3) TRANSFORMER LES VILLAGES
Parce que l'urbanisation coute cher et parce qu'une augmentation
trop rapide de la population des villes pose de très grands
problèmes financiers, économiques, techniques, et sociologiques.
Il est évidemment souhaitable de ne pas accélérer l'exode
rural et même de le contenir dans des limites acceptables.
Pour cela, il est nécessaire de faire la promotion du
développement rural par nos Etats et mettre fin aux politiques
économiques et sociale qui ont jusqu'à présent beaucoup
trop favoriser les citadins au dépens des paysans.
De ce point de vue la première chose à faire et
d'assurer aux paysans des revenus normaux .Quand les cours mondiaux des
matières agricoles exportables sont élevés, il faut
laisser aux paysans les recettes qui leur reviennent normalement et de
maintenir les subventions, ce qui pas toujours fait. Par ailleurs des taxes
à l'importation des céréales et de la viande devraient
être mises en place si à l'avenir l'importation des subventions
accordées par certains pays étrangers à l'exportation de
ces produits le justifie.
· DOTATION EN EQUIPEMENT
Un immense effort d'équipement et d'animation des villages
devrait être désormais prioritaire. Mais pour que cela soit
possible dans de bonnes conditions, il y'a un préalable, car la plupart
des équipements donnent lieu à des frais d'entretien et de
fonctionnement qui doivent nécessairement être couvert par les
villages. La présence dans chaque village dune sorte de groupement est
donc indispensable, qui prendra en charge par exemple l'entretien d'une pompe
de forage pour l'accès à l'eau potable, le fonctionnement
éventuel d'un ;moteur, les frais de production
d'électricité etc.
Il y'a heureusement maintenant dans très nombreux villages
de l'Afrique de l'Ouest des groupements de ce genre .Pour faire
bénéficier un village, de certains équipement, l'existence
d'un tel groupement devrait être une condition rigoureusement
exigée par tous ; les bailleurs de fonds extérieurs, Etat,
Régions ou ONG.
· MESURES
Une fois ces préalables résolus, la première
des mesures à prendre est l'extension d'urgence à tous les
villages de l'enseignement primaire ou à défaut de
l'éducation de base avec l'alphabétisation, car cela est
nécessaire pour que les villages puissent promouvoir eux même leur
développement économique et social, créer et faire
fonctionner les groupements villageois et mieux se défendre au sien de
la société .
Deuxième action fondamentale, car répondant
à l'un des besoins essentiels des hommes, fournir à chacun l'eau
de chaque jour, en quantité suffisante et d'une qualité
convenable.
En général, les villages ne sont pas encore
à l'heure des réseaux de distribution, chaque famille ne pouvant
assumer la charge financière de l'abonnement et de la consommation. La
politique actuelle pour encore des années à venir et dans
plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, est celle de la construction de points
d'eau, dans le cadre de ce que l'on appelle maintenant l'hydraulique
villageoise.
C'est une question largement traitée dans la question de
la politique de l'eau pour les programmes d'investissement aux travaux
hydraulique villageoise.
Un problème très important est celui de
l'hygiène et notamment de l'évacuation des eaux usées, des
déchets humains et des eaux pluviales stagnantes. Normalement un village
peut se passer en la matière d'ouvrages couteux, tuyaux, collecteurs,
etc. Mais il est indispensable que les villages acquièrent des notions
d'hygiène pour éliminer les eaux stagnantes, construire des
latrines correctes, etc. Et sur ce point l'éducation de base devrait
être profondément utile. Le problème
d'électricité au village est délicat. Il serait
évidemment plus gai pour les villageois d'avoir, au moins sur place du
village et dans deux ou trois ruelles, un petit éclairage public et
ensuite si possible d'avoir d'électricité chez eux. Mais
l'opération est difficile à réaliser et à faire
fonctionner, faut de techniciens sur place et de ressources financiers des
villageois.
Il peut être promû dans les villages de zones de
cultures riches comme le café ou le cacao. Ailleurs elle pourrait mise
en place grâce à la formule des paiements anticipés.
Un point essentiel pour le développement des villages est
celui des services aux entreprises ou plus précisément celui de
la présence d'artisans, mécaniciens et électriciens
pouvant entretenir et réparer les pompes de forage, les moulins à
céréales (mil, maïs...), les charrues, les semoirs,
éventuellement les motoculteurs etc. Il s'agit ou il doit s'agir
d'artisans privés, mais l'Etat a un rôle de former des jeunes
à ces métiers dans les zones rurales ; un enseignement
technique bien adapté devrait leur être donné, de plus il
serait utile de leur rendre pour eux possible de bénéficier des
prêts bonifiés, pour le démarrage de leurs activités
comme artisans.
Les services au particuliers, école, dispensaire,
téléphone, sont également une des formes de
l'agrément de l'habitat de la localité. On ne peut bien sur pas
demander qu'ils existent dans chaque village, mais on devrait au moins les
trouver dans une bourgade voisine, ce qui permet un accès relativement
facile à pied, en charrette ou à cheval ou à dos
d'âne ou à bicyclette ou à vélomoteur ;
lorsqu'il y'a des pistes pas trop sableuses .Les responsables de divers
services publics devraient veiller de façon très attentive
à cette déserte rapprochée des villages. Il faut des
études plus systématiques.
Enfin un point essentiel est de remédier à
l'insuffisance du réseau de transport qui peut empêcher ou
ralentir le développement de certaines régions et de certaines
activités. Mais avant tout investissement dans ce domaine il faut une
très bonne connaissance de l'économie locale et des perspectives,
de l'agriculteur, de l'industrie, du système des prix, des tendances de
déplacements personnels de la population, des comportements des groupes
socio-économiques. Car les erreurs coutent cher pendant long temps dans
ce domaine parce que les infrastructures sont fort durables.
Pour résoudre ce genre de problème il faut
évaluer avec soin les potentialités de chaque zone, nombre
d'habitants, nature des sols, climat, genre de cultures possibles, prix
probable pays aux producteurs etc. et tenter ainsi de prévoir ce
qui se passera si l'on résout les problèmes de transport. Pour
certains pays le désenclavement des zones rurales isolées est
très important, car c'est tout le développement agricole de
nombreuses localités qui est en cause. Dans un premier temps, on
résout habituellement le problème par des justes
améliorations peu couteuses ; bien entendu, si le trafic se
développe on passe au besoin à des routes en terre modernes, et
même plus tard à des routes bitumées.
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