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La presse écrite au Cameroun à  l'ère des revendications d'indépendance:approche historique

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par Alain ASSOMO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II recherche en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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Section III- La description par les sources de l'attitude des autorités

après la publication par Kamerun mon pays d'un article portant

sur l'interdiction d'une réunion publique des nationalistes

Cette section entend présenter les informations recueillies auprès des sources consultées sur l'attitude de l'administration après la publication par le journal Kamerun mon pays d'un article faisant état de l'interdiction par les autorités coloniales d'une réunion publique des nationalistes. Pour y parvenir nous allons évoquer ledit article (paragraphe I), puis indiquer les informations données par les sources consultées au sujet de l'attitude des autorités après la publication de cet article (paragraphe II).

III-1- La publication par Kamerun mon pays d'un article portant sur

l'interdiction d'une réunion publique des nationalistes

Dans un article publié le 27 novembre 1956, le quotidien Kamerun mon pays (parution No33) publie un article dans lequel il dénonce l'interdiction par l'administration coloniale d'une réunion publique organisée par des nationalistes réunis au sein du Mouvement d'Union Nationale, un regroupement de plusieurs partis fondé après la dissolution de l'UPC. La réunion était prévue à Douala le 27 novembre 1956 mais suite à son interdiction, les organisateurs ont été contraints à son annulation. C'est cette information que Kamerun mon pays tente donc de relayer dans ses colonnes. Seulement, dès la mise en vente du numéro 33 de ce journal qui contient ladite information, plusieurs sources évoquent une réaction des autorités coloniales à son encontre.

III-2- La description par les sources de la réaction des autorités coloniales après

la publication par Kamerun mon pays de l'article portant sur l'interdiction

d'une réunion publique des nationalistes

Plusieurs sources indiquent une réaction de l'administration coloniale après la publication par le journal Kamerun mon pays d'un article indiquant l'interdiction par les autorités d'un regroupement public des nationalistes à Douala.

· D'abord la correspondance No 1.126/CF/RWI du 27 novembre 1956 (ANY, Correspondance No 1.126/CF/RWI du 27 novembre 1956) signée du chef de la Région du Wouri. Dans ce document adressé au Commissaire de police du 2e arrondissement de New-Bell, le chef de Région lui ordonne de saisir le journal Kamerun mon pays No33. Il motive cette décision par les propos suivants : « le numéro en question contient des diffamations, publications de fausses nouvelles pouvant troubler l'ordre public ». Le motif est donc trouvé : diffamations et publications de fausses nouvelles. Si on s'en tient à cette source, le journal a été saisi et le motif a été trouvé. C'est une source qui indique par la même occasion les raisons avancées par l'administration coloniale pour confisquer le numéro 33 de cette publication.

· Ensuite Simon Thadée Beyaga (in « Un drame à Kamerun mon pays », Kamerun mon pays No35 du jeudi 29 novembre 1956 : 3) ; Dans cet article, le rédacteur raconte les circonstances de la saisie de la parution No33 de ce journal. Voici ce qu'il dit à ce propos : 

« Le 27 novembre à 9h30 M. le commissaire de police du 2e arrondissement de New-Bell, accompagné de 2 secrétaires de police MM. Nsoka Zachée et Dibonga Mathieu, et trois agents de police, arriva à la direction de Kamerun mon pays. Il pénétra brusquement dans la maison et après avoir défendu aux clients et au personnel du journal de ne pas sortir, M. le commissaire procéda à une perquisition policière arbitraire et illégale. Il ramassa tous les journaux et documents qu'il trouva dans la maison. A une question du personnel qui lui demandait s'il s'agissait d'une saisie du journal ou d'un numéro, le commissaire répondit : il s'agit de la saisie du numéro du journal d'aujourd'hui. Nous fûmes, Missongo Raymond et moi transportés au commissariat de police de New-Bell où l'on procéda à l'examen des journaux et documents. Monsieur le commissaire de New-Bell confisqua le numéro du journal du 27 novembre 1956 et nous restitua les autres documents. Je ne savais exactement de quoi il s'agissait et c'est à ce moment qu'il me fût révélé que la saisie du journal a été ordonnée par M. le Chef de la Région du Wouri ». 

