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Approche socio- anthropologique d'un partenariat public- privé en santé: cas de l'hôpital de Menontin au Bénin

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par Inès Raà¯ssa LOGOZO
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise en sociologie anthropologie 2012
  

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4-CLARIFICATION CONCEPTUELLE

Les concepts sont porteurs de sens et varient selon le contexte; ainsi pour lever toute équivoque, il est nécessaire de les clarifier.C'est pourquoi (DURKHEIM 1990:34) suggère que «la première démarche du sociologue doit donc être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question». Vu la pertinence de cette démarche les concepts comme, Partenariat, PPP, mandat de gestion, gestion déléguée, interaction, acteur, conflit, pouvoir, hôpital, ont été clarifiés.

Selon le dictionnaire Robert Collège1997, le partenariat est une association d'entreprises, d'institutions en vue de mener une action commune. Le partenariat désigne donc une relation d'alliance stratégique entre deux parties en vue d'atteindre des objectifs communs. L'alliance est perçue ici comme une union contractée par engagement mutuelle.

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L'OMS décrit, la relation qui unit une entité publique et une entité privée comme «un moyen de réunir une série d'acteurs en vue d'atteindre un objectif commun, qui est d'améliorer la santé des populations en se fondant sur des rôles et des principes définis d'un commun accord» Les PPP sont des modes de collaboration qui associent des entités publiques et privées en vue de remplir un objectif collectif. Selon le PNUD, le PPP décrit le spectre des relations possibles entre les acteurs publics et privés pour assurer la délivrance des services publics en étroite coopération. Les acteurs privés peuvent inclure des entreprises privées, des ONG, et aussi des organisations communautaires. (MAREK, O'FARELLE & al, 2006 : XI) définissent les PPP dans le cadre de la santé entant qu'« accord officiel entre un gouvernement et une entité privée établi dans le but d'assurer des services de santé publics». Ainsi, nous pouvons définir les PPP comme un contrat de gestion par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour gérer des équipements assurant ou contribuant au service public. En d'autre terme un PPP peut être vu comme une relation de collaboration entre des parties pour atteindre des objectifs communs grâce à une répartition des tâches décidées d'un commun accord. Il permet à l'autorité publique de confier à une structure privée ou à une tierce association des tâches ou des responsabilités à caractère public.

Le contrat selon le lexique de sociologie (2007), est un accord par lequel les cocontractants souscrivent des engagements les uns à l'égard des autres.

Selon le (Dictionnaire de sociologie: 1995) un contrat est le fait de s'engager pour une action commune.C'est un accord de volonté (consentement) stipulant droits et devoirs réciproques.Selon le Dictionnaire de sociologie (1999), la notion de contrat est un accord explicite entre parties individuelles ou collectives en vue d'une pratique commune. Aussi suppose-t-elle l'accord d'une ou plusieurs volontés s'engageant pour une action commune selon le respect des règles établies et des obligations.

Toujours dans la même perspective, (THOUVENOT; 2006) définit un Contrat de Partenariat comme un « contrat administratif par lequel l'État ou un établissement public de l'État confie à un tiers, pour une période déterminée en fonction de la durée d'amortissement des investissements ou des modalités de financement retenues, une mission globale relative au financement d'investissements immatériels, d'ouvrages ou d'équipements nécessaires au service public, à la construction ou transformation des ouvrages ou équipements, ainsi qu'à leur entretien, leur maintenance, leur exploitation ou leur gestion». Le contrat est alors un

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engagement qui met en relation plusieurs acteurs. Dans le cadre de notre étude, l'action commune est l'offre des services de santé efficace et de qualité.

Cependant, la gestion d'un partenariat met en présence des acteurs sociaux. Ainsi, selon le dictionnaire Robert collège (1997), un acteur est une personne qui prend une part active, qui joue un rôle important.Mais on ne peut se contenter de cette définition. Selon le dictionnaire de sociologie (1999) un acteur désigne l'individu qui réalise des actions, joue un rôle, remplit des fonctions, selon des motivations pour des fins qui lui sont, en tout ou partie personnelles.

Selon le lexique de sociologie (2007), «les sociologues qui utilisent les termes«acteur»«ou acteur social» (par exemple en France, CROZIER, BOUDON, TOURAINE) mettent généralement l'accent sur le fait que les comportements sociaux ne sont pas strictement déterminés par les contraintes sociales, et que les individus disposent d'une marge de liberté ou d'autonomie».

Pour l'Anthropologue LONG (1994:17) cité par Adolphe KPATCHAVI (2005) «un acteur social est tout individu ayant la capacité de traiter l'expérience sociale et d'élaborer leurs moyens pour se débattre.».L'acteur social, c'est aussi «celui qui joue un rôle incontournable dans l'arène sociale, celui qui se trouve au centre des enjeux sociaux de par sa position et sa fonction sociale»(KPATCHAVI, 2005).or l'arène au sens où nous l'entendons est un«lieu de confrontation concrète d'acteurs sociaux en interaction autours d'enjeux communs.»OLIVIER DE SARDAN 1995:179). Ainsi dans le cadre de notre étude les acteurs sociaux désignent donc des individus en interaction dans la gestion de l'hôpital de Mènontin en vu d'offrir des services de qualité aux populations. Au sein de cette interaction peut naître des conflits ou encore l'exercice du jeu de pouvoir. Ainsi, le conflit est selon le dictionnaire robert collège (1997), la rencontre d'éléments contraires, de sentiments contraires qui s'opposent. Mais selon le lexique de sociologie (2007), le conflit est une «opposition entre des individus ou des groupes sociaux défendant des valeurs ou des intérêts divergents et cherchant à instaurer un rapport de force en leur faveur».

