Chapitre 2 : PROCESSUS D'INSERTION DES MIGRANTS
Le présent chapitre expose les motifs de migration, les
modes de vie, les solidarités familiales et le processus d'insertion des
groupes familiaux lokpa à Parakou. Les lieux de sociabilité et la
vie religieuse des familles migrantes constituent également les centres
d'intérêt du chapitre.
2.1 Installation et insertion des migrants
2.1.1 Motifs de migration des premiers groupes
Les motifs d'arriver des migrants Lokpa à Parakou sont
divers et étroitement liés aux périodes de migration. Dans
les années 60 et 70, les migrants Lokpa venaient à Parakou
à la recherche de terres cultivables et pour servir de manoeuvres dans
les chantiers de construction d'infrastructures publiques. Ces derniers
généralement âgés de 20 à 25ans, viennent en
ville sans les qualifications nécessaires pour prétendre à
des emplois salariés. C'est d'ailleurs, ce que répond ce
sexagénaire quand on lui demande les motifs de la migration de sa
famille vers Parakou :
« Le travail, car moi je suis cultivateur. Quand
quelqu'un à un champ à labourer, il peut vous appeler et vous
vous entendez à deux ou à cinq. Vous vous rendez au champ faire
le prix, après avoir fini de faire le prix, vous labourez. Quand vous
finissez de labourer, il vous paie l'argent et c'est la même chose quand
il s'agit du sarclage, du billonnage et du buttage. Même si ce ne sont
pas des travaux champêtres, comme maintenant nous sommes en saison
sèche, on peut nous solliciter pour faire les travaux de construction
(aide maçon). Vous faites le prix et après le travail, il vous
paie votre
42
ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
argent. C'est ce qui nous a amenés ». (AKARA
Seïdou, 64 ans, cultivateur, venu à Parakou en 1962,
Banikanni, 28.11.2005)
La migration s'inscrit également dans une
stratégie de survie familiale pour certains migrants. Si dans leur
grande majorité, les migrants de la première
génération sont venus volontairement à Parakou, d'autres
sont contraints à venir parce que fuyant les pratiques occultes
maléfiques de leur village d'origine. Ils viennent soit pour
protéger leur vie qui serait menacée ou pour protéger leur
progéniture contre la sorcellerie locale. La ville est donc non
seulement un lieu de travail, mais aussi un refuge pour les migrants. C'est ce
qu'illustrent les propos suivants :
«J'étais à Badjoudè, puis je
suis venu ici il y a 32
ans. Pourquoi je suis venu ici ? Parce que au village, je
mangeais, je buvais, je faisais tout mais quand je faisais des enfants, ils
mouraient. Depuis que je suis venu ici, aucun des enfants nés ici n'est
mort. Ils sont au nombre de 21 :11garçons et 10 filles. Certains sont
des chauffeurs, d'autres des élèves. Quand j'étais
là-bas, j'ai perdu 6 enfants. Selon moi, je me dis que c'est Dieu la
cause de la mort des enfants ». (A. I, 55ans, cultivateur, père de
21 enfants, Banikanni, 30.09.2005)
|