La culture de l'igname ( Dioscorea sp ) et sa valeur sociale, culturelle et économique dans le canton de Dimori en pays Bassar au Togo( Télécharger le fichier original )par Bassa KPAKPADJA Université de Lomé Togo - Maitrise en lettres et sciences humaines 2011 |
UNIVERSITE DE LOME FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE LA CULTURE DE L'IGNAME (DIOSCOREA SP) ET SA VALEUR SOCIALE, CULTURELLE ET ECONOMIQUE DANS LE CANTON DE DIMORI EN PAYS BASSAR AU TOGOMEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE ès LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Option : Géographie rurale
Sous la direction de : M. Koudzo SOKEMAWU Maître Assistant Département de Géographie Université de Lomé Présenté par : Bassa KPAKPADJA
Décembre 2011 INTRDUCTION GENERALEL'agriculture est une activité importante aussi bien pour les populations que pour les économies des pays en voie de développement dans leur ensemble. Dans les perspectives de développement amorcées depuis les indépendances, une place de plus en plus importante est accordée surtout en Afrique au Sud du Sahara à l'agriculture. Cependant, le constat alarmant que l'on se fait est qu'en dépit du fort taux d'actifs que ce secteur mobilise en Afrique et malgré les efforts accompagnés de projets d'appui, c'est sur ce continent que la malnutrition, la sous alimentation et la famine sont vécus au quotidien. Il faut le dire, en Afrique, l'agriculture ne nourrit pas son homme. Le Togo, notre pays, n'en est pas épargné dans la mesure où, au vue des différentes cultures auxquelles les paysans togolais s'adonnent à savoir les céréales (maïs, mil sorgho, etc..), les tubercules (ignames, taro, patates douces, etc..) et autres, aucun de ces produits n'est cultivé à grande échelle. Cela ne permet pas au paysans de vivre convenablement de son métier et d'afficher une image propre d'un agriculteur épanouis comme les paysans des pays développés ; et ce en dépit de la disponibilité des terres de culture et des efforts des paysans et de l'Etat avec l'appuis des partenaires au développement. C'est dans la même ligne de défauts et d'insuffisances que la préfecture de Bassar et particulièrement le canton de Dimori notre zone d'étude qui s'est spécialisé dans la culture du Dioscorea sp affiche un des tableaux des plus communs des villages des pays d'Afrique subsaharienne. Ainsi, le Dioscorea sp dans ce canton est la principale culture vivrière de part la qualité et la variété des espèces produites, de part les techniques et les superficies. Cependant, des menaces pèsent lourdement sur cette activité et constituent des handicapes à son développement. Au rang de ceux-ci, nous pouvons citer : les aléas climatiques, l'archaïsme des outils, l'épuisement des sols, le surpâturage et l'exposition des sols à l'érosion. Tous ces éléments constituent pour l'agriculture des goulots d'étranglement, ce qui réduit ou annule tous les efforts déployés par les exploitants pour accroître les superficies cultivées. Lors du sommet alimentaire qui s'est tenu en juin 2008 à Rome, les dirigeants du monde entier ont promis de débloquer plusieurs milliards de dollars pour le développement de l'agriculture surtout dans les pays en développement notamment en Afrique. En Afrique subsaharienne, l'économie des populations est encore dominée par le secteur agricole qui occupe près de 70% de la population active (FAO, 2008). Pourtant, au cours des dernières décennies, ces mêmes pays d'Afrique sont incessamment menacés par la crise alimentaire. Plus de 100 millions d'africains souffrent d'un approvisionnement irrégulier et insuffisant en denrées alimentaires ; les importations de céréales par exemple se chiffraient à 28 millions de tonnes en 2009 (FAO, 2009). Ne sont pas épargnés de cette crise alimentaire les pays comme le Togo encore que, même si la majorité de la population active se trouve toujours dans le secteur agricole, la production nationale des denrées alimentaires est très loin de couvrir les besoins, ce qui oblige le pays à constamment recourir aux importations. Au banc des accusés de ce déséquilibre entre la production et les besoins figurent en bonnes place les techniques de production inefficaces, les modes de culture inadéquats conjugués avec l'insuffisance des superficies emblavées, les types de culture et enfin le mode et le train de vie des paysans eux-mêmes. Tous ces facteurs conduisent au fait que le paysan n'arrive pas à tenir un compte d'exploitation et par conséquent il ne peut pas mesurer l'importance de sa production sur son économie, sur sa vie de société et sur sa culture. Le Dioscorea sp est une plante répandue dans les régions tropicales de tous les continents. C'est en Afrique que la production de Dioscorea sp cultivées est la plus importante : 70 % au Nigeria et 90 % si on ajoute la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Bénin et