Etude des problèmes et conséquences psychosociaux chez les enfants dont les pères sont chauffeurs de poids lourds. Cas de l'ACPLRWA ( Association des Chauffeurs des Poids Lourds au Rwanda )

1.2.4. Enfant dans le processus d'identification

L'identification oedipienne permettra normalement à l'enfant d'intégrer les exigences parentales et sociales. Il y trouvera sa place dans la succession des générations, ce qui lui ouvrira la perspective de construire sa propre vie affective hors du cercle familial initial.

G., MENDEL, postule que « la maturation psychique est liée au recouvrement du narcissisme investi sur les objets parentaux, grâce à une identification réussie »^73(*).

On ne s'identifie pas à quelqu'un qu'on n'aime pas, c'est bien évident. C'est par l'amour que le père donnera à son fils, que le fils pourra à son tour être en amour avec son père.

Son père deviendra son modèle, son héros. Il sera fier de son père : « Mon père est plus fort que le tien ».Le père doit être l'homme du petit garçon. L'homme par excellence, un dieu presque. Selon toujours G.MENDEL, «  L'image du père, une fois intériorisée équilibre l'influence des imagos maternelles et permet la modification de rapport traditionnel de l'homme avec le monde. »^74(*)

C'est ce que souligne C.GUY, en ces termes :

«  À l'imitation de son père, l'enfant sera capable par la suite d'aller vers l'autre sexe, il aura acquis la plénitude sexuelle. Capable d'aller vers les deux sexes à la fois. Il respectera les chartes, les droits et les libertés. Il sera en même temps hétérosexuel et homosexuel, c'est-à-dire bisexuel, le complet développement de la sexualité humaine. »^75(*) Il continue en disant que « si tout enfant a besoin d'un parent différent de lui pour l'introduire à l'OEdipe, par la suite, il a besoin de l'autre parent pour le tirer hors de l'OEdipe vers l'identification à ceux de son sexe »^76(*)

L'identification sert le désir, non pas d' incorporer, mais bien de posséder une tierce personne.

C'est dans ce sens que R. BLY, souligne aussi que « le corps du père transmet de vibrations physiques au corps de son fils. Il lui apprend à être en harmonie avec le masculin. »^77(*)

Ceci montre que le petit garçon se sentira heureux s'il acquiert vraiment son père comme si c'était son amant. Pour ce garçon, il n'y a pas de demi-mesure en amour. il n'y a pas de limite.

Selon toujours R.BLY, «  Ne pas avoir son père quand on est petit, ne jamais se trouver auprès de lui, avoir un père lointain, un père absent, un père alcoolique, tout cela équivaut à être blessé. Ne pas être accueilli dans l'univers masculin par des mâles plus âges équivaut à recevoir un coup en pleine poitrine. »^78(*)

Une bonne image du père dans l'esprit de l'enfant lui permettra de jouer son rôle de façon satisfaisante. Une participation plus grande aux soins, dès le premier âge facilite à l'enfant la reconnaissance précoce d'une bonne image du père. Le père est donc celui qui fait sortir l'enfant de son état d'indifférenciation en l'amenant à prendre connaissance et conscience du monde qui l'entoure. C'est en s'opposant aux désirs de l'enfant que le père offrira une nouvelle image de lui, qui vient alors renforcer la triangulation père - mère - enfant.

Vers 6 ans, si l'image intégrée jusqu'alors et suffisamment bonne, le père est perçu sur le mode de fascination « mon papa est le plus beau, le plus fort ».Le père aide à construire la personnalité de l'enfant par un comportement différent et complémentaire de celui de la mère. Dès les premiers âges, le père provoque un éveil plus rapide, une sociabilité plus ouverte. Une maîtrise du langage plus précoce, elle le réconforte et le stimule.

Par la suite, l'enfant attribuera au père les prohibitions, les interdits, les obligations, les ordres. Le père guide l'orientation sexuelle des enfants qui se définit par opposition au parent du sexe opposé et par identification au parent du même sexe.

L'identification du garçon au père se fait directement, le père étant à la fois un modèle et un rival par rapport à la mère, .Chez la fille, la fonction paternelle consiste à faire découvrir le rôle complémentaire de la mère, celui de femme et à participer à l'acquisition d'un modèle de féminité. Le père participe à la construction de la personnalité de l'enfant eu favorisant l'acquisition de l'autonomie et de l'indépendance nécessaire à une vie affective équilibrée de la confiance en soi utile dans les compétitions. Dans cette fonction, il empêche de faire des mères abusives en aidant la mère à accepter que son enfant finisse par se séparer d'elle.

Pour O.CHRISTIANNE, «  la présence du père est donc indispensable pour faire éprouver aux petites filles des sentiments oedipiens que, sans eux, les filles ne traverseront pas et qu'elles reporteront leur vie sur l'homme, l'acculant à une position de mari père tout à fait intenable, qui se termine par l'incompréhensible et le divorce. »^79(*)

Dans leurs jeux et dans les écoles primaires, la plus part du temps, les petites filles avec les petits garçons parlent de leurs mamans et papas, premiers modèles d'amour et d'amitié dans leur vie qui, comptent longtemps dans leur inconscient. C'est donc pénaliser l'enfant en l'empêchant d'avoir une relation enrichissante avec son père et le priver ainsi d'un bon développement psychique. Le père imaginaire pour l'enfant le mène à la dépression.

Selon A. HARRIS, «  un enfant qui se sent en sécurité est enfant qui trouve que la plupart des données du parent sont fiables (ils m'ont dit la vérité).Si les directives des parents sont fondées sur la réalité, l'enfant à travers son propre Adulte, arrivera à réaliser l'intégrité d'un sentiment de plénitude. » ^80(*)

Ce même auteur dit que sans un parent physique l'enfant mourrait. Le parent intérieur préserve aussi la vie, mais à l'abri de beaucoup de dangers qui, perçus expérimentalement, pourraient causer la mort. L'enregistrement des ordres des parents est alors une aide indispensable à la survie à la fois au sens physique et social. C'est dangereux pour le petit enfant de poser des questions sur les contradictoires, il est dérouté, parce que ces données sont pour lui source de confusion et de crainte ; il se défend en arrêtant l'enregistrement.

L'auteur G.MENDEL, dit que « le sujet qui aura réussi ses identifications à la mère, puis au père, pourra être considérée comme ayant réparé psychiquement la blessure narcissique originelle et l'hémorragie narcissique du clivage en sujet et en objet. »^81(*)

L'identification est processus important pour permettre un bon développement psychique à l'enfant.

1.2.4.1. Facteurs d'identification.

LAROUSSE, Grand dictonnaire de la psychologie^82(*), nous trace les facteurs suivants :

Le premier facteur est une soumission, d'autant plus forte que l'enfant est plus jeune aux lois d'organisation perspective et aux relations entre le tout et ses parties. Ceci encore parce que l'identification porte toujours sur les unités en lesquelles l'enfant organise ce qu'il perçoit

Le deuxième facteur est la qualité des structures représentatives (richesse et degré d'organisation).

Le troisième est le degré de vérification que s'impose l'enfant. Va-t-il se contenter de sa première identification quand ce modèle, pauvre, se limite à la présence d'un détail caractéristique ? Ou bien vérifie son hypothèse initiale en examinant les autres détails ? L'évolution avec l'âge se fait dans le sens d'une diminution de l'influence d'une structure perspective rigide, d'une augmentation de la richesse et du nombre de modèles représentatifs du répertoire personnel de l'enfant et en fin de ses exigences.

* ⁷³G. MENDEL, La révolte contre le père, Payot, Paris, 1968. p. 39

* ⁷⁴ Ibidem.

* ⁷⁵ C. GUY. L'enfant du possible, Edition Albin Michel, Paris, 1991. p.78.

* ⁷⁶ Ibidem

* ⁷⁷ R.BLY, L'homme sauvage et l'enfant. Ed. Seuil, Paris 1992. p.135

* ⁷⁸R. BLY, Op. Cit. , p.54

* ⁷⁹ O. CHRISTIANE, Relation enfant papa. Www, gocrc. Com. research.

* ⁸⁰ A. HARRIS, D'accord avec soi et les autres : guide pratique d'analyse transactionnelle. Ed.Desclée de

Brouwer, Paris, 1984. p.40.

* 81G. MENDEL, Op. Cit., p. 43

* ⁸² LAROUSSE. Grand Dictionnaire de la psychologie, Ed. Bordas, Paris, 2000, p.440