UNIVERSITE DE LOME
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
LA CULTURE DE L'IGNAME (DIOSCOREA SP) ET SA
VALEUR SOCIALE, CULTURELLE ET ECONOMIQUE DANS LE CANTON DE DIMORI EN
PAYS BASSAR AU TOGO
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLÔME DE
MAÎTRISE ès LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
Option : Géographie rurale
Sous la direction de :
M. Koudzo SOKEMAWU
Maître Assistant
Département de Géographie
Université de
Lomé
Présenté par :
Bassa KPAKPADJA
Décembre 2011
INTRDUCTION GENERALE
L'agriculture est une activité importante aussi bien
pour les populations que pour les économies des pays en voie de
développement dans leur ensemble. Dans les perspectives de
développement amorcées depuis les indépendances, une place
de plus en plus importante est accordée surtout en Afrique au Sud du
Sahara à l'agriculture. Cependant, le constat alarmant que l'on se fait
est qu'en dépit du fort taux d'actifs que ce secteur mobilise en Afrique
et malgré les efforts accompagnés de projets d'appui, c'est sur
ce continent que la malnutrition, la sous alimentation et la famine sont
vécus au quotidien. Il faut le dire, en Afrique, l'agriculture ne
nourrit pas son homme.
Le Togo, notre pays, n'en est pas épargné dans
la mesure où, au vue des différentes cultures auxquelles les
paysans togolais s'adonnent à savoir les céréales
(maïs, mil sorgho, etc..), les tubercules (ignames, taro, patates douces,
etc..) et autres, aucun de ces produits n'est cultivé à grande
échelle. Cela ne permet pas au paysans de vivre convenablement de son
métier et d'afficher une image propre d'un agriculteur épanouis
comme les paysans des pays développés ; et ce en
dépit de la disponibilité des terres de culture et des efforts
des paysans et de l'Etat avec l'appuis des partenaires au
développement.
C'est dans la même ligne de défauts et
d'insuffisances que la préfecture de Bassar et particulièrement
le canton de Dimori notre zone d'étude qui s'est
spécialisé dans la culture du Dioscorea sp affiche un
des tableaux des plus communs des villages des pays d'Afrique subsaharienne.
Ainsi, le Dioscorea sp dans ce canton est la principale culture
vivrière de part la qualité et la variété des
espèces produites, de part les techniques et les superficies.
Cependant, des menaces pèsent lourdement sur cette
activité et constituent des handicapes à son
développement. Au rang de ceux-ci, nous pouvons citer : les
aléas climatiques, l'archaïsme des outils, l'épuisement des
sols, le surpâturage et l'exposition des sols à l'érosion.
Tous ces éléments constituent pour l'agriculture des goulots
d'étranglement, ce qui réduit ou annule tous les efforts
déployés par les exploitants pour accroître les superficies
cultivées.
Lors du sommet alimentaire qui s'est tenu en juin 2008
à Rome, les dirigeants du monde entier ont promis de débloquer
plusieurs milliards de dollars pour le développement de l'agriculture
surtout dans les pays en développement notamment en Afrique. En Afrique
subsaharienne, l'économie des populations est encore dominée par
le secteur agricole qui occupe près de 70% de la population active (FAO,
2008). Pourtant, au cours des dernières décennies, ces
mêmes pays d'Afrique sont incessamment menacés par la crise
alimentaire. Plus de 100 millions d'africains souffrent d'un approvisionnement
irrégulier et insuffisant en denrées alimentaires ; les
importations de céréales par exemple se chiffraient à 28
millions de tonnes en 2009 (FAO, 2009).
Ne sont pas épargnés de cette crise alimentaire
les pays comme le Togo encore que, même si la majorité de la
population active se trouve toujours dans le secteur agricole, la production
nationale des denrées alimentaires est très loin de couvrir les
besoins, ce qui oblige le pays à constamment recourir aux importations.
Au banc des accusés de ce déséquilibre entre la production
et les besoins figurent en bonnes place les techniques de production
inefficaces, les modes de culture inadéquats conjugués avec
l'insuffisance des superficies emblavées, les types de culture et enfin
le mode et le train de vie des paysans eux-mêmes. Tous ces facteurs
conduisent au fait que le paysan n'arrive pas à tenir un compte
d'exploitation et par conséquent il ne peut pas mesurer l'importance de
sa production sur son économie, sur sa vie de société et
sur sa culture.
Le Dioscorea sp est une
plante
répandue dans les régions tropicales de tous les continents.
C'est en Afrique que la production de Dioscorea sp cultivées
est la plus importante : 70 % au Nigeria et 90 % si on ajoute la Côte
d'Ivoire, le Ghana, le Bénin et le Togo. La production africaine a
été de 28 477 000 de tonnes en 1997 dont environ 20 %
commercialisés. Le Bénin a produit 1,3 millions de tonnes
(données FAO, 2008). A part le cas de la Côte d'Ivoire, ce sont
les formes cultivées des espèces de Dioscorea sp
d'origine africaine qui sont les plus utilisées par l'agriculture
africaine.
En effet, la culture du Dioscorea sp dans le canton
de Dimori se situe exactement dans cette problématique où la
misère, la faiblesse du pouvoir d'achat combinés à
l'instabilité économique sont les résultats d'idées
préfixées ou d'un manque d'information. Ainsi, le problème
inhérent à notre thème de recherche est la place du
Dioscorea sp dans la vie sociale, culturelle et économique des
paysans du canton de Dimori.
De ce problème découlent les questions dont la
principale est : quelle est la valeur sociale, culturelle et
économique de la culture du Dioscorea sp dans le canton de
Dimori ?
Les questions secondaires qui découlent de la
principale sont les suivantes :
- quelle est la part de la production du Dioscorea
sp sur le niveau de vie des paysans du canton de Dimori ?
- quelle est la valeur économique du Dioscorea
sp dans le développement des marchés de la
localité ?
- quels sont les circuits commerciaux du Dioscorea
sp à partir du canton de Dimori ?
- quels sont les problèmes inhérents
à la culture du Dioscorea sp ?
- quelles sont les approches de solutions ?
C'est pour ne pas rester indifférent aux
problèmes du monde rural, sachant bien qu'il peut à sa
manière apporter sa pierre à la construction du
développement de ce pays, que nous avons choisi ce thème.
Nous voulons par cette étude apporter notre
contribution à la recherche des solutions aux problèmes
d'amélioration des techniques et modes de culture et des
problèmes de gestion des retombés de l'économie du
Dioscorea sp.
Sur le plan scientifique, cette étude nous permet de
parfaire nos connaissances sur les méthodes et les techniques de
recherche en Géographie. Et pour y parvenir il nous fallait des
objectifs très précis sur le sujet.
Suite aux questions de recherche posées, et dans le but
d'arriver à y trouver des solutions, nous nous sommes fixés des
objectifs.
L'objectif général de la dite étude est
de mettre en relief la valeur économique, sociale et culturelle de la
culture du Dioscorea sp dans le canton de Dimori. De cet objectif
découlent les objectifs spécifiques suivants.
Découlant de l'objectif général, cette
étude vise dans un premier temps à :
- dégager l'impact de cette importance sur la
production de ce tubercule dans le canton de
Dimori ;
- évaluer la part de la production du
Dioscorea sp sur le niveau de vie des paysans du canton de
Dimori ;
- analyser les circuits commerciaux du Dioscorea
sp ;
- identifier les problèmes inhérents
à la culture du Dioscorea sp et proposer des approches de solutions.
En vue de répondre aux questions posées, des
hypothèses ont été émises dont la principale est
que le Dioscorea sp apporte des revenus économiques, un
prestiges social et est au centre de la culture des populations du canton de
Dimori.
De cette hypothèse centrale découlent les
hypothèses dites opérationnelles :
- l'importance de la valeur du Dioscorea sp a
générée de profondes mutations positives par la
quantité de sa production ;
- les conditions de vie et de travail des paysans du
canton de Dimori ont changé avec l'importance de la production du
Dioscorea sp ;
- le circuit commerciale du Dioscorea sp suit
de multiples itinéraires vers les marchés à fortes
demandes ;
- les problèmes climatiques, de transport et de
méventes sont les principaux auxquels les paysans sont
confrontés.
Ainsi, dans le souci d'analyser simplement et de façon
cohérente la question principale posée ci-dessus, nous nous
sommes référés aux études et aux recherches
menées antérieurement dans le domaine de la culture du
Dioscorea sp et son impact sur presque tous les plans. En passant en
revue ces diverses études, nous nous sommes rendue compte que des
études et recherches ont été réalisées sur
le Dioscorea sp, sa production, son importance dans la
réalisation de la sécurité alimentaire, sa
rentabilité et sa transformation.
Le thème `'la culture du Dioscorea sp et sa
valeur sociale, culturelle et économique dans le canton de Dimori en
pays Bassar au Togo'' a été abordé en partie et dans
différentes localités par d'autres chercheurs comme KPANTE B.
(1996) ; TIANKPA Y. (2010) pour ne citer que ceux-là.
Dans l'optique de mieux cerner les contours du thème,
nous avons parcouru les documents ou les écrits qui ont traité de
l'importance de cette culture. C'est dans ce sens que, dans un rapport de la
conférence des Nations Unies sur les applications de la science et de la
technique dans les régions peu développées
intitulé : `'Le développement par la science et la
technique'', publié en 1964, il est précisé dans
l'introduction que « quelque soient les fins à attendre
en matière de développement, c'est l'amélioration de
l'agriculture qui doit avant tout retenir notre attention ».
Certes, cet ouvrage accorde une importance particulière
à l'agriculture en matière de développement ; mais il
ne met pas en relief les problèmes que l'agriculture rencontre comme
ceux concernant les techniques et la commercialisation. Nous utiliserons cette
affirmation comme appuis pour relever ces problèmes.
DUMONT R. (1965), dans `'Le Développement agricole
africain'', analyse les sols africains et démontre que la grande
majorité de ces sols sont pauvres. Un préjugé largement
répandu veut que les conditions naturelles en Afrique soient propices
à l'agriculture. Une végétation naturelle
exubérante, la repousse des brousses et des forêts après
défrichage tendent à cacher le fait que la plupart des sols sont
pauvres. Les pluies sont si peu abondantes qu'elles rendent précaires
les cultures et même l'élevage ou bien elle sont si fortes
qu'elles entraînent le lessivage et la et la détérioration
des sols qui perdent alors leurs éléments nutritifs et tendent
à s'éroder.
BADOUIN R. (1971), dans `'Economie rurale'', identifie les
facteurs généraux pouvant expliquer l'adoption d'un
système de production donné. Selon l'auteur, la
disponibilité de vastes superficies cultivables permettant de faire la
jachère et l'abondance de la main d'oeuvre conduisent à
l'adoption du système de production extensif. Par contre, si les
surfaces cultivables deviennent rares par suite d'une pression
démographique et que le système extensif ne permet plus d'obtenir
les résultats escomptés, il est substitué par le
système de production intensif à base de travail en vue
d'augmenter la production et d'améliorer le rendement. L'auteur n'a pas
oublié de relever les limites d'ordre technique et économique du
système intensif.
En effet, l'utilisation des ressources productives comme les
semences sélectionnées, les engrais, l'eau, etc. est fonction du
pouvoir d'achat des paysans et du niveau de l'économie nationale. Si ce
pouvoir est faible, il est difficile que le système intensif de
production à base de consommation intermédiaire soit
adopté. Ce document nous permettra de justifier les techniques de
production et les modes de culture pour la production de l'igname par les
paysans de Dimori.
COMLAN K. A. (1989), dans son mémoire de Maîtrise
intitulé : « Les conditions paysannes et le
développement : l'impact socioéconomique de la
caféiculture dans le village de Kouma Bala (Kloto) », a
montré comment l'introduction de la production caféière a
apporté une profonde modification dans les conditions de vie des paysans
de Bala au Togo. Parlant du déséquilibre vivrier, il a
relevé que l'importance de la culture du café ayant
supplantée les cultures vivrières dont la production a
considérablement chutée par rapport à la croissance
démographique, on est arrivé à une situation où les
producteurs ne couvrent plus suffisamment leurs besoins. A partir de ce
document nous situerons l'impact socioéconomique de la culture de
l'igname par rapport à celle d'une culture de rente.
KOSSOU A. (1994), dans son mémoire de Maîtrise
titré : « Déséquilibre alimentaire :
impact socioéconomique de la pratique à grande échelle de
la culture du caféier sélectionné sur les populations en
milieu rural : le cas des planteurs de café de Parougbé
(préfecture d'Amou) », remarque que les cultures
vivrières qui constituent le véritable pilier de
l'économie paysanne sont repoussées à la
périphérie des sols cultivables provoquant conséquemment
une crise alimentaire dans les milieux ruraux. Prenant l'exemple du café
et du maïs, il a montré que le café n'est d'aucune
utilité pour le paysan s'il n'est pas acheté par rapport au
maïs qui sert d'aliment de base pour les population rurales et les
animaux. Les cultures vivrières peuvent aussi être vendues et
procurer un revenu monétaire au paysan. A travers ce mémoire,
nous mesurerons la situation alimentaire de Dimori en rapport avec la culture
de l'igname.
CHALEARD J. L. (1996), dans ''Temps des villes temps des
vivres, l'essor du vivrier en Côte d'Ivoire'', met
schématiquement à découvert quatre formes
d'échanges ou de mise à marché des produits
agricoles : la première forme nommée « bord
champ », l'acheteur se rend au lieu de production (le champ) pour
faire les achats ; dans la deuxième forme « l'achat au
village », le paysan draine sa récolte jusque chez lui au
village, avant de la livrer au commerçant ; la troisième
forme de vente est le « marché local » ;
dans ce cas de figure, le paysan amène son produit sur une place de
marché où viennent acheter les commerçants et les
consommateurs. Dans la quatrième et dernier forme de mise au
marché, le cultivateur transporte sa récolte directement en ville
devant les consommateurs. Toute ces quatre formes présentent chacune des
spécificités, mais de façon globale, c'est le paysan
producteur qui en sort victime au profit de l'acheteur qui dans la
majorité des cas fixe le prix des produits qu'il achète et
parfois à crédit.
Quelles sont les conséquences de ces différentes
formes de commercialisation pour le paysan ? L'auteur semble passer sous
silence cet aspect. Touts en précisant ces conséquences, cette
partie de ce document nous permettra d'évaluer les différentes
formes de vente d'ignames à Dimori.
DUFUMIER M. (1996) cité par SIMDJANA K. (2004), dans
`'Système de production agricole et sécurité alimentaire
durable dans le canton de Niamtougou-Koka'', pense pour sa part que c'est la
substitution des Etats soucieux d'assurer la sécurité alimentaire
à leurs populations, en modifiant leur assolement et en conservant de
nouvelles modalités d'association agriculture élevage, qui est
à la base de l'inefficacité de ces derniers et par
conséquent de l'insécurité alimentaire. Il souhaite que
les institutions nationales de développement rural, au lieu de proposer
aux paysans des paquets technologiques, interviennent sur les conditions
socio-économiques générales de la production agricole en
sachant identifier les principaux éléments sur lesquels il
importe d'intervenir à bon escient et laisser une plus grande autonomie
aux paysans pour la définition et la mise en oeuvre de leur
systèmes de production. Il met par ailleurs en garde les agriculteurs
contre une simplification exagérée, c'est-à-dire la
fragilisation des écosystèmes cultivés. Pour
lui, « les systèmes de polyculture élevage qui
associent une multitude de systèmes de culture et d'élevage au
sein des exploitations agricoles sont généralement ceux qui
répondent mieux aux exigences des résultats supérieurs
à un seuil minimum quitte à ne pas maximiser l'espérance
mathématique de leur revenus ». Ce document nous permettra de
voir si l'association de l'élevage à l'agriculture est
appliquée à Dimori et quels en sont les impacts sur la
production.
MENYAWOSSA K. (1996), dans son mémoire de
Maîtrise intitulé : ''Gestion des recettes
caféières en milieu rural Akposso : cas du village
d'Ezimé'', évalue les recettes de la production de café
par producteur en mettant l'accent sur leur gestion. Il est parvenu à
prouver que les revenus de café à eux seuls ne peuvent pas
suffisamment résoudre les multiples problèmes des paysans.
Certains sont incapables de payer leurs dettes à la fin de la campagne
et d'autres doutent même du montant de leur revenu parce qu'ils ont
plusieurs fois vendu le café au cours d'une même campagne pour
tenter de faire face à leurs problèmes. Cet ouvrage nous sera
d'une aide particulière pour l'élaboration d'un cahier de compte
de la culture de l'igname et la recherche des approches de solutions pour une
meilleure gestion des revenus.
KPANTE B. (1998), dans son mémoire de DEA
intitulé : « Dynamique paysanne et systèmes
agraires en pays N'tcham : le cas du terroir de Bangeli (Nord-ouest du
Togo) », énumère les facteurs limitants les
systèmes d'exploitation de culture et de production après avoir
caractérisé le milieu d'étude et les influences sur les
activités agropastorales. Il n'a pas oublié de mettre en exergue
les difficultés techniques d'aménagement du sol, de conservation
des produits, les techniques de pêche et de chasse, les insuffisances
techniques de la culture de l'igname face aux contraintes physiques et
socio-demographiques actuelles du canton de Bangeli et pour finir il fait une
mise au point des perspectives d'intensification agricole avec de nouvelles
techniques de culture de l'igname. Nous pourrons relever ici les
problèmes liés à la production de l'igname et les
perspectives d'une possible modernisation de cette activité.
BAOULA A. (2000), dans son mémoire de Maîtrise
intitulé « Contribution à l'analyse des obstacles de la
production vivrière dans la Région des plateaux : cas du
terroir d'Ezimé (Préfecture d'Amou) », met en relief
deux obstacles majeurs responsables du recul de la production agricole
vivrière dans cette zone du Sud du Togo. Les obstacles dépendent
de l'environnement agricole et relèvent des exploitations elles
mêmes.
Pour ce qui est des obstacles liés à
l'environnement agricole, l'auteur s'attaque aux facteurs
édapho-climatiques à savoir l'exploitation abusive des sols et
leur épuisement, l'absence d'irrigation et les caprices du climat. Quant
aux obstacles émanant de l'exploitation elle-même, l'auteur indexe
les valeurs et les croyances traditionnelles, l'analphabétisme et les
priorités culturales.
MEGNAOSSAN O. (2003), dans son mémoire de
Maîtrise titré `'Production et commercialisation du
café-cacao et leur impacts sur le niveau de vie de la population dans
l'Akposso-plateau (Préfecture de Wawa)'', évoque dans un premier
temps les facteurs de production du café-cacao à savoir la terre,
le travail, les intrants etc. et les résultats des activités de
cette production conformément aux facteurs. Il découvre dans un
second temps les conséquences de la commercialisation du
café-cacao à travers l'organisation, les circuits commerciaux et
ensuite l'impact de cette commercialisation sur le niveau de vie de la
population d'Akposso-plateau et c'est dans ce cadre là, qu'il dresse
une liste des conséquences qu'il qualifie
d' « inféodée les unes aux autres ».
Enfin, il relève les problèmes et les approches
de solutions. Mais l'auteur ne précise pas les conséquences de
cette commercialisation sur l'économie de la localité. Nous
essayerons à partir de ce document d'exploiter surtout les
conséquences de la commercialisation d'un produit sur le niveau de vie
des populations.
DAGNON A. D. (2008), dans son mémoire de
Maîtrise intitulé « L'introduction de la culture du soja
et son impact sur l'amélioration des conditions de vie et de travail des
populations d'Atitsohoe dans la préfecture de HAHO »,
décrit le milieu d'Atitsohoe avec ses aptitudes physiques qui se
prêtent bien à la culture du soja. Ensuite, l'auteur met en
exergue les conditions de l'introduction de cette culture dans les habitudes
culturales des populations avant d'énumérer les impacts de
l'introduction de cette culture sur l'amélioration des conditions de vie
des populations de la localité.
GNON G. (2010), quant à lui, dans son mémoire
de Maîtrise titré « Pratiques foncières et
évolution de l'habitat dans une ville secondaire du Togo :
Bassar » étudie les conditions historiques et
géographiques qui ont amenées les évolutions
socioéconomiques dont les mutations foncières dans la ville de
Bassar. Il n'a pas oublié de mentionner la typologie de l'habitat dans
la ville et les mesures d'assainissement prises pour y vivre mieux avant de
relever les problèmes sociaux, économiques et environnementaux et
quelques approches de solutions pour y remédier.
DOUSSIMELE S. K. (2010), dans son mémoire de
Maîtrise intitulé « Les systèmes de production
agricoles et sécurité alimentaire dans le terroir d'Amou-Oblo
(Préfecture d'AMOU) », met l'accent sur les systèmes de
production agricole dans le terroir d'AMOU-OBLO. Il constate que ces
systèmes ne sont pas en adéquation avec le contexte actuel de
développement. Son diagnostique de la situation alimentaire et le niveau
de vie des paysans révèle que l'offre des produits alimentaires
ne comble pas la demande, ce qui a conduit inévitablement à une
dégradation progressive de la sécurité alimentaire dans la
zone. Mais l'auteur s'est donné le devoir de relever les
problèmes auxquels sont confrontés les systèmes de
production et de proposer des approches de solutions.
Par rapport aux ouvrages et aux études des diverses
organisations que nous avons consultés, nous pouvons affirmer que les
paysans de notre zone d'étude sont conscients de la valeur de la culture
du Dioscorea sp sur tous les plans.
Quels sont les éléments recherchés dans
notre questionnaire et comment l'avons-nous conçu ?
Dans cette étude, il est question de mieux
connaître la place de la culture du Dioscorea sp, l'impact de
cette culture sur l'amélioration des conditions de vie sociale et
économique et la valeur culturelle de tous les acteur entrant dans la
production et la commercialisation de ce tubercule. Cette culture parait pour
l'heure, être la culture principale des paysans de Dimori. Cependant, nul
ne peut ignorer l'apport de la culture des céréales dans
l'économie des pays en développement dont le Togo. Il faut aussi
noter que la demande en produits vivriers devient de plus en plus croissante
d'où la nécessité de relancer l'agriculture des pays
sous-développés en l'occurrence dans les pays africains. Cette
étude est une contribution à la production d'un document de base
pouvant servir aux maillons de la chaîne de l'économie du
Dioscorea sp de se mettre face à leurs problèmes et d'y
trouver des solutions à leurs difficultés
socio-économiques.
Pour atteindre les objectifs fixés, les
hypothèses formulées sont vérifiées à partir
des données de base disponibles comme le recensement de la population,
les statistiques agricoles et les diverses publications intéressant le
sujet. Ces informations sont complétées par une enquête sur
le terrain, l'interview et des observations du paysage.
Notre approche de la méthodologie de recherche
s'articule autour de deux parties.
La première partie s'est faite à travers la
recherche bibliographique qui nous a permis de consulter ou de commenter les
documents relatifs à notre thème.
La recherche documentaire est menée auprès des
institutions de recherche, des projets, en générale tous les
services oeuvrant pour la promotion des cultures vivrières.
Il s'agit des services comme :
- la Direction des Statistiques Agricoles de
l'Information et de la Documentation (DSID) où nous avons eu
accès aux données du recensement agricole de 1996 ;
- la Direction Nationale des Statistiques et de la
Comptabilité Nationale qui a pu mettre à notre disposition des
informations portant sur la Région de la Kara en général
et la Préfecture de Bassar en particulier.
- la Direction de l'ICAT de Bassar
- les bibliothèques de l'Université de
Lomé dont la Bibliothèque centrale et celle de la FLESH
où nous avons eu à consulter des mémoires et
Thèses ;
La documentation à laquelle nous avons eu
accès, nous a renseigné sur les productions d'une manière
générale et la culture du Dioscorea sp en particulier,
son importance et sa valeur dans la vie des producteurs.
- Le centre de documentation de la FAO, où nous
avons eu accès aux documents ayants déjà traité des
sujets relatifs à la production agricole en générale, les
tubercules en particulier et le niveau de vie des producteurs.
Cette recherche au niveau des bibliothèques et au
niveau de ces directions, a été complétée par des
interviews que les agriculteurs, les commerçants et les transporteurs
ont accepter de nous accorder.
Toutefois, il est à noter que la documentation
existante nous a permis de cerner au mieux notre thème d'étude
dans le temps et dans l'espace et de prendre connaissance des résultats
obtenus en lien direct avec la population, l'exploitation agricole, la culture
du Dioscorea sp, sa rentabilité, le niveau de vie des
producteurs et l'importance de cette denrée.
Les résultats de nos recherches documentaires nous ont
permis de faire le constat selon lequel en milieu rural, les agriculteurs ont
toujours des pratiques et des savoir-faire paysans, ce qui a un impact sur
l'importance de cette culture.
Ainsi, sur la base du sondage dont dispose la Direction
National de la Statistique et de la Comptabilité Nationale, la
population du canton de Dimori était de 2 432 hbts en 1970 et de
3 490 hbts en 1981. Pour le district sanitaire de Bassar, cette population
est passée à 7 700 hbts en 2006 puis de 8 033 hbts
à 8 074 hbts de 2007 à 2008. Sur la base de ces
données, nous avons essayé de constituer la taille de notre
échantillon. C'est-à-dire le nombre de chefs d'exploitation
auprès desquels nous allons pouvoir mener notre enquête. Afin
d'obtenir des informations plus ou moins fiables, nous avons retenu une
fraction représentative de la population cible c'est-à-dire
celle qui est directement concernée par le travail de la production du
Dioscorea sp à savoir les chefs de ménages, les
commerçants et les transporteurs. Cette méthode est
appelée enquête par sondage. Elle vise à réduire le
coût et le temps. C'est pourquoi nous avons pensé à la
taille de l'échantillon.
En considérant la moyenne de 6 à 7 personnes par
ménage, nous trouvons 6,5 comme taille approximative d'un ménage.
Nous divisons ensuite la population totale du canton par ce quotient, ce qui
nous donne N = 1242 ménages. Vue que ce nombre est élevé,
nous avons alors pensé à ramener la taille de notre
échantillon à une proportion de 12,8 % pour limiter les risques
d'erreurs et le ramener aussi au niveau de la valeur de nos moyens ; ce
qui nous donne un nombre N' de 150 ménages ou chefs de ménages
à interroger que nous avons réparti comme suit : 120
producteurs, 20 commerçants et 10 transporteurs comme l'indique le
tableau n°1
Tableau n°1 La répartition des
enquêtés selon leurs activités
Enquêtés
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Producteurs
|
120
|
80,00
|
Commerçants
|
20
|
13,33
|
Transporteurs
|
10
|
6,67
|
total
|
150
|
100,00
|
Source : travaux de terrain,
2011
D'après le tableau n°1, 80 % de notre
échantillon sont composés de producteurs et les
commerçants et les transporteurs se partagent les 20 % restant, soit
respectivement 13,33 % et 6,67 %.
La seconde partie de la méthodologie de recherche a
porté sur l'administration du questionnaire sur le terrain.
Le questionnaire est un guide d'entretien destiné aux
paysans de notre zone d'étude. Il comporte trois parties essentielles
à savoir les caractéristiques socio-démographiques, les
moyens et techniques de production et l'importance économique et
socioculturelle et nous avons clos notre questionnaire par des informations sur
la commercialisation et le transport des tubercules de Dioscorea sp.
En effet, la première partie du questionnaire est
destinée à l'identification du producteur et de quelques
éléments sur la taille du ménage.
En outre, lors de l'élaboration du questionnaire, nous
avons sélectionné les variables indépendantes et les
variables dépendantes. Au rang de ces variables indépendantes,
nous pouvons citer l'âge, le sexe, la situation matrimoniale et les
aléas climatiques. Ainsi la tranche d'âge comprise entre 18 et 55
ans et plus a constitué notre population cible parce que c'est à
cet âge que les hommes ou les femmes sont plus actifs. De plus, il s'agit
de la catégorie la plus entreprenante dans la population agricole. Cette
tranche est assimilée à celle des actifs responsables surtout
qu'à cet âge, on peut se passer des parents en charge.
Par ailleurs, la variable
indépendante « sexe » a toujours joué un
rôle prépondérant au niveau de l'exploitation agricole en
l'occurrence lors des opérations pré-culturales et
post-culturales. Les opérations pré-culturales reviennent aux
hommes dans la plupart des cas et les opérations culturales et
post-culturales reviennent aux femmes et aux enfants. Dans cette optique, nous
avons eu à associer les femmes. Ainsi, dans les milieux ruraux, nous
avons constaté que les superficies emblavées par les hommes
dépassent largement celles des femmes. Aussi, avons-nous constaté
que les femmes s'adonnent très difficilement à la culture du
Dioscorea sp.
De plus, le niveau d'instruction représente une
variable déterminante dans la mesure où les paysans sont de nos
jours tenus d'être aux innovations.
La seconde partie du questionnaire est consacrée
à l'exploitation d'un champ de Dioscorea sp. Cette partie
comporte des rubriques comme les techniques et les moyens de production et
l'organisation du travail. Dans cette partie, il s'avère
nécessaire d'énumérer les cultures associées au
Dioscorea sp, les moyens et techniques de production, les
systèmes de culture.
La troisième partie concerne l'importance sociale,
économique et culturelle du Dioscorea sp. Cette partie
permettra de relever les raisons de l'adoption de cette culture, sa
rentabilité, l'impact de cette culture sur l'amélioration des
conditions de vie des producteurs de Dimori et sa valeur culturelle.
Une fois le questionnaire élaboré comment
l'administrer ?
Afin de rencontrer les paysans, nous nous sommes mis en
rapport avec les autorités de la localité pour solliciter leur
appui. Celles-ci nous ont prêté main forte en acceptant de
préparer la population à être réceptive à
notre présence dans le milieu. Une fois le message passé, le
lendemain, nous nous somme fait accompagner du secrétaire du chef pour
l'administration du questionnaire. Celui-ci avait pour rôle de nous
introduire préalablement dans les ménages afin d'avoir
accès aux données dont nous avions besoin. Soulignons qu'en
dépit du message du secrétaire de chef, il y a toujours des
réticents qui nous ont toujours évité jusqu'à notre
départ du village.
En effet, l'enquête a duré 15 jours. Elle a
couvert la période du 11 au 25 septembre 2011. Pourquoi ce mois de
septembre pour l'administration du questionnaire ? En effet, le mois de
septembre est celui des premières récoltes des tubercules de
Dioscorea sp et celui des cérémonies
précédents la consommation et la vente des tubercules.
Quant à l'observation participante, elle nous a permis
de vivre le quotidien des paysans, d'apprécier leur mode d'exploitation
et leurs principales cultures. Nous avons aussi participé à la
récolte et à la vente des tubercules.
En ce qui concerne les difficultés, notons qu'elles
existent partout ailleurs mais à des degrés bien
différents. L'environnement d'étude n'étant pas aussi
vaste, nous nous sommes déplacés à pied pour parcourir les
champs. Notre passage dans les champs, nous a permis d'observer les paysans en
train de travailler. Il nous ait arrivés de parcourir plus de 10 km.
Il faut noter aussi que la peur, la méfiance et le
doute qui se lisent sur les visages des enquêtés font qu'il nous
a été très difficile de recueillir des informations de
leur part d'autant plus que ceux qui nous ont précédés
dans le milieu avaient fait des promesses aux paysans, promesses qu'ils n'ont
jamais tenues.
Il faut souligner que compte tenu du climat qui n'est plus
clément et de certains problèmes relatifs à la culture du
Dioscorea sp, les paysans étaient réticents à
répondre à toutes les questions. Au total, mise à part
l'introduction générale qui se compose du cadre conceptuel et du
cadre méthodologique, notre travail se présente en trois
chapitres.
Dans le premier chapitre, il est question de montrer les
conditions physiques, naturelles et humaines qui se prêtent à la
culture du Dioscorea sp.
Le deuxième chapitre de notre travail porte sur la
production du Dioscorea sp dans le canton de Dimori. À ce
niveau, notre approche vise à identifier les techniques et moyens de
production, les modes de cultures et les variétés de Dioscorea
cultivées dans la zone d'étude.
Le troisième chapitre aborde la valeur sociale,
économique et culturelle du Dioscorea sp dans le milieu.
Il s'agit aussi de relever dans cette dernière partie
les problèmes auxquels sont confrontés les producteurs de
Dioscorea sp et de faire des suggestions qui vont peut être
déboucher sur l'analyse des perspectives pour l'agriculture en
général et la culture du Dioscorea sp en particulier. Il
s'agit là des approches de solutions concernant l'amélioration de
l'agriculture face aux enjeux du moment.
Enfin comment se présente alors l'environnement
étudié dans ces aspects physiques et humains ? La
réponse à cette question est contenue dans le premier chapitre de
notre travail.
CHAPITRE 1 : UN ENVIRONNEMENT PHYSIQUE, NATUREL ET
HUMAIN FAVORABLE A LA CULTURE DU DIOSCOREA SP
Localisé entre 0°6 et 0°9 de longitude Est
puis entre 9°01 et 9°40 de latitude Nord, le canton de Dimori, au
Sud-ouest de la ville de Bassar (chef lieu de la Préfecture de Bassar)
est l'un des neuf cantons de la Préfecture et y est distant de 24 km.
(Carte n°1)
Carte n°1 : Préfecture de Bassar
indiquant la zone d'étude
Source : D.S.I.D. modifiée par
l'auteur ; 2011.
La Préfecture de Bassar fait partie de la Région
de la Kara et a pour chef lieu Bassar. La Préfecture est limité
au Nord par les Préfectures de Dankpen et de Doufelgou, au Sud par la
Région centrale, à l'Est par les Préfectures de la Koza et
d'Assoli et à l'Ouest par la République du GHANA. Elle compte
neuf (09) cantons dont Bassar, Kabou, Bangeli, Bitchabé, Sanda kagbanda,
Sanda afowou, Kalanga, Baghan et le canton de Dimrori notre zone
d'étude. (carte n°2).
Carte n°2 : canotn de Dimori
Source : D.S.I.D. modifiée par l'auteur,
2011.
Le canton de Dimori est situé au Sud-ouest de Bassar.
Il est limité au Nord par le canton de Bitchabé, au Sud par la
Région centrale, à l'Est par le canton de Bassar et à
l'Ouest par la République du GHANA. Il est formé de plusieurs
villages et hameaux dont les principaux sont : Taman ;
Bikpadjabe ; Linatagbande ; Katcha-losso ; Koutoum ;
Yakédji etc. les principaux cours d'eau sont la Katcha et Tankpa.
1.1- Des caractéristiques physiques propices
à la culture du Dioscorea sp
La culture du Dioscorea sp qui est l'objet de notre
recherche, est pratiquée dans un environnement dont les aspects naturels
et physiques méritent d'être analysés afin de faire
ressortir leurs interactions sur cette culture.
1.1.1- Un relief peu accidenté favorable à la
culture du Dioscorea sp
Dimori est dans son ensemble une zone peu montagneuse avec
cependant des collines qui donnent au milieu un aspect faiblement
accidenté.
- le mont Dankessi
C'est un prolongement du massif de Bissokpab lequel se
localise vers le Sud groupé par de petites dépressions. Le
Dankessi culmine à 500 mètres avec un aspect de chapelet entre
Bikpadjab au Nord et Yakédji au Sud.
- la plaine de la Katcha
Elle est grossièrement de direction Nord-Sud suivant un
axe correspondant au lit de la rivière.
La vallée se présente sous forme de
modelé d'aplanissement dégradé aux fortes entailles
donnant un relief légèrement accidenté. Ce sont des
collines à faibles pentes et des buttes cuirassées. De
très faibles altitudes (200 m), elle est limitée à l'Ouest
en Est au niveau de Inaba (terroir) alors que le lit prend une direction
Nord-Est, Sud-Ouest.
Au total, c'est un relief lié à la
géologie du milieu. Sur les hauteurs, les grès et les quartzites
fréquemment traversés par des intrusions de quartz donne au
paysage une certaine clarté pendant la saison sèche où les
feux de brousse mettent à nu les éboulis rocheux et les
affleurements de quartz.
Dimori est dans son ensemble une zone peu accidentée.
La monotonie du relief des plaines n'est coupée que par la
diversité de la couverture végétale.
1.1.2- Des sols relativement riches et propices à la
culture du Dioscorea sp
On distingue trois types de sol : les sols ferrugineux
tropicaux, des sols peu évolués d'érosion puis des sols
hydromorphes.
- les sols ferrugineux tropicaux
Toute la plaine de Dimori est couverte de sols ferrugineux
tropicaux sans éléments grossiers. Ces sols se localisent
particulièrement au niveau de Kankpal et le Sud-ouest de Dimori.
On y trouve également des sols ferrugineux tropicaux
lessivés pauvres contenants des éléments grossiers aux
altitudes du piedmont de la colline isolée et dans certaines
vallées.
- les sols peu évolués d'érosion
Les sols peu évolués s'observent sur la bordure
occidentale de la Katcha et sont développés sur des cuirasses
ferrugineuses. Ces sols sont peu profond et offrent de bonnes terres pour la
culture du Dioscorea sp.
- les sols hydromorphes
Les sols hydromorphes s'observent dans les dépressions
(Kountoum) puis dans les vallées comme Tchébou, Linatagnande,
Bikpadjab comme le montre la carte n°3. Ces sols durcissent pendant la
saison sèche entraînant l'assèchement des cours d'eau et
des ruisseaux.
Carte n°3 : type de sols de la région
de Dimori
Source : Extrait de la carte
pédologique de la Région de Bassar, 2011.
Dans l'ensemble, Dimori est une zone à sols
variés. Cependant, on note une prédominance de sols
gravillonnaires de faibles profondeurs qui se situent le long de la zone et
principalement au niveau du village de Dimori. On note aussi l'importance des
sols sablo argileux avec des horizons appauvris au niveau Bissanbotibe,
Linatagbande et autres.
Ces sols sont nourris et arrosés par une
végétation et des cours d'eau.
1.1.3- Des cours d'eau avec une végétation de
savane
Le réseau hydrographique est relativement lâche.
Deux cours d'eau arrosent la localité (la Tankpa et la Katcha). Le plus
important est la Katcha qui sert de frontière avec le canton de Bassar.
D'orientation Nord-Sud, la Katcha prend sa source dans les monts du Togo
à l'Est de Bangeli, traverse la plaine puis se jette un peu plus loin
au-delà du canton dans le Mô (un affluent de l'Oti). Compte tenu
du régime irrégulier des cours d'eau, la pénurie d'eau est
surtout ressentie en saison sèche.
Le reseau hydrographique est lâche, cependant, on note
quelques cours d'eau saisonniers de moindre importance, tels Kankassi et
Boèdem qui sont des affluents de la rive gauche de la Katcha, puis
d'autres comme Nabolé, Yam, Bonim, Yadji-bobeki, Kpaskou etc.
Ces cours d'eau sont couverts par une végétation
savanienne. En effet, Bassar et son arrière pays (Dimori) disposent
d'une végétation de savane soudanienne.
Autrefois, Dimori avait une végétation de foret
dense. Suite aux changements climatiques associés aux effets
anthropiques, cette végétation est passée d'une
forêt primitive à une savane arborée.
Ainsi à Dimori, le paysage se dégrade suivant la
topographie. On passe de la savane boisée depuis les versants de
collines à la savane arborée de la plaine. Dans la savane
boisée, la densité des arbres est importante (environ 70 % du
recouvrement). On parle aussi de forêt claire. Par contre la savane est
marquée par un faible taux de recouvrement en arbre (30 % environ).
Quant à la strate herbacée, elle est importante
pendant la saison des pluies puis complètement détruite pendant
la saison sèche par les feux de brousse. On y rencontre des forêts
le long de la Katcha, d'autres cours d'eau puis dans certaines
vallées.
Les principales espèces végétales
sont : le Néré (Parkia Clappertoniana), le
Karité (Vitellaria Paradoxa), le Baobab
(Andansonia Digitata), le Teck (Tectona Grandis), le Palmier
à Huile (Elaeis Guineensis), le Rônier (Borassus
Aethiopum), le Manguier (Manguifera Indica) et le Kapokier
(Ceiba Pentendra).
Ces espèces végétales sont
protégées par les paysans en raison de leur utilité
médecinale et surtout alimentaire. Les sols agricoles par excellence se
reconnaissent par le type de végétation qu'il porte ; ainsi,
les sols sur lesquels se développe le Vêne (Pterocarpus
Erinaccus) sont des sols meubles propices à la confection des
buttes.
1.1.4 - Un climat avec une pluviométrie relativement
faible
La Préfecture de Bassar en général et le
canton de Dimori en particulier bénéficient d'un climat tropicale
humide, caractérisé par deux saisons de durée presque
égale, l'une sèche et l'autre pluvieuse.
La saison sèche s'étale sur la période de
novembre à avril. Elle marque le début de l'harmattan, vent
d'origine sahélien. Vent frais, sec et dynamique, il souffle sur la
région pendant 3 à 4 mois. Généralement, il couvre
la période de novembre à février et est bien ressenti
à Bassar comme dans toute la partie Nord du pays. Pendant la
période de l'harmattan, la température moyenne mensuelle avoisine
20°C avec un maximum de 37°C et un minimum de 17°C. Cette
période enregistre les plus fortes amplitudes de l'année.
Cela s'explique par l'échauffement diurne et le
refroidissement nocturne. Quant à la saison pluvieuse, elle commence en
avril et s'étend jusqu'en octobre. Son début est marqué
par des pluies fines qui augmentent en quantité progressivement au fil
des mois suivant que les pluies sont précoces ou tardives. Le maximum
des précipitations se situe entre juillet, août et septembre
comme le montre la figure n°1. Ce maximum vari entre 260 mm et 370 mm. Le
total annuel des précipitations est assez élevé. Il arrive
entre 1 000 mm et 1 700 mm, mais il est mal réparti sur toute
l'année.
Figure n°1 : Diagramme ombrothermique de
Bassar (1990)
Source : Données de l'ICAT Bassar,
2011
La figure n°1 montre le diagramme ombrothermique de
Bassar. En effet, dans cette région, la saison des pluies s'étend
d'avril à novembre avec des hauteurs de pluies variant entre 100 mm et
370 mm avec un pique en juillet ou août.
1.2- Une population diversifiée et
accrochée à la culture du Dioscorea sp
Comme partout ailleurs, la population du canton de Dimori est
composée de plusieurs ethnies et a sa propre histoire.
1.2.1- La composition ethnique et l'évolution de la
population
Plusieurs ethnies forment le canton de Dimori ; mais
comment se sont ils retrouvés là ?
1.2.1.1- Historique du peuplement
Dimori est une terre d'immigration qui, autre fois s'appelait
`'BOTR'' (chefferie chez les Taapu). Progressivement,
`'BOTR'' est devenu `'D'MOL'' qui signifie lutte, que
l'administration transformera en Dimori.
D'après les sources orales locales, deux groupes de
migrants sont à l'origine de la fondation du canton de Dimori. Il s'agit
des Dagomba constitués du clan des Dimori (Bikpadjab) et des Konkomba
qui regroupent le clan des Bissobibe.
Dimori serait d'abord fondé par les Dagomba venus de
Yendi au Ghana ; ils s'installèrent d'abord à Tamane (Nord
de Dimori) avant d'immigrer à Dimori où ils fondèrent le
quartier de Dimori. Par la suite arrivèrent les Bissobibe venus de
Nandouta (Préfecture de Dankpen) ; ils s'installèrent
d'abord à Bitchabombé (canton de Bitchabé) puis à
Dimori. C'est ainsi que d'autres groupes à l'instar des Tamaong (Tamne)
venus de Bidjomamb arrivèrent et constituèrent le
troisième groupe : les Natchamba (frontière Togo-Ghana).
Suite à ces mouvements d'immigration vont se
créer certains villages tels que Katcha-losso et Kountum peuplés
de Lamba et de Peulh et d'autres comme Kankpal, Linatagbande peuplés de
Bassar et de Konkomba.
En effet, l'historique du village est mitigé car les
Dimori (Bikpadjab). Les Bissobibe déclarent mutuellement avoir un
ancêtre fondateur du terroir et c'est ainsi que les terres leur
appartiennent.
Pour être chef canton, il faudrait être né
d'un père ou d'une mère originaire de Dimori (Bikpadjab). Le
premier chef ayant dirigé le canton fut WADJA Nadjaka. Il a
été succédé par d'autres chefs à l'exemple
de TABONA, TOU, DJAMANE, KOUDJOWOU et de WADJA.
A Dimori, malgré leur diversité d'origine, les
populations sont en parfaite symbiose et tissent de bonnes relations de
voisinage.
1.2.1.2- Une croissance démographique assez
importante
La population du canton de Dimori est en perpétuelle
croissance depuis les années 1970 comme le montre le tableau
n°2.
Tableau n°2 : Evolution de la population du
canton de Dimori
Années
|
1970
|
1981
|
2006
|
2007
|
2008
|
Effectifs de la population
|
2 432
|
3 490
|
7 700
|
8 033
|
8 074
|
Source : District sanitaire de Bassar,
2010
D'après le district sanitaire de Bassar, la population
du canton de Dimori est passée de 7 700 hbts en 2006 à 8 033
hbts en 2007 pour atteindre 8 074 hbts en 2008.
La direction de la statistique a estimée cette
population à 2 432 hbts en 1970 et à 3 490 hbts en
1981 ; soit une augmentation de 1 058 bhts en 11 ans. 25 ans
après c'est-à-dire en 2006 il y a eu 4 210 bhts de plus et
deux ans plus tard (2008) la population a augmentée de 374 individus. La
population du canton de Dimori s'est donc accrue à raison de 96
individus par an entre 1970 et 1981 puis 134 individus et 187 individus par an
successivement entre 1981 et 2006 et entre 2006 et 2008. Cette population est
aussi composée des Konkomba, des Bassar, des Taapu qui sont majoritaire
et des migrants (Lamba, Kabyè, Peulh). L'activité principale est
l'agriculture.
1.2.2- Les aspects professionnels et socioculturels du
milieu
1.2.2.1- L'organisation sociale
Le canton de Dimori compte sept villages et une vingtaine de
hameaux.
Le chef-lieu du canton de Dimori compte six (06) quartiers
dont Bissobibe, Kpapool, D'mol, Nawamon, Binatab et Tamaong. Chaque quartier
est dirigé par un chef appelé OUBOR representant le chef canton.
C'est au sein des sages que sont nommés le chef quartier et le chef de
village. Le chef WADJA Tnankpa, le chef canton représente
l'autorité administrative.
Il existe également deux chefs traditionnels
appelés « Roi de terre » : NABIKA et
ASSOUKOULI. Ceux-ci s'occupent des rites des sacrifices. C'est au sein des
familles de ces Rois de terre `'OUTANDAAN'' que se nomment les
successeurs par les charlatans.
A Dimori, la vie sociale est d'une part organisée en
structures lignagères (ensemble de fils se réclamant d'un
même ancêtre), d'autre part, les fils aînés fondent
leur famille en dehors de la cellule familiale au cas où la concession
devient trop petite pour contenir tout le monde. Chaque cellule familiale est
dirigée par un chef appelé `'OUKPL''.
La vie sociale prend en compte les hommes et les femmes,
célibataires ou mariés.
Il y a quelques décennies, les femmes n'étaient
pas considérées au même titre que les hommes ;
aujourd'hui, elles participent aux prises de décisions et à la
gestion des biens du village. Quant aux célibataires, ils sont rarement
invités aux séances de prise de décisions.
Le mariage qui renforce les liens entre les familles se fait
sur présentation de la dot à la famille de la conjointe par le
représentant du conjoint. Aujourd'hui, cette dot devient de plus en plus
rare à cause des concubinages et du fait de l'exode rural.
1.2.2.2- Une population à majorité
paysanne et analphabète
Sur le plan professionnel, la population est composée
de fonctionnaires, de paysans, d'ouvriers et de commerçants. Ceux-ci
sont inégalement repartis dans la population à cause des
penchants pour l'agriculture comme le montre le tableau n°3.
Tableau n°3 : Répartition des 120
producteurs selon la catégorie professionnelle.
Professions
|
Effectifs
|
Pourcentages %
|
Paysans
|
117
|
97,50
|
Ouvriers
|
2
|
1,60
|
Fonctionnaires
|
1
|
0,90
|
Total
|
120
|
100,00
|
Source : Travaux de terrain,
2011
D'après le tableau n°3, les paysans
représentent 97,5 %, les ouvriers 1,6 % et les fonctionnaires 0,9
% ; la forte proportion des paysans montre que l'activité
principale dans le milieu est l'agriculture, notamment celle du Dioscorea
sp. Les fonctionnaires sont principalement les enseignants, les agents de
santé et les encadreurs agricoles ; les ouvriers sont les
maçons, les tailleurs, les menuisiers. Ces catégories
professionnelles pratiquent aussi l'agriculture parallèlement à
leur activité principale. Le pourcentage très élevé
(97,5 %) de paysans traduit l'existence d'une main d'oeuvre agricole abondante.
Cette dernière est relativement jeune, comme le montre la figure
suivante.
Figure n°2 : Répartition des
producteurs selon l'âge
Source : Travaux de terrain,
2011
Il ressort du diagramme de la figure n°2 que 23,33 % des
producteurs ont un âge compris entre 15 et 24 ans, 39,18 % ont entre 25
et 44 ans ; ce qui fait un total de 62,51 % des jeunes. Donc l'âge
modal se situe entre 15 et 44 ans. Cela n'implique pas forcément que les
moins de 15 ans ne cultivent pas le Dioscorea sp ; car notre
questionnaire est principalement destiné aux chefs d'exploitation et
qu'à cet âge les enfants travaillent avec leurs pères.
Sur le plan de l'instruction, la population est en
majorité analphabète comme le montre le tableau n°4.
Tableau n°4 : Niveau d'instruction des
enquêtés
Degré d'instruction
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Analphabètes
|
105
|
87,50
|
Alphabètes
|
15
|
12,50
|
Total
|
120
|
100,00
|
Source : travaux de terrain,
2011
L'analyse du tableau n°4 montre que 87,5 % de notre
échantillon sont analphabètes contre seulement 12,5 % qui sont
instruits. La forte proportion des analphabètes s'explique par le fait
que les populations sont encore réticentes quant à envoyer leurs
enfants à l'école. Quant ils le font, ces derniers abandonnent
avant d'avoir obtenus le certificat de fin d'étude du premier
degré (CEPD). De plus, les travaux des champs occupent les enfants
qu'ils n'ont pas la volonté de continuer les études après
le CEPD. Jusqu'en 2003, il n'y avait pas de collège dans le canton de
Dimori. Pour ceux qui sont alphabètes, nous avons évalué
leur niveau d'instruction dans le tableau n°5.
Tableau n°5 : Répartition des
producteurs alphabètes selon leur niveau d'instruction
Niveau d'instruction
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
1er degré
|
5
|
33,33
|
2e degré
|
10
|
66,67
|
3e degré
|
0
|
0,00
|
Total
|
15
|
100,00
|
Source : Travaux de terrain,
2011
D'après le tableau n°5, plus de la moitié,
soit 66,67 % de ceux qui sont instruits ont fait le second degré, mais
aucun d'entre eux n'a franchit le cap du BEPC.
1.2.2.3- Une société à dominance
animiste
Dimori est une terre cosmopolite à part entière
sur laquelle des peuples issus d'horizons différentes se sont retrouver
pour former la communauté `'Taapu''. En
immigrant, ces peuples ont apportés avec eux leurs divinités qui
sont pour la plupart des fétiches adaptés aux modes de vie de
ceux qui les adorent. C'est ainsi qu'avant l'implantation des premières
écoles par les missionnaires catholiques, toute la population du canton
de Dimori était animiste à 100 %.
Ces missionnaires ont apportés avec eux la religion
catholique qui, à travers les élèves recrutés de
force pour fréquenter ces écoles, a créé et
façonné de nouveaux adeptes de la religion catholique.
Ensuite, à la faveur de la laïcité du
territoire togolais, et grâce au fond koweitien, la religion musulmane
s'est elle aussi implantée à Dimori avec la construction en 2001
de la première et unique mosquée du canton qui se trouve à
côté du marché de Dimori.
La population de Dimori est restée depuis longtemps
majoritairement animiste comme le montre la figure n°3.
Figure n°3 : Répartition des
enquêtés selon la religion
Source : Travaux de terrain,
(2011)
Il ressort de l'analyse de la figure n°3 que 76 % des
enquêtés sont animistes et décident de le rester pour
préserver l'héritage de leurs parents. Les autres religions se
partagent les 24 % restant à savoir 13 % de chrétiens et 11 % de
musulmans.
1.3- Les circonstances sociohistoriques et les
systèmes de culture adoptés
Comme toutes les sociétés, la communauté
concernée par notre étude est passée de la chasse à
l'agriculture. Cette transition aurait été possible grâce
à l'ingéniosité métallurgique de leurs voisins
`'Taapu'' du canton de Bitchabé qui sont eux, par nature,
travailleurs du fer. C'est donc grâce aux outils achetés à
Bitchabé (houes, coupe-coupe, etc.) que l'agriculture est devenue une
activité dans laquelle la culture du mil et du millet occupait une large
place. La culture du Dioscorea sp ne sera adoptée qu'à
la suite d'une crise alimentaire.
1.3.1-De la crise alimentaire à la découverte
du Dioscorea sp
La culture du Dioscorea sp trouverait son origine
lors d'une famine qui aurait sévi dans le milieu. Cette dernière
aurait pour origine une sécheresse doublée d'une invasion des
récoltes de céréales par les sauterelles.
En effet, lors de cette calamité, les gens auraient
mangé les tubercules d'une plante appelée dans le milieu
`'Kpadji'' et en seraient mort. (Il s'agit de Icacina du
Sénégal). Cette plante à tiges herbacées annuelles
poussant en touffe ; les fruits, légèrement sucrés et
peu acides sont consommables ; par contre, le tubercule, d'un goût
aigre et plus acide, consommé, donne des maux de ventre et conduit
à la mort. On comprend dès lors pourquoi les gens en
étaient morts. D'une manière fortuite, les bouviers auraient vu
des singes et des gorilles déterrer les tubercules d'une plante sauvage
pour en manger ; ayant constaté que ces animaux n'en mouraient pas,
ces bouviers auraient imiter les animaux : une nouvelle plante alimentaire
venait d'être découverte. Il fallait donc avoir une nourriture en
abondance. C'est ainsi qu'est née l'idée de cultiver cette
plante. Cette idée répondait à un double
impératif :
- domestiquer le Dioscorea sp afin d'avoir
cette denrée alimentaire en grande quantité ;
- échapper ou du moins atténuer l'effet
néfaste des ravages perpétrés par les criquets sur les
céréales. En effet, si ceux-ci peuvent ravager ces
dernières, leur passage ne causerait aucun dégât à
ce tubercule `'souterrain''.
Cette dernière assertion rejoint celle de DUGAST S.
(1984) cité par KPANTE B. (1996) selon laquelle `'les plantes du
Dioscorea sp sont régulièrement distribués au
Nord de la Préfecture pour limiter le risque que faisaient planer les
invasions de sauterelles à cette région de monoculture de
sorgho'' (DUGAST S., 1984). Ici, il ne s'agit pas d'une introduction du
Dioscorea sp mais d'un renforcement du matériel de plantation
par l'administration coloniale.
Le Dioscorea sp n'est donc pas d'origine
étrangère comme c'est le cas pour le manioc, un tubercule
originaire d'Amérique centrale ; ce que confirme DUGAST S. (1959),
dans `'Economie de l'Ouest Africain'', lorsqu'il affirme que
« l'igname est une plante certainement africaine ».
Tout compte fait, le Dioscorea sp est une plante des
régions chaudes ; dans le cadre de notre étude, c'est la
crise alimentaire qui fut à l'origine de sa découverte et de son
adoption comme culture. Mais comment la cultive- t on ?
1.3.2- Les systèmes de culture adoptés.
La culture du Dioscorea sp étant
découverte, il fallait trouver une technique appropriée à
cette culture. C'est ainsi que selon la disponibilité des terres, la
technique de buttage inscrit dans les systèmes d'assolement biennale,
triennal, quadriennal ou quinquennal et d'association de culture fut
adoptée.
1.3.2.1- Les rotations de culture
La rotation permet de faire succéder sur une parcelle
(sole) une plante épuisante par une plante enrichissante et vice-versa
comme le montre le tableau n°6.
Première année : sur les nouvelles friches,
le paysan met en tête d'assolement le Dioscorea sp à
cause de ses exigences en éléments minéraux. Dans ce champ
de Dioscorea sp, on peut trouver d'autres cultures comme le manioc, le
mil et les légumes.
En deuxième année : les buttes sont
détruites, l'arachide et le sorgho sont semés sur ce champ plat
et non en butte.
La troisième année : le paysan
procède cette fois-ci au billonnage de la parcelle et sème selon
son gré le sorgho, le mil, le maïs, le niébé etc.
C'est à partir de la quatrième année que
commence la jachère dont la durée moyenne est de sept (07) ans.
Quelques fois certaines parcelles en quatrième année portent des
cultures de maïs ou de soja en pure. Ainsi, pour ces deux cultures en
générale et pour le maïs en particulier, l'utilisation des
intrants est indispensable.
La rotation constitue à cet effet pour le paysan un
moyen de lutté contre l'appauvrissement des sols. Cet appauvrissement
est ressenti chez les paysans de Dimori par l'apparition de chiendents
(Impérata Cylindrica) sur les parcelles. Dans ce cas les parcelles
doivent être mise en jachère.
Tableau n°6 : Rotation des principales
cultures
Années de culture
|
Cultures dominantes
|
Parcelles
|
Première année
|
Igname
|
Buttes
|
Deuxième année
|
Arachide, sorgho
|
A plat
|
Troisième année
|
Sorgho ou maïs (en pure), arachide
|
Billons
|
Quatrième année
|
Maïs, soja en pure ou jachère
|
Billons
|
Source : travaux de terrain
(2011)
Il ressort de l'analyse du tableau n°6 qu'au cours de
cette rotation qui dure quatre ans environs, le paysan fait la première
année le Dioscorea sp qui est une plante appauvrissante ;
la deuxième année il met l'arachide qui elle est une plante
enrichissante parsemé de sorgho dont la récolte aidera pendant la
période de soudure. La troisième année, le paysan cultive
le maïs ou le sorgho seul ou encore de l'arachide et la quatrième
année, lorsque le sol est complètement épuisé il
met le soja qui n'est pas trop exigeant avant de laisser le sol au repos pour
une durée de sept (07) ans en moyenne.
1.3.2.2- Les associations de culture avec le Dioscorea
sp
A l'exception du soja, 90,6 % de nos enquêtés
apprécient le système d'association. L'association des cultures
en pays Bassar est une pratique très ancienne. En effet, dans cette
association, on distingue la culture principale à laquelle l'on associe
une autre dite secondaire ou intercalaire. Cette association a plusieurs
avantages dans le milieu rural où l'on pratique une culture
extensive.
Lorsque l'une des récoltes principales ou secondaire
donne de mauvais rendements par suite d'une sécheresse, ce qui est
d'ailleurs fréquent, la superficie correspondante n'est pas pour autant
perdue ; autrement dit cette association de compensation est une technique
culturale qui permet d'obtenir des rendements appréciables.
Conclusion partielle
Le canton de Dimori fait partie de l'unité
morphologique de la partie centrale des monts du Togo principalement dans la
série de Buèm et sur des couvertures sédimentaires. C'est
une succession de collines aux pentes légèrement inclinées
qui font descendre des éléments nutritifs aux sols en aval
permettant ainsi l'enrichissement des terres et par conséquent la
possibilité d'une agriculture, surtout calquée sur la culture du
Dioscorea sp.
Une population diversifiée et cosmopolite depuis les
origines du village conjuguée aux activités professionnelles et
socioculturelles du milieu devraient être des atouts au
développement de la culture du Dioscorea sp et des autres
denrées alimentaires, mais l'analphabétisme et la dominance de la
religion animiste avec ses superstitions, ses tabous et interdits font que,
depuis la découverte du tubercule de Dioscorea sp
jusqu'à nos jours, les systèmes de culture adoptés n'ont
pas évolués pour permettre une augmentation de la production.
CHAPITRE 2 : LA PRODUCTION DU DIOSCOREA SP
DANS
LE CANTON
DE DIMORI
2.1- Des techniques de production peu efficaces
Comme dans tous les pays en voie de développement, les
techniques et le matériel utilisés ne sont pas en
adéquation avec les types de cultures ; ce qui conduit d'habitude
à des pertes de temps et à des rendements médiocres.
2.1.1- Le caractère rudimentaire de l'outillage
Le pays Bassar bénéficie de l'existence des
gisements de fer de Bangeli, gisement dont l'exploitation artisanal a fourni
pendant longtemps la matière première à la fabrication
des outils. `'Les Bassar étaient donc parti favoris pour les
activités agricoles car dans leur rangs se trouvaient des
métallurgistes. D'eux et d'eux seul dépendait la fourniture d'un
outillage de qualité pour cultiver la terre (CORNEVIN R., 1962). Ils ont
su s'adapter à leur milieu et se sont très tôt
distingués des régions environnantes quant à la fourniture
des outils agricoles parmi lesquels on peut citer :
- la grande houe
(Dikuntandjal) : elle sert au buttage, au
billonnage et à la préparation des champs de sorgho. C'est un
outil primordial pour le paysan ;
- la moyenne houe (Kikuntanwayi) : cette
houe est fabriqué sur le même modèle que la grande houe,
sauf qu'elle est utilisée par les jeunes pour le buttage ;
après deux ou trois saisons culturales, Kikuntanwayi sert surtout au
sarclage, mais elle peut être utilisée aussi dans les travaux de
labour et de défrichement ;
- la petite houe (Bagbékou) : elle
est utilisée par les deux sexes pour le sarclage seulement, mais on peut
dire qu'elle est plus utilisée par les femmes parce que c'est un outil
plus facilement maniable par le sexe féminin ;
A côté de ces principaux outils de culture, il en
existe d'autres non moins importants.
- la hache (Kitchoco et Tchéku) :
on distingue deux types de haches : la hache féminine et la hache
masculine. La hache masculine exclusivement utilisée par les hommes est
un outil plurifonctionnel. Elle sert à couper à tailler ou
à sculpter. Elle est appelée `'Kitchoco''. Elle sert
aussi à déterrer les nouveaux Dioscorea sp, dans ce cas
précis les paysans mettent la lame sur un bois vertical.
