Dans la littérature psychanalytique, le soi encore
appelé "self" est un pôle du moi qui trouve son origine dans le
processus d'identification depuis l'enfance.
Selon LAPLANCHE (1987), l'identification est
un processus psychologique par lequel le sujet assimile un aspect, une
propriété, un attribut de l'autre et se transforme totalement ou
partiellement sur le modèle de celui-ci. Cette identification se
présente comme un mode de constitution du sujet sur le modèle de
l'autre et a pour aboutissement la formation du "soi". On retrouve aussi dans
le langage psychanalytique la notion de "soi" sous le nom de "soi"
narcissique.
Pour BRAUNCHWEIG (1967), il s'agit d'une
intégration et d'une liaison des excitations diffuses, d'une liaison
entre le biologique et le psychologique. Cette initiative apparaît sous
l'aspect de curiosité ou d'exploration à travers les
activités telles que la manipulation d'objets, le sport, le défi
d'autrui et les interdits sociaux.
Il faut noter que cette approche n'est pas la seule et que
l'ensemble montre que plusieurs facteurs liés au vécu de
l'individu influencent l'image de soi.
Beaucoup de polémiques se font sur l'usage des termes
: concept de soi, perception de soi, représentation de soi, conscience
de soi, image de soi et concept de soi simple ou multidimensionnelle.
Sans nous lancer dans des querelles d'écoles nous
devons toutefois préciser qu'à l'expression conscience de soi ou
concept de soi utilisé en
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Amérique, les chercheurs européens
préfèrent plutôt les expressions image de soi ou du moi.
Dans la terminologie de RODRIGUEZ TOME
(1972), l'image de soi ou l'image propre, est faite de
cénesthésie, d'aperception de soi et du monde extérieur et
est composée d'un agencement de traits que le sujet admet comme lui
appartenant.
Cette préférence du coté européen
tient au moins à deux raisons selon les travaux de WALLON
(1934) :
- La première raison se réfère à
l'orientation prépondérante de la recherche elle-même
centrée sur l'enfant.
- La seconde raison qui est la conséquence de la
première tient également de ce que dans l'expression «
concept de soi », l'on considère que le terme de concept
réfère nécessairement à un niveau d'organisation
beaucoup élaboré, complexe et élevé ; niveau
considéré comme inaccessible par l'enfant.
Pour le continent Américain en général
le terme concept de soi est largement utilisé. Il est défini par
HORROCKS et JACKSON (1978) comme un ensemble
de traits, d'images, de caractéristiques, de goûts, de valeurs
(estime de soi), d'aspiration que l'individu perçoit plus ou moins
clairement en lui-même et qu'il organise de façon plus ou moins
cohérente, ceci en relation avec les autres et les rôles qu'il
joue.
Quel que soit le terme utilisé, perception de soi,
image de soi, représentation de soi, concept de soi, conscience de soi ;
selon L'ECUYER (1994) l'expression se réfère
sensiblement au même contenu : ensemble de traits, d'images, de
sentiments que l'individu reconnaît comme faisant partie de
lui-même, influencés par l'environnement et organisés de
façon plus ou moins consistante. Nous utiliserons de façon
préférentielle l'expression image de soi.
BANDURA (1977), ABRAMSON
& Col (1978), diverses variables comme le
sentiment d'efficacité personnelle; l'estime de soi ou le type de
contrôle personnel ont des répercussions sur l'image de soi que se
fait la personne.
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A partir de ces définitions nous retenons que l'image
de soi résulte d'une interaction entre les composantes de la
personnalité, le vécu quotidien, les qualités, les
attributs, les défauts les valeurs qu'un individu se donne. En tant que
telle, cette notion traduit le degré d'appréhension de soi d'un
individu en un moment précis de son histoire, et dans un environnement
social donné.
De façon opérationnelle, l'image de soi c'est
le portrait qu'un individu donne quand on lui demande de se décrire.
Pour l'évaluer nous nous baserons sur l'estime de soi, la
stabilité de soi et le sentiment d'avoir évolué.
Il n'existe actuellement pas de consensus sur une
définition de l'estime de soi. Mais pour la plupart des chercheurs,
l'estime de soi est une expression qui désigne le jugement ou
l'évaluation que l'on fait de soi-même en rapport avec les
compétences et valeurs.
Selon BELLEZA (1988), lorsque nous
accomplissons quelque chose que nous pensons valable, nous ressentons une
valorisation et lorsque nous évaluons nos actions comme étant en
opposition à nos valeurs, nous "baissons dans notre estime". Selon
certains psychologues, l'expression est à distinguer de la confiance en
soi qui, bien que liée à la première, est en rapport avec
des capacités plus qu'avec des valeurs.
Pour les partisans du courant existentiel américain,
l'estime de soi est une composante de concept de soi qui semble être
liée aux relations à autrui, aux parents par les
mécanismes d'identification. C'est pour aborder dans la même
optique qu'AUSBEL (1952) et ROSENBERG (1965)
cité par GBATI (1988) firent remarquer l'importance
d'une attitude positive des parents à l'égard de l'enfant qui
s'identifie à eux.
De part les diverses approches de la définition de
l'estime de soi, celle qui cadre avec notre étude est celle de
COOPERSMITH (1957) et qui repose sur la notion d'auto
évaluation. Ce terme renvoie à un processus de jugement par
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lequel l'individu considère ses résultats, ses
capacités, ses qualités selon un système de valeurs et de
normes personnelles, et porte un jugement sur son mérite personnel.