qui privilégie les actions de réponse aux pressions
sociétales (corporate Social Responsiveness).
16 Cité par José ALLOUCHE et Patrice
LAROCHE, 2005
17 Cité par José ALLOUCHE et Patrice
LAROCHE, 2005
25
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
De ces différentes définitions de la
performance sociale, nous pouvons retenir celle de la « Social Performance
Task Force » selon laquelle, la performance sociale peut être
considérée comme « la mise en pratique de ses ambitions
sociales afin qu'elle puisse durablement servir un nombre croissant de
personnes pauvres ou exclues, améliorer tant la qualité que la
pertinence des services financiers proposés, agir sur l'environnement
socio-économique de ses clients tout en garantissant à ces
mêmes clients, à leurs employés, et d'une manière
générale, à la communauté que les principes de
responsabilité sociale sont pleinement respectés »
Ceci conduit un certains nombre de chercheurs comme
Cécile Lapenu, Manfred Zeller, Martin Greeley, Renée
Chao-Béroff, Koenraad Verhagen (2004) à affirmer que,
contrairement aux performances financière et économique, la
performance sociale d'une organisation prend en compte la nature des relations
internes entre ses employés et des relations qu'elle entretient avec ses
clients et autres acteurs avec qui elle interagit.
Une définition plus large et plus consensuelle a
été forgée et mise en place par un groupe de travail de
150 membres de grands réseaux de microfinance, de prestataires de
services financiers, d'agence de notation, de bailleurs de fonds et
d'investisseurs sociaux. Ce groupe de travail a été mis sur pied
en 2007 grâce aux initiatives développées, en 2005 et de
manière conjointe par la fondation Argidius, le CGAP et la fondation
Ford. Ce groupe de travail a la volonté d'évaluer et de mesurer
la performance sociale de leurs organisations ou de celles qu'il soutienne. De
ce fait, « La performance sociale est la traduction effective dans la
pratique des objectifs sociaux d'une institution, conformément aux
valeurs sociales reconnues; ces objectifs sont notamment de servir durablement
un nombre croissant de pauvres et d'exclus, d'améliorer la
qualité et l'adéquation des services financiers,
d'améliorer la situation économique et sociale des clients et de
garantir la responsabilité sociale envers les clients, les
employés et la communauté servie » CGAP, 2007.
B. Mesure de la performance sociale
Selon (Waddock et Graves, 1997)18, la performance
sociale peut être assimilée à un construit
multidimensionnel incluant des inputs (investissement dans des programmes
environnementaux et sociaux), des comportements internes (traitement des
minorités et des
18 Cité simon cornée, 2007.
26
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
femmes), et des outputs (relations avec la communauté,
actions philanthropes). Cette définition de la performance sociale
montre toute l'hétérogénéité de ce concept,
ce qui rend complexe toute tentative de mesure de la performance sociale.
Cela est d'autant plus vrai dans le secteur de la micro
finance, que chaque IMF possède un savoir-faire et un caractère
idiosyncrasiques basés sur son histoire, ses pratiques internes et son
environnement, qui sous-tendent des facteurs spécifiques difficilement
quantifiables, tels que le niveau de coopération, de solidarité
ou encore de confiance (Cornée, 2007).
Cependant, compte-tenu de l'importance des enjeux, il importe
d'évaluer très précisément la capacité des
IMF à atteindre les objectifs qu'elles se sont fixés en
matière de performance sociale, qu'il s'agisse de lutte contre la
pauvreté dans les pays en développement ou de soutien à la
création d'entreprises par des personnes socialement
défavorisées dans les pays industrialisés.
Selon Brana et Jégourel (2008), pour mesurer la
performance sociale il faut aller au-delà des études d'impact en
évaluant l'intégralité de la chaine de distribution du
microcrédit.
Il faut néanmoins souligner que cette mesure de la
performance sociale n'est pas toujours simple et dépend des objectifs
sociaux que les IMF se sont fixées et des cibles. Ainsi Haley and
Morduch (2003) ont pu montrer dans le cas des pays en développement, que
la capacité des IMF à atteindre des populations pauvres
était extrêmement variable, les unes ne ciblant que les
ménages à faible revenu, les autres finançant de
manière effective les personnes en situation de réelle
pauvreté.
Selon Brana et Jégourel (2008), il semble se
dégager un consensus à l'échelle internationale pour
considérer que les programmes de microfinance ne ciblent pas les plus
pauvres des pauvres, mais ceux qui demeurent proches du seuil de
pauvreté. C'est en ce sens que Gonzalez-Vega et al (2000) ont
montré dans le cadre d'une étude réalisée sur 5 IMF
en Bolivie, que ces dernières ne touchent que les pauvres situées
juste au dessous et en dessus du seuil de pauvreté.
De la même façon, Amin, Rai and Topa (2003),
utilisent des données de panel provenant de deux villages du Bengladesh
afin de tester cette même hypothèse. Dans cette étude, ces
auteurs démontrent que si la microfinance est effectivement capable
d'atteindre des personnes pauvres, elle peut paradoxalement exclure ceux qui
sont dans le plus grand
27
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
besoin, les pauvres en situation de
vulnérabilité. Il en est de même pour Coleman (2006) qui,
à travers une étude de l'impact social de deux programmes de
microfinance au sein de villages situés au Nord-est de la Thailande ont
montré que non seulement les villageois les plus riches ont,
comparativement aux villageois pauvres, une probabilité accrue de
participer à ces programmes, mais aussi que les plus riches membres de
la caisse villageoise utilisent leur situation sociale pour emprunter davantage
auprès de cette caisse. Ces auteurs ont aussi trouvé que les
ménages possédant des terres ont une probabilité accrue
d'être sélectionnés en tant que membres de la caisse
villageoise. Ces différents résultats remettent en cause la
performance sociale des IMF en matière de lutte contre la
pauvreté et l'exclusion.
D'après JACQUAND (2005), une évolution
étrange s'est produite dans le secteur de la microfinance et il est
demandé aux personnes qui soutiennent que la microfinance responsabilise
les pauvres et améliore leur niveau de vie de le prouver. Il se pose par
conséquent un problème de mesure de la performance sociale.
C. Les différentes étapes du processus de
mesure de la performance sociale
Autrefois, l'évaluation de la performance était
basée sur le résultat définitif ou sur l'impact. L'impact,
souvent assimilé à une modification des conditions de vie des
populations pauvres ou des cibles, n'est qu'un élément du
processus d'évaluation de la performance (CGAP, 2007). De ce fait, la
prise en compte unique de cet élément risque d'être
réductrice en matière d'évaluation de la performance
sociale.
L'évaluation de la performance passe par plusieurs
étapes en passant par l'intention et la conception au niveau de
l'organisme de microfinance à l'évaluation de la situation socio
économique des bénéficiaires des produits offerts par
l'IMF. D'après le CGAP (2007), le schéma suivant présente
l'ensemble des étapes de l'évaluation de la performance.
28
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
INTENTION ET CONCEPTION
Quelle est la mission de l'institution ? A-t-elle des objectifs
sociaux clairs ?
SYSTÈMES ET ACTIVITÉS INTERNES
Quelles activités l'institution mène-t-elle pour
accomplir sa mission sociale ?
Les systèmes sont-ils conçus et mis en place de
manière à atteindre ces objectifs ?
RÉSULTATS
L'institution sert-elle les pauvres et les très pauvres
?
Ses produits sont-ils conçus pour répondre
à leurs besoins ?
EFFETS
La situation sociale et économique des clients s'est-elle
améliorée ?
Ces améliorations peuvent-elles être
attribuées aux activités de l'institution ? Ces
améliorations peuvent-elles être attribuées aux
activités de l'institution?
Source : CGAP. (2007)
D. Problème de mesure de la performance sociale
Pour bien comprendre le défi de mesure auquel est
confronté le concept de performance sociale, il s'agira de faire une
synthèse des conceptions qu'ont les personnes sur cette notion.
Pour certains, accomplir une mission sociale c'est faire une
évaluation d'impact. Par exemple, une IMF qui aide les plus pauvres doit
montrer que : ses clients sont pauvres et l'accès à ses produits
a un effet positif sur la vie des pauvres.
Pour d'autres, le lien entre accès aux services et
réduction de la pauvreté est implicite, intuitif et
dépendra d'autres variables sur lesquelles la mutuelle n'a pas le
contrôle.
Ce que l'IMF peut faire c'est de mesurer le niveau de la
pauvreté de ses clients pour s'assurer qu'elle travaille avec une cible
qui cadre bien avec ses opérations, mais aussi de faire une offre de
service qui se base sur certains principes qu'elle cherchera à faire
respecter. La mesure de la performance sociale se heurte souvent à une
mauvaise compréhension des notions de réactivité des
clients et d'impact.
29
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Mesure de la performance sociale : confusion entre
réactivité aux clients et impact.
Le rappel d'une phrase de Marconi montre bien la
différence entre ces deux concepts qui gravitent autour de la
compréhension de la performance sociale. « Au cours d'un atelier
sur l'impact social organisé par le Collectif Français des
acteurs de la Microfinance à Paris, Renyaldo Marconi de Finrural a
rappelé avec éloquence et de manière fort utile au public
la nécessité de séparer les deux » (JACQUAND.M,
2005). En effet, il faut savoir identifier les clients, comprendre leurs
besoins et voir si la culture, les processus et les produits de l'IMF
s'adaptent bien avec les intérêts des clients. L'IMF qui ne
procède pas ainsi, risque de travailler avec une cible qu'elle ne
maitrise pas et le fera à ses risques et périls. Cette
définition donnée à la « réactivité aux
clients » est cependant, différente du fait de mesurer si l'IMF
remplit bien sa mission sociale, de responsabilisation ou de lutte contre la
pauvreté.
E. Outils de mesure de la performance sociale
Plusieurs outils de mesure de la performance sociale ont
été créés et testés par des organisations ou
agence internationale de notation. Parmi ces outils nous pouvons citer l'outil
SPI (Social Performance Indicator), SPA (social performance assessment),
l'indice de passage du seuil de pauvreté du CGAP- Grameen-Ford (PPI),
l'outil d'évaluation des clients de FINCA et d'autres qui ont fait aussi
l'objet d'utilisation dans l'industrie de la microfinance.
? L'outil SPI
L'outil SPI a été lancé en 2002 par
CERISE19 suite à un souci de rechercher des indicateurs de
performance sociale des IMF. La mise en place ou la création de cet
outil a été possible grâce à un appui des
investisseurs éthiques tels que la fondation Argidius qui a
financé la première phase. D'autres bailleurs comme le CGAP
(groupe consultatif et d'aide aux pauvres) ont également
participé à la conception de l'outil SPI.
19 CERISE (Comité d'Echanges de
Réflexions et d'Informations sur les Systèmes d'Epargne et des
crédits) est un réseau de quatre organismes français
apportant un appui aux institutions de micro finance en association avec des
partenaires en Afrique, en Asie et en Amérique du sud.
30
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Les promoteurs et les financeurs se sont rendus compte qu'il
était difficile, au-delà des déclarations d'intention des
IMF, de suivre la performance sociale des IMF. Quelle est la population
réellement touchée, quelle est la place de la microfinance dans
la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale ?
