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L'instabilité des marchés des céréales dans l'extrême-nord Cameroun

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par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université de Ngaoundéré Cameroun - Maà®trise de géographie 2001
  

Disponible en mode multipage

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Dédicace

A tous ceux qui sont embarqués

Dans la tourmente du marché céréalier,

Tanguant sur les vagues tumultueuses de l'instabilité,

Fouettés par la bise cinglante de l'incertitude,

Sans boussole ni phare pour les guider,

Mais qui, malgré les tempêtes et l'obscurité,

S'évertuent à coups de pagaie désordonnés

Et à rangs dispersés voire parallèles,

A maintenir leur barque rebelle

Sur le cap de la sécurité alimentaire.

Kossoumna Liba'a Natali

Avant Propos

La sécurité alimentaire est depuis quelques années une préoccupation majeure de la société du Nord Cameroun. Malgré l'actuelle proximité "ville-campagne", cette question reste particulièrement cruciale en milieu rural.

Ce mémoire de Maîtrise est issu de l'étude générale sur les filières céréalières dans la province de l'Extrême-Nord Cameroun qui entre dans la dynamique de recherche-développement lancée par le DPGT sur le thème de la sécurité alimentaire au Nord Cameroun. Elle se présente comme une première approche de la filière céréalière à l'Extrême-Nord avec un premier regard sur les acteurs et les stratégies de commercialisation. Cette étude sur le thème "analyse des circuits de commercialisation des céréales à l'Extrême-Nord: Causes et conséquences de l'instabilité du marché" a été réalisée en tandem avec un étudiant de l'INA-PG, Nicolas Pirard en ce qui concerne la collecte des données, leurs dépouillements et la bibliographie.

L'étude était placée sous la direction de deux chercheurs de CIRAD, Ellen HANAK-FREUD (Paris) et Guillaume DUTEURTRE (N'Djaména), et encadrée au niveau de l'université de Ngaoundéré par le Professeur Jean Louis DONGMO (Doyen de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines) et au niveau de l'IRAD de Garoua par Timothée ESSANG. La coordination générale a été assurée par André TEYSSIER, Directeur Adjoint du DPGT.

Résumé

A l'Extrême-Nord du Cameroun, les aléas climatiques se traduisent par des variations inter annuelles importantes de la production des céréales à l'origine de périodes de pénurie alimentaire principalement les années de sécheresse, mais aussi de fortes fluctuations des prix dans le temps et dans l'espace, souvent accentuées par les spéculateurs. Avec l'augmentation de la population, ces périodes deviennent plus fréquentes et plus importantes. Elles se traduisent par un fonctionnement instable des marchés de céréales de la région. L'objectif de ce travail est de mieux comprendre le fonctionnement des marchés à céréales et leur rôle dans la sécurité alimentaire des populations. Pour ce faire ont été menées des enquêtes sur 22 marchés de la province de l'Extrême-Nord et 3 marchés frontaliers du Tchad et des entretiens auprès des opérateurs de la filière (commerçants, transporteurs, transformateurs, consommateurs, services publics et privés). Les résultats montrent une augmentation forte des flux de céréales entre les zones de production et les villes dues à l'augmentation de la population des villes, une diversité des marchés selon leur situation et leurs activités (production, collecte, distribution, consommation), une concurrence dans l'utilisation des céréales consommées pour la fabrication de bière et l'alimentation. L'instabilité des volumes et des prix sur les marchés est due principalement aux difficultés de maîtrise de la production, mais aussi au mauvais état des voies de communication, et à un manque d'information fiable en temps opportun. Réduire cette instabilité en vue d'améliorer la sécurité alimentaire passe en premier lieu par une meilleure maîtrise de la production en développant les cultures irriguées, et en facilitant les flux entre les zones de production et de consommation par l'amélioration des communications.

Abstract

The cereal market of the far north province is instable. Many studies was done on the causes of this instability but there was no precision on the importance of each factors on each market. Trough our study, we wanted to show from a factorial analyse this importance in fact to act effectively. The study was done on twenty-three markets of the Far North province and three from Chad. On those markets we meet producers, traders, intermediaries, hauliers, transformers, consumers. Trough each one, we collect qualitative information which permit us to realise our factorial analyse on WINSTAT, a software of data management. The results of the factorial analyse show to us that the problems of deficit productions, the road and information accessibility are important on the markets of collect while markets of distribution and stockage are most influenced by the exponential transformation of cereals to local beer and speculative stocking.

Key words: Cameroon, Far North, instability, market, cereals.

Sommaire

1. Contexte général de zone d'étude 1

1.1. Contexte agro-climatique 1

1.2. Contexte socio-économique 1

2. Problème général: 2

3. Question générale: 2

4. Revue de la littérature. 3

5. Problème spécifique 4

5.1. Question spécifique: 4

6. Objectif général 4

6.1. Objectifs spécifiques: 4

6.2. Hypothèse 4

7. Méthodologie. 5

7.1. Collecte des données 5

7.2. Traitement et analyse des données 5

8. La filière céréalière à l'Extrême - Nord du Cameroun 5

8.1. Les bassins de production 5

8.1.1. Les bassins de production du sorgho pluvial. 5

8.1.2. Les bassins de production du sorgho repiqué. 5

8.1.3. Les bassins de production du mil pénicillaire 5

8.1.4. Les bassins de production du maïs. 5

8.2. Trois types de marchés de la collecte à la consommation 6

8.2.1. Les marchés de collecte. 6

8.2.2. Les marchés intermédiaires (distribution et stockage). 6

8.2.3. Les marchés de consommation 7

8.3. Les circuits de commercialisation 7

8.3.1. Les circuits non marchands. 7

8.3.2. Les circuits marchands 7

8.3.3. Circuits de commercialisation dans le temps. 8

8.3.4. Circuit de commercialisation dans l'espace. 8

8.3.4.1. Les circuits de commercialisation des sorghos de saison des pluies. 8

8.3.4.2. Les circuits de commercialisation des sorghos repiqués. 8

8.3.4.3. Les circuits de commercialisation du mil pénicillaire. 9

8.3.4.4. Les circuits de commercialisation du maïs. 9

8.4. Les acteurs, leurs fonctions et leurs contraintes. 9

8.4.1. Les producteurs. 10

8.4.2. Les grossistes. 11

8.4.3. Les intermédiaires. 12

8.4.3.1. Les collecteurs. 12

8.4.3.2. Les commissionnaires. 12

8.4.3.3. Les rabatteurs. 12

8.4.4. Les détaillants. 13

8.4.5. Les transporteurs. 13

8.4.6. Les transformateurs. 14

8.4.7. Les consommateurs. 14

9. Résultats et Discussions 16

9.1. Une instabilité causée par la combinaison de plusieurs facteurs 16

9.1.1. Inadéquation entre l'offre et la demande 16

9.1.1.1. Les effets d'une variation importante de l'offre 16

9.1.1.2. Une demande croissante 17

9.1.1.3. Une gestion peu rigoureuse des stocks de céréales par les paysans 17

9.1.1.4. Difficultés de communication entre zones excédentaires et déficitaires : un obstacle aux échanges 18

9.1.1.5. Concurrence dans l'utilisation des céréales entre la fabrication de la bière locale et l'alimentation 18

9.1.1.6. Des pratiques spéculatives sur les marchés urbains 19

9.1.2. Des mécanismes de régulation insuffisants et mal utilisés 19

10. Conclusion et recommandations 20

11. BIBLIOGRAPHIE 21

12. Annexes 25

Tableau

Tableau 1 : Estimations des besoins et des productions en céréales dans la province de l'Extrême-Nord 16

Figure et cartes

Figure 1 : Les types de marchés distingués Carte 1 : Localisation des marchés enquêtés 6

Figure 2 : Evolutions intra et inter annuelle des prix du sorgho pluvial sur le marché de Yagoua (Kossoumna, 2000) 16

Annexes

Annexe 1: Guide d'entretien pour les commerçants. 25

Annexe 2 : Guide d'entre pour les transformatrices de céréales en bière locale 28

Annexe 3 : Guide d'entretien pour les producteurs de céréales 29

Annexe 4 : Guide d'entretien pour les consommateurs 29

Annexe 5 : Fiche d'enquête marchés. 30

1. Contexte général de zone d'étude

1.1. Contexte agro-climatique

La province de l'Extrême-Nord présente des conditions climatiques sévères et capricieuses. Les possibilités agricoles dépendent étroitement des facteurs naturels, essentiellement du climat et du sol. Le climat est de type soudano-sahélien. La température moyenne annuelle est de 28°C. Les précipitations annuelles varient de 400 à 900 mm (630 mm à Kousseri) et beaucoup d'une année à une autre. Les abords du lac Tchad avec trois mois de pluies ont un climat sahélo-soudanien. Maroua baigne dans le climat soudano-sahélien de plaine et compte cinq mois de pluies (de mai à mi-septembre avec de fortes précipitations en juillet et août). Le climat soudano-sahélien de montagne règne sur les Monts Mandara et est caractérisé par une augmentation sensible de la pluviométrie due à l'altitude.

Dans l'ensemble, les basses terres tropicales connaissent des températures élevées aux écarts thermiques assez importants. L'évaporation est intense à cause de la sécheresse et accentuée par les pâturages, les feux de brousse et la surexploitation des terres pour l'agriculture.

La végétation est formée de steppe à épineux sahélo-soudanienne couvrant la zone du Mayo Kani, du Mayo Sava et du Diamaré avec au Sud, une savane boisée soudano-sahélienne. Le secteur soudanien d'altitude couvre le Mayo Tchanaga alors que le Mayo Danay et le Logone et Chari présentent une prairie inondable sahélo-soudanienne avec des nuances là où l'inondation n'est que superficielle. Cette région est couverte par un paysage boisé établi sur des argiles noires (kare) et des harde sur les rives du lac Tchad.

Des déficits de production engendrent fréquemment des disettes. La cause principale semble être d'ordre agro-climatique. Les sécheresses successives auxquelles sont très sensibles les secteurs septentrionaux, entraîne en effet un retard important des semis et un mauvais développement des céréales. La possible dégradation des sols pourrait être également à l'origine de la baisse de rendement. De même l'irrégularité pluviométrique en termes de calendrier agricole, provoque un surcroît de travail, en obligeant les planteurs à recommencer les semis. Or, une telle surcharge de travail augmente la concurrence entre les cultures de rente, par exemple le coton, et les cultures vivrières.

1.2. Contexte socio-économique

La province de l'Extrême-Nord abrite une population de 2556778 habitants (DPS, 1997) avec un taux de croissance estimé à plus de 3,3% (Fusillier et Bom Kondé, 1996), dépassant largement la moyenne nationale de 2,8%. La zone se caractérise par une grande variabilité ethnique et religieuse (animistes, musulmans et divers groupes chrétiens). Cette région est caractérisée par une faible disponibilité en terres cultivables, l'insuffisance des infrastructures socio-économiques et une forte densité de population (77 habitant/km2). Ce fort taux de croissance est en partie responsable du fort taux de chômage, de l'exode rural massif et souvent de la saturation foncière dans cette partie du pays auxquelles s'ajoutent l'éloignement des marchés importants et l'enclavement, la disponibilité financière, l'analphabétisme 80% de la population vit en milieu rural avec tout ce qu'elle connaît comme difficultés d'accès à la terre et aux ressources. Selon une étude de la Banque Mondiale, l'indice de pauvreté y est le plus élevé de tout le pays. En temps normal, 4% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition sévère et 24% de malnutrition modérée; la mortalité infantilo-juvénile de 200/1000 est très supérieure à la moyenne nationale de 130/1000 (Rapport PAM, 1998).