le Togo. La production africaine a été de 28 477 000 de tonnes en 1997 dont environ 20 % commercialisés. Le Bénin a produit 1,3 millions de tonnes (données FAO, 2008). A part le cas de la Côte d'Ivoire, ce sont les formes cultivées des espèces de Dioscorea sp d'origine africaine qui sont les plus utilisées par l'agriculture africaine. En effet, la culture du Dioscorea sp dans le canton de Dimori se situe exactement dans cette problématique où la misère, la faiblesse du pouvoir d'achat combinés à l'instabilité économique sont les résultats d'idées préfixées ou d'un manque d'information. Ainsi, le problème inhérent à notre thème de recherche est la place du Dioscorea sp dans la vie sociale, culturelle et économique des paysans du canton de Dimori. De ce problème découlent les questions dont la principale est : quelle est la valeur sociale, culturelle et économique de la culture du Dioscorea sp dans le canton de Dimori ? Les questions secondaires qui découlent de la principale sont les suivantes : - quelle est la part de la production du Dioscorea sp sur le niveau de vie des paysans du canton de Dimori ? - quelle est la valeur économique du Dioscorea sp dans le développement des marchés de la localité ? - quels sont les circuits commerciaux du Dioscorea sp à partir du canton de Dimori ? - quels sont les problèmes inhérents à la culture du Dioscorea sp ? - quelles sont les approches de solutions ? C'est pour ne pas rester indifférent aux problèmes du monde rural, sachant bien qu'il peut à sa manière apporter sa pierre à la construction du développement de ce pays, que nous avons choisi ce thème. Nous voulons par cette étude apporter notre contribution à la recherche des solutions aux problèmes d'amélioration des techniques et modes de culture et des problèmes de gestion des retombés de l'économie du Dioscorea sp. Sur le plan scientifique, cette étude nous permet de parfaire nos connaissances sur les méthodes et les techniques de recherche en Géographie. Et pour y parvenir il nous fallait des objectifs très précis sur le sujet. Suite aux questions de recherche posées, et dans le but d'arriver à y trouver des solutions, nous nous sommes fixés des objectifs. L'objectif général de la dite étude est de mettre en relief la valeur économique, sociale et culturelle de la culture du Dioscorea sp dans le canton de Dimori. De cet objectif découlent les objectifs spécifiques suivants. Découlant de l'objectif général, cette étude vise dans un premier temps à : - dégager l'impact de cette importance sur la production de ce tubercule dans le canton de Dimori ; - évaluer la part de la production du Dioscorea sp sur le niveau de vie des paysans du canton de Dimori ; - analyser les circuits commerciaux du Dioscorea sp ; - identifier les problèmes inhérents à la culture du Dioscorea sp et proposer des approches de solutions. En vue de répondre aux questions posées, des hypothèses ont été émises dont la principale est que le Dioscorea sp apporte des revenus économiques, un prestiges social et est au centre de la culture des populations du canton de Dimori. De cette hypothèse centrale découlent les hypothèses dites opérationnelles : - l'importance de la valeur du Dioscorea sp a générée de profondes mutations positives par la quantité de sa production ; - les conditions de vie et de travail des paysans du canton de Dimori ont changé avec l'importance de la production du Dioscorea sp ; - le circuit commerciale du Dioscorea sp suit de multiples itinéraires vers les marchés à fortes demandes ; - les problèmes climatiques, de transport et de méventes sont les principaux auxquels les paysans sont confrontés. Ainsi, dans le souci d'analyser simplement et de façon cohérente la question principale posée ci-dessus, nous nous sommes référés aux études et aux recherches menées antérieurement dans le domaine de la culture du Dioscorea sp et son impact sur presque tous les plans. En passant en revue ces diverses études, nous nous sommes rendue compte que des études et recherches ont été réalisées sur le Dioscorea sp, sa production, son importance dans la réalisation de la sécurité alimentaire, sa rentabilité et sa transformation. Le thème `'la culture du Dioscorea sp et sa valeur sociale, culturelle et économique dans le canton de Dimori en pays Bassar au Togo'' a été abordé en partie et dans différentes localités par d'autres chercheurs comme KPANTE B. (1996) ; TIANKPA Y. (2010) pour ne citer que ceux-là. Dans l'optique de mieux cerner les contours du thème, nous avons parcouru les documents ou les écrits qui ont traité de l'importance de cette culture. C'est dans ce sens que, dans un rapport de la conférence des Nations Unies sur les applications de la science et de la technique dans les régions peu développées intitulé : `'Le développement par la science et la technique'', publié en 1964, il est précisé dans