I- Contexte et problématique de la recherche
L'entreprise, en tant qu'acteur majeur de la
société, est de plus en plus confrontée aux pressions
exercées par les actionnaires, les salariés, les consommateurs,
les ONG et le cadre réglementaire. Pour trouver une convergence entre
les intérêts dissonants de ses multiples parties prenantes,
l'entreprise doit définir ses performances économiques, sociales
et environnementales comme une contribution à un bien commun. Il s'agit
pour elle, de gérer ses opérations de manière à
stimuler la croissance économique et renforcer la
compétitivité tout en garantissant la protection de
l'environnement et en promouvant la responsabilité sociale. Ainsi
peut-on assister au dépassement de la conception classique de
l'entreprise « capitaliste » à une vision plus
moderne de l'entreprise « responsable » ou
« citoyenne ».
De manière générale, la
responsabilité peut être perçue comme une obligation
d'assumer ou de réparer un dommage ou un préjudice1(*). Cette définition semble
directement interpeller la société Trafigura qui, en 2009
dernier, a déversé d'énormes quantités de
déchets toxiques en divers lieux de l'agglomération d'Abidjan en
Côte d'Ivoire. Mais, la réparation (reversement de quarante cinq
millions de dollars) qui s'en est suivie ne s'inscrivait pas dans une optique
de création de valeur. Elle constituait plutôt une réponse
aux multiples pressions exercées par Amnesty International. Tel n'est
pas le cas par exemple, de MTN qui détient le prix du premier sponsoring
sportif (actions responsables) et voit en même temps sa part de
marché augmenter sans cesse (création de valeur).
Comme le rappellent les auteurs d'un document émanant
du Bureau international du travail2(*), il n'existe pas de document consensuel qui
définisse la responsabilité sociale des entreprises (RSE). On
s'accorde cependant à y placer des pratiques volontaires d'entreprises
qui, soucieuses de répondre aux demandes de stakeholders, s'impliquent
dans des actions sociales, sociétales et environnementales
(Peeters A., 2004). En effet, les activités
quotidiennes des entreprises doivent être menées dans une
perspective d'amélioration du bien être socioéconomique
global. Autrement dit, les obligations sociétales qui incombent aux
entreprises doivent dépasser le cadre économique et légal
pour s'inscrire dans une logique de volontariat.
En effet en Europe, le comportement de la firme est une
réponse aux forces du marché et aux contraintes légales
(E. Persais, 2007). En d'autres termes, la
responsabilité sociétale de la firme implique que celle-ci soit
en phase avec les normes, les valeurs et les attentes de performance
sociétale. Mais, la publication en 2001 du livre vert sur
la RSE par la Commission Européenne atteste la volonté de
faire de cette problématique, un élément central de la
politique économique de l'union.
Cependant, une étude récemment menée sur
les pratiques des responsabilités sociales des entreprises au Cameroun
en a ressorti une approche plutôt mixte de la RSE dans le secteur
industriel. En effet, il en est ressorti que les pratiques de
responsabilité sociale des entreprises situées au Cameroun
dépendent de manière notoire, de la culture d'entreprise.
Autrement dit, la RSE constitue pour les entreprises multinationales, une
habitude importée de la société mère. Tandis que
pour les entreprises camerounaises, leurs activités responsables sont
tantôt volontaires, tantôt le résultat de quelque pression
légale.
En effet, les travaux que nous avons récemment
menés ont montré qu'au Cameroun, la RSE est pratiquée non
seulement par respect de la réglementation nationale, mais aussi par
respect des normes et règles internationales en la matière. Ceci
se justifie par la présence au Cameroun, d'entreprises certifiées
par des organismes internationaux. C'est le cas par exemple de Nestlé
dont les activités sont en phase avec les exigences des normes de
standardisations internationales, et qui est standardisé OHSAS 18001
version 2007 et ISO 14001 version 2004. HYDRAC est également
certifiée ISO 9001 version 2008, PLASTICAM est certifié ISO 9001
version 1994, 2000 et 2005.
Sur le plan national, nombreuses sont les entreprises qui
adoptent une démarche RSE. Ceci est en phase avec la loi nationale
camerounaise, loi fondamentale du MINEP selon laquelle, « tout
producteur de déchets est responsable de ses déchets
jusqu'à leur élimination ». Autrement dit, la RSE
est principalement régie par des lois sur la protection de
l'environnement, notamment la Loi N° 96 / 12 du 05 Août
1996 portant Loi - Cadre relative à la gestion de
l'environnement. À cet effet, le MINEP a innové en
instituant le concept d' « environnement
gris ». Ce concept, par rapport à celui
de l'« environnement vert », a
ceci de spécial qu'il intègre dans la protection de
l'environnement, toutes les parties prenantes (la société civile
incluse). Cette forte présence du MINEP illustre l'implication de l'Etat
(comme partie prenante) dans l'ancrage de la RSE dans les attitudes
managériales des entreprises qui exercent une activité au
Cameroun.
Les arguments ci-dessus montrent que la RSE est bel et bien
existante dans les pratiques managériales des entreprises au Cameroun
quelque soit le secteur d'activité. Mais, l'objectif principal des
entreprises reste toutefois la réalisation de profits.
La problématique du lien de causalité entre RSE
et performance financière a fait l'objet de plusieurs
développements sans pour autant qu'un consensus ne se dégage au
sein de la communauté scientifique. En effet, l'examen des
résultats des études existantes traduit pour une part l'influence
probable de la RSE sur sa performance financière, et pour une autre
part, le sentiment d'un lien fragile et quelque peu contrasté
(Allouche J. et Laroche P., 2005). Le lien fragile tient du
fait que la mise en oeuvre de la RSE génère des coûts
supplémentaires pour l'entreprise. Notamment des charges liées
à la mise aux normes réglementaires, au reporting extra
financier, aux coûts de recherche et développement entre autres.
Cependant, selon Simpson W. G., et Kohers T. (2002), les
entreprises cotées qui font preuve d'engagements sociaux et
environnementaux responsables, possèdent une longueur d'avance sur leurs
concurrentes auprès des investisseurs potentiels. De plus, les
entreprises qui font preuve d'une responsabilité sociétale
certaine (même les entreprises non cotées) courent très peu
le risque de réaliser de mauvais résultats dans le long terme.
De même, une entreprise incapable de
générer une image socialement acceptable met
inévitablement en danger sa rentabilité future. Et si le risque
de réputation paraît le plus évident, le champ des risques
couverts par une démarche socialement responsable est bien plus large,
et il appartient aux actionnaires et structures de contrôle de
déterminer si la mise en oeuvre de la politique de responsabilité
d'entreprise nourrit une création de valeur ou doit éviter une
destruction de valeur potentielle.
L'objectif ultime n'est donc plus de créer de la valeur
à tout prix pour les détenteurs de droits de
propriété (les shareholders), mais plutôt d'acquérir
une culture managériale orientée vers la satisfaction de
l'ensemble des partenaires économiques, financiers et sociaux de
l'entreprise que l'on appelle communément stakeholders (Larbi B.
S. et Ohanessian R., 2008). Mais l'on pourrait penser à juste
titre qu'il n'y a pas sur le long terme d'antagonisme entre les
intérêts des actionnaires et ceux des salariés par exemple.
En effet, il serait illusoire de croire qu'une entreprise
puisse être capable de créer de la valeur si elle n'est pas en
mesure d'offrir à ses salariés des conditions de
rémunérations et des conditions de travail attractives. De
même, toute entreprise se doit dans une économie de concurrence
mondialisée d'être continuellement à l'écoute de ses
clients en vue de satisfaire leurs attentes à des prix
compétitifs.
En cherchant à maximiser leurs propres
intérêts, les actionnaires maximisent ceux de tous les autres
parce que c'est justement la satisfaction des intérêts de ces
stakeholders qui permet d'optimiser à terme la valeur actionnariale.
D'après Charreaux G. et Desbrières P., (1998),
il y a là une relation de cause à effet cyclique et
interminable sur laquelle repose cette problématique, et à cet
égard, seule une acceptation de la création de valeur durable en
collaboration avec le réseau partenarial de l'entreprise pourrait offrir
un cadre d'analyse rigoureux et prometteur. Les approches actionnariales et
partenariales ne sont donc pas exclusives. Bien au contraire, elles sont
complémentaires même si elles relèvent d'idéologies
propres à des culturelles spécifiques.
En effet, Caby J., Clerc-Girard M-F., Koehl J.,
(1996) soulignent que traditionnellement, l'approche actionnariale est
propre aux économies issues du capitalisme anglo-saxon (Etats-Unis,
Royaume-Uni et Australie) se caractérisant par de grands marchés
liquides de capitaux pour lesquels plus de la moitié des actions sont
détenues par des institutions dont la priorité est de maximiser
leur niveau de rentabilité pour un niveau de risque donné. Ils
ajoutent également que l'approche partenariale a, quant à elle,
eu plus de succès dans les économies du capitalisme continental
(il s'agit essentiellement de la France, de l'Italie, de la Belgique, de
l'Allemagne, de la Suisse, et du Danemark).
Ces différentes approches de création de la
valeur sont contradictoires à celles de la RSE, dans la mesure où
l'approche RSE est normative aux Etats-Unis et plutôt légale en
Europe. Pour mieux apprécier ce constat contradictoire,
représentons, dans un tableau, les différentes approches RSE et
de création de valeur des pays Européens et des Etats-Unis.
Tableau 1 : Approches de la RSE et de la
Création de Valeur à l'étranger
Pays à l'étranger
|
Approches
|
RSE
|
Création de Valeur
|
Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie
|
Normative
|
Actionnariale
|
France, Italie, Belgique, Allemagne, Suisse, Danemark
|
Légale
|
Partenariale
|
Source : Une synthèse de la
littérature [Persais E. (2007) ; Carroll A.B. (1979) ; Caby
J., Clerc-Girard M-F., Koehl J., (1996)]
Il ressort du tableau ci-dessus que, dans les pays
anglo-saxons, la RSE étant normative (volontaire) l'on se serait attendu
à voir une approche de création de valeur plutôt
partenariale qu'actionnariale. Mais, c'est la situation inverse qui y est
vécu. Tel est également le cas pour les pays d'Europe qui
couplent une RSE légale à une approche de création de
valeur plutôt partenariale. C'est dire qu'aux Etats-Unis en particulier
et dans les pays anglo-saxons en général, la RSE est
déjà perçue comme un levier d'action pour créer de
la valeur ajoutée économique (EVA), et l'est moins dans les pays
européens.
Face à cette situation assez contradictoire, l'on
aimerait bien connaitre la position des entreprises Africaines en
générale, et celles situées au Cameroun en particulier en
ce qui concerne les approches RSE et de création de valeur. C'est dans
cette perspective que nous accordons un intérêt particulier au
thème : « pratiques de responsabilité
sociétale des entreprises et création de
valeur ».
S'il est vrai que le développement de
l'activité, l'amélioration de la profitabilité ou la
recherche d'une plus grande flexibilité financière peuvent
constituer des objectifs intermédiaires et prioritaires à un
moment donné de la vie d'une entreprise, il est difficile d'admettre que
ces objectifs intermédiaires puissent constituer à eux seuls une
fin en soi. Mais plutôt un moyen au service d'un objectif ultime que l'on
s'efforcerait à atteindre sur le long terme. En effet, comme le souligne
Igalens J. (2003), quelque soit le type d'entreprise, les
dirigeants se doivent tout naturellement de préserver et de
rémunérer les capitaux investis par les actionnaires
conformément aux conditions de rémunérations qui
prévalent sur les marchés financiers, mais aussi de
dégager un surplus monétaire contribuant à l'accroissement
de la richesse des actionnaires.
Dès lors, il importe aux dirigeants de mettre en oeuvre
une politique de gestion compatible avec un objectif de création de
valeur. Si tel n'est pas le cas, les dirigeants éprouveront tôt ou
tard des difficultés pour financer leurs projets de
développement. Par conséquent, d'aucun n'accepterait
d'arrêter un plan d'actions susceptible de contribuer à
l'appauvrissement des actionnaires. C'est dans cette perspective que l'objectif
de création de valeur apparaît comme un objectif ultime que
l'équipe dirigeante se doit d'atteindre sur le long terme. Comme le
souligne Albouy M. (1999), il s'agit là d'une approche
pragmatique considérant la firme comme un noeud de contrats dont chaque
partie cherche à tirer le maximum d'avantages. Pour prolonger les propos
de Albouy, il demeure possible, compte tenu des aspirations individuelles au
maximum de satisfaction unitaire, d'aboutir à un optimum de Pareto.
Situation dans laquelle toutes les instances concernées par les
activités de l'entreprise (stakeholders), trouvent une satisfaction
certaine.
Ceci remet au devant de la théorie des parties
prenantes ou théorie des stakeholders (Freeman, R.
1984), qui envisage la satisfaction des partenaires d'une entreprise
donnée à l'opposé de l'approche néoclassique qui
posait le postulat de la recherche du profit de l'actionnaire (Etoundi
G., 2010). Cependant, dans la conception
actionnariale de la valeur, le rôle du management est bien de
défendre au mieux les seuls intérêts des
actionnaires. Même si l'on admet qu'un tel objectif est
louable sur le long terme, le risque de court terme demeure
omniprésent sur le marché en raison du comportement
opportuniste d'opérateurs exigeants et informés
et qui se livrent continuellement à des arbitrages entre
le risque et la rentabilité.
Autrement dit, la prise en compte des parties prenantes dans
les politiques de création de valeur devient nécessaire, sinon
incontournable. Ce besoin sans cesse croissant interpelle les dirigeants
d'entreprises à intégrer, dans leurs pratiques
managériales quotidiennes, des activités extra
financières : des activités de responsabilité
sociétale. C'est dans ce sens que Etoundi G. (2010)
souligne que la recherche de valeurs va ainsi permettre à l'entreprise
de satisfaire les parties prenantes tout en intégrant les dimensions
économiques, sociales et environnementales de la RSE. De ce point de
vue, les dirigeants peuvent donc utiliser la RSE comme un instrument de
mobilisation sociale interne (du personnel) et externe (fournisseurs, clients,
ONG, société civile, Etat, et autres partenaires) permettant
d'impliquer tous les stakeholders et par conséquent, de créer de
la valeur pour tous.
Ainsi, de nos jours, avec les nouvelles exigences de la
concurrence, notamment avec la multiplicité des débats sur le
réchauffement climatique, la protection de la couche d'ozone et la lutte
contre la pollution, la question qui se pose est la suivante : la
Responsabilité Sociétale de l'Entreprise constitue-t-elle un
levier de la création de valeur pour les entreprises? En
d'autres termes, quel est l'apport de la RSE à la
création de valeur de l'entreprise ?
De cette question centrale, découle les questions
subsidiaires suivantes :
· Quelles sont les pratiques des entreprises au Cameroun
en matière de RSE ?
· Quelle est l'approche dominante (actionnariale ou
partenariale) de la création de valeur au sein des entreprises au
Cameroun ?
· Quel est l'incidence des pratiques RSE sur la
création de valeur dans les entreprises au Cameroun ?
II- Intérêt de la recherche
L'importance majeure de cette thématique sur la
Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est qu'elle
constitue l'un des sujets phares de la recherche en sciences de gestion en ce
début de troisième millénaire. De plus, ce travail vise
à rapprocher deux concepts qui ont jusqu'ici, très peu fait
l'objet d'une recherche particulière dans notre contexte.
De manière spécifique, l'intérêt de
ce travail apparait principalement à deux niveaux :
· Sur le plan théorique, ce travail va contribuer
au renforcement et à l'enrichissement de la recherche sur les
thématiques de la RSE et de la création de valeur,
particulièrement dans le contexte camerounais. En effet, la
littérature abonde ailleurs sur ces deux concepts, mais au niveau
camerounais, il existe encore un vide à combler ;
· Sur le plan empirique, ce travail révèle
l'importance des activités extra économiques (environnementales
et sociales) comme leviers possibles de création de valeur
ajoutée économique. En plus, ce travail servira d'outil de
positionnement stratégique aux entreprises, par rapport à leur
environnement endogène et exogène, permettant de se
démarquer des entreprises concurrentes et de créer de la valeur
pour tous les partenaires économiques et sociaux de l'entreprise.
III- Objectifs de la recherche
Ce travail de recherche vise principalement à
mettre en exergue l'impact des pratiques de responsabilité
sociétale des entreprises sur la création de valeur.
Pour ce faire, il s'agira spécifiquement pour nous de :
- Déterminer les spécificités des
activités de responsabilité sociétale des entreprises au
Cameroun ;
- Découvrir l'approche de création de valeur
dominante au Cameroun ;
- Dégager le lien de causalité entre
Responsabilité Sociétale et Création de Valeur.
IV- Base des hypothèses et hypothèses de
la recherche
Les recherches sur la thématique de la
responsabilité sociétale des entreprises sont de plus en plus
nombreuses à travers le monde. Certains travaux établissent
d'ailleurs un lien positif entre RSE et performance de l'entreprise.
Orlitzky M., Schmidt F.L. et Reynes S.L.,
(2003), après avoir fait une synthèse de
plusieurs études menées avant eux sur les interactions entre la
RSE et la performance ont révélé que dans la plupart des
cas (pris dans différents contextes), on a décelé des
liens positifs et aussi quelques liens négatifs et que par
conséquent, on peut mesurer cette performance.
Les recherches empiriques tentant de cerner le lien entre la
RSE et la performance financière se sont ancrées dans la
littérature anglo-saxonne depuis une trentaine d'années
(Zeribi-Benslimane O. et Boussorra E., 2008). Toutefois, il
est à remarquer que la littérature empirique ne fait pas
état d'un consensus sur la nature du sens du lien de causalité.
L'examen des résultats des études existantes traduit pour une
part l'influence de la RSE sur sa performance financière, et pour une
autre part, le sentiment d'un lien fragile voire inexistant et quelque peu
contrasté (Allouche J. et Laroche P., 2005).
Cependant, nous constatons que ces liens positifs ou
négatifs, enrichissent ou appauvrissent uniquement les
propriétaires de capitaux sans tenir compte des autres partenaires
commerciaux et sociaux de l'entreprise. La performance de l'entreprise n'est
qu'un aspect de la création de valeur. Il s'agit en effet de la
conception actionnariale de la valeur qui est démotivante pour
l'ensemble des stakeholders. L'analyse de l'impact du lien entre RSE et
création de valeur s'inscrit dans une perspective d'élargissement
du système de gouvernance d'entreprise des seuls actionnaires à
l'ensemble des parties prenantes.
En effet, comme le soulignent Charreaux G. et
Desbrières P. (1998), dans la mesure où la notion de
valeur créée ne se réduit pas à la seule
transaction entre la firme et les actionnaires, l'analyse du processus de
création de valeur ne se limite pas à la seule relation avec les
actionnaires et à l'étude de l'influence du contrôle
exercé par ces derniers sur les dirigeants. Nos auteurs veulent ainsi
souligner l'importance des stakeholders dans le processus de création de
valeur et donc, de partage de la valeur créée. Autrement dit, la
relation RSE et création de richesse doit désormais
dépasser son seul aspect financier pour s'inscrire dans une logique de
création de valeur.
C'est d'ailleurs ce que soulignent Steurer R et al.
(2005) lorsqu'ils appuient que dans une économie
mondialisée caractérisée par des marchés de
capitaux de plus en plus compétitifs, l'objectif de création de
valeur constitue un objectif incontournable et légitime que les
dirigeants d'entreprises se doivent d'atteindre sur le long terme.
A ce titre, l'approche pluraliste (partenariale) de la valeur offre
des perspectives intéressantes puisqu'elle oblige le management de
l'entreprise à prendre en compte non seulement les intérêts
des actionnaires, mais également ceux des autres parties prenantes qui
participent activement au processus de création de richesse.
L'objectif ultime n'est donc plus de créer de la valeur
à tout prix pour les détenteurs de droits de
propriété (les stockholders), mais plutôt d'intégrer
une culture managériale orientée vers la satisfaction de
l'ensemble des stakeholders. Cependant, si tout le monde s'accorde pour
souligner l'intérêt d'une vision pluraliste de l'entreprise, la
mise en oeuvre pratique d'une telle acceptation se heurte à des biais
culturels qui réduisent considérablement sa validité
opératoire (Reynaud E. et al., 2008). Cette
pensée de Reynaud E. souligne l'incidence indéniable du contexte
sur les pratiques managériales.
Cependant, quelque soit le contexte, Charreaux G.
(1997) souligne que toute firme dont l'objectif est
de créer durablement de la valeur, doit disposer d'un savoir-faire et
d'un avantage compétitif difficilement imitable par ses concurrents.
C'est la raison pour laquelle, nous dépassons ces biais culturels et
voulons apprécier dans quelle mesure, la responsabilité
sociétale des entreprises pourrait constituer un levier fort et propice
de création de valeur.
La RSE pourrait ainsi induire un changement de paradigme
susceptible de jeter les bases d'un modèle de gouvernance responsable
dont l'objectif consisterait à créer de la valeur tout en
respectant les contraintes économiques, environnementales et sociales
(Gond J-P., 2006). Cette pensée de Gond, bien
qu'adaptée à notre objectif, semble négliger un aspect
important souligné par Charreaux G. et Desbrières P.
(1998). Ces derniers pensent en effet qu'un stakeholder ne peut
s'approprier davantage que la valeur qu'il contribue à créer,
sans provoquer de réactions défavorables des autres partenaires
qui se verraient spoliés.
Toutefois, il est clair que seule une évaluation
objective des différentes approches de création de valeur
permettra aux différentes parties prenantes de s'assurer du bien
fondé de l'engagement sociétal des entreprises. Cela serait rendu
possible grâce à une harmonisation de l'opérationnalisation
des concepts clés de notre recherche que sont la RSE et la
création de valeur. Mais en prélude à cette
opérationnalisation harmonisée, nous émettons les
propositions suivantes :
H1 : « Les activités extra
financières de l'entreprise contribuent positivement à
créer du surplus »
H2 : « Une meilleure pratique RSE
en interne est un préalable à des flux de ressources
additionnelles pour l'entreprise »
H3 : « Les stakeholders influencent
significativement le partage de la valeur créée en
entreprise ».
La vérification de ces hypothèses requiert au
préalable que l'on collecte et analyse des données. Cette
étape de la recherche repose sur un construit méthodologique bien
élaboré.
V- Démarche méthodologique
Après avoir parcouru la littérature sur les
concepts clés de notre recherche que sont la Responsabilité
Sociétale et la Création de Valeur, il nous faudra collecter des
données empiriques. Pour ce faire, nous devons opter pour une approche
méthodologique qui réponde à notre objectif principal,
celui d'établir le lien de causalité qui existe entre les
concepts clés de la recherche. Responsabilité sociétale et
création de valeur ne sont pas des concepts nouveaux dans le monde de la
recherche, ils ont en effet déjà fait l'objet de nombreux travaux
de recherche par le passé. Cette raison écarte d'emblée la
possibilité d'adopter une démarche qualitative dans ce
travail.
En effet, comme le soulignent si bien
Ayerbe C. et Missonier A., (2007) cités par
Ngok Evina J.F. (2009), les résultats issus d'une
recherche qualitative ne sont pas nécessairement d'une forte
validité externe, c'est la raison pour laquelle nous allons opter pour
une démarche déductive basée sur les méthodes
quantitatives. L'aspect quantitatif, répond à un double
objectif : vérification des hypothèses et
généralisation des résultats. Pour ce faire, nous allons
nous adresser distinctement aux parties prenantes internes et aux parties
prenantes externes.
Autrement dit, compte tenu du fait que nous avons pour
population cible l'ensemble des stakeholders, nous allons nous adresser
distinctement aux stakeholders internes (les salariés des entreprises
prospectées) et aux stakeholders externes (l'ensemble des autres parties
prenantes). La technique d'échantillonnage va ainsi différer
selon qu'il s'agisse des stakeholders internes ou externes. S'agissant des
stakeholders internes, la technique d'échantillonnage est non
probabiliste dans la mesure où nous escomptons nous adresser à
des répondants bien définis (cadres intermédiaires). Alors
que pour les stakeholders externes, l'échantillonnage est probabiliste,
dans la mesure où nous escomptons tirer les unités statistiques
(les stakeholders) de manière aléatoire pour en constituer notre
échantillon.
L'outil de collecte des données auquel nous ferons
usage est le questionnaire et les données recueillies seront
analysées à l'aide du logiciel SPSS. L'analyse des données
ainsi collectées consistera successivement à réaliser des
tris croisés, des analyses factorielles en composantes multiples (AFCM),
des régressions simples et multiples, une analyse de la variance (ANOVA
à un facteur), et enfin, par un test de student sur échantillons
indépendants. Ainsi pourrons-nous corroborer ou invalider nos
hypothèses de recherche.
Nous nous limiterons uniquement à la ville de Douala,
parce que, en tant que capitale économique, elle regorge d'entreprises
de différents secteurs comme aucune autre ville au Cameroun. De plus,
l'étude de cas portera sur un échantillon d'entreprises
multinationales opérant dans les secteurs industriels et de service. Les
raisons qui ont motivées ce choix sont de deux ordres.
Premièrement, elles ont une forte culture d'entreprise orientée
vers la responsabilité sociétale. Deuxièmement, les
multinationales de service et de fabrication étant perçues dans
notre contexte comme des grandes entreprises, le concept de création de
valeur leur est familier.
L'ensemble du travail rapporté dans
ce mémoire s'articule autour de deux parties :
La première partie reprend de manière
dynamique, les appuis théoriques existants sur les thématiques de
responsabilité sociale d'entreprise et de création de valeur et
établi, à priori, les enjeux du lien entre ces deux concepts au
coeur de la recherche. Elle est subdivisée en deux chapitres : le
premier explore les concepts de responsabilité sociétale et de
création de valeur à travers les théories modernes
existantes à cet effet, et aborde les différents domaines
d'application et instruments de mise en oeuvre de responsabilité
sociétale. Le second chapitre est consacré aux enjeux et à
l'importance croissante de la responsabilité sociétale comme
facteur pouvant insuffler de la valeur en entreprise dans un contexte de
mondialisation.
La deuxième partie, phase empirique de notre travail,
comprend elle aussi deux chapitres. L'un s'intéresse à la
démarche d'identification du lien entre RSE et création de
valeur. Nous y opérons un feedback sur la population
étudiée, et l'échantillon de notre recherche. L'autre
chapitre (le dernier), présente les résultats obtenus. A travers
une analyse détaillée, ce chapitre met en exergue les
réalités des politiques RSE et l'approche de création de
valeur dominante au Cameroun ; puis, nous y exposons la nature du lien de
causalité entre RSE et création de valeur.
Première partie
RESPONSABILITE SOCIETALE DE L'ENTREPRISE ET CREATION DE
VALEUR : UNE RELATION A DECOUVRIR
Responsabilité sociétale de l'entreprise et
création de valeur sont deux concepts aux contours multiples.
L'étude du lien de causalité qui existerait entre ces deux
concepts requiert qu'on appréhende au préalable tous les aspects
possibles de la RSE et de la création de valeur.
Cette partie, qui se veut essentiellement théorique, se
propose d'engager une réflexion de fond sur l'aptitude des politiques
RSE à créer de la valeur et donc, à jeter les bases d'un
modèle de gouvernance responsable. Ainsi, après avoir
présenté tous les contours des concepts de Responsabilité
Sociétale et de Création de Valeur (Chapitre 1), nous chercherons
à apprécier dans quelle mesure cette responsabilité
sociétale des entreprises pourrait favoriser l'émergence d'une
vision partenariale susceptible de créer de la valeur pour l'entreprise
(Chapitre 2).
Chapitre 1
RESPONSABILITE SOCIETALE DE L'ENTREPRISE ET CREATION DE
VALEUR AU COEUR DE LA RECHERCHE
Dans ce chapitre, nous passons en revue tous les contours
possibles des concepts de responsabilité sociétale des
entreprises et de création de valeur. Il s'agit dans une première
section, de présenter l'évolution du concept de RSE et les
différentes approches y afférentes, notamment l'approche des
parties prenantes. Puis, dans une seconde section, nous présentons les
différents aspects de création de valeur.
Section I : LA RESPONSABILITE SOCIETALE DE
L'ENTREPRISE : ECLOSION
DU CONCEPT, DOMAINES D'APPLICATION ET
INSTRUMENTS
DE MISE EN OEUVRE
Dans cette section, nous allons, après avoir
retracé son histoire, définir le concept de RSE,
développer ses différents domaines d'application,
présenter la théorie des parties prenantes, et en ressortir
l'importance croissante dans le contexte actuel de mondialisation.
I - 1 - Emergence du concept de Responsabilité
sociétale de l'entreprise
Nous retraçons la genèse et l'évolution
du concept de responsabilité sociétale de l'entreprise. Puis, sur
la base des différentes approches RSE existantes, nous proposons une
définition consensuelle de ce concept aux contours multiples.
I - 1 - 1 - Aperçu historique du concept de
responsabilité sociétale de l'entreprise
La responsabilité sociétale des entreprises
n'est pas un phénomène neuf. Au 19e siècle
déjà, des patrons, soucieux d'endiguer des mouvements
contestataires, ont occupé une place prise plus tard par les pouvoirs
publics. Assurant l'éducation des enfants des travailleurs, une prise en
charge minimale des soins de santé ou les distributions charitables, ces
patrons paternalistes savaient aussi qu'il était de leur
intérêt d'anticiper toute velléité revendicative
(Peeters A., 2004).
Ce type de fonctionnement s'est complexifié au
vingtième siècle. Des caractéristiques propres aux modes
de gestion pratiqués en Europe et aux États-Unis ont vu le jour.
Ainsi, la construction de la société américaine s'est
faite avec une implication minimale de l'État dans les services
d'intérêt général. Les entreprises y ont pris en
charge ces derniers, s'assurant par la même occasion les meilleures
compétences.
Aux États-Unis, des comportements d'entreprises qui
s'apparentent à la RSE se sont érigés en méthode de
gestion dès les années 1930, dans un contexte d'absence quasi
totale des pouvoirs publics dans les services (Carrol A. B.,
1979). Il s'agissait alors d'attirer les meilleures compétences
dans l'entreprise en offrant des services qui, dans un contexte européen
par exemple, étaient assurés par les pouvoirs publics. Selon
Mercier S. (2001), c'est à cette époque que les
premiers théoriciens enseignent la RSE dans les universités :
Théodore Kreps et, plus tard, Richard Bowen.
Pour de nombreux auteurs, l'ouvrage théorique fondateur
sur la question de la RSE est celui de l'économiste américain
Howard R. Bowen : Social Responsibilities of the Businessman
(Acquier A. et Aggeri F., 2001). Ce livre fournit tout d'abord
un témoignage historique très documenté, recense les
discours des dirigeants sur la responsabilité sociale, entendue comme un
ensemble d'obligations à l'égard de la société.
