VI-2- Positionnement théorique
Le positionnement théorique ou cadre théorique
est un construit scientifique du chercheur. Celui de la présente
recherche est fortement encré sur une théorie empruntée
à l'histoire. Il s'agit de l'École des Annales. Ce courant
théorique nous permet de faire un travail historique
dépouillé de récit événementiel en posant un
problème de recherche ; celui de la non-couverture des
événements liés aux revendications d'indépendance
par les organes de presse écrite publiés. Phénomène
dont il convient de trouver les raisons déterminantes.
VI-2-1- Présentation de
l'École des Annales
L'École des Annales est un courant historiographique
qui a vu le jour en France grâce aux travaux de Lucien Febvre et de Marc
Bloch. Elle succède au Positivisme ou École Méthodique
qualifiée d' « histoire
événementielle » dont les figures de proue sont
Seignobos et Langlois. L'École Méthodique accorde une place
centrale au document dans le travail d'historien, il y a aussi une recherche de
l'objectivité et de la vérité, ce qui oblige l'historien
à privilégier les faits. En outre elle prône un
récit chronologique des événements. Le déclin de ce
courant de pensée va avoir lieu au 20ème
siècle.
C'est dans ce contexte que Lucien Febvre va fonder avec Marc
Bloch une nouvelle revue, les Annales d'histoire économique et
sociale. C'est autour de celle-ci que va se développer
l'École des Annales. Ce courant historiographique
préconise une histoire complète qui ne se contente pas de
récit mais qui pose des problèmes. L'histoire devient avec
l'École des Annales
une « histoire-problème » qui questionne
le passé et remet parfois en cause ses propres postulats afin de ne pas
être en reste sur les autres sciences et sur l'histoire du monde. Cette
discipline devient également avec les théoriciens des Annales,
une science d'interprétation. Il s'agit de la sortir de sa stagnation,
d'élargir les alliances possibles avec les autres sciences et de
développer la curiosité de l'historien. Lucien Febvre
(1952 :204), l'un des fondateurs de cette École dira dans son
ouvrage Combat pour l'histoire
que « Entre l'action et la pensée il n'est pas de
cloison, il n'est pas de barrière. Il faut que l'histoire cesse de vous
apparaître comme une nécropole endormie où passent seules
des ombres dépouillées de substance ». Les tenants
de l'École des Annales n'admettent pas l'histoire comme l'enregistrement
d'une suite d'événements. Ils réfutent une histoire
centrée sur les biographies, les faits diplomatiques, les récits
des batailles... L'École des Annales est alors essentiellement un
courant d'idées et de méthodes, avec le souci d'abattre «
les cloisons » ou les frontières entre les géographes, les
économistes, les statisticiens, les sociologues, les juristes et les
historiens. Elle admet qu'il ne faut pas hésiter de faire appel à
toutes les sciences voisines et à leurs méthodes qui peuvent
permettre d'élargir le regard du chercheur en histoire afin de trouver
des réponses aux questions posées. C'est pour cela que dans le
cadre de cette recherche nous faisons appel à d'autres disciplines
scientifiques comme les statistiques et à des méthodes comme
l'analyse des thèmes.
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