Paragraphe 3 : La situation du marché de l'emploi au
Bénin
La problématique de l'emploi est au coeur des
priorités du gouvernement du Bénin et justifie les
différentes politiques, stratégies, dispositifs ou mesures
jusque-là expérimentées. Une meilleure connaissance de la
situation de l'emploi permettra de mieux appréhender l'immensité
de la question.
A- Caractéristiques du marché de
l'emploi.
1-La population active
Le Bénin, avec une superficie de 114763
kilomètres carrés, et une population avoisinant 8 millions
d'habitants regorge d'une population active évaluée à
2.830.876 personnes suite au dernier Recensement Général de la
Population et de l'Habitation (2002). Une population active qui
représente 41,8% de la population totale. Les actifs du sexe masculin
sont les plus nombreux (50, 7%) que ceux du sexe féminin (49,3%). (PNE,
2008). Cette population active connait une évolution. Estimée
à 4.856.548 individus en 2006, soit 64% de la population totale du
Bénin, composée de 51% de femmes et 49% d'hommes, elle
connaît un taux d'accroissement annuel de 3,1% sur la période.
D'où le doublement prévisionnel de la population en 2024. En
2025, la population du pays pourrait atteindre 12.997.953 habitants Ce qui
affectera à coup sûr le volume des offres de travail des jeunes.
Il s'agit là d'un véritable défi à relever pour
accroître les chances d'insertion professionnelle des nouveaux arrivants
sur le marché de l'emploi.
2- Les principaux déterminants de l'emploi
des jeunes
Suite au Forum national pour l'emploi (2007, pp 7-9), une
classification des principaux déterminants de l'emploi des jeunes furent
identifiés. Il s'agit de :
· les effets démographiques ;
· les facteurs politiques et institutionnels : les
stratégies de promotion d'emploi, les structures, les
dispositifs ;
· le système éducatif et la
problématique éducation-qualification-chômage : un
problème qui se pose en terme de niveau de formation des jeunes, de
l'adéquation ou de l'adaptabilité des formations aux besoins du
marché ;
· la croissance économique : une
économie en bonne santé permet la résolution du
problème du chômage. Pour preuve, avant la crise des années
80, le secteur public notamment les entreprises publiques embauchaient
systématiquement des sortants du système éducatif. Mais
avec la conjoncture, on assiste à un gèle des recrutements. De
même les programmes d'ajustement structurel ont aussi réduit
considérablement les opportunités d'embauche ;
· le réseau social : l'embauche trouve sa
place dans la solidarité nationale (amis, parents,
régions...) ;
· les partenaires sociaux et la société
civile : le secteur privé occupe une place
prépondérante dans la création d'emploi. De même les
organisations de société civile créent de plus en plus
d'emploi durable et décent ;
· l'accès aux moyens de production et de
commercialisation : la terre et le crédit.
3- Le déséquilibre entre l'offre et
la demande d'emploi
Le principe voudrait que le marché de l'emploi
fonctionne dans les
conditions telles que s'équilibrent l'offre et la
demande de main d'oeuvre. Mais la réalité est autre : le
secteur moderne crée peu d'emplois et le chômage y croit. Le
secteur informel crée des emplois mais pas à la hauteur des
besoins et par ailleurs, la prolifération des micro-entreprises qui
constituent ce secteur se traduit par une précarisation croissante
et une faiblesse des revenus dans ce secteur. Le secteur rural emploie la
majorité des emplois mais sur la base des emplois peu
rémunérateurs associés souvent à un chômage
déguisé. Le travailleur à l'étranger connaît
un reflux lié à un blocage de la demande de main d'oeuvre par les
pays les plus développés.
4- Les indicateurs du marché de l'emploi au
Bénin
Le premier Recensement National des Chômeurs et
Primo-demandeurs d'emploi au Bénin (2005) a permis de dénombrer
18277 demandeurs d'emploi sur le territoire national. La plupart sont de sexe
masculin soit 15957 hommes personnes (87,3%) contre 2320 personnes de sexe
féminin. Selon la catégorie des demandeurs d'emploi, les
primo-demandeurs représentent environ 34,93% de l'ensemble des
demandeurs après les sous-employés (47,69%) et enfin les
chômeurs qui représentent 17, 38%.
L'analyse du chômage selon les départements
montre que 15,2% des primo-demandeurs du pays sont le département du
Littoral, 14,6% et 14,7% respectivement dans l'Ouémé et le
Plateau. Quant aux sous employés des départements du Couffo et du
Zou, ils représentent respectivement 18,7% et 15,2% des sous
employés du pays. Concernant les chômeurs, plus de 22% d'entre eux
sont dans le Littoral.
Les primo-demandeurs d'emploi dans les départements de
l'Atlantique, du Littoral, de l'Ouémé et du Plateau
représentent environ 51%.
L'âge moyen au chômage dépend fortement de
la nature du chômage. Les primo-demandeurs ont en moyenne 27 ans et leur
âge médian est de 25 ans. Ils sont les plus jeunes. Les
sous-employés ont un âge moyen de 30,5 ans et de plus, 50% ont 34
ans. Quant aux chômeurs, ils constituent la tranche la plus
âgée, en moyenne 34,6 ans, avec un âge médian de 29
ans. Les demandeurs d'emploi ayant plus de 45 ans sont des chômeurs et
des sous-employés, pour la plupart des personnes ayant perdu entretemps
leurs emplois ou en situation de sous-emploi.
Selon la fréquentation scolaire, 15602 demandeurs
d'emploi ont été à l'école. Parmi ces derniers,
plus de la moitié d'entre eux (50,2%) ont fait l'enseignement
général contre 6,5% pour l'enseignement technique. Ce qui
dénote un manque de qualification de la main d'oeuvre au chômage
et en situation de sous-emploi. La répartition des demandeurs d'emploi
ayant été à l'école se présente comme
suit : primaire (30%), général (50%), technique (7%),
supérieur (12%), autres (1%). La majorité des demandeurs
d'emploi ont suivi une formation dans l'enseignement général. Ce
qui les rend peu employable sur le marché de l'emploi. S'agissant de
ceux de l'enseignement professionnel, ils représentent 5,5% dont 3,9 en
comptabilité et en informatique. Les métiers de l'artisanat sont
aussi prédominants au sein des demandeurs d'emploi avec 3,6% de
formés dans le domaine. Il faut noter le pourcentage important des
demandeurs d'emploi enseignants dans le primaire. Les 3% de demandeurs d'emploi
formés du secteur primaire (agriculture, élevage et pêche)
ne sont pas du reste.
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