La hache féminine `'Tchéku'' comme son
nom l'indique, les femmes l'utilisent pour chercher du bois de chauffe. Elle
intervient aussi dans la culture sur brûlis,
- le coupe-coupe (Kpatcha) : il est le
premier outil que le paysan cherche quand il se prépare pour son champ,
il est également un outil de défense. Il sert à couper les
herbes et les arbustes ;
- `'Taata'' :
c'est un outil utilisé pour faire coucher les herbes avant de
défricher. Il est formé d'un bâton et d'une corde à
dimensions variables. A chaque extrémité du bâton, on
attache un bout de la corde. Pour travailler, le paysan tient la corde et met
son pied sur le bâton qui est posé sur les herbes. Ainsi il faut
coucher les herbes avant de revenir les défrichées avec la
moyenne houe (MARTINELLI B.,1984). Ces outils sont très importants pour
le paysan car ils ont des utilités différentes comme le montre le
tableau n°7.
Tableau n°7 : les outils et leur principales
utilités.
Outils
|
Nom local
|
Utilités principales
|
Grande houe
|
Dikuntandjal
|
Buttage ; billonnage
|
Moyenne houe
|
Kikuntanwayi
|
Buttage ; billonnage pour les jeunes
|
Petite houe
|
Bagbékou
|
Sarclage
|
Hache
|
Kitchoko et tchékou
|
Coupe ; sculpture ; déterrement des
ignames
|
Coupe-coupe
|
Kpatcha
|
Défense ; coupe des herbes et arbustes
|
Bâton à couché l'herbe
|
Taata
|
A coucher l'herbe avant le défrichage
|
Source : Travaux de terrain,
2011
Le tableau n°7 montre que dans l'ensemble, six (06)
outils principales sont utilisés par les paysans de Dimori avec des
utilités spécifiques à chacun d'eux. Mais Ceci
n'empêche pas que certains de ces outils soient utilisés à
défaut de ceux destinés à la tâche principale. C'est
le cas par exemple des différents types de houes que le paysan
possède et qu'il peut utiliser à sa guise comme le montre la
photo n°1.
Photo n° 1 : photo des outils utilisés
à Dimori
Source : Cliché de l'auteur ;
photo prise en octobre 2011
Ces outils traditionnels sont les seuls moyens qu'utilisent
les paysans de Dimori.
Selon l'importance des surfaces cultivées, les outils
souvent traditionnels, la nécessité de réaliser certains
travaux dans un laps de temps, à une période bien
déterminée du cycle cultural, exige des prestations de travail en
groupe interne ou externe à l'unité de production.
2.1.2- Une organisation peu dynamisante du travail
2.1.2.1- Le mode d'acquisition des terres agricoles
Les exploitations de Dioscorea sp sont pour la
plupart des cas familiales. A Dimori, la terre appartient au roi de terre
appelé `'OUTANDAAN''. L'appropriation des terres de culture se
fait sans contrat avec les rois de terre ; la terre n'est pas vendue. Elle
est acquise soit par héritage car cette dernière est un bien
familial ou clanique en pays Bassar, soit par don ou emprunt selon les
relations qui lient les deux parties. La figure n°4 montre l'importance
relative de chacun de ces modes d'acquisition dans le canton de Dimori.
Figure n° 4 : Mode d'acquisition des
terres
Source : travaux de terrain,
2011
La figure n°4 ci-après indique que la
majorité, soit 64 % des enquêtés ont acquis les terre par
héritage de leurs ancêtres ; 23 % et 13 % respectivement par
le don et l'emprunt car ces deux dernières options sont celle des
immigrés.
Ceci révèle que la terre n'est pas encore une
marchandise et ne fait pas l'objet de spéculation dans le canton de
Dimori. Cependant, ce qui est important de remarquer dans ce contexte, c'est
que le système foncier est tel que l'on cède la terre à
qui veut la mettre en valeur. Les conditions de cession ne sont pas
associées au coût et les relations entre les
bénéficiaires et le donateur ne sont autres que celles
qu'entretiennent les populations autochtones. Le niveau d'intégration
des migrants est tel qu'il n'est pas facile, à première vue, de
les différencier des autochtones. C'est dans ce contexte social que
s'organise le travail.
2.1.2.2- L'organisation du travail
L'organisation des opérations culturales est
régit par le chef de ménage qui est en même temps le chef
d'exploitation. C'est ainsi qu'il détermine la parcelle à
cultiver, sa superficie et la quantité de la production destinée
à la vente. Toute la famille travaille sur l'exploitation ; mais
d'autres formes collectives de travail s'observent de nos jours dans le milieu
à savoir :
- l'entraide : c'est une organisation très
ancienne qui repose sur la solidarité du clan ; les paysans
travaillent à tour de rôle dans les champs. C'est également
une organisation philanthropique puisque les membres peuvent aller travailler
dans le champ d'un membre du clan qui est malade ou absent et même dans
celui d'un vieux travaillant seul ; il n'y a pas de
rémunération à la fin du travail seulement le
propriétaire du champ assure la restauration. Cette forme d'organisation
porte dans le milieu le nom de `'D'kpaméle''.
- `'N'doboï'' : importée du
Ghana, elle est une forme récente d'entraide ; ici, les paysans
sont en nombre restreint, généralement 4 à 8 personnes.
Ils travaillent aussi à tour de rôle ; mais elle
diffère nettement de la première forme.
En effet, elle est plus rigoureuse car il faut être
ponctuel pour le travail ; par ailleurs, elle engage moins de frais car
les seuls dépenses à effectuer portent sur la nourriture
à servir aux membres durant leur prestation. Or, dans la première
forme, en plus de cette nourriture, il faut très souvent préparer
de la boisson qui sera bue au retour du champ.
- le métayage ou `'Pah'' : c'est
une forme d'activité à but lucratif ou salarial ; il
présente deux cas de figures :
Dans le premier cas, le chef d'exploitation engage des gens
qui travaillent journalièrement selon une redevance financière
fixée ; cette dernière est déterminée en
fonction de la durée et de la nature du travail à faire. Ce cas
de figure importé du Ghana est appelé `'by day''.
Dans le second cas, le prix du travail est fixé selon
la superficie et la nature de celui-ci ; actuellement, il s'agit des
buttes dont une seule bien confectionnée coûte15 à 25 FCFA.
Ce n'est pas un prix fixe mais un prix débattu, c'est-à-dire
celui qui est obtenu par consensus après marchandage. Le ou les
travailleurs engagés peuvent achever leur tâche au bout d'une
journée ou d'une semaine selon la superficie ou le nombre de buttes
à confectionner et le salaire est fonction de ce nombre. Le plus
souvent, les travailleurs sont des gens venus d'autres villages plus ou moins
lointains en quête de travail rémunérateur ; ce
deuxième cas de figure tend à disparaître au profit du
premier du fait que les travailleurs engagés sont logés ni nourri
par le chef d'exploitation. Ceux-ci peuvent faire traîner le travail afin
de bénéficier de ces avantages ; or dans le premier cas, le
travailleur n'est pas logé et nourri, du moins en dehors du temps de
prestation sur l'exploitation, de plus, le travail est vite accompli car le
travailleur est payer selon le nombre de buttes fabriquées. Ainsi, plus
il travaille vite, plus il édifie un nombre élevé de
buttes. Et par conséquent, plus il a une rémunération
élevée.
Ces pratiques telles que `'N'doboï'',
`'Pah'' et `'By day'' sont
importées du Ghana pour deux raisons : d'une part, le canton de
Dimori fait frontière avec ce pays ; d'autre part, la plupart des
gens du canton ont vécu au Ghana où ils ont travaillé dans
les plantations de café et de cacao : fuyant les exactions
coloniales et même post-coloniales, certains s'y rendaient, d'autres y
allaient pour chercher du numéraire afin de pouvoir payer soit
l'impôt de capitation, soit la dot.
Dans l'ensemble, c'est une organisation traditionnelle
fondée sur la solidarité, l'union et la cohabitation pacifique du
milieu ; seule la troisième forme d'organisation est à but
salarial et c'est la plus pratiquée de nos jours comme le montre la
figure n°5.
Figure n° 5 : Forme d'organisation du
travail
Seul
13%
Avec la famille
23%
Entraide
15%
Métayage
49%
Source : Travaux de terrain,
2011
Il ressort en effet des données de la figure n°5
que près de la moitié, soit 49 % des enquêtés ont
recours au métayage pour les raisons suivantes : manque de mains
d'oeuvre familiale, car les enfants sont soit partis en ville pour
étudier, soit partis en aventure ou encore se sont
détachés de l'exploitation familiale. Seulement 23 % travaillent
avec la famille ; 13 % travaillent seul et 15 % ont recours à
l'entraide.
2.1.2.3- L'efficacité des outils face aux
opérations culturales
Que ce soit la houe, le coupe-coupe, la hache, la daba ou le
couteau, ces outils sont rudimentaires, comme nous l'avons signalé plus
haut, et inefficaces. Cette inefficacité ralentit
considérablement la réalisation à temps, des
opérations culturales telles que le défrichage, le buttage et le
sarclage (tableau n°8), ce qui explique en partie la faiblesse relative
des superficies cultivées malgré un long temps passé sur
l'exploitation.
Tableau n° 8 : Calendrier des
opérations agricoles de la culture du Dioscorea sp
Périodes
|
mi-Sept à
mi-Nov.
|
Mi-Nov à mi-Janvier
|
mi-Janv. à Février
|
Mars
|
Avril à mi-Juin
|
Mi-juin à mi-Juillet
|
Mi-juillet à mi-Sept
|
Opérations
culturales
|
défrisage
|
Buttage
|
Grande récolte de la campagne
précédente
Préparation des semenceaux
|
Bouturage ou plantation
|
Lutte contre la chaleur ou coussinage
Tuteurage
|
Sarclage
Découssinage
Orientation
Des plantes sur le tuteur
|
Récoltes
précoces
|
Source : travaux de terrain ;
2011
Le tableau n°8 illustrent les temps passés sur les
exploitations de Dioscorea sp et les opérations culturales qui
sont accomplis tout au long de la campagne agricole.
En effet, selon ce tableau, les opérations culturales
s'étendent sur toute l'année c'est-à-dire du moi de
Septembre au moi de Septembre de l'année suivante, même si le
champ n'est que de petite taille.
Figure n° 6 : Diagramme de répartition
des enquêtés selon les superficies cultivées
Sources : Travaux de terrain,
2011
Le diagramme de la figure n°6 fait ressortir la
répartition des producteurs selon la taille des exploitations. En effet,
seulement 7,5 % des producteurs enquêtés emblavent plus de 5
hectares pour la culture du Dioscorea sp, 14,17 % emblavent entre 3
à 5 ha et 49,16 % et 29,17 % en emblavent respectivement entre 1
à 2 ha et moins d'un hectare.
Ainsi, il faut à un paysan environ 1 à 2
semaines pour défricher une parcelle de 0,25 ha, 2 à 3 semaines
pour édifier les buttes sur cette même superficie et 3 à 6
jours pour le sarclage. Le tuteurage peut duré environ 2 semaines car,
le paysan doit couper des arbustes, les transporter et les piquer un à
un sur les buttes. De toutes ces opérations, le buttage prend plus de
temps parce que la confection des buttes est plus difficile pour le paysan qui
n'a pour outils que la daba, la hache et le coupe-coupe ; il se sert du
premier outil pour prendre la motte de terre et des deux derniers pour
dessoucher ou couper les arbustes encombrants.
Le tableau n°8, montre par exemple que le
défrichage s'étend de mi-septembre à mi-novembre. Mais, au
cours de ces différentes périodes inscrites, le paysan peut
travailler aussi dans son champ de maïs, d'arachide, de mil ou de
soja ; de plus, les opérations agricoles correspondantes peuvent
être décalées selon les intempéries ou les
aléas climatiques. Mais au fait, en quoi consistent les
opérations culturales ?
2.1.3- Le caractère ingénieux des
opérations culturales
Le défrichage et le buttage, techniques de
préparation du sol, ont très souvent lieu, respectivement en
saison sèche et en saison pluvieuse. La première qui consiste
à débroussailler une parcelle permet une meilleure
aération, un enrichissement du sol en azote et autres
éléments fertilisants grâce au pourrissement des herbes
ainsi débroussaillées ; par ailleurs, elles recouvrent le
sol pour conserver son humidité.
Pour que ces différentes opérations se
réalisent bien, il faut des modes de culture adéquats.
2.2- Les modes de culture adoptés
La culture du Dioscorea sp nécessite des
procédés délicats et appropriés pour sa bonne
réussite.
2.2.1- Les différentes étapes de la culture
du Dioscorea sp
Il s'agit en fait de la préparation du champ, de
l'entretien et de la récolte.
2.2.1.1- Les préparations des champs,
l'entretien et la récolte
De ces activités premières qui débutent
des la fin de la saison précédente dépendent la
qualité et le rendement de la production. Toute pratique agricole chez
les Bassar commence par les préparations des champs.
Ainsi, pour la rotation de base caractérisée par
la culture du Dioscorea sp, la préparation du sol se
résume au défrichement.
- Le défrichement (N'kpatam)
C'est la première activité quand on veut faire
un champ de Dioscorea sp. Elle consiste à l'enlèvement
de la couverture végétale sur la parcelle à cultiver. Le
défrichement commence avec les dernières pluies. Pour
débroussailler, le paysan utilise d'abord un bâton lié
à une corde et placé horizontalement ; ce bâton lui
permet de faire coucher la friche. Après ce travail préliminaire,
le paysan utilise la petite houe pour enlever l'herbe et son faisceau
racinaire. Le coupe-coupe est également utilisé pour couper les
arbustes qui serviront de tuteurs aux futures boutures. Les feuilles des
arbustes et les herbes sont judicieusement étalées sur le sol
afin de protéger celui-ci contre l'évaporation de
l'humidité des dernières pluies. Les grands arbres pouvant
gêner la culture sont brûlés à leur base par les
femmes. Ils perdent ainsi leurs feuilles et meurent. Seuls sont
conservés le Néré, le Karité et
l'Afzélia africana. Si les deux premiers sont utiles pour leurs
fruits, le troisième est l'arbre protecteur qui abrite les esprits des
génies de la brousse. Après ce défrichement, le paysan
passe au buttage.
- Le buttage ou Anopo
C'est le travail le plus dure et par conséquent le plus
fatigant. Il se fait avec la grande houe (Dikuntandjal). Avant de
commencer ses buttes, le cultivateur brûle les herbes
défrichées. Ce brûlis se fait sur une surface qui est
proportionnelle à la capacité de son travail quotidien afin
d'éviter le durcissement du sol. La parcelle devant servir de buttage se
prépare la veille. Les buttes de Dioscorea sp sont de forme
conique, la base a généralement un diamètre de 1 à
1,40 mètres alors que la hauteur est d'environ 0,70 mètre. Les
buttes se terminent par une motte de terre déposée au sommet.
Cette motte joue le rôle protecteur pendant les travaux de paillage. Les
buttes ne sont pas désordonnées, elles sont bien disposées
et rangées avec de petites allées intercalaires comme le montre
la photo n° 2.
Photo n° 2 : Préparation du sol et
buttage à Dimori
Source : Cliché de l'auteur, photo prise en
octobre 2011
Après le buttage, le Dioscorea sp est
plantée entre décembre et avril. Toutes fois, les paysans
retardataires sont obligés de butter et planter au cours des
premières pluies c'est-à-dire entre Mars et Avril.
- Le bouturage et le paillage ou D'nobukul
Le travail de mise en terre des boutures (Anogbin)
est celui des hommes. Après avoir creuser la butte à son sommet,
le paysan y met une bouture et ensuite le trou est soigneusement
remblayé afin de ne pas exposer la bouture à la chaleur du
soleil. Le paillage peut se faire immédiatement après le
bouturage ou quelques semaines après. Le paillage consiste à
mettre quelques feuilles en dessous de la motte de terre couvrant le sommet de
la butte (Photo n°3). Il sert à protéger le jeune plan de
Dioscorea sp de la chaleur. Après le paillage, il ne reste plus
qu'à mettre les tuteurs et ensuite les travaux d'entretien commencent
par le sarclage. Le second sarclage qui coïncide avec la culture du mil
associé dans le champ de Dioscorea sp se fait au mois de
juillet avec les fines pluies de ce mois.
Photo n° 3 : Nouvelles buttes paillées
à Dimori
Source : cliché de l'auteur photo
prise en septembre 2011
Le paillage n'exige pas les feuilles d'une plante
spécifique. Il se fait avec les feuilles de n'importe quelle plante,
sauf qu'il faut s'assurer que la butte est bien protégée et que
le jeune plant n'aura pas du mal à pousser.
- le tuteurage ou T'siil
C'est une opération très importante pour un bon
rendement et pour une espèce donnée de Dioscorea sp.
Selon une étude réalisée au Bénin par Hamon et al
(1986), le tuteurage a un effet positif sur le taux de survie des Dioscorea
sp et le rendement en tubercules à travers les raisons
suivantes :
. les plantes forment facilement des
feuilles et sont plus exposées au soleil pour une bonne
photosynthèse ;
. après la levée, les
jeunes tiges de Dioscorea sp ne s'étalent pas sur le sol
où elles risquent de subir des brûlures liées à la
sècheresse ;
. le tuteur protège la tige du
Dioscorea sp contre les vents forts qui peuvent facilement la
casser.
Le tuteurage consiste à planter une tige de bois sur ou
à côté de la bute de Dioscorea sp, tige sur
laquelle le jeune plant de Dioscorea sp pourra se hisser afin
d'éviter les mauvaises herbes qui risquent de l'étouffer s'il
rampait sur le sol.
- Le sarclage ou D'cotl
Pour que les plantes de Dioscorea sp puissent se
développer, elles ne doivent pas être en contact avec les herbes
qui ont une influence négative sur elles et le développement des
tubercules.
A cet effet, la période critique d'interférence
des mauvaises herbes sur les Dioscorea sp se situe entre 3 et 16
semaines après la plantation des semenceaux. Ainsi, on évalue
l'incidence des mauvaises herbes à près de 35 % de
réduction du rendement en tubercules. C'est pourquoi il faut
désherber deux ou trois fois le champs de Dioscorea sp avant la
récolte. Mais à Dimori un seul sarclage suffit et ensuite vient
l'association de mil ce qui laisse parfois des champs mal entretenus comme le
montre la photo n°4.
Photo n° 4 : Champ de Dioscorea sp
mal entretenu
Source : Cliché de l'auteur, photo
prise en septembre 2011
Lorsque l'herbe gagne un champ de Dioscorea sp comme
sur cette photo, la synthèse chlorophyllienne est mal assurée,
les feuilles jaunissent et la croissance des tubercules se ralentie. Et
même si le sarclage intervient ensuite comme ici, cela n'empêche
pas que la récolte soit mauvaise.
- L'association de mil ou Diyotchétl
Comme nous l'avons signalé plus loin, la culture du
Dioscorea sp dans le canton de Dimori se fait soit en pure ou le plus
souvent en association avec d'autres plantes. En effet, pour combler le manque
de nourritures en Dioscorea sp lorsque les pluies ne sont pas
favorables pour permettre le développement des tubercules, les paysans
associent la culture du petit mil, une plante des sols arides avec le
Dioscorea sp.
L'association se fait à la mi-juillet avec les pluies
fines de la mousson. Le semis se fait à la jetée et tout en
enlevant les herbes qui ont éventuellement pu repousser après le
dernier sarclage. Le paysan racle les flancs des butes pour recouvrir les
graines de mil jetées avec le sable. C'est pendant cette
opération que le paysan goûte ses premiers tubercules de
Dioscorea sp.
- La phase des récoltes
Elle a lieu en juillet si les conditions
pluviométriques sont favorables. C'est le chef de ménage qui
assure la première récolte car avant de déterrer le
premier tubercule, il faut prononcer des incantations à l'endroit de la
butte. Il se sert alors d'un coupe-coupe le matin de bonne heure ou
l'après midi quant le soleil est à l'horizon puisque selon la
tradition, quand le soleil est haut dans le ciel, les tubercules `'partent au
marché'' et il ne reste plus que les tubercules de petite taille. Donc,
muni d'un coupe-coupe, le paysan s'accroupit devant la butte avec le dos au
soleil et commence à creuser. Une fois le tubercule découvert, il
coupe le cordon de la tige de la plante, enlève le tubercule avant de
refermer la butte tout en prenant soin de replacer le bout du cordon
coupé dans la butte.
Figure n°7 : Schéma des
différentes étapes de la culture du Dioscorea
sp
La culture du Dioscorea sp suit plusieurs étapes
dont les principales sont inscrites sur le schéma suivant.
Débroussaillage
Buttage
Coupe des arbustes
Bouturage
Paillage
Sarclage
Tuterrage
Récolte
Culture de mil
.
Source : Travaux de terrain,
(2011).