l'introduction que « quelque soient les fins à attendre en matière de développement, c'est l'amélioration de l'agriculture qui doit avant tout retenir notre attention ». Certes, cet ouvrage accorde une importance particulière à l'agriculture en matière de développement ; mais il ne met pas en relief les problèmes que l'agriculture rencontre comme ceux concernant les techniques et la commercialisation. Nous utiliserons cette affirmation comme appuis pour relever ces problèmes. DUMONT R. (1965), dans `'Le Développement agricole africain'', analyse les sols africains et démontre que la grande majorité de ces sols sont pauvres. Un préjugé largement répandu veut que les conditions naturelles en Afrique soient propices à l'agriculture. Une végétation naturelle exubérante, la repousse des brousses et des forêts après défrichage tendent à cacher le fait que la plupart des sols sont pauvres. Les pluies sont si peu abondantes qu'elles rendent précaires les cultures et même l'élevage ou bien elle sont si fortes qu'elles entraînent le lessivage et la et la détérioration des sols qui perdent alors leurs éléments nutritifs et tendent à s'éroder. BADOUIN R. (1971), dans `'Economie rurale'', identifie les facteurs généraux pouvant expliquer l'adoption d'un système de production donné. Selon l'auteur, la disponibilité de vastes superficies cultivables permettant de faire la jachère et l'abondance de la main d'oeuvre conduisent à l'adoption du système de production extensif. Par contre, si les surfaces cultivables deviennent rares par suite d'une pression démographique et que le système extensif ne permet plus d'obtenir les résultats escomptés, il est substitué par le système de production intensif à base de travail en vue d'augmenter la production et d'améliorer le rendement. L'auteur n'a pas oublié de relever les limites d'ordre technique et économique du système intensif. En effet, l'utilisation des ressources productives comme les semences sélectionnées, les engrais, l'eau, etc. est fonction du pouvoir d'achat des paysans et du niveau de l'économie nationale. Si ce pouvoir est faible, il est difficile que le système intensif de production à base de consommation intermédiaire soit adopté. Ce document nous permettra de justifier les techniques de production et les modes de culture pour la production de l'igname par les paysans de Dimori. COMLAN K. A. (1989), dans son mémoire de Maîtrise intitulé : « Les conditions paysannes et le développement : l'impact socioéconomique de la caféiculture dans le village de Kouma Bala (Kloto) », a montré comment l'introduction de la production caféière a apporté une profonde modification dans les conditions de vie des paysans de Bala au Togo. Parlant du déséquilibre vivrier, il a relevé que l'importance de la culture du café ayant supplantée les cultures vivrières dont la production a considérablement chutée par rapport à la croissance démographique, on est arrivé à une situation où les producteurs ne couvrent plus suffisamment leurs besoins. A partir de ce document nous situerons l'impact socioéconomique de la culture de l'igname par rapport à celle d'une culture de rente. KOSSOU A. (1994), dans son mémoire de Maîtrise titré : « Déséquilibre alimentaire : impact socioéconomique de la pratique à grande échelle de la culture du caféier sélectionné sur les populations en milieu rural : le cas des planteurs de café de Parougbé (préfecture d'Amou) », remarque que les cultures vivrières qui constituent le véritable pilier de l'économie paysanne sont repoussées à la périphérie des sols cultivables provoquant conséquemment une crise alimentaire dans les milieux ruraux. Prenant l'exemple du café et du maïs, il a montré que le café n'est d'aucune utilité pour le paysan s'il n'est pas acheté par rapport au maïs qui sert d'aliment de base pour les population rurales et les animaux. Les cultures vivrières peuvent aussi être vendues et procurer un revenu monétaire au paysan. A travers ce mémoire, nous mesurerons la situation alimentaire de Dimori en rapport avec la culture de l'igname. CHALEARD J. L. (1996), dans ''Temps des villes temps des vivres, l'essor du vivrier en Côte d'Ivoire'', met schématiquement à découvert quatre formes d'échanges ou de mise à marché des produits agricoles : la première forme nommée « bord champ », l'acheteur se rend au lieu de production (le champ) pour faire les achats ; dans la deuxième forme « l'achat au village », le paysan draine sa récolte jusque chez lui au village, avant de la livrer au commerçant ; la troisième forme de vente est le « marché local » ; dans ce cas de figure, le paysan amène son produit sur une place de marché où viennent acheter les commerçants et les consommateurs. Dans la quatrième et dernier forme de mise au marché, le cultivateur transporte sa récolte directement en ville devant les consommateurs. Toute ces quatre formes