2.2 Les travaux empiriques sur les déterminants de
la croissance économique
En se référant aux études
proposées par Pritchett (1997), on remarque que le produit par
tête (en PPA) s'est accru en longue période. Entre 1970 et 1985,
le revenu
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moyen est passé de 2181 à 16770 dollars aux
Etats-Unis. Dans le même temps, la moyenne pour les pays les plus pauvres
passait de 250 à 325 dollars. L'écart absolu a été
multiplié par 8,5. En face d'une telle situation, il faut parler de
divergence. L'idée de rattrapage ne date pas de très loin, elle
est située pendant les périodes 1960 et 1990. Alors que cette
idée de rattrapage est propre aux pays à revenu
intermédiaire, la moitié des PED ont connus un rythme de
croissance par tête inférieur à celui de la plus lente des
économies de l'OCDE. Dans les années 80, les pays africains
avaient enregistré des déficits de leur balance de paiement ce
qui les ont poussé à s'endetter. Enfin, seuls dix pays ont connus
une croissance supérieure de plus de 1 point à celle des pays
à revenu élevé. La convergence est donc une question
d'actualité pour une très faible minorité de PED.
Cependant, il ne faut pas conclure à
l'impossibilité de la convergence. Ce concept est d'ailleurs
suffisamment riche pour que nous nous y arrêtions quelques instants. Au
sein même des pays industrialisés, le rythme de convergence
absolue est relativement faible. Et surtout, cette dernière n'a rien
d'automatique comme pourraient le laisser penser certains modèles de
croissance trop « mécanistes». Elle est conditionnée
par des décisions politiques et structurelles qui façonnent
l'environnement économique et social d'un pays, par le degré
d'intégration internationale qu'il peut atteindre. La convergence est un
concept à géométrie variable. Au-delà de la
convergence absolue (en niveau), on évoque la ó-convergence, la
B-convergence inconditionnelle ou conditionnelle ou encore l'existence de clubs
de convergence.
La ó-convergence renvoie à l'évolution
temporelle d'un indicateur de dispersion décrivant la réparation
des produits par habitant au sein d'un échantillon de pays. La
diminution de l'écart-type de l'échantillon entre deux dates
valide l'hypothèse de convergence. Ainsi défini, le rattrapage
n'est observé qu'à l'intérieur d'échantillons
homogènes de pays industriels.
La B-convergence inconditionnelle étudie la relation
entre le rythme de croissance du produit par tête et le niveau initial de
celui-ci. L'hypothèse de convergence est validée si le
coefficient qui relie ces deux variables est négatif et statistiquement
significatif. La croissance est d'autant plus soutenue que le pays
connaît un retard de développement en début de
période. Les estimations économiques rejettent
généralement cette hypothèse, hormis l'échantillon
des pays industrialisés.
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La B- convergence conditionnelle considère que la
relation précédente n'est pertinente qu'à la condition
d'introduire d'autres variables. En cohérence avec les analyses
théoriques, il paraît logique de considérer les
déterminants habituels de la croissance (taux d'investissement,
accumulation du capital humain, croissance de la population active) auxquels on
ajoute le PIB/tête initial. Les études empiriques conduisent alors
à ne plus rejeter l'hypothèse de convergence. Intuitivement, cela
signifie que lorsque l'on à contrôlé les différences
de taux de croissance des variables précitées, l'influence du
revenu initial est bien négative ce qui est conforme avec la
thèse du rattrapage. En ce sens, les stratégies
économiques des pays jouent un rôle important puisqu'elles peuvent
encourager ou inhiber la convergence. De nombreux travaux cherchent à
compléter la liste des variables susceptibles d'exercer un effet sur le
processus de rattrapage. Il peut s'agir de variables décrivant les
politiques macroéconomiques (dépenses publiques,
fiscalité, politique monétaire), les perturbations
conjoncturelles, l'orientation de la politique commerciale (degré
d'ouverture) ou encore des variables non économiques (instabilité
politique et sociale, nature des régimes politiques etc.).
Les clubs de convergence consistent à identifier des
groupes de pays pour lesquels on accepte l'hypothèse de convergence. On
peut établir ces regroupements à priori sur une base
géographique sous l'argument que l'intégration entre pays voisins
favorisent la convergence. Il est également envisageable de
générer des clubs à partir de variables économiques
(ouverture, niveau de capital humain) sur la base d'une approche purement
statistique. Dans ces conditions, ce ne sont pas les effets de voisinage qui
sont testés mais l'existence de caractéristiques communes dont
certaines se révèlent déterminantes dans le processus de
convergence.
La sophistication des techniques économétriques
ne facilitent pas forcément les confrontations théoriques. Outre
le fait que les études empiriques ne vont pas toujours dans le
même sens, nous venons de voir que l'on assiste à une
multiplication des niveaux d'analyse en matière de convergence. Valider
l'hypothèse qu'il existe des clubs de convergence dont on peut
endogénéiser la composition nous éloigne de la question
initialement posée. Que la faiblesse du capital humain ou l'insertion
défaillante dans les relations économiques internationales soient
des critères significatifs pour aboutir à la conclusion qu'une
bonne partie de l'Afrique subsaharienne converge vers l'appauvrissement est un
résultat décevant.
La dette extérieure et la croissance
économique : cas des pays de la CEMAC
2011-2012
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