CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS.
Comme dans tous les pays en voie de développement, la
RDCongo et plus spécifiquement la province du Katanga, dans le district
sanitaire de Lubumbashi, la mortalité maternelle demeure un
problème de santé publique.
Elle est un problème à multiples facettes qui a
des racines psychologiques et culturelles. Il n'y a aucune solution simple ou
unique au problème; les soins de santé des femmes doivent
plutôt être adressés aux niveaux multiples et dans les
divers secteurs de la société afin de développer des
projets et des programmes efficaces.
Devant l'inefficacité des stratégies, et les
difficultés rencontrées dans leur mise en oeuvre, le
problème de la mortalité maternelle, par sa complexité,
doit répondre à une approche multidisciplinaire. En termes
d'évaluation, le niveau de la mortalité maternelle est un
indicateur suffisant pour mesurer les performances de l'ensemble du
système de santé.
L'étude menée dans les quatre structures
sanitaires à savoir L'Hôpital Provincial de
Référence Jason Sendwe, les Cliniques Universitaires de
Lubumbashi, L'Hôpital de La SNCC, et l'Hôpital
Général de Référence de La Kenya, qui du reste sont
considérées parmi les plus grandes en matière de
qualité des soins et autres aspects, montre à suffisance que bien
d'efforts devraient encore être fournis pour lutter contre ce grand
problème.
Certes, pour ne prendre en compte que les résultats
relatifs au ratio de mortalité maternelle intra hospitalière,
les chiffres obtenus laisseraient penser que le problème n'est pas
important, alors que, comme le dit la littérature et au regard de toutes
les études qui sont régulièrement menées, un seul
cas de décès maternel suffirait pour se rendre compte de la
gravité du problème.
Encore faudrait-il, dans toute analyse ou étude d'un
problème de ce genre, surtout en matière des chiffres, se poser
la question de savoir si, tant dans les hôpitaux que dans les centres de
santé, le rapportage est correctement réalisé, d'autant
plus que la mortalité maternelle est un indicateur difficilement
mesurable faute de bon rapportage ; en matière des soins,en
particulier les soins obstétricaux d'urgence,se rendre compte de leur
qualité,d'autant plus que la clé du succès repose en
elle ; savoir si les services sont disponibles, acceptables, accessibles,
efficaces et efficients et si le personnel de santé, bien
qu'étant qualifié, répond à la notion de
compétence, à laquelle doivent être associées celles
de motivation ainsi que de logistique, car à ce jour, un certain nombre
de pays ont donné priorité à l'amélioration de
l'accès aux soins obstétricaux d'urgence et à
l'élévation de leur qualité.
Nous pensons donc qu'au regard de cette situation alarmante et
désastreuse, le district sanitaire de Lubumbashi devrait, temps soit
peu, réfléchir à ce sujet pour pouvoir trouver des
solutions appropriées pour éviter ce grand problème,
d'autant plus qu'une femme ne devrait pas mourir en voulant donner la vie.
L'amélioration de la santé maternelle consistant
en la réduction de la mortalité maternelle de 75 % d'ici 2015 et
étant le 5ème objectif parmi les objectifs du
millénaire pour le développement, serait réalisable en
tenant compte des recommandations que nous proposons à ce sujet ,
tant au niveau central, intermédiaire ,qu'opérationnel :
- Lutter contre l'insuffisance d'engagement national et
insuffisance d'appui financier;
- Lutter contre la faible coordination des partenaires dans le
domaine de Santé de la Reproduction;
- Lutter contre la participation inadéquate de l'homme,
associée au statut bas de la femme dotée d'un faible pouvoir de
prise de décision;
- Lutter contre la pauvreté grandissante, en
particulier parmi les femmes;
- Lutter contre le manque d'accessibilité, de
disponibilité et d'utilisation des soins de qualité pendant la
grossesse, l'accouchement et le Post-partum immédiat;
- Lutter contre l'accent focalisé sur des interventions
inefficaces, tels que l'approche du risque;
- Lutter contre le faible système de
référence, spécialement lors des urgences
obstétricales et néonatales;
- Lutter contre le faible développement et gestion des
ressources humaines au niveau national, y compris la fuite perpétuelle
des cerveaux du personnel qualifié à l'extérieur de la
R.D.Congo, et du secteur public au secteur privé;
- Lutter contre l'impact négatif de la pandémie
du SIDA sur les ressources humaines et financières pour le SMI;
- Lutter contre la faible implication des Communautés
dans les activités de Santé de la Reproduction;
- Lutter contre les pratiques et croyances socioculturelles
néfastes.
