Conclusion
L'étude de rapport entre dette et croissance
économique n'a pas laissé indifférent plusieurs auteurs.
Une partie des auteurs trouvent qu'il y a une relation négative entre
dette extérieure et croissance économique qui se traduit par une
taxation; l'autre partie quant à elle, la dette extérieure agit
sur la croissance par le biais de l'investissement.
L'exception notable est celle de l'étude menée
par Smith et Hising (1995), qui selon eux, la dette extérieure agit
favorablement ou défavorablement selon que la dette atteint un certain
seuil.
Les études ci-dessus ont prouvé que l'effet du
service de la dette extérieure diffère parmi les pays.
Basé sur ces résultats mitigés, il est anodin de faire
n'importe quel type de généralisation du rapport potentiel entre
la dette extérieure et la croissance économique. Dans ce cas, il
est nécessaire de considérer le cas de chaque pays
différemment, ou de prendre un panel de pays avec des économies
similaires, comme le cas dans ce présent travail où nous voulons
étudier les pays de la CEMAC.
2011-2012
La dette extérieure et la croissance économique :
cas des pays de la CEMAC
Chapitre III : Analyse empirique de
l'impact de la dette extérieure sur la
croissance économique (cas des
pays de la CEMAC)
Mahamat Ali MALLAH 62
La dette extérieure et la croissance économique :
cas des pays de la CEMAC
2011-2012
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La dette extérieure et la croissance économique :
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2011-2012
La dette extérieure et la croissance économique :
cas des pays de la CEMAC
2011-2012
Après avoir étudié théoriquement
la relation éventuelle entre la dette extérieure et la croissance
économique, il est nécessaire de faire une analyse empirique afin
d'éclairer la relation entre la dette extérieure et la croissance
économique de ladite zone.
Avant de commencer ce chapitre, nous avons jugé utile
de faire un survol empirique (Section 1) de travaux de certains auteurs pour
identifier la spécificité de leurs travaux et des
résultats qu'ils ont trouvé; deuxièmement, la
présentation de la zone CEMAC (Section 2), puis la méthodologie
de notre recherche (Section 3), quatrièmement, notre résultat
empirique et l'interprétation (Section 4) et enfin les recommandations
de politiques économiques (Section 5).
Section 1 : Revue de la littérature
empirique
Depuis la crise de l'endettement qui a frappé le monde
dans les années 80, le lien entre la dette extérieure et la
croissance dans les pays en développement n'a pas cessé d'attirer
l'attention pour des chercheurs universitaires et ainsi que des
décideurs politiques.
Kumar et Woo (2010) ont mené une étude sur un
échantillon de 38 pays allant de 1970-2007, qui porte sur la dette
extérieure et la croissance. Ils trouvent le résultat important
selon lequel une augmentation de 10 points du niveau de dette initiale soit
associée à un ralentissement de la croissance en termes
réel de 0,26% par an. Toutefois, ce résultat diffère selon
qu'on soit dans le cas des pays développés ou des pays en
développement. Une augmentation du niveau initial de dette de 10 points
réduit la croissance dans les pays développés de 0,15
à 0,2%. Alors qu'une augmentation de 10 points du niveau de dette
initial dans les pays en développement fait baisser la croissance de 0,3
à 0,4%; ceci s'explique par le fait que ces pays trouvent des
difficultés de financement sur les marchés internationaux. Pour
ces auteurs, plus le niveau initial de la dette est élevé et plus
l'investissement décline de 0,4 points, et plus la baise de la
croissance est remarquable.
Clement, Bhattacharya et Nguyen (2003) dans leur analyse
empirique qui portait sur les canaux de transmission à travers lesquels
la dette extérieure affecte la croissance du revenu par habitant des
pays à faible revenu ont intégré les variables ou les
indicateurs de la dette dans le modèle de croissance afin de
déterminer les facteurs
Mahamat Ali MALLAH 64
explicatifs. Ils optent pour le modèle à effet
fixe, car pour eux, ce modèle donne des résultats proches de la
réalité pour un pays spécifique. A la différence de
certains auteurs, Clement, Bhattacharya et Nguyen donnent une idée
claire concernant l'hypothèse de surplomb de la dette
c'est-à-dire 30 à 37% du PIB et 115 à 120% de
l'exportation, au-delà ce seuil, la dette extérieure constitue un
frein pour la croissance économique. En plus du seuil, les auteurs
trouvent que le service de la dette n'a pas d'effet sur le PIB par tête
mais agit plutôt indirectement par le biais de l'investissement. Dans
leur article, ils se sont intéressés plus au canal de
l'investissement qui selon eux, l'impact de la dette sur l'investissement
serait différent selon que l'investissement soit qualitative ou
quantitative.
L'échantillon dans cette étude concerne 55 pays
à faible revenu. En revanche, les pays avec un revenu par habitant
élevé peuvent avoir des recettes fiscales supplémentaires,
ce qui leur permet d'investir davantage. L'évaluation empirique dans ce
document indique que les actions de la dette n'ont aucun effet sur
l'investissement public. Les résultats empiriques trouvés
démontrent qu'une augmentation de 1 point de l'investissement public
agit en sorte pour accroître le PIB de 0,2 point. Tout de même, un
investissement très élevé avec un déficit
budgétaire à la base n'aura pas des effets escomptés.
Aussi, leur résultat fournit l'hypothèse selon laquelle si le
service de la dette est très élevé, cela "évince"
l'investissement public, cet effet vient détériorer le niveau de
croissance.
Sous différentes intégration de modèle,
le service de la dette n'a pas d'effet considérable sur
l'investissement. La question qui doit se poser doit être centrée
sur les effets réels de la dette extérieure sur la croissance
économique. D'une part, d'après la formulation linéaire,
le résultat indique que pour toute augmentation du service de la dette,
l'investissement public diminue et le PIB diminue de 0,2 point. D'autre part,
le coefficient nous montre au contraire qu'une dette extérieure
élevée n'a pas un très grand impact sur l'investissement
public des pays à faible revenu. Les calculs menés dans leur
régression suggèrent qu'une réduction des paiements de
service de la dette de 8,7 à 3% de PIB augmente l'investissement public
de 0,7 à 0,8 de PIB.
Andrea et Presbitero (2010) se sont intéressés
au sujet de l'impact de la dette publique dans son ensemble pour le cas de 92
pays à faible revenu durant la période 1990-2007. Cette
étude montre que la dette publique a un impact négatif sur la
Mahamat Ali MALLAH 65
croissance économique au-delà de 90% de PIB. Cet
effet non linéaire peut être expliqué par le surplomb de
dette, la politique macroéconomique et des établissements
instables. Pendant ces dernières décennies, les auteurs
constatent dans un très large échantillon des PED qu'il y a eu
des mutations de dette publique qui, au départ, étaient en grande
partie constituées par la dette extérieure et dans les
années 90, la plupart des pays ont eu tendance à substituer la
dette extérieure à la dette domestique. Reinhart et Rogoff,
(2010), constatent que la dette extérieure de plusieurs pays a
baissé considérablement, ce qui a fait que la dette domestique a
vu son taux augmenter durant la période 1995 jusqu'à 2003, et par
la suite les différentes crises qui ont secoué le marché
financier ont fait un retour à nouveau vers l'endettement ces
dernières années et surtout pendant la crise financière de
2007. Hanson, 2007, argue du fait que l'emprunt à l'extérieur
n'est pas sans conséquence, cet emprunt augmente la volatilité
surtout due à la dévaluation de la monnaie qui augmente le taux
d'intérêt que le pays doit rembourser ainsi que la totalité
de créance. Le deuxième schéma explique l'importance de
dette publique totale et de dette domestique durant la période 19902009,
qui a axé sur quatre types de pays qu'on subdivise en deux : les pays
selon leurs revenus (faible revenu), et selon leurs situations.
Pour Andrea et Presbitero, l'impact économique d'une
augmentation de niveau de la dette de l'ordre de 30% de PIB, entraine une
réduction de croissance de l'ordre de 1,6%. En plus, de niveau de la
dette, l'instabilité macroéconomique contribue avec la
fragilité des établissements pour détériorer la
croissance économique. Dans leur investigation, ces auteurs se sont
débouché sur le résultat important selon lequel la dette
agit négativement sur la croissance si elle dépasse un certain
niveau de seuil, c'est-à-dire si elle dépasse le 90% de PIB elle
influence négativement la croissance. Pour eux, ce résultat est
semblable pour un bon nombre de pays.
