1.2 Notion de religion
Cicéron (consul romain, 63 av. J-C) définit la
religion comme « le fait de s'occuper d'une nature supérieure que
l'on appelle divine et de lui rendre un culte ». Dans le cadre de notre
étude, nous définissons la religion comme étant le fait
d'appartenir à un groupe qui vénère une divinité et
dont les comportements et croyances sont influencés par celui-ci. Lors
de l'enquête VBG qui a été réalisée en 2007,
la question qui a été posée aux individus
rencontrés sur le terrain afin de cerner l'appartenance à un
groupe religieux donné a été la suivante : « Quelle
religion pratiquez-vous? ». Les principales religions qui ont
été retenues sont : catholique, protestant, musulmane,
animiste/traditionnelle. Par ailleurs, non seulement il est important de
connaître l'appartenance d'un individu à une religion
donnée, mais aussi si celle-ci influence sa vie, son comportement, son
mode de pensée et bien d'autres aspects de sa vie privée et
sociale. C'est à cette fin qu'une autre question est posée
à la suite de la première et consiste à savoir quelle est
l'importance de la religion pour l'enquêté. Si ce dernier
répond que la religion n'a aucune importance à ces yeux, alors on
conclut que l'appartenance à un groupe religieux n'a pas d'influence sur
les comportements et attitudes de l'individu notamment en ce qui concerne la
pratique de l'excision.
Par ailleurs, les religions catholique, protestante, musulmane
et animiste sont essentiellement monothéistes c'est-à-dire
qu'elles vénèrent un seul Dieu. Ce qui les distingue notamment
c'est le lieu de culte ainsi que l'origine des textes sacrés. Chez les
catholiques comme chez les protestants, le culte se déroule à
l'église ou dans les temples et les textes sacrés proviennent de
la bible tandis que chez les musulmans c'est plutôt dans une
mosquée que le culte a lieu et la religion est fondée sur le
coran. Par contre, les animistes n'ont pas de lieu de culte fixe; ils offrent
des sacrifices aux disparus (qu'ils croient avoir le pouvoir de
réincarnation) dans des endroits considérés comme
sacrés.
1.3 Causes et conséquences de la pratique de
l'exc-sion
Les raisons les plus généralement
évoquées pour justifier la pratique de l'excision sont de
plusieurs ordres. Selon Amnesty International dans un rapport publié en
décembre 2005, les différentes raisons évoquées
sont les suivantes :
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 20
- Les raisons psycho-sexuelles : il s'agit ici d'abord de
réduire la sensibilité sexuelle du clitoris afin
d'atténuer le désir chez la femme pour contrôler sa
sexualité dans le but de garantir la virginité avant le mariage
et la fidélité pendant le mariage. Ensuite de garantir le mariage
car les hommes préfèrent les femmes excisées et enfin,
d'accroître le plaisir sexuel masculin.
- Les raisons d'ordre culturel : les défenseurs de
l'excision avancent comme autre argument pour défendre la pratique le
fait que la tradition ne doit pas être remise en question. A
côté de cela, on note aussi que l'excision est un rite
d'initiation de la fillette à la condition de femme et à
l'intégration sociale.
- Les raisons d'ordre religieux : malgré le fait
qu'aucune religion (sauf interprétation
erronée des livres sacrés) ne prescrit
formellement la pratique de l'excision, ses
défenseurs évoquent toujours celle-ci comme
raison justifiant cette pratique ancienne. - Les raisons d'ordre
esthétiques et hygiéniques.
Par ailleurs, l'OMS lors d'une étude menée en
2006, dégage plusieurs conséquences liées à la
pratique de l'excision. Parmi ces conséquences, les plus souvent
cités sont :
- Les risques de complication à l'accouchement :
nombreuses sont les femmes qui après avoir subi l'excision dans
l'enfance ont des complications durant l'accouchement. Cependant, bon nombre
d'entre elles ne savent la plupart du temps pas que ces complications sont
liées au fait qu'elles aient été excisées dans leur
jeunesse. L'ampleur de la complication dépend du type d'excision subi
par la femme.
- L'augmentation du nombre de décès maternels :
la complication de l'accouchement chez les femmes excisées augmente le
risque de décès chez celles-ci.
- Les problèmes d'incontinences : les femmes ayant subi
une forme d'excision sont souvent exposées à des problèmes
d'incontinence qui se traduit par l'incapacité de retenir l'urine.
- Les problèmes d'ordre sexuel (perte de désir,
absence d'orgasme)
- Les douleurs atroces, traumatisme, hémorragies
intenses : la plupart des femmes ayant été excisées ont
souvent des mauvais souvenirs liés à ces moments.
- Autres infections pouvant s'installer par les voies
urinaires suite à l'excision
L'évolution des mentalités et attitudes face
à l'excision a provoqué un changement majeur en ce qui concerne
les groupes d'exciseurs (exciseuses). De nos jours, ce ne sont plus les
exciseuses seules qui s'y livrent avec des outils rudimentaires (lames,
couteau...) mais on note de plus en plus que les professionnels de la
santé s'y mettent également. Ceci peut éventuellement se
justifier pour des raisons économiques : la recherche de gain dans la
pratique de l'excision. C'est ainsi qu'on peut lire dans le rapport de Amnesty
International cité précédemment «les exciseuses ou
les barbiers (en Egypte) ainsi que le personnel de santé (pratiquent
clandestinement) pourraient trouver dans cette pratique une source de
revenus».
Parmi les causes évoquées ci-dessus, nous nous
intéresserons de plus près à la religion. L'objectif
visé est alors de vérifier à l'aide d'outils scientifiques
la significativité de la variable religion dans l'explication du
phénomène de pratique de l'excision. Par ailleurs, les autres
raisons évoqués n'ont pas été testés par des
outils statistiques solides mais plutôt
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
sur la base d'une description de la population des
excisées.
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Mai 2012
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