D'après la figure n°5, la culture du Dioscorea
sp comporte six (06) étapes principales à savoir le
débroussage ; le buttage ; le bouturage ; le
paillage ; le sarclage et la récolte. Ces étapes sont
entrecoupées de certaines étapes subsidiaires comme la coupe des
arbustes qui se situe entre le débroussaillement et le buttage, le
tuteurage qui se situe entre le paillage et le sarclage te enfin l'association
de la culture de mil qui elle se trouve entre le sarclage et la récolte
2.2.2- La disparition progressive de la jachère et
l'appauvrissement des sols
Pour un bon rendement, l'igname doit être
cultivée dans une zone à précipitations plus ou moins
forte caractérisée par une saison sèche ne
dépassant pas 5 mois et une saison pluvieuse d'au moins 5 mois pour
combler les exigences sur le plan édaphique. Par exemple, le
Dioscorea sp donne de bons rendements sur un sol riche en potasse et
dont le PH (qui permet de mesure l'acidité, la basicité ou la
neutralité du sol) est compris entre 6 et 7. Sa culture nécessite
aussi un sol vierge c'est-à-dire non encore exploité car
après un ou deux ans d'exploitation, le sol devient pauvre pour la
culture du Dioscorea sp. Il faut donc défricher une nouvelle
parcelle.
Mais à cause de l'évolution assez rapide de la
population et étant donné que presque toute la population de
Dimori cultive le Dioscorea sp, le problème de la
disponibilité des terres de culture qu'exige le Dioscorea sp se
pose. Donc si nous prenons une parcelle d'un paysan qui respecte toutes les
opérations culturales en rotation ; il laisse cette parcelle au
bout de trois ans en jachère pour qu'elle puisse se reconstituer.
Cependant, en moins de deux ans si les conditions pluviométriques sont
favorables, un autre paysan viendra l'exploiter à son tour pour une
durée de trois ans et progressivement le sol s'appauvris.
La disparition de la jachère s'apprécie sur les
plans quantitatif et qualitatif ; sur le plan quantitatif, les
jachères sont de moins en moins nombreuses à cause de
l'insuffisance des terres. Cela a une incidence négative sur la
qualité de la jachère car le cultivateur est obligé
d'exploiter une jeune jachère où le sol est à peine
reconstitué.
C'est dire que l'appauvrissement du sol consécutif au
recul de la jachère suite à l'accroissement de la population, est
un fondement édaphique de l'amélioration des techniques de
culture du Dioscorea sp.
L'accroissement de la population n'a pas seulement
engendré le recule de la jachère, il a aussi suscité des
litiges fonciers qui ont conduit à la réduction des
exploitations.
2.3- Les crises foncières et l'atomisation des
exploitations
Les litiges fonciers n'existaient pas dans le canton de
Dimori jusqu'aux années 90. Une cohabitation pacifique existait entre
les paysans de toutes ethnies jusqu'à ce que la démocratie et le
multipartisme ne viennent changer la donne, car à Dimori, l'on donnait
la terre aux nécessiteux. Suite à la pression
démographique et aux penchants politiques, ces litiges fonciers ont
commencé par surgir et se traduisent par des disputes entre paysans
(autochtones et immigrants ; autochtones de différents clans)
à propos des terres cultivables.
En effet, les problèmes et les querelles naissent entre
les cultivateurs surtout lors des défrichements de nouvelles portions de
terres pour les champs de Dioscorea sp, car la culture de cette plante
se fait de façon itinérante pour les raisons décrites
précédemment. Même si ces litiges ne sont pas très
importantes comme ailleurs, le tableau n°9 nous permet d'en mesurer
l'ampleur.
Tableau n°9 : Evaluation de l'ampleur des
litiges fonciers
Modalité
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Paysans ayants des litiges fonciers
|
32
|
26,67
|
Paysans n'ayants pas de litiges fonciers
|
88
|
73,33
|
Total
|
120
|
100,00
|
Source : travaux de terrain,
2011.
D'après le tableau n°9, le nombre de
cultivateurs n'ayant pas connu de litiges fonciers est très important.
Ils représentent 73,33 % de nos enquêtés. Mais, ce chiffre
ne cache pas pour autant le problème car les cultivateurs qui en ont ne
sont négligeables non plus (26,67 %). Le phénomène peut
aller en s'amplifiant et à court ou à moyen terme, presque tous
les producteurs de Dioscorea sp devront faire face au
même problème car la méfiance et l'ethnocentrisme se lisent
sur les visages et dans les paroles des autochtones vis-à-vis des
immigrés. De ce fait, les paysans ayant connu ces litiges fonciers non
résolus, sont dans l'obligation de réduire
considérablement la taille de leurs exploitations. Ceci pour ne pas
susciter la jalousie ou la convoitise de la part des propriétaires
terriens ou des autochtones n'appartenant pas au même clan car selon
notre enquête, 53, 12 % de ceux qui ont des litiges fonciers, les ont
avec les propriétaires et seulement 21,88 % les ont avec un autre
clan.
Pour enrayer ce phénomène ou l'atténuer
au cas échéant, il faut envisager une nouvelle technique
d'utilisation du sol basée sur son occupation par les plantes, notamment
le Dioscorea sp. Cette technique suppose un rapport suffisant
de fertilisants ; cela permettrait de cultiver aussi longtemps que
possible le Dioscorea sp sur une parcelle donnée. Mais,
à cause des variétés de Dioscorea sp
cultivées, cela est il possible ?
2.4- Les variétés de Dioscorea sp
cultivées
Il existe plusieurs variétés de Dioscorea
sp cultivées à Dimori ; mais parfois les mêmes
variétés peuvent avoir des noms différents selon le
milieu.
En général, nous pouvons distinguer les
variétés à foufou qui appartiennent à
l'espèce complexe Dioscorea rotundata-cayenensis et les autres
qui ne conviennent pas au foufou et dont la plupart appartiennent à
l'espèce Dioscorea alata. (ICAT, Bassar, 1989).
L'espèce rotundata-cayenensis regroupe en
effet les Dioscorea sp cultivées dont les tubercules
pelés et bouillis se prêtent bien au pilage. Nous avons
dénombré à Dimori plus de 300 cultivateurs de
l'espèce D. rotundata-cayenensis suite à une prospection
et collecte réalisées en 1989 par l'INPT. Un effectif de
1 800 accessions de Dioscorea sp cultivées avait
été collecté dont 1 500 accessions de D.
rotundata-cayenensis. Les principaux éléments de cette
espèce cultivés à Dimori sont consignés dans le
tableau n°10. Les rendements moyens ont été estimés
entre 6 et 12 tonnes par hectare pour le D. rotundata-cayenensis
(ICAT, Bassar).
Tableau n°10 : Les variétés de
D. rotundata-cayenensis cultivées à Dimori
variétés
|
Principales caractéristiques
|
Laboco
|
Précoces, bon foufou, bonnes frites
|
Kpitenki
|
Bon foufou, plusieurs tubercules
|
Baffor
|
Bon foufou
|
Apono
|
Gros tubercules, bon foufou
|
Moniya
|
Gros tubercules
|
Katala
|
Bon rendement, bon foufou
|
Nimon
|
Gros tubercules, bonne commercialisation
|
Kplindjou
|
Bon rendement
|
Tinofin
|
Bon rendement
|
Kéké
|
Plusieurs tubercules
|
Atakab
|
Résistance à la calebasse
|
Source : Travaux de terrain,
2011
Au total, nous avons 11 éléments de
l'espèce D rotundata-cayenensis répertoriés
jusqu'à nos jours dans les habitudes culturales des paysans de Dimori.
Certains de ces éléments ont des particularités comme le
laboco qui est parfait au pilage (foufou) et à la friture,
Nimon qui a un bon rendement, Atakab qui est résistant
et d'autres particularités encore. Cette espèce est très
différente de l'espèce D alata par la forme dont les
particularités des variétés sont parfois similaires comme
le montre le tableau n°11.
Tableau n°11 : Les variétés de
D. alata cultivées à Dimori
Variétés
|
Principales caractéristiques
|
Gbendile
|
Bonne conservation
|
Lambor
|
Bon goût
|
Tchitchiboka
|
Précoce
|
Ipodja
|
Bon rendement
|
Akaba
|
Bon rendement
|
Mantchasse
|
Gros tubercules, bon rendement
|
Source : Travaux de terrain,
2011
Le tableau n°11 montre les variétés de
l'espèce D alata cultivées à Dimori et leurs
principales caractéristiques. En effet, nous avons enregistré six
(06) variété de cette espèce au cours de notre
enquête avec des particularité comme bonne conservation pour la
variété Gbendle ; bon goût pour
Lambor ; bon rendement pour Ipodja et
Akaba et gros tubercules pour la variété
Mantchasse.
2.4.1- Les variétés locales cultivées
à Dimori
Ce sont des types de Dioscorea sp appartenant
généralement à l'espèce Dioscorea rotundata
cayénensis cultivés à Domori et qui sont en relation
avec les conditions climatiques et édaphiques du milieu.
En effet, étant donné les exigences en eau et
en matières minérales du Dioscorea sp, certaines
variétés cultivées spécialement dans la
préfecture de Bassar et particulièrement dans le canton de Dimori
possèdent des saveurs, des aptitudes à la production et cycles
qui sont intimement liés à la composition minéralogique
des sols et à la pluviométrie. C'est le cas par exemple du
Laboco, Kéké, Nimon, Kinoman, Lambor
etc. comme le montre le tableau n°12.
Tableau n°12 : Caractéristiques des
variétés locales de Dioscorea sp cultivées
à Dimori
variétés
|
Cycle en mois
|
Rendements en T/ha
|
Aptitude à produire
|
Laboco
|
6 à 7
|
8 à 10
|
Moyenne
|
Kpitenki
|
6 à 7
|
8 à 10
|
Moyenne
|
Baffor
|
6 à 7
|
8 à 10
|
Moyenne
|
Apono
|
10 à 12
|
12 à 15
|
Bonne
|
Moniya
|
10 à 12
|
12 à 15
|
Bonne
|
Katala
|
10 à 12
|
10 à 15
|
Bonne
|
Kplindjou
|
10 à 12
|
10 à 14
|
Bonne
|
Tinofin
|
10 à 12
|
10 à 14
|
Bonne
|
Kéké
|
10 à 12
|
10 à 13
|
Bonne
|
Atakab
|
10 à 12
|
10 à 13
|
Bonne
|
Source : Travaux de terrain,
2011.
Le tableau n°12 montre les caractéristiques des
variétés locales surtout de l'espèce D
rotundata-cayenensis cultivées à Dimori. Il faut
noter la similitude des caractéristiques de certaines
variétés telles que Laboco, Baffor et
Kpintenki qui ont le même cycle en mois (6
à 7 mois), le même rendement (8 à 10 T /ha) et les
mêmes aptitudes à la production c'est-à-dire moyenne.
Les exigences en sol et en eau donne surtout au
Laboco sa saveur sucrée et sa flexibilité quand le
tubercule est bouillis et pilé (foufou), à la
variété Nimon sa douceur, comme son nom l'indique en
vernaculaire.
Ce sont toutes ces particularités qui font que toutes
les Dioscorea sp de Bassar en général et le Laboco en
particulier sont appréciés sur le plan national au Togo et
même à l'étranger.
2.4.2- Les variétés améliorées
et importées
Contrairement aux précédentes, les
variétés améliorées sont importées
d'ailleurs et adaptées aux sols de Dimori.
En effet, les types de Dioscorea sp comme
Gnindou, Kratsi, Gnalabou etc. appartiennent à l'espèce
Dioscorea Alata et sont introduits dans les habitudes culturales des
paysans de Dimori essentiellement pour leur aptitude à la production
comme le montre le tableau n°12 (page 48).
Ces variétés sont aussi très
appréciées des consommateurs car elles sont moins chères
que les autres variétés locales et se prêtent bien aussi au
pilage.
Conclusion partielle
Toute activité nécessite des outils, mais des
outils qui répondent aux exigences du travail à accomplir et qui
le facilitent. A Dimori, les outils utilisés sont encore rudimentaires
et consommateurs de temps et d'énergie (houe, daba, coupe-coupe
etc.) ; ce qui ne permet pas l'accomplissement des différentes
opérations culturales en temps voulu et compromet ainsi la bonne
réussite des activités de la campagne agricole même si
l'ingéniosité de ces opération ne sont plus à
discuter. Mais le dioscorea sp est une plante qui épuise vite
les sols, et avec l'accroissement de la population du canton qui est à
98 % paysanne, le producteur n'arrive plus laisser sa terre au repos pendant 5
ans au moins. Résultat, crises foncières et réduction des
parcelles d'exploitation apparaissent dans les habitudes des paysans et
conduisent même à l'utilisation de l'expression de
« paysans sans terre ».
Dans ces conditions, comment continuer par cultiver les
espèces locales de Dioscorea sp qui ne connaissent que les
terres fertiles de Dimori telle laboco, une espèce locale trop exigeante
en matières minérales et qui change de saveur dès que le
sol change de composition ? Faut-il alors seulement se calquer sur les
espèces améliorées et importées ? Et que fait
ont des valeurs de ce tubercule ?
CHAPITRE 3 : LA VALEUR SOCIALE CULTURELLE ET
ECONOMIQUES DU DIOSCOREA SP DANS LE CANTON DE DIMORI
3.1- Le Dioscorea sp, une plante à valeur
sociale reconnue à Dimori
La valeur sociale du Dioscorea sp n'est plus à
démontrée car, que ce soit à Dimori ou partout ailleurs au
Togo, le Dioscorea sp tient une place importante dans les
comportements sociaux des paysans cultivateurs de cette denrée et dans
les habitudes alimentaires des populations consommatrices.
3.1.1-Les comportements sociaux des paysans
A Dimori, le Dioscorea sp a une valeur inexprimable
depuis la nuit des temps, c'est-à-dire depuis sa découverte et
son adoption comme aliment de base. Dans presque tous les ménages (soit
98 % des enquêtés), se trouve au moins un paysans qui s'adonnent
à cette culture. À la question de savoir pourquoi tant
d'enthousiasme pour cette culture, les paysans répondent que c'est
à cause de sa valeur nutritive et économique.
3.1.1.1- Importance nutritive du Dioscorea sp
Sur le plan alimentaire, le Dioscorea sp occupe une
place privilégiée dans les habitudes alimentaires de la
population. En effet, selon la taille du ménage et selon l'importance de
la production, tous les ménages consomment le Dioscorea sp,
surtout pilée, pendant une majeure partie de l'année comme le
montre le tableau n°13.
Tableau n°13 : Répartition des
enquêtés selon la fréquence de consommation de
Dioscorea sp
Modalité
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
2 à 4 mois/an
|
38
|
31,67
|
5 à 7 mois/an
|
24
|
20,00
|
Toute l'année
|
58
|
48,33
|
Total
|
120
|
100,00
|
Source : Travaux de terrain ;
2011.
En effet, selon le tableau n°13, près de la
moitié des enquêtés soit 48,33 % consomment le
Dioscorea sp toute l'année ; 20 % la consomment entre 5
et 7 mois dans l'année et 31,67 % en consomment entre 2 et 4 mois. Cela
traduit l'importance de la place que tient le Dioscorea sp dans les
habitudes alimentaires des populations de la région.
De plus, la composition nutritive du tubercule justifie cette
consommation abusive du Dioscorea sp car, malgré cela, les
populations n'ont aucun problème de nutrition. En effet, la composition
chimique des tubercules de Dioscorea sp est voisine de celle de la
pomme de terre avec environ 25 % d'amidon, mais un peu plus de protéines
(environ 7 %, quatre fois plus que le manioc). Ils sont très pauvres en
matière grasses et en minéraux et assez riche en vitamine C.
Tableau n°14 : Répartition des
enquêtés selon le nombre de repas à base
De Dioscorea sp par jour
Nombre de repas par jour
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
1 repas
|
23
|
19,17
|
2 repas
|
66
|
55,00
|
Plus de 2 repas
|
31
|
25,83
|
Total
|
120
|
100,00
|
Source : Travaux de terrain,,
2011.
L'analyse du tableau n° 14 révèle que 55 %
des enquêtés consomment le Dioscorea sp en repas au moins
deux fois par jour. 25,83 % le prennent plus de deux fois par jour contre
seulement 19,17 % qui en consomment une fois par jour. Ils les consomment en
tranches cuites le matin avant le départ pour le champ, en pâte
pilée (foufou) au déjeuné et au dîné.
- Le revenu issu du Dioscorea sp et la
santé des producteurs
Les revenus de la vente de Dioscorea sp ont permis en
partie à bon nombre de ménages de retrouver la vitalité,
la joie de vivre et de travailler en toute quiétude. Au cours de nos
investigations, 9,16 % des enquêtés ont reconnus s'être
servis de ces revenus dans les cas extrêmes tels que les
césariennes, les opérations d'hernies et les morsures de
serpents. D'autres ont affirmés qu'ils ont contractés des dettes
à l'USP (Unité de Soins Périphériques) de Dimori et
ce n'est qu'après la vente du Dioscorea sp qu'ils ont pu les
éponger. Certains même sont allés jusqu'à emprunter
de l'argent auprès de la seule institution de micro finance de la place
à savoir l'IDH (Investir Dans l'Humain) pour résoudre non
seulement les problèmes de capitaux agricoles mais aussi celui de la
santé. En un mot, les revenus du Dioscorea sp ont permis dans
une certaine mesure aux producteurs de Dioscorea sp de faire face
à certains problèmes de santé qui exigeaient des sommes
quasi importantes.
- Le revenu issu du Dioscorea sp et l'achat des
équipements
Se distraire et être à l'écoute des
informations de son pays et du reste du monde est un idéal à
atteindre par tout homme soucieux du progrès. Les paysans de Dimori
l'ont vite compris en se dotant des appareils électroménagers
tels que les poste radios, quelques postes téléviseurs, quatre ou
cinq tout au plus disséminés dans tout le village à cause
du manque de l'électricité et des téléphones
portables.
- Le revenu issu Dioscorea sp et l'habitat
L'habitat amélioré qui a marqué le
paysage de la région pendant la période d'avant la
libéralisation de cette économie autour des années 1970
est tombé en désuétude. Les murs des bâtiments
souvent en banco se fendillent et s'écroulent en partie sous le poids
des pailles surannées, vielles et pourris par endroits devant
l'incapacité notoire des propriétaires de les moderniser.
Aujourd'hui, ceux qui arrivent à se construire un
habitat relativement moderne grâce à la vente des tubercules de
Dioscorea sp ou grâce à leurs enfants partis en aventure
au Nigeria ou ailleurs (65 sur 120 soit 54,16 % de nos enquêtés),
le font souvent en banco couvert de tôles ondulées sans
crépissage ni cimentage. (Figure n°8).
Figure n° 8 : Répartition des
enquêtés ayant construits selon le type de
construction
Source : Travaux de terrain ;
2011
Au regard la figure n°8, parmi les constructions
réalisées, 18,46 % sont en dure et 81,54 % sont en banco. Par
ailleurs, il faut souligner que la majorité des constructions en dure
est essentiellement l'oeuvre des producteurs commerçant ou
exerçant une activité parallèle très rentable.
3.2- La valeur culturelle du Dioscorea sp à
Dimori
Dans ce milieu fortement animiste, la pratique de certaines
cultures est soumise à l'observance des rites et coutumes comme c'est le
cas pour la culture du Dioscorea sp, sa vente et sa consommation.
3.2.1-La culture du Dioscorea sp à Dimori
La culture du Dioscorea sp est une activité
très complexe dans le canton de Dimori. En effet, avant de planter le
Dioscorea sp, le paysan procède par certaines pratiques
rituelles en la matière. C'est ainsi qu'il n'est pas rare de voir une
croix noire sur un caillou placé dans un coin du champ ou un canari
rempli d'eau et de racines caché dans le champ comme le montre la photo
n°5 ci dessous.
Photo n° 5 : Un gris-gris à
l'extrémité d'un champs de Dioscorea sp à
Dimori
Source : Cliché de l'auteur, photo
prise en octobre 2011
Ce gris-gris dessiné sur un caillou et placé
à l'entrée du champs est une préparation dont seuls les
initiés connaissent la composition. Selon les paysans, ce sont des
gris-gris dont le rôle est de protéger le champ contre les esprits
maléfiques et d'assurer une bonne récolte. Au cours de nos
investigations, 73,33 % des enquêtés reconnaissent avoir recours
aux rites préalables aux ancêtres et aux gris-gris avant de
planter le Dioscorea sp selon les proportions du tableau n°
15.
Tableau n°15 : Répartition des
sacrifices selon leur destination
Destination des sacrifices
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Ancêtres
|
59
|
68,60
|
Gris-gris
|
27
|
31,40
|
Total
|
86
|
100,00
|
Source : Travaux de terrain ;
2011.
Il ressort de l'analyse du tableau n°15 que 68,60 % des
sacrifices sont destinés aux ancêtres, c'est-à-dire les
divinités qui règlent la protection des cultivateurs et de leurs
familles et la bonne marche des activités agricoles ; 31,40 % des
sacrifices sont destinés aux gris-gris, c'est-à-dire aux idoles
des jumeaux car selon la tradition, ces derniers sont des êtres
très puissants capable d'agir positivement ou négativement sur
les récoltes.