Cecchetti, Mohanty et Zampoli (2011) dans leur analyse qui
porte sur les données annuelles de produit intérieur brut par
habitant, ils essaient de comprendre les actions du secteur non financier d'un
panel de 18 pays de l'organisation de coopération et du
développement économique (OCDE) durant la période
1980-2006. L'intérêt du sujet selon eux, repose simplement sur le
fait qu'une dette élevée peut avoir des conséquences
défavorables sur la croissance économique en se
référant aux résultats empiriques qui concernent la dette
du secteur non financier de rendement des 18 pays de l'OCDE. Il convient de
noter que dans certains pays, la dette extérieure fait partie
Mahamat Ali MALLAH 66
des conséquences de ralentissement de la croissance
économique, notamment le cas des certains pays de la zone OCDE. Alors
pour éviter cela, les auteurs de ce document ont fixé un seuil
qu'il ne faut pas dépasser. Pour la dette de corporation, si elle
dépasse les 90% elle aura des effets négatifs sur la croissance
et si ce même seuil est compris entre 75 à 90%, l'impact est
neutre. Concernant la dette des ménages, il n'y a pas un seuil au-dessus
ou au-dessous duquel on peut dire qu'elle affecte la croissance. Outre la dette
de corporation qui est considérée comme une dette qui
détériore la croissance des certains pays qui se trouvent dans
des situations extrêmes, ceux qui sont fortement endettés cessent
d'acheter; c'est le cas notamment des ménages avec l'asymétrie
qui prévaut sur le marché rendra encore cette situation
très difficile à surmonter. Eggertson et Krugman (2011) pensent
que le secteur public doit emprunter pour combler la lacune, surtout le
phénomène de chômage très élevé et
aussi de déflation qui frappe le pays concerné.
Tout de même dans le cas d'une crise, le pouvoir public
peut intervenir afin de corriger la défaillance du marché mais
cette tache s'avère difficile puisque l'Etat doit entretenir le service
de la dette mais aussi, il doit venir en aide à l'économie
à bout de souffle. En effet, Aghion et autres (2011) trouvent que les
entreprises qui se fondent sur des valeurs matérielles mais externes de
financement se portent merveilleusement en bonne santé.
En diminuant le service de la dette et limitant l'emprunt
à un certain seuil critique, cela aura des répercussions sur la
croissance. Il y a une relation étroite entre la dette personnelle du
pouvoir public et le privé car à un certain seuil on ne peut pas
avoir de stabilité fiscale.
Cecchetti, Mohanty et Zampoli (2011) trouvent que si la dette
extérieure n'est pas très élevée, elle encourage la
croissance économique et stabilise le secteur financier mais
au-delà d'un certain seuil, l'augmentation de la dette privée
peut avoir des impacts négatifs. L'emprunt extérieur agit
triplement : il permet aux ménages de consommer malgré leurs
revenus variables; aux entreprises d'investir vu que leurs ventes sont
variables et à l'Etat de faire face à des difficultés vu
que l'impôt est variable et ainsi il permet d'améliorer la
situation en facilitant la distribution de capital à travers ses
diverses utilisations dans l'économie. On synthétise les
différents travaux empiriques cités ci-dessus dans un tableau
pour récapituler leur résultat.
Mahamat Ali MALLAH 67
Tableau 1 : récapitulatif de quelques travaux et leurs
résultats
Auteurs
|
Echantillon et la
période d'étude
|
Résultats
|
Kumar et Woo
(2010).
|
38 pays allant de
1970-2007.
|
une augmentation de 10 points de niveau
de dette initiale soit associée à
un ralentissement de la croissance en terme réel de 0,26% par an.
|
Clement,
Bhattacharya et Nguyen (2003).
|
55 pays à faible
revenu de 1970 à 1999.
|
Le surplomb de la dette c'est-à-dire
compris entre 30 à 37% du PIB et 115 à 120% de
l'exportation au-delà de ce seuil, la dette extérieure constitue
un frein pour
la croissance économique. Les calculs
menés dans leur régression
suggèrent qu'une réduction des paiements de service de la
dette de 8,7 à 3% de PIB augmente l'investissement public de 0,7
à 0,8 de PIB.
Les résultats empiriques
trouvés démontrent qu'une augmentation de 1 point de
l'investissement public agit en sorte pour accroître le PIB de 0,2
point
|
Andrea et
Presbitero (2010).
|
le cas de 92 pays à faible revenu durant
la période 1990- 2007
|
Pour Andrea et Presbitero, l'impact
économique d'une augmentation de niveau de la dette
au-delà de 30% de PIB, entraine une réduction de croissance de
l'ordre de 1,6%.
|
Cecchetti,
Mohanty et Zampoli (2011).
|
Un panel de 18 pays de l'OCDE durant
la période 1980- 2006
|
Cecchetti, Mohanty et Zampoli (2011), trouvent que si la dette
extérieure n'est pas très élevée, elle encourage la
croissance économique et stabilise le secteur financier
mais au-delà d'un certain seuil, l'augmentation de
dette privée peut avoir des impacts négatifs.
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Source: synthèse de l'auteur
La dette extérieure et la croissance économique :
cas des pays de la CEMAC
2011-2012
Mahamat Ali MALLAH 68
La dette extérieure et la croissance économique :
cas des pays de la CEMAC
2011-2012
Dans cette partie nous montre notre méthodologie, mais
avant de continuer à noyauter le sujet, il convient de présenter
la zone CEMAC, qui sera notre panel pour cette partie.
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