Conclusion partielle
Toute activité commerciale fleurit si les moyens de
transport sont en bonne et due forme. A Dimori, ces moyens sont
défectueux ou presque inexistants.
En effet, les routes qui conduisent au canton sont toutes
impraticables ce qui ne favorise pas la circulation des biens et des services
et donc l'écoulement des denrées alimentaires. Ceux qui s'y
aventurent le font avec des risques énormes. Par conséquent, les
prix des denrées varient selon le lieu, l'état de la route y
conduisant et selon la saison. La saison la plus redoutable pour les prix aux
producteurs est la saison des pluies, saison au cours de laquelle le
Dioscorea sp est à sa plus basse valeur. Et pourtant les
circuits de commercialisations sont multiples.
Les revenus sont dilapidés par les paysans pour les
besoins les moins importants pour leur vie. Mariages en grandes pompes,
funérailles et multiples cérémonies sont les
activités extra agricoles qui nécessitent d'énormes
dépenses. Et pourtant, la culture du Dioscorea sp est un
problème ; problèmes de pluviométrie, de terres
cultivables pour les producteurs étrangers, problèmes de
commercialisation en l'occurrence le payement et la fixation des prix etc.,
problèmes auxquels nous avons trouvés quelques approches de
solution. En concertation avec les producteurs eux mêmes, nous avons fait
des propositions de reformes agraire pour résoudre l'épineux
problème de terres de culture.
CONCLUSION GENERALE
Le canton de Dimori est une terre cosmopolite sur laquelle des
peuples se sont retrouvés. C'est ainsi que les `'Taapu'', les
konkomba, les Dagomba et les Lamba se sont retrouvés sur ce terroir pour
former le village `'D'Mol''. En s'installant, ces peuples ont
apportés avec eux des divinités telluriques qui au fil des
années se sont adaptées aux conditions de vie de tout un peuple
au point de rythmer leur vie.
Dans la seconde moitié du XIX ième
siècle, une crise alimentaire, résultat des aléas
climatiques aurait permis la découverte d'une plante tropicale riche en
matières nutritives appelée le Dioscorea sp. Mais, il
s'agit à la fois d'une découverte et d'une invention
ingénieuse car, avec elle, des techniques nouvelles de culture et des
modes d'exploitation du sol en collaboration avec des techniques d'association
de culture et de conservation ont vu le jour.
C'est ainsi que, pour des raisons de développement des
tubercules, les techniques de buttage, l'assolement et la rotation furent
adoptées.
La culture du Dioscorea sp a un double but : il
faut tirer de son sol de quoi se nourrir et de quoi vendre pour se procurer
des revenus monétaires afin de satisfaire les autres besoins qui ne sont
pas forcément en relation avec l'agriculture.
Compte tenu des moyens de production, l'exploitation, du sol,
est faite avec le maximum d'efficacité. En effet, contraint de
travailler avec des outils rudimentaires (houe, daba, coupe-coupe etc.),
l'agriculteur ne peut compter que sur la solidarité de la
collectivité à travers des équipes d'entraides
(N'daboï), d'invitations (D'kpaméle) et
aujourd'hui les métayages (Pâh) pour mener à bien
ses différentes opérations culturales.
En somme, contrairement aux autres terroirs qui dans leur
ensemble sont caractérisés par la prédominance dans le
système de culture extensive avec la différenciation de deux
grandes zones de culture à savoir le `'Podja'' ou champ de case
cultivé avec beaucoup de soins et le grand champ éloigné
du village `'K'ssaou'', le terroir de
Dimori est prédominé par le système de production
extensive mais avec une seule zone de culture : le grand champ qui se
trouve à des heures de marche du village. Cette zone
bénéficie d'un aménagement agraire qui permet au paysan de
s'auto suffire, mais le recul de la jachère due à l'augmentation
de la population et des contraintes climato anthropiques entravent sa bonne
réalisation.
Actuellement, la nécessité de revaloriser la
culture du Dioscorea sp à Dimori s'impose pour les raisons
suivantes : sa valeur nutritive, économique et culturelle.
En effet, la culture du Dioscorea sp est
l'activité principale qui rythme la vie des habitants du canton de
Dimori. Tout le monde est producteur à temps plein ou à temps
partiel car, d'une part, elle constitue la base alimentaire et la seule source
de revenus pour les populations et d'autre part elle est le pilier de la
culture de la population du Grand Bassar et du canton de Dimori en particulier.
Mais, pour des raisons économiques urgentes, les paysans sont dans
l'obligation de vendre des prémices de tubercules de Dioscorea
sp aux pris dérisoires à des commerçantes sans
scrupules qui s'enrichissent sur le dos des paysans sans défenses. Pour
tout dire, le paysan est le plus lésé dans cette affaire. Mais,
ce qui fait son attachement à cette culture du Dioscorea sp est
que c'est la seule activité qui lui rend sa fierté si elle est
bien réussi et qui rythme sa vie sur tous les plans : sociale
lorsqu'elle lui permet de vivre, économique quand elle lui permet de
marchander et de tirer un revenu et culturel à cause des rites,
cérémonies et fêtes traditionnelles. Mais c'est sans
compter tout le mal qu'il s'est donné pour réaliser ces
travaux.