Dans une première phase l'objectif était de
définir la performance sociale et de proposer un ensemble d'indicateurs
opérationnels pour mesurer les dimensions de la performance sociale.
L'outil SPI a élargi le cadre d'analyse de la performance sociale qui ne
peut être réduite au ciblage des pauvres. Elle intègre les
notions de lutte contre la pauvreté et l'exclusion des personnes
démunies ou pauvres comme des femmes, des ruraux, des illettrés
etc.
Il se concentre aussi sur l'évaluation des intensions,
des actions et des mesures correctives.
? L'outil SPA.
L'outil d'évaluation de la performance sociale SPA a
été mis en place par Gary Woller avec l'aide de l'USAID. L'outil
repose sur les informations financières reçues des IMF et des
informations recueillies des clients qui peuvent faire l'objet d'indicateurs
directs pour l'évaluation de la performance sociale des organismes de
microfinance. L'outil fait ressortir une série d'indicateurs sur six
dimensions de la portée qui sont : le degré,
l'étendu, la viabilité, la gamme, le coût et la
valeur. Le degré mesure la taille des prêts moyens, le
pourcentage des femmes et des ruraux clients. L'étendu de la
portée correspond au nombre d'emprunteurs, au pourcentage des clients
ayant obtenu un prêt pour un objet autre que l'entreprise. La
viabilité fait allusion à la performance financière, la
rentabilité et la qualité du portefeuille. La gamme correspond au
nombre de produits de prêt aux entreprises, au type de service
d'épargne, au nombre d'autres services financiers. Le coût
correspond à la charge inhérente à la prestation de
service (y compris le nombre de jours nécessaire pour traiter le dossier
et les visites effectués auprès du client avant le financement).
La valeur quant à elle mesure le nombre de pertes sur les prêts et
le taux de fidélisation des clients.
Cet outil n'essaye pas de mesurer directement la performance
sociale des IMF. « Il détermine dans quelle mesure les principaux
indicateurs de performance sont compatible avec la performance sociale et si
les processus internes sont conçus et mis en oeuvre de
31
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
manière à aligner les politiques, les
comportements et les résultats sur la mission sociale
déclarée de L'IMF » (CGAP, 2007).
? L'indice de passage du seuil de pauvreté
du CGAP- Grameen-Ford (PPI)
Cet outil qui permet de suivre le passage du seuil de
pauvreté porte la marque de trois entités que sont le CGAP, la
fondation Grameen20 et la fondation Ford. C'est le CGAP et la
fondation Ford qui ont aidé, financièrement, la fondation Grameen
à l'élaboration d'un ensemble d'indicateurs clients comparable au
niveau mondial.
L'outil PPI permet d'évaluer dans le temps la
situation économique des clients et de voir si, à
l'échéance, ils pourront sortir de la pauvreté. Une grille
de notation ou d'indice très simple, compréhensible et
très accessible a été mise en place pour mesurer la
pauvreté. Cette grille permet d'évaluer la pauvreté par le
biais de questions simples, plus pratiques que les longues enquêtes ou
les calculs complexes des dépenses et des revenus (CGAP, 2007). Cette
grille présente des indicateurs et des notes données à
chaque question. Ces notes sont déterminées à partir d'une
analyse économétrique des revenus et des dépenses des
ménages d'un pays.
Comme indicateur, l'indice de Cashpor est un des indices
élaborés par la fondation Grameen et qui permet d'analyser le
niveau de pauvreté. Cet indice se base surtout sur les conditions et les
moyens d'habitation des populations tels que les murs, les toits, le nombre de
pièces etc.
? L'outil d'évaluation des clients de
FINCA
Cet outil de collecte de données pour
l'évaluation des clients est utilisé par FINCA21
depuis 2003, avec l'aide de la fondation templeton. Cet outil est complet et
contient des données démographiques, des données sur les
prêts, les dépenses des ménages et l'accumulation d'actifs
et des indicateurs sociaux (éducation, santé, logement etc.)
et
20 La fondation Grameen est un réseau
basé aux états unis, établi par la Grameen Bank du
Bangladesh et réunissant les IMF d'Asie, d'Afrique et d'Amérique
latine qui utilisent la méthode de la Grameen.
21 Fondation internationale pour l'assistance de
la communauté. Elle est connue pour être la pionnière des
banques villageoises en Amérique latine et en Afrique et, plus
récemment, en Eurasie.
32
Réalisé par Olivier
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Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
professionnels. Des questions relatives à la
satisfaction et le départ des clients sont contenues dans l'outil de
FINCA.
Si nous faisons un bon en arrière sur les
étapes du processus d'évaluation de la performance, nous nous
rendons compte que chaque outil de mesure, pris individuellement, ne se
focalise pas sur toutes les étapes du processus. L'outil se tient sur
deux ou trois étapes et évalue le niveau de performance sociale.
Le schéma suivant résume le niveau d'application de chaque outil
sur le processus.
OUTILS D'EVALUATION DE LA PERFORMANCE
SOCIALE
Source : CGAP.
(2007)
Intention et conception
Systemes / activités internes
Résultats Effets Impact
Les deux premiers outils (SPI, SPA) développés
successivement par Cerise et Gary Woller s'appliquent sur les trois
premières étapes du processus d'évaluation à savoir
l'intention, la conception, les systèmes et les activités
internes et résultats. Les deux autres se focalisent uniquement sur les
résultats et les effets produits par les pratiques sociales.
33
Réalisé par Olivier
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Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
CHAPITRE 2 : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
La méthodologie, selon GRAWITZ (1993, Page 301)
« est constituée de l'ensemble des opérations
intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie
». Pour KAPLAN repris par MULLER (2000, Page 25) « le propre
de la méthodologie est d'aider à comprendre au sens le plus
large, non les résultats de la recherche scientifique, mais le processus
de la recherche lui-même ».
Notre méthodologie s'accentuera sur deux points
essentiels à savoir :
? les approches empiriques ; ? les approches
théoriques.
I. Approches empiriques
Les approches empiriques constituent des outils qui
facilitent la mise en exergue de la méthode adaptée pour la
résolution des problèmes énumérés. Les
étapes sont les suivantes :
A. Choix d'une méthodologie et justification du
cadre de l'étude
1. Choix d'une méthodologie
La méthodologie utilisée dans la
présente étude est la recherche-action essentiellement
basée sur l'approche participative. Le choix de cette
méthodologie se justifie par le fait qu'elle associe activement les
différents acteurs dans tout le processus et est susceptible d'induire
des changements dans le milieu concerné. Elle est l'une des rares
démarches employées avec succès dans beaucoup de
programmes de développement et au regard de sa performance, elle est de
nos jours la méthodologie privilégiée de recherche.
2. Justification du choix d'APHEDD-BAVEC
Pour réaliser cette étude, nous avons retenu
l'Association pour la Promotion de l'Homme, la Protection de l'Environnement
pour un Développement Durable - Base Villageoise d'Epargne et de
Crédit autogérée (APHEDD-BAVEC). Ce choix s'explique par
plusieurs raisons :
? C'est une IMF en zone urbaine, périurbaine et rurale
;
34
Réalisé par Olivier
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Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Elle exclut de l'étude la perception qu'ont les
clients des crédits à eux accorder, ce que d'aucuns qualifient du
concept de l'argent froid ou l'argent chaud. En effet, on peut être
tenté d'expliquer la mauvaise performance d'une IMF par le fait que les
bénéficiaires pensent que les crédits sont des dons venus
de l'extérieur. Ce qui n'est pas le cas à APHEDD-BAVEC qui est
une structure professionnelle du secteur de la microfinance. Toutefois, elle
développe des partenariats avec certains projets de
développement, non pas, sans difficultés. Elle est aussi
partenaire du Fonds National de la Microfinance (FNM) dans le cadre du
programme MCPP22
? Enfin, pour faire une analyse assez pointue, il fallait une
institution qui tienne dans la durée (expériences plus ou moins
prouvées) ayant pour principal objectif social, la réduction de
la pauvreté.
3. Délimitation du champ de l'étude
Notre base de travail a été la Direction
Générale et la BAVEC de Womey. B. Les outils de collecte
de données
Les techniques de collecte d'informations utilisées
pour l'atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés dans le cadre
de notre recherche sont fonction de la nature des informations
recherchées à savoir :
? outils de collecte d'informations secondaires ; ? outils de
collecte d'informations primaires.
1. Outils de collecte d'informations secondaires ou
recherche documentaire
Nous avons effectué les recherches documentaires dans
les centres de documentation de la place et à APHEDD-BAVEC, dans le but
de recueillir des informations qui présentent un intérêt
pour nos travaux de recherche. Un accent particulier a été mis
sur les documents de l'institution afin d'obtenir des informations relatives
aux statuts, aux procédures et activités.
22 Micro Crédit aux Plus Pauvres
35
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Ainsi, à l'interne, nous nous sommes
intéressé aux statistiques liées aux portefeuilles de
crédits (rapports d'activités) ainsi qu'aux documents de
procédures (manuel de procédures, notes de services et guides
d'octroi de crédits).
Enfin, nous avons exploité des informations externes
qui concernent certains ouvrages, mémoires et publications, sites
internet ayant rapport avec notre thème.
2. Techniques de collecte d'informations primaires
Les techniques sont inspirées des outils tels que les
questionnaires et guide d'entretien ayant servi de bases d'enquête
auprès des individus qui composent l'échantillon. Nous avons
utilisé les questionnaires de l'outil SPI.
? L'enquête par questionnaire
Elle a consisté à administrer un questionnaire
au personnel d'APHEDD-BAVEC. Cette enquête a permis de collecter
auprès du personnel des informations sur la gestion
opérationnelle du crédit, leur besoin en formation, leurs
préoccupations professionnelles (promotion et changement de postes) et
leurs relations avec la hiérarchie et la clientèle.
? L'enquête par guide d'entretien
Un guide d'entretien a été administré au
personnel stratégique composé des Directeurs Techniques. Les
informations recueillies sont relatives à la gestion stratégique
et opérationnelle susceptibles d'améliorer la performance sociale
par l'institution plus précisément les éléments de
clarification des politiques et procédures de gestion de la
stratégie de ciblage de l'IMF et ses résultats, de la gestion de
la qualité et diversification des services ainsi que les conditions
d'accès, de la gestion des informations de l'IMF avec les clients et
renforcement de leur capital social, de la gestion des aspects de formation et
de plan de carrières du personnel sans oublier la responsabilité
sociale. Des relations de la Direction Générale avec le Conseil
d'Administration (la gouvernance) et surtout de celles de la Direction
Générale avec le personnel opérationnel acteurs majeurs et
incontournables dans le processus de la gestion de la performance sociale.
36
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
C. Echantillonnage, traitement et analyse des
données
La présentation des informations recueillies à
l'issu des enquêtes d'une part, les résultats de la recherche
documentaire d'autre part seront présentés par la méthode
de tri à plat, compte tenu de leurs caractères qualitatifs.
1. Echantillonnage de la population cible
L'échantillon se définit comme un ensemble
d'individus choisis dans une population donnée, de manière
à la représenter de façon aussi fidèle que
possible. Un échantillon est dit représentatif lorsque tous les
individus de la base de sondage ont la même chance d'en faire partie.