- Sensibiliser les femmes sur les moyens contraceptifs
efficaces pour éviter des grossesses non désirées ou
à très haut risque ;
- Sensibiliser sur la nécessité des
consultations prénatales par un personnel qualifié et
compétent qui semble être un moyen de réduire les risques
de la maternité.
- Permettre un meilleur accès aux services de soins de
santé reproductive ; Plus d'investissements dans la fabrication, la
fourniture et la distribution de produits de base comme la pilules, les
préservatifs, les médications contre le VIH et le matériel
gynécologique.
- Préparer et aider à la naissance dans les
conditions les plus favorables à la santé de la mère et de
l'enfant.
Les planificateurs et les administrateurs de la santé,
jouant un rôle important dans la mise en oeuvre des services,
devront :
- Informer, éduquer et mobiliser les membres de la
communauté pour qu'ils apprennent à reconnaître les signes
de danger et travailler avec eux pour améliorer l'accès aux soins
- qu'il s'agisse par exemple des systèmes de transport, de
l'amélioration des communications, de foyers pour les futures
mères ou de systèmes d'assurance locaux. Participer aux
comités locaux pour la maternité sans risque.
- Renforcer le système de transfert par des
contrôles et des communications régulières et un appui
logistique/gestionnaire garantissant entre autres la disponibilité des
médicaments et fournitures essentiels.
- Améliorer les ressources humaines en organisant des
stages pratiques de formation aux soins obstétricaux au niveau de la
communauté et, pour le personnel déjà qualifié, des
activités de formation/recyclage.
- Renforcer les compétences en obstétrique des
personnels concernés - sages-femmes, infirmières et
médecins - et développer les compétences de tous les
agents de santé en matière de conseil.
- Mettre au point et utiliser des protocoles de prise en
charge des cas pour les urgences obstétricales à chaque
échelon et contrôler l'application des normes de la pratique
obstétricale dans les maternités.
- Utiliser des informations sanitaires pour améliorer
la qualité des soins; améliorer la notification et la tenue des
dossiers et analyser les décès maternels et périnatals et
les décès évités de justesse au cas par cas pour
mieux comprendre les mécanismes de la survie et de la mort; apporter des
améliorations locales en identifiant les prestations de qualité
insuffisantes et les facteurs évitables.
- Demander une révision de la législation pour
garantir une réponse sanitaire appropriée aux besoins
obstétricaux, notamment en déléguant les
responsabilités ou les gestes salvateurs essentiels.
o Mise aux normes des maternités avec renforcement de
la proximité
o Amélioration du suivi de la grossesse ;
o L'augmentation de la couverture du programme de Santé
de la Reproduction/Planification Familiale dans l'ensemble du territoire qui
intégrerait un volet sur l'éducation à la vie familiale
(EVF) ;
o Le renforcement des capacités du personnel de
santé et des structures en matière de consultation
prénatale, des soins obstétricaux d'urgence en mettant l'accent
sur l'organisation de la référence pour la prise en charge
effective des cas référés.
o La poursuite et la pérennisation des acquis du
Programme de Santé Maternelle et Infantile nécessitent l'appui
des partenaires au développement à travers la mise en oeuvre de
la feuille de route notamment dans plusieurs domaines ci-haut
énumérés.
|