CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
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La question au départ de cette recherche était
de savoir comment expliquer le non-changement des
comportements à risque au sein de la population de Conakry malgré
les séances d'éducation pour la santé et les campagnes de
sensibilisation ?
Pour une bonne compréhension de la question de
recherche, nous nous sommes appuyé sur les théories de
l'empirisme, de la communication et de l'information et sur celle de la
dissonance cognitive. Nous nous sommes spécifiquement inscrit dans la
théorie de la dissonance cognitive. Les concepts suivants ont fait
l'objet de clarification dans ce mémoire : éducation,
santé, population, et éducation pour la santé.
Pour rendre la question de recherche opérationnelle
nous sommes parti de l'hypothèse selon laquelle le non-changement de
comportement de la population serait en relation avec certains
déterminants culturels liés aux habitudes de vie et aux
comportements des personnes.
L'échantillon choisi était de 42 personnes. 35
personnes de la population locale, réparties dans les cinq communes de
Conakry, dont sept par commune, cinq médecins : un du
ministère, un d'un Centre Médical Communal (CMC), un d'un
centre de santé, un d'une clinique et d'une pharmacie, et deux
journalistes de la santé qui ont été ajouté une
fois que nous étions sur le terrain donc l'échantillon
prévu au départ était de 40 personnes seulement.
Pour vérifier cette hypothèse, nous avons
utilisé deux techniques de collecte. Nous avons effectué une
recherche documentaire pour les données secondaires. La recherche
qualitative privilégiant l'entretien a été l'outil
utilisé pour la collecte des données primaires.
Les résultats obtenus au cours de la recherche
indiquent que la population assiste fréquemment aux séances
d'EPS, que ce soit en famille, entre amis ou en public. L'EPS serait donc une
activité qui apparemment implique tout le monde.
Mais les recherches ont révélé qu'il n'en
est rien et que la participation de la population est plus une formalité
physique qu'une participation réelle. Cela est corroboré par le
fait que les activités d'EPS, telles qu'elles se déroulent, sont
des activités beaucoup plus informelles que formelles. En effet, chacun
à son niveau sensibilise et se comporte comme un pair éducateur,
sans en avoir toujours les compétences et le savoir faire. De plus, ces
séances se déroulent le plus souvent de façon informelle
c'est-à-dire sans préparation réelle, ce qui leur donne la
forme de plus de conseils entre amis et relations que de véritables
séances d'EPS.
Il a été aussi découvert qu'en
dépit de certains facteurs de communication et de la fréquence
des médiums, c'est le face à face dans la rue ou en tout autre
lieu qui est le médium le plus usité, c'est-à-dire le
bouche à oreille.
Selon les enquêtés, en dépit de la
fréquence des séances d'EPS les personnes autour d'eux continuent
à adopter des comportements à risque. Seuls quelques-uns estiment
que les gens changent peu à peu.
Ce sont l'analphabétisme et l'ignorance qui rendraient
si difficile le changement de comportement en matière de santé,
ainsi que la prégnance de certaines habitudes de vie liées aux
comportements des personnes et à leur tradition (coutumes, moeurs,
etc.). Puisque les gens sont analphabètes, ils ignorent ce qui peut leur
arriver s'ils adoptent des comportements défavorables à leur
santé.
Au terme de ces recherches il nous est possible d'affirmer que
l'hypothèse de départ est vérifiée en partie. En
effet, à la lumière des résultats issus de l'enquête
de terrain, ce ne sont pas seulement les déterminants culturels
liés aux habitudes de vie et aux comportements des personnes qui
expliqueraient la persistance des comportements à risque de la
population en dépit des séances d'EPS. La non-modification des
comportements à risque que les gens ont avec leur santé
s'expliquerait aussi par l'ignorance, l'analphabétisme, la
pauvreté et par la façon dont ces séances d'EPS sont
organisées.
Au terme de ce travail nous pouvons dire qu'en dépit du
fait que nous avons atteint notre objectif, quelques insuffisances demeurent.
Nous aurions pu par exemple, nous intéresser à une frange plus
importante de la population en général et une population de
spécialistes (médecins, journalistes) en nombre un peu plus
grand. Nous aurions pu aussi nous rendre auprès d'institutions (ONG,
bureaux d'études et de consultation) qui ont fait de l'EPS et des
activités de sensibilisation une de leurs activités les plus
importantes. Nous souhaitons pouvoir combler ces insuffisances si nous avons
l'occasion de poursuivre nos études à un niveau supérieur.
Pour parfaire cette étude, l'achever dans les
conditions qui l'amèneraient à intégrer les arènes
de la science, nous avons quelques recommandations à faire.
L'éducation pour la santé étant un problème de
santé publique, il faut au préalable former en nombre suffisant
de personnes pour la sensibilisation de la population. Pour que la population
soit touchée par ce qui est développé, il faut
médiatiser les débats de santé à tous les niveaux
et dans toutes les langues nationales. En plus de cela, il faut mettre en
évidence et privilégier les séances d'EPS en ce qui
concerne les jeunes. La communication parents-enfants doit être un fait
de tous les jours dans toute la capitale pour que dorénavant on puisse
aussi parler des séances d'EPS comme les phénomènes
« des shows de la rue » comme l'a dit un des
enquêtés.
Si dans tous les cas, après ces maintes séances
d'EPS la population continue à adopter des comportements à
risque, d'autres raisons explicatives autres que celles déjà
trouvées pourraient être recherchées par tous ceux qui
veulent professer dans le même sens.
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