L'outil SPI se concentre sur l'évaluation des
intentions, des actions et des mesures correctives mises en place : l'IMF se
donne-t-elle les moyens d'atteindre les objectifs sociaux qu'elle s'est
fixés ?
Pour trouver une réponse à cette question, nous
pensons que seuls les acteurs (les membres de la direction et des organes de
gestion23, le personnel) chargés de la conception et de la
mise en oeuvre peuvent nous donner les informations. Notre échantillon
est donc composé de :
Tableau 8 : composition de
l'échantillon
|
Taille de la
|
Taille de
|
Méthode
|
Eléments
|
population mère
|
l'échantillon
|
d'échantillonnage
|
Directrice exécutive
|
01
|
01
|
Exhaustive
|
Membres d'organes de gestion
|
11
|
03
|
Raisonnée
|
Chef départements
|
02
|
02
|
Exhaustive
|
Chefs services
|
08
|
03
|
Raisonnée
|
Gérant
|
05
|
01
|
Raisonnée
|
Animateur formateur
|
08
|
02
|
Raisonnée
|
Chargé de prêt
|
10
|
05
|
Raisonnée
|
|
23 Conseil d'administration, comité de
surveillance et le comité de crédit
37
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
2. Le traitement des données
Le traitement des données a consisté d'abord
à faire le dépouillement des questionnaires. L'opération a
permis d'extraire les données et les regrouper par centre
d'intérêts. Les données recueillies ont permis de
confectionner les tableaux à partir du Logiciel Excel.
3. L'analyse des données
L'analyse des données s'est faite sur la base des
résultats obtenus du traitement des données. L'analyse a
consisté à interpréter les données
collectées au regard de la théorie et les normes en vigueur dans
le secteur de la microfinance.
L'analyse des données a permis d'apprécier les
aspects liés aux quatre dimensions définies par l'outil SPI tels
le ciblage des pauvres et des exclus, l'adaptation des services et des produits
à la population cible, l'amélioration du capital social et du
capital politique des clients la responsabilité sociale de
l'institution.
D. Limite de l'étude
Sur le terrain, nous avons été
confrontés à des difficultés relatives à
l'indisponibilité, en temps opportuns, des agents d'APHEDD-BAVEC
sélectionnés pour être interviewés du fait de leur
occupation professionnelle, occasionnant d'énormes allers-retours. En
plus de cette situation, nous avons été confrontés au
problème de documentation.
E. Présentation de l'outil SPI
Parmi tous ces outils de mesure présentés dans
notre revue de la littérature, l'outil de Cerise c'est-à-dire SPI
sera retenu pour la mesure de la performance sociale l'IMF retenue dans notre
présente étude. Ce choix est motivé par le fait que le
questionnaire complet de l'outil SPI est disponible avec les versions les plus
récentes.
38
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
A travers l'outil SPI (Social Performance Indicators), une
méthodologie d'évaluation de la performance sociale est mise au
point par l'Initiative CERISE24. Cet instrument SPI a
été élaboré à partir de 2002 en suivant un
processus ouvert, concerté et transparent. SPI résulte en effet
d'un processus de recherche-action initié en 2002 avec la participation
de nombreux praticiens de la microfinance.
Selon le cadre d'analyse, Le fonctionnement d'une
organisation suit une chaîne logique entre intention - actions - effet.
On définit les performances d'une institution comme les résultats
obtenus à chaque maillon de la chaîne. L'impact, qui traduit les
changements sur les clients (et non clients) attribuables à l'action de
l'IMF, plus difficile à mesurer, se situe en bout de chaîne, comme
élément final des performances globales. L'initiative SPI se
concentre sur l'évaluation des intentions, des actions et des mesures
correctives mises en place : l'IMF se donne-t-elle les moyens d'atteindre les
objectifs sociaux qu'elle s'est fixés ? En outre, l'initiative SPI a
voulu élargir le cadre d'analyse des performances sociales qui ne peut
être réduit au ciblage des pauvres. La lutte contre la
pauvreté est un des objectifs des IMF mais elles peuvent aussi
être concernées par l'exclusion en général (place
des femmes, des illettrés, des ruraux, des travailleurs
précaires, etc.) et par le souci de renforcer la cohésion et le
capital social de leurs clients et de la communauté dans laquelle elles
travaillent.
CERISE évalue la performance sociale des institutions
en examinant leurs intentions et leurs actions (Zeller 2003). L'analyse des
systèmes internes et des processus organisationnels permet de savoir si
les institutions ont les moyens d'atteindre leurs objectifs sociaux. L'outil de
CERISE utilise un questionnaire et un guide pour examiner 1) la couverture des
pauvres et des exclus, 2) l'adaptation des produits et des services aux clients
cibles, 3) l'amélioration du capital social et politique, et 4) la
responsabilité sociale de l'institution.
Étant axé sur les systèmes et processus
organisationnels, l'outil de CERISE détermine la couverture des pauvres
par des moyens indirects plutôt que par une évaluation au
niveau
24 CERISE (Comité d'Echange, de Réflexion et
d'Information sur les Systèmes d'Epargne-crédit) est un
réseau de quatre organismes français apportant un appui aux
institutions de microfinance en association avec des partenaires en Afrique, en
Asie et en Amérique du Sud.
39
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
des clients. Il analyse la déclaration de mission,
l'engagement du conseil d'administration et du personnel et les méthodes
de ciblage pour déterminer approximativement si les clients pauvres sont
effectivement servis. Au lieu d'analyser le renforcement de l'autonomie des
clients au niveau des ménages et de la communauté, il
évalue leur capital social et politique en examinant leur participation
à la prise de décisions de l'IMF et la transparence des
opérations financières. L'intérêt de cet outil
réside dans le fait qu'il est facile à utiliser et qu'il peut
être administré par l'IMF.
Dans l'outil SPI, les grands axes représentant les
dimensions se déclinent sur quatre points (Iserte et Lapenu, 2003).
Chaque dimension présente des indicateurs qui permettent de mesurer les
niveaux de réponse correspondant à des niveaux de performance
sociale.
Tableau 9 : Les 4 dimensions de l'outil
SPI
DIMENSIONS
|
|
|
INDICATEURS
|
Dimension 1 : Ciblage des
|
|
·
|
Mission de l'IMF
|
pauvres
|
|
·
|
Concentration géographique et socioéconomique
|
|
|
·
|
Outils de ciblage
|
|
|
·
|
Taille des opérations et garanties
|
Dimension 2 : Adaptation des
|
|
·
|
Eventail des services
|
produits et des services à la
|
|
·
|
Qualité des services
|
|
|
·
|
Accès à des services non financiers
|
population ciblée
|
|
·
|
Participation des clients à la conception des produits
|
Dimension 3 : Amélioration
|
|
·
|
Transparence des opérations
|
du capital social et du capital
|
|
·
|
Participation des clients à la prise de
décision
|
|
|
·
|
Cohésion sociale
|
politique des clients
|
|
·
|
Influence des clients au niveau du gouvernement national et
du gouvernement local
|
Dimension 4 : Responsabilité
|
|
·
|
Politique en matière de ressources humaines
|
sociale des institutions de
|
|
·
|
Responsabilité sociale envers les clients
|
microfinance
|
|
·
|
Responsabilité sociale envers la communauté
|
|
Source : CGAP (2003)
II. Approches théoriques
Nous développerons dans un premier temps, les
théories retenues par l'outil SPI pour chaque dimension et dans un
deuxième temps, nous allons fixer les seuils de décision pour
l'analyse des données mobilisées.
40
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
A. Choix théorique lié au ciblage des
pauvres et des exclus.
Les IMF cherchent généralement à
atteindre une population exclue du système financier commercial. Des IMF
peuvent avoir l'objectif de cibler des populations exclues socialement ou des
pauvres, ou simplement elles offrent des services financiers dans une
région où le système bancaire est absent ou à des
personnes rejetées par le système bancaire (mais qui ne sont pas
nécessairement pauvres ou socialement exclues). Le ciblage recouvre
l'ensemble des mécanismes qu'une IMF met en oeuvre pour toucher des
personnes pauvres ou exclues. Le ciblage peut être géographique,
lorsqu'une institution s'implante dans des zones qui en ont
particulièrement besoin ; il peut être aussi individuel,
lorsqu'elle sélectionne volontairement des usagers
défavorisés ; et il revêt une dimension
méthodologique, lorsque les modes de fonctionnement sont
particulièrement adaptés pour répondre aux contraintes des
personnes les plus démunies.
B. Choix théorique relatif à l'adaptation
des services et produits aux besoins de la population cible.
Il ne suffit pas de décider de viser une population
cible. Les services de microfinance sont trop souvent standardisés.
L'IMF doit étudier la population cible et travailler sur
l'élaboration de ses services financiers pour qu'ils puissent être
adaptés aux besoins des clients. L'adaptation des services revient pour
une institution à s'assurer que son offre répond le mieux
possible aux besoins de ses membres. Ceci passe d'une part par la
diversité de sa gamme de produits financiers, par la qualité de
ses prestations, et enfin par la mise à disposition de services
innovants ou non financiers.
C. Choix théorique concernant l'amélioration
du capital social et politique des bénéficiaires.
Pour l'IMF, la confiance entre l'IMF et le client peut
réduire les coûts de transaction et améliorer le taux de
remboursement. Cela peut favoriser l'action collective et réduire les
comportements de « cavalier seul », les comportements opportunistes,
et réduire les risques. Pour les clients, renforcer leur capital social
et politique peut renforcer leur organisation sociale (action collective,
partage de l'information, lobbying) et la confiance en soi pour faciliter leur
développement économique et social. L'IMF peut aussi promouvoir
différents avantages pour les usagers. Il s'agit de améliorations
économiques
41
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
lorsque l'institution s'assure de l'accroissement du niveau
de vie de ses membres, mais cela se traduit aussi par une participation des
usagers par leur implication dans les prises de décision, et enfin au
renforcement du capital social, c'est-à-dire la consolidation des liens
entre les membres, ainsi que de leurs capacités.
D. Choix théorique relatif à la
responsabilité sociale de l'IMF
Une conscience sociale est nécessaire pour constituer
un comportement responsable socialement. La responsabilité sociale
demande une politique de ressources humaines adéquate, une adaptation de
la culture de l'IMF au contexte culturel et socio-économique, une
responsabilité sociale envers ses clients et envers la communauté
dans laquelle elle évolue.
Au-delà des performances sociales propres à la
vocation de développement spécifique à la microfinance,
les IMF doivent aussi, comme toute organisation collective, remplir leur
responsabilité sociale. Celle-ci s'exerce à l'égard du
personnel de l'institution en adoptant une politique de ressources humaines
appropriée ; mais aussi vis-à-vis de ses membres, en garantissant
des principes essentiels de protection des consommateurs ; et enfin envers la
communauté et l'environnement, lorsque l'institution veille à
préserver le milieu dans lequel elle intervient.
E. Le seuil de décision
Le seuil de décision est l'ensemble des règles
de décision qui seront suivies pour apprécier les
résultats de l'IMF dans chacune des dimensions.
Dans le cas de notre étude, la performance sera
qualifiée d'acceptable dans une dimension lorsque cette dernière,
l'IMF totalisera sur l'ensemble des questions à elle concernée,
un score en valeur relative d'au moins 55%.