3.2.2- La consommation des nouveaux tubercules de Dioscorea
sp
La consommation des nouveaux tubercules de Dioscorea
sp fait souvent l'objet de sacrifices aux mânes des ancêtres.
La tradition Bassar en général et celle des `'Taapu'' en
particulier est très exigeante. Elle stipule que « tout fils
bassar, chez lui ou à l'étranger, ne doit pas consommer les
nouveaux tubercules de Dioscorea sp avant les cérémonies
préalables requises au risque de se sentir malade après ; et
que s'il est amené à le faire loin de son village, il devrait
mettre une pincée sur le gros orteil (en signe de sacrifice) avant de
commencer à en manger ».
Cette consommation fait aussi l'objet de sacrifices aux idoles
des jumeaux cités précédemment. En effet, des
cérémonies appelées les `'cérémonies des
calebasses ou T'youte'' sont faits chaque
année en leur honneur avant la consommation de la nouveaux tubercules de
Dioscorea sp.
3.2.3- La vente des nouveaux tubercules de Dioscorea sp
Compte tenu des sacrifices généraux
adressés aux divinités de toute la région pour demander
leur protection, la nouveau tubercule de Dioscorea sp ne peut
être vendu sur le marché si le chef coutumier n'en a pas encore
donné l'autorisation.
3.2.4-La fête des Dioscorea sp à Dimori
L'apothéose des rites sacrificiels attachés
à la culture du Dioscorea sp est la fête du nouveau
Dioscorea sp appelée `'D'pontre'' dans la commune de
Bassar et dans le canton de Kabou et
`'L'Noudjle'' dans la zone
`'Taapu'' comme Dimori. Cette fête a lieu tous les premiers
samedi de Septembre et est précédée, la veille, par une
danse dans et au tour du feu `'T'bol'' par les initiés. C'est
au cours de cette danse que sont dévoilés tous les
mystères, les dangers qui planent sur toute la Préfecture et les
cérémonies pour les écarter. Le lendemain jour de
fête même, tout le monde se retrouve sur la place publique pour les
réjouissances populaires avec la réception des invités de
marque au palais du chef canton.
Le lendemain de la fête est le jour des
cérémonies pour tous les fils bassar. C'est l'occasion de
remercier les dieux pour leur soutien, leur protection et leur attention
à l'égard des récoltes avec des sacrifices de toute sorte
et des prières pour l'amélioration des conditions de travail pour
la campagne d'après.
3.3- L'impact de la production sur les superficies
cultivées
Au cours de nos investigations, seulement 7,5 % de nos
enquêtés ont des superficies de champs de Dioscorea sp
légèrement supérieures ou égales à 5
hectares ; les autres (soit 92,5 %) ont entre 0,5 et 4 hectares (Figure
n°6). Ceci traduit la petitesse des superficies accordées au
Dioscorea sp. Mais cela n'est pas un phénomène
figé d'autant plus que 47 des 120 producteurs enquêtés
(soit 39,16 %) affirment épargner une partie de l'argent issu de la
vente des Dioscorea sp pour agrandir leurs champs comme le montre la
Figure n°11 (page 67).
Ainsi, l'importance de la production du Dioscorea sp
confirme le fait que, hormis les dépenses pour les
cérémonies traditionnelles (achat de bêtes), pour l'achat
de quelques produits manufacturés de première
nécessité et pour les engins (motocyclette), le reste du revenu
annuel du paysan ne peut servir qu'à engager une main-d'oeuvre plus
importante sur une superficie plus grande ce qui vise des techniques nouvelles
de production.
3.4- L'impact de la production sur les techniques de
production
Il s'agit ici des influences de la production sur l'outillage,
les opérations culturales, la conservation et la commercialisation.
3.4.1- La rigidité des opérations culturales
face à l'augmentation des superficies
Compte tenu des techniques héritées de leurs
ancêtres, les paysans de Dimori ne veulent en aucun cas changer leurs
habitudes culturales malgré l'augmentation des superficies et de la
production du Dioscorea sp car, disent ils `'il n'y a pas d'autres
moyens plus efficaces que ceux que nos parents nous ont légués
depuis la nuit des temps''.
Somme toute, les opérations culturales n'ont pas
changé d'un pouce et les techniques comme le débroussaillage
à la petite houe, le buttage à la grande houe et consommateur
d'énergies et de temps avec toutes les opérations d'entretien ont
encore de longues années à vivre à Dimori.
3.4.2- Impact de la production sur les moyens de
conservation
La conservation des tubercules de Dioscorea sp est
très délicate et très risquée. A Dimori, les
méthodes traditionnelles de conservation des tubercules de Dioscorea
sp sont encore d'actualité surtout dans les champs.
En effet, les paysans de Dimori utilisent les méthodes
telles que :
- la conservation en buttes
Les tubercules à maturité complète sont
gardés dans les buttes pendant 1 à 4 mois selon les
variétés et la récolte se fait au fur et à mesure
que les besoins se font sentir. Cette méthode est économique
puisqu'elle ne nécessite pas des dispositions particulières mais
les tubercules sont exposés aux nématodes, aux insectes, aux
rongeurs et aux voleurs.
- la conservation en tas au sol sous arbre à
feuilles persistantes
Les tubercules sont stockés à même le sol
ou sous un tapis de lianes sèches de Dioscorea sp sous un arbre
à feuilles persistantes. Ils sont recouverts d'une couche de lianes.
D'une part, cette méthode est économique parce qu'elle ne
nécessite aucun investissement ; cependant les tubercules manquent
d'aération. D'autre part ; le contact avec le sol favorise
l'attaque des parasites et la contamination d'un tubercule par un autre.
- la conservation dans un abri conique à chaume
de sorgho
Cet abri est constitué en général de
branches disposées autour d'un tronc d'arbre à feuilles
persistantes que l'on recouvre avec les tiges de sorgho de façon
à obtenir un cône.
3.4.3- Impact de la production sur la commercialisation
La commercialisation du Dioscorea sp se fait selon le
circuit Dimori-Bassar-Lomé. L'impact de l'importance de la production
sur la commercialisation se fait ressentir au niveau de l'évolution des
prix et au niveau des moyens de transport.
En effet, avant l'expansion de cette culture, un tas de 100
tubercules de Dioscorea sp à Dimori coûtait entre
6 000 et 10 000 F CFA ; de nos jours, le même tas est
estimé entre 12 000 et 15 000 F CFA soit une augmentation de
100 à 150 %.
S'agissant des moyens de transport, les seuls véhicules
qui assuraient le transport des tubercules de Dioscorea sp de Dimori
à Bassar étaient les minis Bus de 15 places qui ne
transportaient que 4 à 6 tas de 100 tubercules au maximum. De nos
jours, au moins une dizaine de gros camions de 15 à 20 tonnes
défilent tous les mardi et vendredi sur les routes de Bassar pour
charger les Dioscorea sp (photo n°6).
Photo n° 6 : Camions chargés de
Dioscorea sp à Bassar
Source : Cliché de l'auteur, photo
prise en septembre 2011.
Comme le montre la photo n°6, la quantité de
Dioscorea sp produite dans notre zone d'étude est très
importante, ce qui traduit le nombre sans cesse croissant de camions gros
porteurs qui sont parqués sur la route autour du marché des
Dioscorea sp attendant leur tour de chargement. Du point de vue
économique, le transport des Dioscorea sp rapporte aux
transporteurs 63 % de leurs revenus en plus du transport des produits
manufacturés de la capitale vers l'intérieur du pays.
3.5- La commercialisation des tubercules de Dioscorea
sp
La commercialisation des produits agricoles constitue la
principale source de revenu du paysan. Au cours de la période de
l'enquête, la vie économique était florissante car
c'était la période des récoles du Dioscorea
sp.
En effet, les travaux de terrain se sont
déroulés pendant les récoltes, ce qui a permis de faire
une analyse des faits économiques observés.
Ces moments d'abondance, où le paysan retrouve son
équilibre alimentaire après une difficile traversée de la
période de soudure, drainent des milliers d'opérateurs
économiques de différents coins de la région. L'importance
de l'offre et les difficultés d'accès ne sont pas sans influence
sur les prix qui connaissent des baisses considérables ; ainsi,
dans les localités telles que Bikpadjab, Tchébon, Yakédji,
les paysans sont obligés d'accepter les modestes prix imposés par
les commerçantes. La presque totalité de ceux-ci viennent de
Bassar mais il faut voir à l'arrière plan le pouvoir financier
des commerçantes de Kara et Sokodé.
Le partage des activités dans l'achat des produits est
lié au sexe, et le constat général lie le commerce des
produits agricoles aux femmes et celui des produits de l'élevage aux
hommes.
Quelques commerçants s'achètent des produits
agricoles après la vente des produits manufacturés. Toutes ces
activités intensifient le trafic routier dont le flux passe du simple (5
camions) au double (10 camions à 8 voir 10 roues). C'est donc un
ensemble de paramètres dépendants qui reflètent la vie
économique à Dimori qui dépend de la vente du
Dioscorea sp.
3.5.1- Le Dioscorea sp et le développement des
marchés dans la zone
L'importance du marché de Dimori est intimement
liée à la production de Dioscorea sp qui lui vient de sa
position dans une zone aux sols fertiles et à haute productivité.
Cette importance a été un peu affectée par l'enclavement
dont a souffert le milieu pendant des décennies. Son spectaculaire
développement a commencé en 1985. Le marché de Dimori
couvre une superficie d'environ deux hectares en saison sèche ; ce
qui traduit la non occupation totale de l'aire du marché ; le
manque d'entretien de tout l'espace provoque l'enherbement d'une partie de cet
espace en saison des pluies. Il y a une tentative de zonalisation non
précise des produits. Des quatre hangars faits de piliers en
béton et couvert de tôles, seuls deux (les plus proches de la
route) sont utilisés par les commerçants de produits
manufacturés. Quand aux vendeurs de produits agricoles, il devient
difficile de les situer dans l'espace car il y a interpénétration
des acteurs sans distinction de la nature des produits.
La gestion du marché est assurée par les agents
de la municipalité de Bassar. Les taxes sont celles perçus sur
les produits de vente. Ces taxes vont de 25 F CFA à 100 F CFA selon la
nature et l'importance du produit. Quoique situé en zone
frontalière, Dimori est coupé des contacts commerciaux avec les
localités voisines du Ghana. La difficulté de tracer des routes
à cause du relief accidenté explique cette situation. Cependant
quelques produits tels que le pétrole, les lames des houes et les
coupe-coupe proviennent des contrées du Ghana (Séndi).
L'accès au territoire ghanéen étant très difficile,
le transport des produits commerciaux se fait à pied. Le tronçon
Dimori-Binadjoub, Dimori-Yakédji et Dimori- Bikpadjab sont les plus
utilisés pour les transactions.
Réputé pour son offre en produits agricoles dont
les principaux sont le Dioscorea sp et la tomate, le marché de
Dimori attire les commerçants des régions environnantes qui
agissent surtout par l'intermédiaire des femmes de Bassar. Les prix qui
y sont fixés sont généralement inférieurs à
ceux de Bassar d'au moins 20 % et atteignent parfois 40 %. Un mécanisme
spécial régit le marché de Dimori qui s'anime le mardi. La
veille, les femmes du milieu agissant en qualité
d'intermédiaires, s'assurent de la disponibilité des produits de
leurs clientes agréées. Elles achètent ainsi le produit
avant même l'ouverture du marché afin de ne pas mettre leurs
clientes devant une situation de pénurie en cas de surplus de
commerçants le lendemain. Donc, les produits sont préalablement
stockés dans des concessions et l'on attend que l'arrivée des
acheteurs, c'est à ce titre que les femmes de paysans vendeuses de
premier niveau des produits agricoles privilégient les clientes
habituelles par rapport aux nouvelles qui peut-être n'ont besoin que de
faibles quantités pour leurs besoins domestiques.
3.5.2- Les acteurs commerciaux de l'économie du
Dioscorea sp
Comme pour tout produit agricole, la commercialisation du
Dioscorea sp implique plusieurs acteurs à tous les niveaux de
son circuit commercial comme le montre la figure n°9.
Figure n° 9 : Schéma des
différents acteurs commerciaux du Dioscorea sp
PRODUCTEURS
REVENDEUSES
TRANSPORTEURS
DETAILLANTES
CONSOMMATEURS
CHARGEURS
Source : Travaux de terrain,
2011.
La figure n°9 montre que cinq (05) acteurs principaux
entrent dans le circuit commerciale du Dioscorea sp à savoir
les producteurs qui apportent les tubercules sur le marché, les
commerçantes qui achètent, les transporteurs qui convoient les
tubercules dans les centres villes, les revendeuses qui se chargent de la
distribution aux consommateurs et enfin les consommateurs eux mêmes.
Ensuite viennent les acteurs secondaires comme les chargeurs qui font
monté les tubercules de Dioscorea sp dans les camions de
transport et aux lieux d'embarcation et qui les déchargent à
destination.
Dans la plupart des villages du canton de Dimori, les chefs
d'exploitation et leurs femmes, les femmes commerçantes et les agents
de la municipalité de Bassar sont les acteurs impliqués dans la
vente du Dioscorea sp. Les vendeurs de Dioscorea sp sont les
paysans et leurs femmes et les acheteurs sont les commerçantes et les
revendeuses venus de Bassar, de Kara ou de Lomé.
Pour vendre, le producteur invite l'acheteur au champ pour
acheter si la quantité destinée à la vente est importante.
Mais, dans le cas de petites exploitations, la récolte est
généralement transportée à la maison avant la vente
ou directement au marché. Le transport des tubercules de Dioscorea
sp jusqu'au lieu de vende se fait généralement par le
portage par les femmes du propriétaire ou des femmes dont le service est
loué au village (Photo n°7) ou encore par bicyclette lorsqu'il
s'agit de petites quantités.
Ensuite viennent les chargeurs qui vont transportés le
Dioscorea sp déjà acheté dans les camions et les
conducteurs de camions eux même. Il faut souligner qu'une calebasse de
Dioscorea sp (c'est-à-dire un tas de 100 tubercules de
Dioscorea sp) transporté du champ au marché de Dimori
coûte 1000 F CFA au paysan ; la même quantité
transportée dans le camion coûtera 200 F CFA au commerçant
et 500 F CFA pour le transport de Dimori à Bassar.
Photo n° 7 : Femmes transportant les
tubercules de Dioscorea sp pour le marché
Source : Cliché de l'auteur, photo
prise en octobre, 2011.
Le système de portage que montre la photo n°7 est
assuré par les femmes des paysans ou d'autres femmes dont les services
sont loués au village moyennant une rémunération en
fonction du nombre de tubercules et de la distance. En effet, une seule de ces
femmes peut transporter jusqu'à 25 à 30 tubercules dans une
bassine sur une distance de 10 à 15 km du champ au village ou du village
au marché. Mais une fois au marché, ce sont les véhicules
qui se charge du transport jusque dans le centre ville comme le montre la photo
n°8.
Photo n°8 : Chargement des tubercules de
Dioscorea sp à Dimori pour Bassar
Source : Cliché de l'auteur, photo
prise en octobre, 2011.
A Dimori, les tubercules de Dioscorea sp sont
chargés un par un et en rangés dans des minis bus ou dans des
camions de petits calibres par les conducteurs eux même aidés par
les enfants du village avant de les convoyer à Bassar. Ces enfants
reçoivent à la fin du chargement une récompense
numérative qui les aide à combler les besoins de la semaines
jusqu'au jour prochain du marché. Une fois au marché des
Dioscorea sp de Bassar, les chargeurs spécialisés et les
contrôleurs de chargement prennent le relais dans les gros camions (photo
n°9).
Photo n° 9 : Chargement d'un camion à
Bassar pour Lomé
Source : Cliché de l'auteur, photo
prise en octobre, 2011.
A l'aide de sacs comme sur la photo, les chargeurs font monter
les tubercules par vingtaine du lieu d'entassement jusqu'au camion sous la
supervision d'un contrôleur qui lui est chargé de ranger et de
noter les appartenances des tas afin de pouvoir se retrouver au
déchargement.
3.5.3- Les prix et leurs fluctuations sur les
marchés du secteur d'étude
La vente des Dioscorea sp à un moment
donné de l'année est fonction des besoins financiers du paysan.
Que ce soit au niveau de Dimori ou des autres localités du canton, le
produit est identique et deux types de variation de prix sont à
distinguer.
- les variations spatiales des prix ;
- les variations saisonnières des prix.
3.5.3.1- Les variations spatiales des prix
Les prix des produits agricoles en générale et
ceux du Dioscorea sp en particulier varient suivant les marchés
et sont en relation avec les conditions d'accès au marché du
milieu. En effet, entre Dimori et Kountoum, distant de dix kilomètres
(10 km), les prix connaissent des chutes allants de 15 à 20 %. Les
localités enclavées et dépourvues de marchés sont
les plus défavorisées. Il s'agit par exemple de Bikpadjab, de
Tchébou et de Samboutib. Les commerçants qui y accèdent,
réalisent des bénéfices très importants. Citons en
exemple le prix d'achat d'un tas de 100 tubercules de Dioscorea sp en
mars dans trois localités différentes : à Dankessi,
il coûte 7 000 F CFA ; à Dimori, le paysan le vend
à 12 000 F CFA et à Bassar, sa valeur est de 15 000 F
CFA, soit une augmentation de 25 à 114 % de Dankessi à Bassar.
3.5.3.2- Les variations saisonnières des
prix
Les prix des produits agricoles sont sujets à
d'importantes variations saisonnières : il sont bas en
périodes d'abondance (de septembre à février). Les moments
de hausse des prix coïncident avec la période de soudure,
période au cours de laquelle la spéculation est fortement
pratiqué. Les variations les plus étonnantes sont celles qui
s'opèrent durant la journée. Pour des tas de Dioscorea
sp de qualité et de quantités égales, les prix
peuvent varier selon que l'achat est opéré le matin ou
l'après midi. Cette variation temporelle est plutôt une
conséquence du jeu de la loi de l'offre et de la demande. Les
méthodes commerciales restent traditionnelles ; l'unité de
mesure du poids n'est pas utilisée et les ventes ne se font qu'en
mesures locales, c'est-à-dire un tas de 100 tubercules pour une
calebasse de Dioscorea sp.
3.5.4- Les circuits commerciaux des tubercules de Dioscorea
sp
Contrairement à la pratique de la culture du
Dioscorea sp elle-même, sa commercialisation est une
activité rentable surtout à partir du canton de Dimori et de ses
environs ce qui attire les commerçants et commerçantes de tous
les coins du pays.
En effet, à partir d'août, le marché de
Dimori est le premier de la préfecture de Bassar où on peut
trouver les prémices des récoltes de Dioscorea sp
malgré les interdictions des chefs coutumiers. Le village se voit alors
envahi par les commerçantes de Bassar et de Kara venues acheter les
tubercules de Dioscorea sp. Viennent ensuite à partir de
septembre les commerçantes de Lomé et de Dapaong qui, elles, vont
directement dans les villages avec des camions loués et parfois
directement dans les champs. En général, ce sont les femmes de
Bassar qui vont acheter à Dimori pour les revendre au marché des
Dioscorea sp de Bassar appelé `'le Togo'' qui s'anime tous les
vendredi soir et les samedi matin comme le montre la photo n°10. C'est
donc à partir de ce marché que les commerçantes de
Lomé, de Kara et de Dapaong viennent en acheter et transporter par
camions pour leurs destinations respectives.
Au total, la commercialisation du Dioscorea sp suit
quatre itinéraires différents comme le montre la figure
n°10 :
- l'itinéraire Dimori - Lomé
- l'itinéraire Dimori - Bassar - Lomé
- l'itinéraire Dimori - Bassar - Kara
- l'itinéraire Dimori - Bassar - Dapaong
Figure n° 10 : Schéma du circuit
commercial des ignames
DIMORI
BASSAR
KARA
LOME
DAPAONG
Source : Travaux de terrain,
2011.
La figure n°10 montre le schéma du circuit
commerciale du Dioscorea sp à partir du canton de Dimori. En
effet, le circuit suit quatre itinéraires différents. Il y a un
itinéraire direct Dimori-Lomé et trois autres qui transitent par
le marché des Dioscorea sp de Bassar (Photo n°10). Ce sont
les itinéraires Dimori-Bassar-Lomé ; Dimori-Bassar-Kara et
Dimori-Bassar-Dapong.
Photo n° 10 : Le marché des
Dioscorea sp `'le Togo'' à Bassar
Source : Cliché de l'auteur, photo
prise en octobre 2011.
La photo n°10 montre les tas de Dioscorea sp en
transit au marché des Dioscorea sp « Le
Togo » de Bassar. Ainsi, le marché des Dioscorea sp
s'anime du vendredi à la tombé de la nuit du samedi. Ces tas en
provenance de Dimori et des autres villages de la Préfecture de Bassar
arrivent le vendredi, sont vendus dans la journée de vendredi et samedi
avant d'être chargés dans des camion gros porteurs qui attendent
sur la route.