Les exploitations agricoles ont une structure essentiellement familiale. Le coton et les céréales restent le pivot de l'agriculture. La sécurité alimentaire dans cette région est toujours précaire en raison de l'instabilité de la production agricole menacée périodiquement par la sécheresse, des dérèglements pluviométriques, les dégâts liés à l'invasion d'acridiens, d'oiseaux granivores et de l'instabilité du marché des céréales...

Sur l'ensemble de la région, les cultures de céréales sont peu mécanisées, l'irrigation artificielle est marginale, la fourniture et l'utilisation d'intrants, de fumures minérales et organiques restent faibles. La recherche agricole avec tout ce qu'elle comporte comme innovation et amélioration de la productivité demeure marginale pour la population cible. La qualité des sols et des semences ne cesse de se dégrader et les rendements tendent généralement vers la décroissance.

Le secteur productif non agricole est peu développé et la population rurale ne dispose pas, le plus souvent, de revenus indépendants et parallèles à leurs activités agricoles. Les faibles mécanismes de survie consistent principalement à la vente à vil prix du petit bétail dont les prix s'effondrent avec la hausse des prix des céréales.

Le phénomène migratoire vers la plaine du Diamaré et la province du Nord s'amplifie de façon désordonnée avec tout son corollaire de problème foncier, d'adaptation et de cohabitation.

La province de l'Extrême-Nord du Cameroun est particulièrement concernée par le problème de l'insécurité alimentaire. Chaque année dans cette région, le mot disette revient dans l'actualité comme un leitmotiv. Les programmes d'aides d'urgence n'ont que peu d'effets sur le cours des vivriers et sur la situation alimentaire. Comme toujours dans de telles situations, de « nombreuses familles se nourrissent d'herbes, de tourteaux, voire de sons charançonnés » (Teyssier A., 1999).

L'instabilité des prix des céréales a un impact considérable sur la sécurité alimentaire, sur le cours des vivriers, sur la trésorerie des producteurs et des commerçants. Par exemple, la pénurie alimentaire qui a sévi à l'Extrême-Nord pendant la période de soudure de 1998 a été l'occasion pour les spéculateurs de réaliser de somptueux bénéfices. En 1999, ces mêmes spéculateurs et quelques groupements de producteurs qui se sont lancés dans le stockage spéculatif, connaissant mal le marché des céréales, sont sortis endettés, ruinés et désillusionnés.

Les prix des céréales sur les marchés de l'Extrême-Nord du Cameroun connaissent donc des variations inter et intra annuelles fréquentes. Ainsi en 1998, une disette a sévi dans le département du Mayo-Danay. Les prix des céréales atteignaient des records alors qu'il y avait les céréales sur les marchés. La mercuriale de la Délégation d'Arrondissement de l'Agriculture a relève jusqu'à 55 000 Fcfa en août 1998 pour un sac de sorgho à Doukoula, alors que le même sac était de 6 000 Fcfa en août 1999 sur le même marché. Sur le marché de Bogo (d'après les relevés du DPGT), le cours du sac de sorgho a atteint 30 000 Fcfa le 12 septembre 1998, alors qu'il était inférieur à 10 000 Fcfa l'année d'après à la même époque. En plus, les prix des céréales diffèrent d'un marché à un autre. A Doukoula en 1998, le sac de sorgho était de 55 000 Fcfa alors qu'à Bogo le même sac coûtait 25 000 Fcfa.

Ces illustrations montrent que les flambées des prix provoquant de graves crises alimentaires sont survenues à l'Extrême-Nord sans que l'état de disponibilité ne suffise à les expliquer. Ceci nous amène à nous interroger sur l'importance de chaque facteur sur l'instabilité du marché des céréales dans les différentes parties de cette région. Dans ce climat où règnent le paradoxe et l'équivoque, une étude minutieuse s'impose pour faire surgir les multiples paramètres qui interviennent et pour mener à partir d'eux, de nouvelles lectures de faits sans cesse plus complexes. Les enjeux sociaux, économiques et politiques du marché des céréales sont bien trop importants dans cette partie du pays pour mériter notre motivation à réaliser cette étude.

2. Problème général:

Le problème général de cette étude est l'instabilité dans le temps et dans l'espace du marché des céréales dans la province de l'Extrême-Nord Cameroun.

3. Question générale:

La question générale est de savoir comment s'explique l'instabilité du marché des céréales à l'Extrême-Nord Cameroun.

4. Revue de la littérature.

L''instabilité du marché des céréales dans la province de l'Extrême-Nord Cameroun s'explique dans divers rapports et études par des causes nombreuses et variées.

La mauvaise production est l'une des causes la plus importante et la plus fréquemment mentionnée dans les rapports d'activités1(*) et études réalisées (Teyssier, 1999; coopération germano-camerounaise GTZ/MINAGRI2). Cette mauvaise production est causée d'après tous ces rapports et études par les sécheresses successives qui affectent le Sahel depuis 1968/1969. Aux effets néfastes de la sécheresse s'ajoutent l'invasion des cultures par les oiseaux granivores, les criquets, les chenilles, les pachydermes, les rongeurs, les adventices, les inondations auxquelles il faut ajouter les difficultés d'accès au crédit de campagne et à des intrants de qualité au moment opportun qui jouent sur le niveau de production et partant sur les prix des céréales sur le marché. Parallèlement, une bonne production peut également être une source d'instabilité sur le marché (Kossoumna, 2000). En effet, après avoir constitué des stocks importants en prévision d'une flambée de prix, les spéculateurs ne savent plus quoi en faire face à une bonne production. Pour laisser de la place à la nouvelle récolte, ils sont obligés de vendre leurs stocks. Le marché local se trouve ainsi bondé faisant forcément chuter le cours des céréales.

La mauvaise gestion des récoltes notamment la transformation des céréales en bière locale contribue à la hausse des cours des céréales dans les campagnes et villes de l'Extrême-Nord du Cameroun. D'après Yonga (1998) la flambée des prix des céréales dans le monde rural est principalement causée par la bière locale qui est pointée du doigt aussi bien par les pouvoirs publics que les intervenants des Organisations Non-Gouvernementales (ONG). A Douvangar (village où l'étude a été menée), le pourcentage des familles qui font de la bière locale est de 68% (41/60). Dans ce village, une femme qui prépare régulièrement de la bière aurait besoin de 1 260 kg de mil par an. Les 41 vendeuses utiliseraient donc 51 660 kg par an. C'est d'après l'auteur un chiffre effroyable car une quarantaine de femmes qui noient plus de 50 tonnes de mil dans la bière aggravent sans doute la pénurie surtout lorsque certaines vendeuses se servent du grenier familial comme source de matière première à leur activité. Les rapports d'activités de l'ONG britannique Actions Againts Hunger3(*) note également que l'activité de transformation des céréales en bière locale influe énormément sur les prix et partant sur la sécurité alimentaire à l'Extrême-Nord par « gaspillage » de quantités non négligeables de céréales. Chez les Toupouri du Mayo Danay, 30 % de la production de grain sont utilisées dans la fabrication de la bière locale.

La contrainte de liquidité est également une cause de l'instabilité du marché mentionnés par Mathieu et Teyssier (2000). Ces contraintes obligent les producteurs à vendre une bonne partie de leur production à la récolte pour pouvoir acheter ce dont ils ont envie: des animaux, des produits de premières nécessités, des cadeaux, de petits équipements, des investissements de campagne (main-d'oeuvre, crédits-intrants, pesticides...) et pour calmer l'ardeur des créanciers notamment les usuriers et les commerçants (remboursement des emprunts après la récolte...). La mise sur le marché d'une quantité importante de céréales fait chuter les prix de ces derniers au grand bonheur des spéculateurs qui achètent de grandes quantités pour les stocker. Parfois, le stock de sorgho ou de maïs qui reste dans les greniers des producteurs n'est pas suffisant pour nourrir la famille en période de soudure. Il faut alors en acheter au marché à des prix qui ont doublé depuis la récolte. De nouvelles dettes sont contactées et le cycle infernal de l'insécurité alimentaire se poursuit car rares sont les cultivateurs à profiter de la variation saisonnière des cours des céréales qu'ils produisent. Peu d'entre eux disposent en effet d'une trésorerie qui leur permettrait de stocker leur production en attendant un relèvement des prix.

Le taux élevé des pertes qui surviennent après les récoltes et l'afflux massif, spontané et régulier des populations en provenance des pays voisins concourent selon l'Office céréalier4(*) à la baisse de la production vivrière et à la hausse des prix sur le marché.

L'enclavement des régions isolées en saison des pluies complique d'après Teyssier (1999) l'approvisionnement en céréales de nombreux marché, ce qui se répercute sur la disponibilité et les prix en produits vivriers des régions septentrionales.

L'achat et le stockage d'une grande part de la production vivrière par quelques commerçants au moment de la récolte a également selon Teyssier (1999), une importance relative sur sa disponibilité à la période de soudure (juillet et août), limitant les réseaux d'approvisionnement des producteurs et créant une pénurie artificielle qui a un impact direct et immédiat sur les prix.

5. Problème spécifique

La revue de la littérature mentionne plusieurs facteurs expliquant l'instabilité du marché des céréales dans la province de l'Extrême-Nord Cameroun: déficit ou excédent de production, transformation exponentielle de céréales en bière locale, contrainte de liquidité, enclavement, stockage spéculatif. Mais il manque de précision dans l'identification de l'importance de chaque facteur sur les différents marchés de cette région d'où l'intérêt de cette étude dans le cadre de ce mémoire.

5.1. Question spécifique:

Quel est l'importance de chaque facteur sur l'instabilité du marché des céréales (sorghos, mil, maïs) dans chaque partie de la province de l'Extrême-Nord Cameroun ?

6. Objectif général

L'objectif de cette étude est de montrer l'importance de chaque facteur sur l'instabilité du marché des céréales (sorghos, mil, maïs) à l'Extrême-Nord Cameroun. Ceci pourrait permettre aux opérateurs (Etat, organismes privés) de définir les modalités d'une intervention optimale sur chaque facteur étudié.

6.1. Objectifs spécifiques:

- Identifier les circuits de commercialisation des céréales dans la région;

- Identifier les principaux acteurs, leurs nombres sur les marchés, leurs fonctions, leurs contraintes et recueillir les données quantitatives et qualitatives sur leurs activités;

- Identifier les modes de transport des céréales, les coûts et l'état des réseaux de transport entre les marchés;

- Identifier les structures de stockage et les quantités de céréales stockées;

6.2. Hypothèse

Les différentes régions de la province de l'Extrême-Nord n'ont pas les mêmes caractéristiques agro-climatiques et socio-économiques. Ce qui engendre un poids inégal de chaque facteur d'instabilité sur les marchés.

7. Méthodologie.

7.1. Collecte des données

Pour caractériser les marchés, nous avons procédé en juillet-août 2000 à une enquête par échantillonnage aléatoire sur des critères liés à la position des marchés (ruraux, urbains et frontaliers). 22 marchés de la province de l'Extrême-Nord et 3 marchés frontaliers du Tchad ont été enquêtés (cf. carte). Cette phase nous a permis de faire une typologie des marchés de céréales et de voir les flux entre les marchés, le niveau d'intégration régionale et l'influence des marchés périphériques sur ceux de l'Extrême-Nord.

Des entretiens ont été menés avec différents acteurs de la filière pour identifier les facteurs d'instabilité, les niveaux d'implication des acteurs, leur influence réelle sur le marché, leurs contraintes et leurs stratégies.

7.2. Traitement et analyse des données

Les données essentiellement qualitatives (témoignages sur les contraintes et les stratégies...) ont été dépouillées manuellement. La typologie a été utilisée comme outil pour représenter la diversité des marchés à partir des critères suivants : proximité des axes de communication, des sites de production, qualité des acteurs qui y interviennent, caractère rural ou urbain...

