Résumé / Abstract
L'excision est une pratique qui remonte depuis l'Egypte
antique et qui n'a cessé de se perpétuer au fil des ans. Les
raisons évoquées pour justifier ce phénomène sont
nombreuses comme le soulignent les auteurs qui ont travaillé sur la
question5. Depuis le motif de préservation de la vie de
couple en gardant la femme vierge jusqu'au mariage à la
nécessité religieuse en passant par les coutumes et traditions
les raisons ne manquent pas. Cette étude dont le thème porte sur
la religion et la pratique de l'excision en Côte d'Ivoire, nous a permis
de mettre en évidence deux facteurs déterminants dans le cadre de
la pratique de l'excision en Côte d'Ivoire. Il s'agit bien entendu de la
religion et du groupe ethnique. Ces deux facteurs étant aussi fortement
corrélés. La religion musulmane est apparue comme celle où
la proportion des femmes excisées est la plus élevée ce
qui n'est pas le cas chez les chrétiens et animistes. Les Mande du Nord
apparaissent comme le groupe ethnique où l'excision des filles est
très fréquente. Ce peuple est par ailleurs, très favorable
à la perpétuation de l'excision. A l'opposé, les Akan qui
sont un peuple à majorité chrétienne (catholique et
protestant) sont moins enclins à exciser leurs filles et
présentent une faible prévalence de l'excision.
Female circumcision is a practice dating from ancient Egypt
and who has continued to be perpetuated over the years. The reasons given to
justify this are many, as the authors point out that worked on the issue. Since
the motive of preserving life by keeping the torque virgin until marriage to
religious necessity through the customs and traditions the reasons are not
lacking. This study focuses on the theme of religion and the practice of female
circumcision in Ivory Coast, has allowed us to highlight two key factors in the
practice of female circumcision in Côte d'Ivoire. This is of course
religion and ethnicity. These two factors are also highly correlated. The
Muslim religion has emerged as one where the proportion of circumcised women is
the highest which is not the case among Christians and animists. The Northern
Mande ethnic group appears as where female circumcision is very common. This
people are also very favorable to the perpetuation of female circumcision. In
contrast, the Akan people who are predominantly Christian (Catholic and
Protestant) are less likely to circumcise their daughters and have a low
prevalence of female circumcision.
5. Voir chapitre 2, revue de littératuure
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012
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Chapitre 0 : Introduction générale
0.1 Contexte et justification du thème
Les violences basées sur le genre font partie des
formes les plus graves d'atteinte aux droits de l'Homme car elles sont
dirigées vers des individus en raison de leur appartenance à un
groupe spécifique, particulièrement à un genre
donné (homme ou femme). Elles font l'objet des enquêtes VBG
(violences basées sur le genre) notamment l'enquête VBG 2007 sur
laquelle se basera notre étude. L'expression « violences
basées sur le genre » englobe bon nombre de pratiques
dégradantes qui vont des violences physiques aux mutilations
génitales féminines (MGF) en passant par toutes les autres formes
de violences psychologiques, verbales et économiques. Comme le souligne
bien l'UNICEF dans son rapport « Violences faites aux femmes en Afrique de
l'ouest et du centre », les exemples de violences physiques, la forme la
plus répandue, atteste de l'universalité du
phénomène. Que ce soit au Canada, aux Pays-Bas, au Sri Lanka, en
Zambie, en Tanzanie, au Ghana ou en République démocratique du
Congo, l'ampleur de ces violences justifie qu'on lui accorde un
intérêt particulier. Plus de 130 millions de filles et femmes
auraient subi des MGF en 2005 dont une majorité en Afrique6 .
En ce qui concerne la Côte d'Ivoire 45% des femmes ont subi une forme de
MGF 7.
Les MGF, elles englobent différentes pratiques
traditionnelles qui entraînent l'ablation totale ou partielle d'organes
génitaux féminins. L'excision qui est parfois utilisée
sous le vocable MGF, est une pratique assez répandue à travers le
monde particulièrement en Afrique où elle est la cause
d'énormes ravages qui vont des simples traumatismes à des
problèmes de santé notamment des problèmes de
fécondité et de complication d'accouchement. C'est ainsi que le 2
juin 2006 à Genève, l'OMS montre en citant que «les femmes
ayant subi une mutilation génitale féminine ont sensiblement plus
de risques d'éprouver des difficultés lors de l'accouchement et
que leurs bébés sont davantage exposés au risque de
mourir. Parmi les complications graves de l'accouchement figurent notamment les
risques de césarienne, de forte hémorragie après la
naissance et d'hospitalisation prolongée. L'étude en question a
montré que la gravité des complications augmentait avec
l'étendue et la sévérité de la mutilation».
Par ailleurs, les femmes qui souffrent suite à la pratique de l'excision
parfois ne savent pas que c'est celle-ci qui est la cause de leur souffrance.
Ceci justifie l'intérêt particulier que revêt la lutte
contre les MGF dans les pays où elles sont encore pratiquées. Sur
le plan international, malgré les nombreuses conventions
protégeant la jeune fille et
6. UNICEF 2005
7. UNICEF, EDS 1994, 1998/1999
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 13
la femme de ces pratiques pour le moins dégradantes,
force est de constater que l'on est encore loin de son éradication
complète. Parmi ces conventions, on peut citer :
- La convention sur les droits de l'enfant (CDE)
- La convention sur l'élimination de toutes les formes de
discriminations envers les
femmes (CEDEF)
- La charte africaine sur les droits et le bien-être de
l'enfant
- La charte africaine sur les droits humains et ceux des
populations
- Le protocole additionnel sur les droits des femmes (protocole
de Maputo)
- La convention européenne des droits humains
En ce qui concerne l'Afrique, 28 pays sont
concernés8 avec des taux variant de 5% à 98% :
Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Djibouti,
Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée Bissau, Kenya, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger,
Nigeria, Ouganda, Sénégal, Sierra Léone, Somalie, Soudan,
Tanzanie, Tchad, Togo, RCA et RDC. Malgré sa pratique assez
répandue, l'excision est dans certains pays punie par la
législation notamment en Côte d'Ivoire où la loi
N°98/757 du 23 décembre 1998 interdit sa pratique. Les
contrevenants s'exposent à une peine privative de liberté allant
de 1 à 20 ans et d'une amende de 360 000 à 2 000 000 FCFA.
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