Cette démarche répond à celle
adoptée par les praticiens de la microfinance dans les rapports
d'évaluation de la performance sociale. En effet, une IMF ne peut
être performante à 100% dans chacune des dimensions. Il est ainsi
tenu compte de ses orientations et de ses valeurs dans l'analyse SPI.
42
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
DEUXIEME PARTIE :
CADRE EMPIRIQUE DE L'ETUDE
Cette deuxième partie est composée
également de deux (02) chapitres : Le premier sera consacré
à l'étude du cadre institutionnel d'APHEDD-BAVEC et à
l'état des lieux sur son programme de microfinance au regard des quatre
dimensions de performance sociale retenues par l'outil SPI. Le deuxième
chapitre, quant à lui mettra l'accent sur la présentation et
l'analyse des résultats d'une part, sur les approches de solutions et
recommandations d'autre part.
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
CHAPITRE 1 : CADRE INSTITUTIONEL DE L'ETUDE
I. Présentation d'APHEDD-BAVEC
A. Historique, objectifs et produits offerts
1. Historique
Face aux défis de la réduction de la
pauvreté et d'accès aux crédits des banques classiques,
l'organisation non gouvernementale l'APHEDD-ONG (Association pour la Promotion
de l'Homme, la Protection de l'Environnement pour un Développement
Durable) a été créée le 20 Février 1997 et
enregistrée sous le n° 97/ 407/ MISAT/ DC/ DAI/ SAAP - ASSOC du 24
Novembre 1997.
Elle s'est assignée pour mission de contribuer
à l'amélioration des conditions de vie des populations à
la base pour leur autopromotion. Son objectif premier est de lutter contre la
pauvreté en milieu rural et périurbain dans toutes ses
dimensions. A ce titre, elle a conçu un Programme d'Appui à la
Création et à la Gestion des Bases Villageoises d'Epargne et de
Crédit Autogérées dénommé PACGEB.
Ce programme, mis en oeuvre depuis le mois d'octobre 1999 a
donné naissance à dix-sept (17) caisses d'épargne et de
crédit en République du Bénin appelées Bases
Villageoises d'Epargne et de Crédit autogérées (BAVEC). La
BAVEC se définit comme une caisse de proximité qui facilite
l'accès aux petits crédits aux couches
déshéritées notamment les agents à besoin de
financement qui sont écartés du système de financement
classique.
2. Objectifs
L'APHEDD - BAVEC à travers son programme de
microfinance s'est fixé de grandes ambitions que sont :
? devenir le réseau de microfinance de
référence sur le plan national, avec une meilleure
stratégie de fonctionnement et de financement du monde rural dans la
lutte contre la pauvreté ;
? améliorer de façon significative ses
prestations de services pour répondre efficacement aux besoins
réels de ses membres ;
44
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
· développer de nouveaux produits adaptés
au monde rural de façon participative avec les
bénéficiaires ;
· contribuer sensiblement à
l'élévation du pouvoir économique des femmes ;
· oeuvrer pour amener le taux de remboursement des
crédits à quatre-vingt-dix-neuf pour cent (99%) ;
· accroître de vingt pour cent (20%) le taux
d'adhésion des BAVEC au 31 décembre de chaque année ;
· accroître de quinze pour cent (15%) le taux
d'épargne des BAVEC au 31 décembre de chaque année ;
· augmenter le portefeuille de crédit de
trente-cinq pour cent (35%) au 31 décembre de chaque année.
3. Les produits offerts
L'APHEDD-BAVEC offre à sa clientèle trois (03)
principaux types de produits que sont : les produits d'épargnes, les
produits de crédits ou prêts et l'appui conseil.
a) Les produits d'épargnes
Rappelons qu'un compte d'épargne est un état
comptable matérialisé par un tableau, mis à la disposition
des clients par une IMF et dans lequel sont enregistrées les
opérations de dépôts et de retraits de fonds des clients.
Ainsi, l'APHEDD-BAVEC met à la disposition de sa clientèle, cinq
(05) produits d'épargne notamment :
· le dépôt à vue (non
rémunérateur) ;
· le dépôt à terme
(rémunéré à un taux de six pour cent l'an) ;
· la tontine volontaire ;
· la tontine obligatoire ;
· partenariat/sociétariat.
b) Les produits de crédits ou
prêts
L'APHEDD-BAVEC offre à ses clients deux (02) types de
crédits pour satisfaire leurs besoins de financements: les
crédits BAVEC et le MCPP. Les crédits BAVEC sont :
· le fonds de roulement ;
45
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
? le crédit d'équipement ;
? le crédit scolaire ;
? le crédit tontine ou crédit ponctuel ; ? le
crédit de refinancement.
c) L'appui conseil
Il consiste à informer et à sensibiliser les
clients. C'est un système de communication basé sur un plan bien
déterminé, avec des volets de larges informations des clients sur
les produits et services disponibles au sein de APHEDD-BAVEC. Ce système
permet également de sensibiliser les clients sur les bonnes pratiques
afin de susciter leur éveil et leur prise de conscience face à
l'approbation des produits et services pour le bien-être des deux
parties.
B. Structure organisationnelle
La BAVEC est un compartiment de l'Organisation Non
Gouvernementale l'APHEDD qui, à l'instar de toute structure de
microfinance, dispose d'une organisation ayant principalement pour objet de
collecter l'épargne de ses membres et de leur consentir des
crédits. La Direction Exécutive de APHEDD est non seulement la
structure faîtière, mais également l'organe de
coordination, de centralisation et de compte rendu des activités des
BAVEC.
Elle comprend des organes centraux, la Direction et les autres
organes de gestion BAVEC. 1. Les organes centraux
Ils sont composés d'une Assemblée
Générale, d'un Conseil d'Administration et d'un Commissariat aux
Comptes.
a) L'Assemblée Générale
(AG)
C'est l'organe suprême, composé de tous les
sociétaires. L'AG dicte sa politique générale, approuve
les comptes, et élit les organes de gestion et de contrôle de la
structure. Elle se réunit une fois l'an pour la clôture de
l'exercice financier de l'APHEDD.
46
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
b) Le Conseil d'Administration (CA)
Composé de cinq (5) sociétaires, il gère
les Bases Villageoises d'Epargne et de Crédit Autogérées
(BAVEC) et rend compte à l'AG. Sa prérogative est de se prononcer
sur l'admission ou l'exclusion des sociétaires sous réserves de
recours à l'AG.
c) Le Commissariat aux Comptes (CC)
Il est aussi composé de cinq (5) sociétaires. Le
CC contrôle la gestion et rend compte à l'AG. Il exerce la
fonction de surveillance de la gestion des BAVEC. Ainsi, il contrôle la
gestion des garanties, la gestion des ressources humaines, des
matériels. Il est aussi chargé de la négociation et du
suivi des contrats et engagements.
2. La Direction Exécutive
La Direction comprend les départements suivants :
a) Le Département Exploitation
Il est une division de la Direction Exécutive et est
chargé de :
· mettre en oeuvre et exécuter les programmes et
projets ;
· faire les enquêtes de terrain et les études
du milieu ;
· prendre en compte les besoins réels des
communautés à la base et les transformer en programmes et projets
;
· faire le suivi évaluation des activités,
tout en assurant la gestion du personnel qui relève immédiatement
dudit département.
Il est également chargé de :
· coordonner toutes les activités de microfinance
sur le terrain ;
· faire l'appui conseil, le suivi évaluation des
activités des BAVEC et autres structures d'IMF créées sous
la supervision de l'APHEDD - ONG ;
· faire des proposions sur les politiques et
stratégies pouvant conduire à la pérennisation des IMF et
en particulier des BAVEC sur le terrain ;
· faire la collecte de toutes les données
statistiques des IMF encadrées par l'APHEDD sur le terrain ;
47
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
· rendre périodiquement compte au Conseil
d'Administration et assurer la formation technique et professionnelle du
personnel.
b) Le Département Administratif Financier et
Matériel
Il est aussi une division de la Direction Exécutive. Ses
tâches sont les suivantes :
· assister la Directrice Exécutive dans ses travaux
;
· assurer la correspondance, les archives, les informations
et la documentation ;
· assurer la gestion des ressources humaines,
matérielles et financières ;
· élaborer les budgets et les états
financiers des BAVEC. Ce faisant, il assume avec l'appui des comptables, des
trésoriers en chef et des assistants, la gestion des comptes bancaires,
du règlement du personnel, de l'analyse financière et de la
comptabilité analytique.
3. Les autres organes de gestion BAVEC
En dehors de l'Assemblée Générale et du
Conseil d'Administration, le Comité de Crédit, le Conseil de
Surveillance et la Gérance sont les autres organes qui assurent la
gestion de la BAVEC pour son développement et sa
prospérité. Ils se présentent comme suit :
a) Le Comité de Crédit
Le Comité de Crédit est
généralement un organe plus léger et ses membres sont
désignés de préférence en Assemblée
Générale et éventuellement par le Conseil
d'Administration. Ainsi, il a pour rôle de mettre en application la
politique de crédit et la procédure, d'instruire les dossiers de
crédit, de suivre les prêts et de participer à leur
recouvrement. Il évalue aussi les activités de crédit.
Le Comité de Crédit a pour responsabilité
de :
· Gérer le crédit conformément aux
politiques et procédures définies en matière de
crédit par le Conseil d'Administration ;
· faire le rapport de ses activités et
l'état du portefeuille des crédits ;
· proposer des solutions aux difficultés
rencontrées ;
· mettre en application la politique de crédit
adoptée par l'Assemblée Générale.
48
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Malgré ses responsabilités, le Comité de
Crédit doit respecter certaines limites, c'est-à-dire qu'il ne
peut pas débourser les crédits en lieu et place du gérant,
il ne peut non plus modifier la politique de crédit sans avoir l'aval de
la direction notamment pour un refus de demande de crédit.
b) Le Conseil de Surveillance
Il est l'oeil de l'Assemblée Générale et
veille à ce que les besoins des membres soient pleinement satisfaits.
C'est l'organe chargé de la surveillance, de la régularité
des opérations et du contrôle de la BAVEC. Il a pour rôle de
représenter l'Assemblée Générale. Il doit :
· procéder à des contrôles
réguliers ;
· s'assurer que les opérations de la BAVEC
respectent la loi, les règlements et les règles de
déontologie mise en place ;
· évaluer le niveau de satisfaction des membres
;
· effectuer le suivi du rapport d'inspection (Conseil de
Surveillance, vérificateur interne) ;
· assumer le contrôle et la régularisation
des situations de conflits d'intérêts (entre les organes, les
membres et la structure) ;
Toutefois, le Conseil de Surveillance ne peut octroyer
directement de crédit aux membres ni annuler les crédits
octroyés, même si le dossier présente de graves
insuffisances. Il doit d'abord informer le Comité de Crédit des
irrégularités constatées et lui recommander d'annuler le
crédit.
c) La gérance
Elle est composée du service de crédit et du
guichet.
· le Service de Crédit
Ce service exécute la politique de crédit de la
BAVEC, en veillant au respect des procédures d'octroi de crédit.
Il met en oeuvre les stratégies de suivi pour garantir un bon taux de
respect des échéances et de remboursements et fait à la
gérance, des suggestions pour le perfectionnement des conditions de
crédit et procédures d'octroi et suivi des
49
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
crédits. Avec la gérance, ce service veille
à la bonne gestion des garanties reçues et contribue à la
définition d'une politique de marketing pour la BAVEC.
? le guichet
Le guichet exécute l'enregistrement quotidien des
opérations, accueille les clients et répond à leurs
préoccupations. D'abord, il assure un bon classement et une bonne
conservation de tous les documents de guichet. Ensuite, il appui le
gérant dans le cadre de la promotion et de la vulgarisation de la caisse
et l'établissement régulier des divers états de la BAVEC.
Enfin, il exécute toutes les tâches de la BAVEC que le
gérant pourrait lui confier.
II. Programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC
La plupart des BAVEC de l'APHEDD ont été
créées en 2000 avec pour mission sociale l'amélioration
des conditions de vie des populations à la base pour leur autopromotion.
Leur objectif premier est de lutter contre la pauvreté en milieu rural
et périurbain dans toutes ses dimensions.
50
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Tableau 10 : Données
clés25
- Nombre de bénéficiaires :
Au 30/ 09 /2011 : 15695 hommes et 85859 femmes
(crédits individuels) ; 395 groupements
- Nombre d'épargnants : 51994
individus
- Les activités financées :
Petit commerce, Transformation, Artisanat
- Nombre de BAVEC : 5 (Womey, Agbotagon,
Houègbo, Tangbo, Glo) et une antenne de
Dogbo placé sous la BAVEC de Womey
- Statut: Institution financière non
bancaire
- Zone d'intervention: Urbaine,
Périurbaine, Rurale
- Année de création : 2000 sauf
la BAVEC de Tangbo créée en 2001
- Condition principale de prêt :
Exercice préalable d'une activité
génératrice de revenus
- Volume du crédit octroyé par an :
410 450 000 Francs CFA (en 2010)
- Encours de crédit : 411 912 506
Francs CFA (Mai 2011)
- Montant minimum de remboursement périodique :
1300 Francs CFA
- Crédit individuel moyen : 45 659
FCFA
- Montant minimum d'ouverture de compte :
5000 Francs CFA
- Montant minimum d'épargne : 1000
FCFA
- Epargne volontaire : 17 645 262 Francs
CFA
- Epargne stratégique : 50 263 948
Francs CFA
- Nombre de salariés : 65
salariés dont 10 agents de crédits et 8 animateurs formateurs
- Ratio d'autonomie opérationnelle :
non disponible
- Rentabilité des actifs : non
disponible
- Rentabilité des fonds propres : non
disponible
- Taux d'intérêt du crédit :
2 % par mois constant
Source : Réalisé par
nous-mêmes
L'état des lieux sur le programme de microfinance
d'APHEDD-BAVEC sera fait selon les dimensions de l'outil SPI.
25 Rapport de suivi mensuel de Mai 2011 et certaines
fournies par le Département Exploitation
51
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
A. Ciblage des pauvres et des exclus
La première dimension prend en considération
trois stratégies de ciblage des populations pauvres et exclues,
basées sur des critères géographiques, individuels ou
méthodologiques adaptés aux populations pauvres. APHEDD-BAVEC a
un ciblage géographique orienté vers les zones rurales ou
d'exclusion. Les premières implantations se sont faites dans les zones
rurales des départements de l'Atlantique et du Couffo. Certaines
implantations constituent l'oeuvre des populations qui ont exprimé
elles-mêmes le besoin de disposer d'une institution.
APHEED-BAVEC a une politique clairement orientée vers
les plus pauvres. La vérification des zones de pauvreté où
elle intervient ou du niveau de vie des futurs bénéficiaires
s'est néanmoins faite jusqu'à présent de façon
informelle. La grande majorité des bénéficiaires est
composée de femmes (plus de 80 %), mais l'IMF est ouverte à
l'intégration d'hommes.
Du point de vue méthodologique, les prêts sont
basés sur une caution solidaire et sur les garanties physiques. Il faut
dire que l'exercice d'une AGR26 et la constitution d'une
épargne à hauteur de 10 à 15% du montant sollicité,
sont des conditions préalables à l'obtention de crédit.
Les petits prêts, soit inférieurs à 60 000 Francs CFA, sont
disponibles à travers le programme MCPP (refinancement APHEED-BAVEC avec
du fonds de crédit venant du FNM et de l'extérieur), où
les prêts octroyés sont plus importants. Les remboursements des
petits prêts se font par de petites mensualités
(inférieures à 2000 Francs CFA).
B. Adaptation des services et des produits à la
population cible
La deuxième dimension considère la
capacité des IMF à proposer des services innovants ou
adaptés aux conditions de vie et aux besoins des partenaires. Sont
considérés pour ce faire : la diversité des services, leur
qualité et la création de services innovants et non
financiers.
26 Activité Génératrice de
Revenus
52
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
APHEDD-BAVEC propose principalement deux types de prêt
: crédit de fonds de roulement et crédit scolaire. L'offre du
crédit scolaire, le seul produit spécifique adapté au
besoin social (éducation), a été suspendue dans certaines
BAVEC pour des raisons liées aux difficultés de remboursement des
clients. Ainsi, les prêts adaptés aux besoins sociaux ne sont pas
disponibles tout comme les prêts d'urgence. L'IMF privilégie en
effet des prêts adaptés aux besoins productifs et qui ont donc
pour objectif le financement d'Activités Génératrices de
Revenus.
En ce qui concerne la flexibilité de remboursement
offerte aux clients, un calendrier de remboursement est décidé
avec le client en fonction de la spécificité de son
activité.
L'IMF dispose des services d'épargne volontaire
appelé tontine volontaire mais peu consommé, le montant minimum
soit 1000 FCFA étant jugé élevé. La majorité
préfère épargner indirectement à travers le
remboursement période du crédit fait sous forme de tontine
obligatoire. Les clients demandent ainsi, que leur remboursement
périodique soit majoré d'un montant (proposé par les
clients eux-mêmes) qui sert indirectement d'épargne. Cependant,
des produits d'épargne volontaire spécifiquement adaptés
aux besoins sociaux des clients n'existent pas.
Pour ce qui est de la qualité des services, les agents
de crédit ne sortent pas de l'agence de l'IMF pour rendre visite
à leurs clients pour des opérations financières
régulières. Les seuls cas constatés sont les visites pour
se rendre compte des problèmes de remboursement et pour des demandes de
prêts concernant uniquement des clients organisés en groupes. La
rapidité du service est bonne, le temps entre la demande formelle du
prêt et le déblocage pour un nouveau client est en moyenne de deux
semaines sur les 12 derniers mois.
Le client connaît pour chaque remboursement, le
principal et les intérêts à payer et connaît la date
de remboursement. Pour ce faire, un échéancier de remboursement
est établie à chaque client avec un carnet de rendez-vous
(précisant le montant et le jour de remboursement) est mis à la
disposition de chaque client.
Il existe des services non-financiers liés à
des formations sur la gestion des activités commerciales et la gestion
du budget familial. Les services non-financiers relatifs à des besoins
sociaux des clients n'existent pas encore de manière formelle. L'IMF ne
propose
53
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
actuellement aucun service financier innovant à ces
clients. Et aucune étude de marché n'a été conduite
ces 24 derniers mois pour améliorer la qualité de services aux
clients.
C. Amélioration du capital social et du capital
politique des clients
Cette dimension explore les retombées
socioéconomiques pour les bénéficiaires,
c'est-à-dire les bénéfices économiques, la
participation des partenaires (et notamment leur degré d'implication
dans la prise de décision à leur niveau et à celui de la
direction de l'IMF), et enfin, le renforcement de leur capital social.
Les clients d'APHEDD-BAVEC ont accès aux bilans
financiers. La stratégie mise en place porte sur les réunions de
présentation. Il faut toutefois noter que ces réunions qui sont
censées être régulières ne s'organisent pas tous les
ans.
Aucune étude d'impact connue de l'équipe
actuelle d'APHEDD-BAVEC, qui est relativement jeune, n'a été
menée au cours des trois dernières années, et le recueil
d'informations sur ce point se fait essentiellement au cours des
réunions ou des discussions.
L'IMF ne dispose pas d'une instance spécifique ou une
personne en charge de régler les conflits. Cependant, en cas de besoin,
le client peut rencontrer des membres des organes de gestion.
Les clients participent par le biais des représentants
élus aux instances de décisions au niveau de l'IMF. Il n'existe
pas des instances de prise de décisions au niveau des clients. Il existe
certes un système de rotation pour la participation des clients mais le
mandat des élus est renouvelable autant de fois que possible ce qui ne
favorise pas une alternance effective. En comparaison avec le pourcentage de
femmes parmi les clients, la représentativité des femmes au
niveau des instances de décisions n'est pas remarquable. Il faut dire
que les femmes étant en majorité des analphabètes, elles
sont réticentes en matière de prise de responsabilité et
vont jusqu'à proposer leur mari pour les remplacer.
Les représentants sont formés, mais les avis
sur l'efficacité de ces instances de participations sont partagés
et tendent à souligner quelques insuffisances, justement au niveau de
leur formation et de la régularité.
54
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Aucune disposition n'est prise par APHEDD-BAVEC pour
l'amélioration du capital social des clients. Même si de
façon informelle quelques formations et séances de
sensibilisations sont initiées. Une organisation est en cours pour
permettre à l'IMF de proposer des services d'alphabétisation.
Les décisions prises au niveau du siège sont
communiquées aux bénéficiaires lors de leurs
Assemblées Générales, adaptant ainsi la transmission de
l'information aux modes locaux (communication orale et discussions en
assemblées + utilisation de langues locales).
APHEDD-BAVEC n'a par contre pas pour objectif
d'accroître l'influence de ses bénéficiaires face aux
autorités locales et aux représentants de l'administration
nationale, cet aspect n'étant pas inclus dans sa stratégie.
D. Responsabilité sociale de l'institution
La responsabilité sociale d'une IMF se mesure selon
trois critères : la responsabilité sociale en matière de
ressources humaines, celle vis-à-vis des bénéficiaires, et
enfin, par rapport au contexte socioculturel et environnemental.
L'IMF ne dispose pas de manière formelle un plan
annuel de formation pour le personnel quoi que des formations soient
organisées pour satisfaire un temps soit peu les besoins en la
matière. Le personnel exprime régulièrement d'ailleurs le
besoin en formation mais l'argumentaire développé par la
direction porte sur le manque de moyen. Néanmoins des formations sont
initiées par des partenaires en occurrence le FNM à l'intension
du personnel.
Il existe une grille de salaire et remis à chaque
salarié même s'il ne bénéficie pas des avantages de
nature couverture médicale ou de santé. Les employés
peuvent participer à la prise de décisions par des informations
et des réunions spécifiques entre employés et
direction.
Pour ce qui concerne la responsabilité sociale envers
les clients, il faut dire qu'il y a une évaluation de l'impact social et
économique des produits et services offerts à travers des
entretiens et des groupes de discussions avec les clients, des collectes
d'informations qualitatives dans le cadre des demandes de prêts. Par
contre il n'existe pas un mécanisme
55
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
pour étudier le niveau d'endettement des clients. De
même, il n'y a pas d'assurance qui libère la famille du poids de
la dette en cas de décès de l'emprunteur.
Du point de vue de l'harmonie avec les cultures et les
valeurs locales, les animateurs d'APHEDD-BAVEC interviennent
généralement en langues locales lors de leurs interventions, et
le choix d'implantation de nouvelles BAVEC se fait après que des
renseignements soient pris auprès de personnes ressources. Cependant,
l'IMF n'a pas un fonds ou une caisse spéciale en cas de catastrophe ou
de désastre collectif même si elle accorde dans ces cas, une
période de grâce aux clients pour se réorganiser dans leurs
activités.
56
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
CHAPITRE 2 : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS,
APPROCHES DE SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS
I. Présentation et analyse des
résultats
Nous avons mené une enquête interne qui a
été réalisée à partir du guide d'entretien
inspiré du questionnaire de l'outil SPI avec le personnel de
l'institution et de l'analyse des documents de gestion du crédit.
Le tableau suivant met en exergue les résultats
globaux issus de notre enquête et qui sont relatifs aux quatre dimensions
retenues par l'outil SPI dans le cadre de l'évaluation de la performance
sociale d'une IMF.
Rappelons que le questionnaire SPI mis au point par CERISE,
utilisé ici dans sa version 3.0, est un outil permettant de mesurer les
performances sociales des Institutions de Microfinance (IMF). Il permet de
donner une idée concrète de la réalisation de la mission
sociale d'une IMF. Le questionnaire est pour ce faire divisé en quatre
dimensions, qui permettent d'envisager la mission sociale de façon
globale : Dimension 1 : Le ciblage des pauvres et des exclus ; Dimension 2 :
Adaptation des services ; Dimension 3 : Bénéfices pour les
clients ; Dimension 4 : Responsabilité sociale. Une IMF ne peut
être performante à 100 % dans chacune de ces dimensions. Il est
ainsi tenu compte de ses orientations et de ses valeurs dans l'analyse SPI.
57
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Tableau 11 : Résultats globaux
DIMENSIONS
|
SCORE PREVU
|
SCORE OBTENU
|
Ciblage des pauvres et des exclus
|
28
|
17
|
Ciblage géographique
|
9
|
5
|
1.1
|
Sélection zones d'intervention /
pauvreté-exclusion
|
2
|
1
|
1.2
|
% des prêts dans ces zones
|
2
|
1
|
1.3
|
Vérification de la pauvreté de ces zones
|
2
|
1
|
1.4
|
Services en zones rurales
|
1
|
1
|
1.5
|
Services en zones non desservies
|
2
|
1
|
Ciblage individuel
|
10
|
4
|
1.6
|
Ciblage de clients pauvres
|
2
|
1
|
1.7
|
Vérification de l'outil de ciblage
|
1
|
0
|
1.8
|
Mesure de la pauvreté des clients
|
1
|
0
|
1.9
|
% de pauvreté des nouveaux clients
|
2
|
1
|
1.10
|
% de clientes femmes
|
2
|
2
|
1.11
|
% de clients issus de groupes marginalisés
|
2
|
0
|
Ciblage méthodologique
|
9
|
7
|
1.12
|
Utilisation de garanties sociales
|
2
|
2
|
1.13
|
Utilisation de garanties productives
|
1
|
1
|
1.14
|
Usage de petits prêts
|
2
|
2
|
1.15
|
Petits remboursements de prêts
|
1
|
1
|
1.16
|
Petits dépôts d'épargne
|
1
|
1
|
1.17
|
Solidarité financière entre agences-caisses
|
2
|
1
|
Adaptation des services
|
25
|
14
|
Diversité des services
|
7
|
5
|
2.1
|
Nombre de produit de crédit
|
1
|
1
|
2.2
|
Prêts d'urgence
|
1
|
0
|
2.3
|
Prêts adaptés aux besoins sociaux
|
1
|
1
|
2.4
|
Prêts adaptés aux besoins productifs
|
1
|
1
|
2.5
|
Flexibilité des agences-caisses
|
1
|
1
|
2.6
|
Produits d'épargne
|
1
|
1
|
2.7
|
Adaptation de l'épargne aux besoins sociaux
|
1
|
0
|
Qualité des services
|
9
|
5
|
2.8
|
Décentralisation
|
1
|
1
|
2.9
|
Rapidité du service
|
1
|
1
|
2.10
|
Niveau du taux d'intérêt
|
2
|
1
|
2.11
|
Retours des clients
|
2
|
1
|
2.12
|
Taux d'abandon-inactivité
|
2
|
1
|
2.13
|
Raisons d'abandon-inactivité
|
1
|
0
|
Service innovants et non financiers
|
9
|
4
|
2.14
|
Service innovants
|
2
|
0
|
2.15
|
Services mobiles
|
2
|
0
|
2.16
|
Alliances extérieures
|
1
|
1
|
2.17
|
Formations sur la gestion
|
1
|
1
|
2.18
|
Formation sur des questions sociales
|
1
|
1
|
2.19
|
Adaptation des SNF aux besoins des clients
|
2
|
1
|
|
58
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Tableau 12 : Résultats globaux (suite et
fin)
Amélioration situation
socioéconomique clients
|
25
|
13
|
Bénéfices économiques pour les
clients
|
8
|
4
|
3.1
|
Suivi situation clients
|
1
|
0
|
3.2
|
Etudes d'impact
|
2
|
1
|
3.3
|
Mesures correctives
|
1
|
0
|
3.4
|
Réduction des coûts
|
1
|
1
|
3.5
|
Partage des profits
|
2
|
2
|
3.6
|
Mesures en cas de désastre
|
1
|
0
|
Participation des clients
|
9
|
6
|
3.7
|
Participation à la prise de décision
|
2
|
2
|
3.8
|
Représentants élus
|
1
|
1
|
3.9
|
Rotation des représentants
|
1
|
0
|
3.10
|
Participation des femmes
|
1
|
1
|
3.11
|
Formation des représentants
|
2
|
1
|
3.12
|
Efficacité de ces instances
|
2
|
1
|
Renforcement du capital social
|
8
|
3
|
3.13
|
Implication extra financière
|
2
|
1
|
3.14
|
Objectif d'empowerment27 des femmes
|
2
|
1
|
3.15
|
Transparences des décisions prises
|
2
|
1
|
3.16
|
Soutien à la représentation politique des
clients
|
2
|
0
|
Responsabilité sociale
(RS)
|
25
|
12
|
RS salariés
|
9
|
5
|
4.1
|
Grille de salaires
|
1
|
1
|
4.2
|
Contrats long terme
|
2
|
1
|
4.3
|
Formation
|
1
|
1
|
4.4
|
Participation à la prise de décision
|
2
|
1
|
4.5
|
Couverture de santé
|
1
|
0
|
4.6
|
Départ d'employés
|
2
|
1
|
RS clients
|
9
|
4
|
4.7
|
Mesures contre le surendettement
|
2
|
0
|
4.8
|
Transparence des coûts et conditions
|
1
|
1
|
4.9
|
Protection de la confidentialité
|
1
|
1
|
4.10
|
Codes de conduite
|
1
|
0
|
4.11
|
Procédure de réclamation
|
2
|
1
|
4.12
|
Confidentialité
|
1
|
1
|
4.13
|
Assurance décès
|
1
|
0
|
RS communauté et environnement
|
7
|
3
|
4.14
|
Harmonie avec la culture locale
|
1
|
1
|
4.15
|
Développement économique local
|
1
|
1
|
4.16
|
Développement social local
|
1
|
1
|
4.17
|
Environnement/ activités IMF
|
2
|
0
|
4.18
|
Environnement/ activités financées
|
2
|
0
|
Score global
|
103
|
56
|
|
Source : Réalisé par
nous-mêmes
27 L'empowerment, terme
anglais traduit par autonomisation ou
capacitation, est la prise en charge de l'individu par lui-même,
de sa destinée économique, professionnelle, familiale et
sociale.
59
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
D'après le tableau des résultats globaux,
APHEDD-BAVEC a obtenu un score total 56/10028. En
effet, l'IMF a totalisé au niveau des dimensions ciblage des
pauvres et des exclus, adaptation des services,
amélioration situation socioéconomique des clients,
responsabilité sociale respectivement 17/25,
14/25, 13/25 et 12/25.
On constate que la performance réalisée en ce
qui concerne le ciblage des pauvres et l'adaptation des services est plus ou
moins acceptable contrairement à la responsabilité sociale et
l'amélioration de la situation socioéconomique des clients qui
pour le moment, ne constituent pas le fort d'APHEED-BAVEC.
A. Présentation et analyse des données
relatives au ciblage des pauvres et des exclus
Les questions portent sur la stratégie de ciblage de
l'IMF (ciblage géographique, individuel ou par la méthodologie de
prêts) et les résultats de la stratégie de ciblage.
Le tableau 10 ci-dessous montre que le score relatif
d'APHEDD-BAVEC est de 56% pour le ciblage géographique et de 40% pour le
ciblage individuel, ce dernier représentant le score le plus faible. Le
score relatif pour le ciblage méthodologique est plus intéressant
; il est à 78%.
L'IMF obtient pour la première dimension, un score
global de 17/25 soit un taux de 68%. En référence au seuil de
décision fixé, nous retenons que les bénéficiaires
du programme sont plus ou moins des pauvres et des exclus.
28 Chaque dimension est notée sur 25, à
l'exception de la première qui est en réalité notée
sur 28, l'hypothèse qui la sous-tend étant qu'une IMF ne peut
cumuler et être totalement performante au niveau des trois
critères retenus.
60
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Tableau 13 : Données relatives à la
dimension 1
Tableau 10 : Données relatives à
la dimension 1
Ciblage
géographique
Ciblage
individuel
9
10
56%
40%
Source: Réalisé
par nous-mêmes
Ciblage
méthodologique
9
5
4
7
78%
Graphique 1: Ciblage des pauvres et des
exclus
Sous-dimensions Score prévu
Score obtenu Score relatif
30
Score total
28
16
57%
Score prévu
Score obtenu
28
16
25
10
5
10
9
9
7
4
5
0
20
15
Source: Réalisé
par nous-mêmes
61
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
B. Présentation et analyse des données
relatives à l'adaptation des services
Les questions portent sur la diversité des services, la
qualité de ces services (rapidité, proximité,
transparence, adaptation aux besoins) et l'accès à des services
non financiers (politique volontariste ou non de l'IMF dans ce domaine).
Tableau 14 : Données relatives à la
dimension 2
Diversités des
services
Qualité des
services
7
9
5
5
Source: Réalisé
par nous-mêmes
Score total
9
5
Qualité des
services
7 5
Diversités
des services
Services innovants
et non financiers
Services innovants
et non financiers
9
4
71%
56%
44%
Graphique2: Adaptation des
services
Score total
25
14
56%
Score prévu
Score obtenu
14
4
25
9
Source: Réalisé
par nous-mêmes
30 25
20 15 10
5
0
Le tableau 11 montre que dans la dimension adaptation des
services aux besoins des clients, 71% du score prévu dans le
critère diversité des services, 56% en ce qui concerne la
qualité des services et seulement 44% pour les services innovants et non
financiers. On note ici, une négligence dans l'innovation des services
et l'offre services non financiers.
62
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
En somme, le résultat l'IMF totalise un score de 14/25
soit 56%. Au regard de notre seuil de décision, il ressort que les
services et produits offerts répondent aux besoins de la population
cible.
C. Présentation et analyse des données
relatives à l'amélioration situation socioéconomique des
clients
Les questions portent sur la confiance et le partage
d'informations de l'IMF avec les clients, la participation de ceux-ci dans les
instances de décision de l'IMF et enfin les actions de l'IMF dans le
domaine du renforcement du capital social de ses clients.
Tableau 15 : Données relatives à la
dimension 3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sous-
|
Bénéfices
|
Participation des
|
Renforcement du
|
|
dimensions
|
économiques
|
clients
|
capital social
|
|
|
8
9
4
6
50%
67%
Source :
Réalisé par nous-mêmes
8
3
38%
Graphique3: Amélioration de la
situation
Score obtenu
Score relatif
30
6
8
3
25
20
15
10
5
0
Score
relatif 25 13 52%
Score Prévu
Score obtenu
8
4
Bénéfices
économiques
clients
|
9
Participation
des clients
|
Renforcement
du capital
social
|
Score relatif
|
|
Source :
Réalisé par nous-mêmes
63
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Le tableau 12 met exergue les performances d'APHEDD-BAVEC
dans l'amélioration de la situation socioéconomique des clients.
Les résultats ici de nos recherches, montrent que la participation des
clients aux décisions est élevée ce qui justifie son plus
fort score relatif de 67%. Les choses restent encore mitigées en ce qui
concerne le bénéfice économique pour les clients avec 50%
du score attendu. Par rapport au renforcement du capital social des clients,
APHEDD-BAVEC obtient un score faible de 38%, ce qui prouve les efforts ne sont
pas encore suffisamment consentis dans ce domaine.
En définitive, l'IMF totalise un score de 13/25 soit
52%. Ce résultat montre que pour le moment la participation au programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC n'améliore ni le capital social ni le
capital politique des bénéficiaires.
D. Présentation et analyse des données
relatives à la responsabilité sociale
Les questions portent essentiellement sur la politique de
ressources humaines de l'IMF, les actions de l'IMF qui sont l'expression d'une
responsabilité sociale ((RS) vis à vis de ses
clients (études d'impact, etc.), ou vis à vis de la
communauté (réinvestissement dans des services à la
communauté par exemple).
Tableau 16 : données relatives à la
dimension 4
64
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Le tableau 13 révèle qu'APHEDD-BAVEC est
socialement peu responsable à travers son programme de microfinance. En
témoigne le score global le plus faible obtenu parmi les dimensions
c'est-à-dire 12/25 soit 48% du résultat espéré. En
effet, son score dans la RS salarié est de 56% ; les scores dans la RS
clients et communauté-environnement sont respectivement de 44% et 43%.
Ce qui montre que l'IMF ne fait pas encore de l'investissement dans la
communauté une priorité ; et pourtant il permettrait de
résoudre des problèmes d'ordre socioéconomique et
écologique.
Conformément donc au seuil de décision
préalablement fixé, nous parvenons à la conclusion selon
laquelle APHEDD-BAVEC n'est pas socialement responsable via son programme de
microfinance.
II. Approches de solutions et recommandations
A. Approches de solutions
En tenant compte des objectifs que nous nous sommes
préalablement fixés dans le cadre de cette étude, nous
proposerons ici quelques solutions qui nous paraissent importantes pour
permettre à APHEDD-BAVEC d'améliorer la gestion de sa performance
sociale. Son résultat étant très mitigé sur
l'ensemble des dimensions liées à la performance sociale.
1. Approches de solutions relatives à la
stratégie de ciblage des pauvres et des exclus
Pour rendre meilleurs ses résultats dans cette
dimension, nous suggérons à APHEDD-BAVEC de :
? définir une stratégie de ciblage
géographique largement orientée vers les zones rurales ou
d'exclusion ;
? s'assurer par des études formelles des conditions de
pauvreté et d'exclusion des zones d'intervention ;
? mettre en place l'administration systématique du
PAT29 (Poverty Assessment Tool) pour la sélection de ses
nouveaux clients ;
29 PAT est un outil d'évaluation de la
pauvreté CGAP. Son objectif est de chercher à répondre
à une question simple : qui sont les clients des IMF ? Quel est leur
niveau de vie comparé aux non clients ?
65
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
· veiller à la qualité de contrôle
de l'usage de l'outil PAT;
· créer les conditions d'accès aux
crédits pour les pauvres ou exclus n'ayant pas encore d'activités
et manifestant le désir de commencer une AGR ;
2. Approches de solutions relatives à
l'adaptation des produits et services
Pour améliorer ses performances dans la
présente dimension, nous proposons à APHEDD-BAVEC de :
· permettre qu'un emprunteur rembourse d'abord les
intérêts du prêt, soit des sommes relativement modestes,
avant de verser le montant du capital (en deux versements) in fine. Cette
démarche a pour objectif de laisser l'AGR se mettre en place ;
· motiver les clients à avoir la culture de
l'épargne volontaire et dans le même temps revoir à la
baisse le montant minimum fixé ;
· créer un fonds d'aide et de secours permettant
l'octroi des prêts d'urgence ou adaptés aux besoins sociaux tout
en restant fidèle à la démarche générale
d'APHEDD-BAVEC qui vise l'auto-prise en charge des populations ;
· proposer l'accès des services innovants
(transfert d'argent, produit d'assurance, etc.) aux clients soit directement
soit par le biais d'autres organisations spécialisées ;
· associer l'offre des services non-financiers aux
services financiers et décentraliser les agences BAVEC ce qui facilitera
la proximité et le suivi des clients grâce aux visites
régulières qu'effectueront les agents de crédit.
3. Approches de solutions relatives à
l'amélioration du capital social et politique des clients
Dans but d'accompagner APHEDD-BAVEC dans l'atteinte de ces
objectifs dans cette dimension, nous lui suggérons de :
· créer une instance ou nommer une personne
spécifique en charge de gérer les conflits ou réclamation
ou encore les plaintes entre client et employé ;
· oeuvrer pour une meilleure
représentativité des femmes au sein des instances de
décision ;
66
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
· veiller au fonctionnement effectif du système
de rotation de 05 ans pour faciliter une alternance dans la participation des
clients aux instances de décisions ;
· assurer de manière régulière la
formation des élus des clients pour les aider à l'accomplissement
de leur mission au sein des instances ;
· mettre sur place un système de
réseautage pouvant faciliter l'échange entre les clients ;
· faciliter la création des espaces de
discussions pour le partage et la résolution de leurs problèmes
au-delà de l'accès aux services financiers ;
· amener les clients (de par des formations, des
séances de sensibilisation et d'information) à s'impliquer dans
la gestion de leur localité ;
· offrir des services (alphabétisation, promotion
des produits de santé) adaptés au renforcement du capital social
des clients surtout des femmes.
4. Approches de solutions relatives à la
responsabilité sociale
Pour être socialement responsable dans son programme de
microfinance, nous proposons à APHEDD-BAVEC de :
· créer un fonds de solidarité en cas de
catastrophe ou de désastre individuel ou collectif ;
· soutenir la communauté par l'entremise des
subventions ou prêts collectifs pour des projets communautaires ;
· investir dans des activités à haute
valeur sociale pour la communauté ayant un caractère
écologique ;
· proposer une assurance décès sur
prêt qui libère la famille du poids de la dette en cas de
décès de l'emprunteur ;
· prendre des mesures par rapport au surendettement des
clients et étudier le niveau d'endentement de tout client avant un
nouveau prêt ;
· conduire des études formelles impliquant les
clients pour évaluer l'impact social et économique des services
et produits offerts ;
· élaborer un plan annuel de formations
régulières pour le personnel ;
67
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
? fournir une couverture de santé aux employés
toute catégorie confondue et accroître le nombre d'employé
en CDI30.
B. Recommandations
La mise en oeuvre des solutions proposées permettra
à APHEDD-BAVEC d'améliorer sa performance sociale. Il nous est
donc indispensable de préciser les conditions de mise en oeuvre de ces
solutions pour assurer l'application effective et efficace des
différentes solutions proposées. Pour ce faire, nos
recommandations iront aussi bien à l'endroit de l'institution, des
clients, des partenaires et bailleurs de fonds qu'à l'endroit du
gouvernement.
Pour l'institution, la mise en place d'un système de
gestion de la performance sociale est indispensable et cela passe par la
création d'un comité permanent de la performance sociale qui
examine régulièrement les questions de performance sociale et
l'adoption d'un outil d'évaluation. Le présent comité aura
pour principal rôle, le suivi des indicateurs liés à la
performance sociale, la proposition des mesures correctives et
l'évaluation. La formation de la performance sociale doit être
répandue parmi les cadres et les agents de crédit sur les
questions sociales. En effet, la formation du personnel est une composante
clé qui peut avoir un effet positif sur les niveaux d'efficacité
d'une IMF, surtout lorsqu'ils sont accompagnés par la politique de
fidélisation des ressources humaines et d'incitation du personnel.
Enfin, APHEDD-BAVEC pourrait également formaliser et diffuser une
politique de responsabilité sociale vis-à-vis de l'environnement,
dans un contexte mondial où les questions environnementales s'imposent
et où l'impact écologique des actions humaines occupe de plus en
plus une place de choix dans les programmes d'aide internationale. Aussi, la
mise en place d'un Système d'Information et de Gestion (SIG)
constituerait-elle un atout.
En ce qui concerne les clients, ils doivent, de par leur
participation et disponibilité, s'associer aux activités et
soutenir les actions allant dans le sens de l'atteinte des objectifs sociaux
d'APHEDD-BAVEC.
30 Contrat à Durée
Indéterminée
68
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Par rapport aux bailleurs de fonds et autres catégories
de partenaires, ils doivent faire de l'évaluation de la performance
sociale, un impératif pour les IMF ayant une mission sociale clairement
définie. Ils pourraient aussi apporter aux IMF leur expertise ou
soutiens matériels et financiers dans le cadre de la réalisation
des différentes études.
Le gouvernement, quant à lui, est invité
à créer les conditions pouvant encourager les IMF à
évaluer régulièrement leur performance sociale. Un
système de subvention systématique pourrait être mise en
place pour les IMF ayant réalisé une meilleure performance
sociale.
69
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
CONCLUSION
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
Selon Sam Daley-Harris31, de nombreuses visions de
la microfinance existent, dont celle-ci : la microfinance pour la
rédemption. Le dictionnaire définit la rédemption comme
« la restauration du bien et de l'honneur ; la libération d'une
personne ». N'est-ce pas là, la plus haute vision de la
microfinance : aider les personnes à retrouver leur bien-être et
honneur, leur libération de l'esclavage de la pauvreté ?
L'analyse des indicateurs de performance surtout sociale des
IMF est un élément de promotion du secteur de la microfinance. La
performance sociale englobe l'ensemble des processus mis en oeuvre par une IMF
pour générer des résultats positifs pour ses clients et
pour les communautés qu'elle dessert. Ainsi, afin d'évaluer la
performance sociale d'une IMF et les liens avec les opérations
financières, nous devrions examiner les systèmes et
procédures que les IMF ont mis en place et l'efficacité de ces
institutions au suivi des progrès vers les objectifs organisationnels.