8. La filière céréalière à l'Extrême - Nord du Cameroun

Dans notre zone d'étude, les grands groupes de céréales sur lesquelles nous avons travaillé sont les sorghos (pluvial et repiqué), le maïs, le mil pénicillaire, le riz.

8.1. Les bassins de production

La répartition géographique des bassins de production des céréales étudiées varie en fonction des caractères morpho-écologiques et climatologique.

8.1.1. Les bassins de production du sorgho pluvial.

Les sorghos de saison des pluies se pratiquent dans les plaines du Mayo Danay, du Mayo Kani, du Diamaré et sur les flancs des montagnes et les piémonts des Monts Mandara et Kapsiki.

8.1.2. Les bassins de production du sorgho repiqué.

La zone de production du muskwari s'étend du lac Tchad jusqu'au centre du bassin de la Bénoué. Il est cultivé dans les kare et son aire d'extension est étroitement délimitée par les superficies en vertisols ou sols hydromorphes disponibles. La grande zone de production se situe dans la région du Diamaré (Bogo, Dargala, Gawel, Salak, Mindif, Maroua) et au Sud du Logone et Chari (Waza).

8.1.3. Les bassins de production du mil pénicillaire

Les mils pénicillaires, plus rustiques peuvent accepter des conditions pluviométriques assez sévères que les sorghos et sont cultivés sur des sols légers. Ils sont bien adaptés aux bombements dunaires des pays Toupouri et aux sols d'arène des massifs montagneux du Mayo Tchanaga. Les Mafas les cultivent une année sur deux en alternance avec le sorgho pluvial pour éviter l'épuisement de leurs champs en terrasse, exploités sans jachère (Roupsard, 1987).

8.1.4. Les bassins de production du maïs.

« La province de l'Extrême-Nord que l'on peut considérer comme le berceau historique de l'implantation du maïs dans la région, s'est avérée moins propice que les autres provinces, à l'extension de cette culture » (Silvestre, 1994). Le développement de cette culture à l'Extrême-Nord se limite à la bordure du lac Tchad. Ailleurs, le maïs reste une culture de case. Depuis, sa production n'a cessé de régresser pour atteindre aujourd'hui un niveau marginal.

8.2. Trois types de marchés de la collecte à la consommation

Les marchés des céréales ont été regroupés en 3 types (collecte, intermédiaires (distribution, stockage) et consommation dépendant les uns des autres (Figure 1et carte 1).

Figure 1 : Les types de marchés distingués Carte 1 : Localisation des marchés enquêtés

Ces marchés se distinguent principalement par les volumes de transaction, les acteurs impliqués et les périodes d'activités (Kossoumna, 2000).

8.2.1. Les marchés de collecte.

Les marchés de collecte se situent dans les zones de production et les grosses transactions se concentrent à la période de récolte. Ce sont les lieux privilégiés de collecte de l'offre paysanne par les collecteurs, dans les champs ou dans les villages environnants. L'unité de transaction à la collecte est la tasse, l'agoda1(*), le korro2(*) ou le sacs et la revente se passe uniquement en sac, souvent reconditionnés. Dans notre échantillon, nous pouvons citer dans cette catégorie les marchés de Bogo, Dargala, Mindif, Salak pour les sorghos repiqués ; Doukoula, Kouyapé, Zamay, Hougno, Ardaf, Dogba, Vélé pour le sorghos pluviaux ; Moulvoudaye pour le mil pénicillaire ; Blangoua, Mada, Maltam pour le maïs (carte 1).

8.2.2. Les marchés intermédiaires (distribution et stockage).

Les marchés de distribution se localisent dans des centres urbains ou dans les villes frontalières. Ils assurent la distribution des céréales vers les centres de consommation ou vers les marchés de réexportation et de stockage ou se combinent avec ces derniers. Les acteurs sur ces marchés sont les grossistes. Les transports sont assurés par les gros camions (10 à 15 tonnes). Ces marchés sont le plus souvent reliés à de grands axes de communication. Dans cette catégorie, on peut citer les marchés de Kousseri et Mada, Ndjaména pour le maïs ; Maroua, Yagoua, Mokolo, Mora, Kaélé, Bongor pour les sorghos pluviaux et repiqués.

Les marchés de stockage sont permanents et le plus souvent localisés dans les centres urbains et les villages frontaliers. Les transactions se passent entre les intermédiaires et les grossistes-exportateurs. Les céréales sont stockées dans des magasins, sous des hangars ou en plein air et vendues soit en détail, soit en gros aux consommateurs, aux transformateurs, aux détaillants, à des revendeurs venus d'autres villes ou à des organismes publics ou privés (office céréalier, PAM...). Un travail de reconditionnement des sacs est effectué au préalable et les camions gros porteurs se chargent de l'évacuation. Les marchés de Kousseri et de Blangoua, Ndjaména, Fianga orientés vers le Tchad et ceux de Kouyapé, Amchidé et Mora orientés vers le Nigeria peuvent être classés comme marchés de stockage.

8.2.3. Les marchés de consommation

Ce sont des marchés permanents localisés le plus souvent dans les centres urbains. C'est la destination finale des céréales qui sont stockées dans des magasins, sous des hangars ou en plein air et vendues soit en détail soit en gros aux consommateurs, aux transformateurs, aux détaillants, à des revendeurs venus d'autres villes ou à des organismes publics ou privés ( office céréalier, PAM...). Une partie de ces céréales est transformée et est vendue sous forme de farine, de bière...

8.3. Les circuits de commercialisation

« Le système de commercialisation se caractérise par les fonctions d'offre des producteurs, suivi de la collecte, du transport et de la distribution des produits. De même, il constitue un moyen de répartition des revenus entre les producteurs et les consommateurs en passant par une foule d'acteurs constituée des grossistes, des détaillants, des intermédiaires, des transporteurs, des transformateurs... Il est de plus un vecteur d'échange entre la ville et la campagne » (Silvestre, 1994). A l'Extrême-Nord du Cameroun, il existe une diversité de circuit dans la filière céréalière. On peut les regrouper en deux groupes: les circuits non marchands et les circuits marchands.

8.3.1. Les circuits non marchands.

La population urbaine reste très liée à ses origines villageoises où vit une partie de la famille. Beaucoup de ménages urbains reçoivent ainsi des céréales brutes en cadeau directement du village ou sous forme d'échange de travail agricole contre des céréales. Pendant la période des récoltes en effet, une grande partie des populations des zones déficitaires émigrent temporairement vers les zones de production, particulièrement de sorghos repiqués (Maroua, Dargala, Salak...), pour servir de main-d'oeuvre. Ils sont la plupart du temps rémunérés en nature et rentrent ainsi chacun avec un à trois sacs. La bibliographie existante et les résultats d'enquêtes ne permettent pas de chiffrer de manière fiable les volumes transitant à travers ces circuits, mais il semble être important au regard de la forte émigration pendant les périodes de récolte dont nous n'avons pas non plus de données précises.

8.3.2. Les circuits marchands

Il est, de la même manière difficile de connaître la quantité de céréales locales qui passe par le marché. Cependant, les taux de commercialisation généralement avancés s'inscrivent dans une fourchette de 10 à 30 % de la production ( Fusilier et Mbom Kondé, 1997).

A la différence des cultures de rente comme le coton dont la commercialisation est rigoureusement réglementée, les ventes de céréales sont étalées dans l'année et offrent la possibilité d'être directement commercialisées sur les marchés. Bien que les ventes importantes se passent à la récolte, les producteurs continuent à vendre au fur et à mesure de leurs besoins monétaires. Parallèlement à leurs fonctions dans la sécurité alimentaire, les céréales jouent également un rôle central dans la gestion de la trésorerie familiale au cours de l'année. Elles constituent pour les producteurs, l'équivalent d'un compte d'épargne au cours de l'année pour subvenir aux dépenses ordinaires et pour faire face aux dépenses imprévues tout au long de la campagne agricole.

Aujourd'hui, le circuit de commercialisation des céréales est essentiellement animé par les acteurs privés. Ce système de commercialisation assure la circulation des céréales des zones excédentaires vers les zones rurales déficitaires et des campagnes vers les villes qui se trouvent être pour la plupart des chefs-lieux des départements. Les circuits de commercialisation des céréales sont caractérisés dans le temps et dans l'espace avec une succession d'acteurs et de lieux par lesquels transitent les produits.

8.3.3. Circuits de commercialisation dans le temps.

Au cours d'une même année, la circulation d'un même produit peut changer de sens. « Si pendant la commercialisation, la tendance générale est au drainage des céréales du monde rural vers les villes, la direction empruntée par ces flux, peut s'inverser durant la période de soudure » (Baris et Couty, 1981). En effet, pendant la période de récolte, les céréales quittent les zones de production pour les centres de consommation. Pendant cette période, les marchés de collecte et de production sont les plus sollicités. Les camions ou les pick-up débarquent ainsi sur ces marchés et de fois sur les parcelles pour le transport des céréales.

Si les ventes de céréales se concentrent pendant la période de récolte, c'est à la fois grâce à la disponibilité des produits à bon prix, des contraintes financières des producteurs et de la bonne praticabilité de la route à cette période de l'année. Pour collecter le coton, les routes des campagnes sont en effet raclées par la SODECOTON, généralement en novembre-décembre permettant aux commerçants d'accéder facilement dans les zones de production pour s'approvisionner avant que les pluies ne les enclavent et que la disponibilité céréalière ne diminue.

8.3.4. Circuit de commercialisation dans l'espace.

Globalement, les céréales quittent les zones de production excédentaires pour les zones déficitaires ou les zones de production pour les zones de consommation ou encore les campagnes pour les villes.

Selon qu'il s'agit du sorgho pluvial ou repiqué, du mil pénicillaire ou du maïs, les origines et les destinations diffèrent.

8.3.'.1. Les circuits de commercialisation des sorghos de saison des pluies.

Les circuits de commercialisation des sorghos de saison des pluies sont courts. L'attraction spatiale qui s'exerce autour de cette culture est limitée autour de la zone de production sauf en période de pénurie ou de disette. La récolte est souvent consommée localement soit sous forme de boule, soit sous forme de bières locales pour attendre la récolte du sorgho repiqué pour les zones qui en produisent. La récolte du sorgho pluvial coïncide avec la première récolte du riz et les producteurs de riz qui ne consomment pas généralement cette dernière céréale, la vendent pour se procurer du sorgho (à Yagoua notamment). Les sorghos pluviaux à la récolte sont soit auto-consommés, soit, ils quittent leurs zones de production vers celles du riz pour la consommation soit, ils sont drainés des campagnes vers les villes pour la consommation et la fabrication de la bière locale. Il faut aussi noter que les habitudes alimentaires jouent beaucoup dans le transfert de céréales d'une région à une autre.

8.3.'.2. Les circuits de commercialisation des sorghos repiqués.

« Les sorghos repiqués représentent près de 40 % de la production céréalière de l'Extrême-Nord » (Fusillier et al, 1997). Son circuit de commercialisation est beaucoup plus étendu que celui du sorgho pluvial. Les commerçants achètent en période de récolte soit pour revendre immédiatement sur les marchés de consommation (dont Maroua est le plus important), soit pour les acheminer vers les zones déficitaires (Doukoula, Yagoua, Hougno, Mokolo...), soit pour les stocker dans les magasins en prévision d'une éventuelle hausse des prix. Le safrari est de loin la variété la mieux prisée par les spéculateurs pour sa bonne conservation et par les consommateurs pour son goût.