C'est donc H. BOWEN qui a fait passer ce concept dans
l'ère moderne du management.
Si Bowen est reconnu dans la littérature comme
étant le père de la RSE, Caroll A.B. (1999)
signale que les idées qu'il a exprimées dans son ouvrage ne sont
pas nées ex nihilo et qu'on en trouve la trace dans certains
essais de la littérature managériale, notamment dans les
années 1930' et 1940'. Notons tout de même qu'il est possible que
la RSE, telle que formulée à l'époque par Bowen, repose
sur les valeurs culturelles et managériales qui prévalaient
à son époque. Le contexte ayant évolué, l'acception
de la RSE a progressivement changé.
À partir des années 1920, plusieurs dirigeants
s'expriment publiquement sur leur responsabilité à l'égard
de la société. Si « aucune doctrine clairement
formulée de la responsabilité sociale n'avait
émergé à la fin de la décennie », les discours
de l'époque sont très marqués par les concepts de «
public service » et de « trusteeship3(*) » qui stipulent l'idée d'un contrat
implicite, caractérisant la relation entre l'entreprise et la
société (Heald M., 1961, 1971). Ainsi,
selon Acquier A. et Aggeri F., (2001), des discours et
pratiques relatifs à la responsabilité sociale se
développent ainsi de manière précoce dans le milieu des
affaires. Mais ce n'est que dans les années 1950 que des efforts
significatifs de formalisation voient le jour à la frontière
entre religion d'une part et économie et gestion d'autre part.
La RSE est devenue un thème de recherche à
l'origine de l'émergence d'un nouvel espace académique, à
savoir le courant « Business and Society »
s'intéressant aux relations entre l'entreprise et son environnement
sociétal (Acquier A. et Gond J-P, 2005). Son influence
s'est progressivement renforcée à travers le monde pendant les
années 1960. Depuis lors, la responsabilité sociale de
l'entreprise fait l'objet de nombreux débats entre chercheurs,
praticiens, État, organisations non gouvernementales et autres acteurs
de la société moderne.
Après avoir occupé les chercheurs
américains et suscité quelques controverses émanant
d'académiciens libéraux, la recherche sur la RSE diminuera
d'intensité à partir du milieu des années 1980 et muera
vers d'autres concepts comme la citoyenneté de l'entreprise ou
l'approche par les parties prenantes (Caroll A.B., 1999).
Toutefois, cette pensée de Carroll, bien que séduisante, ne
s'applique qu'au contexte américain. Elle va alors se heurter au nouvel
ordre économique mondial établi, qui prône le
libéralisme économique.
L'émergence de la grande entreprise au delà des
frontières nord-américaines est à l'origine du regain
d'intérêt que connait la RSE en ce début de siècle,
en redevenant un phénomène de plus en plus présent sur la
scène politique et économique.
En Europe, on a commencé à s'intéresser
à la RSE dès le milieu des années 1990 suite aux actions
des organismes de la société civile à l'encontre des
entreprises ayant causé un tort environnemental (Shell, Total ...),
social (Danone, Renault...) ou sociétaire (Parmalat, Vivendi...). D'un
autre côté, le regain d'intérêt pour la question
s'est accentué à partir du début des années 2000
aux États-Unis avec les faillites touchant de grands groupes
américains (Enron, Arthur Andersen, Worldcom, Xerox...). C'est sans
doute la raison pour laquelle Doh J.P. et Guay T. (2006)
attribuent le regain d'intérêt pour la RSE à deux
éléments : la montée de la société civile
d'un côté, et les scandales financiers des grandes entreprises de
l'autre.
Les années 2000 représentent sans doute
l'âge d'or de la responsabilité sociétale de l'entreprise
tant dans les travaux scientifiques que dans les pratiques
managériales.
En effet, selon David et al. (2005), le
management responsable demande alors aux managers de déplacer la
finalité de leurs entreprises du niveau de la recherche exclusive du
profit vers des stratégies plus globales, plus complexes,
nécessitant pour certains, dans un premier temps, des investissements
importants sur le plan humain, social et environnemental. Cette pensée
de David et al. est en phase avec l'enracinement dans les pratiques
managériales, du concept des « 3p »4(*). Concept qui d'autant plus
novateur qu'il relaye le profit en troisième position après
l'environnement et les tiers respectivement.
De plus, au sens de Persais E.
(2007), la RSE est devenue en une décennie un des
éléments clés de la légitimité et donc de la
pérennité de l'entreprise. Loin de devoir uniquement satisfaire
ses actionnaires, la firme est désormais tenue de démontrer
qu'elle prend en compte les intérêts des multiples parties
prenantes (notamment les stakeholders non économiques et qu'elle inscrit
son action dans le cadre d'une économie responsable. Cette acception de
Persais met en exergue, l'intérêt croissant que les entreprises
accordent (ou devraient accorder) à l'aspect volontaire de la RSE.
I - 1 - 2 - Vers une définition univoque de la
responsabilité sociétale de l'entreprise
Rappelons tout d'abord que l'appellation RSE telle que
dérivée de la littérature anglo-saxonne, ne se limite pas
qu'à la simple responsabilité sociale, c'est-à-dire,
qu'à la société. Elle va au delà de celle-ci pour
intégrer l'environnement, les ONG et tous les autres partenaires directs
et indirects de l'entreprise. C'est pourquoi on lui préfère de
plus en plus l'appellation de responsabilité sociétale de
l'entreprise.
Les définitions attribuées à la RSE sont
variables selon les approches (volontariat ou légale) et les auteurs.
Selon l'approche, la Commission Européenne (2001) a
adopté une définition qui ménage les deux aspects
fondamentaux de la RSE (contrainte et volontarisme) :
« Être socialement responsable signifie non seulement
satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables mais aller
au-delà et investir davantage dans le capital humain, l'environnement et
les relations avec les parties prenantes, cela suppose l'intégration
volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et
environnementales à leurs activités commerciales et leurs
relations avec les parties prenantes ». En effet, dans son
livre vert publié en 2001, la
Commission Européenne, qui est devenue une
référence dans les organismes internationaux et qui est
évoquée dans la majorité des travaux sur la RSE, la
définit comme : « l'intégration
volontaire des préoccupations sociales et écologiques des
entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations
avec toutes leurs parties prenantes internes et externes (actionnaires,
personnels, clients, fournisseurs et partenaires, collectivités
humaines,...), et ce, afin de satisfaire pleinement aux obligations juridiques
applicables et investir dans le capital humain et
l'environnement ».
Selon des auteurs comme Friedman M. (1962),
cité par D'Arcimoles Ch-H. et Trébucq St.
(2003), la responsabilité sociale de l'entreprise est
d'accroitre ses profits. Cette proposition de Friedman repose sur les postulats
de la « main invisible de Adam Smith », car pour lui,
seules les forces du marché génèrent la richesse
collective, ce qui n'est pas totalement acceptable dans le contexte actuel. Par
exemple, dans des cas de fraudes comme Enron et bien d'autres, cette
responsabilité envers les actionnaires n'a pas été
respectée. Autrement dit, la RSE ne se limiterait pas à cela.
En effet, nombreux sont les auteurs qui s'opposent à
cette vision étroite de la responsabilité sociétale de
l'entreprise. Au contraire de la vision de Friedman, selon la théorie
des stakeholders, il existe un contrat implicite entre l'entreprise et la
société. Si ce contrat est rompu, l'entreprise perd sa
légitimité et ne peut bientôt plus fonctionner. Ainsi,
selon Freeman R. (1984), l'entreprise est responsable
devant toutes ses parties prenantes.
Certaines définitions sont fondées sur des
études de cas particuliers d'entreprises pratiquant la RSE. C'est le cas
de la définition de Mc Williams A. et Siegel D. (2001)
selon laquelle la RSE est l'ensemble des actions visant le bien social
au-delà des intérêts de la firme et de ce qui est
demandé par la loi. Mc Guire J. (1963) et Davis
K. (1973) soutenus plus tard par Jones M. T. (1980),
perçoivent la RSE comme la prise en compte par l'entreprise, de
problèmes qui vont au delà de ses obligations économiques,
techniques et légales et la reconnaissance par celle-ci, de ses
responsabilités envers la société. Ces définitions
semblent ne pas tenir compte des entreprises qui ne se conforment qu'au stricte
minimum requis par la loi, parce que ne faisant face à aucune
compétition sur le marché.
Carroll A. B. (1979) ne se contente pas
seulement de limiter les champs d'action possibles de l'entreprise responsable
car pour elle, « la CSR5(*) intègre l'ensemble des attentes
économiques, légales, éthiques et philanthropiques que
peut avoir la société à l'égard d'une entreprise
à un moment donné ». Suivant le même ordre
d'idées que Carroll, Wood D.J.
(1991) souligne que: « La signification de
la responsabilité sociétale ne peut être
appréhendée qu'à travers l'interaction de trois principes
: la légitimité, la responsabilité publique et la
discrétion managériale, ces principes
résultant de la distinction de trois niveaux d'analyse, institutionnel,
organisationnel et individuel ». Les définitions proposées
par Carroll et Wood vont plus loin que les approches précédentes
en spécifiant les catégories d'analyse de la CSR et en
systématisant les acquis des recherches antérieures.
Ainsi, nous pouvons résumer les définitions
ci-dessus dans un tableau tiré des « fondements
théoriques de la responsabilité sociale des
entreprises », de Jean-Pascal Gond.
Tableau 1.1 : Comment le concept de RSE a-t-il
été défini et théorisé ? Quelques exemples
de définitions...
Types d'approches
|
Sources
|
Définitions
|
Agir au delà d'une responsabilité
économique, contractuelle ou légale.
|
Jones (1980)
|
La responsabilité sociétale est
« [l'idée] selon laquelle les entreprises, au delà des
prescriptions légales ou contractuelles, ont une obligation envers les
acteurs sociétaux »
|
Maximiser le profit pour les actionnaires
|
Friedman (1962)
|
« Rien n'est plus dangereux pour les fondements de
notre société que l'idée d'une responsabilité
sociale des entreprises autre que de générer un profit maximum
pour leurs actionnaires »
|
Répondre aux attentes de la société de
manière volontaire
|
Carroll (1979)
|
La responsabilité sociétale est « ce
que la société attend des organisations en matière
économique, légale, éthique et volontaire, à un
moment donné »
|
Respecter des principes se déclinant au niveau
institutionnel, organisationnel et managérial
|
Wood (1991)
|
« La signification de la responsabilité
sociétale ne peut être appréhendée qu'à
travers l'interaction de trois principes : la légitimité, la
responsabilité publique et la discrétion managériale, ces
principes résultant de trois niveaux d'analyse, institutionnel,
organisationnel et individuel »
|
La performance sociétale comme intégration des
approches de la RSE
|
Wartick & Cochran (1985)
|
La PSE est « l'interaction sous-jacente entre les
principes de responsabilité sociale, le processus de sensibilité
sociale et les politiques mises en oeuvre pour faire face aux problèmes
sociaux »
|
La performance sociétale comme capacité à
satisfaire les stakeholders
|
Clarkson (1995)
|
La PSE peut se définir comme la capacité
à gérer et à satisfaire les différentes parties
prenantes de l'entreprise (définition construite)
|
Source : Gond, J.-P. et Mullenbach A.
(2004)
De toutes les définitions et approches
développées ci-dessus, nous pouvons définir la
responsabilité sociale de l'entreprise comme la prise en compte par
l'entreprise des variables extra économiques dans la réalisation
de ses objectifs à long et moyen terme. C'est un processus
d'amélioration, dans le cadre duquel, les organisations, les
entreprises, les pouvoirs publics et les collectivités locales
intègrent de manière volontaire, systématique et
cohérente des préoccupations d'ordre social, environnemental et
économique dans leur gestion au quotidien. En d'autres termes, une
entreprise socialement responsable est celle dont l'atteinte des objectifs
économiques est conjointe à l'intérêt collectif de
toutes les parties prenantes et dans le respect des contraintes légales
naturelles.
Dans cette sous-section, il était question de retracer
la généalogie de la RSE depuis sa première formulation
académique jusqu'à nos jours, afin d'en ressortir une
définition consensuelle. Il en ressort que c'est l'américain
Howard Richard BOWEN en est le père fondateur et que la RSE devrait
revêtir plus un aspect volontaire que réglementaire. Ainsi, la
prochaine sous-section va nous édifier d'avantage sur les domaines
d'application et les tiers directement et indirectement concernés par
les actions sociétales d'une entreprise.
I - 2 - La responsabilité sociétale de
l'entreprise : instrumentation et sphère des acteurs à qui
l'entreprise doit rendre compte
La responsabilité sociétale de
l'entreprise présente des enjeux multiples. Ces enjeux sont relatifs au
domaine dans lequel cette politique est mise en oeuvre et des tiers directement
ou indirectement concernés par sa mise en oeuvre. Nous revenons
successivement sur les domaines d'application de la RSE et la prise en compte
par les entreprises, des stakeholders dans leurs politiques de gestion.
I - 2 - 1 - Les instruments au service de la
responsabilité sociétale de l'entreprise
A la question « comment
instrumenter la RSE ? », on trouvera difficilement une
réponse immédiate qui soit acceptée de tous. Car les
contextes de mise en oeuvre de RSE sont différents malgré la
conjoncture actuelle de mondialisation (déphasage persistant entre les
conceptions européenne et anglo-saxonne de la RSE). Les instruments dont
dispose l'entreprise dans sa politique de responsabilité sociale, ont
été regroupés en cinq catégories par Capron
M. et Quairel L. (2004) et dans un rapport de la
CNUCED6(*).
Par instruments de la RSE il faut entendre l'ensemble
des dispositifs que mettent en oeuvre les différents acteurs (internes
ou externes à l'entreprise) pour peser sur les décisions. Ces
dispositifs sont présentés sommairement dans le tableau
suivant :
Tableau 1.2 : Les Instruments de la
Responsabilité Sociétale de l'Entreprise
Dispositif
|
Utilité
|
Exemple
|
Mise en oeuvre
|
Assister le manager à la mise en oeuvre des
stratégies RSE au sein de l'entreprise. Autoévaluation et
évaluation croisée avec d'autres PP.
|
- Système de management de qualité (ISO 9001 et
9004),
- Système de management environnemental (ISO 14004),
- Système de management de la sécurité
(OHSAS 180001),
- Guide méthodologique (AA 1000-SD 21000).
|
Prévention
|
Construire la crédibilité des
représentations de l'entreprise et donner confiance aux parties
prenantes.
|
- Codes de conduite
- Certification sociale (SA 8000)
- Labellisation
|
Communication
|
Communiquer sur l'impact social de son activité et sur
la performance environnementale.
|
- Reporting social
- Rapport de DD
- Rapport Annuel
- Bilan Sociétal / Bilan Social
|
Contrôle
|
Contrôler l'application des critères sociaux
internationalement reconnus.
|
- Normes de performance (SA 8000)
- Normes de certification (AA 1000)
- Normes de gouvernance (OCDE)
- Tableaux de bord
|
Évaluation
|
Aider au diagnostic des performances sociétales.
|
- Bilan sociétal
- Notation sociétale
- Indice social danois
- SME key
|
Source : CAPRON M. et QUAIREL L.(2004) et le
CNUCED
Le tableau ci-dessus comprend au total cinq (05)
catégories de dispositifs auxquels les entreprises peuvent recourir dans
leurs démarches responsables. De manière sommaire, ces
dispositifs sont universellement applicables, mais pris dans les
détails, chaque société s'inscrit dans un exemple bien
précis. Ce tableau aurait donc été construit sur la base
de l'exemplarité7(*),
ce qui ferait de toutes ses rubriques (dispositif, utilité et exemples),
et particulièrement celles sur l'utilité et les
exemples des rubriques non exhaustives et sujettes à des
critiques. Par exemple, les instruments d'évaluation, telles que
définies, restent un mythe dans le contexte subsaharien en
général, et camerounais en particulier. Ce qui nous amène
à nous interroger sur l'évaluation de la RSE au Cameroun ?
Ainsi, l'absence d'organismes et d'instruments de mesure
sophistiqués de la RSE dans le conteste des pays les moins
avancés nous oblige sans cesse les chercheurs dans ce domaine, à
se rapprocher des parties prenantes. En effet, qui sont ces parties
prenantes ?
I - 2 - 2 - La théorie des parties
prenantes : plus qu'une théorie, une doctrine
Le management des parties prenantes
(stakeholders) occupe une place importante, voire cruciale dans la
conceptualisation et la mise en oeuvre de la RSE au sein des entreprises. De
plus, Callon et al. (2001) ajoutent qu'au delà des
entreprises, le concept de stakeholder semble aussi se diffuser dans
l'ensemble de la société à travers la montée en
puissance d'une démocratie participative.
Acquier A. et Aggeri F. (2005) ont fait de la
théorie des stakeholders un modèle construit autour de quatre
principes : l'entreprise a des stakeholders qui ont des exigences à
son égard, tous les stakeholders n'ont pas la même capacité
d'influence sur l'entreprise, la prospérité de l'entreprise
dépend de sa capacité à répondre aux stakeholders
influents (responsiveness), la fonction principale du management est de tenir
compte et d'arbitrer entre les demandes potentiellement contradictoires des
stakeholders.
C'est dans le sillage des approches managériales de la
Corporate Social Responsiveness (CSR) que le terme de stakeholders va se
développer, à partir de la fin des années 1970 et du
début des années 1980.
Ces premiers travaux font écho à un «
projet stakeholder », mis en place en 1977 à la Wharton
School, au sein du Centre de recherche appliqué (Applied Research
Center). «L'objectif de ce projet était de réunir de
nombreux courants de pensée et de développer une théorie
du management qui permette aux cadres dirigeants de formuler et de mettre
en place des stratégies d'entreprises dans des
environnements turbulents. » (Freeman R. et Reed D.,
1983). L'originalité de ces approches est
d'inclure au coeur de l'analyse, ce que Voguel D.
(1978) a appelé les « groupes adverses
».
A ce titre, on peut définir un stakeholders comme
« n'importe quel groupe dont le comportement collectif peut affecter de
manière directe le futur de l'organisation, mais qui n'est pas sous son
contrôle direct » (Emshoff et Freeman R.,
1978)8(*). Ou tout
simplement comme : « tout agent ou groupe d'agents
homogène, dont le bien être peut être affecté par les
décisions de l'entreprise » (Charreaux G.,
1997). Les stakeholders constituent alors un outil stratégique
de management, car la prise en compte de leurs intérêts n'a
d'importance que lorsqu'elle est associée aux objectifs de
l'entreprise.
Cependant, la question des parties prenantes pose la question
de leur recensement. La littérature effectue toutefois la distinction
entre parties prenantes internes et externes. En effet, Lépineux
F. (2003) propose de distinguer entre les parties prenantes sur la
base d'une classification en catégories d'acteurs : les parties
prenantes internes (actionnaires, salariés, syndicats), les partenaires
opérationnels (clients, fournisseurs avec, parmi ceux-ci, les
sous-traitants, les banques dans la position de prêteur mais aussi en
attente d'une stabilité et d'une solvabilité, les compagnies
d'assurance dans les termes d'une confrontation au risque dont la substance se
renouvelle profondément aujourd'hui), la communauté sociale
(pouvoirs publics, organisations spécialisées de type syndicat
professionnel, organisations non gouvernementales, société
civile).
Le tableau ci-dessous recense les différents
stakeholders et leurs objectifs et intérêts.
Tableau 1.3 : Tableau synthétique des
parties prenantes et leurs attentes ou intérêts
principaux
Parties Prenantes
|
Exemples de leurs objectifs,
intérêts
|
Équipe de direction /
Décideurs
|
Gouvernance,
Culture
d'entreprise,
ventes à l'
exportation,
risque juridique,
risque de
réputation,
stratégie (court
et moyen terme),
responsabilité
civile,
risque
de perte de compétence,
performance,
rémunération,
lien de
subordination
|
Propriétaires /
actionnaires
|
Profit, valeur de l'
action en bourse,
information,
stratégie (long et
moyen terme)
|
Clients
|
Qualité
et absence de défaut des produits/Coût et délai de
livraison des produits/qualité de service, relation de
confiance et
partenariat
|
État,
Mission
économique
|
Souveraineté,
sécurité
collective (
défense),
indépendance
énergétique,
sécurité
des
approvisionnements
(
énergie,
matières
premières),
exportations, respect
des principes du
droit (
sécurité
juridique), respect des règles (
comptabilité
publique,
loi),
monnaie,
impôts
|
Citoyens
des communautés locales
|
Information sur les
impacts
environnementaux et
sociaux (
emplois), taxes et
contributions financières,
risque juridique
|
Employés
|
Rémunération,
sécurité de
l'
emploi,
intérêt du
travail,
conditions de
travail,
hygiène
et sécurité au travail (
CHSCT)
|
Syndicats
|
Négociation d'accords,
rémunération,
conditions de
travail,
hygiène
et sécurité au travail (
CHSCT)
|
Fournisseurs
/ sous-traitants
|
Prix et volume d'achat,
continuité, retombées technologiques,
partenariat
|
Banques
|
Fiabilité des
systèmes de
paiement
|
Investisseurs
|
Informations sur la
solvabilité, la
liquidité,
|
Compagnie
d'assurance
|
Informations sur la
gestion des
risques et la
solvabilité, sur la
sécurité
informatique (
profil de
protection)
|
ONG
|
Relativement toutes les attentes des stakeholders ci-dessus
|
Source: Inspiré de Freeman R. E.
(1984)9(*),
« Strategic Management : A Stakeholder Approach »,
éd. Pitman.
Les stakeholders, tels que
développés dans cette sous-section, font partie intégrante
de ce qu'il convient d'appeler le « capital
immatériel » de l'entreprise.
Selon la Communauté Finance
Opérationnelle (CFO10(*)), différentes cartographies de ces
actifs immatériels existent. La plus couramment partagée
identifie, outre les partenaires de l'entreprise, sept catégories
d'actifs immatériels : le portefeuille clients, le capital humain, le
capital organisationnel, les systèmes d'information, les marques, les
brevets et technologies, les actionnaires.
Les actifs immatériels seraient ainsi le champ
privilégié de la différenciation, des gains de
productivité, de la création de valeur. La responsabilité
sociétale de l'entreprise qui donne une orientation particulière
de la performance sociale et environnementale, valoriserait certaines
entreprises par rapport à d'autres. Ce qui ferait de la création
de valeur, un aspect particulier à étudier sous un angle RSE.
Section 2 : LA CREATION DE VALEUR AU COEUR DES
DECISIONS
OPERATIONNELLES ET STRATEGIQUES
Si la création de valeur constituait auparavant un
indicateur parmi d'autres, aujourd'hui, sous la pression des marchés, de
nombreux groupes ont décidé de la placer au coeur de leurs
décisions opérationnelles et stratégiques Denglos
G. (2003). Or, comment mesure-t-on la richesse créée
pour l'actionnaire et pour le client? Quels sont les instruments de mesure de
la création de valeur dans un contexte de marché financier
émergent ?
Dans cette seconde section, nous allons accorder un
intérêt particulier au concept de création de valeur et ses
différents aspects. En effet, la création de valeur est un
concept qui interpelle fortement la gouvernance de l'entreprise, qu'il s'agisse
de la valeur actionnariale ou de la valeur partenariale. Ainsi, nous allons
dans un premier temps présenter la notion de création de valeur
avec ses différents contours ; puis, compte tenu du fait que
créer de la valeur en entreprise dépend de son mode de gestion et
de son pilotage, nous développerons le concept de création de
valeur au coeur de la gouvernance d'entreprise.
II - 1 - Créer de la valeur : un objectif
prépondérant en entreprise
Tout dirigeant rationnel est guidé par un objectif
prépondérant qu'est celui de créer de la valeur pour son
entreprise. C'est également un objectif sans fin pour les dirigeants qui
doivent toujours chercher à faire mieux que les concurrents.
Pour mieux étudier ce concept aux contours multiples,
nous allons analyser la création de valeur par décomposition. Il
s'agit premièrement de dégager tous les aspects de la notion de
« valeur » ; et deuxièmement de proposer une
définition de retenir une définition de la création de
valeur sur la base de la littérature existante.
II - 1 - 1 - La valeur : une notion
ambiguë
La notion de valeur est équivoque. En effet,
malgré la tendance étymologique à définir celle-ci
d'un point de vue financier, on peut se demander si son utilisation ou
transposition à d'autres domaines est possible Remaud H.
(2001). Comme le note Marchesnay M. (1986), on
pourrait enrichir cette dimension financière à des valeurs
véhiculées par une société. Cela revient à
prendre en compte le rôle de l'ensemble des stakeholders
(Hill C. et Jones T., 1992; Charreaux G. et
Desbrières P., 1998) nous obligeant à rendre plus
"contingentes" les mesures de la création de valeur de l'entreprise. Le
concept de création de valeur est donc un concept ambigu en raison de la
multiplicité des pratiques managériales qui lui sont
associées. Pour mieux le cerner, il nous faut comprendre au
préalable, la connotation financière de la
valeur.
De manière générale, la valeur est ce qui
représente quelqu'un ou que chose, que ce soit financièrement ou
symboliquement. Vu sous un angle purement financier, la valeur est un titre
négociable généralement coté en bourse (actions et
obligations) ou non (lettres de change et billets à ordre, ...). Restant
sur le point purement financier, Martinet A. C. (2002) ajoute
que l'objectif de toute entreprise est de créer de valeur,
c'est-à-dire d'être capable de réaliser des investissements
dont le taux de rentabilité réalisé est supérieur
au taux de rentabilité exigé compte tenu du risque.
En sus de la connotation financière de la notion de
valeur, on distingue également des conceptions comptables et
commerciales de ce concept polysémique.
La valeur commerciale se rapproche de la valeur
d'utilité ; elle est, selon les analyses stratégiques de
Porter M. E. 11(*), « ce que les clients sont prêts
à payer : la valeur s'obtient en pratiquant des prix
inférieurs à ceux des concurrents (stratégie de domination
par les coûts) ou en fournissant des avantages uniques qui font plus que
compenser un prix plus élevé (stratégie de
différenciation)».
La valeur comptable quant à elle, représente la
valorisation de l'entreprise (immobilisations, capital, ...), après
retraitement du bilan et du compte de résultat. Keiser
A-M. (2002)12(*) souligne que de nombreuses méthodes
existent pour valoriser une entreprise dont les plus importantes semblent
être les méthodes patrimoniales, les méthodes de rendement,
et les méthodes du goodwill.
Les différents aspects de la valeur qui viennent
d'être développés sont loin d'être exhaustifs. Il en
existe plusieurs autres que nous ne jugeons pas utiles pour mieux cerner le
concept phare qu'est celui de la création de valeur.
II - 1 - 2 - La création de valeur : une
notion vague
Depuis bientôt deux décennies, la création
de valeur pour l'actionnaire fait partie des indicateurs de mesure et
d'évaluation de la performance d'une entreprise (Faverjon C. et
Marion A., 2005). Le return on investment ou retour sur
investissement autrefois utilisé comme indicateur ultime de la
rentabilité d'un projet, est aujourd'hui suppléé par la
valeur créée, comme un signal déterminant pour
l'appréciation de l'aptitude d'une entreprise à mobiliser les
capitaux nécessaires au financement de sa croissance. C'est dans ce sens
que Jacquet D. (1997) affirme que la création de valeur
constituerait une mesure de la crédibilité relative de la
politique financière. L'importance croissante de la création de
valeur dans l'évaluation d'une entreprise fait qu'on lui accorde
désormais une attention particulière dans les processus de prise
de décision, notamment les décisions d'investissement.
Ainsi, Remaud H. (2001), rejoignant la
proposition d'Albouy M. (1999), avance
l'idée que tout propriétaire recherche une création de
valeur de son entreprise selon la définition suivante :
une entreprise crée de la valeur si elle
dégage de son activité un montant suffisant de fonds
(des cash-flows) lui permettant de rémunérer les
apporteurs de fonds (de manière satisfaisante et/ou
optimale) et réaliser les investissements nécessaires à
son développement futur. La dimension
financière de la valeur de l'entreprise, au moins dans une
première approche, semble donc indispensable pour la mesure de sa
création de valeur.
Cependant, le fait que la majorité des entreprises
camerounaises ne soient pas cotées sur un marché financier (la
Douala Stock Exchange) complexifie davantage la mesure de la création de
la valeur par celles-ci. Ce qui exige de notre part, que nous revisitions
d'abord les indicateurs « traditionnels » de
création de valeur (chiffre d'affaires, réinvestissement des
bénéfices, Valeur Ajoutée, résultat d'exploitation,
résultat net, etc.) avant de présenter ses indicateurs modernes
plus ou moins récents (EVA et MVA).
II - 2 - Mesure de la création de valeur : des
indicateurs classiques traditionnels
à des indicateurs récents plus
sophistiqués
Dans cette section, il est question de présenter les
règles de décision permettant de choisir les investissements de
façon à maximiser la valeur de la firme. En d'autres termes, il
s'agit de présenter les instruments de mesure de la création de
valeur par l'entreprise.
A cet effet, on distingue les indicateurs classiques
(sous-section 1) et les indicateurs récents de la création de
valeur (sous-section 2).
II - 2 - 1 - Appréhender la création de
valeur via les indicateurs traditionnels
Par indicateurs « traditionnels », nous
entendons tous les instruments de mesure de la performance d'une entreprise
qu'on peut facilement apprécier sur la seule base des documents
comptables. L'objectif ici est loin d'effectuer un recensement de tous ces
indicateurs, mais de ne retenir que ceux qui ont une notoriété
historique dans la littérature existante. Il s'agit notamment de la
valeur ajoutée et du résultat net (Remaud H.
2001).
II - 2 - 1 - 1 - La valeur ajoutée, expression
d'une création globale de la valeur
en entreprise
La mobilisation de cet indicateur présente plusieurs
intérêts. Elle représente la valeur créée par
l'entreprise dans le cadre de son activité principale. Le Conseil
Supérieur de l'Ordre des Experts-comptables définit la valeur
ajoutée comme étant la « différence entre le
prix de vente et la somme des ressources externes à l'entreprise mises
en oeuvre pour réaliser la vente ».
