Chapitre 3
Données et sources de données
Dans un souci de compréhension de la relation de
causalité entre la religion et la pratique de l'excision, nous allons
mener des analyses descriptives c'est-à-dire donner les
caractéristiques tant sociodémographiques qu'en ce qui concerne
l'excision de notre population. Ces études utilisent les données
issues d'une enquête qui s'est déroulée en deux phases en
Côte d'Ivoire en 2007, dans un contexte particulièrement
marqué par une agitation en temps de crise. En effet, du fait de la
crise politico-militaire qu'a connu le pays dès 2002, les mouvements de
population ont entraîné dans les zones de conflits la
désintégration des systèmes de protection sociale
traditionnelle, exposant les femmes et les enfants à un haut risque de
violences, d'abus sexuels et de paupérisation. Il était donc
naturel de la part des différents acteurs de la société
d'avoir des informations fiables sur les violences faites aux femmes et aux
enfants afin d'effectuer des comparaisons et de procéder à des
prises de décisions. C'est dans cette optique qu'en 2007, avec l'appui
financier de l'UNFPA, de l'UNICEF, du PNUD et de l'UNIFEM, l'ENSEA a
réalisé l'une des deux enquêtes portant sur les violences
basées sur le genre. La première s'est déroulé dans
la ville d'Abidjan et la seconde dans huit départements de
l'intérieur du pays 1. Ces enquêtes ont permis de
recueillir des informations sur l'ensemble des violences subies par les femmes
(violences physiques, violences sexuelles, violences verbales, violences
psychologiques , violences économiques). Les bases de données
issues de ces enquêtes ont au total 1 529 variables (dont 704 pour
l'enquête d'Abidjan et 825 pour l'enquête des villes de
l'intérieur). Ont été enquêtées au total 15
130 personnes dont 2 740 personnes à Abidjan et 12 390 pour les 8 autres
départements. En ce qui concerne notre étude, seules les
variables ayant un lien direct avec l'excision (Section 4 et 5 des
questionnaires de l'enquête d'Abidjan et de l'intérieur
respectivement) et la religion (Questionnaires menages) seront utilisées
pour rechercher d'éventuelles corrélations entre la religion et
l'excision ou pour élucider d'autres facteurs explicatifs de la pratique
de l'excision. Pour des raisons de commodité, nous allons fusionner ces
deux bases par ajout de variables pour avoir un large éventail
d'informations sur l'ensemble des villes et départements sus
cités. Les rapports finaux de ces enquêtes (réalisés
respectivement en 2007 pour Abidjan et en 2008 pour l'intérieur) nous
montrent les différentes étapes qui ont été suivies
depuis la collecte des données jusqu'à leur traitement. La partie
ci-dessous est une brève présentation des principales conclusions
tirées de ces différentes enquêtes. Le lecteur pourra
s'adresser à l'UNFPA Côte d'Ivoire pour de plus amples
informations concernant les résultats de ces enquêtes.
1. Bouaké, Daloa, Danané, Duekoué,
Guiglo, Korhogo, Man et Yamoussoukro
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 30
3.1 Présentation des données
d'Abidjan
3.1.1 Taille d'échantillon et procédures
d'échantillonnage
L'objectif principal de cette enquête est de fournir des
données fiables sur le niveau des différentes formes de violences
basées sur le genre en Côte d'Ivoire. Le souci premier de l'UNFPA
étant de fournir des effectifs suffisants pour pouvoir faire des
analyses correctes et pertinentes par milieu de résidence (milieu
urbain, milieu rural), groupe d'âges, sexe et niveau d'instruction. Il a
donc été décidé d'interroger 2 000 femmes de 10-49
ans et dans un tiers des ménages sélectionnés, des hommes
du même groupe d'âges. L'échantillon des femmes a
été reparti de façon équitable entre les deux
milieux de résidence (urbain et rural). D'après le rapport de
l'enquête, cet échantillon a été tiré
à partir de la liste des districts de recensement fournie par
l'EIS2 réalisée à Abidjan en 2005 et disponible
à l'Institut National de la Statistique de Côte d'Ivoire.
En choisissant d'enquêter 85 femmes de 10-49 ans par
districts de recensement, cela correspondait à un total de 24 districts
de recensement à sélectionner, soit 40 ménages par
districts de recensement pour assurer une bonne couverture de l'ensemble des
districts de recensement tirés. Malgré le caractère
multidimensionnel de l'étude, il faut noter que seules les violences
interpersonnelles étaient prises en compte, les violences
institutionnelles et sociales ne faisant pas partie de son champ.
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