8.3.4.3. Les circuits de commercialisation du mil pénicillaire.

Le mil pénicillaire comme le sorgho pluvial se limite à un circuit assez court. Produit dans la zone du Mayo Danay et du Mayo Kani, Il est consommé localement et drainé vers les villes de Maroua et de Mokolo où il est beaucoup consommé pendant la période de jeûne du Ramadan.

8.3.4.4. Les circuits de commercialisation du maïs.

A l'Extrême-Nord, le maïs est essentiellement produit dans les défluviations du lac Tchad et du Logone et Chari (Kousseri, Mada, Maltam, Blangoua, Fotokol...). La région du Logone et Chari dépend peu des autres villes de l'Extrême-Nord. Ses relations commerciales sont plutôt privilégiées avec les villes et les villages frontaliers du Tchad et du Nigeria. Cette orientation centrifuge des flux commerciaux peut s'expliquer par plusieurs facteurs:

- Les habitudes alimentaires des populations qui ne consomment qu'essentiellement du maïs;

- Le mauvais état du réseau routier pendant la saison des pluies;

- Les similitudes entre les peuples de part et d'autre de la frontière Cameroun-Tchad et Cameroun-Nigeria;

- La facilité de communication à travers le lac Tchad.

Les marchés de Mada, Blangoua, Kousseri, de Fotokol... constituent des centres importants de stockage et de distribution de maïs dans la zone du Logone et Chari. Une bonne partie du maïs est vendue dans les marchés frontaliers. Les marchés de Makari, Mada, et de Fotokol alimentent les marchés nigérians; ceux de Blangoua, Goulfey, Kousseri sont beaucoup plus orientés vers le Tchad.

D'après les témoignages de Monsieur le Maire de Blangoua1(*) et le Chef de Service des Statistiques de la Délégation Départementale de l'Agriculture du Logone et Chari2(*) , il est fort probable que les céréales qui vont au Tchad continuent au Soudan.

Cependant, le maïs qui alimente les autres marchés de l'Extrême-Nord proviennent essentiellement de la région de la Bénoué (Ngong, Adoumri, Boula Ibbi, Baïla...), la production locale étant marginale et destinée à l'auto consommation.

Globalement, les échanges de céréales (mils, sorghos, maïs) avec les pays limitrophes de l'Extrême-Nord apparaissent de manière conjoncturelle, en fonction des pénuries ou des excédents d'un côté ou de l'autre de la frontière. Ces échanges sont le plus souvent de faible ampleur et organisés nettement de manière locale selon des circuits assez courts à partir des marchés frontaliers. Les mêmes conditions climatiques de ces régions situées sur la même latitude font d'ailleurs que, le plus souvent, l'abondance ou la disette est simultanée.

Les circuits de commercialisations sont animés à tous les niveaux d'organisation de la filière par des acteurs ayant des fonctions bien définies, mais aussi des contraintes que nous allons développer dans la prochaine partie.

8.4. Les acteurs, leurs fonctions et leurs contraintes.

Entre le producteur et le consommateur évoluent un certain nombre d'acteurs: intermédiaires (collecteurs, commissionnaires, rabatteurs), transporteurs, détaillants, transformateurs. Un seul acteur peut également remplir plusieurs fonctions. Quels sont les fonctions et les contraintes de chaque acteur?

8.4.1. Les producteurs.

Les producteurs constituent la première chaîne du maillon de la filière céréalière. Ils se chargent de la production (semis, labour, sarclage, récolte, battage, ensachage...) puis du transport sur les marchés de brousse, de collecte, de distribution ou souvent directement au marché de consommation.

Auparavant, les producteurs de mil, sorgho, maïs ne se contentaient que de vendre le surplus de leur production, mais aujourd'hui leurs stratégies est de plus en plus de réaliser un surplus de production commercialisable et surtout de produire ce qui se vend le mieux. C'est la raison pour laquelle un engouement est constaté pour le sorgho repiqué ou le maïs en ce qui concerne chaque zone de production. Les producteurs vendent chacun, selon ses besoins et sa disponibilité céréalière, des quantités variables, allant de la calebasse à plusieurs sacs. Ils disposent rarement de moyens de transport. Les céréales sont acheminées sur les lieux de vente par tête, à dos d'ânes, par charrettes, par pirogue (pour la population riveraine). Lorsque les routes sont praticables, les pick-up viennent sillonner les villages la veille ou les jours de marchés hebdomadaires pour acheminer les produits sur les lieux de transaction.

Qu'elles sont les motifs de vente qui s'exercent sur les producteurs en dépit de la fragilité des équilibres céréaliers, mettant parfois en péril ceux-ci?

Les producteurs, s'ils ne disposent pas d'un emploi non agricole (couture, bricolages, petite échoppe, élevage...), qui, outre la culture du coton, leur assure un revenu monétaire, sont soumis à des contraintes de liquidité qui les obligent à vendre une bonne partie de leur production à la récolte. Ces ventes sont destinées à:

- Payer les investissements de campagne (main-d'oeuvre, crédits-intrants, pesticides...);

- Calmer les ardeurs des créanciers notamment les usuriers et les commerçants (remboursement des emprunts après la récolte...);

- Satisfaire les exigences domestiques (festivités, produits de première nécessité, petits équipements, achat d'animaux domestiques...).

Le producteur se trouve donc prisonnier de ses besoins et des prix à lui imposés sur les marchés. La rareté du crédit rural ne permet pas de desserrer cette contrainte. Rares sont ceux qui peuvent investir ailleurs les fruits de vente de leur production. Les stocks de sorgho ou du maïs ne sont pas toujours suffisants pour nourrir toute la famille pendant la période de soudure. Il faut alors en acheter au marché à des prix qui ont presque doublé depuis la récolte. De nouvelles dettes sont alors contactées et le cycle infernal recommence... Le volume des stocks mis en vente étant faible et irrégulier, les producteurs ne peuvent favorablement influencer le marché.

L'analyse des modalités de vente révèle que, outre les contraintes sus cités, celle de l'enclavement tient les producteurs prisonniers du marché local dans certaines régions excédentaires ou déficitaires (notamment dans le Mayo Danay et le Mayo Kani). Bien entendu, les moyens de transport dont disposent les producteurs (charrette, âne, pousse-pousse, vélo, pirogue...), ne sont guère favorables au transfert de lourdes charges sur de longues distances. La charrette, par exemple, à laquelle les producteurs ont l'habitude de recourir pour acheminer leur production sur le marché, supporte à peine 500 kg voire moins en saison des pluies, et ne permet de parcourir plus d'une dizaine de kilomètre.

Ainsi, les producteurs désireux de commercialiser leurs produits sur les marchés urbains transportent de petites quantités, supportant des coûts unitaires proportionnellement plus importants que les grossistes. Le plus souvent, ces coûts s'expriment en temps pour le producteur qui transporte à pied et avec peu de moyen sa charge de production. Par ailleurs, si les producteurs ne portent pas leurs surplus sur d'autres marchés, c'est l'incertitude d'y obtenir un meilleur prix qui varient d'une semaine sur l'autre sans qu'il soit possible d'anticiper ces changements. Le pouvoir de négociation des producteurs étant faible au vu des quantités mises sur le marché.

Les conditions d'information et de transport déficientes telles que nous les constatons entre les villes et les campagnes de l'Extrême-Nord ne garantissent jamais d'un prix et d'un débouché certain. Les coûts de transport et de stockage qu'il faut supporter pour intervenir sur un autre marché sont importants par rapport à la faiblesse des volumes commercialisés. « Aussi, les alternatives du producteur, obligé d'intervenir souvent là où la concurrence est la plus forte, sont-elles de fois illusoires : Soumis au même calendrier monétaire, les producteurs sont autant de concurrents les uns des autres alors que les collecteurs, commerçants, et même certains gros producteurs ne sont que les différents doigts d'une seule main à laquelle seuls des volumes de vente importants permettent d'échapper » (Merdaoui,. 1999). Or, cette condition reste le privilège de quelques rares producteurs capables de gagner la confiance d'un commerçant local ou étranger, qui leur accorde une avance financière suffisante pour se lancer dans la collecte contre une commission.

8.4.2. Les grossistes.

« Acteurs classiques du commerce africain des vivriers, les grossistes ont une intervention déterminante dans la régulation des marchés » (Harre et Oyep, 1992). Seul un groupe restreint de grands commerçants a la capacité de financer et d'organiser l'ensemble des circuits car ils ont un capital plus important et disposent d'un lieu de stockage dans les marchés de consommation urbains. Leur position dominante sur les marchés repose alors sur leur capacité à trouver et à transporter des céréales à tout moment de l'année.

Ces acteurs sont issus des centres urbains et leur nombre est restreint sur les marchés. Ils sont connus et répertoriés par les services administratifs et n'ont pas une véritable spécialisation car ils traitent à la fois plusieurs produits dont les plus fréquents sont les mils, le maïs, les sorghos, le riz, l'arachide... Leur capacité de stockage varie selon l'emprise des individus dans l'activité.

Les grossistes se chargent de la collecte et de la distribution des céréales entre les producteurs et les consommateurs. Ils financent un réseau de collecte plus ou moins important selon les moyens de chacun et les risques financiers qu'il peut prendre. Ces intermédiaires opèrent dans les parcelles, dans les marchés de collecte et de production. Il peut avoir superposition de fonction entre producteurs et grossistes à l'instar de ceux de Bogo, Dargala ou Salak qui vendent leur production à d'autres grossistes sur les marchés de collecte ou de production.

Les coûts de transport prohibitifs pendant les saisons des pluies et l'absence des structures de stockage sur les marchés destinataires sont les principales contraintes pour les grossistes. En effet, ces deux contraintes amène le commerçant éloigné de sa zone d'intervention habituelle de vendre rapidement en ayant peu de chance de réaliser les bénéfices qui l'avaient attirés jusque là.

Par ailleurs, les marchés céréaliers de l'Extrême-Nord sont aujourd'hui essentiellement spéculatifs. Ce caractère peut permettre aux grossistes soient de réaliser des bénéfices somptueux comme lors de la disette de 1998 ou faire des pertes importantes (1999 par exemple). En effet, une pluviométrie capricieuse, une maîtrise insuffisante de la production par la grande majorité des producteurs, la fragilité habituelle des surplus, ne permettent pas aux commerçants d'évaluer l'importance de la prochaine campagne. Comme les producteurs, ils surveillent les pluies et tentent de diagnostiquer leurs incidences mais restent soumis, jusqu'à la dernière minute, à une grande incertitude quant à ses résultats qu'ils n'appréhendent vraiment qu'au moment de la récolte. Malgré une fine connaissance des risques de production, il leur est difficile d'apprécier les incidences des aléas et des accidents de production (manque ou excès des pluies, ravageurs...), comme c'est fréquent à l'Extrême-Nord sur les ventes des producteurs. « Les années de très bonnes récoltes comme celle de 1998/99 sont pour les grossistes-stockeurs un désagrément car ils ne savent plus que faire de leurs stocks de l'année précédente. Ce qui les obligent souvent à vendre à perte afin de libérer de l'espace pour stocker la nouvelle récolte » (Kossoumna, 2000).

Disposer d'une capacité de financement s'avère la condition déterminante d'approvisionnements réguliers et aux meilleures conditions. Or, peu de commerçants ont accès au crédit bancaire.

Entre les producteurs et les producteurs évoluent souvent des intermédiaires dont le rôle n'est pas négligeable dans l'organisation de la filière.

8.4.3. Les intermédiaires.

Les intermédiaires (dilaali) opèrent dans les parcelles, les marchés de brousse, de collecte ou de production. Dans cette catégorie d'opérateurs, on peut distinguer: les collecteurs, les commissionnaires, les rabatteurs.

