IV. Caractéristiques psychomoteurs des
personnes atteintes autisme :
Les premières études sur le
développement moteur d'enfants autistes n'ont pas
révélé de différences significatives entre ceux-ci
et les enfants normaux (Rimland, 1965; Kanner, 1943; Wing, 1966). Plus
récemment, ces résultats ont été remis en question
(De Myer, 1976; Wing, 1980; Ornitz el coll. 1977). Les enfants
autistes ont souvent un retard moteur important dans les différents
domaines de la motricité. La coordination générale et
l'équilibre sont toutefois les moins affectées (Boursier, 1994).
Reid el coll. (1983) ont mis en évidence une immaturité
des enfants autistes dans la totalité des processus moteurs
engagés au cours de tests moteurs. Ils notent d'importantes
déficiences, à la fois qualitatives et quantitatives, dans leur
développement moteur.
Schopler el coll. (1988) ont pour leur part
présenté les difficultés motrices les plus souvent
rencontrées chez les personnes atteintes d'autisme:
· Manque de tonus et de force musculaire;
· Sens limité de l'équilibre;
· Mauvaise coordination générale;
· Coordination oculo-manuelle déficiente;
· Maladresse dans le franchissement d'obstacles;
· Mauvais contrôle de la force et de la vitesse;
· possibilités restreintes dans le domaine de la
motricité fine ;
· Manque de curiosité et de
persévérance, qui limitent leurs comportements exploratoires.
Les enfants autistes ont généralement une
démarche particulière (nombre d'entre eux marchent sur la pointe
des pieds), un mauvais port de tête. La plupart souffrent de
problèmes d'équilibre. Ils ont en outre de grandes
difficultés à s'orienter dans l'espace et dans le temps.
Cette difficulté à situer le corps dans ces deux
dimensions est d'autant plus significative mouvement.
Le comportement de ces enfants se situe entre deux
extrêmes: l'apathie et l'hyperactivité, La plupart font preuve en
règle générale d'une extraordinaire apathie, d'un manque
d'imagination et d'une formidable résistance au changement. Ils montrent
aussi un manque d'intérêt marqué vis-à-vis du
matériel, une imagination pauvre et une utilisation
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L'impact des activités physiques adaptées sur les
enfants autistes « étude de cas »
2008/2009
particulière des objets. Ceci se remarque dès le
plus jeune âge et persiste à des degrés divers chez la
plupart des personnes atteintes d'autisme.
La motricité générale fait appel à
de nombreuses compétences dont l'attention visuelle, la mémoire
des séquences, les capacités d'imitation. On sait à ce
sujet que les enfants autistes éprouvent de grandes difficultés
à imiter (Frith, 1992). De ce fait, l'apprentissage par
démonstration est souvent difficile.
Ces enfants ne prêtent guère d'attention aux
autres, cherchant rarement à communiquer les uns avec les autres. Chez
eux, la communication non verbale (mimiques, postures, gestes) est faible,
déficiente. Les mimiques et les gestes sont inadaptés aux
situations et l'enfant autiste n'utilise pas son corps comme moyen de
communication avec autrui (Restoin, 1992).
Les enfants autistes ont de nombreux comportements
stéréotypés, des activités ritualisées et
répétitives. Ces stéréotypies motrices bouleversent
aussi le développement et perturbent en particulier les acquisitions
motrices. Il est à noter que certains enfants n'acceptent de participer
aux activités qui leur sont proposées que dans la mesure
où ils peuvent y retrouver les traits caractéristiques de leurs
stéréotypies motrices: balancements, tournoiements, etc.
(Boursier, 1996).
Il est important, avant toute intervention, d'identifier
l'origine des troubles. Les troubles du comportement ne sont pas
spécifiques à l'autisme. Ils sont présents dans d'autres
pathologies. On les classe en trois catégories :
? Les troubles liés directement à l'autisme
(stéréotypies, intérêts restreints...)
? Les troubles qui découlent de l'autisme
(anxiété, troubles de la communication,...) qui sont les plus
fréquents
? Les troubles indépendants (refus d'aliments, destruction
d'objets...)
Les personnes autistes souffrent ainsi de retards moteurs et
ont des comportements dérangeants que la pratique d'APA peut
réduire. L'éducation physique est, selon de nombreux auteurs, un
moyen efficace pour développer les capacités motrices, tenter de
réduire les stéréotypies, comme les comportements
déviants et par là elle favorise l'adaptabilité de la
personne autiste à son environnement. Une place de choix est par
conséquent souvent
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L'impact des activités physiques adaptées sur les
enfants autistes « étude de cas »
2008/2009
réservée aux APA dans les projets
institutionnels : « Les activités physiques tiennent une place
importante dans le programme éducatif et visent l'aisance corporelle, le
développement physique, l'amélioration des capacités
concernant l'équilibre, la souplesse, la conscience du corps, la
perception de l'environnement »
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