3.5.5- Les revenus paysans et leur destination
Même si la commercialisation des tubercules de
Dioscorea sp par les paysans de Dimori n'est pas trop aisée,
elle procure quand même au paysan un minimum de revenu qui lui permet de
couvrir relativement ses besoins les plus importants et ceux de sa famille.
En effet, au terme d'une campagne agricole, un paysan de
Dimori peu totaliser un revenu annuel supérieur ou égal à
75 000 F CFA après avoir déduit les coûts de
production et de commercialisation comme nous pouvons le voir dans le tableau
n°16.
Tableau n°16 : Répartition des
enquêtés selon le revenu annuel
Revenus en F CFA
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Moins de 50 000
|
28
|
23,33
|
50 000 à 75 000
|
60
|
50,00
|
Plus de 75 000 F
|
32
|
26,66
|
Total
|
120
|
100,00
|
Source : Travaux de terrain
(2011)
Au vu du tableau n°16, il ressort que seulement 28 % des
enquêtés ont un revenu annuel de moins de 50 000 F CFA ce qui
n'est pas toujours le cas, car au cours de notre enquête, certains
paysans hésitent à nous révéler les vrais chiffres
pour ne pas susciter la jalousie des voisins. La moitié des
enquêtés, soit 50 % ont un revenu compris entre 50 000 et
75 000 F CFA et seulement 26,66 % des enquêtés ont plus de
75 000 F CFA par an avec les mêmes obstacles précités.
Etant donné la disponibilité en abondance des
céréales et des tubercules, le revenu du paysan ne lui sert plus
que pour des besoins sociaux non vitaux.
3.5.5.1- Utilisation des revenus pour
l'investissement
L'investissement concerne les placements dans des
activités qui concourent au développement de la vie du paysan. En
effet, les paysans nécessiteux de Dimori utilisent leur revenu annuel
soit pour agrandir le champ et amortir les outils agricoles. Les outils tels
que la houe, la daba, le coupe-coupe, etc. sont des outils qui s'usent au bout
de cinq ans pour un agriculteur travailleur et qu'il faut changer si l'on veut
travailler avec plaisir. Ils utilisent aussi leur revenu annuel pour construire
de nouvelles maisons ou entretenir celles qui sont en état de
délabrement ; payer la scolarité des enfants pour ceux qui
ont eu le courage de scolariser leurs enfants à l'école ou encore
pour acheter des bêtes à élever. C'est ce que montre la
figure n°11.
Figure n° 11 : Répartition des
enquêtés selon l'utilisation du revenu annuel
Agrandir le champ
39%
Construire
26%
Scolarité
26%
Elevage
9%
Source : Travaux de terrain
(2011).
Il ressort de l'analyse de la figure n°11 que 39 % des
enquêtés utilisent leur revenu annuel pour agrandir le champ en
perspective de la campagne suivante ; 26 % l'utilisent pour construire une
maison ; 26 % pour la scolarité de leurs enfants et seulement 9 %
utilisent le revenu pour l'élevage.
3.5.5.2- Utilisation des revenus pour les
cérémonies traditionnelles
Dans le canton de Dimori, l'animisme est la religion
prédominante. Il n'est donc pas surprenant de voir des fétiches
qui sont régulièrement entretenus dans les cours de la plupart
des ménages. En effet, les revenus issus de la production et de la vente
des tubercules de Dioscorea sp sont à plus de 35 %
utilisés par les paysans pour faire des cérémonies dans
leur lieu de résidence actuelle ou dans le village natal. Pour faire ces
cérémonies, les agriculteurs achètent des produits comme
l'alcool, les chèvres, les béliers, les volailles et la
bière locale qui coûte souvent chère.
Toujours dans le cadre traditionnel, les paysans de Dimori
utilisent leur argent dans le payement des dots pour célébrer des
mariages en grande pompe ou pour faire des funérailles dans leurs belles
familles.
3.6 -Quelques problèmes inhérents
à la culture du Dioscorea sp
Etant donné que dans la majorité des cas, la
production agricole est soumise à de multiples contraintes, celle du
Dioscorea sp dans le canton de Dimori ne fait pas exception. Pour ce
faire analysons les problèmes qui freinent l'expansion de la production
du tubercule de Dioscorea sp.
3.6.1- Les problèmes fonciers et climatiques
Dans le canton de Dimroi, certains modes d'appropriation des
terres sont sources de litiges. En effet, en ce qui concerne les dons, et les
legs de terres, les descendants des propriétaires terriens
confrontés à des problèmes de manque de terres remettent
en cause les droits de possession sur les terres que leurs parents avaient
cédées, ce qui entraîne parfois des conflits entre les
donateurs et les bénéficiaires.
S'agissant de la pluviométrie, les cultures sur
brûlis des déboisement abusifs et sans control entraînent
des irrégularités pluviométriques, ce qui amène
souvent les paysans à procéder à des resemis car les
graines de céréales et les boutures de Dioscorea sp
exigent une certaine quantité d'eau pour bien se développer. Au
cours de nos enquêtes, la totalité (soit 100 %) des producteurs se
plaignent du manque et de l'irrégularité des pluies.
3.6.2- Les problèmes liés à la
commercialisation des Dioscorea sp
A Dimori comme partout ailleurs, les tubercules de
Dioscorea sp rencontrent des problèmes de
débouchés parce qu'il sont encore peu ou mal transformés
en produits finis conservables.
En effet, les prix de vente des Dioscorea sp sont en
général fixés par les commerçantes et ne
reflètent pas la valeur du produit ce que n'apprécient pas les
producteurs comme le montre la figure n°12.
Figure n° 12 : Répartition des
enquêtés selon les problèmes rencontrés
Transport
42%
Fixation des prix
46%
Payement
12%
Source : Travaux de terrain
(2011).
La figure n°12 ci-après montre que près de
la moitié (soit 46 %) des enquêtés ont des problèmes
de fixation des prix de vente. Ensuite, 42 % des enquêtés ont des
problèmes de transport des ignames du champ jusqu'au marché de
Dimori ou de Bassar par manque d'infrastructures routières ou de chemins
en piteux état et enfin, 12 % des enquêtés ont des
problèmes de payement de l'argent des Dioscorea sp vendus par
les commerçantes. Tous ces problèmes sont récurrents et
même en cas de mévente, la conservation est difficile.
3.6.3- Les problèmes liés à la
conservation des Dioscorea sp
La conservation des tubercules de Dioscorea sp au
village en cas de mévente est très difficile. Hormis les
méthodes de conservation citées antérieurement à
savoir la conservation en buttes, en tas sous arbre à feuilles
persistantes et la conservation dans un abri conique, aucune autre n'a
été expérimentée à Dimori. Pourtant, ces
méthodes de conservation ne sont pas efficaces car dans ces conditions
les tubercules de Dioscorea sp ne sont pas en sécurité,
parce que constamment attaqués par les nématodes (parasites
spécifiques des tubercules), par les rongeurs et par les voleurs ce qui
conduit souvent à des pertes allants de quelques tubercules à la
totalité du tas.
3.6.4- Les problèmes rencontrés par les
paysans sur leurs exploitations
Les problèmes rencontrés par les paysans du
point de vue de l'exploitation des champs sont assez nombreux. Selon les
statistiques de l'ICAT (Bassar, 2011), au début de la campagne agricole
en cours, les problèmes relevés sont importants et se
présentent comme tels :
- dévastation des semis par les rongeurs
entraînant des resemis et un gardiennage important ;
- manque de crédits de campagne pour prendre une
main d'oeuvre agricole supplémentaire ;
- non respect du calendrier agricole ;
- inexistence de semences plus adaptées aux
conditions irrégulières de pluviométrie ;
- manque d'infrastructures de stockage, de moyens de
production et des produits de la récolte ;
- insuffisance de pistes de dessertes agricoles.
Conclusion partielle
Toute activité commerciale fleurit si les moyens de
transport sont en bonne et due forme. A Dimori, ces moyens sont
défectueux ou presque inexistants.
En effet, les routes qui conduisent au canton sont toutes
impraticables ce qui ne favorise pas la circulation des biens et des services
et donc l'écoulement des denrées alimentaires. Ceux qui s'y
aventurent le font avec des risques énormes. Par conséquent, les
prix des denrées varient selon le lieu, l'état de la route y
conduisant et selon la saison. La saison la plus redoutable pour les prix aux
producteurs est la saison des pluies, saison au cours de laquelle le
Dioscorea sp est à sa plus basse valeur. Et pourtant les
circuits de commercialisations sont multiples.
Les revenus sont dilapidés par les paysans pour les
besoins les moins importants pour leur vie. Mariages en grandes pompes,
funérailles et multiples cérémonies sont les
activités extra agricoles qui nécessitent d'énormes
dépenses. Et pourtant, la culture du Dioscorea sp est un
problème ; problèmes de pluviométrie, de terres
cultivables pour les producteurs étrangers, problèmes de
commercialisation en l'occurrence le payement et la fixation des prix etc.,
problèmes auxquels nous avons trouvés quelques approches de
solution. En concertation avec les producteurs eux mêmes, nous avons fait
des propositions de reformes agraire pour résoudre l'épineux
problème de terres de culture.
CONCLUSION GENERALE
Le canton de Dimori est une terre cosmopolite sur laquelle des
peuples se sont retrouvés. C'est ainsi que les `'Taapu'', les
konkomba, les Dagomba et les Lamba se sont retrouvés sur ce terroir pour
former le village `'D'Mol''. En s'installant, ces peuples ont
apportés avec eux des divinités telluriques qui au fil des
années se sont adaptées aux conditions de vie de tout un peuple
au point de rythmer leur vie.
Dans la seconde moitié du XIX ième
siècle, une crise alimentaire, résultat des aléas
climatiques aurait permis la découverte d'une plante tropicale riche en
matières nutritives appelée le Dioscorea sp. Mais, il
s'agit à la fois d'une découverte et d'une invention
ingénieuse car, avec elle, des techniques nouvelles de culture et des
modes d'exploitation du sol en collaboration avec des techniques d'association
de culture et de conservation ont vu le jour.
C'est ainsi que, pour des raisons de développement des
tubercules, les techniques de buttage, l'assolement et la rotation furent
adoptées.
La culture du Dioscorea sp a un double but : il
faut tirer de son sol de quoi se nourrir et de quoi vendre pour se procurer
des revenus monétaires afin de satisfaire les autres besoins qui ne sont
pas forcément en relation avec l'agriculture.
Compte tenu des moyens de production, l'exploitation, du sol,
est faite avec le maximum d'efficacité. En effet, contraint de
travailler avec des outils rudimentaires (houe, daba, coupe-coupe etc.),
l'agriculteur ne peut compter que sur la solidarité de la
collectivité à travers des équipes d'entraides
(N'daboï), d'invitations (D'kpaméle) et
aujourd'hui les métayages (Pâh) pour mener à bien
ses différentes opérations culturales.
En somme, contrairement aux autres terroirs qui dans leur
ensemble sont caractérisés par la prédominance dans le
système de culture extensive avec la différenciation de deux
grandes zones de culture à savoir le `'Podja'' ou champ de case
cultivé avec beaucoup de soins et le grand champ éloigné
du village `'K'ssaou'', le terroir de
Dimori est prédominé par le système de production
extensive mais avec une seule zone de culture : le grand champ qui se
trouve à des heures de marche du village. Cette zone
bénéficie d'un aménagement agraire qui permet au paysan de
s'auto suffire, mais le recul de la jachère due à l'augmentation
de la population et des contraintes climato anthropiques entravent sa bonne
réalisation.
Actuellement, la nécessité de revaloriser la
culture du Dioscorea sp à Dimori s'impose pour les raisons
suivantes : sa valeur nutritive, économique et culturelle.
En effet, la culture du Dioscorea sp est
l'activité principale qui rythme la vie des habitants du canton de
Dimori. Tout le monde est producteur à temps plein ou à temps
partiel car, d'une part, elle constitue la base alimentaire et la seule source
de revenus pour les populations et d'autre part elle est le pilier de la
culture de la population du Grand Bassar et du canton de Dimori en particulier.
Mais, pour des raisons économiques urgentes, les paysans sont dans
l'obligation de vendre des prémices de tubercules de Dioscorea
sp aux pris dérisoires à des commerçantes sans
scrupules qui s'enrichissent sur le dos des paysans sans défenses. Pour
tout dire, le paysan est le plus lésé dans cette affaire. Mais,
ce qui fait son attachement à cette culture du Dioscorea sp est
que c'est la seule activité qui lui rend sa fierté si elle est
bien réussi et qui rythme sa vie sur tous les plans : sociale
lorsqu'elle lui permet de vivre, économique quand elle lui permet de
marchander et de tirer un revenu et culturel à cause des rites,
cérémonies et fêtes traditionnelles. Mais c'est sans
compter tout le mal qu'il s'est donné pour réaliser ces
travaux.
Les atouts à la culture du Dioscorea sp sont
multiples, mais il ne faut pas perdre de vue les entraves qui ne sont pas
négligeables notamment dans le canton de Dimori. Ce sont d'une part
l'abondance et le dynamisme de la main d'oeuvre agricole et le désir
manifeste des producteurs en faveur du développement de cette
économie ; d'autre part, l'enclavement relatif du milieu,
l'irrégularité de la pluviométrie face à
l'impuissance des paysans et les mythes et coutumes qui ne facilitent pas
l'activité à Dimori.
Ce ne sont pas des handicapes insurmontables pour peu que l'on
ait la volonté et le désir d'agir efficacement. Des sacrifices
énormes sont à consentir par les responsables politiques et les
partenaires au développement afin de trouver des approches de solutions.
- Quelques approches de solutions aux
problèmes
Comme pour tout problèmes liés à la
production d'une plante, ceux de la culture du Dioscorea sp
méritent des approches de solutions pour permettre la vulgarisation de
sa culture sur le plan national.
En effet, au cours de nos travaux de terrain, les paysans ont
envisagés des approches de solutions suivantes.
Pour les reformes agraires, 9,17 % des enquêtés
ont envisagés une redistribution des terres agricoles afin de mettre fin
au problèmes de manque de terres et aux litiges fonciers ; 25 % se
sont prononcés pour la révision et la surveillance des prix des
produits agricoles en général et ceux des Dioscorea sp
en particulier pour permettre la rentabilité de leur activités.
En suite, l'aide de l'Etat a été aussi envisagé par les
paysans en vue d'augmenter la production et satisfaire les besoins du
marché. Et enfin, les paysans se sont prononcés à 40,83%
sur une possible transformation du Dioscorea sp en farine par
exemple.
- Des approches de solutions aux contraintes
foncières et de pluviométrie
Pour diminuer ou enrayer les inconvénients qui
entourent les modes d'appropriation des terres agricoles, les paysans
immigrants et sans terres de Dimori ont proposé que l'Etat prenne la
gestion foncière de toutes les terres du pays. Ainsi, les agriculteurs
ont souhaités une nouvelle reforme agraire car pour eux, sans
l'intervention de l'Etat, les conflits intra lignagères ou inter
lignagères ne cesseront jamais.
En outre, pour éviter les resemis des boutures de
Dioscorea sp, il faut que les paysans sèment au cours des mois
pendant lesquels la chaleur n'est pas excessive (novembre à janvier).
Pour le problème de la pluviométrie, les paysans doivent
abandonnés les cultures sur brûlis, éviter les coupes
anarchiques des arbres et les feux de brousse tardifs, reboiser fortement le
terroir.
- Les approches de solutions pour une bonne
commercialisation du Dioscorea sp
La commercialisation de tout produit agricole a des effets
induits sur la sa production et sur son développement. A cet effet, les
paysans de notre zone d'étude souhaiteraient que l'Etat mette en place
une structure qui donnera des conseils et pourquoi pas des intrants et qui va
acheter les tubercules de Dioscorea sp récoltés comme
c'est le cas pour certaines cultures vivrières et de rente. Ils ont
aussi envisagés des subventions aux producteurs de la part de l'Etat.
- Une bonne gestion des revenus issus de la vente
du Dioscorea sp
Les sommes obtenus grâce à la vente des
tubercules de Dioscorea sp doivent leur servir à amortir les
outils voir acheter le matériel agricole comme les boeufs attelés
pour la traction, les motoculteurs ou s'associer pour acheter des tracteurs.
Pour pallier aux dépenses injustifiées dans la
célébration des mariages, cérémonies et
funérailles, les ONG et le gouvernement doivent sérieusement
sensibiliser les producteurs sur les comptes d'exploitation pour qu'ils aient
des idées économiques et non purement traditionnelles. Toujours
dans cet ordre d'idées, les responsables religieux de toutes confessions
doivent évangéliser cette masse rurale qui est enracinées
dans les rites coutumiers qui freinent le développement de l'agriculture
et de la société.
L'orientation des paysans vers une organisation des
producteurs de Dioscorea sp en coopératives pour faciliter
l'accès aux crédits et prêts ; la formation des
techniciens agricoles pour sensibiliser les paysans sur les nouvelles
techniques de production en vigueur dans certains pays seraient un bon
début.
Mais la question est de savoir ; au vue de l'attachement
des producteurs de Dioscorea sp du Grand Bassar et du canton de Dimori
en particulier à leurs valeurs culturelles, la modernisation de
l'économie du Dioscorea sp est-elle possible à court
terme ?
BILBIOGRAPHIE
ADATO K. A., (2010) : Les mutations agricoles et leurs
répercussions socio-économiques dans
le canton d'Agotimé-Nord (Préfecture d'Agou).
Mémoire de Maîtrise ès Lettres et Sciences
Humaines ; option Géographie Rurale, UL,
Lomé, 82 p.
AMUZU Y., (2009) : La culture du coton et son impact
socio-économique dans la Préfecture
d'Agou (Région des Plateaux). Mémoire de
Maîtrise ès Lettres et Sciences Humaines ; option
Géographie Rurale et Aménagement, UL,
Lomé, 70 p.
BADOUIN R., (1971) : Economie rurale, Armand Colin,
Paris-5e, 585 p
BAOULA A., (2000) : Contribution à l'analyse des
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BILIMPO N., (1996) : Evolution du système agraire
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CORNEVIN R ; (1962) : Les bassins du Nord Togo.
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DAGNON A. D., (2008) : L'introduction de la culture du
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FAO, (2008) : `'Perspectives de récolte et
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GNON A, (1967) : `'L'aménagement de l'espace en
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GOH A. M. H., (1996) : L'impact socioéconomique
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GU-KONU E., (1975) : La coopérative d'Agou-Nyogbo
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GU-KONU E., (1983) : Tradition et modernité. La
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KINAO P., (2007) : L'évolution de la culture
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KPANTE B., (1996) : Les paysans de la Préfecture
de Bassar face à la modernisation de
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Banjeli (Nord-Ouest togolais). Mémoire de
Maîtrise ès Lettres et Sciences Humaines ;
option Géographie Humaine, UB, Lomé, 105 p.
KPANTE B., (1998) : Dynamiques paysannes et
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Mémoire de Maîtrise ès Lettres et
Sciences Humaines ; option Géographie Humaines, UB, Lomé
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intégré de Bassar. Projet FED N° 6100. 33. 52. 010. Bilan de
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Développement, pp 192-234 et 1285- 1332. (Rép.
française). Collection « Techniques rurales
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Bassar). Mémoire de Maîtrise ès Lettres
et Sciences Humaines ; option Géographie Rurale, UB, Lomé,
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Mémoire de Maîtrise ès Lettres et
Sciences Humaines ; option Géographie Rurale,
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produits vivriers et facteurs explicatifs du mouvement des prix au Togo.
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production, de conservation et de transformation des tubercules (igname et
manioc). Lomé, 40 p.
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socio-économique dans le canton de
Kaboli (Préfecture de Tchamba) Togo. Mémoire
de Maîtrise ès Lettres et Sciences Humaines ; option
Géographie Rurale, UL, Lomé, 87 p.
TIANKPA Y, (2010) : La culture de l'igname et son
importance économique et culturelle dans le terroir de Kabou
(préfecture de Bassar). Mémoire de Maîtrise ès
Lettre et Sciences Humaines ; option Géographie Rurale, UL,
Lomé, 89 p.
WAGBE L. Y., (1987) : Le terroir de KALANG-NA en pays
Bassar (Nord -Togo). Mémoire de Maîtrise ès Lettre et
Sciences Humaines ; option Géographies Humaines, UB, Lomé,
140 p.