8.4.3.1. Les collecteurs.

Comme leur nom l'indique, les collecteurs assurent la collecte des céréales dans les zones de production. Tous ne parviennent pas à être autonomes et sont très souvent financés par les grands commerçants, pour une partie ou pour la totalité de leurs activités. Ils peuvent aussi agir, soit pour leur compte, soit pour le compte même des producteurs.

Lorsqu'ils travaillent pour les grossistes, un fond leur est alloué et ils perçoivent une commission négociée au préalable par sac acheté. Cette commission est de 100 Fcfa/sac pendant une période normale. Elle augmente lorsque l'approvisionnement devient difficile pendant la période de soudure ou de disette (150 à 200 Fcfa). Ils interviennent normalement pendant la période de la récolte. Leur rayon d'action s'étend sur plusieurs villages et sur les marchés hebdomadaires.

Outre les marchés hebdomadaires, ils peuvent acheter au jour le jour et des transactions ont lieux quotidiennement. Dans ce genre de circuit en effet, ils achètent directement aux producteurs, stockent sur place pendant quelques jours puis loue un moyen de transport pour ramasser les stocks et les livrer aux commerçants grossistes sur les marchés hebdomadaires de collecte, de production, de consommation urbains. Ils devront donc payer la manutention et le déplacement qui varie en fonction de la distance parcourue, mais aussi en fonction de la praticabilité des routes et donc des saisons.

La collecte est organisée en sacs, en agoda ou en korro. Ils ont une connaissance fine des variations prévisibles des prix sur les marchés hebdomadaires grâce à leur mobilité permanente. Ils disposent d'un faible capital, les moyens de stockage et de transport ne leur appartiennent pas.

En outre, l'activité des collecteurs permet de réduire les tensions pouvant survenir sur les marchés quand l'offre est défaillante. Les quantités mises sur les marchés par ces acteurs limitent la hausse des prix.

8.4.3.2. Les commissionnaires.

Ils constituent une catégorie proche de celle des collecteurs dans le sens qu'ils interviennent d'une manière identique au stade de la collecte. Toutefois lorsque le commerçant est uniquement commissionnaire, il n'intervient qu'à la collecte et n'a donc qu'un faible rôle sur le marché. Il n'achète que des quantités de céréales pour lesquelles il dispose d'un financement, à un prix concerté auparavant avec le créancier. Son intervention peut contribuer à une baisse de prix d'achat au producteur, car il cherche à maximiser sa marge en achetant à un prix plus faible que celui convenu. Il n'est pas rare qu'un commissionnaire travaille pour plusieurs commerçants.

8.4.3.3. Les rabatteurs.

Ceux là collectent pour les grossistes à la journée. Ils opèrent généralement sur les marchés ruraux hebdomadaires et achètent au comptant dans la journée aux producteurs ou aux détaillants pour vendre au comptant aux grossistes le soir même. L'heure de revente constitue leur principale stratégie car le soir, les céréales sont finis sur les marchés et les commerçants ne peuvent qu'acheter leurs marchandises à un prix qui les arrange. Leur capacité financière étant très réduite, ils n'achètent souvent que quelques sacs (6 à 10) qu'ils vendent avec une marge de bénéfice de 200 à 300 FCFA.

Les intermédiaires ont ainsi leurs cartes à jouer dans l'approvisionnement des céréales et une marge d'arbitrage au niveau des prix.

Les principales contraintes pour ces acteurs sont celles de l'accès au capital, à la logistique de stockage et aux moyens de déplacement. Ils ont en effet une capacité de financement réduite et leurs gains unitaires sont souvent faibles.

Quelle que soit la dimension de leur activité, Les intermédiaires ont des stratégies communes. Ces acteurs s'approvisionnent en effet sur les mêmes marchés et dans les mêmes villages. Les pratiques commerciales sont assouplies au maximum, de manière à assurer la rotation la plus rapide du capital et à limiter les coûts intermédiaires (transport, manutention, stockage, immobilisation sur les lieux de collecte ou de vente).

L'emplacement pour l'achat et la revente des céréales constitue également un atout qu'exploitent les intermédiaires. En ce qui concerne l'achat, les intermédiaires choisissent l'endroit de leurs transactions en fonction des facilités d'avoir une bonne quantité de céréales à un moindre coup. Les marchés de brousse, de collecte ou de production sont appropriés pour ces acteurs, mais ils peuvent se poster sur les principales voies d'accès au village les jours de marché et sillonnent les villages environnants le reste du temps pour constituer par agoda ou par korro, un, deux ou trois sacs. Si le stock ainsi constitué le justifie, le commerçant commanditaire pourra envoyer une pick up, voire un camion loué aux commerçants urbains de passage, pour rassembler ces stocks.

8.4.4. Les détaillants.

Ils sont les plus nombreux sur le marché (50 à 100 sur les marchés de collecte, 150 à plus de 250 sur les marchés de consommation). Constitués majoritairement des femmes, ils forment un groupe cosmopolite où on rencontre des ethnies et des religions diverses. Ils évoluent sur tous les marchés que ce soit hebdomadaires (de brousse, de collecte, de production, de distribution) ou permanents de consommation... Leurs sources d'approvisionnement sont variées:

- L'auto approvisionnement à partir de leur propre production;

- L'achat à la tasse auprès des producteurs sur les marchés;

- L'achat de un à deux sacs auprès des petits commerçants ou des grossistes ayant magasins ou hangars sur les marchés;

- L'emprunt de quelques sacs auprès des grossistes qu'ils remboursent en espèces après la vente une à deux semaines plus tard.

Les quantités vendues pour toutes les céréales sont réduites (allant de quelques tasses à un ou deux sacs de 100 kg par jour). Ils peuvent vendre un à deux sacs par semaine et le volume de vente varie selon les saisons. Il est faible pendant la période de récolte et élevé à la soudure. Les céréales sont exposées dans des sacs, des calebasses, des assiettes, et même étalées sur des sacs ou des bâches. Une même personne peut vendre plusieurs variétés différentes de sorghos, de maïs, de mils. L'unité de vente est la tasse, l'agoda ou le korro et même le sac selon les régions et la demande de la clientèle constituée de consommateurs, de transformateurs, des intermédiaires.

Les contraintes des détaillants se situent au niveau de leurs sources de financement. Leurs moyens sont en effet limités et leur champ d'action réduit. Souvent le petit cadeau que les détaillants ajoutent à un client peut constituer un manque à gagner après la vente des sacs d'autant plus qu'ils n'ont pas droit à ce petit cadeau lorsqu'ils achètent en sac chez les grossistes.

8.4.5. Les transporteurs.

Ils constituent les acteurs principaux permettant le flux des céréales. Propriétaires des camions et des pick up, ils se chargent très rarement eux-mêmes du transport. Ce travail est laissé à des chauffeurs qui reviennent verser la recette chaque soir ou à la fin de chaque semaine. Ils sont organisés en Syndicat. Sur les marchés des zones rurales essentiellement, nous rencontrons des transporteurs propriétaires de charrettes qui opèrent sur des distances réduites. D'autres transporteurs à l'intérieur même des marchés, que ce soit urbains ou ruraux, sont les manutentionnaires. Ils acheminent les céréales du lieu de vente auprès des camions ou des pick up et du marché vers l'intérieur des quartiers.

La contrainte majeure des transporteurs se situe au niveau de la saisonnalité. La plupart du réseau routier dans les zones d'approvisionnement pendant la saison des pluies sont impraticables. Ceci amène les commerçants soit à cesser leurs activités sur ces axes comme c'est le cas à Blangoua, à Doukoula, Ardaf, Hougno... ou à ne transporter qu'une quantité de marchandise réduite par rapport à la charge utile. Ceci constitue un manque à gagner important au regard du prix du carburant utilisé pour parcourir ce trajet.

La durée du trajet constitue également une conséquence des mauvaises routes que doivent subir aussi bien les transporteurs, les commerçants que les consommateurs. Selon les témoignages recueillis au cours de nos enquêtes, lorsque les routes sont impraticables, les transporteurs passent deux à trois jours en chemin pour desservir les marchés ruraux. Les voitures de transport de céréales qui sont la plupart des camions se trouvent ainsi vite amorties à cause d'innombrables crevasses qui jonchent les pistes.

Face à toutes ces contraintes, les transporteurs n'ont pas beaucoup d'alternatives. Ils sont de fois obligés d'arrêter les trafics sur certains axes routiers impraticables. La seule stratégie qu'ils utilisent est de s'informer sur l'état des pistes à emprunter qu'ils recueillent à travers leurs collègues transporteurs.

8.4.6. Les transformateurs.

Les transformateurs intègrent plusieurs opérateurs selon le degré et la destination des produits transformés. Nous pouvons ainsi rencontrer dans les régions de l'Extrême-Nord les transformatrices de bières locales, les restaurateurs, les ménagères...

Compte tenu de l'influence importante des transformatrices de bières locales sur l'instabilité du marché des céréales, nous avons choisi de ne parler que de ces dernières dans cette étude.

Dans les villes comme dans les villages, les boissons alcooliques sont vendues soit dans les concessions soit sur les marchés.

Les acteurs de ce secteur d'activité sont essentiellement les femmes et c'est surtout les ethnies Toupouri, Moundang, Massa, Guiziga, Mandara, Sarah qui y dominent. Ces opératrices sont organisées en groupe de 2 à 6 dans une concession où elles se relaient quotidiennement pour la transformation. Le second niveau de regroupement se situe dans le quartier où on rencontre regroupée au sein d'une même tontine des transformatrices d'un même quartier.

Elles peuvent se regrouper en association de fabricantes de bil-bil surtout en milieu urbain comme nous l'avons vu à Maroua. Le but de leurs organisations est de renforcer la solidarité au sein des membres. Par contre il n'y a aucune entente sur la fixation des prix. Les prix du pot de bil-bil ou de la bouteille d'arki dépendent des prix des céréales sur les marchés. Il est donc évident que les prix fluctuent en fonction des saisons. Un pot de bil bil qui coûte 100 Fcfa à la récolte peu coûter 150 voire 200 Fcfa à la soudure. Une bouteille d'arki qui coûte 100 Fcfa à la récolte peut coûter 150 à 200 voire 300 Fcfa à la soudure. Cependant, si les prix de l'unité de vente évoluent au cours de l'année, les quantités transformées elles, ne changent pas.

Les prix du bil bil et de l'arki varie aussi dans l'espace. Il est plus bas en milieu rural qu'en milieu urbain. Un pot qui coûte 100 Fcfa en campagne coûte 300 Fcfa en ville à la récolte.

Les transformatrices se ravitaillent directement sur les marchés. Elles ne stockent donc pas spécialement des céréales pour leur activité. Elles achètent au jour le jour ½ sac, un ou deux sacs selon le volume de leur activité. Les céréales sont achetées au comptant pour se sécuriser par rapport à une éventuelle perte au cours de la vente. Par contre, certaines transformatrices prennent à crédit un à deux sacs chez des détaillants pour rembourser en espèces après la vente du produit transformé.

8.4.7. Les consommateurs.

Les consommateurs occupent le dernier maillon de la chaîne de commercialisation des céréales. Les centres urbains concentrent la grande partie des consommateurs. Les marchés constituent leurs principaux sources d'approvisionnement. Le marché des consommateurs urbains peut être estimée pour la province de l'Extrême-Nord autour de 80.000 tonnes de céréales (Bom Kondé et Fusilier, 1996). Les échanges céréaliers internes en milieu rural ne sont toutefois pas négligeables.