Il est à noter qu'il s'agit là d'une source primaire car le témoignage est fait par quelqu'un qui a vécu cet événement.

Ainsi, cette section a permis de présenter les différentes sources ayant indiqué une réaction des autorités coloniales après la publication par le journal Kamerun mon pays d'un article relatif à l'interdiction par l'administration d'une réunion publique à Douala. Cette présentation n'était que l'amorce d'une procédure scientifique qui nous conduira à une confrontation desdites sources.

En définitive, ce chapitre était centré sur la présentation des informations fournies par des sources d'information sur l'attitude des autorités coloniales après la publication dans les colonnes des journaux fondés par les nationalistes de certains articles dénonçant la colonisation. Ainsi, il s'est agit tout d'abord de présenter les principaux journaux édités par les nationalistes à savoir La voix du Cameroun fondée en 1949 et Kamerun mon pays lancé en 1956. Aussi, il a été vu que plusieurs sources ont indiqué des réactions des autorités coloniales notamment après la publication par La voix du Cameroun d'un article relayant les résolutions du premier congrès de l'UPC et après la publication dans les colonnes de Kamerun mon pays d'un article indiquant l'interdiction par l'administration coloniale d'une réunion organisée par les nationalistes. Certaines ont mentionné des suspensions de journaux, d'autres des saisies. Ce chapitre n'ayant été que l'amorce d'une procédure scientifique , ces faits historiques restent à être confirmés dans la troisième partie de ce travail .Celle-ci consistera entre autre à confronter lesdites sources, conformément à une méthode reconnue en histoire, et à procéder à leur interprétation afin de voir en quoi ces réactions des autorités vis-à-vis des journaux fondés par les indépendantistes ont pu constituer une raison de la non-publication par ces organes de presse des sujets d'actualité liés aux grandes manifestations de réclamation de l'autonomie complète du Cameroun.

Cette partie entièrement centrée sur la présentation des informations recueillies sur le terrain nous a amené à nous intéresser au contenu des organes de presse publiés par les Français vivant au Cameroun et à la description par diverses sources de l'attitude des autorités coloniales après la publication d'articles publiés dans des journaux fondés par les nationalistes et qui dénonçaient la présence française au Cameroun. Ainsi, le premier constat est que les publications des Français ne s'intéressaient pas aux sujets liés aux revendications d'indépendance. Les organes de presse publics s'intéressaient en priorité aux activités du Haut-commissariat de la République, aux réalisations de la France au Cameroun et à la politique intérieure de la France. Quant aux journaux fondés par les hommes politiques français vivant au Cameroun ils traitaient surtout les sujets d'actualité liés aux activités politiques de leurs fondateurs et à celle du Haut-commissariat de la République alors que les publications fondées par les hommes d'affaires préféraient les faits concernant la politique intérieure de la France , les activités des autorités coloniales et celles des ressortissants français vivant au Cameroun .Des analyses qui seront approfondies dans la troisième partie de ce travail. Les journaux fondés par les nationalistes ont pour leur part relayé plusieurs informations liées aux manifestations anticoloniales. Seulement, certaines rencontres organisées par ces nationalistes n'ont pas bénéficié de la couverture médiatique de leurs propres organes de presse. Les sources que nous avons consultées nous ont indiqué des réactions de l'administration coloniale après la publication d'article dénonçant la gestion du Cameroun par la France. Plusieurs d'entre elles ont même évoqué des pressions des autorités coloniales sur ces journaux. Des faits qui restent à être prouvés dans la confrontation des sources qui sera menée dans la suite de ce travail.

La partie qui va suivre nous amènera par conséquent à procéder à l'analyse et à l'interprétation de ces différentes informations, ce qui nous permettra de voir les causes de la non-publication par les journaux des sujets d'actualité liés aux revendications d'indépendance formulées par les nationalistes.

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