présentent chacune des spécificités, mais de façon globale, c'est le paysan producteur qui en sort victime au profit de l'acheteur qui dans la majorité des cas fixe le prix des produits qu'il achète et parfois à crédit. Quelles sont les conséquences de ces différentes formes de commercialisation pour le paysan ? L'auteur semble passer sous silence cet aspect. Touts en précisant ces conséquences, cette partie de ce document nous permettra d'évaluer les différentes formes de vente d'ignames à Dimori. DUFUMIER M. (1996) cité par SIMDJANA K. (2004), dans `'Système de production agricole et sécurité alimentaire durable dans le canton de Niamtougou-Koka'', pense pour sa part que c'est la substitution des Etats soucieux d'assurer la sécurité alimentaire à leurs populations, en modifiant leur assolement et en conservant de nouvelles modalités d'association agriculture élevage, qui est à la base de l'inefficacité de ces derniers et par conséquent de l'insécurité alimentaire. Il souhaite que les institutions nationales de développement rural, au lieu de proposer aux paysans des paquets technologiques, interviennent sur les conditions socio-économiques générales de la production agricole en sachant identifier les principaux éléments sur lesquels il importe d'intervenir à bon escient et laisser une plus grande autonomie aux paysans pour la définition et la mise en oeuvre de leur systèmes de production. Il met par ailleurs en garde les agriculteurs contre une simplification exagérée, c'est-à-dire la fragilisation des écosystèmes cultivés. Pour lui, « les systèmes de polyculture élevage qui associent une multitude de systèmes de culture et d'élevage au sein des exploitations agricoles sont généralement ceux qui répondent mieux aux exigences des résultats supérieurs à un seuil minimum quitte à ne pas maximiser l'espérance mathématique de leur revenus ». Ce document nous permettra de voir si l'association de l'élevage à l'agriculture est appliquée à Dimori et quels en sont les impacts sur la production. MENYAWOSSA K. (1996), dans son mémoire de Maîtrise intitulé : ''Gestion des recettes caféières en milieu rural Akposso : cas du village d'Ezimé'', évalue les recettes de la production de café par producteur en mettant l'accent sur leur gestion. Il est parvenu à prouver que les revenus de café à eux seuls ne peuvent pas suffisamment résoudre les multiples problèmes des paysans. Certains sont incapables de payer leurs dettes à la fin de la campagne et d'autres doutent même du montant de leur revenu parce qu'ils ont plusieurs fois vendu le café au cours d'une même campagne pour tenter de faire face à leurs problèmes. Cet ouvrage nous sera d'une aide particulière pour l'élaboration d'un cahier de compte de la culture de l'igname et la recherche des approches de solutions pour une meilleure gestion des revenus. KPANTE B. (1998), dans son mémoire de DEA intitulé : « Dynamique paysanne et systèmes agraires en pays N'tcham : le cas du terroir de Bangeli (Nord-ouest du Togo) », énumère les facteurs limitants les systèmes d'exploitation de culture et de production après avoir caractérisé le milieu d'étude et les influences sur les activités agropastorales. Il n'a pas oublié de mettre en exergue les difficultés techniques d'aménagement du sol, de conservation des produits, les techniques de pêche et de chasse, les insuffisances techniques de la culture de l'igname face aux contraintes physiques et socio-demographiques actuelles du canton de Bangeli et pour finir il fait une mise au point des perspectives d'intensification agricole avec de nouvelles techniques de culture de l'igname. Nous pourrons relever ici les problèmes liés à la production de l'igname et les perspectives d'une possible modernisation de cette activité. BAOULA A. (2000), dans son mémoire de Maîtrise intitulé « Contribution à l'analyse des obstacles de la production vivrière dans la Région des plateaux : cas du terroir d'Ezimé (Préfecture d'Amou) », met en relief deux obstacles majeurs responsables du recul de la production agricole vivrière dans cette zone du Sud du Togo. Les obstacles dépendent de l'environnement agricole et relèvent des exploitations elles mêmes. Pour ce qui est des obstacles liés à l'environnement agricole, l'auteur s'attaque aux facteurs édapho-climatiques à savoir l'exploitation abusive des sols et leur épuisement, l'absence d'irrigation et les caprices du climat. Quant aux obstacles émanant de l'exploitation elle-même, l'auteur indexe les valeurs et les croyances traditionnelles, l'analphabétisme et les priorités culturales. MEGNAOSSAN O. (2003), dans son mémoire de Maîtrise titré `'Production et commercialisation du café-cacao et leur impacts sur le niveau de vie de la population dans l'Akposso-plateau (Préfecture de Wawa)'', évoque dans un premier temps les facteurs de production du café-cacao à savoir la terre, le