Pour KARL MARX (lexique de sociologie 2007), les conflits opposent des classes sociales et portent aussi bien sur des enjeux économiques, politiques, ou idéologiques. Mais DURKHEIM perçoit le conflit comme pathologique, comme l'expression d'une situation d'anomie, comme un défaut d'intégration or SIMMEL, considère le conflit comme l'une des formes normales d'action réciproque, il souligne que (sauf dans les cas extrêmes où les parties en conflit cherchent à éliminer l'adversaire) le conflit a une fonction de socialisation. D'une part il renforce la cohésion de chacun des groupes qui y participent, d'autre part il conduit à des compromis qui renforcent la

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cohésion de la société globale. Aussi SIMMEL évoque que le conflit sous forme de compétition, de discorde est inhérent à toute société. COSER pour abonder dans ce sens affirme que le conflit constitue une soupape de sécurité et sert d'exutoire aux hostilités qui, sans cette issue briseraient les rapports entre les antagonistes.

Selon OLIVIER DE SARDAN (1995),« le conflit est un élément inhérent à toute vie sociale. Car toutes les sociétés, sont traversées de conflit. Les conflits renvoient à des différences de positions.

Ils sont l'expression de `'contradictions `' structurelles. Autrement dit les sociétés, aussi petites soient-elles, et aussi dépourvues soient-elles de formes institutionnalisées de« gouvernement», sont divisées et clivées [...].Les conflits expriment donc des intérêts liés à des positions sociales différentes et sont culturellement structurés».Toujours dans la perspective d'analyser le conflit, l'auteur pense qu'un conflit entre personne ou entre groupe n'est pas seulement l'expression d'intérêts«objectifs `'opposés, mais aussi l'effet de stratégies personnelles et de phénomènes idiosyncratiques (OLIVIER DE SARDAND 1995:176-177). Pour PICARD et MARC (2008:3) le conflit est inhérent aux rapports humains; il fait partie des formes «normales» de la relation à l'autre au même titre que la «bonne entente», la coopération ou l'évitement.Pour ces auteurs la notion de conflit désigne donc une situation relationnelle structurée autour d'un antagonisme. Pour THIETART,(1990 :86-87), le conflit peut être source de concurrence pour des ressources limitées, de mauvaise définition des rôles, de différences de perspectives, d'enjeux, de cadres de référence des acteurs de l'organisation ou encore source d'acuité accrue des faiblesses des autres.Le conflit toutefois peut ne pas être une source d'instabilité et de désagrégation.

Il ressort de l'analyse de ces différentes définitions que le conflit peut avoir une influence positive comme négative. Le conflit se manifeste entre différents acteurs en interactionoù les intérêts peuvent être divergents ou convergents. Le conflit met en exergue une relation de jeu de pouvoir où chacun veut influencer l'autre en vue d'obtenir un changement désiré. Ici le conflit est le résultat d'instabilité et de désagrégation entre les acteurs. Sa résolution peut permettre ou non de trouver une solution constructive aux problèmes existants.

Puisque une relation fait naitre des interactions entre les acteurs engagés, la compréhension du concept est nécessaire. Le concept d'interaction a été introduit par les sociologues de l'Ecole de Chicago, et en particulier PARK et BURGESS.

Ainsi, l'interaction selon le lexique de sociologie 2007 désigne une situation où non seulement les acteurs « interagissent » (l'action de l'un est impossible sans l'action de l'autre), mais encore

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définissent le cadre de l'action et le sens de l'interaction. PARSONS considère l'interaction comme un processus social général, qui constitue le fondement de la cohésion sociale. Dans la même optique pour BECKER, les individus « peuvent s'engager dans des interactions intenses et durable sans jamais se rencontrer physiquement. Mais pour GOFFMAN la notion d'interaction est un «système social en miniature», c'est l'influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives lorsqu'ils sont en présence physique immédiate les uns des autres. L'interaction peut être positive (coopération, participation,adaptation, intégration...), négative (conflit, lutte, rivalité...) ou ambivalente (compétition, concurrence).

Le concept de pouvoir n'est pas au sens unique, elle varie selon les auteurs et les courants de pensée. Le pouvoir s'exerce dans tous les domaines, il n'est pas quelque chose que l'on possède, c'est une relation qui unit deux partenaires. Selon le dictionnaire le Robert Collège (1997), le pouvoir est la capacité légale de faire une chose, c'est la possibilité d'agir sur quelqu'un ou quelque chose. Au niveau le plus général, le pouvoir implique la possibilité pour certains individus ou groupes d'agir sur d'autres individus ou groupes.