ANNEXES
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo n°1 : Les outils utilisés à
Dimori......................................................34
Photo n°2 : Préparation du sol et buttage
à Dimori.........................................41
Photo n°3 : Nouvelles buttes paillées à
Dimori.............................................42
Photo n°4 : Champ de Dioscorea sp mal
entretenu.................................................43
Photo n°5 : Un gris-gris à
l'extrémité d'un champ de Dioscorea sp à
Dimori..........54
Photo n°6 : Camion en chargés de Dioscorea
sp à Bassar pour Lomé...................58
Photo n°7 : Femmes transportant les Dioscorea
sp pour le marché................................61
Photo n°8 : Chargement des Dioscorea sp
à Dimori pour Bassar..............................62
Photo n°9 : Chargement d'un camion à Bassar pour
Lomé................................62
Photo n°10 : Le marché des Dioscorea sp
`'Le Togo'' à Bassar..............................65
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Répartition des
enquêtés selon leurs
activités.................................10
Tableau n°2 : Evolution de la population du canton de
Dimori..............................23
Tableau n°3 : Répartition des 120 producteurs
selon les catégories professionnelles....25
Tableau n°4 : Degré
d'instruction................................................................26
Tableau n°5 : Répartition des producteurs
lettrés selon le niveau d'instruction............26
Tableau n°6 : Rotation des principales
cultures................................................29
Tableau n°7 : Les outils et leur principales
utilités.............................................33
Tableau n°8 : Calendrier des opérations
agricoles de la culture du Dioscorea sp.............38
Tableau n°9 : Evaluation de l'ampleur des litiges
fonciers.................................46
Tableau n°10 : Les variétés D.
rotundata-cayenensis cultivées au Togo..................47
Tableau n°11 : Les variétés D.
alata cultivée au Togo.......................................47
Tableau n°12 : Caractéristiques des
variétés locales de Dioscorea sp cultivées
à Bassar......48
Tableau n°13 : Répartition des
enquêtés selon la fréquence de consommation
De Dioscorea
sp.....................................................................51
Tableau n°14 : Répartition des
enquêtés selon le nombre de repas par jour...............52
Tableau n°15 : Répartition des sacrifices selon
la destination...............................54
Tableau n°16 : Répartition des
enquêtés selon le revenu annuel............................66
LISTE DES CARTES
Carte n°1 : La Préfecture de Bassar indiquant la
zone d'étude........................15
Carte n°2 : Le canton de
Dimori...........................................................16
Carte n°3 : Types de sols de la région de
Dimori..............................................18
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 : Diagramme de la pluviométrie de
Bassar......................................22
Figure n°2:Répartition des producteurs selon
l'âge......................25
Figure n°3 : Répartition des
enquêtés selon la
religion.....................................27
Figure n°4 : Mode d'acquisition des
terres...................................................35
Figure n°5 : Forme d'organisation du
travail.................................................37
Figure n°6 : Répartition des
enquêtés selon les superficies
cultivées................................38
Figure n°7 : Schéma des étapes de la
culture du Dioscorea sp..................................44
Figure n°8 : Répartition des
enquêtés selon le type de construction..............53
Figure n°9 : Schéma des différents
acteurs commerciaux du Dioscorea sp................60
Figure n°10 : Schéma du circuit commerciale des
Dioscorea sp............................64
Figure n°11 : Répartition des
enquêtés selon l'utilisation du revenu
annuel..........................67
Figure n°12 : Répartition des
enquêtés selon les problèmes
rencontrés..............................68
QUESTIONNAIRE ET GUIDE D'ENTRETIENT
UNIVERSITE DE LOME
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
THEME : LA CULTURE DE L'IGNAME (DIOSCOREA
SP) ET SA VALEUR SOCIALE, CULTURELLE ET ECONOMIQUE DANS LE CANTON DE
DIMORI EN PAYS BASSAR AU TOGO
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
Nom de
l'enquêteur :.....................................................................
Date
l'enquête :...........................................................................
Zone de production ou
localité :........................................................
Nom du quartier ou
hameau :.........................................................
Nom de
l'enquêté :......................................................................
N° de
concession :.....................................................................
Sexe de
l'enquêté :..................................................................
QUESTIONNAIRE POUR LES PRODUCTEURS
I- IDENTIFICATION
N°
|
Questions
|
Variables
|
Passer à
|
Codes
|
|
Code d'identification
|
|
|
|
Q1
|
Quel âge avez-vous ?
|
-15-24 ans 1
-25-34 ans 2
-35-44 ans 3
-45-54 ans 4
-55 ans et plus 5
|
|
|
Q2
|
Quel est votre état matrimonial ?
|
-Marié à une femme 1
-Marié à 2 femmes 2
-Veuf/ ve 3
-Divorcé 4
|
|
|
Q3
|
Quel est votre niveau d'instruction ?
|
-Jamais aller à l'école 1
-Primaire CP1-CE1 2
- CE2- 3
-2ème degré et plus
4
|
|
|
Q4
|
A quelle ethnie appartenez-vous ?
|
-Bassar 1
-Kabyè 2
-Lamba 3
-Autres à préciser 4
|
|
|
Q5
|
Où êtes-vous ne ?
|
-Dimori 1
-Lakpal 2
-Dinatangbanl 3
-Bikpadjab 4
-Nagmal 5
-Kountoum 6
-Katcha-losso 7
-Autre village ou à l'étranger
(à préciser) 8
|
|
|
Q6
|
Quelle est votre religion ?
|
-Chrétien 1
-Musulman 2
-Animiste 3
|
|
|
Q7
|
Lieu de résidence habituel
|
-Dimori 1
-Lakpal 2
-Dinatangban 3
-Bikpadjab 4
-Nagmal 5
|
|
|
Q8
|
Combien de personnes vivent sous
votre toit ?
|
-Enfants 1
-Epouses 2
|
|
|
II-LA PRODUCTION DIOSCOREA SP
Q9
|
Comment avez-vous acquis vos terres ?
|
-Héritage 1
-Don 2
-Emprunt 3
-Location 4
-Autre à préciser 5
|
|
|
Q10
|
Avez-vous des litiges fonciers ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
|
Q11
|
Si oui, avec qui ?
|
-le propriétaire 1
-un autre clan 2
-un autre village 3
-autre à préciser 4
|
|
|
Q12
|
A quand remonte la culture du Dioscorea sp dans
votre milieu ?
|
|
|
|
Q13
|
Quelles techniques de production
Utilisez-vous ?
|
-buttage 1
-billonnage 2
-labour à plat 3
-autres à préciser 4
|
|
|
Q14
|
Quels modes de culture vous utilisez ?
|
-la jachère 1
-l'assolement 2
|
|
|
Q15
|
Quelle est la superficie de votre
votre champ de Dioscorea sp ?
|
-moins d'un ha 1
-1 à 2 ha 2
-3 à 5 ha 3
-plus de 5 ha 4
|
|
|
Q16
|
Varie t-elle avec le temps ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
Si non
Passer à
|
|
Q17
|
Si oui
|
-En hausse 1
-En baisse 2
|
|
|
Q18
|
Si non pourquoi ?
|
-manque de moyens 1
-manque de temps 2
-autres à préciser 3
|
|
|
Q19
|
Quelle sorte d'outils utilisez-vous ?
|
-Traditionnels 1
-Moderne 2
|
|
|
Q20
|
Si c'est 1, ces outils vous permettent
il de vite travailler ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
|
Q21
|
Comment travaillez-vous ?
|
-Seul 1
-Avec la famille 2
-Par entraide 3
-Par métayage 4
|
|
|
Q22
|
Quels sont les types de
Dioscorea sp
que vous produisez ?
|
-Laboko 1
-Lambor 2
-kroukrou 3
-Kéké 4
-Apono 5
-Tchangbalou 6
-Autres à préciser 7
|
|
|
Q23
|
Quelle est la taille de votre
exploitation ?
|
-Moins de 1 ha 1
-1 à 2 ha 2
-2 ha et plus 3
|
|
|
Q24
|
Quel est le rendement à l'ha ?
|
-Mois d'une calebasse 1
-1 à 2 calebasses 2
-2 à 5 calebasses 3
-Plus de 5 calebasses 4
|
|
|
Q25
|
Y a-t-il une augmentation de la
production avec le temps ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
|
Q26
|
Si oui, pourquoi ?
|
-Utilisation des intrants 1
-Autres à préciser 2
|
|
|
Q27
|
Si non pourquoi ?
|
-Epuisement des sols 1
-Manque de pluies 2
-Autres à préciser 3
|
|
|
III-IMPORTANCE DE LA PRODUCTION DU DIOSCOREA SP
3.1- Importance économique
Q28
|
A quelle période de l'année vendez
-vous vos Dioscorea sp ?
|
-Pendant la récolte 1
-Après la récolte 2
-Lors des semis 3
|
|
|
Q29
|
Où vendez-vous vos Dioscorea sp ?
|
-Au champs 1
-A la maison 2
-Au marché local 3
-En ville 4
|
|
|
Q30
|
Quels sont vos marchés ?
|
-Dimori 1
-Bassar 2
-Kara 3
-Lomé 4
|
|
|
Q31
|
A qui vendez-vous vos
Dioscorea sp ?
|
-A une société 1
-Aux commerçants 2
-Aux consommateurs 3
-Autres à préciser 4
|
|
|
Q32
|
Combien de calebasses de
Dioscorea sp
pouvez-vous vendre dans l'année ?
|
-1 à 2 1
-3 à 5 2
-6 et plus 3
|
|
|
Q33
|
Quel est le prix moyen d'une
calebasse à la récolte?
|
-Moins de 10 000 FCFA 1
-15 000 à 20 000FCFA 2
-Plus de 20 000 FCFA 3
|
|
|
Q34
|
Quel est le prix moyen d'une
calebasse après la récolte ?
|
-Moins de 20 000FCFA 1
-25 000 à 50 000FCFA 2
-Plus de 50 000 FCFA 3
|
|
|
Q35
|
Trouvez-vous ces prix satisfaisants
par rapport au coût de production ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
|
Q36
|
Quels problèmes rencontrez-vous
dans la vente de vos produits ?
|
-Problème de transport 1
-Problème de prix 2
-Problème de payement 3
-Autres à préciser 4
|
|
|
Q37
|
Quelles solutions envisagez vous ?
|
-Reforme agraire 1
-Révision des prix 2
-Aide de l'Etat 3
-Usine de transformation 4
|
|
|
3.2-Importance sociale
Q38
|
Quel est le revenu annuel de la
culture de Dioscorea sp ?
|
-Moins de 50 000 FCFA 1
-Plus de 50 000 FCFA 2
-Autre à préciser 3
|
|
|
Q39
|
Arrivez-vous à épargner ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
|
Q40
|
Que faite-vous de cet argent ?
|
-Agrandir le champ 1
-Construire 2
-Scolarité des enfants 3
-Autre à préciser 4
|
|
|
Q41
|
Avez-vous pu construire une maison ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
Si 2 passer à
Q43
|
|
Q42
|
Si oui, combien de pièce ?
|
-1 pièce 1
-2 pièces 2
-3 pièces et plus 3
|
|
|
Q43
|
La maison est-elle
|
-En dure 1
-En banco 2
|
|
|
Q44
|
A quel moment de l'année consom-
mez-vous suffisamment de
Dioscorea sp ?
|
-Période de récolte 1
-Période de soudure 2
|
|
|
Q45
|
Pendant combien de temps
consommez-vous le Dioscorea sp ?
|
-2 à 4 mois 1
-5 à 7 mois 2
-toute l'année 3
|
|
|
Q46
|
Combien de repas à base de
Dioscorea sp
prenez-vous par jour ?
|
-1 repas 1
-2 repas 2
-Plus de 2 repas 3
|
|
|
Q47
|
Comment vous sentez-vous quand
vous avez assez de Dioscorea sp ?
|
-Fière 1
-Aisé 2
-Considéré 3
|
|
|
3.3-Importance culturelle
Q48
|
La culture de l'igname exige-t-elle
des cérémonies préalables ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
|
Q49
|
Si oui, lesquelles ?
|
-Sacrifices et offrandes aux
mânes des ancêtres 1
-Des gris-gris protecteurs
des champs 2
-Autres à préciser 3
|
|
|
Q50
|
Pourquoi faite vous les cérémonies ?
|
-Pour avoir une bonne
récolte 1
-Pour le plaisir 2
-Autre à préciser 3
|
|
|
Q51
|
Organisez-vous une fête des
Dioscorea sp ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
|
Q52
|
Si oui, à quel moment l'organisez-
vous ?
|
-A la récolte 1
-A la fin de la récolte 2
|
|
|
Q53
|
Pourquoi ?
|
-Pour remercier les
ancêtres 1
-Pour se réjouir 2
-Autre à préciser 3
|
|
|
QUESTIONNAIRE POUR LES COMMERCANTS
Q54
|
Depuis quand commercez-vous
Le Dioscorea sp ?
|
-Moins d'un an 1
-2 à 3 ans 2
-4 à 6 ans 3
-Plus de 8 ans 4
|
|
|
Q55
|
Où achetez-vous les Dioscorea sp ?
|
-Au champ 1
-Au marché de Dimori 2
-Autre à préciser 3
|
|
|
Q56
|
A quels prix achetez-vous la
La calebasse de Dioscorea sp ?
|
-moins de 10 000 F 1
-12 000 à 15 000 F 2
-plus de 15 000 F 3
|
|
|
Q57
|
Où vendez-vous les Dioscorea sp
|
-à Bassar 1
-à Kara 2
-à Dapaong 3
-à Lomé 4
-autres à préciser 5
|
|
|
Q58
|
A quels prix les revendez-vous ?
|
-aux prix achetés 1
-à plus 20 % 2
-à plus 30-50 % 3
-à plus 50% et plus 4
|
|
|
Q59
|
Quel moyen de transport utilisez-
vous ?
|
-taxi 1
-camion 2
-autre à préciser 3
|
|
|
Q60
|
En êtes-vous propriétaire ?
|
Oui 1
Non 2
|
|
|
Q61
|
Si oui, comment vous l'êtes-vous
procurez ?
|
-par achat 1
-par don 2
Autre à préciser 3
|
|
|
Q62
|
Si non, qui fixe alors les prix de
transport ?
|
-le commerçant 1
-le chauffeur 2
-le propriétaire 3
|
|
|
Q63
|
Que faite-vous des bénéfices ?
|
-augmenter le capital 1
-subvenir aux besoins de
la famille 2
-construire une maison 3
-autre à préciser 4
|
|
|
QUESTIONNAIRE POUR LES TRANSPORTEURS
Q64
|
Quel est le lieu d'embarquement ?
|
-Dimori 1
-Tchapossi 2
-Bitchabé 3
-Banjeli 4
-Autres à préciser 5
|
|
|
Q65
|
Quelle est la destination ?
|
-Bassar 1
-Kara 2
-Dapaong 3
-Lomé 4
-autres à préciser 5
|
|
|
Q66
|
Quel est le tonnage du véhicule ?
|
-moins de 10 t 1
-10 à 20 t 2
-plus de 20 t 3
|
|
|
Q67
|
Qui est le propriétaire du véhicule ?
|
-propriétaire de l'igname 1
-propriétaire particulier 2
-chauffeur 3
-autre à préciser 4
|
|
|
Q68
|
Qui fixe les prix de transport ?
|
-le chauffeur 1
-le propriétaire 2
-le commerçant 3
|
|
|
Q69
|
Que faite-vous des retombés du
Transport du Dioscorea sp ?
|
-économiser pour acheter
un véhicule 1
-subvenir aux besoins de
la famille 2
-construire une maison 3
-autre à préciser 4
|
|
|
TABLE DES MATIERES
DEDICACE..........................................................................................i
SOMMAIRE.........................................................................................ii
REMERCIEMENT..................................................................................iii
LISTE DES SIGLES
UTILISES...................................................................iv
RESUME..............................................................................................v
I- INTRODUCTION
GENERALE................................................................1
CHAPITRE 1 : UN ENVIRONNEMENT PHYSIQUE, NATUREL ET HUMAIN
FAVORABLE A LA CULTURE DU DIOSCOREA
SP...........................14
1.1- DES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES PROPICES
A LA CULTUREDU DIOSCOREA
SP..........................................................17
1.1.1- Un relief peu
accidenté...................................................................17
1.1.2- Des sols relativement
riches.............................................................17
1.1.3- Les cours d'eau avec une végétation de
savane......................................20
1.2- UNE POPULATION DIVERSIFIEE ET ACCROCHEE A CETTE
CULTURE....22
1.2.1-La composition ethnique et l'évolution de la
population............................22
1.2.1.1- Historique du
peuplement.......................................................22
1.2.1.2- Une croissance démographique assez
importante............................23
1.2.2- Les aspects professionnels et socioculturel du
milieu..............................24
1.2.2.1- L'organisation
sociale...........................................................24
1.2.2.2- Une population à majorité
paysanne et analphabète........................24
1.2.2.3- Une société à dominance
animiste.............................................26
1.3- LES CIRCONSTANCES SOCIO-HITORIQUES ET LE SYSTEME
DE CULTURE
ADOPTE..........................................................................27
1.3.1- De la crise alimentaire et la découverte du
Dioscorea sp...............................28
1.3.2- Les systèmes de culture
adoptés......................................................29
1.3.2.1- La rotation de
culture............................................................29
1.3.2.2- Les associations de
culture.....................................................30
Conclusion
partielle...................................................................30
CHAPITRE 2 : LA PRODUCTION DU DIOSCOREA SP DANS LE
CANTON DE
DIMORI..................................................................31
2.1- DES TECHNIQUES DE PRODUCTION PEU
EFFICACES.....................32
2.1.1- Le caractère rudimentaire de
l'outillage..........................................32
2.1.2- Une organisation peu dynamisante du
travail....................................34
2.1.2.1- Le mode d'acquisition des
parcelles.......................................34
2.1.2.2- L'organisation du
travail...................................................35
2.1.2.3- Le comportement des outils face aux
opérations culturales............37
2.1.3- Le caractère ingénieux des
opérations culturales.................................39
2.2- LES MODES DE CULTURES
ADOPTES...........................................39
2.2.1- Les différentes étapes de la culture du
Dioscorea sp.................................39
2.2.1.1- Les préparations des champs,
l'entretien et la récolte....................39
2.2.2- La disparition progressive de la jachère et
l'appauvrissement des sols.......44
2.3- LES CRISES FONCIERES ET L'ATOMISATION
DES
EXPLOITATIONS..............................................................................45
2.4- LES VARIETES DE DIOSCOREA SP
CULTIVEES.......................................46
2.4.1- Les variétés locales cultivées
à Dimori...........................................48
2.4.2- Les variétés améliorées et
importées..............................................49
Conclusion
partielle................................................................49
CHAPITRE 3 : LES VALEURS SOCIALES, CULTURELLES ET
ECONOMIQUES
DU DIOSCOREA SP
DANS LE CANTON DE DIMORI..................50
3.1- LES VALEURS SOCIALES DU DIOSCOREA SP A
DIMORI........................51
3.1.1- Les comportements sociaux des
paysans..........................................51
3.2- LES VALEURS CULTURELLES DE LA
PRODUCTION.......................53
3.2.1- La culture du Dioscorea sp à
Dimori...................................................54
3.2.2- La consommation des nouvelles tubercules de
Dioscorea sp ...........................55
3.2.3- La vente des nouvelles
ignames...................................................55
3.2.4- La fête des Dioscorea sp à
Bassar......................................................55
3.3- L'IMPACT DE LA PRODUCTION SUR LES
SUPERFICIES
CULTIVEES........................................................................56
3.4- L'IMPACT DE LA PRODUCTION SUR LES
TECHNIQUES DE
PRODUCTION...............................................................56
3.4.1- Impact de la production sur
l'outillage...........................................56
3.4.2- La rigidité des opérations culturales
face à l'augmentation des superficies....56
3.4.3- Impact de la production sur les moyens de
conservation........................57
3.4.4- Impact de la production sur la
commercialisation................................57
3.5- LA COMMERCIALISATION DES TUBERCULES DE DIOSCOREA
SP.............58
3.5.1- L'igname et le développement des marchés
de la zone......................59
3.5.2- Les acteurs commerciaux de l'économie du
Dioscorea sp........................60
3.5.3- Les prix et leurs fluctuations sur les marchés
du secteur d'étude...........63
3.5.3.1- Les variations spatiales des
prix.........................................63
3.5.3.2- Les variations saisonnières des
prix....................................63
3.5.4- Les circuits commerciaux des tubercules de
Dioscorea sp.........................63
3.5.5- Les revenus paysans et leur
destination........................................65
3.5.5.1- Utilisation des revenus pour
l'investissement........................66
3.5.5.2- Utilisation des revenus pour les
cérémonies traditionnelles........67
3.6- QUELQUES PROBLEMES INHERENTS A LA
CULTURE DU DIOSCOREA
SP.....................................................................67
3.6.1- Les problèmes fonciers et
climatiques........................................68
3.6.2- Les problèmes liés à la
commercialisation des Dioscorea sp...................68
3.6.3- Les problèmes liés à la
conservation des tubercules de Dioscorea sp...........69
3.6.4- Les problèmes rencontrés par les paysans
sur leurs exploitations........69
Conclusion
partielle..........................................................69
CONCLUSION
GENERALE.........................................................71
Bibliographie..............................................................................75
Liste des
photographies..................................................................78
Liste des
tableaux.........................................................................78
Liste des cartes
............................................................................79
Liste des
figures...........................................................................79
Questionnaire de recherche............
..................................................80
Table des
matières..................................................................87
|