L'évaluation régulière des indicateurs de performance
sociale n'est pas encore une pratique courante dans l'industrie, bien que les
IMF ont une variété de missions sociales qui doivent être
évaluées en fonction de l'exécution de la mission telle
que définie par la direction et le conseil d'administration.
Aussi, la recherche des performances sociales dans un contexte
de grande concurrence, comme celui de la microfinance au Bénin,
peut-elle être bénéfique aux institutions quelle que soit
leur forme juridique.
La présente étude nous a permis
d'appréhender les forces et les faiblesses d'APHEDD-BAVEC dans ses
activités stratégiques et opérationnelles ainsi que dans
ses actions quotidiennes. Même si dans l'ensemble, on remarque qu'elle a
réalisé des efforts dans l'atteinte des objectifs de performance
sociale, d'importants défis restent à relever dans ce domaine
sous toutes ces dimensions. Cette étude, loin d'être reluisante, a
donc mis à nu certaines failles qui, à notre avis,
méritent une attention particulière.
Néanmoins, nous ne prétendons pas avoir
épuisé la problématique de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC mais nous restons convaincus que notre
modeste contribution aidera l'institution à pallier ces insuffisances.
Nous invitons par ailleurs d'autres chercheurs à nous emboîter le
pas en utilisant des outils autre que SPI et pouvant impliquer les clients dans
le processus d'évaluation de la performance sociale de l'institution.
31 Directeur de la campagne du sommet du
microcrédit 2011
71
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
1- ADAMS D. W. et FITCHETT D. A. (1994) :
« Finance informelle dans les pays en voie de développement »,
Presses universitaires de Lyon, pp 17-36.
2- ADECHOUBOU Makarimi A : « Taux
d'intérêt et viabilité des caisses de crédit
agricole. Etude réalisée pour le projet de réhabilitation
du réseau CRCAM/CLCAM », 1990.
3- AGNIKPE Alain : « La microfinance :
un instrument au service du développement », 1998.
4- AMOUZOU Kazesse : « Analyse de
l'efficacité sociale des IMF au Bénin », Mémoire de
Licence, ENEAM, UAC, 2009.
5- BEDCARRATS Florent : « Etudes
d'impact en microfinance: quelles méthodes pour quels usages et quels
résultats ? », GRET-CERISE.
6- BEDCARRATS Florent et al : « Etudes
d'impact en microfinance : Comment, pour qui et pour quoi ? » Compte rendu
atelier, Nogent, Octobre 2010.
7- BIO TCHANE Aissatou : « La
problématique des taux d'intérêt dans le système
financier décentralisé au Bénin », Mémoire de
Maîtrise, FASJEP, UNB, 1998.
8- BOUDINOT et FRABOT : « Technique et
Pratique Bancaires », 4ème édition, Sirey,
1978.
9- BOUQUET Emmanuelle : « Enjeux et
controverses autour des études d'impact en microfinance : Comment
concilier rigueur scientifique et pertinence opérationnelle? », BIM
n°09, Septembre, 2008.
10- BUCKLEY G. (1997): « Microfinance
in Africa: Is it either the problem or the solution? », World Development,
n° 7.
11- CERISE, « Une initiative collective
d'évaluation des performances sociales : l'exemple de la
confédération des institutions financières de l'Afrique de
l'Ouest », BIM n°24, Novembre, 2009.
12- CGAP, « Au-delà des bonnes
intentions : évaluation de la performance sociale des institutions de
microfinance », Focus n°41, Mai, 2007.
13- CONDE Nountié : «
Microfinance et lutte contre la pauvreté au Sénégal
», mémoire de maîtrise, UCAD Dakar, 2007.
14- CONSORTIUM ALAFIA, « Performances
globales des institutions des institutions de microfinance du Bénin,
membres du Consortium Alafia », rapport, Janvier, 2009.
15- DALEY-HARRIS Sam : « Etat de la
campagne du sommet du microcrédit », Rapport 2009.
73
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
16- DEGORCE-KABORE Alice : «
enquête SPI Association Inter Instituts : Ensemble et Avec »,
Entrepreneurs du monde/ AsIEnA, 2009.
17- DUFLO Esther : «
Microcrédit, miracle ou désastre ? », Article, Journal Le
monde, Janvier 2010.
18- GUERIN Isabelle et al. « La
microfinance est-elle socialement responsable ? », Revue Tiers Monde,
n° 197.
19- ISERTE M. et LAPENU C. «
Indicateurs de performance sociale pour les IMF »,
BIM, Novembre, 2003.
20- LAPENU Cécile (2002) : « La
gouvernance en microfinance: grille d'analyse et perspectives de recherche
», Revue Tiers Monde, n° 172.
21- LAPENU C. et al. « Le rôle
des investisseurs dans la promotion des performances sociales en
microfinance», Dialogue Européen, n° 1, Novembre, 2008.
22- LATOUNDJI Bilikiss : « Impact de la
microfinance sur la réduction de la pauvreté en milieu urbain au
Bénin : cas de VITAL-FINANCE », mémoire de maîtrise,
CESAG Dakar, 2002.
23- LELART Michel (2005) : « De la
finance informelle à la microfinance », AUF et Savoirs
francophones.
24- LELART Michel : « Les mutations
dans la microfinance : L'expérience du Bénin », Document de
recherche, n°2007-15, Laboratoire d'Economie d'Orléans
25- LITTLEFIELD E. et ROSENBERG R. (2005) :
« Le microfinancement et les pauvres : la démarcation entre
microfinancement et secteur financier s'estompe », Techniques
financières et développement, n° 78, pp. 45-51.
26- MINAVOA M. et D'ALMEIDA F. (2009)
: « Gestion optimale de l'octroi du MCPP par les
partenaires stratégiques du FNM : cas de l'APHEDD-BAVEC »,
Mémoire de Licence, ENEAM, UAC.
27- MONTALIEU T. (2002) : « Les
institutions de microcrédit : Entre promesses et doutes », Monde en
développement, pp 21-22.
28- PISTELLI Micol (2011) : «
Définir la responsabilité des performances financières :
comment penser la performance sociale », publication
microbanking-bulletin.
29- PNUD BENIN : « Diagnostic
approfondi du secteur de la microfinance au Bénin », rapport, Mai,
2007.
30- REED R. Larry: « Etat de la
campagne du sommet du microcrédit », Rapport 2011.
74
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
31- YUNUS Muhammed (2007) : « Vers un
nouveau capitalisme », Editions Jean-Claude Lattès, 2008, pour la
traduction française, pp83-132.
WEBOGRAPHIE :
Banque Mondiale (1995): « Inventaire
mondial des institutions de microfinance »,
www. esd. worldbank. org /
html / esd / agr
Banque Mondiale (1997): « Rapport de la
conférence mondiale sur le microcrédit »,
www. esd. worldbank. org /
html / esd / agr
http://alafianetwork.org/lettre_infos/la%20gazette%20de%20octobre.pdf
http://www.cerise-microfinance.org/IMG/pdf/Newsletter_ProsperA_10-06_FR.pdf
http://sites.univ-provence.fr/lped/IMG/pdf/RTM_no197-1.pdf
http://www.themix.org/publications/microbanking-bulletin/2011/06/social-performance-management.
http://www.memoireonline.com
75
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
TABLE DES MATIERES
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS iii
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES iv
SOMMAIRE v
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 6
CHAPITRE 1 : LA PERFORMANCE SOCIALE DES IMF 7
I. Les Institutions de Microfinance (IMF) 7
A. Concepts fondamentaux 7
1. Notion de crédit 7
2. Notion de microcrédit 8
3. Notion de microfinance 9
B. L'évolution des Institutions de Microfinance 10
1. La généralisation de la microfinance à
l'échelle internationale 10
2. L'ampleur du phénomène dans la zone UEMOA 12
II. La performance sociale 23
A. Contexte d'émergence et définitions de la
performance sociale 24
B. Mesure de la performance sociale 26
C. Les différentes étapes du processus de mesure
de la performance sociale 28
D. Problème de mesure de la performance sociale 29
E. Outils de mesure de la performance sociale 30
CHAPITRE 2 : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 34
I. Approches empiriques 34
A. Choix d'une méthodologie et justification du cadre de
l'étude 34
1. Choix d'une méthodologie 34
2. Justification du choix d'APHEDD-BAVEC 34
3. Délimitation du champ de l'étude 35
B. Les outils de collecte de données 35
1. Outils de collecte d'informations secondaires ou recherche
documentaire 35
2. Techniques de collecte d'informations primaires 36
C. Echantillonnage, traitement et analyse des données
37
1. Echantillonnage de la population cible 37
2. Le traitement des données 38
77
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
D.
3. L'analyse des données
|
38
|
Limite de l'étude
|
38
|
Présentation de l'outil SPI
|
38
|
Approches théoriques
|
40
|
Choix théorique lié au ciblage des pauvres et des
exclus.
|
41
|
E. II.
A.
B. Choix théorique relatif à l'adaptation
des services et produits aux besoins de la
population cible. 41
C. Choix théorique concernant
l'amélioration du capital social et politique des
bénéficiaires. 41
D. Choix théorique relatif à la
responsabilité sociale de l'IMF 42
E. Le seuil de décision 42
DEUXIEME PARTIE : CADRE EMPIRIQUE DE L'ETUDE
43
CHAPITRE 1 : CADRE INSTITUTIONEL DE L'ETUDE
44
I. Présentation d'APHEDD-BAVEC 44
A. Historique, objectifs et produits offerts
44
1. Historique 44
2. Objectifs 44
3. Les produits offerts 45
B. Structure organisationnelle 46
1. Les organes centraux 46
2. La Direction Exécutive 47
3. Les autres organes de gestion BAVEC 48
II. Programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC
50
A. Ciblage des pauvres et des exclus 52
B. Adaptation des services et des produits à la
population cible 52
C. Amélioration du capital social et du capital
politique des clients 54
D. Responsabilité sociale de l'institution
55 CHAPITRE 2 : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, APPROCHES
DE
SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS 57
I. Présentation et analyse des résultats
57
A. Présentation et analyse des données
relatives au ciblage des pauvres et des
exclus 60
B. Présentation et analyse des données
relatives à l'adaptation des services 62
78
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
C. Présentation et analyse des données relatives
à l'amélioration situation
socioéconomique des clients 63
D. Présentation et analyse des données relatives
à la responsabilité sociale 64
II. Approches de solutions et recommandations 65
A. Approches de solutions 65
1. Approches de solutions relatives à la stratégie
de ciblage des pauvres et des
exclus 65
2. Approches de solutions relatives à l'adaptation des
produits et services 66
3. Approches de solutions relatives à
l'amélioration du capital social et
politique des clients 66
4. Approches de solutions relatives à la
responsabilité sociale 67
B. Recommandations 68
CONCLUSION 70
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 72
TABLE DES MATIERES 76
ANNEXES 80
79
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
ANNEXES
Évaluation de la performance sociale du programme
de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
81
Réalisé par Olivier
NOUKPOKINNOU
|