Selon le lexique de sociologie(2007), pour WEBER, le pouvoir ou la puissance «signifie toute chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre volonté, même contre des résistances, peu importe sur quoi repose cette chance.»Selon le politologue Robert DAHL, dans le lexique de sociologie (2007), le pouvoir est la «capacité d'une personne A d'obtenir qu'une personne B fasse quelque chose qu'elle n'aurait pas fait sans l'intervention de A».Dans la même perspective THIETART,(1990 :84) définit le pouvoir comme « la faculté d'un individu ou d'un groupe d'individu de faire faire à d'autres quelque chose qu'ils n'auraient pas fait de leur propre initiative».Dans la perspective d'une conception relationnelle du pouvoir, CROSIER et FRIEDBERG; (1977 :65 ) considèrent le pouvoir comme «une relation et non un attribut des acteurs».Selon ces auteurs, le pouvoir est «un rapport de force, dont l'un peut retirer davantage que l'autre, mais où, également, l'un n'est jamais totalement démuni face à l'autre » (p.69). Comme ils le soulignent, le pouvoir est une relation d'échange et, par conséquent, de négociation où les termes de l'échange sont plus favorables à l'une des parties en présence: c'est une relation réciproque mais déséquilibrée.Le pouvoir est aussi une relation instrumentale, c'est-à-dire une relation établie dans la perspective d'un but poursuivit par un ou plusieurs individus en présence. Selon ces deux auteurs, chaque acteur social contrôle une zone d'incertitude organisationnelle dont l'amplitude est l'enjeu de négociations. La zone d'incertitude ici est la marge de liberté dont dispose chacun des partenaires engagés dans une relation de pouvoir.

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Au vue de ces différentes définitions, le pouvoir dans le cadre de cette étude est la relation d'échange de négociation dans laquelle les acteurs sociaux sont engagés pour l'accomplissement d'objectifs collectifs à travers le partage équitable des rôles.

La concession selon le dictionnaire robert Collège (1997) est l'action de concéder (un droit, un privilège, une terre).c'est un contrat accordant le droit d'assumer un service public. Aussi, c'est un contrat par lequel l'autorité publique attribue à une entreprise privée la responsabilité de la construction, la gestion et l'entretien d'une infrastructure. Le concessionnaire est alors la personne qui a obtenu une concession.

Selon le Robert Collège (1997), le mandat est un acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de faire quelque chose en son nom. Ainsi le mandat de gestion est un contrat par lequel une autorité publique délègue le pouvoir de gestion d'un service public à un privé(ONG, associations etc.).Cela peut être perçu comme une délégation de service public. Ainsi, selon THOUVENOT (2006), la DSP est un contrat par lequel une personne morale de droit public confie la gestion d'un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée aux résultats de l'exploitation du service. Le délégataire peut être chargé de construire des ouvrages ou d'acquérir des biens nécessaires au service.

La gestion selon le dictionnaire universelle (2008) est l'action d'administrer, d'assurer la rentabilité (d'une entreprise).

La gestion déléguée dans le cas d'un hôpital entraîne donc l'élaboration d'un contrat dans lequel le Ministère de la Santé et le délégataire (celui qui va assurer le fonctionnement) s'entendent sur les modalités de gestion de l'Hôpital. Elle peut prendre des formes diverses qui elles-mêmes renvoient aux contextes et aux politiques nationaux en la matière. Selon Perrot (2007), il existe deux formes de gestion déléguée: Dans le premier cas l'entité privée reçoit du Ministère de la Santé les moyens existants: les infrastructures et les équipements, dans l'état où ils se trouvent pour exécuter la mission de service public. Mais dans le second cas, elle prend en charge la construction des bâtiments et acquière les équipements sur fond propre. Ceux-ci deviendront «propriété inaliénable» de l'État à l'issue de la convention. Toutefois pour des fins utiles, le Ministère de la Santé se réserve le droit d'exercer sa responsabilité en dernier ressort. Si le contrat se déroule mal, le MS peut reprendre la gestion de l'hôpital pour l'exploiter lui-même ou pour la donner à un autre exploitant (qui aura été sélectionné après une procédure respectant le droit en

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la matière, et un appel d'offre ou un gré à gré après étude expérimentale préalable.). Puisqu'on parle d'un hôpital, il est judicieux de pouvoir le clarifier.

Selon DE KERVASDOUE(2004) l'Hôpital est une institution familière, c'est le centre de référence local ou régional de techniques médicales. C'est aussi un lieu de recherche et d'enseignement surtout dans les centres hospitaliers et universitaires. L'hôpital est donc par nature une organisation complexe de par la multiplicité des rôles, des acteurs, des techniques et des attentes souvent contradictoire du public et des autorités de tutelle.Aussi considère-t-on aujourd'hui l'hôpital comme une structure bicéphale«bureaucratique» et «professionnelle» à l'intérieur de laquelle l'organisation du travail se distribue par fonction.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein