Section 2 : Problématique
Paragraphe 1 : Enoncé du problème
L'ANPE est aujourd'hui l'un des dispositifs de lutte contre le
chômage et le sous-emploi créé par le gouvernement
béninois, par décret n°2003-224 du 07 juillet 2003. Des
activités d'offre de stages ou de formations, d'offre d'emploi,
d'appui-conseil, d'orientation professionnelle, et de mise en relation sont
menées afin de faciliter l'insertion professionnelle des demandeurs et
primo-demandeurs. Différents programmes de pré-insertion et
d'insertion sont développés au sein de l'ANPE afin d'aider les
jeunes à accéder à un emploi salarié ou
indépendant. Il s'agit notamment de :
- programme d'Aide à l'Insertion et au
Développement de l'Embauche à trois composantes (CPEP, CSEJ,
CAE) qui consiste en la mise en stage pendant 12 mois dans des entreprises
publiques (CPEP) ou privées (CSEJ, CAE), des demandeurs d'emploi pour
la plupart des primo-demandeurs en vue de l'acquisition d'expériences ou
éventuellement pour l'embauche ;
- programme d'Appui à l'Emploi Indépendant
(PAEI) qui permet la formation, l'encadrement et le suivi de jeunes porteurs de
projets de création d'entreprises ;
- programme de Renforcement des Capacités des
Demandeurs d'Emploi (RCDE) à travers lequel l'ANPE s'emploie
à donner des formations de qualification ou de perfectionnement ou de
reconversion aux jeunes dans les domaines de l'agriculture, de
l'élevage, de la pêche...
Les résultats obtenus à ce jour semblent bien
mitigés. Pour l'an 2008, la capacité d'absorption des demandeurs
d'emploi par les programmes se révèle à travers les
taux ci-après : 15,6% pour CPEP, 18% pour CAE, 38% pour CSEJ, 20% pour
RCDE et 48% pour PAEI. Globalement, en 2008, 31% des postulants ont
bénéficié des programmes ; environ les 15,6% du CPEP
sont des primo-demandeurs. De même, en 2007, sur 619 offres d'emploi
reçues, 112 demandeurs d'emploi ont été
insérés, soit un taux de 18, 09% et en 2008, sur 742 offres
reçues, 315 candidats insérés soit un taux de 42,45%. Il
faut souligner que très peu de primo-demandeurs ont été
insérés (à peine 5%). Les primo-demandeurs constituent
aujourd'hui la catégorie la plus nombreuse, soit environ 65% des
demandeurs d'emploi enregistrés annuellement, 2520 en 2007 et 2683
en 2008 et qui rencontrent des difficultés d'accès à
l'emploi.
Il apparaît sans conteste que malgré les
différentes actions menées par l'ANPE, en vue de l'insertion
professionnelle des demandeurs, les difficultés d'accès à
l'emploi des primo-demandeurs subsistent encore.
L'analyse de la situation montre que l'Etat a jusque-là
joué un rôle de pourvoyeur d'emploi et a toujours abordé
cette question sous l'angle de l'insertion professionnelle des jeunes. L'emploi
étant perçu comme une dette de l'Etat vis-à-vis du
citoyen, l'Etat doit offrir un emploi à tous, même si les
compétences réelles laissent à désirer. Une logique
qui rend le demandeur d'emploi peu actif et très dépendant des
structures d'insertion. Dès lors, le jeune « demandeur
d'emploi » peu responsabilisé et autonomisé compte
surtout sur la providence de l'Etat pour avoir un emploi et non sur ses
compétences.
Or, de nos jours l'emploi n'est plus un don, mais un
échange équitable de compétences recherchées par
les entreprises et de compétences requises disponibles chez le demandeur
d'emploi. De plus en plus, l'emploi apparaît non plus comme un
état statique mais plutôt comme un processus dynamique qui
nécessite une adaptation proactive des individus. Avoir un emploi
aujourd'hui exige du demandeur d'emploi des compétences
appropriées aux besoins des entreprises. Ainsi, les entreprises en
quête de productivité, de compétitivité et de
rentabilité ne recherchent que des ressources humaines de
qualité.
Face aux limites de la logique d'insertion professionnelle
pratiquée à l'ANPE, qui répond de moins en moins aux
fluctuations du marché de l'emploi et qui a comme corollaires
l'inemployabilité des primo - demandeurs et l'accroissement du nombre de
primo- demandeurs en chômage de longue durée, il urge de changer
de stratégie, en expérimentant de nouvelles stratégies
susceptibles de développer l'employabilité des primo-demandeurs
d'emploi.
La présente étude qui est intitulée
« De l'insertion professionnelle à l'employabilité des
primo-demandeurs de l'Agence Nationale Pour l'Emploi », nous
permettra de faire un diagnostic approfondi de la situation des
primo-demandeurs au sein de l'Agence et de trouver des solutions
appropriées en faveur du développement de leur
employabilité.
Pour ce faire, nous nous proposons de répondre à
quelques interrogations.
A ce sujet, notre question centrale est :
Pourquoi les primo-demandeurs de l'ANPE ne sont-ils pas
employables ?
De cette question centrale découlent les questions
suivantes.
Quels sont les facteurs personnels, socio-économiques
qui limitent l'employabilité des primo-demandeurs ?
Satisfont -ils aux conditions d'employabilité ?
Les programmes d'insertion professionnelle de l'ANPE
facilitent-ils l'employabilité des primo-demandeurs ?
Quelles sont les stratégies à mettre en place
pour assurer l'employabilité des primo-demandeurs ?
Les objectifs suivants ont été définis
dans le cadre de l'étude.
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