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La culture de l'igname ( Dioscorea sp ) et sa valeur sociale, culturelle et économique dans le canton de Dimori en pays Bassar au Togo

( Télécharger le fichier original )
par Bassa KPAKPADJA
Université de Lomé Togo - Maitrise en lettres et sciences humaines 2011
  

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1.3- Les circonstances sociohistoriques et les systèmes de culture adoptés

Comme toutes les sociétés, la communauté concernée par notre étude est passée de la chasse à l'agriculture. Cette transition aurait été possible grâce à l'ingéniosité métallurgique de leurs voisins `'Taapu'' du canton de Bitchabé qui sont eux, par nature, travailleurs du fer. C'est donc grâce aux outils achetés à Bitchabé (houes, coupe-coupe, etc.) que l'agriculture est devenue une activité dans laquelle la culture du mil et du millet occupait une large place. La culture du Dioscorea sp ne sera adoptée qu'à la suite d'une crise alimentaire.

1.3.1-De la crise alimentaire à la découverte du Dioscorea sp

La culture du Dioscorea sp trouverait son origine lors d'une famine qui aurait sévi dans le milieu. Cette dernière aurait pour origine une sécheresse doublée d'une invasion des récoltes de céréales par les sauterelles.

En effet, lors de cette calamité, les gens auraient mangé les tubercules d'une plante appelée dans le milieu `'Kpadji'' et en seraient mort. (Il s'agit de Icacina du Sénégal). Cette plante à tiges herbacées annuelles poussant en touffe ; les fruits, légèrement sucrés et peu acides sont consommables ; par contre, le tubercule, d'un goût aigre et plus acide, consommé, donne des maux de ventre et conduit à la mort. On comprend dès lors pourquoi les gens en étaient morts. D'une manière fortuite, les bouviers auraient vu des singes et des gorilles déterrer les tubercules d'une plante sauvage pour en manger ; ayant constaté que ces animaux n'en mouraient pas, ces bouviers auraient imiter les animaux : une nouvelle plante alimentaire venait d'être découverte. Il fallait donc avoir une nourriture en abondance. C'est ainsi qu'est née l'idée de cultiver cette plante. Cette idée répondait à un double impératif :

- domestiquer le Dioscorea sp afin d'avoir cette denrée alimentaire en grande quantité ;

- échapper ou du moins atténuer l'effet néfaste des ravages perpétrés par les criquets sur les céréales. En effet, si ceux-ci peuvent ravager ces dernières, leur passage ne causerait aucun dégât à ce tubercule `'souterrain''.

Cette dernière assertion rejoint celle de DUGAST S. (1984) cité par KPANTE B. (1996) selon laquelle `'les plantes du Dioscorea sp sont régulièrement distribués au Nord de la Préfecture pour limiter le risque que faisaient planer les invasions de sauterelles à cette région de monoculture de sorgho'' (DUGAST S., 1984). Ici, il ne s'agit pas d'une introduction du Dioscorea sp mais d'un renforcement du matériel de plantation par l'administration coloniale.

Le Dioscorea sp n'est donc pas d'origine étrangère comme c'est le cas pour le manioc, un tubercule originaire d'Amérique centrale ; ce que confirme DUGAST S. (1959), dans `'Economie de l'Ouest Africain'', lorsqu'il affirme que « l'igname est une plante certainement africaine ».

Tout compte fait, le Dioscorea sp est une plante des régions chaudes ; dans le cadre de notre étude, c'est la crise alimentaire qui fut à l'origine de sa découverte et de son adoption comme culture. Mais comment la cultive- t on ?

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