Selon Remaud H. (2001), la valeur
ajoutée permet tout d'abord de connaître la contribution de
l'entreprise à la "création de surplus" pour la nation, à
travers le PIB. Intervenant en principe avant tout prélèvement du
dirigeant, ce critère permet une évaluation de la création
de valeur indépendamment de la répartition du pouvoir dans
l'entreprise. Il présente de plus l'avantage d'être largement
disponible du fait de sa simplicité de calcul. Enfin, il permet en effet
d'estimer la répartition de la valeur ajoutée entre les
principales parties prenantes : l'Etat (impôts), les salariés, les
apporteurs de capitaux externes et le(s) propriétaire(s). C'est
d'ailleurs à ce niveau qu'on parle de partage de la valeur
ajoutée.
A côté de la valeur ajoutée, un autre
indicateur longtemps utilisé par les entreprises, notamment les
entreprises non cotées est le résultat net.
II - 2 - 1 - 2 - Le résultat net, expression
des ressources additionnelles créées par
l'entreprise
Un autre indicateur trivial de la création de valeur
est le résultat net. Celui-ci mesure le flux de ressources
additionnelles créées (ou détruites) par l'entreprise
entraînant la reconstitution et l'augmentation (ou la diminution) des
capitaux engagés Ben Larbi S. et Ohanessian R. (2008).
C'est donc sur cet indicateur que les apporteurs de fonds se
rémunéreront.
Selon l'encyclopédie libre Wikipédia13(*), Le résultat
net (ou bénéfice net au sens fiscal) d'une
entreprise sur une
période donnée (par exemple : une année, un exercice)
est égal à la différence entre, d'une part, les
produits et, d'autre part,
les
charges
(d'exploitation, financières et exceptionnelles) engagées sur la
même période, ainsi que l'
impôt
sur les sociétés (net profit/loss, net earnings, net income).
Pour son calcul, il faut tenir compte :
· des opérations exceptionnelles (extension d'une
usine, prise de contrôle d'une société, revente d'une
filiale etc. qui génèrent des entrées et des sorties de
capitaux) ;
· des frais de participation du personnel ;
· des impôts comme l'impôt sur les
sociétés.
Le résultat net est partagé entre les
actionnaires (paiement du dividende) et les réserves et provisions. Le
résultat net peut donc prendre la forme d'une perte (résultat net
négatif) ou d'un bénéfice (résultat net positif).
Un résultat net négatif ne traduit pas nécessairement
l'inaptitude l'entreprise à créer de la valeur. Dans ce cas, on
peut s'appuyer sur les valeurs comptables et commerciales de l'entreprise.
Les indicateurs traditionnels de
création de valeur qui viennent d'être présentés
n'ont pas fait l'objet d'une énumération exhaustive. Il en existe
plusieurs autres comme l'excédent brut d'exploitation (EBE),
l'évolution du chiffre d'affaires, le taux de réinvestissement,
le taux d'endettement, entre autres. S'il est vrai que la plupart de ces
indicateurs restent d'usage dans beaucoup d'entreprises, l'importance
croissante de l'économie de marché a davantage favorisé la
substitution de ces indicateurs à des instruments plus
sophistiqués tels que la valeur ajoutée économique, la
valeur ajoutée de marché, le free cash flow, entre autres.
II - 2 - 2 - Mesure de la création de valeur via
des indicateurs plus sophistiqués
Le bénéfice net comptable passé et actuel
ne peut être considéré comme un indicateur suffisant pour
approcher la valeur d'une entreprise, parce qu'il est la résultante de
données comptables non représentatives de la
réalité économique. C'est pour cela que certains analystes
et praticiens (Charreaux G., 1997 ; Charreaux G. et Desbrieres P.,
1998 ; Denglos G. 2003 ; Caby J., Clerc-Girard M-F., Koehl J.,
1996 ; etc.) ont cherché à développer des
méthodes palliant à de telles défaillances. L'objectif
était de trouver des indicateurs pertinents, qui tiennent compte
notamment du risque, de la croissance et de la pérennité des
résultats et qui retraitent les données comptables non conformes
à la réalité économique. C'est ainsi que,
dès les années 20, est apparue aux USA l'idée de
« création de valeur ».
Cette notion a été conceptualisée par de
nombreux auteurs à travers nombre de méthodes : economic
value added (EVA) ; market value added (MVA) ; total shareholder value
(TSR) ; le free cash flow (FCF),
II - 2 - 2 - 1 - TSR et FCF : des indicateurs plus
ou moins utilisés
Il s'agit certes d'indicateurs modernes
récents, mais très peu connu par les praticiens. Nous
présentons d'abord le Total Shareholder Return (TSR) avant de nous
intéresser au Free Cash Flow (FCF).
a. Le total shareholder return : une
mesure de la valeur créée pour l'actionnaire
Le total shareholder return (TSR) correspond
au taux de rendement d'une action sur plusieurs années par rapport
à une période donnée et intègre les dividendes
reçus et la plus- value réalisée, etc. (Faverjon
C. et Marion A., 2005). Le Total Shareholder Return (TSR) ou
rentabilité totale pour l'actionnaire constitue une première
mesure synthétique de la valeur créée pour l'actionnaire,
bien que présentant également certaines limites. Il a
été proposé par le Boston Consulting Group (BCG) pour
exprimer ce qu'a rapporté en plus-value et en dividendes, un titre
acquis au début de sa période de calcul.
Selon la COB (2001)14(*) le Total Shareholder Return est égal
au rapport (ou à la moyenne géométrique annualisée
des rapports) entre, d'une part, le cours ajusté de l'action à la
fin de l'année (ou de la période) majoré du dividende
distribué et, d'autre part, le cours ajusté à la fin de
l'année précédente (ou à la fin de la
période pluriannuelle précédente). L'émetteur doit
indiquer si le TSR est calculé en brut ou en net de
l'imposition des plus-values et dividendes, avec ou sans prise en compte de
l'avoir fiscal.
La possibilité de non prise en compte de l'incidence
fiscale constitue d'ailleurs l'une des lacunes de cet instrument de mesure.
Lacune qui est comblée par la méthode du free cash flow.
b. La méthode du free cash flow comme mesure de
la valeur créée
En général, l'existence de cash-flows en
entreprise traduit la possibilité pour celle-ci, à
s'autofinancer. Dans le même ordre
d'idée, le free cash flow représente les flux de
trésorerie disponibles après impôt. Il s'agit
des cash-flows en excès qui restent disponibles dans une
firme une fois que tous les projets à VAN15(*) positive ont été
financés. Sa formule est la suivante :
Free Cash Flow = Excédent Brut d'Exploitation
- investissement de la
période
- impôt sur le
résultat d'exploitation
La pratique de cette approche s'est développée
avec la finance moderne des années 1950 et 1960 sous la houlette de
Modigliani F. et Miller M. (1963). Sa
forme la plus précise peut être rattachée à
l'article célèbre de Jensen M.C. (1986).
Le total shareholder value et le free cash flow, bien
qu'étant des indicateurs modernes et récents permettant de
mesurer la création de valeur, connaissent moins de succès que
les approches basées sur l'utilisation de l'EVA et de la MVA.
II - 2 - 2 - 2 - EVA et MVA : des indicateurs
récents et confirmés
Dans cette sous-section, il est question de
présenter la pertinence des indicateurs sophistiqués que sont
l' « Economic Value Added »
(EVA), et la « Market Value
Added » (MVA). Nous y parvenons en nous
référant à la littérature et aux résultats
empiriques existant sur le sujet.
a. La « valeur ajoutée
économique » : une conception managériale de la
création de valeur
Le concept de l'EVA, promue par le cabinet Stern, Stewart
& Co, couvre tous les domaines du management (Brennan M.J.,
1995). En effet, selon Charreaux G. (1998),
contrairement aux indicateurs classiques de mesure de la
rentabilité tels que le chiffre d'affaires ou le résultat net,
l'EVA tient compte, en plus des revenus, des coûts des ressources
allouées pour réaliser ces résultats, ce qui est plus
proche de la notion de performance, laquelle n'implique pas seulement la
rentabilité des investissements mais aussi l'optimisation de
l'utilisation des ressources. Mottis N. et Ponssard J-P. (2002)
ajoutent que dans certaines entreprises, on a alors assisté
à l'évolution suivante. On est passé d'un objectif de
marge à un objectif de résultat opérationnel avant
impôts puis à un objectif de taux de retour sur le capital investi
et enfin à l'EVA.
C'est une clé de la mesure de la performance, qui tient
compte des retours exigés par les investisseurs. On peut donc
définir la valeur ajoutée économique avec
Charreaux G (1998), comme la différence entre le
résultat économique après impôt et le coût des
capitaux investis par les investisseurs financiers (actionnaires et
créanciers financiers). Autrement dit, l'EVA est un profit
économique généralisé, c'est-à-dire, non pas
le résultat net comptable traditionnel, mais le surplus obtenu
après rémunération de tous les apporteurs de fonds, dettes
et capitaux propres.
La formule de l'EVA est la suivante :
EVA = Ka. VC - CMP.VC = (Ka - CMP). VC
16(*)
Où :
· Ka représente le taux de
rentabilité économique mesuré de façon comptable
(résultat économique après impôt / actif
économique). L'évaluation du CMP repose sur les approches
traditionnelles ;
· VC est la valeur
comptable des capitaux investis (capitaux propres et dettes
financières) ;
· CMP représente le coût
moyen pondéré du capital. Il s'agit de la rentabilité
requise à l'équilibre par les différents apporteurs de
capitaux.
Pour Charreaux G. (1998), l'EVA
représente ainsi le surprofit évalué relativement à
la norme constituée par le CMP ; il s'agit en fait du concept
traditionnel de « rente du goodwill » remis au goût du
jour.
Ainsi, la valeur ajoutée économique (de
l'anglais Economic Value Added) constitu » un outil de
mesure de la création de valeur dont l'importance n'est plus à
prouver. Mais, son utilisation universelle se heurte au traditionnel
problème du contexte. En effet, le problème qui se pose est
relatif à l'usage de cet outil moderne dans les entreprises
situées dans les économies les moins avancées en
général et au Cameroun en particulier. La partie empirique de ce
travail apportera plus de lumière sur le sujet.
Notons tout de même que l'EVA est un outil de gestion
financière décentralisé (Charreaux G. et
Desbrieres P., 1998). En effet, elle permet, à tous les niveaux
de l'entreprise, de mesurer la performance d'une unité en lui appliquant
un taux de rentabilité exigé individuel. Ainsi, une fois la
tâche accomplie, l'EVA permet de mesurer l'écart entre performance
souhaitée (ou exigée) et performance réalisée.
Cependant, l'EVA ne retient que les rentes
secrétées sur une période. Autrement dit, cet indicateur
n'envisage pas d'estimations au delà des activités effectivement
réalisées par l'entreprise. C'est pour cette raison, et selon les
objectifs poursuivis (anticipation ou non), qu'on peut opter pour un indicateur
substitut qui tienne compte implicitement de l'ensemble des rentes futures
anticipées : la « valeur de marché
ajoutée ».
b. La « valeur de marché
ajoutée », un substitut de l'EVA dans un contexte
d'économie de marché
La Valeur Ajoutée Marché ou Market Value Added
(MVA) est la différence entre l'évaluation en Bourse d'une
compagnie cotée et le montant de la valeur comptable ajusté de la
créance et des capitaux propres investis dans l'entreprise. Dans le
même ordre d'idées Charreaux G. (1998)
définit la MVA, « la valeur de marché
ajoutée », comme la différence entre la valeur de
marché des capitaux investis VM
(capitaux propres et dettes financières) et la valeur comptable de
ces mêmes capitaux VC. D'où la
formule suivante :
MVA = VM - VC
Plus la Valeur de Marché Ajoutée (MVA) est
élevée, mieux c'est. Une MVA élevée
indique que l'entreprise a créé de la richesse substantielle pour
les actionnaires. La MVA est équivalent à la valeur actuelle de
toute la future EVA espérée17(*). Dans cette perspective, une MVA négative
signifie que la valeur des actions et des investissements de management est
moins que la valeur des capitaux concédés à l'entreprise
par les marchés financiers. En d'autres termes, cette richesse ou valeur
a été détruite.
Ainsi, le but d'une société devrait être
de maximiser la MVA. Cependant, la MVA, comme outil de mesure ou
d'appréciation de l'aptitude de l'entreprise à réer de
valeur, présente quelques limites. Elle ne tient pas compte des
coûts d'opportunité des capitaux investis, surtout lorsqu'on sait
que ces derniers constituent un indicateur clé de la performance
économique. De plus, la MVA, contrairement à l'EVA, ne peut pas
être calculée au niveau d'une division de l'entreprise
(Unité d'Affaire Stratégique) et ne peut pas être
utilisée pour des compagnies privées.
La MVA et l'EVA font l'objet de nombreuses critiques. En
particulier, l'imprécision des méthodes habituelles d'estimation
du coût des capitaux propres suffit à contester très
sérieusement les classements auxquels conduisent ces mesures
(Charreau G. 1999). De plus, nos deux indicateurs reposent sur
un fondement théorique qui suppose l'efficience des marchés
financiers ; ce qui n'est certainement pas le cas avec marchés des
pays les moins avancés en général, et du marché
financier camerounais.
Cependant, les critiques traditionnelles ne suffisent pas
à les disqualifier. D'un point de vue opérationnel, ces mesures
constituent des outils d'incitation-contrôle (et donc de gouvernance)
utiles si elles conduisent à améliorer la performance.
Les indicateurs de mesure de la création de valeur que
nous venons de présenter ne sont pas les seuls. Il en existe plusieurs.
Si nous ne pouvons pas tous les analyser, il est cependant judicieux d'en
énumérer quelques uns. Il s'agit du : chiffre d'affaires,
return on equity (ROE), return on investment (ROI), return on assets (ROA),
price earning ratio, total business return (TBR), earning before interest and
taxes (EBIT), net operating profit after tax (NOPAT), Q de Tobin18(*), le ratio de Marris19(*), l'indice de Sharpe20(*), et bien d'autres.
Les questions de la mise en oeuvre de politiques RSE et de
mesure de la création de valeur soulèvent un autre
problème d'une importance notoire, celui de la relation conflictuelle
entre dirigeants et actionnaires. Il se pose donc un problème de
gouvernance d'entreprise sur lequel nous allons nous investir dans nos
prochains développements.
Nous venons, dans le présent chapitre, de
présenter les concepts de responsabilité sociétale et de
création de valeur. Après avoir retracé la genèse
et l'évolution de ces deux concepts, nous en avons ressorti des
définitions consensuelles. Par la suite, nous en avons
présenté les instruments de mesure des plus anciens aux plus
récents. Ainsi avons-nous pu cerner les contours possibles des concepts
de responsabilité sociétale de l'entreprise et de création
de valeur. Ces deux concepts présentés, la question sur le lien
possible qui existerait entre eux reste posée. Le prochain chapitre va
présenter le corpus théorique sur le lien entre
responsabilité sociétale et création de valeur.
Chapitre 2
VARIABILITE ET AMBIGÜITE DE LA RELATION ENTRE
RESPONSABILITE SOCIETALE ET CREATION DE VALEUR
Le présent chapitre se veut une
synthèse de la littérature sur le lien entre RSE et performance
de manière générale, et entre RSE et création de
valeur en particulier. La création de valeur tout comme la RSE,
constitue une thématique centrale des études sur la gouvernance
d'entreprise. En effet, la mise sur pied de politiques RSE dans l'objectif de
créer de la valeur, constitue une décision importante pour les
dirigeants d'entreprises dont les choix stratégiques et
opérationnels doivent rester en phase avec les aspirations des
actionnaires. Cette situation assimilable à une relation d'agence nous a
conduits à accorder une attention particulière à
l'irruption de la RSE dans la gouvernance d'entreprise (Section 1). Aussi, la
RSE présente des enjeux de création de valeur que nous allons
explorer (Section 2).
Section 1 : RESPONSABILITE SOCIETALE ET CREATION
DE VALEUR AU
COEUR DE LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Dans cette section, il est question, dans un premier temps,
de montrer que l'idée du rapprochement entre responsabilité
sociétale et gouvernance d'entreprise relève plus de l'adaptation
à la réalité pratique plutôt qu'à des
considérations théoriques. Puis, dans une seconde analyse, il est
question de montrer que la gouvernance d'entreprise constitue un
véritable levier de création de valeur pour le dirigeant.
I - 1 - Rapprochement RSE et Gouvernance d'entreprise, de
l'opportunisme
au pragmatisme
La gouvernance d'entreprise a connu de changements profonds
depuis le début de ce troisième millénaire. Les dirigeants
d'entreprises doivent désormais rendre compte non seulement aux
actionnaires, mais à une sphère accrue de parties prenantes
concernées directement ou indirectement par les activités de
l'entreprise. Dans ce paragraphe, nous allons premièrement revisiter la
théorie de la gouvernance d'entreprise ; par la suie, nous allons
remonter l'ancrage de la RSE dans la gouvernance d'entreprise.
I - 1 - 1 - Regain d'intérêt de la
théorie de la gouvernance d'entreprise
Les grandes mutations que connaissent les informations
financières sont pour une grande part, assimilables à la
répartition des pouvoirs au sein de l'entreprise. Le gouvernement
d'entreprise, quant à lui, vise à clarifier la répartition
des pouvoirs entre le management, d'une part, les propriétaires de
l'entreprise, et leurs élus en Assemblée générale,
les administrateurs, d'autre part (Tiberghien F., 2003). Plus
largement, il vise à prendre en considération les attentes de
l'ensemble des parties prenantes à l'activité des firmes. En ce
sens, il rejoint les perspectives de la RSE).
Les scandales financiers récents ont favorisé
la résurgence du débat sur la relation d'agence entre dirigeants
et actionnaires et par conséquent sur les problèmes de
gouvernance d'entreprise. En effet, comme le souligne Ngok Evina J-F.
(2009), la crise financière montre à juste titre que les
préoccupations sur le problème du gouvernement d'entreprise
restent primordiales en sciences de gestion. Il précise d'ailleurs que
l'origine du thème se situe dans l'analyse de Berle A. et Means
C. (1932) qui faisait suite à la crise de 1929.
Charreaux G. (1997) propose la
définition suivante de la gouvernance d'entreprise »qui recouvre
l'ensemble des mécanismes qui ont pour effet de délimiter les
pouvoirs et d'influencer les décisions des dirigeants, autrement dit qui
gouvernent leur conduite et définissent leur espace
discrétionnaire «. Evidemment, cette définition rejoint
l'approche traditionnelle de la gouvernance d'entreprise qui privilégie
la relation d'agence unique « actionnaires-dirigeants ».
Cette relation, comme le soulignent Charreaux G. et Desbrieres P.
(1998), peut également s'élargir dans le cadre plus
général de la firme pluraliste. Cadre qui tient compte non plus
des seuls actionnaires-dirigeants, mais également de l'ensemble des
stakeholders et de la notion de valeur partenariale.
Les réflexions sur le gouvernement d'entreprise en
général et sur la relation d'agence en particulier, ont
été engagées par la fameuse contribution de Berle
A.A. et Means C.G. (1932). Ils soulèvent l'idée selon
laquelle « Les directeurs de ces sortes de compagnie étant les
régisseurs de l'argent d'autrui plutôt que de leur propre argent,
on ne peut guère s'attendre qu'ils y apportent cette vigilance exacte et
soucieuse que les associés d'une société apportent souvent
dans le maniement de leurs fonds ». Pour eux, l'importance de la
séparation entre propriété et management n'est plus
à démontrer dans un contexte où l'actionnariat
dispersé n'est pas capable d'imposer ses objectifs aux dirigeants.
Ainsi, il faut trouver les incitations ou les contraintes qui
conduisent les managers à ne pas abuser de leur position. Car ceux-ci
bénéficient d'informations privilégiés sur la
situation et les potentialités de l'entreprise, qu'ils peuvent exploiter
à leur avantage.
On distingue généralement trois grands types de
mécanismes capables de résoudre le problème d'agence :
· Le contrôle interne
réalisé par les diverses instances chargées de surveiller
l'action des dirigeants. C'est le mécanisme le plus utilisé dans
certains pays d'Europe comme l'Allemagne, les Pays Bas et la Suède
où le rôle des banques est relativement important
(Levratto N. et Paulet E., 2005) ;
· Les mécanismes incitatifs
destinés à réduire le conflit d'objectif entre dirigeants
et actionnaires (stock-option par exemple) ;
· Le contrôle externe
exercé par les marchés et les intermédiaires financiers.
Levratto N. et Paulet E. (2005) soulignent que ce type de
contrôle, sans leur être exclusif, est propre aux Etats-Unis et au
Royaume-Uni.
Plusieurs exemples à travers le monde illustrent
l'intérêt accordé au problème d'agence et à
ses conséquences désastreuses pour les autres stakeholders. C'est
le cas de la loi Sarbanes-Oxley du 30 juillet 2002 aux USA ; du rapport
Cadbury publié en mai 1991, qui définit la corporate governance
comme » The system by which companies are directed and controlled
«.
Ces réflexions auront un impact considérable en
Europe. Dans ce sens, des orientations ont été proposées
par l'OCDE dans le cadre de travaux dédiés au gouvernement
d'entreprise21(*). Elles
visent » à évaluer et améliorer la cadre juridique,
institutionnel et réglementaire régissant, à
l'échelon national, l'organisation du pouvoir dans l'entreprise et de
faire des propositions en vue d'un système efficient » et partent
de l'idée qu'il n'y a pas de modèle unique de gouvernement
d'entreprise, mais que certains éléments communs peuvent
être dégagés concourant à la qualité du
gouvernement d'entreprise.
Ces orientations s'articulent autour de cinq thèmes :
la protection des droits des actionnaires ; le traitement équitable
des actionnaires, particulièrement les minoritaires ; la
transparence et la diffusion de l'information et ; le rôle du
conseil d'administration ; Le rôle des différentes parties
prenantes dans le gouvernement d'entreprise, dans le sens de la
coopération, en vue de créer richesse et emplois et d'assurer la
pérennité d'entreprises financièrement solides.
Reprenant les termes de Williamson O. (1985),
le dirigeant est un véritable partenaire de l'entreprise, il est
désormais celui qui loue son capital humain aux actionnaires et devient
donc un principal actif. Olivier Williamson parvient ainsi à
renverser la logique de la relation d'agence actionnaire-dirigeant. Mais, cette
situation est contextuelle, car comme le relève Ngok Evina J-F.
(2009), « au Cameroun, dans la majorité des
entreprises publiques, les dirigeants sont nommés par le pouvoir central
et sont récompensés ou sanctionnés uniquement par cet
organe au détriment de leur prestation en
entreprise »22(*). Cependant, les orientations de l'OCDE mettent au
devant l'importance de la performance globale. Performance qui ne peut
être atteinte que s'il y a coopération entre mandataire et
dirigeant.
L'OCDE remet également aux devants de la scène,
le problème d'asymétrie informationnel soulevé au
départ par Jensen M.C., Meckling W.H. (1976), pour
signifier le fait que les divers participants à la relation (notamment
les dirigeants et les actionnaires) ont des informations incomplètes et
asymétriques (sélection adverse et hasard moral).
Enfin, le rôle du conseil d'administration comme organe
de contrôle ressuscite le débat sur sa constitution. En effet, les
nouvelles fondations de la finance organisationnelle voient dans le dirigeant,
un véritable acteur détenteur de mécanismes et de
stratégies de pouvoir lui permettant d'exercer une influence notoire sur
le management de l'entreprise.
Ainsi, Fama E.F. (1999) suggère
d'inclure des administrateurs externes (des personnes qui n'exercent pas de
fonction managériale au sein de l'entreprise). La participation de ces
administrateurs externes, ajoute t-il, a donc pour rôle
d'améliorer la qualité du contrôle. Cette hypothèse
a été contestée, Shleifer A. et Vishny R.W.
(1997), qui estiment que les administrateurs externes étant
nommé par le Président Directeur Général, ils lui
seront forcément inféodés.
De ce qui précède, il ressort que le
problème sur la constitution du conseil d'administration est le champ de
bataille de deux courants de pensée : l'un suggère la
constitution du conseil par des administrateurs externes ; l'autre propose
de constituer celui-ci uniquement avec des administrateurs internes à
l'entreprise. Nous pensons que ces deux courants de pensée peuvent
trouver terrain d'entente à travers une approche mixte,
c'est-à-dire, une approche qui privilégie la constitution du
conseil d'administration avec des administrateurs internes et externes.
De ce qui précède, il ressort que le champ
d'investigation de la théorie du gouvernement d'entreprise est
très vaste. Il aborde aussi bien les problèmes relationnels que
décisionnels auxquels sont confrontés les managers. Le volet
décisionnel va plus loin en élargissant la sphère
relationnelle (actionnaires-dirigeants) à un plus grand nombre d'acteurs
auxquels l'entreprise doit désormais rendre compte. La performance de
l'entreprise n'est donc plus analysée uniquement sous ses aspects
financiers et économiques, mais également sous ses aspects
sociaux et environnementaux ; d'où l'irruption de la RSE dans la
gouvernance d'entreprise.
I - 1 - 2 - L'irruption de la RSE dans la gouvernance
d'entreprise
On peut situer les changements profonds que connaît le
gouvernement d'entreprise sur trois modèles types correspondant
chronologiquement à trois périodes. Crifo P. et Ponssard
J-P. (2008) les identifient alors de la manière suivante :
aux Trente Glorieuses fondées sur l'intervention de l'Etat,
.... , succède, à partir de 1980, une période dite de
création de valeur qui prend fin début des années
2000 suite à la bulle financière... . Les dispositifs en
matière de RSE menés par les entreprises depuis les années
2000 ont alors pour objectif de regagner confiance, image et
légitimité.
Pour ne pas s'écarter du cadre stricte de
l'entreprise, et plus encore, pour ne pas nous écarter de nos concepts
clés que sont la création de valeur, la gouvernance d'entreprise
et la responsabilité sociétale, nous allons analyser l'ancrage de
la RSE dans le gouvernement d'entreprise sous l'angle des deux derniers
courants. Ainsi, allons-nous présenter successivement le modèle
de la création de valeur (1980 - 2000) et celui de l'entreprise
citoyenne (2000 - ?)
I - 1 - 2 - 1 - La création de valeur à
tout prix, un modèle dépassé
Au début des années 1980, on assiste à
un désengagement progressif de l'Etat vis-à-vis de
l'activité économique. Privatisations et
déréglementations sont de mise et s'accompagnent d'un
développement significatif des marchés financiers internationaux,
le tout couronné par une concurrence internationale et une globalisation
industrielle croissantes (Crifo P. et Ponssard J-P. 2008).
Ces changements majeurs dans les structures
économiques, vont amener les entreprises à redéfinir leurs
objectifs. L'entreprise se fixe donc pour objectif de maximiser le patrimoine
de ses propriétaires, c'est-à-dire la valeur des actions
(Levratto N. et Paulet E., 2005). Ainsi, le modèle de
création de valeur qui a marqué la période allant des
années 1980 au début des années 2000 est celui de la
valeur actionnariale (destinée aux seuls actionnaires).
Au début des années 2000, les tendances
financières des entreprises, notamment les entreprises cotées
sont à la hausse. Le résultat net par action (PER) croît de
façon particulièrement rapide et atteint des niveaux
inimaginables auparavant, avant de s'effondrer (Martinet A.C.,
2002). Cet effondrement, traduction de l'éclatement de la bulle
financière, a pour conséquence un recul de la
crédibilité des dirigeants d'entreprises parmi l'opinion
publique.
La forte création de valeur du début des
années 2000 a été très mal partagée. Les
malversations financières et les licenciements abusifs (Enron, Bernard
Madoff, General Motors, etc.) d'une part, et les nuisances environnementales
(Trafigura en Côte d'Ivoire, l'Amoco Cadiz au large des cotes bretonnes,
etc.) d'autre part, ont accentué les mouvements des
sociétés civiles qui exercent des pressions directes et
indirectes en vue du respect des droits humains et sociaux, la
préservation de l'environnement et la santé publique.
De telles pressions, couplées à l'idée
que la gouvernance responsable est un levier de performance financière
et économique à long terme, ont fortement contribué
à l'ancrage de la responsabilité sociétale dans les
pratiques managériales quotidiennes des entreprises.
I - 1 - 2 - 2 - La gouvernance d'entreprise et le
modèle de l'entreprise citoyenne
De nos jours, et ce depuis les années
2002, la gouvernance d'entreprise se défini au-delà des seuls
actionnaires et dirigeants. La gouvernance d'entreprise désigne
désormais l'ensemble des relations entre la direction
d'une entreprise, son conseil d'administration, ses actionnaires et les autres
parties prenantes.
En effet, la donne a aujourd'hui changé : aux
actionnaires il faut ajouter les consommateurs, les salariés et les
citoyens ; les sociétés de gestion d'actifs ont
créé des départements consacrés à
l'Investissement Socialement Responsable afin de capter les demandes des
nouveaux actionnaires, ou de répondre à de nouvelles demandes de
la part d'actionnaires traditionnels (Crifo P. et Ponssard J-P.
2008). Le rôle des ONG et plus largement, de toutes les parties
prenantes s'accroît. Les instances gouvernementales ne sont pas à
la marge.
Avec, notamment, la loi NRE en France et la loi Sarbanes Oxley
aux USA, la communication financière des entreprises est élargie
aux objectifs sociaux et environnementaux, et l'exigence de rendre compte est
renforcée. En Europe et aux Etats-Unis, des agences de notation
spécialisées (Asset 4, Eiris, KLD, Innovest, Vigeo, ...) prennent
de plus en plus d'importance. De nouveaux indices boursiers sont
élaborés.
De plus, Capron M. et Quairel-Lanoizelée F.
(2004) relèvent l'engagement des autorités publiques
dans des dispositifs intégrant les préoccupations de
développement durable tels que :
- Le « Global Compact » (pacte mondial)
lancé en 1999, il associe les nations unies, des ONG et des
multinationales et s'engage à respecter les droits humains fondamentaux,
les conventions de l'OIT et l'environnement ;
- Le guide publié par l'OIT en 2002, afin de promouvoir
la justice sociale par l'amélioration des conditions de vie et de
travail dans le monde ;
- L'OCDE qui, en l'an 2000, a revisité ses principes
directeurs à l'intention des entreprises multinationales ; ses
principes concernent des domaines tels que : la bonne gouvernance et la
transparence financière, le respect des droits humains et des normes de
travail, les conséquences de l'activité sur l'environnement, la
lutte contre la corruption, les transferts de savoir faire et de technologies,
l'adoption de bonnes pratiques concurrentielles et le respect de la
législation fiscale. Ces grands principes non contraignants visent
à fournir un cadre favorable au développement d'une
économie responsable dans le contexte de la mondialisation ;
- L'Union Européenne avec la publication en 2001 d'un
Livre vert qui a pour but de « promouvoir un cadre
européen pour la responsabilité sociale des
entreprises »23(*)
Au vu de ce qui précède, on peut dire que la
contribution de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) se situe
essentiellement en interne, notamment les employés ou collaborateurs
(parties prenantes internes). Ce qui n'est pas satisfaisant pour l'acception
moderne du concept de RSE. Il faut donc aussi envisager la RSE en externe.