Les céréales constituent la base de l'alimentation à l'Extrême-Nord du Cameroun. Elles donnent lieux à une variété de produits transformés et de préparation, le choix s'opérant selon le mode de consommation (nature du repas selon l'heure de prise, le caractère festif ou courant), le niveau de revenu et l'appartenance socioculturelle du consommateur. En plus de ces critères sociologiques on peut ajouter les critères telles que la nature et la qualité du grain qui sont liés à la céréale. Toutes les céréales peuvent être consommées sous forme de boule ou de bières et liqueurs locales. Une partie marginale est consommée par les animaux domestiques.

Les populations rurales restent très attachées à leurs habitudes alimentaires. Sauf en cas de pénurie pendant les périodes de disette, la population rurale achète très peu de céréales sur les marchés. Par contre le taux de consommation des céréales en milieu urbain est moins élevé que celui du milieu rural. Ceci s'inscrit en effet dans un mouvement de diversification de l'alimentation qui intervient à la faveur du brassage des populations et de l'interpénétration des modèles alimentaires régionaux. Ainsi, les tubercules et le plantain, aliments de base des populations originaires du sud Cameroun, connaissent une large diffusion auprès des consommateurs du nord les plus aisés.

Les contraintes de toutes les opérations commerciales retombent sur les consommateurs. Ils ont en effet, une marge d'arbitrage faible par rapport aux cours des céréales. Ils sont avec les producteurs, les victimes les plus touchées par les situations de pénurie qui se présentent entre les années.

La description de la filière céréalière nous a donc permis de comprendre le fonctionnement du marché dans la province de l'Extrême-Nord. Cette présentation préalable nous aidera sans doute à comprendre l'importance de chaque facteur d'instabilité sur chaque marché de la région.

9. Résultats et Discussions

9.1. Une instabilité causée par la combinaison de plusieurs facteurs

Tous ces marchés ont comme caractéristiques communes une fluctuation importante des prix des céréales entre les années et sur l'année (figure 2) due à la combinaison de plusieurs facteurs.

Figure 2 : Evolutions intra et inter annuelle des prix du sorgho pluvial sur le marché de Yagoua (Kossoumna, 2000)

9.1.1. Inadéquation entre l'offre et la demande

Cette inadéquation entre offre et demande apparaît entre les années à cause des variations importantes de production, et sur les années entre les périodes de récolte et de soudure à cause d'une gestion peu rigoureuse des stocks de céréales par les paysans et des pratiques spéculatives.

9.1.1.1. Les effets d'une variation importante de l'offre

Pour la province de l'Extrême-Nord, les données du Ministère de l'Agriculture (citées par Pirard 2000) sur la production annuelle de céréales en tonnes pour la province et par habitant, et celles de muskwaari et de riz sont à la base des calculs et des estimations présentées dans le tableau 1. La production annuelle a été divisée par la production par habitant pour obtenir la population, et les besoins ont été calculés sur la base de 200 kg de céréales par habitant et par an selon les normes de la FAO.

Tableau 1 : Estimations des besoins et des productions en céréales dans la province de l'Extrême-Nord

Années

Estimation population

Besoins à 200 kg/hab

Production en tonnes

Bilan en tonnes

% muskwaari

% riz irrigué

1994-1995

2 420 063

484 013

578 395

94 382

29 %

8 %

1995-1996

2 451 075

490 215

490 215

0

25 %

9 %

1996-1997

2 498 429

499 686

289 755

- 109 931

17 %

11 %

1997-1998

2 572 386

514 477

372 996

- 141 481

29 %

13 %

1998-1999

2 633 042

526 608

373 892

- 152 716

21 %

15 %

Source : Wambo et al., 2002

Le tableau 1 montre une forte variabilité inter annuelle de l'offre (conjoncturel), et une demande qui croît rapidement (structurel), qui se sont traduites par des déficits importants (1996 à 1998). Cette situation est la résultante de phénomènes non maîtrisables (aléas climatiques importants, demandes extérieures), et d'autres plus ou moins maîtrisables (croissance démographique, gestion de la production et des stocks par les paysans, choix des assolements dans les exploitations agricoles...). Cette forte variabilité de l'offre s'est traduite par une fluctuation importante des prix des céréales sur l'année et entre les années.

Inversement ces fluctuations de prix se répercutent immédiatement sur l'offre, car si les prix sont bas, les paysans réduisent la part des céréales dans leur assolement, et si les prix sont élevés, ils l'augmentent. Ainsi, sur les terroirs du PRASAC3(*) situés dans les provinces du Nord (Mafa Kilda et Fignolé) et de l'Extrême-Nord (Mowo, Gadas et Balaza Domayo), les prix peu élevés des céréales entre novembre 1999 et septembre 2000 ont eu pour effets une réduction de 20 % des superficies en céréales dans les exploitations entre les campagnes 1999/2000 et 2000/2001, au profit du coton et de l'arachide. Comme conséquence directe, la proportion des exploitations agricoles incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires à partir de leur propre production est passé de 47 % en 1999/2000 à 60 % la campagne suivante (Havard et Abakar, 2001).

9.1.1.2. Une demande croissante

Le tableau 1 montre aussi que la population de la région croît plus vite que la quantité de vivres produite. Dans les zones les plus vulnérables, cette croissance démographique débouche sur des migrations importantes de la province de l'Extrême-Nord vers celle du Nord sur des fronts pionniers rapidement saturés et repoussés toujours plus loin4(*). De même, les mouvements humains des zones rurales vers les centres urbains se poursuivent. Alors, la part de la population agricole et celle des actifs agricoles sur la population totale diminue ; donc un actif agricole doit produire toujours plus. Sachant que dans une exploitation agricole, 1 personne sur 2 est considérée comme actif (Havard et al, 2001), et en prenant deux hypothèses de répartition entre la population agricole et la population rurale (1/3 et 2/3 d'urbains), alors 1 actif agricole doit produire la nourriture de 3 personnes dans le premier cas, et 6 personnes dans le second cas.

De plus, la demande est affectée significativement par les zones limitrophes à déficits céréaliers plus élevés5(*), Il est donc difficile de prévoir les évolutions de la demande d'une année à l'autre.

9.1.1.3. Une gestion peu rigoureuse des stocks de céréales par les paysans

Les pratiques de gestion de leurs stocks de céréales par les paysans augmentent l'insécurité alimentaire des exploitations. En effet, une gestion peu rigoureuse entraîne souvent des gaspillages de ressources au cours de la « période d'euphorie » post récolte, par des ventes intempestives, ne prenant pas compte des besoins de la famille. Cette absence de prévision ne saurait garantir la sécurité alimentaire pour une population sur le long terme, quand bien même les quantités produites suffiraient à couvrir les besoins de la famille. La prédominance de l'incertitude sur la prévision dans les pratiques de gestion explique en partie cette situation (Legile, 1999).

Les pertes post-récolte sont également un élément important. Elles se justifient essentiellement par la non-maîtrise des techniques de conservation et de traitements par les populations, mais également par le coût élevé des produits insecticides. Le taux de pertes après récoltes et durant la période de stockage des céréales serait compris entre 25 et 40 % de la production stockée6(*). Une réduction de ces pertes permettrait une économie de céréales mobilisables pour la consommation locale.

9.1.1.4. Difficultés de communication entre zones excédentaires et déficitaires : un obstacle aux échanges

Les marchés situés dans les zones de faible production de sorgho sont les plus difficilement accessibles (Kossoumna, 2001). Les marchés de Doukoula, Hougno, Blangoua, Mada, Ardaf se trouvent dans cette situation pendant la saison des pluies. Les routes non praticables en saison des pluies entraînent des coûts de transport qui, par conséquent impose une variation des prix des céréales sur les marchés. Ainsi, les régions qui se caractérisent en général par des déficits céréaliers comme celles du Mayo Danay (Doukoula, Ardaf, Hougno...) et qui en plus sont inaccessibles aux périodes les plus critiques (juillet, août) sont insuffisamment couvertes par les commerçants. Les quantités de céréales sur ces marchés s'en trouvent réduites. Alors, elles sont chères et inaccessibles à la grande majorité des populations aux revenus très faibles pendant cette période de l'année. Le coût de transport est d'autant plus important que l'on se trouve dans des régions pauvres et à l'équilibre alimentaire fragile

D'un autre côté, certaines régions isolées du Logone et Chari (Mada, Blangoua) qui produisent en général des excédents de maïs lorsque la pluviométrie y est favorable, se trouvent bloquées par des contraintes de débouchés à cause notamment des coûts de transport importants, de leur déconnexion des grands centres de consommation (Kousseri, N'djaména, Maroua...) et certains obstacles non officiels (tracasseries policières, coupeurs de routes sur ces axes). En saison pluvieuse, les pistes deviennent impraticables pour les camions (10 tonnes) chargés du transport des céréales. Il s'ensuit ainsi une immobilisation et une accumulation des céréales et par conséquent une chute des prix sur ces marchés. Ces contraintes limitent, en outre le mouvement des céréales vers les zones déficitaires où une demande réelle existe.

Finalement, l'approvisionnement des zones enclavées dépend traditionnellement des cercles de production régionaux qui s'épuisent à mesure que la campagne s'écoule alors que les sources d'approvisionnement des marchés des grandes villes sont diversifiées. A la source du problème d'information, on trouve le producteur et les commerçants qui éprouvent des difficultés à connaître les rendements pour pouvoir anticiper sur leurs effets sur le marché. En plus les difficultés d'accessibilité ne permettent pas une bonne circulation des informations concernant la production et le marché, ce qui contribue à renforcer l'incertitude des prix sur ces marchés.

9.1.1.5. Concurrence dans l'utilisation des céréales entre la fabrication de la bière locale et l'alimentation

Le nombre de transformatrice de bières locales est important dans les villes et par conséquent, il y a une forte consommation des céréales pour cette activité. En effet, la crise économique de la fin des années 80, puis la dévaluation (janvier 1994), ont fortement stimulé la demande de bières artisanales, en substitution de la bière industrielle. Toutes les couches sociales en consomment. Dans la ville de Maroua par exemple, 23 359 kg de céréales sont transformés par jour en boissons alcooliques (CDD, 1999) et en milieu rural cette quantité est de 5 833 kg (Yonga, 1998). La présence importante dans ces villes des peuples Massa, Toupouri, Sara, Moundang, Guiziga... traditionnellement consommateurs de bières locales explique cette situation. La transformation de bière locale est si importante qu'il existe dans ces villes des quartiers réservés pour cette activité qui ne désemplissent pas tous les jours de l'année (Joli soir à Yagoua, Pont et Domayo à Maroua, Bakassi à Kaélé...). Les transformatrices de bières locales se ravitaillent en détail sur les marchés locaux au jour le jour. En plus, la quantité de céréales utilisée pour cette activité ne diminue pas même en période de pénurie.

9.1.1.6. Des pratiques spéculatives sur les marchés urbains

Les pratiques spéculatives existent surtout dans les marchés urbains où il existe de grands magasins de stockage. Ces marchés sont également stimulés par une importance demande des consommateurs et des transformateurs. D'après le témoignage des commerçants sur les marchés, le nombre de stockeurs a doublé depuis la disette de 1998. Cette augmentation va de paire avec la quantité de céréales stockée provoquant un déficit ou un excédent artificiel selon les années et faussant ainsi les conditions naturelles d'ajustement de l'offre à la demande. Ceci nous amène à considérer que l'instabilité sur ces marchés n'est pas toujours le résultat des aléas climatiques. Elle est aussi provoquée par les spéculateurs. Cette pratique à double revers peut provoquer deux situations tout à fait contraire : la hausse ou la chute des prix à des moments inattendus. Ainsi, les références aux prix passés entretiennent voire accroissent l'instabilité du marché. En effet la pratique du stockage spéculatif ne produit pas toujours la hausse des prix sur le marché. Cela veut tout simplement dire que les commerçants n'arrivent pas toujours à tirer bénéfice de cette pratique même lorsqu'ils font un stockage sur plusieurs mois, afin de profiter de la « soudure » (mai/juin à septembre/octobre) pour vendre plus cher. Il faut noter que le marché est sensible à la récolte suivante. En cas de bonnes récoltes, les producteurs ainsi que les commerçants mettent sur le marché des quantités importantes de céréales stockées afin de faire de la place pour la nouvelle récolte, ce qui justifie une baisse des prix pendant la soudure en juillet/août. Certaines années, comme en 1999 et 2000, les prix moyens pendant la soudure peuvent même être inférieurs à ceux de la période de récolte précédente. C'est un risque inhérent à la spéculation.

