5.3 Recherche des causes évoquées par les
pratiquants de l'excision
La classification faite précédemment nous fait
ressortir une classe (classe 3) qui contient la majorité des personnes
ayant un avis favorable vis-à-vis de la pratique de l'excision. Cette
partie s'intéresse aux principales raisons évoquées par
les individus de cette classe.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 49
FIGURE 5.1 - Proportion des individus
justifiant la pratique de l'excision comme nécessité religieuse
ou non (Source: Enquête VBG 2007)
Le graphique ci-dessus montre la part de responsabilité
qui incombe à la religion dans la pratique de l'excision. La population
qui a été retenue pour réaliser ces graphiques est la
population qui pense que la pratique de l'excision doit continuer. Les avis
recueillis ici portent essentiellement sur les groupes ethniques qui pratiquent
le plus l'excision (les Mande du Sud, les Krou, et les Gur) auxquelles on a
ajouté les burkinabè et les maliens. Ces graphiques montrent que
la religion n'est pas la principale raison évoquée par les
pratiquants de l'excision en côte d'ivoire. En effet, seulement 9% des
mandé du sud et des GUR qui sont pour la pratique de l'excision
justifient leur position par la nécessité religieuse. Cette
proportion est de 7% chez les Krou. Cependant, bien que les proportions
étant assez faibles chez les étrangers (près de 27% de
personnes pensent que la pratique de l'excision est une nécessité
religieuse), ceux-ci s'appuient beaucoup plus sur la religion pour
légitimer cette pratique.
Plusieurs autres raisons sont évoquées par les
populations pour justifier la pratique de l'excision mais la raison la plus
évoquée par ces populations reste du moins la tradition et les
coutumes 4. Près de la totalité des maliens et des
burkinabè pensent que la pratique de l'excision doit perdurer pour des
raisons traditionnelles, indépendamment de la religion. Ceci est
également valable pour les ivoiriens : 70% de mande du Sud, 95% des Gur
et environ 91% de Krou utilisent comme motif principal la tradition. Mis
à part la tradition, les autres raisons les plus observés sont la
«préservation de la virginité» suivie de
«l'accroissement de la chance de se marier»,
«l'hygiène» et le «plus grand plaisir du mari». Dans
ce classement, la nécessité religieuse vient en avant
dernière position des raisons évoquées. Les tableaux
ci-dessous donnent la répartition de ces principales raison
évoquées pour les
4. Voir figures 5.3 et 5.4
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 50
FIGURE 5.2 - Proportion des individus justifiant la pratique
de l'excision comme bonne tradition ou non (Source : Enquête VBG 2007)
différents groupes ethniques sus cités.
FIGURE 5.3 - Répartition en pourcentage des individus
selon le groupe ethnique et du motif évoqué pour justifier la
pratique de l'excision (Source: Enquête VBG 2007)
Les figures 5.3 et 5.45 mettent en évidence
deux raisons principales qu'évoquent les individus qui pratiquent
l'excision. Il s'agit de la tradition et de l'hygiène.
5. Figure 5.4 à la page suivante
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 51
FIGURE 5.4 - Répartition en
pourcentage des individus selon le groupe ethnique et du motif
évoqué pour justifier la pratique de l'excision (Source:
Enquête VBG 2007)
Le graphique ci-dessous (figure 5.5) donne les principales
raisons évoquées par les pratiquants de l'excision dans les
différents groupes religieux.
FIGURE 5.5 - Répartition des individus
pratiquant l'excision selon la religion ainsi que la raison
évoquée (Source : Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 52
On peut constater que la principale raison
évoquée ici reste encore la tradition. En effet, quelque soit la
religion considérée, plus du tiers des pratiquants de l'excision
s'appuient sur la tradition pour justifier leur position .Ceci reste le cas
même dans la population des musulmans. Cependant, malgré les
faibles taux (de «nécessité religieuse»)
observés dans tous les groupes ethniques. Les musulmans sont ceux qui
utilisent le plus la religion comme motif de l'excision. 21% de musulmans
pensent en effet que la pratique de l'excision est une nécessité
religieuse contre seulement 8% chez les catholiques, 5,4% chez les animistes,
et seulement 4,5% chez les protestants. Quant à la «bonne
tradition», elle présente des taux supérieurs à 80%
quelque soit la religion considérée.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012
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