travail, les intrants etc. et les résultats des activités de cette production conformément aux facteurs. Il découvre dans un second temps les conséquences de la commercialisation du café-cacao à travers l'organisation, les circuits commerciaux et ensuite l'impact de cette commercialisation sur le niveau de vie de la population d'Akposso-plateau et c'est dans ce cadre là, qu'il dresse une liste des conséquences qu'il qualifie d' « inféodée les unes aux autres ». Enfin, il relève les problèmes et les approches de solutions. Mais l'auteur ne précise pas les conséquences de cette commercialisation sur l'économie de la localité. Nous essayerons à partir de ce document d'exploiter surtout les conséquences de la commercialisation d'un produit sur le niveau de vie des populations. DAGNON A. D. (2008), dans son mémoire de Maîtrise intitulé « L'introduction de la culture du soja et son impact sur l'amélioration des conditions de vie et de travail des populations d'Atitsohoe dans la préfecture de HAHO », décrit le milieu d'Atitsohoe avec ses aptitudes physiques qui se prêtent bien à la culture du soja. Ensuite, l'auteur met en exergue les conditions de l'introduction de cette culture dans les habitudes culturales des populations avant d'énumérer les impacts de l'introduction de cette culture sur l'amélioration des conditions de vie des populations de la localité. GNON G. (2010), quant à lui, dans son mémoire de Maîtrise titré « Pratiques foncières et évolution de l'habitat dans une ville secondaire du Togo : Bassar » étudie les conditions historiques et géographiques qui ont amenées les évolutions socioéconomiques dont les mutations foncières dans la ville de Bassar. Il n'a pas oublié de mentionner la typologie de l'habitat dans la ville et les mesures d'assainissement prises pour y vivre mieux avant de relever les problèmes sociaux, économiques et environnementaux et quelques approches de solutions pour y remédier. DOUSSIMELE S. K. (2010), dans son mémoire de Maîtrise intitulé « Les systèmes de production agricoles et sécurité alimentaire dans le terroir d'Amou-Oblo (Préfecture d'AMOU) », met l'accent sur les systèmes de production agricole dans le terroir d'AMOU-OBLO. Il constate que ces systèmes ne sont pas en adéquation avec le contexte actuel de développement. Son diagnostique de la situation alimentaire et le niveau de vie des paysans révèle que l'offre des produits alimentaires ne comble pas la demande, ce qui a conduit inévitablement à une dégradation progressive de la sécurité alimentaire dans la zone. Mais l'auteur s'est donné le devoir de relever les problèmes auxquels sont confrontés les systèmes de production et de proposer des approches de solutions. Par rapport aux ouvrages et aux études des diverses organisations que nous avons consultés, nous pouvons affirmer que les paysans de notre zone d'étude sont conscients de la valeur de la culture du Dioscorea sp sur tous les plans. Quels sont les éléments recherchés dans notre questionnaire et comment l'avons-nous conçu ? Dans cette étude, il est question de mieux connaître la place de la culture du Dioscorea sp, l'impact de cette culture sur l'amélioration des conditions de vie sociale et économique et la valeur culturelle de tous les acteur entrant dans la production et la commercialisation de ce tubercule. Cette culture parait pour l'heure, être la culture principale des paysans de Dimori. Cependant, nul ne peut ignorer l'apport de la culture des céréales dans l'économie des pays en développement dont le Togo. Il faut aussi noter que la demande en produits vivriers devient de plus en plus croissante d'où la nécessité de relancer l'agriculture des pays sous-développés en l'occurrence dans les pays africains. Cette étude est une contribution à la production d'un document de base pouvant servir aux maillons de la chaîne de l'économie du Dioscorea sp de se mettre face à leurs problèmes et d'y trouver des solutions à leurs difficultés socio-économiques. Pour atteindre les objectifs fixés, les hypothèses formulées sont vérifiées à partir des données de base disponibles comme le recensement de la population, les statistiques agricoles et les diverses publications intéressant le sujet. Ces informations sont complétées par une enquête sur le terrain, l'interview et des observations du paysage. Notre approche de la méthodologie de recherche s'articule autour de deux parties. La première partie s'est faite à travers la recherche bibliographique qui nous a permis de consulter ou de commenter les documents relatifs à notre thème. La recherche documentaire est menée auprès des institutions de recherche, des projets, en générale tous les services oeuvrant pour la promotion des cultures vivrières. Il s'agit des services comme : - la Direction des Statistiques Agricoles de l'Information et de la Documentation (DSID) où nous avons eu accès aux données du recensement agricole de 1996 ; - la Direction Nationale des Statistiques et de la Comptabilité Nationale qui a pu mettre à notre disposition des informations portant sur la Région de la Kara en général et la Préfecture de Bassar en particulier. - la Direction de l'ICAT de Bassar - les bibliothèques de l'Université de Lomé dont la Bibliothèque centrale et celle de la FLESH où nous avons eu à consulter des mémoires et Thèses ; La documentation à laquelle nous avons eu accès, nous a renseigné sur les productions d'une manière générale et la culture du Dioscorea sp en particulier, son importance et sa valeur dans la vie des producteurs. - Le centre de documentation de la FAO, où nous avons eu accès aux documents ayants déjà traité des sujets relatifs à la production agricole en générale, les tubercules en particulier et le niveau de vie des producteurs. Cette recherche au niveau des bibliothèques et au niveau de ces directions, a été complétée par des interviews que les agriculteurs, les commerçants et les transporteurs ont accepter de nous accorder. Toutefois, il est à noter que la documentation existante nous a permis de cerner au mieux notre thème d'étude dans le temps et dans l'espace et de prendre connaissance des résultats obtenus en lien direct avec la population, l'exploitation agricole, la culture du Dioscorea sp, sa rentabilité, le niveau de vie des producteurs et l'importance de cette denrée. Les résultats de nos recherches documentaires nous ont permis de faire le constat selon lequel en milieu rural, les agriculteurs ont toujours des pratiques et des savoir-faire paysans, ce qui a un impact sur l'importance de cette culture. Ainsi, sur la base du sondage dont dispose la Direction National de la Statistique et de la Comptabilité Nationale, la population du canton de Dimori était de 2 432 hbts en 1970 et de 3 490 hbts en 1981. Pour le district sanitaire de Bassar, cette population est passée à 7 700 hbts en 2006 puis de 8 033 hbts à 8 074 hbts de 2007 à 2008. Sur la base de ces données, nous avons essayé de constituer la taille de notre échantillon. C'est-à-dire le nombre de chefs d'exploitation auprès desquels nous allons pouvoir mener notre enquête. Afin d'obtenir des informations plus ou moins fiables, nous avons retenu une fraction représentative de la population cible c'est-à-dire celle qui est directement concernée par le travail de la production du Dioscorea sp à savoir les chefs de ménages, les commerçants et les transporteurs. Cette méthode est appelée enquête par sondage. Elle vise à réduire le coût et le temps. C'est pourquoi nous avons pensé à la taille de l'échantillon. En considérant la moyenne de 6 à 7 personnes par ménage, nous trouvons 6,5 comme taille approximative d'un ménage. Nous divisons ensuite la population totale du canton par ce quotient, ce qui nous donne N = 1242 ménages. Vue que ce nombre est élevé, nous avons alors pensé à ramener la taille de notre échantillon à une proportion de 12,8 % pour limiter les risques d'erreurs et le ramener aussi au niveau de la valeur de nos moyens ; ce qui nous donne un nombre N' de 150 ménages ou chefs de ménages à interroger que nous avons réparti comme suit : 120 producteurs, 20 commerçants et 10 transporteurs comme l'indique le tableau n°1
Tableau n°1 La répartition des enquêtés selon leurs activités
Source : travaux de terrain, 2011 D'après le tableau n°1, 80 % de notre échantillon sont composés de producteurs et les commerçants et les transporteurs se partagent les 20 % restant, soit respectivement 13,33 % et 6,67 %. La seconde partie de la méthodologie de recherche a porté sur l'administration du questionnaire sur le terrain. Le questionnaire est un guide d'entretien destiné aux paysans de notre zone d'étude. Il comporte trois parties essentielles à savoir les caractéristiques socio-démographiques, les moyens et techniques de production et l'importance économique et socioculturelle et nous avons clos notre questionnaire par des informations sur la commercialisation et le transport des tubercules de Dioscorea sp. En effet, la première partie du questionnaire est destinée à l'identification du producteur et de quelques éléments sur la taille du ménage. En outre, lors de l'élaboration du questionnaire, nous avons sélectionné les variables indépendantes et les variables dépendantes. Au rang de ces variables indépendantes, nous pouvons citer l'âge, le sexe, la situation matrimoniale et les aléas climatiques. Ainsi la tranche d'âge comprise entre 18 et 55 ans et plus a constitué notre population cible parce que c'est à cet âge que les hommes ou les femmes sont plus actifs. De plus, il s'agit de la catégorie la plus entreprenante dans la population agricole. Cette tranche est assimilée à celle des actifs responsables surtout qu'à cet âge, on peut se passer des parents en charge. Par ailleurs, la variable indépendante « sexe » a toujours joué un rôle prépondérant au niveau de l'exploitation agricole en l'occurrence lors des opérations pré-culturales et post-culturales. Les opérations pré-culturales reviennent aux hommes dans la plupart des cas et les opérations culturales et post-culturales reviennent aux femmes et aux enfants. Dans cette optique, nous avons eu à associer les femmes. Ainsi, dans les milieux ruraux, nous avons constaté que les superficies emblavées par les hommes dépassent largement celles des femmes. Aussi, avons-nous constaté que les femmes s'adonnent très difficilement à la culture du Dioscorea sp. De plus, le niveau d'instruction représente une variable déterminante dans la mesure où les paysans sont de nos jours tenus d'être aux innovations. La seconde partie du questionnaire est consacrée à l'exploitation d'un champ de Dioscorea sp. Cette partie comporte des rubriques comme les techniques et les moyens de production et l'organisation du travail. Dans cette partie, il s'avère nécessaire d'énumérer les cultures associées au Dioscorea sp, les moyens et techniques de production, les systèmes de culture. La troisième partie concerne l'importance sociale, économique et culturelle du Dioscorea sp. Cette partie permettra de relever les raisons de l'adoption de cette culture, sa rentabilité, l'impact de cette culture sur l'amélioration des conditions de vie des producteurs de Dimori et sa valeur culturelle. Une fois le questionnaire élaboré comment l'administrer ? Afin de rencontrer les paysans, nous nous sommes mis en rapport avec les autorités de la localité pour solliciter leur appui. Celles-ci nous ont prêté main forte en acceptant de préparer la population à être réceptive à notre présence dans le milieu. Une fois le message passé, le lendemain, nous nous somme fait accompagner du secrétaire du chef pour l'administration du questionnaire. Celui-ci avait pour rôle de nous introduire préalablement dans les ménages afin d'avoir accès aux données dont nous avions besoin. Soulignons qu'en dépit du message du secrétaire de chef, il y a toujours des réticents qui nous ont toujours évité jusqu'à notre départ du village. En effet, l'enquête a duré 15 jours. Elle a couvert la période du 11 au 25 septembre 2011. Pourquoi ce mois de septembre pour l'administration du questionnaire ? En effet, le mois de septembre est celui des premières récoltes des tubercules de Dioscorea sp et celui des cérémonies précédents la consommation et la vente des tubercules. Quant à l'observation participante, elle nous a permis de vivre le quotidien des paysans, d'apprécier leur mode d'exploitation et leurs principales cultures. Nous avons aussi participé à la récolte et à la vente des tubercules. En ce qui concerne les difficultés, notons qu'elles existent partout ailleurs mais à des degrés bien différents. L'environnement d'étude n'étant pas aussi vaste, nous nous sommes déplacés à pied pour parcourir les champs. Notre passage dans les champs, nous a permis d'observer les paysans en train de travailler. Il nous ait arrivés de parcourir plus de 10 km. Il faut noter aussi que la peur, la méfiance et le doute qui se lisent sur les visages des enquêtés font qu'il nous a été très difficile de recueillir des informations de leur part d'autant plus que ceux qui nous ont précédés dans le milieu avaient fait des promesses aux paysans, promesses qu'ils n'ont jamais tenues. Il faut souligner que compte tenu du climat qui n'est plus clément et de certains problèmes relatifs à la culture du Dioscorea sp, les paysans étaient réticents à répondre à toutes les questions. Au total, mise à part l'introduction générale qui se compose du cadre conceptuel et du cadre méthodologique, notre travail se présente en trois chapitres. Dans le premier chapitre, il est question de montrer les conditions physiques, naturelles et humaines qui se prêtent à la culture du Dioscorea sp. Le deuxième chapitre de notre travail porte sur la production du Dioscorea sp dans le canton de Dimori. À ce niveau, notre approche vise à identifier les techniques et moyens de production, les modes de cultures et les variétés de Dioscorea cultivées dans la zone d'étude. Le troisième chapitre aborde la valeur sociale, économique et culturelle du Dioscorea sp dans le milieu. Il s'agit aussi de relever dans cette dernière partie les problèmes auxquels sont confrontés les producteurs de Dioscorea sp et de faire des suggestions qui vont peut être déboucher sur l'analyse des perspectives pour l'agriculture en général et la culture du Dioscorea sp en particulier. Il s'agit là des approches de solutions concernant l'amélioration de l'agriculture face aux enjeux du moment. Enfin comment se présente alors l'environnement étudié dans ces aspects physiques et humains ? La réponse à cette question est contenue dans le premier chapitre de notre travail.