9.1.2. Des mécanismes de régulation insuffisants et mal utilisés

Pour réguler les variations du marché des céréales, un Office céréalier a été mis en place par décret n°75/440 du 21 juin 1975 à Garoua. Très rapidement, les objectifs de l'Office se sont révélés trop ambitieux et son comportement vis-à-vis du marché n'est guère différent de celui des commerçants. Les achats sont opérés après la récolte au moment et aux endroits où les cours sont les plus bas. Les ventes sont faites à des prix trop proches de ceux pratiqués ailleurs et en quantités trop faibles pour peser vraiment sur le marché. Aujourd'hui, les moyens financiers manquent à l'organisation pour constituer un véritable stock régulateur. De plus, ces stocks de réserve coûtent cher, non seulement parce qu'ils immobilisent des quantités de céréales et donc des sommes d'argent considérables et, mais surtout parce qu'il faut les protéger, les garder, lutter contre les insectes, les déplacer et que finalement, malgré ces précautions, il y a des pertes inévitables et une diminution de la valeur. Partagé entre la volonté d'assurer un prix suffisamment rémunérateur aux producteurs et d'assurer la sécurité alimentaire des consommateurs, l'Etat n'a pas su maintenir un différentiel suffisant entre les prix officiels d'achat (aux producteurs) et de vente (aux consommateurs) pour permettre à l'Office de couvrir ses coûts de fonctionnement et ceci d'autant moins que le principe des prix pan-territoriaux et pan-saisonniers est de nature à augmenter l'importance des fonds pour supporter les coûts de régulation. Les pertes inhérentes aux stocks de sécurité destinés à couvrir les aléas climatiques et l'approvisionnement des populations pauvres et des zones enclavées, deux fonctions souvent mal assurées par le commerce privé, participent bien entendu, au déficit de l'Office. Les emprunts destinés à l'aide aux populations sinistrées ne sont pas remboursés par l'Etat. Plus reprimables encore est le gaspillage, les détournements en nature et en argent en plus des effets pervers inhérents aux modes de décision et d'intervention de l'Office (décisions centralisées, prix uniformes, spéculation risquée, politisation des interventions...) qui ne tiennent pas compte des contraintes et des risques des producteurs, et compromettent ainsi une intervention durable et efficace dans ce secteur.

En plus, en cherchant à évincer les commerçants privés du marché, mais incapable de trouver la juste mesure des prix compte tenu d'une dispersion de l'information pertinente, l'Etat ne parvient qu'à placer l'Office dans une situation délicate. Loin de réduire l'incertitude des producteurs, l'incapacité de l'Office à tenir ses engagements et les contraintes imposées à l'intervention experte des commerçants privés participent, au contraire, à augmenter les risques et à décourager la production.

Les distributions gratuites des aides alimentaires visant en principe à secourir les populations vulnérables ont aussi des effets pervers sur le marché des céréales. Compte tenu des difficultés de ciblage des populations nécessiteuses, les céréales distribuées dans le cadre d'opérations d'urgence sont parfois réintroduites dans les circuits marchands engendrant des risques dépressifs sur les prix.

En plus, le ciblage des périodes d'octroi de l'aide alimentaire ne correspond pas toujours à des périodes de pénurie. Ces aides arrivent parfois en retard au moment où les populations n'en n'ont plus besoin. Les quantités souvent importantes7(*) entraînent une baisse des prix des céréales sur les marchés décourageant ainsi les productions. Et ceci d'autant plus que s'agissant de dons et non d'achats, la commercialisation de ces céréales n'est pas soumise à la même contrainte de rentabilité que celles des circuits marchands. Aussi, les commerçants ou autres bénéficiaires ne perdent-ils rien en les vendant à des prix bas si en plus ces aides ne correspondent pas aux habitudes alimentaires des populations.

10. Conclusion et recommandations

L'instabilité du marché des céréales à l'Extrême-Nord du Cameroun est causée par une mosaïque de facteurs naturels, humains, infra structurels et conjoncturels, qu'il apparaît difficile de maîtriser.

- Dispersion et non-superposition des zones de production et de commercialisation nécessitant l'organisation de la commercialisation et du transport des céréales des zones de production vers les zones de consommation en période de récolte principalement, et inversement en période de soudure, d'où les différents types de marchés mis en évidence : collecte dans les zones de production, intermédiaires pour assurer le stockage et la distribution, consommation principalement dans les centres urbains ;

- Sensibilité extrême de la production aux aléas climatiques et aux différences de prix entre les années. Ainsi, entre une année normale et une année "sèche" les différences de production atteignent 30 à 40%. Une année de bonne production, donc de prix faibles amène l'année suivante les paysans à réduire leurs surfaces en céréales, ce qui se traduit par une baisse de production, donc une augmentation des prix ;

- Les pratiques spéculatives des commerçants accentuent les effets sur les prix et les disponibilités des céréales sur les marchés, non sans risques pour les stockeurs (privés ou organisations de producteurs) ;

- La combinaison entre une offre dispersée et un mauvais réseau de transport à une incidence majeure sur l'instabilité des prix sur les marchés. Les régions de l'Extrême-Nord ont en effet, un accès inégal aux réseaux de communication. La précarité de ce réseau rend inaccessibles aux véhicules de transport certaines zones rurales en période de soudure (saison des pluies) où la demande est forte.

- Ces résultats montrent que quels que soient les marchés, l'accès à une information juste, fiable en temps opportun est primordial. En effet la plupart des acteurs ne suivent pas systématiquement le cours des céréales sur le marché local et extérieur à la radio. Les informations sur lesquelles ils se fondent sont pour la plupart formées à base de rumeurs et des discussions sous les hangars et les places des marchés. En fait, la difficulté de choix entre diverses informations souvent contradictoires et les incertitudes quant à la qualité de celles-ci obligent les différents acteurs à recourir à la routine pour prendre des décisions d'achat, de vente, de stockage... Les désillusions des spéculateurs et des groupements de stockeurs du Diamaré, du Mayo Danay pendant la saison fortement excédentaire de 1998/99 sont là pour illustrer cette situation. Ceci impose de porter une plus grande attention à la pertinence des anticipations et des procédures de décisions des différents acteurs puisque l'efficience de l'équilibre dépend du succès des agents économiques à réunir l'information pertinente et nécessaire aux transactions.

Ils montrent aussi que les causes de l'instabilité ont un poids inégal sur les différents marchés de l'Extrême-Nord Cameroun. Les cours des céréales ne sont pas seulement distincts par leur localisation dans l'espace mais aussi dans le temps, et les contraintes d'ajustement de l'offre à la demande s'expriment aussi bien en termes de conditions de production, de disponibilité en quantité et en qualité, de saisonnalité, de transport, d'information, de stockage, de gestion, des coûts de transaction, des contraintes et des risques d'approvisionnement et de débouchés.

Ces conclusions nous amènent à formuler quelques recommandations visant à limiter et réduire ces variations importantes des flux et des prix sur les marchés des céréales.

Dans un contexte où domine un mode d'exploitation traditionnel, le déterminisme des conditions agro-climatiques reste une contrainte forte à une production régulière. Pour ce faire, il est nécessaire de réfléchir à de nouveaux systèmes de production et à accorder plus d'importance à l'irrigation qui limite les effets d'une pluviométrie irrégulière.

Pour éviter en pluvial que la forte demande ne provoque de fortes fluctuations de prix, on cherchera à sécuriser les approvisionnements ou à favoriser les substitutions. Une modernisation de la production favorable à la maîtrise des récoltes, la réalisation d'un stock de sécurité et l'importation de céréales en cas de déficit devraient participer à ces objectifs.

La tâche la plus évidente, et en même temps la plus importante, que doit réaliser le gouvernement consiste à améliorer les communications, mais aussi la circulation et la fiabilité des informations sur les marchés, entre les zones de production et de consommation, des régions excédentaires vers les régions déficitaires, des villes vers les campagnes.

Les différences écologiques entre les pays limitrophes et les possibilités de complémentarité qu'elles procurent doivent être exploitées pour mettre en place une politique commune de gestion de la commercialisation et du stockage des céréales au niveau régional. De même que les arbitrages dans le temps ne se limitent pas à l'horizon d'une campagne, ceux dans l'espace ne se limitent pas toujours au territoire national. Une collaboration étroite est ainsi nécessaire entre tous les pays qui participent au circuit commercial des céréales, de la production à la transformation et de la commercialisation à la consommation. Ainsi, pour étayer la coopération dans le domaine des échanges et du stockage, il est nécessaire qu'un faisceau cohérent et convergent de mesures soient prises par les pays de la région dans le domaine de la politique des prix et de la législation douanière et commerciale, de l'information.

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Rapport annuel d'activité, délégation d'arrondissement de l'agriculture de Kaélé, MINAGRI, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000.

Rapport annuel d'activité, délégation d'arrondissement de l'agriculture de Yagoua, MINAGRI, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000.

Rapport annuel d'activité, délégation d'arrondissement de l'agriculture de Moulvoudaye, MINAGRI, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000.

Rapport annuel d'activité, délégation d'arrondissement de l'agriculture de Wina, MINAGRI, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000.

Rapport annuel d'activité, délégation d'arrondissement de l'agriculture de Doukoula, MINAGRI, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000.

Rapport annuel d'activité, délégation d'arrondissement de l'agriculture de Bogo, MINAGRI, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000.

Rapport annuel d'activité, délégation d'arrondissement de l'agriculture de Kousseri, MINAGRI, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000.

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Agriculture et développement, n° 23, septembre 1999: cultures alimentaires, le défi des nouveaux marchés.

Annexes

Annexe 1: Guide d'entretien pour les commerçants.

1. Présentation

Nom (facultatif) Age

Ethnie Sexe

Historique des activités jusqu'à l'installation comme commerçant

Activité antérieure :

Avez-vous une autre activité que le commerce des céréales ?

2. Approvisionnement

Lieux d'approvisionnement et origine des produits pour :

- mil

- sorgho rouge

- sorgho repiqué

- maïs

Qu'est ce qui justifie le choix des lieux d'approvisionnement :

- disponibilité du produit

- qualité du produit

- prix

- facilité de transport

- autres (précisez)

Ces lieux changent-ils au cours de l'année ?

Quels sont les différents changements au cours de l'année ?

Quelles sont les raisons des différents changements de lieux d'approvisionnement:

- prix

- qualité

- disponibilité

- transport

- autres

Modes de transport depuis les lieux d'approvisionnement ?

Qui effectue le transport depuis les lieux d'approvisionnement (vous-même, le fournisseur...)

Nature et type des fournisseurs

- producteurs

- grossistes

- détaillants

- intermédiaires (dilal)

- autres

Type de liens avec les fournisseurs :

- aucun

- parenté

- voisinage

- connaissance de longue date

- autres

Avez vous des fournisseurs attitrés ?