Les atouts à la culture du Dioscorea sp sont
multiples, mais il ne faut pas perdre de vue les entraves qui ne sont pas
négligeables notamment dans le canton de Dimori. Ce sont d'une part
l'abondance et le dynamisme de la main d'oeuvre agricole et le désir
manifeste des producteurs en faveur du développement de cette
économie ; d'autre part, l'enclavement relatif du milieu,
l'irrégularité de la pluviométrie face à
l'impuissance des paysans et les mythes et coutumes qui ne facilitent pas
l'activité à Dimori.
Ce ne sont pas des handicapes insurmontables pour peu que l'on
ait la volonté et le désir d'agir efficacement. Des sacrifices
énormes sont à consentir par les responsables politiques et les
partenaires au développement afin de trouver des approches de solutions.
- Quelques approches de solutions aux
problèmes
Comme pour tout problèmes liés à la
production d'une plante, ceux de la culture du Dioscorea sp
méritent des approches de solutions pour permettre la vulgarisation de
sa culture sur le plan national.
En effet, au cours de nos travaux de terrain, les paysans ont
envisagés des approches de solutions suivantes.
Pour les reformes agraires, 9,17 % des enquêtés
ont envisagés une redistribution des terres agricoles afin de mettre fin
au problèmes de manque de terres et aux litiges fonciers ; 25 % se
sont prononcés pour la révision et la surveillance des prix des
produits agricoles en général et ceux des Dioscorea sp
en particulier pour permettre la rentabilité de leur activités.
En suite, l'aide de l'Etat a été aussi envisagé par les
paysans en vue d'augmenter la production et satisfaire les besoins du
marché. Et enfin, les paysans se sont prononcés à 40,83%
sur une possible transformation du Dioscorea sp en farine par
exemple.
- Des approches de solutions aux contraintes
foncières et de pluviométrie
Pour diminuer ou enrayer les inconvénients qui
entourent les modes d'appropriation des terres agricoles, les paysans
immigrants et sans terres de Dimori ont proposé que l'Etat prenne la
gestion foncière de toutes les terres du pays. Ainsi, les agriculteurs
ont souhaités une nouvelle reforme agraire car pour eux, sans
l'intervention de l'Etat, les conflits intra lignagères ou inter
lignagères ne cesseront jamais.
En outre, pour éviter les resemis des boutures de
Dioscorea sp, il faut que les paysans sèment au cours des mois
pendant lesquels la chaleur n'est pas excessive (novembre à janvier).
Pour le problème de la pluviométrie, les paysans doivent
abandonnés les cultures sur brûlis, éviter les coupes
anarchiques des arbres et les feux de brousse tardifs, reboiser fortement le
terroir.
- Les approches de solutions pour une bonne
commercialisation du Dioscorea sp
La commercialisation de tout produit agricole a des effets
induits sur la sa production et sur son développement. A cet effet, les
paysans de notre zone d'étude souhaiteraient que l'Etat mette en place
une structure qui donnera des conseils et pourquoi pas des intrants et qui va
acheter les tubercules de Dioscorea sp récoltés comme
c'est le cas pour certaines cultures vivrières et de rente. Ils ont
aussi envisagés des subventions aux producteurs de la part de l'Etat.
- Une bonne gestion des revenus issus de la vente
du Dioscorea sp
Les sommes obtenus grâce à la vente des
tubercules de Dioscorea sp doivent leur servir à amortir les
outils voir acheter le matériel agricole comme les boeufs attelés
pour la traction, les motoculteurs ou s'associer pour acheter des tracteurs.
Pour pallier aux dépenses injustifiées dans la
célébration des mariages, cérémonies et
funérailles, les ONG et le gouvernement doivent sérieusement
sensibiliser les producteurs sur les comptes d'exploitation pour qu'ils aient
des idées économiques et non purement traditionnelles. Toujours
dans cet ordre d'idées, les responsables religieux de toutes confessions
doivent évangéliser cette masse rurale qui est enracinées
dans les rites coutumiers qui freinent le développement de l'agriculture
et de la société.
L'orientation des paysans vers une organisation des
producteurs de Dioscorea sp en coopératives pour faciliter
l'accès aux crédits et prêts ; la formation des
techniciens agricoles pour sensibiliser les paysans sur les nouvelles
techniques de production en vigueur dans certains pays seraient un bon
début.
Mais la question est de savoir ; au vue de l'attachement
des producteurs de Dioscorea sp du Grand Bassar et du canton de Dimori
en particulier à leurs valeurs culturelles, la modernisation de
l'économie du Dioscorea sp est-elle possible à court
terme ?
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