A cet effet, outre l'OCDE, plusieurs autres organisations et
textes proposent d'examiner la RSE en externe : le World Wide Fund for
Nature (WWF) ; la banque Mondiale (BM) ; l'Observatoire sur la
Responsabilité Sociale des Entreprises (ORSE) ; Loi sur les
Nouvelles Régulations Économiques (Loi NRE) ; le Mouvement
des Entreprises de France (MEDEF) ; l'Organisation Internationale de
Normalisation (ISO).
En plus de ces organisations, plusieurs sommets ont
contribué à ancrer les pratiques de RSE au sein des
activités d'entreprises. C'est le cas par exemple du Sommet de
Rio de Janeiro instigué par les Nations Unies et tenu du 03 au
14 Juin 1992, qui a été marqué par l'adoption d'un texte
fondateur de 27 principes, intitulé
« Déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement » qui précise que les être
humains sont au centre des préoccupations relatives au
développement durable.
On peut aussi citer le cas du Protocole de
Kyoto. Celui-ci va plus loin, car il propose un calendrier de
réduction des émissions des 6 gaz à effet de serre qui
sont considérés comme la cause principale du réchauffement
climatique des cinquante dernières années. Il comporte des
engagements absolus de réduction des émissions pour 38 pays
industrialisés, avec une réduction globale de 5,2 % des
émissions de dioxyde de carbone d'ici 2012 par rapport aux
émissions de1990.
Comme nous le voyons, la préoccupation de la
responsabilité sociale des firmes est partagée par toutes les
catégories d'acteurs de la vie économique et sociale. C'est la
raison pour laquelle, les problèmes de gouvernance d'entreprise doivent
désormais dépasser la simple opposition actionnaires-dirigeants
pour toucher tous les autres stakeholders.
La RSE se fonde sur quatre types de critères qui sont
directement liés à ceux du développement
durable à savoir les critères environnementaux, les
critères sociaux, les critères économiques et
désormais, les critères de gouvernance.
Nous nous proposons de ne développer que les
critères de gouvernance, les trois premiers ayant déjà
été examinés dans les paragraphes
précédents.
Les aspects de la gouvernance en matière de RSE peuvent
être regroupés dans les rubriques suivantes : entreprise et
Partie prenante, perception de l'environnement, gouvernance d'entreprise,
veille sociétale, risque et vulnérabilité Martinet
A.-C., Reynaud E. (2001). Carroll A.B. (1999)
ajoute d'ailleurs que, du point de vue de la gouvernance, la RSE se
traduit ou devrait se traduire de différentes manières :
- La définition d'une éthique, formalisée
dans une charte ;
- La mise en place de programmes de gestion des
risques ;
- Une surveillance accrue des principes de
sécurité ;
- Une veille, notamment sociétale ;
- Des projets de gestion des connaissances en support à
l'innovation qui impliquent également plusieurs types d'agents
économiques : les acteurs publics territoriaux de l'enseignement et de
la recherche (pôles de compétence) ;
- Des programmes d'assurance qualité, avec la mise en
oeuvre de nouvelles normes ;
- Une communication interne et externe.
Bien que pertinents, ces critères ne trouvent pas tous
leur application au sein de l'entreprise subsaharienne. En effet, s'il est vrai
qu'on retrouve des programmes de gestion des risques, d'assurance
qualité ou de communication interne et externe au sein de certaines
entreprises camerounaises, tel n'est pas le cas pour les chartes, normes et
autres veilles sociétales qui ne sont propres qu'aux économies
occidentales. Ce qui circonscrit en quelque sorte, la zone
d'applicabilité des critères de gouvernance dans leur
ensemble.
Nous venons de présenter les enjeux du gouvernement
d'entreprise au-delà de la simple relation actionnaires-dirigeants.
Notamment les critères de gouvernance, inhérents à la RSE.
Dans le prochain paragraphe, nous allons analyser cette même gouvernance
sous l'angle de la création de valeur. Il s'agit en d'autres termes, de
voir dans quelle mesure la gouvernance d'entreprise constituerait un levier de
création de valeur.
I - 2 - Gouvernance d'entreprise comme levier de
création de valeur
La décision de mise en oeuvre d'actions RSE incombe
plus aux dirigeants d'entreprises qu'à leurs propriétaires, sauf
dans le cas d'investisseurs socialement responsables. Il est donc possible que
de telles pratiques ne soient pas en phase avec les objectifs des
propriétaires. Car, comme le souligne si bien Ngok Evina J-F.
(2009), dans les entreprises managériales, les dirigeants sont
nommés pour une tâche et pour un mandat précis. ... Ils
sont liés à l'entreprise par une obligation de résultat et
sont ainsi, soit sanctionnés en cas de mauvaise gestion, soit
récompensés en cas de bonne gestion. C'est dire que la
gouvernance comme levier de création de valeur comporte des
éléments de risque pour les managers. Risque que l'auteur
entrevoie uniquement sous l'angle des shareholders, pourtant les stakeholders
constituent également une menace importante pour les managers.
I - 2 - 1 - Modèles shareholder et stakeholders:
le pouvoir explicatif des théories de
la gouvernance
Les auteurs qui ont réfléchi sur le thème
de la gouvernance d'entreprise considèrent qu'il existe dans le monde
occidental deux grands modèles : le modèle shareholder et le
modèle stakeholders (Plihon D., 2001). Nous en faisons
une présentation successive.
I - 2 - 1 - 1 - Le modèle shareholder, une
typologie d'origine anglo-saxonne
Le modèle de type » shareholder » est le mode
de régulation de référence dans les pays anglo-saxons.
Didier P. (1997) rappel que l`objectif
à atteindre ici est la maximisation de la valeur pour l'actionnaire
(c'est-à-dire le profit ou le cours boursier). Il en est ainsi parce que
dans ces pays, les marchés financiers sont très
développés et le capital de firmes est relativement
atomisé (multitude d'actionnaires).
Dans ces conditions, les dirigeants sont
contrôlés par les assemblées générales
d'actionnaires et surtout par le marché des prises de contrôle. Ce
modèle de gouvernement d'entreprise est comparable au courant de la
création de valeur qui a dominé le monde des entreprises pendant
les années 1980-2000. Comme nous l'avons déjà
souligné, il s'agit d'une approche qui vise la création de la
valeur pour l'actionnaire et rien que pour l'actionnaire. Cependant, les
approches de gouvernance ont, depuis le début des années 2000,
connu une nette amélioration. Le modèle shareholder n'est plus le
seul.
I - 2 - 1 - 2 -Le modèle stakeholders, une
typologie plutôt européenne
Le modèle de type » stakeholders » est
présent dans la plupart des pays européens24(*). L'objectif à atteindre
ici consiste moins en la maximisation de la richesse des actionnaires que dans
la défense des intérêts de l'ensemble des parties prenantes
de l'entreprise (salariés, clients, actionnaires, dirigeants...).
Dans ce modèle, les marchés financiers sont peu
développés et le capital des firmes est souvent
contrôlé par des actionnaires puissants qui en détiennent
une part significative, seuls ou à plusieurs à travers des blocs
de contrôle. Ce sont des actionnaires puissants qui protègent les
équipes dirigeantes des menaces de prises de contrôle hostiles.
Cependant, d'autres parties prenantes exercent
également un contrôle sur les dirigeants, comme les banques,
syndicats, clients et pouvoirs publics. Les dirigeants doivent donc en
permanence chercher à ménager les intérêts de ces
différentes parties (Carroll A.B., 1999). Ce
modèle prend en compte l'intérêt de tous ceux qui
participent à l'entreprise et permet de prévenir les
comportements opportunistes de certains partenaires.
Didier P. (1997) prend le cas des
salariés pour signifier la nécessité des stakeholders,
à la création de valeur ; il faut donc, dit-il, négocier
avec chacun d'eux sur son apport et sa rémunération. Cela
favorise la confiance et la coopération des salariés et permet
ainsi de réduire les coûts d'agence et les situations de
passager clandestin25(*) dans le processus de création de valeu.
Brunhes B. (2001) rappel que cet
intérêt peut converger avec celui des actionnaires, dans la mesure
où ceux-ci recherchent le développement de l'entreprise, gage
d'enrichissement pour les premiers et de puissance pour les seconds. Mais,
ajoute t-il, cet intérêt peut aussi diverger notamment en cas de
réduction d'effectif pour préserver la rentabilité du
capital.
Depuis quelques années, notamment depuis la bulle
financière des années 2002, il y aurait tendance à une
nette convergence vers le modèle shareholder. Mais, cette convergence,
bien que louable, accentue le problème de la relation d'agence.
En effet, cette relation n'intègre plus seulement deux
parties prenantes (actionnaires et dirigeants), mais plusieurs autres
stakeholders (propriétaires et dirigeants face à une horde de
stakeholders). De plus, le risque d'asymétrie informationnelle est
d'autant plus élevé que l'entreprise doit émettre des
signaux non seulement aux mandants (actionnaires), mais également
à tous ses autres partenaires dans un système de gouvernance
responsable.
Aussi, le choix d'un ou de plusieurs modes de financement par
les dirigeants en vue de créer de la valeur pour l'entreprise et ses
parties prenantes nécessitent un arbitrage tacite entre augmentation du
capital, dette et autofinancement. Il s'agit de trois aspects importants da la
création de valeur, ancrés dans le gouvernement d'entreprise,
dont le flou théorique va être levé grâce au concours
conjoint des théories des organisions et de la finance
organisationnelle.
I - 2 - 2 - Apport conjoint des théories des
organisations et de la finance
organisationnelle à
l'irruption de la création de valeur dans la
gouvernance d'entreprise
Les théories des organisations et de la firme d'une
part, et la finance organisationnelle d'autre part, regorgent d'une multitude
d'écrits. Notamment le théorie de la motivation, la
théorie des besoins, les rationalités productive, administrative,
et structurelles, la théorie de la rationalité limitée, la
théorie de l'agence, la théorie des droits de
propriété, la théorie des coûts de transaction, la
théorie du financement hiérarchique, le courant systémique
des organisations, l'approche actionnaliste, le courant behaviouriste, etc.
L'objectif ici est loin de ressortir la contribution de tous
ces écrits à la l'irruption de la création de valeur dans
le gouvernance d'entreprise. Mais, de choisir parmi elles, celles qui
s'inscrivent le plus dans une logique de gouvernement d'entreprise et de
création de valeur. Les recherches antérieures, notamment celles
de Wanda R. (2001) (structure financière et performance
des entreprises) et de Remaud H. (2001) (Modes de gouvernance
et création de valeur en PE) ont retenu les théories de l'agence
et du financement hiérarchique comme pertinentes pour l'analyse de la
création de valeur et du gouvernement d'entreprise.
I - 2 - 2 - 1 - Apport de la théorie de
l'agence à l'appréciation de la création de
valeur
La notion d'agence est définie par Jensen et
Mekling, (1976) comme un contrat par lequel une personne
appelée principal ou mandant, délègue
à une autre personne appelée agent ou
mandataire le pouvoir de prendre à sa place un certain nombre
de décisions. Au-delà du risque de conflit
d'intérêts qui existe entre les parties concernées
(intérêt du mandant et intérêt du mandataire),
l'information diffusée joue un rôle déterminant entre les
acteurs.
La relation d'agence peut être élargie à
l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise ; dans ce cas les
dirigeants sont des « agents » qui sont les seuls à
être en relation avec les parties prenantes (Hill et Jones,
1992). Ainsi, pour assurer la pérennité de l'entreprise,
les dirigeants doivent non seulement créer de la valeur pour les
actionnaires, mais également pour toutes les parties prenantes de telle
sorte qu'aucune d'entre elles ne se sente défavorisée.
Il existe alors une sorte de contrat social. Car dans cette
approche, les parties prenantes influencent les décisions
stratégiques des dirigeants et ceux-ci doivent leur rendre compte sur la
façon dont ils assurent leurs attentes. Il existerait donc une
asymétrie informationnelle latente qui est revisitée par la
théorie des signaux.
En effet, la théorie des signaux se fonde sur
l'hypothèse forte que les dirigeants d'une entreprise disposent d'une
meilleure information que les investisseurs de cette entreprise. En d'autres
termes, et selon Remaud H. (2001), les dirigeants sont mieux
à même de prévoir les flux avenirs de l'entreprise ;
ils savent dans quel état de la nature l'entreprise se situe. Dans cette
optique, tout signal, émis par les dirigeants d'une entreprise tendant
à faire croire que les flux seront meilleurs que prévus ou que le
risque sera moindre, permettra une création de valeur pour
l'investisseur. Celui-ci sera donc toujours à la quête d'un signal
lui permettant d'espérer une rentabilité supérieure ou un
risque minime.
Cependant, pour que la signalisation soit crédible, le
signal doit être accompagné par sa propre sanction s'il est
biaisé afin de décourager la propension à
l'émission de faux signaux. Ce qui n'était malheureusement pas le
cas dans le début des années 2000. La théorie d'agence et
la théorie des signaux nous permettent ainsi de mieux comprendre la
relation entre actionnaires et dirigeants d'une part, et entre entreprise et
stakeholders d'autre part dans le processus de création de valeur.
Toutefois, ces théories nous permettent moins de cerner le comportement
des dirigeants dans le processus du choix de l'un ou l'autre modèle de
financement.
En effet, la mise en oeuvre d'un projet rentable passe par un
choix judicieux de financement. Ceci suppose de trouver la meilleure
structure du capital c'est-à-dire la meilleure répartition entre
Dettes et Fonds Propres. Cette répartition est optimale lorsqu'elle
permet de maximiser la valeur de la firme ou de minimiser les coûts.
C'est ce qui constitue l'objet de la théorie du financement
hiérarchique.
I - 2 - 2 - 2 - Apport de la théorie du
financement hiérarchique à l'appréciation de
la
création de la
valeur
Encore appelée théorie du « pecking
order », cette théorie a été
modélisé pour la première fois par Myers S.C et
Majluf N.S. (1984) et permet entre autres à l'entreprise de
signaler à l'extérieur, sa capacité de créer de la
valeur. Mais bien avant eux, Donaldson (1961) cité par Denglos
G. (2003) conclut que les firmes s'abstiennent habituellement
d'émettre des actions et n'empruntent que si l'investissement requiert
des fonds supérieurs aux cash flows existants. Pour lui les
firmes se financent prioritairement par autofinancement puis par emprunts et en
dernier recours par augmentation de capital.
En effet, pour assurer leur croissance, certaines
sociétés s'endettent, d'autres émettent des actions ou
puisent dans leurs réserves (autofinancement). Pour Myers S.C.
(1984) la théorie du financement hiérarchique apporte
une explication de cette disparité de pratique sous l'hypothèse
que la règle de décision en matière de financement est de
choisir la source la moins onéreuse.
En fait les choix sont beaucoup plus complexes, tant au niveau
de leur mise en oeuvre qu'au niveau de leur conception théorique, ce qui
explique l'absence de consensus sur la question. En effet, aux coûts
explicites d'un mode de financement ont été progressivement
ajouté d'autres coûts tel que ceux lié à la
fiscalité, aux contrats (Berle A. et Means G., 1932) ou
ceux associés à l'asymétrie d'informations
(Williamson O., 1988).
Cette multiplicité des coûts s'explique sans
doute par les objectifs divergents des différentes parties prenantes de
l'entreprise, explicatifs de la relation d'agence qui existe entre ces
stakeholders. L'objectif de l'actionnaire étant de maximiser le profit,
celui des dirigeants est la valeur de la firme, tandis que celui des autres
partenaires (clients et prêteurs par exemple), minimiser les risques
liés à l'achat ou le financement des investissements
spécifiques. La réalisation de ces deux objectifs suppose, selon
Cornell B. A. et Shapiro (1987), la minimisation des
coûts des contrats implicites. Pour minimiser les coûts de ces
contrats, la firme a intérêt à ne pas épuiser ses
capacités d'autofinancement et d'endettement avant la date à
laquelle elle doit honorer ses contrats implicites. En effet, à cette
date, l'émission d'actions peut être très coûteuse.
Ainsi, contrairement au modèle de Myers et Majluf, la
hiérarchie soutenue est donc : autofinancement, augmentation du capital
et endettement, en dernier ressort.
La conclusion ci-dessus, bien que contradictoire à
l'ordre de financement proposé par Myers et majluf, et par Donaldson,
constitue un regain d'intérêt sur le débat du financement
hiérarchique. Elle nous oblige à examiner plus en profondeur, la
contribution des uns et des autres à l'éclaircissement de la
théorie du financement hiérarchique. Myers et Williamson ont
proposé des modèles plus célèbres.
Dans son modèle ; Williamson O. (1988)
suppose qu'afin de rendre viable à long terme la relation contractuelle
entre les parties au contrat (actionnaires, dirigeants et créanciers),
il est nécessaire d'effectuer des perpétuels ajustements ex-post.
Dans ce cadre, la dette et l'augmentation de capital ne sont plus à
considérer seulement comme des sources de financement, mais aussi comme
moyens permettant de réaliser plus au moins ces ajustements.
Si l'actif est spécifique, l'augmentation de capital
(avec une diffusion de titres qui ne soit pas trop importante) est plus
efficace que l'endettement pour réaliser les ajustements des contrats
liant la firme aux apporteurs de capitaux, puisque si l'investissement
spécifique est par exemple un projet de recherche et de
développement, les actionnaires toléreront davantage que les
prêteurs le fait qu'il ne dégage pas la rentabilité
escomptée dans les délais prévus. Par contre, si l'actif
n'est pas spécifique, l'endettement qui est une formule de financement
plus simple, parait plus approprie.
Donc selon Williamson, la spécificité de l'actif
reste la caractéristique clé expliquant le choix d'un mode de
financement et la structure financière. Williamson O.
(1988) avance en plus l'idée séduisante que,
contrairement à l'approche conventionnelle qui considère au
départ une firme entièrement financée par fonds propres et
recherche ensuite des justifications à l'usage de la dette, il faudrait
considérer la dette comme l'instrument « naturel » de
financement et les fonds propres comme la solution de dernier ressort.
Dans le modèle de Myers S.C. (1999),
celui-ci conçoit la firme comme une coalition recherchant à
augmenter le volume des fonds propres et du surplus organisationnel
(c'est-à-dire son pourvoir de redistribuer au personnel des
bonifications). Dans ce cas, l'augmentation de capital sera
préférée à l'endettement s'il est nécessaire
de recourir à un financement externe. Mais, il
considère que pour financer des investissements, la firme
préfère conserver des bénéfices plutôt que de
recourir à une augmentation de capital qui obligerait à
distribuer des dividendes supplémentaires. Donc, dans ce cas, la firme
privilégie l'autofinancement à l'augmentation de capital. Ainsi
Myers S.C. (1999) conclut que chaque firme applique une
hiérarchie entre les financements de la manière suivante :
d'abord l'autofinancement, ensuite l'augmentation de capital et la
dette en dernier ressort ; ce qui est contradictoire avec le
modèle de Myers S.C. et Majluf N.S. (1984).
Il en ressort des enseignements sur la typologie des
dirigeants. Cette typologie a d'ailleurs fait l'objet d'une étude
particulière chez Remaud H. (2001) qui a ainsi pu
classer les comportements types des dirigeants en trois
catégories :
· Le dirigeant au comportement
"patrimonial" qui préfère s'endetter,
pour financer ses investissements, plutôt que s'autofinancer ;
· Le dirigeant au comportement
"entrepreneurial" plutôt proactif, est
prêt à ouvrir son capital ou à faire appel à
l'extérieur, afin de conserver son autonomie de
décision ;
· Le dirigeant au comportement
"managérial" dont les objectifs entrent en
concurrence avec ceux des actionnaires qui l'ont nommé aux commandes de
l'entreprise.
Toutefois, l'objectif du dirigeant, qu'il soit
managérial, entrepreneurial ou partenarial, reste de créer de la
valeur. La valeur ainsi créée peut être destinée
à l'actionnaire seul ou à l'ensemble des parties prenantes. Il
peut également s'agir d'une valeur stratégique ou
concurrentielle. Quelle que soit la typologie retenue, la mise en oeuvre de
politiques RSE présente des enjeux de création de valeur
importants.
Section 2 : ENJEUX DES ACTIVITES EXTRA-FINANCIERES
POUR
LA CREATION DE VALEUR
La mise sur pied de politiques RSE revêt des enjeux qui
se situent aussi bien au niveau opérationnel (court terme) qu'au niveau
stratégique (long terme). Au niveau opérationnel, l'enjeu RSE
dans une logique de création de valeur se traduit en termes de
couverture du risque de réputation. Tandis qu'au niveau
stratégique, cet enjeu se traduit plutôt en termes de performances
économique et financière (donc de création de valeur).
Dans cette section, nous nous proposons de dégager les liens
théoriques entre RSE et risque de réputation d'une part ; et
d'autre part, entre RSE et performance économique et
financière.
II - 1 - Des modèles de la création de valeur
à la couverture du risque de réputation
La mise en oeuvre de la responsabilité
sociétale au sein des entreprises génère des coûts
supplémentaires. Dans cette perspective, rien aujourd'hui ne peut
déterminer le type d'investissement RSE qu'il serait rationnel de
réaliser. Cependant, Mc Williams A. et Siegel D. (2001)
jettent les bases d'une RSE rationnelle basée sur la maximisation du
profit à travers une série d'hypothèses en termes de
coûts/avantages de la RSE Mail, il est à noter que tout ceci se
fait dans un objectif de création de valeur. Au juste, de quelle valeur
s'agit-il ?
II - 1 - 1 - Les différentes variantes de la
création de valeur
Plusieurs approches de la création de
valeur existent. Elles se distinguent selon qu'elles sont créées
pour les actionnaires (valeur actionnariale), pour l'ensemble des parties
prenantes (valeur partenariale), pour faire face aux concurrents (valeur
stratégique) ou simplement pour améliorer la qualité du
management (valeur organisationnelle).
II - 1 - 1 - 1 - Le modèle
« shareholder value » : une approche
dépassée
Le modèle qui fait de la valeur actionnariale
l'indicateur unique de performance des dirigeants correspond à
l'approche contractuelle du droit américain et anglais des
sociétés (COB, 2000). L'entreprise appartient
aux actionnaires qui choisissent les dirigeants et leur délèguent
le pouvoir de gérer celle-ci pour maximiser la valeur des actions.
Aussi, comme l'affirme si bien Desbrières P. et
Mercier S. (2001), les théories de la nouvelle gouvernance
d'entreprise et de l'agence se sont intéressées à ce
nouveau rapport entre actionnaire et dirigeant, et leurs conclusions ont
conduit à proposer un nouvel équilibre des pouvoirs plus
favorable à l'actionnaire. Mais, sur la base de quel indicateur va-t-on
valoriser la valeur pour l'actionnaire ?
Dans un contexte de marché financier très peu
développé comme celui des pays les moins avancés, la
valeur actionnariale se limite au résultat obtenu par la firme
(dividende). Ce dividende est traditionnellement réparti entre les
actionnaires après affectation d'une part en réserves et
constitution (ou extinction) éventuelle d'un report à nouveau.
Cependant, la valeur actionnariale reste une approche
« égoïste » de mesure de la valeur
créée car, elle exclue les autres acteurs qui contribuent
directement (managers et salariés), ou indirectement à
créer des richesses pour l'entreprise (les autres stakeholders). Une
conception plus complaisante de la création de valeur est la valeur
partenariale.
II - 1 - 1 - 2 - Le modèle
« stakeholders value » : une approche
conciliante
Ce modèle est proche du droit des
sociétés français, qui fait de l'intérêt
social la "boussole de l'entreprise" (Dial J. et Murphy K.,
1995). Cette perspective implique que l'analyse de la création
de la valeur est indissociable de sa répartition. Elle attire
également l'attention sur les possibilités de transfert entre
parties-prenantes.
Ainsi, pour Igalens, J. et Gond J.P. (2003),
la création de valeur pour les actionnaires ne représente une
véritable création de valeur que si elle ne se fait pas au
détriment d'une autre catégorie de parties-prenantes. C'est le
cas par exemple pour les salariés, les sous-traitants et les clients.
Cette dernière remarque repose la question de la mesure de la
performance en liaison avec le processus de création de valeur. Car, une
mesure fondée exclusivement sur l'enrichissement des actionnaires peut
entraîner une désincitation, un découragement voire
même une frustration des salariés ; or, il est vraisemblable que
ces derniers jouent un rôle déterminant dans la constitution du
capital spécifique à l'origine même de la création
de rentes.
Cet aspect de la création de valeur a
déjà été mis en exergue dans la conception
pluraliste de la gouvernance d'entreprise. Outre les valeurs partenariales et
actionnariales, d'autres approches de la création de valeur ont
également été proposées.
II - 1 - 1 - 3 - Les dimensions stratégiques et
organisationnelles de la création de valeur
Même si on peut regretter que ces approches ne
bénéficient pas du même intérêt que celui
porté actuellement aux approches shareholders et stakeholders, la
création de valeur en tant qu'outil du management stratégique est
essentielle pour améliorer l'efficience et l'efficacité de
l'entreprise.
La valeur stratégique (ou concurrentielle) a trait aux
relations de l'entreprise avec son environnement. Cette approche
privilégie l'idée selon laquelle pour faire face à la
concurrence, l'entreprise doit non seulement satisfaire directement la
clientèle (politique de prix abordable), mais également, elle
doit mener des activités extra-économiques susceptibles de
préserver cette clientèle et d'accroitre sa part de
marché. Dans cette perspective, des auteurs comme Etoundi G.
(2010) et Carroll A.B. (1999) ont pu mettre en
exergue, l'impact des activités extra financières (notamment de
responsabilité sociétale) sur le management et la
compétitivité d'une part (Etoundi G.) et la performance
sociétale d'autre part (Carroll A.B.).
La valeur organisationnelle quant à elle, se rapporte
à la qualité du management et du fonctionnement de l'entreprise.
Il s'agit d'une analyse approfondie de la valeur partenariale qui a
été effectuée par Charreaux G. et Desbrieres P.
(1998). Elle remet au devant de la scène, l'importance
grandissante du salarié dans le processus de création de valeur.
La performance des employés de l'entreprise se répercute
directement sur sa capacité à créer de la richesse. Si tel
est le cas, les salariés méritent bien une certaine
reconnaissance (primes, gratifications, tantièmes, etc.) de la part des
propriétaires. Car, comme le souligne Etoundi G. (2010)
« une part de l'actionnariat doit être détenue par les
salariés, car cela constituerait une source d'émulation et un
moyen d'implication à l'atteinte des résultats ».
Les conceptions partenariales,
stratégiques et organisationnelles de la création de valeur
traduisent la volonté du gouvernement d'entreprise, de créer une
valeur pérenne en entreprise. Un tel objectif n'est possible que si les
dirigeants d'entreprises adoptent des comportements RSE qui garantissent la
création de richesse à long terme. Toutefois, les investissements
RSE engendrent des coûts supplémentaires à court terme dont
l'acceptation réside dans la couverture de ce qu'il convient d'appeler
le « risque de réputation ».
II - 1 - 2 -RSE et risque de réputation, un
enjeu opérationnel de création de valeur
C'est à ce niveau qu'est ressentie de
manière la plus forte, la contradiction entre RSE et profit à
court terme. Les procédures et outils auxquels les entreprises peuvent
avoir recours pour infléchir les décisions correspondantes sont
encore peu analysés (Crifo P. et Ponssard J-P., 2008).
Mais, on peut s'appuyer sur la balanced scorecard26(*) permettant d'inscrire les
nouveaux enjeux dans les tableaux de bord. Cependant, l'arbitrage entre
critères financiers et non financiers à court terme demeure le
problème central.
Le lien entre réputation et qualité est
clairement établi par Shapiro (1983). La
réputation d'une firme produisant un bien déterminé est
liée à la qualité constatée par les consommateurs
après leur acte d'achat. Pour Epstein M. et Cornelius P. (2003),
la réputation correspond donc à la qualité
passée avec une temporalité qui peut différer. Pour
Shapiro (1983), la réputation à la
période t est égale à la qualité constatée
par les consommateurs à la période t-1.
Ainsi, une firme qui s'interroge sur sa réputation
à la période suivante et craint la survenance future d'un
évènement négatif, pourra être tentée de
réaliser un investissement en RSE pour ne pas perdre l'ensemble de sa
réputation. Formellement, Cardebat J-M et Cassagnard P. (2008)
proposent d'attribuer une probabilité 1 - á
au fait qu'une firme conserve à la période suivante,
l'intégrité de sa réputation précédemment
acquise. Ici, á représente la probabilité
de l'occurrence d'un évènement négatif lui faisant perdre
sa réputation passée et ne lui laissant, à la
période suivante, que l'investissement en RSE qu'elle pourrait du coup
consentir pour se courir d'autres évènements négatifs.
Dès lors, ils définissent la réputation anticipée
Rt+1 d'une firme de la manière
suivante :
Rt+1 = (1 - á).Rt +
á.RSE
Cette formule marque l'ascendant d'une RSE dite
« proactive » sur une RSE dite
« réactive ». En effet, Bénabou R. et
Tirole J. (2006) montrent par exemple que les motivations à
adopter des comportements `pro-sociaux' peuvent s'ancrer dans la volonté
de créer une bonne image de soi, vis-à-vis de soi même mais
aussi vis-à-vis des autres, un facteur de réputation d'autant
plus important que le comportement est public et mémorable. Vue sous cet
angle, la RSE comme couverture du risque de réputation semble constituer
un chemin intermédiaire vers la performance globale de l'entreprise, et
plus précisément la performance économique.
Nombreuses sont les études qui ont essayé
d'établir le lien entre RSE et performance économique. Dans les
développements qui vont suivre, nous allons remonter ces travaux afin
d'établir le lien théorique qui existerait entre RSE et
performance dans une perspective de création de valeur.
II - 2 - Contribution de la littérature à la
clarification du lien RSE-Création de Valeur
Etudier la relation entre RSE et création de valeur
renvoie encore à explorer le lien entre responsabilité
sociétale et performance. La performance en elle-même est un
concept vague qui revêt plusieurs volets : performance
économique, performance financière, performance sociale, etc.
S'il est acceptable que le lien entre responsabilité sociétale et
performance sociale n'est plus à prouver [Carroll A.B.
(1979) ; Wood D. J. (1991)], tel n'est
malheureusement pas le cas pour les performances économique et
financière (et donc, pour la création de valeur). De plus, les
attentes des parties intéressées par rapport aux
responsabilités de l'entreprise sont multiples et variées.
Comment pourrait-on, en même temps concilier les attentes des PP et
créer de la valeur pour l'entreprise ?
Dans cette section, nous allons dans un premier temps
présenter les attentes des différentes parties
intéressées par les responsabilités de l'entreprise ;
et dans un deuxième temps, nous allons présenter la
synthèse des travaux précédents sur le lien entre RSE et
création de richesse.
II - 2 - 1 - Rapprochement des attentes des parties
intéressées par la RSE
Parlant des parties
intéressées par les responsabilités de l'entreprise, il
s'agit non seulement des stakeholders (PP), mais également, des
shareholders (actionnaires).
En effet, la RSE, comme le développement durable,
comporte trois aspects de responsabilité : économique,
sociale et environnementale. Conformément à la figure ci-dessous,
les stakeholders et les shareholders ont des préférences
variables vis-à-vis de ces trois volets de RSE.
Responsabilité économique
Figure 2.1 : Préférences de
shareholders et stakeholders aux volets de la RSE
Responsabilité sociale
Shareholders
Responsabilité environnementale
Stakeholders
Source : Revue de la littérature sur la
RSE
L'observation de la figure ci-dessus nous montre que les
shareholders ont une préférence forte pour l'aspect
économique de la RSE, contrairement aux stakeholders qui
préfèrent plus les aspects sociaux et environnementaux de la
RSE.
Capron M. et Quairel-Lanoizelée F. (2004)
ont apporté, de manière synthétique, un
éclairci sur la convergence des attentes des différentes parties
intéressées par les responsabilités des entreprises. Ces
attentes ont été résumées dans le tableau
ci-dessous :
Tableau 2.1 : Attentes des parties
intéressées par rapport aux responsabilités de
l'entreprise
|
Economique
|
Environnement
|
Social
|
Actionnaires et propriétaires
|
Résultats financiers
|
Ethique, maîtrise des risques. Anticipation et
transparence
|
Maîtrise des risques liés à l'image,
anticipation et gestion de crise
|
Pouvoirs publics
|
Contribution à la richesse nationale et locale
|
Respect réglementation
|
Respect de la réglementation en matière de droit
du travail
|
Financiers / banques
|
Pérennité économique, besoin en fonds de
roulement
|
Maîtrise des risques environnementaux et de leurs impacts
financiers
|
Anticipation sur les besoins de reclassement afin d'en limiter
les coûts
|
Assureurs
|
Charges de réparation
|
Maîtrise des risques
|
Accidents du travail y compris des sous-traitants
|
Employés et syndicats
|
Equité sociale, rémunération
|
Respect de l'environnement local
|
Motivation, consultation interne, formation,
développement employabilité
|
Clients
|
Garantie, qualité
|
Consommation de ressources
|
Ethique, commerce équitable
|
Fournisseurs
|
Relations de partenariat long terme
|
Formalisation des spécifications techniques
|
Formalisation des exigences éthiques et
déontologiques
|
Sous-traitants
|
Rémunération équitable information des
perspectives de développement et de la pérennité de la
collaboration
|
Définition claire des exigences environnementales sur
les produits et sur les processus
|
Formalisation des exigences en matières de conditions de
production et des modes de contrôle et d'audit
|
Distributeurs
|
Maîtrise des marges concurrence
|
Réduction des déchets d'emballage des transports.
Prise en compte des aspects environnementaux
|
Développement de produits éthiques
|
Consommateurs
|
Juste prix
|
Respect de l'env et information
|
Respect du droit social
|
Concurrents
|
Benchmarks
|
Respect des règles de protection
|
Respect du droit de la concurrence, éthique, absence de
dumping social
|
Communautés locales et
territoiriales
|
Perennité de l'entreprise
|
Information et transparence. Réduction des nuisances
|
Prise en compte des attentes locales, participation à la
vie locale. Acteur du bassin d'emploi.
|
ONG
|
Transparence
|
Engagement dans la protection de l'environnement
|
Respect des droits de l'homme et traités
internationaux
|
Source : Capron M. et Quairel-Lanoizelée
F. (2004), Mythes et réalités de l'entreprise responsables,
résumé de l'ouvrage par Peyron V. (2005 - 2006).
La lecture ce tableau montre qu'au niveau
des responsabilités économiques, les aspirations des parties
intéressées par la RSE sont nettement divergentes.
Employés et syndicats visent la rentabilité, tandis que les
clients et les consommateurs, plaident pour la qualité, la
garantie et le juste prix. Les actionnaires recherchent la
rentabilité financière tandis que les pouvoirs publics aspirent
plutôt à la richesse de la nation (impôts et taxes).
S'agissant des responsabilités sociales et
environnementales, les préférences des parties
intéressées convergent très fortement. Elles s'expriment
toutes en termes d'éthique, de respect de la réglementation, de
qualité de l'information et de transparence.
Les points de convergence entre shareholders et stakeholders
ayant été mis à jours, il ne reste plus qu'à
remonter le corpus théorique sur le lien probable entre RSE et
création de valeur.
II - 2 - 2 - Le bouclage responsabilité
sociétale et création de valeur
La création de valeur
est un concept de performance, notamment de performance globale.
Celle-ci regroupe les performances sociétales, économiques et
financières. Dans cette sous-section, nous analysons l'incidence de la
RSE sur la création de valeur sous l'angle de la performance
financière. Les travaux de recherche sur le lien entre RSE et
performance (financière et économique) n'ont jusqu'ici, abouti
à aucun consensus. Certains aboutissent à un lien positif,
d'autres y voient plutôt une relation négative, tandis qu'une
troisième catégorie d'auteurs n'établissent aucun lien
entre RSE et valeur créée.
Il est important ici de noter que l'analyse de l'incidence de
la RSE sur la création de valeur est une tâche ambiguë. Elle
consiste dans un premier temps à étudier l'incidence de la RSE
sur la performance globale ; puis, à vérifier si la
performance identifiée ou la valeur créée, est compatible
avec l'intérêt social de l'entreprise.
Dan ce paragraphe, nous analysons
premièrement le lien négatif entre RSE et création de
valeur ; par la suite, nous analysons la situation de neutralité
entre RSE et création de valeur ; enfin, nous abordons la RSE comme
levier de création de valeur.
II - 2 - 2 - 1 - La thèse classique :
absence de lien entre RSE et création de valeur
Cette hypothèse fait référence à
la thèse classique de Friedman M. (1962, 1970) selon
laquelle la RSE est une charge que l'on doit veiller à éliminer
dans une entreprise capitaliste. L'intitulé de l'une de ses parutions en
1970 indique son hostilité au concept de responsabilité
sociétale27(*). En
d'autres termes, la RSE génère des coûts
supplémentaires qui pourraient à terme détériorer
la rentabilité financière.
En se référant à la thèse des
économistes néoclassiques, en l'occurrence Friedman
(1962, 1972), ce genre d'investissement, même s'il
génère des profits qui sont de loin plus faibles que les charges
engagées. D'où la réduction de la profitabilité, ce
qui peut provoquer le mécontentement des actionnaires. Ce constat a
été également confirmé par Aupperle et al.,
(1985), qui concluent que les activités sociales tels que la
donation aux charités, la protection de l'environnement et le
développement des communautés dissipent plus des ressources et
génèrent des coûts supplémentaires, ce qui
désavantage l'entreprise par rapport à ses concurrents les moins
engagés dans les actions sociales.
Parallèlement, Balabanis G., Phillips H.C. et
Lyall J. (1998) fournissent un argument qui remet en cause les
avantages qu'une firme pourrait s'en procurer en étant socialement
responsable. Les auteurs suggèrent que les investissements en RSE
diminuent les fonds alloués pour d'autres activités
économiquement plus profitables. Néanmoins, d'autres recherches
renvoient le lien négatif à des anomalies méthodologiques
et en particulier les outils de mesure de la création de valeur.
L'association négative est due à l'usage des
variables liées au marché comme mesure de performance
financière (Griffin, J.J. et Mahon J.F., 1997). A ceci,
nous pouvons ajouter le fait que ces études sont réalisées
dans des contextes différents sur des échantillons souvent de
très petites tailles (études casuelles).
Notons également que le nombre d'études qui
débouchent sur un lien négatif est très réduit. A
cet effet, Margolis, J. et Walsh J. (2003) recensent 127
études traitant le sujet en question, ils trouvent que 8 uniquement
d'entre elles prévoient une corrélation négative entre les
deux dimensions. Malgré cette très faible tendance, on peut
être amené à accepter l'existence d'un lien négatif
entre RSE et création de valeur. Mais certains de ces travaux sont
d'autant plus surprenants qu'ils aboutissent à l'absence de lien entre
RSE et valeur créée.
II - 2 - 2 - 2 - La thèse de la
neutralité entre RSE et création de valeur
Les adeptes de la thèse de la neutralité
suggèrent que la responsabilité sociétale et la
création de richesse sont deux concepts totalement distincts.
Ullmann, A. (1985) souligne que le lien existant provient du
pur hasard. La corrélation existante est engendrée, selon
l'auteur, par des variables intermédiaires qui interviennent d'une
façon imprévisible et qui permettent de relier ces deux concepts.
Parallèlement, Waddock, S. et Graves S.B.
(1997) soulignent que les problèmes méthodologiques dans
l'opérationnalisation de la RSE ont tendance à masquer le lien.
Il fait sans doute référence aux différences d'acceptions
de la RSE selon le milieu géographique, la culture d'entreprise et, dans
une certaine mesure, les aspirations personnelles des dirigeants.
Plusieurs travaux empiriques récents n'envisagent aucun
lien entre ces deux concepts. C'est le cas d'Aupperle et al., (1985)
ou de Balabanis G., Phillips H.C. et Lyall J. (1998)
qui y voient un lien négatif ou nul. D'autres comme Cochran,
P.L. et Wood R.A. (1984), stipulent que le lien est trop faible voire
inexistant. Toutefois, le recensement de Margolis, J. et Walsh J. (2003) montre
que la tendance est très forte pour une relation positive entre RSE et
performance financière.
II - 2 - 2 - 3 - L'hypothèse du lien positif
entre RSE et création de valeur
Cette hypothèse a trait à la théorie des
parties prenantes selon la quelle la RSE aurait un impact positif sur la
performance globale. En effet, la RSE est un moyen pour l'entreprise de
répondre efficacement aux demandes des diverses parties prenantes. Ceci
est de nature à regagner leur soutien et par conséquent,
améliorer la rentabilité (Balabanis G., Phillips H.C. et
Lyall J., 1998). C'est d'ailleurs le cas pour les clients, qui restent
fidèles aux entreprises ayant fait preuve de bonnes pratiques de RSE.
De plus, La CNUCED a recensé sept
points essentiels correspondant aux différents gains possibles de
l'entreprise qui s'engage dans une démarche sociétale. On y
retrouve l'amélioration des résultats financiers, la
réduction des coûts d'exploitation, l'amélioration de
l'image et de la réputation, l'accroissement des ventes et la
fidélisation de la clientèle, les gains de productivité et
de qualité, l'aptitude à attirer et à retenir la main
d'oeuvre, et le relâchement du contrôle administratif. Cette
multiplicité des gains possibles entre RSE et performance globale a
également été soulignée par Freeman R. E.
(1984) qui voit en la RSE, un moyen de satisfaction des parties
prenantes économiquement profitable.
Dans le même ordre d'idées, Waddock S.
et Graves S.B. (1997) montrent qu'un comportement
social de l'entreprise contribue à sa rentabilité (qui constitue
un élément de création de valeur), et que l'inverse est
aussi possible. Vue sous cet angle, la RSE se présente comme une
contrainte de la création de valeur.
Pour leur part, Mc Williams A. et Siegel D.
(2000) voient en la RSE, un outil stratégique qui permet aux
entreprises de battre leurs concurrents sur les marchés et de maximiser
ainsi leur profit. Tel est également le point de vue de Etourdi
G. (2010) qui analyse la RSE comme un facteur influençant
positivement le management et la compétitivité des
entreprises.
Ainsi, Il existe une lignée de travaux qui confirme
lien positif entre les deux composantes. Les énumérer de
manière exhaustive serait utopie. Allouche J. et Laroche P.
(2005) recensent 82 recherches, 75 d'entre elles ont trouvé un
lien positif, c'est le cas de Margolis, J.D. et Walsh J.P.
(2003) qui ont dénombré 54 sur 127 études
confirmant ce lien positif. Mais, la question qui reste posée est celle
du contexte dans lequel de telles études ont été
réalisées. Car, le nombre d'études confirmant ce lien
positif aurait pu être encore plus conséquent dans un milieu
géographique donné (Europe, USA ou Afrique du Nord et Afrique du
Sud par exemple).
Afin de se prémunir contre les risques de
réputation, il conviendrait de mettre en place un système de
gouvernance d'entreprise comportant une gestion anticipative des risques, une
écoute des parties prenantes et une communication sans
détours (Faverjon C. et Marion A., 2005). La
gouvernance d'entreprise acquiert ainsi une vocation plus large.
Hormis sa dimension traditionnelle couvrant l'ensemble des
processus, lois et institutions influant la manière dont l'entreprise
est dirigée, administrée et contrôlée, la
gouvernance d'entreprise pourrait inclure également les relations entre
les différents stakeholders. Comme le souligne Charreaux G.
(1997), les acteurs principaux sont les actionnaires, la direction et
le conseil d'administration. Les autres parties prenantes incluent les
employés, les fournisseurs, les clients, les banques et les autres
prêteurs, l'environnement et la communauté au sens large.
Il devient ainsi aisé de distinguer deux modes de
gouvernance dont le degré de prégnance varie selon qu'il s'agisse
des sociétés cotées ou non cotées (Epstein
M. et Cornelius P., 2003) :
· Le premier mode de gouvernance puise ses fondements
dans la « shareholder theory ». Ce mode de
gouvernance privilégie la création de valeur pour
l'actionnaire ;
· Le second mode de gouvernance fonde ses principes dans
la « stakeholder theory » et devrait contribuer
à l'émergence d'une vision partenariale et coopérative
favorisant l'ancrage des parties prenantes autour de l'entreprise.
Ce deuxième type de gouvernance contribue à la
formation et au développement du capital financier, mais aussi du
capital humain (compétences individuelles, expérience, savoir
faire collectif) et organisationnel (capacités organisationnelles
résultant du travail de coopération et de la transformation
progressive du savoir tacite en savoir explicite) eux aussi sources de
création de valeur.
Nous venons, tout au long de cette section, d'effectuer un
briefing de la littérature sur l'étude du lien entre
responsabilité sociétale et création de valeur. Il en
ressort de cette littérature que de nombreux travaux ont abordé
cette relation de manière plutôt indirecte. Les études sur
la possibilité de la RSE à créer de la valeur ont
été abordées plutôt sous l'aspect de la performance,
notamment la performance financière. Il en ressort que cette relation
est tantôt positive, tantôt négative, et parfois neutre.
Ce chapitre, sur le construit théorique du lien entre
responsabilité sociétale de l'entreprise et création de
valeur, nous a permis de découvrir les différents
résultats des travaux précédents sur le thème. Pour
y parvenir, nous avons abordé nos deux concepts sous l'angle de la
gouvernance d'entreprise, car RSE et création de valeur remettent au
devant la scène, la situation conflictuelle qui a toujours existé
entre managers et propriétaires. C'est ainsi que nous nous sommes servis
des théories de l'agence, du financement hiérarchique et des
signaux pour comprendre comment la RSE pouvait constituer un levier de
création de valeur pour les mandataires (dirigeants).
Cette première partie, en quête de sens de la
relation RSE - création de valeur nous a permis non
seulement d'appréhender les contours inhérents à la
pratique de responsabilité sociétale de l'entreprise, mais
également, d'envisager son irruption dans la gouvernance d'entreprise en
vue de créer de la valeur. En effet, après avoir
développé les domaines, les instruments, les enjeux, et les
avantages inhérents à la RSE comme levier de création de
valeur, nous avons résumé quelques résultats qui ont
précédés ce travail et dont l'intérêt portait
sur le lien entre RSE et performance globale. Il en ressort que cette relation
est tantôt négative, parfois neutre, et le plus souvent
positive.
Nous nous sommes donc inspirés du contenu
théorique de cette première partie pour formuler nos
hypothèses de recherche et développer la deuxième partie
intitulée de notre travail : responsabilité
sociale de l'entreprise et création de valeur : une relation
valorisée.
Deuxième partie
RESPONSABILITE SOCIETALE DE L'ENTREPRISE ET CREATION DE
VALEUR : UNE RELATION DEVOILEE
A une époque où L'ancrage des activités
RSE dans les attitudes managériales des entreprises est de plus en
plus perceptible, nombreux sont les auteurs qui s'intéressent
désormais au lien qui existerait entre RSE et création de
richesse. Nous nous sommes servis des écrits de ces auteurs pour
parachever la première partie de ce travail de recherche. Nous avons
ainsi pu cerner les différents aspects de la relation qui existerait
entre responsabilité sociétale et création de valeur. Il
en ressort une relation tridimensionnelle : négative, neutre ou
positive. Toutefois, ces différents aspects de la relation entre RSE et
création de valeur sont issus d'un construit uniquement historique.
Cette partie, purement empirique, vise à
présenter le lien entre politiques RSE et création de valeur dans
un contexte particulier. Pour y parvenir, nous avons mené une
étude expérimentale sur deux catégories de parties
prenantes : les parties prenantes internes (les salariés) et les
parties prenantes externes (les sous-traitants, clients, fournisseurs, ONG et
l'ensemble de la société civile). L'objectif ici est de savoir si
la RSE comme levier de création de valeur, crée de la richesse
uniquement pour les actionnaires (valeur actionnariale) ou pour toutes les
parties prenantes (valeur partenariale). Cette partie, également
divisée en deux chapitres, décrit entièrement la
démarche adoptée lors de la collecte, de l'analyse et de
l'interprétation des résultats (chapitre 3) ; puis, met en
exergue la contribution de la RSE à la création de valeur.
Chapitre 3
DEMARCHE D'IDENTIFICATION DES PRATIQUES DE
RESPONSABILITE SOCIETALE COMME LEVIER DE CREATION DE VALEUR
Le présent travail de recherche vise principalement,
à déterminer l'impact de la RSE sur la création de valeur.
Pour atteindre cet objectif, nous avons mené une étude
expérimentale auprès des différentes parties
intéressées par les activités des entreprises de
différents secteurs afin de corroborer ou d'invalider nos
hypothèse qui présupposent l'existence d'un lien positif entre
RSE et création de valeur. Ce chapitre effectue une présentation
succincte des entreprises dont les parties prenantes ont été
interrogées (section 1) et présente justifie par la suite
démarche méthodologique qui nous a permis d'aboutir à nos
résultats (sections 2).
Section 1 : PRESENTATION DU CHAMP D'APPLICATION ET
CONSTITUTION DE L'ECHANTILLON
Cette section a pour but de présenter les secteurs
d'activités des entreprises dont les parties prenantes ont
été interrogées et surtout, de présenter les
techniques qui nous ont permis de constituer nos différents
échantillons. En effet, il s'agit d'entreprises multinationales des
secteurs industriels et de service, dont la place prépondérante
dans l'économie camerounaise n'est plus à démontrer. Nous
présentons d'abord le terrain d'investigation avant de nous attarder sur
la technique d'échantillonnage.
I - 1 - Champ d'investigation : multinationales des
secteurs industriels et de service
Les entreprises multinationales sur
lesquelles nous avons mené nos enquêtes sont principalement issues
des secteurs de service (02) et industriel (04). Outre les raisons de
continuité des travaux que nous avons précédemment
effectués sur ces entreprises, d'autres mobiles, notamment
économiques et sociaux, nous ont également motivé à
opter pour ces entreprises. Nous y revenons dans les sous-paragraphes
ci-dessous.
I - 1 - 1 - Place des multinationales dans
l'économie camerounaise
Depuis le début des 1980, conformément aux
exigences des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), on a assisté
à un retrait massif des Etats de la gestion des entreprises publiques au
profit des firmes multinationales. Le Cameroun n'en fait pas une exception.
Dans cette sous-section, nous allons premièrement
présenter la spécificité des multinationales au
Cameroun ; par la suite, nous justifions le choix de cette
catégorie d'entreprises comme sujets de l'étude de cas.
I - 1 - 1 - 1 - Spécificité des
entreprises multinationales
Une multinationale peut être définie comme de
grande entité représentée dans plusieurs pays par de
nombreuses filiales. Leur multiplication a connu son plus grand succès
dans les pays les moins avancés caractérisés par le
coût relativement bas des matières premières et des
unités de production (main-d'oeuvre).
Les filiales implantées à l'étranger
subissent généralement le contrôle (direct ou indirect) de
la société-mère. Ainsi, les pratiques managériales
des multinationales implantées au Cameroun sont
généralement celles des entreprises de tutelle situées
à l'étranger. Aussi, dans la plupart des cas, la
société-mère possède des actions (majoritaires)
dans chacune de ses filiales et cela lui confère un droit ou un pouvoir
de contrôle variant en fonction de certaines modalités
particulières à leur création).
Ainsi, le choix des multinationales comme population cible
pour l'étude des cas à été motivé par
plusieurs raisons sur lesquelles nous revenons dans le paragraphe suivant.
I - 1 - 1 - 2 - Raison du choix des multinationales
comme population de la recherche
Trois principales raisons ont motivé le choix des
multinationales comme population appropriée pour ce travail de
recherche : elles sont premièrement économiques,
sociétales et surtout pragmatiques.
S'agissant des raisons économiques,
les multinationales sont très fortement
représentées dans l'économie camerounaise. En effet, en
2008, elles représentent 36% des entreprises installées au
Cameroun28(*) . Elles sont
en outre réparties dans différents secteurs d'activité
comme suit : les services (36%), l'industrie (25%), le secteur primaire
(18%), le commerce (15%), et le secteur du bâtiment et des travaux
publics (3%). Les secteurs des services et de l'industrie étant ceux qui
semblent les attirer le plus (de par leurs pourcentages élevés),
nous avons retenu les entreprises MTN, Orange, Nestlé, SCR Maya, SABC et
Guinness comme champ d'investigation.
S'agissant des raisons sociétales, on
peut noter que ces entreprises ont une culture orientée vers des
engagements sociaux et environnementaux remarquables. Aussi, partant du fait
que leurs filiales camerounaises subissent l'influence notoire des
sociétés-mères, ces activités
extra-économiques font nécessairement partie de leur quotidien.
On a d'ailleurs remarqué qu'elles adaptent ces activités extra
financières au contexte camerounais marqué au départ par
un taux de chômage élevé, une pollution non
négligeable de la couche d'ozone, en bref, par l'absence de
véritables pratiques responsables d'entreprises.
Enfin, les raisons pragmatiques concernent
non seulement les actions RSE, mais surtout, la notion de création de
valeur. En effet, c'est une notion qu'on rencontre dans les grandes entreprises
cotées. Aussi, face à la situation actuelle du marché
financier camerounais qui tarde à prendre son véritable envol, la
création de valeur trouve place dans ces multinationales qui la
conçoivent non pas comme une simple performance financière, mais
comme une véritable performance globale. Performance qui inclus, non
seulement les détenteurs des capitaux, ais également, les
stakeholders qui contribuent directement ou indirectement à créer
de la richesse pour l'entreprise.
Les raisons du choix des multinationales comme population
d'étude ayant été données, il ne nous reste plus
qu'à présenter les différents secteurs auxquels
appartiennent ces multinationales.
I - 1 - 2 - Les secteurs industriels et de service
comme champ d'investigation
Dans ce paragraphe, nous revenons tour
à tour sur l'importance des secteurs de la téléphonie
mobile, des agro-industries et des activités brassicoles pour notre
étude. En effet, quels sont les motifs qui nous ont poussés
à opter pour ces entreprises et non pour d'autres entreprises du
même secteur d'activité ?
I - 1 - 2 - 1 - Le secteur des services : la
téléphonie mobile
Le choix du sous secteur de la
communication, au détriment des établissements financiers, s'est
appuyé sur plusieurs paramètres. Les activités extra
financières du secteur financier, notamment des banques, s'inscrivent
plus dans une logique de politique d'octroi de crédits de complaisance.
Or de tels crédits ont sérieusement affecté la
santé financière des établissements bancaires au Cameroun
pendant les années de crise. De plus, de nos jours, les activités
extra financières des banques s'inscrivent plus dans une logique
d'investissement socialement responsable. Or, cette pratique reste un mythe
dans notre contexte marqué par l'absence notoire de fonds de pensions et
autres investisseurs institutionnels. Pour ces deux raisons, nous avons
écarté l'hypothèse d'inclure les établissements
financiers dans notre champ d'investigation.
On aurait également pu inclure les entreprises de
transport et de tourisme. Mais, s'agissant des transports, malgré les
efforts fournis depuis plusieurs dizaines d'années pour améliorer
et réhabiliter certains axes routiers, ce domaine souffre encore d'un
manque de financements réguliers et de nombreux retards accusés
par certains chantiers. Le tourisme quant à lui reste
sous-développé au Cameroun et très peu attractif pour les
multinationales.
Ainsi, avec l'essor des nouvelles technologies de
l'information et de la communication, le secteur de la
télécommunication, notamment celui de la téléphonie
mobile, connait un succès remarquable. De plus, le choix de ce secteur a
été motivé par la présence de deux grands leaders
de renommée internationale : MTN et Orange. Nous en faisons
d'ailleurs une présentation sommaire.
· MTN Cameroun
MTN Cameroun est la filiale Camerounaise de
la multinationale sud africaine MTN. Elle est née le 15
février 2000, du rachat par le Groupe sud-africain MTN, de la licence de
Camtel Mobile. Son capital de 200 000 000 FCFA est
détenu à 70% par MTN International et à 30% par la
société Camerounaise Broadband Telecom29(*).
MTN Cameroun a toujours souhaité se positionner comme
le leader dans son secteur à travers ses campagnes publicitaires
"provocatrices". On peut notamment citer sa campagne sous le slogan "aucune
offre ne résiste à notre PAS AS YOU GO" qui a fait couler
beaucoup d'ancre, tant l'accroche constituait message marketing dominateur par
rapport à son principal concurrent Orange Cameroun. De plus, MTN se
manifeste par une très forte présence à travers le
Sponsoring et un Branding agressif lors de tous les évènements
auxquels elle participe.
· Orange Cameroun
Le 04 Juin 2002, la Société
Camerounaise des Mobiles (SCM), installée au Cameroun depuis le 29 Mai
1999, change de dénomination sociale et adopte l'appellation de
« Orange ». Orange est une entreprise de service, filiale
de France Télécom, et opérant dans le secteur de la
téléphonie mobile au Cameroun et dont le capital social
excède désormais les 15 010 000 000 FCFA,
I - 1 - 2 - 2 - Le secteur industriel :
l'agro-industrie
Le Cameroun recèle d'importantes ressources naturelles
minières (pétrole, gaz naturel, bauxite, cobalt, nickel, fer) et
agricoles (banane, cacao, café, thé, huile de palme, coton,
bois). Avec une base agro-industrielle, une filière de transformation de
bois de plus en plus intégrée, et une industrie de
matériaux de construction (fer à béton, plastiques,
ciment, peintures) et de biens de consommation (plastiques, savons, produits de
beauté), le tissu industriel du Cameroun est le plus diversifié
d'Afrique Centrale30(*).
Les industries sont implantées essentiellement sur la zone littorale :
Douala, Limbé, Edéa. La plupart de ces entreprises travaillent
exclusivement pour le marché intérieur ; les exportations
manufacturières sont peu développées, et
représentent moins de 10% de l'ensemble des exportations.
Les agro-industries sont le groupe le plus
représentatif du secteur industriel camerounais avec plus de 40% de la
valeur ajoutée industrielle. Dominent dans cette branche, l'industrie
brassicole et d'eau minérale, l'industrie sucrière, l'industrie
laitière, les huileries, la confiserie et la chocolaterie. Raison pour
laquelle, nous nous sommes intéressés aux entreprises
Nestlé et SCR Maya (pour les industries laitières et les
huileries) d'une part, et d'autre part à la Société
Anonyme des Brasseries du Cameroun et à Guinness Cameroun (pour
l'industrie brassicole). Nous effectuons d'ailleurs, ci-après, une
brève présentation de ces entreprises.
· NESTLE Cameroun
Née de la fusion en 1983 entre CAMAD Nestlé et
SOPRAL, société dans laquelle Nestlé détient 49% du
capital, Nestlé Cameroun est à rayonnement sous régional
offrant une gamme de produits alimentaires diversifiés (lait, cubes...).
Bénéficiant ainsi de la popularité de ses produits,
Nestlé peut se réjouir d'être un acteur majeur dans le
tissu industriel Camerounais, notamment dans l'agroalimentaire où
Nestlé est reconnu comme leader mondial. Nestlé Cameroun compte
à ce jour 350 employés permanents et réalise un chiffre
d'affaires annuel d'environ 35milliards de FCFA.
· SCR Maya
La Société Camerounaise de Raffinerie
Maya (SCR Maya) est une entreprise industrielle
spécialisée dans la fabrication des matières grasses
(huile de ménage et savonnerie). Créée en 1988, elle est
située à Bonaberi-Douala, au lieu dit Ndobo (sur la route de
l'Ouest) et est dotée d'au moins 500 employés.
· Société Anonyme des Brasseries du
Cameroun
Les Brasseries du Cameroun, société agro
alimentaire spécialisée dans la fabrication et la distribution
des boissons hygiéniques, est le leader du secteur industriel au
Cameroun. Créée à Douala, le 03 février 1948, elle
devient filiale du groupe Castel en 1990. Avec une production
annuelle de 3 300 000 hectolitres de bière, soit 510 millions
de bouteilles, et de 1 350 000 hectolitres de boissons
gazeuses, soit 240 millions de bouteilles, Les Brasseries du Cameroun
sont le numéro 1 de l'industrie brassicole au Cameroun. Avec
70% du marché des bières, 85% de celui des
boissons gazeuses, 75% du marché de l'eau minérale
naturelle. Leur chiffre d'affaires hors taxes de 165
milliards de FCFA avec 360 actionnaires camerounais.
Un effectif de près de 2000 salariés et plus de
50 000 emplois indirects. Un parc de 220 camions pour la
distribution. 34 000 points de vente au détail.
