5.6.3- Rites coutumiers liés à l'eau
L'eau est utilisée dans toutes les
cérémonies :
- on verse de l'eau sur les autels des ancêtres et les
représentations divines pour demander leur assistance et
bénédiction,
- on mélange de l'eau avec la farine de la boisson
"tchoukoutou"(bière locale) pour verser sur les ancêtres
et les représentations divines,
- les jeunes en cérémonie de dikuntri
ou difoni se baignent dans une mare sacrée appelée
Taworiminta,
- en cas sécheresse, les "vieux" font des sacrifices
pour solliciter l'aide des dieux,
- lorsqu'un arbre sacré servant des rites de faiseur
de pluie est déraciné, il survient une rupture de pluie et il
faut des cérémonies et sacrifices avant qu'il pleuve
(d'après SIMBIA N'KOUE, ex- chef de ville de
Koukouatchiengou).
- « Avant on cherchait un boeuf à un seul sabot
qu'on allait immoler sur la grotte sacrée à kounacogou,
avant la fin du sacrifice, la pluie tombait » (légende
citée par SIMBIA N'KOUE de Koukouatchiengou).
En cas d'excès pluviométriques ou inondations, on
implore simplement l'aide des dieux.
5.6.4- Limites liées aux formes de gestion
endogène de ressources en eau à Boukombé
5.6.4.1- Limites des supports de l'information
liée à l'eau
Le caractère oral des connaissances endogènes
rend difficile leur transmission et est à la base de diverses
interprétations dans le milieu.
Les connaissances endogènes connaissent des mutations
à cause de la disparition des supports de l'information et de la
régression des impacts socio-psychologiques de gestion des ressources en
eau.
Les personnes âgées détentrices des
connaissances et pratiques utilisées par les ancêtres
disparaissent sans léguer leurs savoirs. Le
désintéressement et le non-respect des jeunes vis à vis
des pratiques ancestrales et des personnes âgées justifient le
refus de léguer les connaissances. L'efficacité des formes de
gestion endogène des ressources en eau est de nos jours mise en doute.
Autrefois les "impacts rituels seraient plus palpables et immédiats".
Aujourd'hui ils sont aléatoires. Par exemple à Koutagou
plus précisément à Ditchindia, les paysans
vidaient une mare sacrée en cas de sécheresse en chantant et
suppliant les divinités de leur accorder leur clémence. C'est la
pluie qui les dispersait avant qu'ils ne finissent de vider la mare.
Aujourd'hui, non seulement cette pratique n'est plus suivie, mais il arrive
qu'il ne pleuve pas du tout ou qu'il pleuve trois jours ou une semaine
après le rituel.
Ces changements ont plusieurs raisons selon les paysans :
"plus de respect des personnes, des dieux, des coutumes ancestrales et des
règles de la nature. Les hommes sont devenus nombreux et les terres
cultivables ne suffisent plus, ce qui fait qu'on cultive même jusque sur
les bosquets et dans les endroits où on ne doit pas cultiver. Les
"vieux" de maintenant ne connaissent pas les vraies règles de nos
ancêtres et de la nature. Les faiseurs de pluie d'aujourd'hui ne
connaissent et ne suivent plus les règles de nos ancêtres.
Bien qu'il y ait des coïncidences des faits qui
justifient l'efficacité des pratiques, des croyances et attitudes
populaires, la gestion endogène n'offre pas une garantie suffisante pour
la maîtrise des ressources en eau. En outre les acquis culturels en
matière de l'eau ne sont pas mis en valeur.
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