CHAPITRE QUATRE :
LA DESCRIPTION PAR DES SOURCES DE L'ATTITUDE DES
AUTORITÉS À L'ENDROIT DES JOURNAUX ÉDITÉS PAR LES
NATIONALISTES
À la faveur de l'application au Cameroun de la loi
française du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et avec
le déclenchement du processus de décolonisation, des
nationalistes vont fonder des organes de presse. Le but de ces journaux
d'opinion est bien évidemment de les accompagner dans leur lutte pour
l'obtention de la souveraineté du pays. Ce chapitre entend
présenter les informations fournies par les sources consultées au
sujet de l'attitude des autorités coloniales après les
dénonciations publiées dans les journaux fondés par les
nationalistes. Parmi les organes de presse appartenant aux nationalistes entre
1946 et 1957 et dans lesquelles sont publiées des dénonciations
de la présence coloniale , on peut citer : La voix du
Cameroun (fondée par l'UPC), L'étoile
(fondée par l'UPC), les cahiers upécistes (fondé
par l'UPC), Kamerun mon pays (Fondée par M. Ndjeng Jean),
Le flambeau (fondé par M. King John), Le kwifo
(fondé par le « Kumzse), La vérité
(fondée par la Jeunesse Démocratique du Cameroun),
Lumière (fondé par l'UPC)... De ces différentes
publications, les plus importantes semblent être La voix du Cameroun
et Kamerun mon pays. Il s'agit donc de montrer l'attitude de
l'administration coloniale après les écrits contenus dans les
journaux La voix du Cameroun et Kamerun mon pays. Pour ce
faire, il sera d'abord question de présenter l'intérêt
porté aux réclamations indépendantistes par les
publications des nationalistes (section I), ensuite présenter les
informations fournies par les sources consultées sur l'attitude des
autorités coloniales après la publication dans les colonnes de
La voix du Cameroun (section II) et de Kamerun mon pays
(section III) de certains articles dénonçant la présence
française au Cameroun.
Section I- L'intérêt porté aux
réclamations indépendantistes par les publications des
nationalistes
Cette section entend montrer que les journaux
édités par les nationalistes s'intéressaient aux sujets
d'actualité liés aux réclamations de souveraineté
et accompagnaient les indépendantistes dans cette quête de
l'autonomie complète du Cameroun. Pour y parvenir il sera d'abord
question de présenter les périodiques qui nous servent
d'illustration (paragraphe I) et ensuite d'indiquer les principaux
événements concernant les revendications de souveraineté
qui ont été couverts et relayés par lesdits journaux
(paragraphe II).
I-1 : Identification des journaux publiés par
les nationalistes
Il s'agit dans ce paragraphe de procéder à la
présentation des deux organes de presse qui nous servent d'illustration
parmi les journaux édités par les indépendantistes. C'est
en septembre 1949 que l'Union des Populations du Cameroun fonde à
Douala le journal La voix du Cameroun (La voix
du Cameroun No001, septembre 1949 :1).
Cet organe de presse est un mensuel et il a pour sous-titre jusqu'en
décembre 1955 « Organe de l'Union des Populations du
Cameroun, section camerounaise du Rassemblement Démocratique
Africain ». Dès janvier 1956, avec l'adoption de son nouveau
design et suite à l'interdiction de l'UPC, le sous-titre de La voix
du Cameroun devient « Organe central de l'Union
des Populations du Cameroun ». Le journal est mensuel et coûte
15 francs à l'intérieur du Cameroun et 20 francs à
l'extérieur du pays. Son siège est à New-Bell à
Douala. Le tirage moyen de cette publication est de 3000 exemplaires. Il est
édité en noir et blanc. Ce support d'information est
imprimé sur quatre pages sur un format de dimension 410x290 mm de sa
fondation jusqu'en 1955 et est tiré sur offset. Mais dès 1956,
il est ronéotypé et son format a désormais une dimension
de 290 x210 mm. Le journal continue de paraître sous maquis malgré
l'interdiction du parti en 1955. Plusieurs
responsables de l'UPC ont occupé le poste de Directeur-gérant de
La voix du Cameroun. Il s'agit respectivement de MM. Ernest
Ouandié de 1949 à 1952, Abel Kingué de 1952 à 1955
et Joseph Innocent Kamsu dès janvier 1956. Dans son contenu le journal
présente plusieurs rubriques notamment :
· « Editorial » : Ici la
position du journal est donnée sur un sujet d'actualité ;
· « Nouvelles » : Il s'agit de
nouvelles du pays, le plus souvent l'action des indépendantistes sur le
terrain et les agissements des autorités coloniales ;
· « Page humoristique » :
Celle-ci traite des sujets d'actualité sous forme d'humour et est
animée par un rédacteur qui a pour pseudonyme « The
observer ».
D'autres articles ne rentrant pas dans des rubriques
précises sont également publiés dans les colonnes de ce
périodique.
Quant au journal Kamerun mon pays, il est
fondé en janvier 1956 à Douala (Kamerun mon pays,
édition No001 du 4 janvier 1956). Il a pour sous-titre
« Organe progressiste d'informations ». À son
lancement il est trihebdomadaire, paraissant le mardi, le jeudi et le samedi.
Mais en octobre 1956, il change de périodicité et devient
quotidien dans sa nouvelle version. Le journal est ronéotypé et
est édité sur un format de dimension 290 x210mm. Il a un tirage
moyen de 1000 exemplaires et a 4 pages même si la densité de
l'actualité amène parfois ses promoteurs à le produire sur
6 ou même 8 pages. Le journal Kamerun mon pays a pour Directeur
- gérant M. Ndjeng Jean jusqu'en octobre 1956 et à partir de
cette période, ce dernier est remplacé par M. Zambo Jean - Paul.
Le Rédacteur- en-chef de cette publication est M. Jean Marie Manga. Son
siège est à Akwa à Douala et il coûte 10 francs.
Outre l'éditorial généralement signé du
Rédacteur-en-chef, les rubriques de ce journal sont :
· « Evénement » qui publie le
fait marquant du moment ;
· « Dernière heure » qui est
rédigé sous forme de brèves. Ce sont des nouvelles de
l'actualité qui ne font pas l'objet de commentaires ;
· « Tribune » : Cette rubrique
est rédigée par les lecteurs et donne l'occasion à l'un
deux de s'exprimer sur un sujet d'actualité ;
· « Il semble » : Cette rubrique
est destinée à faire des commentaires sur les agissements des
autorités coloniales à l'endroit des nationalistes ;
· « Communiqués » :C'est
une rubrique consacrée aux annonces diverses.
Des articles ne rentrant pas dans une rubrique
précise du journal sont également publiés dans le
journal.
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