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La presse écrite au Cameroun à  l'ère des revendications d'indépendance:approche historique

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par Alain ASSOMO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II recherche en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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IX- Revue de la littérature

Notre travail se situe dans le même domaine d'étude que des travaux effectués antérieurement par d'autres chercheurs. Il s'agit d'ouvrages publiés, de thèses et de mémoires chacun selon sa propre orientation. Il est donc important de voir ici ce que ces scientifiques ont écrit sur la problématique de la couverture des événements liés aux revendications d'indépendance formulées par les nationalistes camerounais.

· Tudesq, André-Jean et Nédélec Serges, Journaux et radios en Afrique aux XIXe et XXe siècles, Saint-Étienne, Impressions Dumas, 1998.

L'histoire des médias en Afrique a intéressé André-Jacques Tudesq et Serges Nédélec. Ils ont publié en 1998 un ouvrage intitulé Journaux et Radio en Afrique aux XIXème et XXème siècles. Ces auteurs font un récit chronologique de l'évolution des deux médias en Afrique de 1773, année de la naissance de la première gazette Annonces, affiches et avis divers pour les colonies des îles de France et de Bourbon dans l'île Bourbon jusqu'à la fin du 20ème siècle. Ils vont constater qu'en Afrique l'introduction de la radio est intervenue un siècle après celle de la presse écrite. André-Jean Tudesq et Serges Nédélec (1998 : 90) vont en outre indiquer que l'introduction de la radio dans certains pays notamment ceux placés sous administration française se justifie par le désir de ce gouvernement de « chercher de nouveaux moyens de diffusion dans la France d'outre-mer pour développer les relations avec la métropole, construire l'Union française et combattre les idées nationalistes. ». On voit donc avec eux que la question de la couverture médiatique se pose déjà et ils pensent que les organes de presse et les radios ont été introduits en Afrique pour servir les intérêts des métropoles et combattre les idées développées par les nationalistes. Pour ce qui est du Cameroun, ils précisent que : « Au Cameroun, après 1945, le pluralisme politique favorisa une presse diversifiée : des journaux d'avant-guerre continuaient à paraître, comme L'Éveil du Cameroun qui devient hebdomadaire en 1952, Le Cameroun libre, organe des gaullistes ... » (Idem, P.78). Cet ouvrage évoque donc le soutien des journaux à certaines causes notamment la présence européenne en Afrique et les idées de certains mouvements politiques notamment les gaullistes pour ce qui est du cas du journal Le Cameroun libre. Notre travail quant à lui cherche non pas à évoquer spécifiquement les soutiens des organes de presse pour des causes mais s'intéresse plus spécifiquement aux différentes raisons de la non-couverture des faits liés aux revendications d'indépendance par les organes de presse.

· Omgba Etoundi, Marc Joseph, La presse camerounaise dans tous ses états : esquisse de présentation de la presse écrite camerounaise des origines à nos jours avec un gros plan sur la presse écrite de langue française pour la période allant de 1992 à 1997 (2000). Pour ce travail d'Habilitation à Diriger les Recherches(HDR), l'universitaire pose au départ la problématique qui consiste à voir le rôle joué par la presse dans l'évolution générale des sociétés. La délimitation temporelle qu'il fait de son travail va de 1903 à 1997. Dans sa définition opérationnelle, le chercheur distingue les catégories des différents journaux recensés notamment la presse écrite de service public, la presse d'entreprise, la presse privée d'information générale et politique et la presse spécialisée. Il procède par la suite à une présentation sommaire des différents organes de presse qui ont animé le paysage médiatique au Cameroun de 1903 à 1992. Enfin, il fait un gros plan et présente les différentes structures de presse écrite dans le pays entre 1992 et 1997 en insistant sur les lignes éditoriales, les périodicités et les présentations physiques de ces périodiques. Marc Joseph Omgba Etoundi (Idem, P.79) présentant des organes de presse de la période coloniale dit du journal Le Cameroun de demain qu'il « a été fondé à des fins électoralistes à en croire ses adversaires. Son promoteur qui tient à jouer un rôle politique dans le territoire, entend disposer ainsi d'un organe d'information et d'expression au service de son ambition ».

Ici également le chercheur évoque le soutien des journaux à des hommes politiques. C'est le cas de la publication Le Cameroun de demain fondée par le Dr. Aujoulat qui venait en appui à ses activités politiques.

Notre travail quant à lui est délimité dans la période allant de 1946 à 1957. De même il entend non pas évoquer simplement les orientations éditoriales des organes de presse, mais étudier les raisons de la non-publication par les journaux des sujets liés aux revendications d'indépendance.

· Sah, Israël Leonard, Contribution à l'histoire de la presse écrite de langue française au Cameroun, des origines à l'autonomie (1975) ;

Cette thèse de Doctorat présente de manière générale les différents organes de presse du Cameroun depuis l'arrivée des français en 1916 jusqu'à l'autonomie du Cameroun français en 1957. Il classe les journaux de cette période en plusieurs catégories. Il s'agit notamment des journaux publics, des journaux d'information générale et politique et des organes de presse spécialisés parmi lesquels les journaux confessionnels, corporatifs et les publications sportives. Pour lui, les origines de la presse de langue française au Cameroun sont à trouver dans la fondation le 1er novembre 1916 du journal officiel du Cameroun qui s'appelait alors Journal officiel des territoires occupés de l'ancien Cameroun. L'âge d'or de cette presse intervient pendant la décolonisation. Voici d'ailleurs comment Israël Léonard Sah (Idem, P.104) explique l'origine de cette pluralité d'organes de presse : 

« C'est ainsi qu'une certaine idée de la liberté mettra en marche le processus de la décolonisation qui ne cessera de se développer. La naissance au cours des années 1949-1950 d'un sentiment national camerounais qui ira en s'amplifiant procède du même état d'esprit. Etat d'esprit favorable à la multiplication des journaux et d'organes d'expression proprement indigènes ».

Parlant des orientations éditoriales de ces journaux, il montre également que certaines publications défendaient la cause coloniale tandis que d'autres animés par un sentiment national soutenaient les mouvements nationalistes.

Notre recherche quant à elle est axée sur la période qui va de 1946 à 1957. De même, le travail que nous menons cherche les raisons déterminantes du peu d'intérêt affiché par les grands journaux aux événements liés aux revendications d'indépendance.

Au terme de cette revue de la littérature. Nous avons relevé que les différents documents qui ont déjà abordé le problème de la couverture médiatique pendant la période coloniale se sont plus appesantis sur le fait que ces journaux servaient chacun une cause précise. Notre travail qui a la particularité de s'intéresser à la période allant de 1946 à 1957 entend lui, se démarquer des recherches antérieures en ce sens qu'il pose le problème des raisons de la non-publication par les grands organes de presse des revendications d'indépendance formulées par les nationalistes. Ceci dans une perspective de l'école historiographique des Annales.

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