Quelles relations particulières avez-vous avec lui/eux ? (contrat, etc_)

Qu'est-ce qu'il vous garantit :

- prix rémunérateur

- qualité

- crédits

- approvisionnement stable (régulier)

- autres

3. Mode de paiement

Comment payez-vous :

- cash,

- en rapportant une partie du prix de la vente

- autres modes de paiement

4. critères de fixation des prix:

- qualité

- quantité

- prix sur d'autres marchés (lesquels)

Qui fixe les prix ?

Ces prix varient-ils au cours de l'année?

Si oui pourquoi?

Quelle est l'unité de mesure pour vos achats (tasse, koro, kg, sac, tonne,_)

Pourquoi le choix de l'unité d'achat?

Quantité achetée lors de la dernière transaction et prix de l'unité ?

Lieu d'approvisionnement (achat) de la dernière transaction ?

5. Activités de stockage

Depuis combien de temps avez-vous commencé cette activité?

Pourquoi vous êtes vous lancé dans le stockage?

mode de stockage :

- en sac

- en vrac

- en épi

Lieu de stockage: quelle ville/village ?

Quantité stockée :

Etes-vous propriétaire d'un magasin ? Locataire?

Durée de stockage

- stockage court Pourquoi?

- stockage long Pourquoi?

Evolution des quantités stockées pendant l'année / depuis quelques années ?

Pourquoi cette évolution?

Capacité du magasin ?

Coûts du stockage :

main d'oeuvre

gardiennage

location magasin

traitement des marchandises

Autres coûts liés au stockage ?

Ces coûts influencent-ils les prix de vente?

6. Activités de vente

Quels sont vos lieux de ventes ? (si plusieurs, précisez par ordre d'importance)

Raisons du choix de ces lieux ?

- prix

- débouchés

- transport

- autres raisons

Y a-t-il des changements pendant l'année ?

- si oui lesquels ?

- quelles en sont les raisons ?

Modes de transport vers les lieux de revente ?

Difficultés éventuelles de transport et évolution pendant l'année ?

Autres difficultés

Durée de transport vers les lieux de revente ?

Quelle unité de mesure est utilisée pour la revente ?

- tasse

- kg

- koro

- sac

- tonne

Pourquoi le choix de l'unité de vente?

Qui fixe les prix de revente,

Quels sont les critères ?

- qualité?

- quantité?

- prix sur des marchés de référence (les préciser)

- période?

Existe-t-il une entente pour la fixation des prix de revente entre les commerçants ?

Si oui, quel type d'entente ?

Nature et type des acheteurs :

- grossistes

- détaillants

- collecteurs

- intermédiaires (dilal)

- consommateurs

- transformateurs

- autres (par exemple des gens qui achètent pour stocker...)

Quels liens entretenez-vous avec votre clientèle ?

Avez-vous une clientèle attitrée ?

Si oui quelle relation particulière entretenez-vous avec elle ?

Accordez-vous des crédits ?

Si oui, en nature, en argent, autres ?

Quels sont les modes de remboursement ?

Période où plus de crédits sont accordé ?

période où sont concentrés les remboursements

Pourquoi le choix de ces périodes ?

Avez-vous des employés ?

- salariés?

- temporaires?

Pour quelles raisons y a t-il des variations des prix de transport pendant l'année ?

- état des routes

- prix du carburant

- disponibilité des véhicules

- autres

Années récentes où le commerce n'a pas bien marché ? Pour quelles raisons ?

Années récentes où le commerce a bien marché ? Pour quelles raisons ?

7. Discussion sur les stratégies

Votre point de vue sur l'évolution du commerce des céréales dans la région pour les mois et les années à venir ? Pour quelles raisons ?

Comment vous informez-vous sur les prix dans d'autres marchés de la province ou de l'étranger ? (N'djamena, Nigeria, Maroua...)

Comment vous informez-vous sur le niveau de la production, celui des stocks ?

Comment prévoyez-vous l'évolution de votre activité ? (investissements, changement d'activité...)

Pour quelles raisons?

Annexe 2 : Guide d'entre pour les transformatrices de céréales en bière locale

Depuis combien de temps pratiquez-vous l'activité de fabrication de la bière locale?

Quelles sont les céréales que vous utilisez pour votre activité?

Combien de fois par semaine fabriquez-vous de la bière locale?

Quelle quantité de sacs ou kgs utilisez-vous par jours de fabrication?

Ces quantités changent-ils au cours de l'année? Si oui, pourquoi?

Quels sont les lieux d'approvisionnement?

Pourquoi le choix de ces lieux?

Ces lieux changent-ils au cours de l'année? D'année en année?

Si oui, quels sont les nouveaux lieux d'approvisionnement?

Pourquoi le changement de lieux d'approvisionnement?

Pourquoi le choix de ces nouveaux lieux d'approvisionnement?

Qui sont vos fournisseurs? Producteurs? Grossistes? Détaillants?

En cas de pénurie sur le marché, quelles sont vos stratégies pour vous approvisionner?

Faites-vous du stockage pour votre activité? Pourquoi? Quelles quantités de céréales stockez-vous?

Les quantités de bières locales fabriquées changent-elles au cours de l'année? En cas de pénurie?

Annexe 3 : Guide d'entretien pour les producteurs de céréales

A quels moments se concentrent les ventes de votre production?

Quelles quantités vendez-vous au cours de l'année?

Quelles sont les contraintes majeures qui vous poussent à vendre votre production à tel ou à tel moment de l'année?

Quels sont les lieux de ventes privilégiés? Marché local? Marché urbain? Pourquoi?

Quels moyens de transport utilisez-vous?

Qui sont vos principaux acheteurs?

Pratiquez-vous les activités de stockage? Si oui, depuis combien de temps et pourquoi?

Faites-vous le stockage individuellement ou en groupement?

Quelles quantités de céréales stockez-vous par an?

Sur quels indices décidez-vous des quantités de céréales à stocker?

A quel moment décidez-vous d'ouvrir votre magasin pour la vente des céréales stockées?

Avez-vous des indices qui vous permet de percevoir la hausse ou la baisse du cours des céréales sur les marchés?

Vous renseignez-vous sur les prix des céréales sur les autres marchés? Par quels moyens?

Pourquoi d'après vous les prix des céréales baissent ou augmentent dans votre région à certaines périodes de l'année? Certaines années?

Que faites-vous pour lutter contre la hausse ou la baisse des prix des céréales sur les marchés?

Annexe 4 : Guide d'entretien pour les consommateurs

Combien de personne en moyenne avez-vous à nourrir?

Combien vous faut-il de sacs de céréales par mois/an pour votre ration?

Quelles sont les céréales les plus consommées dans votre région?

Cette préférence change-t-elle au cours de l'année? Certaines années? Pourquoi?

Quels sont les produits que vous substituez aux céréales préférées en cas de pénurie?

Ces produits sont-ils produit localement? Si non, d'où viennent-ils?

Comment faites-vous pour vous approvisionner en céréales? Sur le marché local? Sur d'autres marchés? Lesquels et pourquoi?

Les lieux d'approvisionnement changent-ils au cours de l'année? Certaines années? Pourquoi?

Avez-vous des fournisseurs attitrés? Grossistes? Détaillants? Pourquoi ce choix?

Quelle est l'unité d'achat de vos céréales sur le marché? Sac? Agoda? Pourquoi?

En dehors du marché avez-vous d'autres moyens de vous procurer des céréales? (Propre production, don, ...)

Stockez-vous des céréales pour votre consommation? Si oui combien de sac au maximum par année?

Que faites-vous en cas de pénurie de céréales sur les marchés?

Pourquoi d'après vous les prix des céréales sont-ils instables sur les marchés au cours de l'année? Certaines années?

Vous renseignez-vous sur les prix des céréales sur le (marché local/sur d'autres marchés) avant de faire vos achats?

Si oui, qui sont vos informateurs?

Avez-vous les moyens pour gérer l'instabilité des prix des céréales sur le marché? Si oui, quelles sont vos stratégies?

D'après vous est-il possible de stabiliser les prix des céréales au cours de l'année? D'année en année? Comment? Quels doivent être les rôles de chacun dans la gestion de l'instabilité des prix?

Annexe 5 : Fiche d'enquête marchés.

Date:

Nom du marché Jour du marché

Typologie:

Etat d'enclavement

- distance au goudron

- accessibilité pendant la saison sèche:

- accessibilité pendant la saison des pluies:

Types de céréales présentes et leur prix

Nom Français

Nom Foulfouldé

Origine

Destination

Prix (sac)

prix détail (unité)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Quelles céréales dominantes ?

Quantités présentes sur le marché (nombre de sacs)

Nombre de détaillants

de grossistes

de collecteurs

d'intermédiaires

Evolution récente du marché (5 ans)

Nombre de véhicules et destination

camions

pick-up

autres transporteurs de céréales

Les prix de transport entre quelques marchés.

Du marché de...

Au marché de...

Pendant la saison sèche

Pendant la saison pluvieuse

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

* 1 Rapports annuels d'activités des délégations d'agriculture de Maroua, de Kousseri, de Kaélé, de Yagoua, de Moulvoudaye, de Doukoula, de Bogo, de Wina pour les années 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000; Rapport annuel d'activité du CDD de 1999; Rapports d'activité de l'Office céréalier de 1991/1992, 1992/1993, 1996/1997, 1997/1998;

2 Rapport de l'atelier de réflexion sur la sécurité alimentaire tenu à Dobiko du 21 au 22 avril 1999, GTZ, Mora.

* 3 Rapport d'activité final - TPS/219/1998/02003, programme de préparation aux catastrophes nutritionnelles et alimentaires dans l'Extrême-Nord du Cameroun, Actions Against Hunger Uk, 1998; Enquête et documentation, Actions Against Hunger/Cameroun, mars 1999.

* 4 « Le projet », 20 février 1998, aide mémoire des réunions entre les représentants du gouvernement de la république de Cameroun et la mission de la Banque Islamique de Développement relatif à l'évaluation du projet de construction des magasins de stockage de grains pour la sécurité alimentaire au Cameroun.

* 1 Petite tasse en fer utilisée comme mesure des céréales sur les marchés

* 2 Tasse en fer utilisée comme mesure des céréales sur les marchés

* 1 Entretien du 13 juin 2000 à Blangoua

* 2 Entretien du 16 juin 2000 à Kousseri

* 3 Pôle Régional de Recherche Appliqué au Développement des Savanes d'Afrique Centrale

* 4 On peut prendre comme exemple le village de Mafa kilda situé à la périphérie de Garoua et créé il y a près de deux décennies. Ce village de migrants de l'Extrême-Nord est arrivé à saturation ; des signes de dégradation des ressources naturelles y sont désormais perceptibles. Comme les migrants continuent d'arriver, les paysans repoussent toujours plus loin les limites du terroir à la recherche des terres agricoles ; d'autres quittent le village pour aller plus loin.

* 5 L'intervention alternative ou simultanée des pays frontaliers à l'instar du Nigeria et du Tchad à l'achat ou à la vente des céréales dues pour la plupart aux aléas ou aux conjonctures, mais également aux surproductions sont des facteurs d'instabilité des cours céréaliers. Très difficile à déterminer tant en valeur qu'en volume puisque pour la grande partie clandestin, son importance dans les fluctuations des prix n'est pas négligeable. La demande extérieure est instable et imprévisible. En 1999 par exemple, les Tchadiens qui avaient l'habitude de s'approvisionner, en cas de déficit, au Cameroun ont reçu des aides de la Libye et ne se sont pas présentés sur les marchés fortement excédentaires de l'Extrême-Nord.

* 6 Document de synthèse du séminaire - atelier de concertation sur la promotion du stockage villageois, tenu à Garoua du 19 au 21 février 2002.

* 7 12 040 tonnes en avril 1998, 2 651,1 tonnes en août 1999 (Rapport d'activités PAM, avril 1998 et août 1999)






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