CHAPITRE 1 : UN ENVIRONNEMENT PHYSIQUE, NATUREL ET HUMAIN FAVORABLE A LA CULTURE DU DIOSCOREA SP Localisé entre 0°6 et 0°9 de longitude Est puis entre 9°01 et 9°40 de latitude Nord, le canton de Dimori, au Sud-ouest de la ville de Bassar (chef lieu de la Préfecture de Bassar) est l'un des neuf cantons de la Préfecture et y est distant de 24 km. (Carte n°1) Carte n°1 : Préfecture de Bassar indiquant la zone d'étude
Source : D.S.I.D. modifiée par l'auteur ; 2011. La Préfecture de Bassar fait partie de la Région de la Kara et a pour chef lieu Bassar. La Préfecture est limité au Nord par les Préfectures de Dankpen et de Doufelgou, au Sud par la Région centrale, à l'Est par les Préfectures de la Koza et d'Assoli et à l'Ouest par la République du GHANA. Elle compte neuf (09) cantons dont Bassar, Kabou, Bangeli, Bitchabé, Sanda kagbanda, Sanda afowou, Kalanga, Baghan et le canton de Dimrori notre zone d'étude. (carte n°2). Carte n°2 : canotn de Dimori Source : D.S.I.D. modifiée par l'auteur, 2011. Le canton de Dimori est situé au Sud-ouest de Bassar. Il est limité au Nord par le canton de Bitchabé, au Sud par la Région centrale, à l'Est par le canton de Bassar et à l'Ouest par la République du GHANA. Il est formé de plusieurs villages et hameaux dont les principaux sont : Taman ; Bikpadjabe ; Linatagbande ; Katcha-losso ; Koutoum ; Yakédji etc. les principaux cours d'eau sont la Katcha et Tankpa. 1.1- Des caractéristiques physiques propices à la culture du Dioscorea spLa culture du Dioscorea sp qui est l'objet de notre recherche, est pratiquée dans un environnement dont les aspects naturels et physiques méritent d'être analysés afin de faire ressortir leurs interactions sur cette culture. 1.1.1- Un relief peu accidenté favorable à la culture du Dioscorea spDimori est dans son ensemble une zone peu montagneuse avec cependant des collines qui donnent au milieu un aspect faiblement accidenté. - le mont Dankessi C'est un prolongement du massif de Bissokpab lequel se localise vers le Sud groupé par de petites dépressions. Le Dankessi culmine à 500 mètres avec un aspect de chapelet entre Bikpadjab au Nord et Yakédji au Sud. - la plaine de la Katcha Elle est grossièrement de direction Nord-Sud suivant un axe correspondant au lit de la rivière. La vallée se présente sous forme de modelé d'aplanissement dégradé aux fortes entailles donnant un relief légèrement accidenté. Ce sont des collines à faibles pentes et des buttes cuirassées. De très faibles altitudes (200 m), elle est limitée à l'Ouest en Est au niveau de Inaba (terroir) alors que le lit prend une direction Nord-Est, Sud-Ouest. Au total, c'est un relief lié à la géologie du milieu. Sur les hauteurs, les grès et les quartzites fréquemment traversés par des intrusions de quartz donne au paysage une certaine clarté pendant la saison sèche où les feux de brousse mettent à nu les éboulis rocheux et les affleurements de quartz. Dimori est dans son ensemble une zone peu accidentée. La monotonie du relief des plaines n'est coupée que par la diversité de la couverture végétale. |
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