· Guinness Cameroun
Guinness Cameroun S.A. est une filiale du groupe
Diageo plc, leader mondial des boissons
premiums. Diageo plc est fier de son portefeuille de marques remarquables de
boissons alcooliques de toutes les gammes de spiritueux, de vins et de
bières. Ce portefeuille comporte parmi tant d'autre des marques telles
Johnnie Walker, Guinness, Smirnoff,J&B, Baileys, Cuervo, Taqueray, Captain
Morgan, Crown Royal, Beaulieu Vineyard et Sterling Vineyard wines
Dans le but de satisfaire son ambition d'être
l'employeur de choix et l'entreprise de référence au Cameroun
à l'horizon 2011, Guinness Cameroun lance un programme panafricain,
visant à recruter et à développer des talents africains en
vue de constituer un vivier de futurs leaders. Ce programme,
dénommé Early Career cible les jeunes et brillants
diplômés des Universités et Grandes Ecoles
présentant un fort potentiel, ambitieux, et prêts à
travailler partout en Afrique.
Voila ainsi présentées, en quelques lignes, les
entreprises qui ont constitué les principales cibles sur la base
desquelles nous avons constitué nos différents
échantillons (des parties prenantes internes et externes).
Il est important de rappeler que les entreprises qui viennent
d'être présentées n'ont pas fait l'objet d'une étude
de cas. Il s'agit d'entreprises dont les engagements sociaux et
environnementaux ne sont plus à démontrer. Nous nous sommes donc
intéressés aux enjeux des activités extra
financières de ces entreprises dans une perspective de création
de valeur non seulement pour les actionnaires, mais également pour
l'ensemble des stakeholders. Pour ce faire, nous avons administré deux
questionnaires distincts aux parties prenantes internes (les salariés)
d'une part, et aux parties prenantes externes d'autre part.
Dans le paragraphe suivant, nous revenons sur l'ensemble des
techniques et des procédures qui nous ont guidées dans la
constitution de nos échantillons respectifs.
I - 2 - La réalisation de l'enquête
La population de notre étude est constituée de
l'ensemble des parties intéressées par les activités des
entreprises précédemment présentées. Il s'agit
aussi bien des parties prenantes internes que des parties prenantes externes.
Compte tenu de l'immensité et de la diversité de ces parties
prenantes tant en externe qu'en externe, il serait difficile, voire impossible
d'interroger la population entière. Autrement dit, il est impossible de
réaliser une enquête exhaustive dans le cas précis des
stakeholders.
Ainsi, nous allons réaliser une enquête par
sondage qui consiste à constituer des échantillons
représentatifs de la population des stakeholders internes et externes.
Dans le sous-paragraphe suivant, nous présentons la composition de nos
différents échantillons.
I - 2 - 1 - Constitution des échantillons
Pour analyser la nature du lien entre
responsabilité sociétale et création de valeur, nous avons
jugé nécessaire d'interroger non seulement les salariés de
l'entreprise, mais également les personnes externes à celle-ci
pour deux raisons : l'analyse d'un tel lien du seul point de vue des
salariés ne serait pas objective, car ceux-ci seraient juges et parties.
Aussi, la notion de valeur partenariale ne se limite pas qu'aux seuls
salariés, elle s'étend également à l'ensemble des
stakeholders externes à l'entreprise.
Nous retraçons donc d'abord le chemin qui nous a
permis de constituer l'échantillon des stakeholders internes avant de
nous intéresser à la composition de l'échantillon des
stakeholders externes.
I - 2 - 1 - 1 - Échantillonnage des
stakeholders internes par la méthode non probabiliste
Les multinationales auxquelles nous nous intéressons
étant toutes de grande taille, nous escomptions réaliser des
échantillons représentatifs de la population des employés.
Pour ce faire, nous ne pouvions pas sélectionner les employés au
hasard (méthode probabiliste). Nous devrions donc nous adresser à
des personnes dont les réponses pourraient représenter aussi bien
celles des ouvriers ou simples employés que celles des cadres
supérieurs. Ainsi, nous nous sommes adressées aux cadres moyens
et autres responsables d'équipes de travaux.
Le tableau ci-dessous schématise et synthétise
les différentes phases qui nous ont permis d'aboutir à la taille
actuelle de notre échantillon.
Tableau 3.1 : Constitution de la taille de
l'échantillon des stakeholders internes
Entreprises
|
Questionnaires
|
Taux de réponses
|
Administrés
|
Retournés
|
Exploitables
|
MTN Cameroun
|
15
|
11
|
9
|
60,00 %
|
Orange Cameroun
|
15
|
12
|
6
|
40,00 %
|
Nestlé Cameroun
|
15
|
11
|
9
|
60,00 %
|
SCR Maya
|
15
|
11
|
7
|
46,67 %
|
SABC
|
15
|
10
|
8
|
53,33 %
|
Guinness Cameroun
|
15
|
14
|
5
|
33,33 %
|
?
|
90
|
69
|
44
|
48,89 %
|
Conformément aux données inscrites dans le
tableau ci-dessus, nous avons proportionnellement administré
quatre-vingt-dix (90) questionnaires aux cadres moyens des entreprises
prospectées (soit quinze questionnaires dans chaque entreprise). Il en
résulte un taux de réponse inférieur à la moyenne
(48,89 % = 50,00 %). Ce taux est certes insuffisant, mais le nombre de
questionnaires exploitables (44 questionnaires) est statistiquement valable car
supérieur à la taille minimum d'un échantillon statistique
(44 > 30).
Il convient par-dessus tout, de noter le fort taux
d'abstention des cadres moyens de la Guinness qui nous ont remis 14
questionnaires sur les 15 administrés et dont 5 seulement sont
exploitables. Nuls n'étaient ces forts taux d'abstention (Orange et
Guinness), on aurait obtenu un taux de réponses nettement
supérieur à la moyenne et par conséquent, un
échantillon plus représentatif de la population des stakeholders
internes.
En bref, la taille de l'échantillon des stakeholders
internes est de 44. Qu'en est-il des stakeholders externes ?
I - 2 - 1 - 2 - Échantillonnage des
stakeholders externes par la méthode probabiliste
En général, dans un échantillonnage
probabiliste, les unités de sondage sont tirés de manière
aléatoire. Il peut s'agir d'un sondage aléatoire simple, d'un
sondage statistique ou encore, d'un sondage stratifié. Dans les deux
premiers types de sondage, la liste de toutes les unités constitutives
de la population statistique est nécessaire. Ce qui n'était
déjà pas possible pour l'ensemble des stakeholders externes,
c'est la raison pour laquelle nous avons opté pour un sondage
stratifié.
En effet, nous avons opté pour un sondage
stratifié dans la mesure où la population des stakeholders
externes peut être divisée en groupes homogènes (les
différentes catégories de stakeholders). Par la suite, nous avons
effectué des tirages aléatoires au sein des différents
groupes homogènes pour en constituer notre échantillon. Pour ce
faire, nous avons recensé un ensemble de stakeholders accessibles,
auxquels nous avons administré un questionnaire.
Le tableau ci-dessous reprend de manière
synthétique et schématique, la liste des stakeholders qui ont
constitué notre échantillon :
Tableau 3.2 : Constitution de la taille de
l'échantillon des stakeholders externes
Stakeholders externes prospectés
|
Questionnaires
|
Taux de réponses
|
Administrés
|
Retournés
|
Exploitables
|
Pouvoirs publics
|
15
|
15
|
5
|
33,33 %
|
Établissements financiers
|
9
|
5
|
2
|
22,22 %
|
Assureurs
|
15
|
12
|
7
|
46,67 %
|
Clients ou consommateurs
|
40
|
19
|
19
|
47,50 %
|
Sous-traitants
|
10
|
8
|
6
|
60,00 %
|
Distributeurs
|
25
|
17
|
12
|
48,00 %
|
Concurrents
|
6
|
6
|
6
|
100,00 %
|
ONG
|
10
|
10
|
10
|
100,00 %
|
Communauté locale
|
50
|
30
|
25
|
50,00 %
|
?
|
180
|
122
|
92
|
51,11 %
|
La lecture du tableau ci-dessus montre que la population des
stakeholders externes est constituée de sous-groupes homogènes
appelés strates. Ces strates n'ont pas été toutes
prospectées dans la mesure où certaines d'entre elles (les
fournisseurs) ne sont pas facilement identifiables et accessibles. Aussi, la
distribution des questionnaires a été inégalement
répartie au sein des différentes strates pour plusieurs raisons.
La principale raison concerne l'effectif de la population totale des
différentes strates.
En effet, la population des établissements financiers
est nettement inférieure à celle des clients ou des consommateurs
de nos entreprises. Par conséquent, la taille des établissements
financiers est logiquement inférieure à celle des clients dans
notre échantillon. Une comparaison similaire peu être faite entre
les assureurs (ou les pouvoirs publics) et la communauté locale. Comme
ce fut le cas pour les parties prenantes internes, tous les questionnaires
retournés n'ont pas été exploités parce
qu'incomplets ou pas du tout remplis.
Cependant, malgré le fort taux d'abstention
noté chez les personnes morales, notamment le cas flagrant des pouvoirs
publics et des établissements financiers, on est parvenu à un
taux de réponse global au dessus de la moyenne (51,11 %). De plus, la
taille de notre échantillon est statistiquement valide, car au dessus du
stricte minimum pour une recherche quantitative (n = 92 > 30).
Les sous-paragraphes précédents nous ont
édifiés sur les cheminements qui ont donné lieu à
la constitution de nos différents échantillons. Cette tâche
ayant été accomplie, il nous faut désormais
présenter et justifier la démarche méthodologique pour
laquelle nous avons opté dans ce travail de recherche.
Section 2 : PRESENTATION ET JUSTIFICATION DE LA
DEMARCHE ADOPTEE
Cette section a pour objectif d'exposer la démarche
méthodologique qui nous a guidés tout au long de ce travail. Elle
a en effet consisté, dans un premier ressort, à un parcours de la
littérature sur les thématiques de la RSE et de la
création de valeur. Puis, la phase expérimentale proprement dite
a consisté à effectuer plusieurs descentes sur le terrain.
Au bout de nos multiples lectures, nous avons constaté
que, malgré les contextes de mondialisation et de libéralisme
économique actuels, les pratiques de RSE restent dominées par
deux grands penchants : le volontariat et le réglementaire. Aussi,
Carroll A.B. (1979) propose-t-elle un décryptage plus
analytique des dimensions RSE en responsabilités
discrétionnaires, éthiques, légales et
économiques.
La dimension économique de la RSE est à
l'origine de sa conception comme un levier de création de richesse. Dans
cette perspective, des auteurs tels que Mc Williams A. et Siegel D.
(2000), Waddock S. et Graves S.B. (1997), Freeman R. E.
(1984), Etoundi G. (2010) entre autres, conçoivent la RSE comme
un dispositif dont la mise en oeuvre est garante de performance et de
création de valeur. Ce courant de pensée se heurte à celui
de la neutralité (Ullmann, A., 1985 ; Waddock, S. et Graves
S.B., 1997) et à celui de la réfutation
de l'existence d'un lien de causalité entre RSE et création de
richesse [Friedman M. (1962, 1970) ; Aupperle et al.,
(1985) ; Balabanis G., Phillips H.C. et Lyall J. (1998)].
Pour ce qui nous concerne, nous entrevoyons cette relation
plutôt sous son aspect positif. Cette présomption repose sur
l'idée préalable selon laquelle, pour créer de la valeur
pour toutes ses parties prenantes, l'entreprise peut procéder par des
actions extra financières. Pour atteindre cet objectif, nous
émettons à priori, les hypothèses suivantes :
H1 : « Les activités extra
financières de l'entreprise contribuent positivement à
créer du surplus »
H2 : « Une meilleure pratique RSE
en interne est un préalable à des flux de ressources
additionnelles pour l'entreprise »
H3 : « Les stakeholders influencent
significativement le partage de la valeur créée en
entreprise ».
La démarche méthodologique pour laquelle nous
optons est donc une approche hypothético-déductive. Elle consiste
en l'émission préalable d'hypothèses que nous cherchons
à valider ou à infirmer à travers l'analyse des
données collectées auprès des différents
répondants. L'hypothèse générale soutenant
l'existence d'un lien positif entre politiques de responsabilité
sociétales des entreprises et création de valeur. Quelle est donc
la démarche adoptée pour vérifier la validité (ou
l'infirmité) de cette hypothèse générale ?
II - 1 - Méthode d'investigation et justification du
choix de la méthode
Un travail de recherche, quelque soit le domaine, doit
pouvoir répondre à trois questions épistémologiques
fondamentales : Quoi ? Pourquoi ? et Comment ?31(*) Dans le cadre
de notre travail, nous avons déjà apporté une
réponse à la première question, car il s'agit du lien de
causalité entre RSE et création de valeur.
S'agissant du « pourquoi », le
construit théorique autour de notre objet y a déjà
apporté des éléments de réponse. Quant au
« comment » il s'agit de la démarche
quantitative de la recherche que nous envisageons appliquer dans ce travail.
II - 1 - 1 - La méthodologie quantitative comme
démarche adoptée
En général, la recherche en sciences de gestion
est marquée principalement par deux grandes approches : une
approche positiviste qui prône les méthodes quantitatives et une
approche constructiviste qui repose sur les méthodes qualitatives. Le
choix de l'une ou l'autre méthode n'est pas le fruit du hasard, il est
fonction des objectifs poursuivis par le chercheur. Par exemple, la
méthode qualitative est adoptée lorsque le but de la recherche
est de comprendre un phénomène que l'on se propose
d'étudier. Par contre, la méthode quantitative est plus
appropriée lorsque l'objectif de la recherche est de quantifier et
représenter les résultats obtenus
Ainsi, responsabilité sociétale et
création de valeur ne sont pas des concepts nouveaux en sciences de
gestion. Ils ont déjà fait l'objet de beaucoup d'études
dans plusieurs contextes. Ce qui écarte d'emblée, la
possibilité d'adopter une démarche qualitative dans ce travail.
Par contre, les travaux sur l'existence d'un lien entre ces deux concepts
aboutissent à des résultats que nous avons qualifiés de
tridimensionnels. Nous devons dons, dans le présent travail, adopter une
approche déductive pour découvrir la nature du lien entre ces
deux concepts dans un contexte d'économie
sous-développée.
Autrement dit, la rétention de la démarche
quantitative est une phase intermédiaire de tout un processus qui va de
la définition du problème de recherche à la discussion des
résultats et leur implication stratégique. Les différentes
phases de ce processus peuvent être représentées
schématiquement de la manière suivante :
Figure 3.1 : Processus de recherche
déductive
Définition et intérêt du
problème
Mise en place du plan de recherche
Point et évaluation des
connaissances
Collecte et analyse des données
Discussion des résultats avec implications
stratégiques
Formation des concepts
Présentation des résultats
Source : Adapté de Darpy D.
(2003)
Conformément à la figure ci-dessus,
après avoir défini le problème de la recherche et
évalué l'intérêt tant théorique que pratique
du problème, nous avons fait le point sur les connaissances et les
données existantes afin d'évaluer les zones d'ombre. Nous avons
ensuite mis en exergue, les concepts explicatifs des notions clés de
notre travail. Il s'agit notamment des concepts tels que le shareholders
value, le stakeholders value, le free cash flow, l'economic value added,
entre autres.
La phase suivante est celle qui nous interpelle dans ce
paragraphe. Il s'agit de mettre en place un plan de recherche qui
réponde au moins aux questions suivantes : Quelle est la
méthode employée et pourquoi ? Dans quel univers
l'étude se réalise-t-elle ? Quels sont les instruments de
collecte des données ? Quelles sont les méthodes d'analyse
des données ainsi collectées. En ce qui concerne la
méthode employée, elle est quantitative. La présentation
du champ d'application sera faite dans la prochaine section de ce chapitre.
Avant de présenter les instruments et les
méthodes d'analyse des données auxquels nous avons eu recours,
nous justifions d'abord le choix de la méthode quantitative comme
démarche adoptée dans ce travail.
II - 1 - 2 - Vers un éclaircissement contextuel
du choix de la méthode quantitative
Le choix de la méthode quantitative
tient principalement du fait qu'elle permet d'établir des relations
entre les variables et apparait comme le moyen le plus efficace pour tester
certaines hypothèses de recherche. C'est notamment le cas lorsqu'on veut
analyser le lien de causalité qui existerait entre deux ou plusieurs
variables.
Plusieurs autres raisons sous-tendent le recours à
l'analyse quantitative comme démarche méthodologique dans un
travail de recherche. Nous les retrouvons de manière synthétique
dans le tableau ci-après.
Tableau 3.3 : Motifs pour la sélection
d'une stratégie d'enquête
Recherche quantitative
|
Recherche qualitative
|
Tester une théorie par déduction
|
Développement de la théorie par induction
|
Tester des théories composées de variables
|
Construire une vision complexe et holistique
|
Mesurer à l'aide de chiffres
|
Expliquer avec des mots
|
Analyser, à l'aide de procédures statistiques,
et déterminer si les généralisations annoncées par
la théorie sont vraies
|
· Rendre compte de la vision des informateurs ;
· Conduite dans un cadre naturel
|
Source : Adapté de Nkakleu R. (2010),
Méthodologie de la recherche32(*)
En effet, conformément au tableau ci-dessus, nous
avons opté pour la méthode quantitative parce qu'elle repose sur
une analyse hypothético-déductive. Loin de construire une vision
holistique et complexe du lien de causalité entre RSE et création
de valeur, cette approche nous aidera à tester la validité des
théories existantes à travers des analyses statistiques afin de
corroborer ou d'infirmer nos hypothèses.
Aussi, le tableau qui suit est prolongement du tableau
précédent en ce sens qu'il effectue une étude comparative
approfondie entre étude qualitative et étude quantitative.
Tableau 3.4 : Approche comparative des
études qualitatives et quantitatives
Éléments de comparaison
|
Étude qualitative
Contextualisation
|
Étude quantitative
Généralisation
|
Objectifs
|
Comprendre les phénomènes
étudiés
|
Quantifier les données et généraliser les
résultats
|
Échantillon
|
Petit nombre de cas
|
Grand nombre de cas
|
Collecte de données
|
Non structurée
|
Structurée
|
Analyse de données
|
Non statistique
|
Statistiques
|
Résultats
|
Élaborer un début de compréhension
|
Recommander une ligne d'action définitive
|
Source : adapté de
Naresh M. et al. (2004), études marketing avec SPSS,
4e édition.
En effet, l'objectif de notre travail n'est pas de comprendre
les phénomènes de création de valeur et de
responsabilité sociétale. Il vise plutôt à
découvrir la contribution des activités RSE à la
création de la valeur. Plus encore, le nombre de cas
étudiés est assez élevé et nous envisageons nous
servir d'outils statistiques pour vérifier nos hypothèses afin de
généraliser les résultats à l'ensemble de la
population des unités statistiques ayant constitué nos
échantillons. Telles sont les raisons qui ont motivées notre
option pour la méthode quantitative.
II - 2 - Collecte et analyse des données
Ce travail de recherche a pour but de découvrir le lien
de causalité (positif ou négatif) qui existe entre les pratiques
de responsabilités sociétale et la création de valeur en
entreprise. Il s'agit donc d'une étude expérimentale dont les
sources de données sont non seulement primaires (documentaires), mais
également secondaires (enquêtes statistiques).
En effet, notre recherche a démarré par un
examen profond de la littérature sur la responsabilité
sociétale, la création de valeur et d'autres domaines qui leur
sont parallèles tels que le gouvernement d'entreprise, le
développement durable, l'investissement socialement responsable,
l'éthique et la citoyenneté d'entreprise, la performance globale
(financière, économique et sociétale), et bien d'autres.
Nous nous sommes donc familiarisés à nos deux concepts à
travers des développements antérieurs sur le sujet, tels que ceux
de Charreaux G., Gond J-P., Ngok Evina J.F., Carroll A.B., Mc Williams A et
Siegel D., Etoundi G., Wanda R. et bien d'autres auteurs
célèbres, sans oublier la Commission Européenne dont la
contribution sur le sujet s'est enrichie en 2001 avec la publication du
Livre Vert.
Nous avons ensuite administré des questionnaires aux
différentes parties prenantes internes et externes. Rappelons que
l`ordre d'administration du questionnaire n'a pas été choisi au
hasard. Nous avons d'abord administré celui des parties prenantes
internes pour nous assurer que les entreprises ciblées sont
effectivement créatrices de valeur ; ensuite, nous avons
administré celui des parties prenantes externes pour savoir sous quelle
forme la valeur crée est-elle redistribuée.
Nous revenons d'ailleurs sur l'importance de cet outil de
collecte des données pour notre recherche.
II - 2 - 1 - Le questionnaire comme outil de collecte
des données
Le questionnaire est un outil indispensable au recueil de
différents types d'informations, notamment sur les comportements, les
attitudes et opinions, les connaissances et sur des données
sociodémographiques (âge, sexe, revenu, ...). C'est un ensemble de
questions qui peuvent être des questions ouvertes, fermées ou les
deux. En ce qui concerne notre questionnaire, nous avons utilisé en
grande partie des questions fermées (dichotomiques et multiples) dans le
but de faciliter leur codification et l'analyse ultérieure des
données.
Nos questionnaires ont été administrés
à un ensemble plus vaste de stakeholders, allant des stakeholders
internes (les salariés) aux stakeholders externes (clients, ONG,
sous-traitants, administration publique). Pour ce faire, deux questionnaires
distincts ont été attribués aux parties prenantes internes
et externes.
II - 2 - 1 - 1 - Administration des
questionnaires
Le questionnaire peut être
administré de plusieurs façons. D'une part, le chercheur peut,
pour une raison ou une autre, procéder par minitel ou par voie postale
et dans ce cas, on dit que le questionnaire est auto-administré. D'autre
part, le chercheur peut opter pour une administration par
téléphone ou en face à face. Dans le cadre de notre
travail, l'administration des questionnaires s'est faite en face à face
qu'il s'agisse des stakeholders externes ou internes.
La figure ci-dessous représente d'ailleurs de
manière synthétique, le construit théorique sur
l'administration du questionnaire et indique la méthode pour laquelle
nous avons opté.
Questionnaire
Figue 3.2 : Illustration de la méthode de
collecte des données quantitatives
Enquêteur
Auto-administré
Face à face
Postal
Téléphone
Minitel
Source : TIONA WAMBA J. H. (2009) : Pratiques de
RSE au Cameroun
En ce qui concerne le recueil des données, nous
avons-nous-mêmes effectué les entretiens (observation
participative) pour nous assurer de la fiabilité des réponses. Il
importe également de noter que lors de l'administration et la collecte
des questionnaires, nous préférions que les répondants
passent le weekend en possession de ceux-ci. Ainsi, lors de la
récupération de ces questionnaires, nous revenions sur les points
qui n'avaient pas été bien assimilés par nos
répondants.
L'élaboration des questionnaires s'est faite sur la
base de variables issues de nos hypothèses. Le sous-paragraphe suivant
présente de manière synthétique,
l'opérationnalisation des concepts de responsabilité
sociétale et de création de valeur. Opérationnalisation
qui nous a d'ailleurs permis de concevoir nos questionnaires.
II - 2 - 1 - 2 - Opérationnalisation de la
relation RSE et création de valeur
Partant de notre hypothèse générale,
nous avons opérationnalisé les concepts clés de notre
travail de recherche que sont : la responsabilité sociétale
et la création de valeur. La RSE a donc été
considérée aussi bien en interne (salariés et
actionnaires) qu'en externe (les autres parties prenantes). Quant à la
création de valeur, deux grandes approches ont également
été retenues : la valeur partenariale et la valeur
actionnariale. Nous préférons nous limiter à ces deux
aspects de la création de valeur dans l'optique d'aborder les deux
autres (valeur organisationnelle et valeur structurelle) dans nos prochains
travaux.
Nous avons donc effectué une opérationnalisation
simple des concepts de RSE et de création de valeur conformément
aux données inscrites dans le tableau ci-dessous.
Tableau 3.5 : Opérationnalisation des concepts de
RSE et de création de valeur
Concepts
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Auteurs
|
Responsabilité sociétale de
l'entreprise
|
Interne
|
Climat social en entreprise
|
Une synthèse de la littérature sur le concept de
la RSE
Acquier et Aggeri (2001), David et al. (2005), Acquier et Gond
(2005), Carroll (1999), CEE (2001), Mc Williams et Siegel (2001); Mc Guire
(1963), Davis (1973), Wood (1991), Clarkson (1995), Capron et Quairel (2004),
Freeman (1984)
|
Parité Homme-femmes
|
Équilibre régional
|
Conditions de travail et de sécurité
|
Hygiène et salubrité
|
Processus de carrière
|
Politiques de formation des employés
|
Rémunération du personnel
|
Affiliation du personnel à la CNPS
|
Qualité des produits
|
Externe
|
Relations avec les fournisseurs
|
Relations avec les clients
|
Respect des délais et des normes de fabrication
|
Relations avec les autres tiers
|
Activités philanthropiques (dons)
|
Activités de sponsoring et de mécénat
|
Reporting sociétal
|
Environne-mentale
|
Engagement dans le développement de la communauté
locale
|
Lutte contre la pollution
|
Activités de protection environnement
|
Gestion des déchets et autres rejets
|
Politiques de prévention et de gestion des risques
environnementaux
|
Economique
|
Impact sur la capacité de production
|
Doh et Guay (2006), D'Arcimoles Ch-H. et Trébucq St.
(2003), Friedman (1962)
|
Productivité des employés
|
Horizon des retombées
|
Maitrise des coûts de production
|
Impact sur le chiffre d'affaires
|
Rentabilité économique (profit)
|
Création de valeur
|
Valeur actionnariale
|
Remboursement des dettes
|
Jensen et Meckling (1976),
|
Distribution des dividendes
|
Poulain-Rhem T. (2005)
|
Market Value added (Valeur Boursière Ajoutée) et
PER
|
Charreaux et Desbrières (1998), Martinet (2002)
|
Total shareholder value
|
Lordon F. (2000)
|
Valeur partenariale
|
Valeur ajoutée économique
|
Lordon (2000),
|
Valeur ajoutée
|
Remaud (2001), Steurer et al (2005),
|
Résultat net
|
Chiffre d'affaires
|
Réinvestissement
|
Poulain-Rhem (2005)
|
Free Cash flow, return on assets, total business return,
return on equity, ratio de Marris, Indice de Sharpe, BFR, ...
|
Lordon (2000), Vivendi et Lafarge, Freeman et al. (1983)
|
Le tableau ci-dessus laisse apparaitre, pour ce qui est de la
création de valeur, qu'il existe des indicateurs appartenant à la
fois aux deux dimensions de la création de valeur que sont : la
valeur partenariale et la valeur actionnariale. Il en ressort donc un
caractère indissociable de ces deux concepts que nous avons voulu mettre
en exergue en opérant un opérationnalisation conjointe de nos
différentes variables.
Ainsi, l'opérationnalisation conjointe des concepts de
responsabilité sociétale et de création de valeur, sur la
base de nos hypothèses respectives, nous a permis d'aboutir aux
résultats résumé dans le tableau ci-dessous :
Tableau 3.3 : Opérationnalisation de la
relation RSE - Création de valeur
Hypothèse générale
|
Hypothèses spécifiques
|
Variables
|
Modalités
|
Indicateurs
|
La responsabilité sociétale influence
significativement la création de valeur en entreprise
|
Les activités extra financières de
l'entreprise contribuent positivement à créer du
surplus
|
Variables explicatives
|
|
Reporting sociétal
Sponsoring, dons et mécénats
Recyclage/et nettoyage
Développement local
|
Rémunération du personnel
|
Juste
|
Régulière
|
Respect des normes anti pollution
|
Parfois
|
Régulièrement
|
Réalisation des oeuvres sociales
|
Jamais
|
Parfois
|
Toujours
|
Climat social en entreprise
|
serein
|
Pas du tout serein
|
Développement de la communauté
|
Oui
|
Non
|
Variable à expliquer
Chiffre d'affaires
Résultat net
Besoin en fonds de roulement
|
Augmentation
Diminution
Constant
|
Amélioration des ventes
Augmentation de la clientèle
Politique prix
|
Une meilleure pratique RSE en interne est un
préalable à des flux de ressources
additionnelles
|
Variables explicatives
|
|
Présence de femmes cadres
Plan de carrière
Certifications
Programmes de formation
Participation des salariés
|
Parité hommes-femmes
|
Respectée
|
Non respectée
|
Conditions de travail, sécurité,
hygiène
|
Bonnes
|
Assez bonnes
|
Rémunération du personnel
|
Juste
|
Régulière
|
Equilibre régional
|
Respecté
|
Non respecté
|
Climat social
|
Serein
|
Pas serein
|
Variable à expliquer
Résultat net
Chiffre d'affaires
Retour sur investissement
|
Augmentation
Diminution
Constant
|
Effet d'expérience
Productivité des employés
Horizon des retombées
|
Les stakeholders influencent significativement le
partage de la valeur créée en entreprise
|
Variable explicative
|
|
Réductions, jeux concours, bonifications,
activités culturelles, gratifications.
|
Partage de la valeur créée
|
Oui
|
Non
|
Variables à expliquer
Valeur actionnariale
Valeur partenariale
|
Augmentation
Diminution
Constant
|
Gratifications, primes
Partage de la valeur ajoutée
Stock option
|
II - 2 - 2 - Modèle conceptuel, schéma
prédictif des résultats de la recherche
Comme le souligne si bien Darpy D.
(2003) une théorie se concrétise par la construction
d'un cadre conceptuel. En d'autres termes, toute collecte de données se
fait sur la base d'un certain nombre de critères
prédéfinis par le chercheur.
En ce qui nous concerne, les critères sur lesquels nous
avons fondé la collecte de nos données s'articulent autour d'un
modèle conceptuel. Il s'agit d'un modèle purement
théorique qui est conçu sur l'idée selon laquelle une ou
plusieurs variables indépendantes (les actions RSE) influencent une ou
plusieurs autres variables dépendantes (la création de valeur).
Cette relation fait intervenir des variables intermédiaires
conformément au schéma ci-après.
Figure 3.3 : Esquisse d'un modèle de
recherche empirique
Variable médiatrice
Variable dépendante
Variable indépendante
Variable modératrice ou de contrôle
Source : Adapté de Nkakleu R.
(2010)
Ainsi, notre variable indépendante qu'est la
responsabilité sociétale, est supposée exercer une
influence sur la création de valeur qui est notre variable
dépendante. Mais, cette influence, nous le pensons, n'est pas directe.
La création de valeur étant supposée intervenir dans le
long terme, les actions RSE des entreprises sont supposées conserver la
clientèle existante à court terme (variable médiatrice),
ce qui justifierait d'ailleurs les dépenses engagées pour des
investissements RSE à première vue non rentables. Aussi, pour que
les actions RSE produisent les effets escomptés, les entreprises se
livrent à une communication de leurs engagements sociaux et
environnementaux (variable modératrice).
Sur la base de ce développement, nous avons pu mettre
sur pied le modèle conceptuel ci-après, modèle que nous
améliorerons ou rejetterons en fonction des résultats de notre
recherche.
Figure 3.4 : Modèle conceptuel
Valeur actionnariale
RSE en interne
Conserver la clientèle à CT
Actions RSE Création de la
Valeur
Valeur partenariale
RSE en externe
Communication RSE
A travers le modèle conceptuel ci-dessus, nous voulons
montrer que les actions de l'entreprise vis-à-vis ses employés
(RSE en interne) et ses autres partenaires sociaux et économiques (RSE
en externe) constituent un levier de création de valeur important pour
les actionnaires, mais également pour l'ensemble des parties prenantes.
Mais la richesse ainsi créée passe par des investissements RSE
dont les coûts à court terme, souvent mal jugés par les
propriétaires des capitaux, se justifient par la couverture du risque de
réputation. Il s'agit aux termes de Cardebat J-M et Cassagnard
P. (2008) de se couvrir du risque de perdre ses clients à long
terme.
Ainsi, le modèle ci-dessus présente un double
enjeu : montrer que la RSE permet de se couvrir du risque de
réputation (à court terme), mais également, de
créer de la valeur pour tous (à moyen et long terme). Nos
questionnaires ont d'ailleurs été moulés autour de ce
modèle conceptuel.
La méthode et l'outil de collecte des données
ayant été présentés, le modèle conceptuel
ayant été exposé et expliqué, il ne reste plus
qu'à présenter les différentes méthodes de
traitement et d'analyse des données qui vont nous permettre de
découvrir la nature du lien entre responsabilité sociétale
et création de valeur.
II - 2 - 3 - Méthodes de traitement des
données : une approche plurielle
En effet, les données collectées via les
questionnaires seront premièrement codifiées pour une bonne
lisibilité et pour faciliter leur insertion dans le logiciel d'analyse
et de traitement des données que nous allons utiliser. La fiche de
codification va d'ailleurs figurer en annexes pour une illustration de cette
étape de la recherche.
Le logiciel d'analyse des données que nous avons
retenu est le logiciel SPSS version « SPSS 13 pour
Windows ». En effet, le choix de ce logiciel tient au fait qu'il
est le logiciel le plus approprié et recommandé en sciences de
gestion. Aussi, il regorge de multiples tests qui satisfont nos ambitions, car
nous allons effectuer plusieurs tests de vérification
d'hypothèses.
En effet, outre le tri à plat qui va nous permettre
d'observer la fréquence de certains phénomènes relatifs
aux pratiques de RSE dans une optique de création de valeur, nous allons
effectuer une analyse factorielle en composantes multiples (AFCM). Celle-ci
nous permettra d'extraire, d'un panier de variables relatives à la RSE
et à la création de richesse, celles qui sont les plus
pertinentes pour mettre en exergue la relation RSE - Création de
Valeur.
Cette relation sera donc analysée en deux étapes
et grâce à deux tests différents.
Premièrement, le lien de causalité que nous
voulons étudier est de la forme y = f(x) ; où
« y » désigne la création de valeur (variable
dépendante) et « x » les pratiques de
responsabilité sociétale (variable indépendante). Or pour
ce type de test, Darpy D. (2003) souligne que
l'analyse de la variance est fondamentale. C'est pour cette
raison que nous allons effectuer une ANOVA à un facteur après
avoir accompli une AFCM pour extraction des variables pertinentes.
Deuxièmement, compte tenu du fait que plusieurs actions
RSE peuvent concourir conjointement à créer de la valeur pour
l'entreprise, le lien de causalité peut être exprimé par
l'équation suivante : y = ao +
a1x1 + a2x2 +
a3x3 + ............ + anxn.
Il s'agit là d'une équation de régression
linéaire qui a d'ailleurs été employée par
Zeribi-Benslimane O. et Boussorra E. (2008) lorsqu'ils
établissaient le lien entre responsabilité sociétale et
performance financière. Nous escomptons en faire autant à travers
un test de régressions dans lequel la création de valeur
(actionnariale et/ou partenariale) est la variable dépendante et la
responsabilité sociétale de l'entreprise (éthique,
légale, discrétionnaire ou économique) représente
l'ensemble des variables explicatives.
Cependant, les questionnaires ont été
attribués à deux catégories de parties prenantes :
les parties prenantes internes (les salariés) et les parties prenantes
externes (Clients, sous-traitants, consommateurs, distributeurs, clients,
pouvoirs publics, entre autres) dans l'optique de déterminer le type de
valeur créée par les entreprises prospectées (valeur
actionnariale ou partenariale). Ainsi, pour comparer les réponses issues
de ces deux catégories de répondants, nous jugeons indispensable
d'opérer un test t sur échantillons indépendants pour
rapprocher leurs réponses et vérifier si elles corroborent.
Ainsi pourrons-nous conclure sur la validité de nos
hypothèses à l'aide de l'analyse et de la vérification des
données incluses dans deux questionnaires issues de deux
échantillons différents.
Ce chapitre a passé en revue l'approche de la
méthodologie de la recherche qui nous guidé tout au long de ce
travail. Nous y avons également présenté les
différents secteurs d'activités auxquelles appartiennent les
entreprises dont sont issues les parties prenantes interrogées.
L'approche méthodologique utilisée dans ce travail est une
approche quantitative. Elle envisage généraliser les
résultats de la recherche à travers différents tests de
vérification des hypothèses. Si toutes les entreprises estiment
créer de la valeur pour toutes les parties prenantes, nous envisageons
vérifier la véracité de ce propos, et par la même
occasion, de détecter l'influence des pratiques RSE sur la valeur ainsi
créée. Dans cette perspective, quel est donc le lien qui existe
entre les activités RSE et la valeur partenariale ainsi
créée ? C'est à cette question que s'atèle le
chapitre suivant qi porte sur la contribution de la RSE à la
création de valeur.
Chapitre 4
CONTRIBUTION DES ACTIVITES EXTRA FINANCIERES A LA
CREATION DE LA VALEUR EN ENTREPRISE
Ce chapitre fondé sur l'aspect purement empirique de
notre travail, a pour objectif d'établir le lien de causalité qui
existerait entre RSE et création de valeur. Pour y parvenir, nous allons
dans un premier temps caractériser les pratiques RSE des entreprises
prospectées ainsi que l'approche de création de valeur dominante
du point de vue des parties prenantes (section 1). Par la suite, nous allons
mettre en exergue, à travers les tests de vérification
d'hypothèses, le lien de causalité qui existerait entre RSE et
création de valeur (section 2).
Section 1 : EVALUATION DES POLITIQUES DE
RESPONSABILITE SOCIETALE
ET DE CREATION DE VALEUR DES MULTINATIONALES
PROSPECTÉES
Cette section a pour objectif de
dégager les spécificités des activités extra
financières, ainsi que les outils et approches de création de
valeur des entreprises prospectées. Pour ce faire, nous allons nous
servir des réponses fournies par les parties prenantes internes et
externes pour plus de représenté et surtout, de fiabilité
des résultats obtenus. Ainsi, nous allons premièrement
caractériser la RSE et la création de valeur au sein des
entreprises ; et par la suite, nous allons effectuer un rapprochement de
ces deux concepts pour une première analyse de l'incidence de la RSE sur
la création de valeur.
I - 1 - Identification et caractérisation de la RSE
et de la création de valeur via
les parties prenantes
Dans cette sous-section, nous allons essentiellement
caractériser les activités de responsabilité sociale de
l'entreprise, telles que perçues par les parties prenantes (internes et
externes). Nous allons donc y passer en revue tous les aspects de
responsabilité sociétale que nous avons identifiés
auprès des personnes rencontrées.
I - 1 - 1 - La RSE, un ancrage désormais
réel dans les pratiques managériales
des entreprise
Pour mieux apprécier l'ancrage de la
responsabilité sociétale dans les habitudes managériales
des entreprises, nous avons adressé deux catégories de
questionnaires à deux grands groupes de parties prenantes : les
parties prenantes internes (PPI) et les parties prenantes externes (PPE). Dans
cette sous-section, nous allons non seulement évaluer le degré de
connaissance du concept de responsabilité sociétale par les
parties prenantes, mais plus encore, apprécier les pratiques RSE au sein
des entreprises pour lesquelles elles sont des PP.
I - 1 - 1 - 1 - Connaissance du concept de
responsabilité sociétale de l'entreprise
Il a été demandé aux
parties prenantes rencontrées, après leur avoir défini le
concept de Responsabilité Sociétale de l'Entreprise, si elles en
avaient déjà entendu parler auparavant. Le tableau ci-dessous
résume les réponses des 44 PPI33(*) et des 92 PPE34(*).
Tableau 4.1 : Connaissance de la RSE par les
parties prenantes
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
Pourcentage
|
% cumulé
|
Connaissance de la RSE par les PPI
|
Oui
|
32
|
72,70
|
72,70
|
Non
|
12
|
27,30
|
100.00
|
Connaissance de la RSE par les PPE
|
Oui
|
34
|
37.00
|
37.00
|
Non
|
58
|
63.00
|
100.00
|
Il ressort du tableau ci-dessus que le concept de RSE est
plus connu en interne qu'en externe. En effet, 72,70% des parties prenantes
internes ont déjà entendu parler de responsabilité
sociétale de l'entreprise contre seulement 37,00% qui en ont
déjà entendu parler en externe. L'on pourrait en déduire
que les employés ne sont pas mis à la marge en ce qui concerne la
mise en oeuvre de la RSE par leurs entreprises. Aussi, le faible taux de
connaissance du concept de la RSE par les PPE serait synonyme d'une
communication financière (ou extra financière) insuffisante de la
part des entreprises.
Après leur avoir expliqué la signification du
concept de RSE, nous avons demandé à nos deux catégories
de parties prenantes si elles pensaient qu'il était du domaine des
managers de s'occuper des enjeux managériaux. Les réponses
fournies par elles sont comprises dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4.2 : Les enjeux sociaux et
environnementaux incombent aux managers
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
Pourcentage
|
% cumulé
|
Avis des PPI
|
Oui
|
27
|
61.40
|
61.40
|
Non
|
17
|
38.60
|
100.00
|
Avis des PPE
|
Oui
|
82
|
89.10
|
89.10
|
Non
|
10
|
10.90
|
100.00
|
La lecture du tableau ci-dessus montre que la majorité
des parties prenantes (internes et externes) approuvent l'idée de la
prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux par les managers. Avec
une forte tendance pour les PPE qui souhaitent une forte implication des
managers (à 89.10% contre seulement 61.40% pour les PPI) dans des
activités sociales et environnementales.
Pour comprendre ce phénomène, nous avons
demandé aux PPI qui réfutaient l'idée de la prise en
compte des enjeux sociaux par les managers, pourquoi elles s'y opposaient.
Leurs réponses sont tous orientées vers l'idée selon
laquelle, la RSE réduirait le montant des primes qui leur auraient
été allouées en l'absence d'activités extra
financières. Autrement dit, ils soutiennent ainsi, indirectement, la
thèse de la négativité entre RSE et création de
valeur partenariale.
Cette situation somme toute choquante, nous a poussé
à accorder une attention particulière aux parties prenantes
internes sur un ensemble de variables relatives à leur environnement de
travail.
I - 1 - 1 - 2 - Appréciation de la RSE en
interne
Pour mesurer la responsabilité sociétale en
interne, nous nous sommes adressés uniquement aux employés sur
des questions relatives au climat social, au respect de l'équilibre
régional et de la parité Homme-Femme en entreprise, aux
conditions de travail, d'hygiène et de sécurité, et
surtout à la rémunération. Pour faciliter la
lisibilité et la lecture des résultats, nous les avons
regroupés dans un tableau synthétique.
De ce tableau, il ressort que le climat social qui est serein
à 59,10% des cas et moyennement serein à 40,90% des cas,
illustre, pour une première analyse, une RSE acceptable en interne. Mais
cette situation est remise en cause par un non respect remarquable ni de la
parité des sexes, ni de l'équilibre régional dans les
politiques d'embauches. Le déséquilibre entre les sexes a
été très fortement noté dans les entreprises
industrielles (Nestlé et Total) dont la main d'oeuvre qualifiée
est plus masculine que féminine. Quant au déséquilibre
régional, il a été attribué au fait que l'embauche
des autochtones est prioritaire.
Tableau 4.3 : Tableau d'appréciation de la
RSE en interne
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
Climat social en entreprise
|
Serein
|
26
|
59,10
|
59,10
|
Moyennement serein
|
18
|
40,90
|
100,00
|
Respect de la parité Homme-Femme
|
Relativement
|
19
|
43,20
|
43,20
|
Pas du tout
|
25
|
56,80
|
100,00
|
Respect de l'équilibre régional
|
Relativement
|
10
|
22,70
|
22,70
|
Pas du tout
|
34
|
77,30
|
100,00
|
Conditions de travail
|
Assez bonnes
|
24
|
54,50
|
54,50
|
Bonnes
|
20
|
45,50
|
100,00
|
Conditions d'hygiène
|
Bonnes
|
20
|
45,50
|
45,50
|
Très bonnes
|
24
|
54,50
|
100,00
|
Conditions de sécurité
|
Bonnes
|
16
|
36,40
|
36,40
|
Très bonnes
|
28
|
63,60
|
100,00
|
Rémunération du personnel juste
|
Oui
|
38
|
86,40
|
86,40
|
Non
|
6
|
13,60
|
100,00
|
Rémunération du personnel
régulière
|
Oui
|
33
|
75,00
|
75,00
|
Non
|
11
|
25,00
|
100,00
|
Cependant, s'agissant des conditions de
travail, d'hygiène et de sécurité, le résultat est
dans l'ensemble satisfaisant. Aussi, cette situation louable est
corroborée par une rémunération non seulement
régulière (à 75,00 %), mais également juste (pour
86,40 % des salariés).
Les rémunérations étant justes et
régulières, les entreprises devraient susciter une certaine
confiance auprès de leurs salariés. Tel semble ne pas être
le cas si on se fie aux résultats contenus dans le tableau
ci-après.
Tableau 4.4 : Appréciation du degré
de confiance accordé par les PP à leurs entreprises
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
Pourcentage
|
% cumulé
|
Entreprises dignes de confiance selon les PPI
|
Pas d'accord
|
18
|
40,90
|
40,90
|
Un peu d'accord
|
26
|
59,10
|
100.00
|
Entreprises dignes de confiance selon les PPE
|
Oui
|
92
|
100,00
|
100,00
|
Non
|
0
|
0,00
|
100.00
|
En effet, il ressort du tableau ci-dessus que, la justesse et
la régularité des rémunérations ne suffisent pas
pour s'accorder la confiance des salariés, car la disparité des
sexes et le déséquilibre régional dans les politiques
d'embauche entament sévèrement cette confiance. Ainsi, du point
de vue des salariés, les entreprises sont très peu dignes de
confiance ; contrairement aux parties prenantes externes qui accordent
toute leur confiance aux entreprises.
Qu'en est-il du volet environnemental de la
responsabilité sociétale ?
I - 1 - 2 - Engagements externes des entreprises
prospectées
Pour mesurer cet aspect de la RSE, nous
avons jugé utile de nous adresser aux parties prenantes internes, car
elles participent activement à la mise en oeuvre des actions RSE tant en
interne qu'en externe. Les différentes questions qui leur ont
été posées sont relatives à la protection de la
couche d'ozone et aux actions RSE vis-à-vis de la société.
Les réponses ont également été regroupées
dans un tableau synthétique pour faciliter leur lecture et
interprétation.
Tableau 4.5 : Engagement RSE vis-à-vis de
l'extérieur
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
Entreprise respecte les normes anti-pollution
|
Souvent / Parfois
|
14
|
31,80
|
31,80
|
Régulièrement
|
30
|
68,20
|
100.00
|
Entreprise réalise des oeuvres sociales
|
Oui
|
36
|
81,80
|
81,80
|
Non
|
8
|
18,20
|
100.00
|
Développement local de la communauté
|
Oui
|
31
|
70,50
|
70,50
|
Non
|
13
|
29,50
|
100,00
|
Entreprise assure une bonne gestion des déchets
|
Pas du tout d'accord
|
35
|
79,50
|
79,50
|
Pas d'accord
|
9
|
20,50
|
100,00
|
Entreprise engagée dans la prévention des
risques environnementaux
|
Oui
|
26
|
59,10
|
59,10
|
Non
|
18
|
40,90
|
100,00
|
Le tableau ci-dessus montre que les entreprises sont
fortement impliquées dans la RSE en externe. Elles respectent
régulièrement les normes anti-pollution (68,20%). Elles
réalisent pour la majorité, des oeuvres sociales et sont
très fortement impliquées dans le développement local de
la communauté (à hauteur de 70,50%) ; assurent très
peu, une bonne gestion des déchets, mais restent quand même
engagées dans la prévention des risques environnementaux. C'est
sans doute ce qui justifie la confiance que leur accordent les parties
prenantes externes.
Ainsi, il ressort clairement de ce qui précède
que les actions RSE des entreprises ne sont plus à démontrer.
Mais quelques aspects restent à améliorer. C'est notamment le cas
de la parité des sexes ou de l'équilibre régional dans les
politiques d'embauche et de la gestion des déchets. C'est
également le cas des rémunérations dont la justesse est
remise en cause par certains employés. Mais ce dernier point prête
à confusion, surtout lorsqu'on sait que les employés en demandent
toujours un peu plus qu'ils n'en perçoivent.
Ayant identifié et dégagé les
spécificités des actions RSE dans ces entreprises, nous allons
maintenant nous intéresser à la possibilité de ces actions
à créer de la valeur pour elles.
I - 2 - RSE et Création de Valeur :
émergence d'une vision partenariale coopérative
Les développements qui viennent d'être faits
illustrent clairement que l'approche de création de valeur
prônée par nos entreprises est la valeur partenariale. Elles
s'appuient sur leurs responsabilités sociétales comme
véritables leviers de création de valeur ajoutée pour
leurs clients et pour l'ensemble de leurs partenaires économiques et
sociaux.
Dans cette section, nous allons d'abord identifier les
indicateurs privilégiés de création de valeur,
c'est-à-dire les indicateurs de création de valeur les plus
utilisés au sein des multinationales prospectées. Par la suite,
nous allons apprécier l'évolution de ces indicateurs dans le
temps. Enfin, nous allons apporter plus de lumière sur la forme de
valeur créée par nos multinationales ; s'agit-il d'une
valeur actionnariale, ou bien d'une valeur partenariale.
I - 2 - 1 - Des indicateurs classiques pour
apprécier la valeur créée par les
Multinationales
Conformément à nos
hypothèses de recherche, il importe de connaitre, parmi les multiples
indicateurs de surplus et de ressources additionnelles
générées par l'entreprise, ceux les plus utilisés
au sein des entreprises dont les parties prenantes constituent un
échantillon de notre travail. Pour ce faire, il a été
demandé aux parties prenantes internes de ces entreprises, de cocher,
parmi un ensemble d'indicateurs, celui qu'elles privilégient pour
évaluer le surplus créé et les ressources additionnelles
générées. Les résultats sont contenus dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 4.6 : Appréciation de la
création de valeur par les multinationales
prospectées
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
Clients réguliers et croissants
|
Moyenne
|
13
|
29,50
|
29,50
|
Absolument
|
31
|
70,50
|
100.00
|
Entreprise évalue la création de valeur
|
Oui
|
44
|
100,00
|
100,00
|
Non
|
00
|
00,00
|
100,00
|
Indicateur privilégié d'évaluation du
surplus
|
Chiffre d'affaires
|
39
|
88,64
|
88,64
|
Résultat
|
3
|
6,82
|
95,46
|
BFR
|
2
|
4,54
|
100,00
|
Indicateur privilégié d'évaluation des
ressources additionnelles
|
Retour sur investissement
|
3
|
6,80
|
6,80
|
Chiffre d'affaires
|
4
|
9,10
|
15,90
|
Résultat net
|
37
|
84,10
|
100,00
|
La lecture du tableau ci-dessus montre que la création
de valeur est une réalité au sein des entreprises
prospectées. En effet, non seulement les clients y sont
réguliers, mais ils y sont également croissants. De plus, ces
entreprises évaluent la valeur qu'elles créent sur la base de
certains indicateurs qui, pour la plupart, demeurent des indicateurs
classiques.
En effet, les indicateurs d'appréciation de la valeur
demeurent, pour l'essentiel, des indicateurs dépassés dans
d'autres contextes.
Ainsi, pour ce qui est du surplus créé en
entreprise, parmi les multiples indicateurs qui existent de nos jours, nos
entreprises se réfèrent encore au chiffre d'affaires, au
résultat net de l'exercice et au besoin en fonds de roulement.
L'indicateur privilégié de mesure du surplus est de loin le
chiffre d'affaires (à hauteur de 88,64 %). C'est dire que les
indicateurs sophistiqués que sont la valeur ajoutée
économique, la valeur ajoutée de marché et le free cash
flow entre autres, demeurent non utilisées au sein de nos entreprises
dans l'évaluation du surplus.
Il en est de même pour les indicateurs de ressources
additionnelles générées par nos entreprises. La lecture du
tableau ci-dessus fait en effet ressortir que l'indicateur
privilégié de mesure des ressources additionnelles est le
résultat net (à hauteur de 84,10 %) suivi du chiffre d'affaires
(à hauteur de 9,10 %) et le return on investment (pour
seulement 6,80%).
Dans cette perspective, pour la suite de ce travail, nous
retiendrons le chiffre d'affaires comme indicateur privilégié
d'évaluation du surplus créé, et le résultat net
comme indicateur privilégié des ressources additionnelles
générées par les entreprises prospectées. Ceci dit,
pour évaluer la création de richesse au sein de nos entreprises,
nous n'avons qu'à apprécier l'évolution de leur chiffre
d'affaires et résultat net dans le temps. Pour ce faire, nous avons
demandé à nos différents répondants (les
salariés rencontrés) quel était le trend des indicateurs
privilégiés de création de valeur au sein de leurs
structures. Les résultats sont contenus dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4.7 : Evolution des indicateurs
privilégiés de création de valeur
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
Evolution du chiffre d'affaires
|
Croissant
|
38
|
86,40
|
86,40
|
Constant
|
6
|
13,60
|
100.00
|
Evolution des trois derniers résultats nets
|
Bon
|
33
|
75,00
|
75,00
|
Plutôt bon
|
11
|
25,00
|
100,00
|
Les données du tableau ci-dessus ne font que confirmer
les résultats du tableau précédent (tableau 4.6). Il en
ressort que nos entreprises créent continuellement du surplus à
travers un chiffre d'affaires sans cesse croissant depuis trois ans. En ce qui
concerne les entreprises MTN et Orange, cela s'explique par le fait que bon
nombre de clients choisissent désormais de s'abonner dans les deux
réseaux.
Aussi, nos entreprises génèrent en permanence
des ressources additionnelles, car elles affichent un résultat net bon
à 75 % et plutôt bon à 25 %. Ces remarquent nous
mènent à une première conclusion selon laquelle la
création de valeur est une réalité au sein des entreprises
multinationales au Cameroun.
Face à cet des choses, l'on aimerait connaitre les
sources de la valeur créée par ces entreprises. En effet, quelles
sont les pratiques managériales tributaires de la création de
valeur au sein des multinationales au Cameroun ? Pour répondre
à cette interrogation, nous avons émis l'hypothèse selon
la quelle les actions socialement responsables de ces entreprises seraient, en
majeure partie, à l'origine des richesses créées par ces
entreprises sur le long terme.
I - 2 - 2 - Pour une première analyse de
l'incidence de la RSE sur la création de valeur
Les questions sur la possibilité pour
les actions socialement responsables à créer de la richesse pour
l'entreprise ont été posées aussi bien aux parties
prenantes internes qu'aux parties prenantes externes. Les résultats ont
donc été analysés en deux étapes.
I - 2 - 2 - 1 - La RSE comme levier de création
de valeur pour les PPI
Les employés que nous avons
rencontrés nous ont donné leurs avis distinctifs sur la
capacité de la RSE à créer de la valeur pour l'entreprise.
Nous leur avons posé les questions dans un ordre constructiviste allant
du court terme (RSE comme levier de couverture du risque de réputation)
au moyen et long terme (RSE comme levier de performance globale). Les
résultats sont contenus dans le tableau ci-dessous :
Tableau 4.8 : RSE et création de valeur
selon les parties prenantes internes
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
Pourcentage
|
% cumulé
|
RSE influence image et réputation de l'entreprise
|
Oui
|
44
|
100,00
|
100,00
|
Non
|
00
|
00,00
|
100,00
|
Impact RSE sur la performance globale
|
Oui
|
30
|
68,20
|
68,20
|
Non
|
14
|
31,80
|
100,00
|
Activités RSE créent de la valeur pour
l'entreprise
|
Oui
|
44
|
100,00
|
100,00
|
Non
|
00
|
00,00
|
100,00
|
La lecture du tableau ci-dessus montre que
dans l'ensemble, les parties prenantes internes soutiennent l'idée selon
laquelle les pratiques de responsabilité sociétale contribuent
à créer de la valeur pour l'entreprise. On y voit en effet que
l'influence de la responsabilité sociétale sur l'image et la
réputation est totale (100 %). Autrement dit, la logique d'action des
activités RSE à court terme vise plus à préserver
la clientèle qu'à réaliser des profits. Ces entreprises
sont donc prêtes à engager des sommes énormes pour
réaliser des investissements RSE. C'est ce qui explique sans doute
pourquoi les clients de ces entreprises sont réguliers et croissants
(voir tableau 4.6). De plus, selon les PPI, la RSE aurait un
impact notoire sur la performance globale de l'entreprise (pour près de
70%) et une influence parfaite sur la création de valeur.
Tels sont les arguments des parties prenantes internes.
Cependant, les clients, les sous-traitants, fournisseurs, ONG, bref les autres
parties prenantes sont également concernées par les
activités des entreprises. Il est donc judicieux d'analyser leur point
de vue sur l'aptitude de la RSE à créer de la valeur.
I - 2 - 2 - 2 - La RSE comme levier de création
de valeur pour les PPE
Les autres parties prenantes auxquelles nous nous somme
intéressées ont également donné leur avis sur
l'aptitude des actions socialement responsables à créer de la
valeur. les résultats sont contenus dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4.9 : RSE et création de valeur
selon les parties prenantes externes
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
La RSE influence l'image et la réputation de
l'entreprise
|
Oui
|
80
|
87,00
|
87,00
|
Non
|
12
|
13,00
|
100.00
|
La RSE a un impact sur la performance des entreprises
|
Oui
|
92
|
100,00
|
100,00
|
Non
|
0
|
0,00
|
100.00
|
Nature de l'impact de la RSE sur la performance de
l'entreprise
|
Positif
|
84
|
91,30
|
91,30
|
Négatif
|
8
|
8,70
|
100,00
|
La lecture de ce tableau montre que, tout
comme ce fut le cas avec les parties prenantes internes, les parties prenantes
externes plaident également en faveur de l'aptitude de la RSE à
créer de la valeur pour l'entreprise. Mais, les parties prenantes
externes ont une position plutôt relative. En effet, seuls 87,00% d'entre
eux pensent que la RSE influence l'image et la réputation de
l'entreprise. En effet, ceux qui ne sont pas de cet avis pensent que
« la fidélité d'un client n'est pas toujours le
fruit d'actions extra financières souvent jugées trop flatteuses
par certains d'entre eux ».
De plus, tous pensent que la RSE a bel et bien une incidence
sur la création de valeur. Mais, cette incidence est aussi bien positive
(à hauteur de 91,30%) que négative (à hauteur de 8,70%).
Ils rejoignent ainsi le flou théorique qui persiste sur lien qui
existerait entre la RSE et la performance globale de l'entreprise.
Cependant, la majorité des avis sont en faveur de
l'aptitude des actions RSE à créer de la valeur pour les
entreprises (100% pour les parties prenantes internes et 91,30% pour les
parties prenantes externes). C'est la raison pour laquelle nous nous
intéressons à la destination de la valeur ainsi
créée par les entreprises. En effet, à qui est
destinée la richesse ainsi créée et sous quelles
formes ?
I - 2 - 3 - La création de valeur, une approche
partenariale à dominante actionnariale
Les activités socialement
responsables des entreprises constituent pour elles un moyen de communiquer
l'approche partenariale de la création de valeur qu'elles prônent.
Cependant, seuls les stakeholders internes et externes sont jugés plus
aptes à apporter de la lumière sur les l'approche de
création de valeur dominante au sein de nos multinationales.
Pour l'analyse facile et comparative des résultats,
nous allons une fois de plus présenter séparément les
résultats issus de nos entretiens en deux étapes :
l'approche de création de valeur selon les parties prenantes internes et
selon les parties prenantes externes.
I - 2 - 3 - 1 - Approche de la création de
valeur selon les stakeholders internes
Pour apprécier l'approche de création de valeur
en interne, nous avons posé des questions aux employés
rencontrés sur des points ayant trait au partage de la valeur
ajouté, à la forme et la fréquence sous laquelle cette
valeur leur était attribuée, pour enfin déboucher sur
l'intensité de la contrainte actionnariale qui prévaut en
entreprise. Les résultats sont contenus dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4.10 : Appréciation de l'approche
de création de valeur selon les PPI
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
Entreprise partage la valeur créée avec les
employés
|
Oui
|
34
|
77,30
|
77,30
|
Non
|
10
|
22,70
|
100.00
|
Forme de partage de la valeur créée
|
Bonifications
|
34
|
77,30
|
77,30
|
Stock option
|
00
|
00,00
|
77,30
|
Fréquence de partage de la valeur
créée
|
Occasionnellement
|
26
|
59,10
|
59,10
|
Très rarement
|
8
|
18,20
|
77,30
|
Appréciation de l'intensité de la contrainte
actionnariale
|
Très forte
|
18
|
40,90
|
40,90
|
Forte
|
26
|
59,10
|
100,00
|
A la lecture du tableau ci-dessus, on constate que les
entreprises prospectées partagent effectivement la valeur
créée (pour 77.30% des répondants). Mais, cette valeur
n'est partagée uniquement que sous la forme des bonifications. Il
n'existe donc pas de possibilité pour ces employés de devenir
actionnaires (politique de stock options). Et même, lorsque cette valeur
est partagée sous forme de bonifications, celles-ci ne leur sont pas
attribuées tout le temps. Elles ne leur sont attribuées
qu'occasionnellement (59,10 %) et très rarement (18,20 %). Ce qui nous
mène logiquement au constat selon lequel la contrainte
actionnariale est soit forte (59,10%) soit très forte (40,60%).
On comprend donc que l'idée de la valeur
partagée longtemps véhiculée par nos entreprises est une
poudre aux yeux et non une véritable redistribution de richesse.
Cependant, ce constat, bien que pertinent, est
réalisé en interne, car issu des parties prenantes internes.
Qu'en est-il des parties prenantes externes ?
I - 2 - 3 - 2 - Approche de la création de
valeur selon les stakeholders externes
Pour apprécier l'approche de création de valeur
en externe, nous avons posé des questions aux stakeholders externes
rencontrés sur des points ayant trait au partage de la valeur
ajouté, à la forme et la fréquence sous laquelle cette
valeur leur était attribuée. Les résultats sont contenus
dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4.11 : Appréciation de l'approche
de création de valeur selon les PPE
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%35(*)
|
% cumulé
|
La valeur créée par l'entreprise est
partagée
|
Oui
|
68
|
73,90
|
73,90
|
Non
|
24
|
26,10
|
100.00
|
Forme de partage de la valeur créée
|
Réductions
|
6
|
6,52
|
6,52
|
Jeux concours
|
28
|
30,43
|
36,95
|
Activités culturelles
|
34
|
36,95
|
73,90
|
Fréquence de partage de la valeur
créée
|
Occasionnellement
|
24
|
26,10
|
26,10
|
Très rarement
|
44
|
47,80
|
73,90
|
De la lecture du tableau ci-dessus, il ressort que la valeur
créée par l'entreprise est également partagée entre
les parties prenantes externes, à un taux relativement égal
(73,90%) à celui des parties prenantes internes (77,30%). Ce qui
confirmerait que toute la valeur créée n'est pas partagée
avec les stakeholders. De plus, les formes de partage des richesses
créées sont plus générales (jeux concours et
activités culturelles) qu'individuelles (réductions et autres
ristournes) et pis encore, cette valeur partagée est très
rarement ressentie par les parties intéressées.
Ces résultats viennent ainsi corroborer ceux
précédemment obtenus sur les stakeholders internes. Le partage de
la valeur, tel qu'effectué par nos entreprises, serait donc une
véritable poudre aux yeux des différentes parties
intéressées. On conclut donc, pour une première analyse,
que l'approche de création de valeur des multinationales
prospectées est une approche partenariale à dominante
actionnariale. C'est d'ailleurs ce qui ressort du tableau ci-dessous
sur l'approche de création de valeur prédominante dans les
entreprises prospectées.
Tableau 4.12 : Approche de création de
valeur prédominante dans les multinationales
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
Pourcentage
|
% cumulé
|
Approche de création de valeur selon les PPI
|
Actionnariale
|
30
|
68,20
|
68,20
|
Partenariale
|
14
|
31,80
|
100.00
|
Approche de création de valeur selon les PPE
|
Actionnariale
|
62
|
67,40
|
67,40
|
Partenariale
|
30
|
32,60
|
100.00
|
Le tableau ci-dessus est une illustration
supplémentaire de l'approche actionnariale de la création de
valeur dominante dans les entreprises prospectées. En effet, s'il est
vrai qu'elles créent de la valeur pour l'ensemble de la
communauté à travers leurs engagements sociaux et
environnementaux, il n'en est pas moins que la valeur créée
revient prioritairement aux actionnaires. C'est d'ailleurs le point de vue des
parties prenantes internes pour qui 68,40% de la valeur créée
reviendrait aux actionnaires. C'est également le point de vue des
parties prenantes externes pour qui 67,40% de la valeur créée
reviendrait aux actionnaires.
Cependant, quelque soit la destination de la valeur
créée, l'objectif de ce travail demeure d'établir le lien
entre les actions de responsabilité sociétale et la richesse
créée par les entreprises. La deuxième section de ce
travail y est entièrement consacrée à travers la
vérification de nos hypothèses de recherche.
Section 2 : MISE EN EXERGUE DES TYPOLOGIES DU LIEN
DE CAUSALITE
ENTRE RESPONSABILITE SOCIETALE ET
CREATION DE RICHESSE
Cette section a pour objectif de
dégager le lien entre les pratiques de responsabilité
sociétale et la création de valeur. Pour y parvenir nous avons,
à travers les tests de vérification d'hypothèses,
procédé à plusieurs types d'analyses à travers le
logiciel SPSS version 13. Cette section retrace successivement l'incidence des
activités RSE sur la création du surplus en entreprise ; l'impact
des meilleurs politiques RSE en interne sur les ressources additionnelles et
l'influence des stakeholders sur la valeur créée en
entreprise.
II - 1 - Incidence des activités extra
financières sur la création du surplus en entreprise
Ce sous-paragraphe vise principalement
à tester notre première hypothèse qui stipule que `les
activités extra financières de l'entreprise contribuent
positivement à créer du surplus'. Pour ce faire, nous devons
identifier parmi la pléthore d'activités extra financières
de l'entreprise, lesquelles sont les plus importantes pour en mesurer
l'incidence sur l'indicateur privilégié du surplus qu'est le
chiffre d'affaires.
II - 1 - 1 - Sélection des activités
extra financières les plus pertinentes
Comme nous l'avion annoncé dans le chapitre
précédent, nous avons effectué une analyse factorielle en
composantes multiples (AFCM) chaque fois qu'il était question de
sélectionner parmi plusieurs variables, celle(s) qui serai(en)t la (les)
plus pertinente(s) pour nos analyses. Ainsi, pour sélectionner les
activités extra financières les plus marquantes, nous avons
effectué une AFCM sur l'ensemble des activités RSE des
entreprises prospectées. Rappelons en outre que, pour la
vérification de cette hypothèse, nous nous sommes servis
uniquement du questionnaire des employés (parties prenantes internes),
car ils sont plus à même de fournir des informations sur
l'évolution du chiffre d'affaires et l'ensemble des pratiques RSE de
leurs entreprises.
Ainsi, pour ressortir les variables d'activités
financières les plus pertinentes, nous avons introduit plusieurs
variables y afférentes, notamment la rémunération du
personnel (juste et régulière), le respect des normes anti
pollution, la réalisation de projets sociaux, gestion des déchets
et le développement local de la communauté entre autres.
Les résultats de l'analyse factorielle en composantes
multiples sont donnés par la figure ci-dessous.
Il ressort de la figure ci-dessus que la
rémunération juste du personnel est la variable
la plus éloignée de l'origine (l'axe horizontal) et est par
conséquent, la variable la plus pertinent du modèle. Mais, cette
variable à elle seule ne suffirait pas à représenter
effectivement l'ensemble des activités RSE des entreprises
prospectées, dont les actions extra financières s'étendent
également à l'extérieur de l'entreprise.
Dans cette perspective, et par ordre d'importance, la
rémunération du personnel est suivie par le
développement local de la
communauté et le respect des normes anti
pollutions. Ces variables vont donc constituer les variables
explicatives du modèle de régression. Nous pouvons
désormais analyser le modèle de régression que nous
prenons la peine de reformuler.
II - 1 - 2 - Analyse de l'incidence des
activités extra financières sur le Surplus créé
Le modèle de régression que
nous allons estimer est de la forme suivante :
S = â0 + â1*REMjust
+ â2*DEVloc + â3*NORMpol +
åt
Où
- S : le surplus créé par
l'entreprise représenté par le chiffre d'affaires ;
- REMjust : la rémunération juste des
employés comme politique RSE en interne ;
- DEVloc : le développement local de la
communauté (RSE en externe) ;
- NORMpol : le respect des normes anti pollutions comme
RSE environnementale ;
- â0, â1, â2,
â3 les coefficients de régression ;
- åt : le terme d'erreur.
Le test de régression multiple que nous avons
effectué s'est fait dans le stricte respect de certaines conditions
préalables à tout test de régression, notamment la
linéarité, la normalité et l'absence d'auto
corrélation des erreurs. Rappelons en outre que le test de
régression est effectué au seuil de risque
prédéfini de 5 %, soit à un intervalle de confiance de
95%.
Les résultats du test de régression sont
contenus dans le tableau ci-dessous :
La lecture du tableau ci-dessous ressort une influence
ambigüe des activités extra financières sur le chiffre
d'affaires.
En effet, les bêtas des variables «
respects des normes anti pollution » et
« développement local de la communauté »
respectivement de 0,060 et 0,032 sont très faibles et presque nuls. De
plus, ces valeurs ne sont pas significatives au seuil de risque
prédéfini (á = 0.05), car leurs seuils de signification
calculés sont de 0,766 pour le respect des normes anti pollution et de
0,869 pour le développement local de la communauté. Ce qui
traduirait, du point de vue de ces deux variables, l'effet neutre de la
RSE sur la création de valeur. Ce résultat n'est pas
surprenant puisque nombreux sont les travaux qui ont abouti à une
incidence nulle ou très faible de la RSE sur performance globale
(Aupperle et al., 1985; Griffin et Mahon, 1997, entre
autres).
De plus, ces résultats sont corroborés par des
valeurs du R2 et R-deux ajusté certes significatifs, mais
faibles. Comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Cependant, la valeur du R qui est de 0,543 et la signification
de R2 et R2 ajusté de 0,042 inférieure au
seuil de risque prédéfini 0,05 illustrent l'ambigüité
de nos résultats. Nos résultats sont autant plus ambigus que le
béta de la troisième variable
(rémunération du personnel juste) est significatif au seuil
á = 5%. En effet, pour cette dernière variable,
â1 = 0.525 et ñ = 0.017
traduisant ainsi un lien positif entre
rémunération du personnel et création de valeur.
Ce qui serait d'ailleurs en phase avec les résultats de Mc Guire
et al. (1988) qui entrevoient une relation positive entre
responsabilité sociétale et performance financière.
La conclusion qu'on peut en tirer est que
« les activités extra
financières contribuent positivement mais très faiblement
à créer du surplus en entreprise ». Ce qui
nous pousse à accepter notre première hypothèse avec
beaucoup de réserves, car l'influence de la RSE sur la création
du surplus, est certes positive, mais très maigre.
Nous venons de montrer l'influence de la RSE sur la
création du surplus (croissance du chiffre d'affaires). Il en ressort
une influence plutôt timide voire mitigée des activités
extra financières sur la création de surplus en entreprise. Qu'en
est-il de l'influence des pratiques de ressources humaines (RSE en interne) sur
la création des ressources additionnelles en entreprise.
II-2- Impact des politiques internes de RSE sur la
création des ressources additionnelles
Ce sous paragraphe ambitionne de valider notre
deuxième hypothèse selon laquelle une meilleure politique RSE
en interne est un préalable à des ressources additionnelles en
entreprise. Autrement dit, la responsabilité sociétale de
l'entreprise envers ses salariés contribuerait à
générer des ressources additionnelles.
La vérification de cette hypothèse va une fois
de plus se limiter au questionnaire adressé aux salariés, car ces
derniers sont les destinataires des activités RSE en interne. Ainsi, il
nous faut d'abord identifier, parmi la pléthore des actions internes de
responsabilité sociétale, celle qui est la meilleure. Par la
suite, nous rapprocherons cette variable à l'indicateur
privilégié de mesure des ressources additionnelles (le
résultat net) pour en évaluer l'incidence sur ce dernier.
II - 2 - 1 - Processus d'identification de la meilleure
pratique RSE en interne
Une fois de plus, pour identifier la
meilleure pratique RSE en interne, nous avons effectué une analyse
factorielle en composantes multiples (AFCM). Le résultat de cette
analyse est contenu dans le tableau ci-dessous.
Il ressort du tableau ci-dessus que les
conditions de travail constituent de loin la variable la plus
éloignée de l'axe horizontal et par conséquent, la
variable la plus pertinente de la RSE en interne (la meilleure pratique RSE en
interne).
Il ne reste plus qu'a évaluer l'incidence des
conditions de travail sur la création de ressources additionnelles dont
l'indicateur privilégié dans nos multinationales est le
résultat net. Cependant, l'une de nos variables (les conditions de
travail) es nominale et l'autre variables (l'évolution du
résultat net) est ordinale. De lus, les données issues de la
mesure du résultat net sont qualitatives. Ce qui exclu la
possibilité d'effecteur un test de régression et encore moins un
test du Khi-deux. Dans une telle situation le test alternatif le plus
approprié est l'analyse de la variance.
II - 2 - 2 - Analyse de l'impact de la meilleure
politique RSE sur le résultat net
Le tableau ci-après est celui du résultat de
l'ANOVA à un facteur mettant en relation les conditions de travail
à l'évolution du résultat net au sein des multinationales
dont les parties prenantes internes ont été interrogées.
Il reprend successivement les valeurs du Fisher et du seuil de
signification.
La lecture du tableau ci-dessus laisse apparaitre un F
calculé de 28,00 nettement supérieur au F lu dans la table
statistique de Fisher au seuil de risque á = 5 % et aux degrés de
liberté ddl1 = 1 et ddl2 = 42. Nous rejetons donc
l'hypothèse de la nullité de relation entre les variables, au
profit de l'hypothèse alternative (notre hypothèse) selon
laquelle une meilleure pratique RSE en interne est un préalable
à des flux de ressources additionnelles.
Ce résultat est d'ailleurs significatif au seuil de
risque prédéfini dans la mesure où le seuil asymptotique
de signification de notre test est nettement inférieur au degré
de risque prédéfini (seuil asymptotique de signification = 0,000
< degré de risque = 0,05).
Autrement dit, les conditions de travail expliquent
significativement les variations du résultat net. Il existe donc un lien
positif significatif entre les conditions de travail et le résultat
net.
Cette hypothèse vient ainsi
consolider le lien fragile préalablement établi entre pratiques
de responsabilité sociétale et création de surplus. Il ne
nous reste plus qu'à déterminer l'influence des stakeholders sur
la valeur créée en entreprise.
II - 3 - Influence des stakeholders sur la valeur
créée en entreprise
Dans cette sous-section, il s'agit de
rapprocher les avis de nos deux catégories de répondants sur le
partage de la valeur créée par les multinationales dont elles
sont des parties prenantes. L'objectif ici est de découvrir si les
stakeholders influencent conjointement le partage de la valeur qu'ils
contribuent à créer pour leurs multinationales. Nous allons par
la même occasion, valider ou réfuter notre troisième et
dernière hypothèse selon laquelle
les stakeholders influencent
significativement le partage de la valeur créée en
entreprise.
Pour ce faire, nous devons rapprocher les réponses
issues de nos deux échantillons différents c'est-à-dire
celui des parties prenantes internes d'une part et des parties prenantes
externes d'autre part. Dans ce cas, c'est un test de comparaison qui est le
plus approprié.
Ainsi, nous avons opté pour un test de comparaison des
moyennes, en l'occurrence le test t de student sur échantillons
indépendants. Nous avons ainsi pu rapprocher l'avis des salariés
à celui des autres stakeholders concernant le partage de la richesse
créée par leurs multinationales. Les résultats sont
présentés ci-après, le test étant toujours
effectué au seuil de risque de 5%.
Le tableau ci-dessus récapitule les statistiques du
test t sur échantillons indépendants. Il fait état des
moyennes dont la différence serait comprise dans l'intervalle de
confiance. Nous ne pouvons pas encore nous prononcer à cet effet. Nous
le ferons après avoir interprété les valeurs du tableau
ci-dessous, tableau reprenant les valeurs du test t sur échantillons
indépendants.
En effet, il ressort du tableau ci-dessus que, sous
l'hypothèse des variances égales, la différence des
moyennes d'une valeur de - 0,4417 est bel et bien comprise dans l'intervalle de
confiance [- 0,6925 : - 0,1909]. De plus, la signification
bilatérale du test, d'une valeur de 0,001, est nettement
inférieure au seuil de risque prédéfini de 0,05. Cela nous
amène à rejeter l'hypothèse nulle au profit de
l'hypothèse alternative.
Ainsi, nous retenons notre hypothèse selon laquelle
les stakeholders influencent significativement le partage de la
valeur créée en entreprise.
De tout ce qui précède, il ressort que la
responsabilité sociétale de l'entreprise est un levier de
création de valeur parmi tant d'autres, car il existe des situations
dans lesquelles sa contribution à la création de richesse est
marginale et presque nulle. Mais, la RSE reste un outil stratégique pour
faire face à la concurrence comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Tableau 4.18 : RSE comme instrument
stratégique de création de valeur concurrentielle
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
RSE comme garant d'avantage concurrentiel selon les PPI
|
Oui
|
44
|
100,00
|
100,00
|
Non
|
00
|
00,00
|
100,00
|
RSE comme garant d'avantage concurrentiel selon les PPE
|
Oui
|
80
|
87,00
|
87,00
|
Non
|
12
|
13,00
|
100,00
|
Il ressort du tableau ci-dessus que, selon
les parties prenantes internes et externes, la RSE est un outil
stratégique garant d'un avantage concurrentiel à long terme.
Ainsi, conformément à l'idée de couverture du risque de
réputation, les managers d'entreprises en quête de plus grandes
parts de marchés, gagneraient à mener leurs actions dans une
perspective RSE sans cesse croissante.
C'est d'ailleurs ce qu'illustre la figue ci-dessous. Figure
qui constitue un achèvement de notre modèle conceptuel
précédemment défini et une synthèse des
résultats de notre travail.
Figure 4.3 : Schéma de l'incidence de la
RSE sur la création de valeur
Actions RSE
Création de valeur
RSE en interne
Valeur actionnariale
Couverture du risque de réputation
Communication RSE
Valeur partenariale
RSE en externe
Long terme
Court terme
Comme l'illustre la figure ci-dessus, la
responsabilité sociétale des multinationales prospectées
contribue à créer de la valeur pour leurs actionnaires (valeur
actionnariale), mais également pour leurs parties prenantes (valeur
partenariale). En ce qui concerne les actions RSE proprement dites, la
contribution des activités RSE en interne est notoire. Les actions de
responsabilité sociétale envers les salariés contribuent
directement à créer de la valeur pour les actionnaires et
indirectement, à créer de la valeur pour toutes les parties
prenantes dont ces salariés en font partie. Les activités RSE
menées en externe quant à elles, contribuent indirectement
à créer de la valeur aussi bien pour les shareholders que pour
les stakeholders.
Pour ce qui est de la communication RSE, il s'agit des
dépenses engagées dans les activités de reporting
sociétal menées par les multinationales dans le but de conserver
leur clientèle à court terme. Cette couverture du risque de
réputation à court terme est garante de profit à long
terme.
En effet, comme il a été établit à
travers les vérifications d'hypothèses, les actions RSE
contribuent positivement mais très faiblement à créer du
surplus (H1) ; et en interne elles ont une incidence positive sur les
ressources additionnelles générées par les entreprises
(H2). Aussi, cette figue illustre le double enjeu que procurent les
activités RSE, en créant de la valeur à long terme, tout
en se couvrant du risque de réputation à court terme. Enfin, les
activités RSE menées en interne peuvent directement agir sur la
création de valeur à une échéance plus
rapprochée, lorsque les conditions de travail sont favorables (H2).
En sommes, le présent chapitre nous a permis de
découvrir les réalités de la responsabilité
sociétale des entreprises et de la création de valeur au sein de
quelques entreprises multinationales au Cameroun. Il a également
établi le lien entre responsabilité sociétale et
création de valeur dans un contexte où les multinationales se
démarquent par leurs activités extra financières. Il s'en
suit que le lien entre RSE et création de valeur est certes positif mais
marginal. C'est dire que, dans notre contexte, l'incidence de la RSE sur la
création de valeur est à califourchon entre la thèse de la
neutralité et du positivisme dans le contexte des multinationales au
Cameroun. Ce qui est en phase avec les résultats des travaux
effectués dans d'autres contextes.
La seconde partie de ce mémoire consacrée
à la découverte du lien entre responsabilité
sociétale et création de valeur a présenté dans son
ensemble, l'ensemble des étapes qui ont constituées la phase
empirique de ce travail. Les résultats auxquels nous y avons aboutis
nous permettent de dire avec conviction, que la responsabilité
sociétale de l'entreprise traduit l'idée que l'existence du monde
des affaires dépend de la société. Ainsi, les pratiques
RSE en internes, notamment celles relatives aux conditions de travail et
à la motivation du personnel, sont plus enclines à créer
de la valeur tant pour les actionnaires que pour l'ensemble des parties
prenantes. Toutefois, les actions envers la société civile et
l'environnement ont un effet quasi nul sur la création de richesse.
L'incidence de la RSE sur la création de valeur est donc certes positive
mais très faible.
CONCLUSION GENERALE
Ce travail de recherche s'interrogeait au départ sur la
nature du lien entre responsabilité sociétale et création
de valeur. Elle a donné lieu à une analyse qui a abouti non
seulement à la caractérisation des activités RSE et
approches de création de valeur au sein de multinationales au Cameroun,
mais également de découvrir la typologie du lien entre ces deux
concepts. Le résultat auquel on y abouti est le fruit d'une approche
déductive basée sur des méthodes quantitatives (tri
à plat, analyse factorielle en composantes multiples, régression
linéaire, analyse de la variance, test t sur échantillons
indépendants).
Les concepts clés de ce travail de recherche sont la
responsabilité sociétale des entreprises et la création de
valeur. La problématique que nous y traitons est celle du lien de
causalité entre responsabilité sociétale et
création de valeur. Cette préoccupation nous a amené
à retenir comme objectif principal, la découverte du lien de
causalité entre RSE et création de valeur. Pour y parvenir, nous
avons émis quelques hypothèses. La première est relative
à l'incidence des activités extra financières des
multinationales sur la création du surplus mesuré par le chiffre
d'affaires. La deuxième est relative à l'impact des
activités RSE en interne sur les ressources additionnelles au sein de
ces multinationales. Enfin, la troisième porte sur la l'influence des
parties prenantes, sur le partage de la valeur créée en
entreprise.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons
été enclins à collecter des données auprès
de personnes ressources (les parties prenantes). Pour ce faire, nous avons
établi deux questionnaires administrés à deux
échantillons différents : les parties prenantes internes et
les parties prenantes externes. En interne, nous avons administré un
questionnaire aux employés de six multinationales opérant dans
différents secteurs (téléphonie mobile, agroalimentaire,
et brassicole). En externe, un questionnaire a été
administré à aux stakeholders autres que les salariés de
ces multinationales. Les taux de réponse ayant été
satisfaisants, nous avons procédé à la codification,
à l'analyse et à l'interprétation des données ainsi
collectées.
Les différentes analyses que nous avons
effectuées nous ont permises de constater dans un premier temps que les
pratiques de responsabilité sociétale et la mesure de la
création de valeur sont désormais une réalité au
sein des multinationales au Cameroun. Les multinationales auxquelles nous nous
sommes intéressés mesurent effectivement la création de
richesse, mais elles se servent d'instruments classiques.
En effet, le chiffre d'affaires demeure l'indicateur de mesure
par excellence du surplus créé ; tandis que le
résultat net est l'indicateur privilégié de mesure des
ressources additionnelles générées par les
activités de l'entreprise. On note donc l'absence notoire d'indicateurs
modernes et sophistiqués tels que la valeur ajoutée
économique (EVA) et la valeur ajoutée de marché (MVA).
Cela est sans doute dû, notamment en ce qui concerne la MVA, à la
non insertion des multinationales prospectées sur le marché
boursier de Douala.
En ce qui concerne l'aptitude des activités de
responsabilité sociétale à créer de la valeur, le
résultat est très peu satisfaisant. Il ressort en effet que les
activités extra financières des multinationales
prospectées ont une influence positive mais très faible sur la
création du surplus. On note une forte aptitude des actions RSE
menées en interne, à créer de la valeur pour l'entreprise.
Ce qui n'est pas le cas pour les actions RSE en externes (développement
local de la communauté et protection de l'environnement) dont l'aptitude
à créer des richesses pour l'entreprise est quasi nulle, car
très faible.
Les résultats de ce travail rejoignent donc deux
grandes thèses auxquelles des travaux antérieurs à
celui-ci ont abouti dans d'autres contextes. La première thèse
est relative au lien positif qui existe entre la responsabilité
sociétale et la création de valeur. La seconde a trait à
l'absence de lien entre responsabilité sociétale et
création de richesse. Il importe également de souligner que les
actions RSE dont l'incidence sur la valeur est positive, génèrent
un surplus prioritairement destiné aux actionnaires (valeur partenariale
à dominante actionnariale).
Aussi, les entreprises justifient les dépenses
engagées dans le reporting sociétal comme un moyen de conserver
la clientèle à court terme. Autrement dit, la communication RSE
contribue également à conserver et à créer de la
valeur dans le long terme.
Ainsi, les dépenses de responsabilité
sociétale ont un fondement purement économique, celui de
proliférer des bénéfices à long terme. On se
rapproche ainsi d'un type d'investissement qui aurait, à court terme,
l'objectif d'appréhender certains problèmes environnementaux et
sociaux afin de profiter de certaines facilités à long terme. Ces
facilités sont relatives à l'obtention de crédits,
à la suppression de certaines taxes et donc, à la
réalisation du plus grand profit. Il s'agit d'un type d'investissement
encore peu connu dans le monde de la recherche en sciences de gestion à
savoir L'Investissement Socialement Responsable dont les
caractéristiques et l'incidence sur la création de valeur feront
l'objet de nos prochains travaux.
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Zeribi-Benslimane O. et Boussorra E. (2008),
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cotées », Editions l'Harmathan,
* 1 Microsoft®
Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits
réservés.
* 2 Note d'information
sur la responsabilité sociale des entreprises et les normes
internationales du travail, Conseil d'administration, Bureau international
du travail, Genève, novembre 2003.
* 3 Trusteeship : ce
concept traduit, comme dans une relation d'agence, le management d'une
entreprise par des dirigeants non actionnaires et les relations qui en
découlent
* 4
« 3p » : People - Planet - Profit
* 5 CSR : de l'anglais
Corporate Social Responsibility
* 6 Conférence des
Nations Unies pour le Commerce et le Développement
* 7 L'exemplarité
consiste à partir des cas d'entreprises précis qui ont fait
preuve de succès en matière de rentabilité dans leurs
démarches RSE et d'inciter leur généralisation pour en
ressortir des modèles et des grilles applicables à toute
entreprise.
* 8 Freeman (1984) accorde la
paternité de la notion de stakeholder à une note interne du
Stanford Research Institute (SRI, organisme de recherche et de conseil) de
1963.
* 9
Freeman R. E. (1984), Strategic Management: A Stakeholder
Approach, Boston, Pitnam Publishing Ink;
* 10
CFO : Communauté Finance Opérationnelle,
Journal finacier quotidien finance, comptabilité, risque,
trésorerie, crédit, etc. ; édition quotidienne du
mercredi 23 Juin 2010 ;
* 11 M. Porter
(1980), Competitive Strategy : Techniques for Analysing Industries
and Competition, The Free Press, 1980, p13
* 12 Keiser A-M.
(2002), Gestion financière Corrigé ; ESKA,
4ème édition, Collection Gestion, 228 Pages.
* 13
http://fr.wikipedia.org/wiki/R(c)sultat_net;
Catégorie : soldes de gestion ;
* 14 Extrait de la
« RECOMMANDATION N° 2001 -01 RELATIVE A LA COMMUNICATION DES
EMETTEURS SUR LA CREATION DE LA VALEUR ACTIONNARIALE ; Bulletin COB
N°356 Avril 2006.
* 15
VAN : Valeur actuelle nette, valeur actualisée des
flux nets de trésorerie espérés d'un projet
d'investissement
* 16 Charreaux G.
(1998), Le point sur ... La mesure de la performance des
entreprises, Banque et Marché, Vol 34, p 46-51 ;
* 17 www.12manage/MVAhtm - La
Voie Rapide vers la Direction Générale. V10.5 - Dernière
mise à jour : 7/23/2010
* 18 Le ratio Q,
proposé par Tobin, constitue dans son principe une mesure de l'ensemble
des rentes anticipées, sur un horizon infini.
* 19 Le ratio de Marris
repose sur la même logique que le Q de Tobin, mais ne retient que les
capitaux directement investis par les actionnaires.
* 20 Ratio de Sharpe :
différence entre la rentabilité d'un titre et la
rentabilité de l'actif sans risque divisée par l'écart
type ou risque total.
* 21 OCDE
(2001), Codes of Corporate Conduct: Expanded Review of their Contents.
Working paper on international investment n° 2001/6 ;
* 22 Ngok Evina. J.
F. (2009), Audit social et gouvernement d'entreprise : une
relation en quête de sens, Revue Camerounaise de Management, RSB
Janvier - Juin N°17 ; ESSEC, Douala, page 44 ;
* 23 Commission de l'Union
Européenne, Livre Vert juillet 2001
* 24 A l'exception de
certains pays d'Europe du Nord et de la Grande Bretagne. *Mon Juriste :
réseau de droit et actualité internet. Section 1 : la
gouvernance d'entreprise, une gouvernance de mode ; un article
rédigé par Roches-Donavy V. (2007) ; publié le 26
Octobre 2007.
* 25 Situation dans laquelle
une personne tente de façon opportuniste de tirer avantage d'une
relation contractuelle ou d'une relation de confiance. Terme repris par
Gérard LARCHER, ministre délégué à l`Emploi,
journal La Tribune, Vendredi 17 mars 2006, p. 4.
* 26 Le Balanced Scorecard
ou tableau de bord prospectif (Kaplan R. et Norton D., 1996)
répond au double objectif de gérer les demandes des
différentes parties prenantes de l'entreprise et traduire les
stratégies en actions opérationnelles. La notion de sustainable
balanced scorecard est une extension `naturelle' du Balanced Scorecard dans la
mesure où ce concept reste ouvert à l'intégration de
toutes perspective ou partie prenante pertinentes, notamment la perspective
environnementale et sociale.
* 27 Friedman M.
(1970), « The socialeresponsaibility of business is to
increase its profits» New York Times Magazine, 13 september;
* 28 Source : Fichier
des entreprises implantées au Cameroun de la chambre de commerce,
d'industrie et de l'artisanat (CCIMA).
* 29 Ce document provient de
«
http://fr.wikipedia.org/wiki/MTN_Cameroun
».
* 30
http://fr.wikipedia.org/wiki/économie_du_Cameroun
* 31 Extrait du cours
d'épistémologie de la recherche dispensé par
Bekolo Ebe B. (2010) dans le cadre des enseignements en Master
Recherche (DEA)
* 32 Cours de
Méthodologie de la Recherche, Master II Sciences de Gestion,
Nkakleu (2010)
* 33 PPI : Parties
Prenante Internes
* 34 PPE : Parties
Prenantes Externes
* 35 Il s'agit des
pourcentages valides liés à l'existence de systèmes
manquants pour les deux dernières questions (relatives à la forme
et la fréquence de partage de la valeur créée)
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