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La presse écrite au Cameroun à  l'ère des revendications d'indépendance:approche historique

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par Alain ASSOMO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II recherche en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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I-2 -Les journaux publics : des publications servant de soutien à une administration

anti-indépendantiste

Les journaux publics étaient soumis à l'administration coloniale par un lien institutionnel qui faisait d'eux des publications intégrées soit au Haut-commissariat de la République (cas d'Informations Radio-presse) soit à ses services déconcentrés (cas de Journal des villages du Nyong et Sanaga). Dans tous les cas de figure, ces organes de presse étaient produits avec des financements publics. Or, précisément cette administration avait pour mission de sauvegarder les intérêts de la France au Cameroun. Les autorités coloniales, propriétaires des journaux publics, devaient maintenir la présence française dans le pays jusqu'à l'indépendance qui d'ailleurs ne figurait pas véritablement parmi les priorités de la France dans sa gestion des Territoires d'Outre-mer. Comment dès lors penser que ces journaux qui étaient intégrés dans les services centraux ou extérieurs de l'administration coloniale, et qui les soutenaient dans leur contenu , pouvaient relayer les nouvelles concernant les revendications d'indépendance que formulaient les nationalistes ; alors que lesdites revendications étaient opposées aux missions de sauvegarde des intérêts de la France qu'assurait le Haut-commissariat de la République et ses démembrements. Ces publications, par leur statut de journaux publics avaient pour mission de servir d'organe d'expression des autorités coloniales au Cameroun. D'ailleurs Israël Léonard Sah (1975 : 278) présentant le journal Informations Radio-presse pense que : « Il diffuse aussi objectivement et aussi fidèlement que possible les grandes nouvelles de France, du Cameroun et du Monde ». De ce fait, cet organe de presse ne pouvait pas assurer la médiatisation des événements organisés par les nationalistes qui eux, réclamaient l'indépendance immédiate du Territoire alors que précisément son propriétaire n'avait pas encore prévu une date pour l'accession du Cameroun à sa souveraineté. Les revendications d'indépendance ne pouvaient donc pas faire l'objet d'une publication dans les colonnes des journaux, car il appartenait à l'administration coloniale française qui n'épousait pas les idées d'indépendance immédiate et de réunification que formulaient les nationalistes camerounais.

Les principales réclamations de l'indépendance du Cameroun ont été formulées par l'Union des Populations du Cameroun. M. Ruben Um Nyobé, Secrétaire général de ce parti politique s'est rendu le 17 décembre 1952, le 5 décembre 1953 et même en décembre 1954 aux Nations unies pour réclamer l'indépendance du Cameroun. À chaque fois les autorités coloniales françaises étaient opposées à ces prises de parole du Secrétaire général de l'UPC qui cherchaient à réaffirmer le désir des nationalistes d'accéder à leur souveraineté. Ferdinand Chinji-Kouleu (2006 :92) écrit pour cela que : « Ajoutons qu'à partir de 1952, Ruben Um Nyobé se présentera chaque année devant les Nations unies comme pétitionnaire, défenseur de la cause du Cameroun. A chacun de ses voyages, le Gouvernement français dépêchera des contradicteurs Camerounais et Français... ». Victor Julius Ngoh (1990 :127) quant à lui mentionne que « l'appel d'Um Nyobé pour la fin de la présence française au Cameroun provoqua une vive indignation de la part des Français. Le représentant de la France à l'ONU, Pignon, se plaignit de la réception chaleureuse que l'ONU réserva à Um Nyobé. ». Ces deux sources indiquent donc une opposition des autorités françaises aux réclamations d'indépendance formulées par les nationalistes. Or précisément, ce sont ces autorités qui étaient propriétaires des journaux publics.

On peut donc dire que le soutien de ces organes de presse publics à une administration coloniale donc le caractère anti-indépendantiste vient d'être démontré est une cause de la non-publication par les journaux des sujets d'actualité liés aux réclamations de souveraineté formulées par les nationalistes. Ce qui indique donc que l'une des causes du silence des journaux sur les informations concernant les revendications d'indépendance est le soutien que les journaux publics manifestaient à une administration anti-indépendantiste.

Parvenu au terme de cette section, il a été vu dans l'analyse des thèmes développés par les journaux publics que ceux-ci dans leur contenu soutenaient les actions menées au Cameroun par leur propriétaire, l'administration coloniale. Ce soutien est perceptible à travers la prépondérance des articles liés aux activités de l'administration par rapport aux autres faits d'actualité. L'opposition de cette administration aux revendications nationalistes peut par conséquent expliquer pourquoi les journaux publics qui les soutenaient observaient un silence sur les réclamations de souveraineté. Ce qui montre que l'une des causes de la non-publication par les journaux camerounais des nouvelles liées aux réclamations d'auto-détermination est le soutien des journaux publics à une administration coloniale anti-indépendantiste.

Ce qui amène dans la section II de ce chapitre à poursuivre les analyses avec celles

des journaux édités au Cameroun par les hommes politiques français.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore