V. Activités physiques sportives et l'autisme
:
L'intérêt des activités physiques et
sportives pour les populations autistes ou les populations psychotiques a
été un thème assez peu abordé (Barthelemy et coll.,
2004) et les travaux mettent plutôt l'accent sur les difficultés
et les dysfonctionnements plutôt que sur les apports moteurs et
psychologiques (Hughes et coll., 1994).
Une récente synthèse (Massion, 2006) met en
avant 4 niveaux d'évolution possibles par la pratique d'activités
physiques : la condition physique, l'apprentissage de fonctions sensorimotrices
et cognitives, la socialisation, le plaisir du jeu. Les activités
peuvent être réalisées en institution, en milieu scolaire
ou à l'extérieur dans le cadre de loisir (Boursier, 1996). Therme
(1992) a ainsi montré que par la médiation de l'activité
judo, les adolescents autistes développaient une meilleure perception du
corps propre, de ses propriétés et une amélioration de la
relation avec les autres. D'autres activités comme l'escalade (Therme et
coll., 1992), la natation (Yilmaz et coll., 2004) sont fréquemment
utilisées.
Scott- Billman (1987) et Lesage (1992) ont
développé un courant de danse thérapie avec les
adolescents autistes et psychotiques soulignant les effets sur l'unification de
l'image corporelle, la symbolisation des gestes, l'intégration dans un
fonctionnement groupal. Urréa et Monnier (1999) ont
démontré que malgré une forme d'autisme
sévère, une jeune femme avait pu présenter un spectacle
construit, seule et en interaction avec d'autres danseurs. D'autres
activités peuvent être proposées avec des adaptations
pédagogiques mais notons que les activités physiques dans de
larges espaces, avec de nombreux joueurs, demandant des réponses
motrices, rapides ou avec des règles complexes sont difficilement
accessibles aux autistes en raison des défauts de vision dynamique du
mouvement et des gestes ralentis.
D'autres publications ont relaté les bienfaits de
l'activité physique (judo, escalade, natation, danse...) chez les
adolescents autistes. Notons également que la participation d'enfants et
d'adultes autistes à une activité commune avec d'autres dans le
cadre d'activités
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L'impact des activités physiques adaptées sur les
enfants autistes « étude de cas »
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sportives leur procure un sentiment valorisant d'appartenir
à des groupes et facilite leur intégration sociale.
L'activité physique comme adjuvant aux traitements et
comme prévention des maladies mentales, Sorensen (2006) dans une
enquête par questionnaire portant sur 109 patients hospitalisés
pour troubles psychiques souligne combien la pratique d'activités
physiques est une expérience positive pour eux car leurs symptômes
s'estompent durant l'activité ce qui entraîne une forte motivation
intrinsèque. L'intégration de la pratique physique dans leur
style de vie doit être un objectif de développement malgré
les difficultés liées à certaines psychopathologies.
Hausenblas et coll. (2001) soulignent que les recherches
montrent que l'exercice physique peut être combiné avec les
différents traitements pharmacologiques (neuroleptiques,
antidépresseurs) et qu'il agit plutôt en synergie qu'en
opposition. Certes, les benzodiazépines peuvent limiter l'activation,
l'attention, la coordination, la performance et de là diminuer la
motivation à la pratique mais il n'y a pas de contre-indications
majeures à associer traitement médicamenteux et activité
physique (Martinsen et Morgan, 1997).
L'activité physique est un adjuvant aux traitements
classiques pour troubles psychiques permettant (OMS, 2000 ; Callaghan, 2004)
:
? la réduction des symptômes ;
? la réduction des pathologies associées (dont le
déconditionnement) ;
? le développement de stratégies actives et
d'adaptation en partant des capacités des sujets (et non de leurs
déficits) ;
? la compensation des effets secondaires des
médicaments et traitements (obésité, passivité...)
; l'amélioration de la qualité de vie par la réduction du
stress.
En conclusion, les répercussions d'une activité
physique régulière sur le bien-être de la population en
général et l'amélioration de la qualité de vie de
population présentant des déficiences et en situation de handicap
incitent les politiques de santé publique à prôner la
pratique régulière d'activité physique.
L'impact des activités physiques adaptées sur les
enfants autistes « étude de cas »
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