SECTION 2 : ANALYSE DES RESULTATS ET ENSEIGNEMENTS
Après la présentation générale des
actions des entreprises et de leurs expériences en PPP santé, une
évaluation de ces actions mérite d'être faite, afin de
pouvoir en tirer des leçons pour la promotion de PPP Santé entre
le Ministère de la Santé et les entreprises.
I- ANALYSE DES RESULTATS
A- ANALYSE DES ACTIONS SANTE DES ENTREPRISES
Analyse des actions internes
Deux constats peuvent être faits après examen du
tableau N°1.
- Le premier constat est que l'UFCE, le SPPS et LEMATEKI ne
figurent pas dans le tableau. En effet, UFCE et SPPS sont des associations
et n'ont pas de personnel à prendre en charge médicalement ;
LEMATEKI quant à elle n'a qu'une dizaine d'employés et ne
mène pas d'actions santé envers ces derniers.
- Le second constat est que les six entreprises restantes
ont une diversité de pratiques pour la prise en charge santé
du personnel : financement direct à travers un fonds social, assurance
des risques et accidents de travail auprès de la CSS, assurance maladies
par l'IPM, et l'offre de soins basiques médicaments par les services
médicaux d'entreprises.
Les prestations offertes par l'IPM sont très
variées et l'assurance couvre non seulement le personnel, mais aussi,
leur famille directe. Sur les six entreprises, au moins cinq offrent une
assurance maladie qui couvre les soins et médicaments, les
maternités et les hospitalisations; ces prestations constituent donc la
tendance générale.
Par contre, les analyses, les évacuations à
l'étranger et les interventions chirurgicales, ne sont prévues
dans le cadre de l'IPM, que dans trois entreprises : les ICS, la SONATEL et
EIFFAGE. Ceci s'explique par le fait que le coût de ces prestations est
généralement élevé, et les entreprises qui
acceptent en supporter une partie sont souvent de grosses entreprises comme ces
trois dernières.
En somme, on peut retenir que les entreprises sont
socialement impliquées à l'interne. Mais en réalité
ce sont de grandes structures, employant des centaines voire milliers de
travailleurs, donc certaines de leurs actions relèvent du minimum des
dispositions légales du droit des travailleurs, par exemple la
détention d'un service médical d'entreprise.
Analyse des actions externes
La lecture du tableau N°2 permet d'affirmer que les
actions des entreprises enquêtées envers la communauté,
sont plus orientées vers la prévention du paludisme et du sida.
Ce sont des maladies qui sévissent actuellement en Afrique Subsaharienne
et auxquelles les populations sont les plus exposées. Ces raisons
peuvent justifier leur choix par les entreprises.
Les vaccinations d'enfants et de mères, les
consultations gratuites (générales, prénatales,
gynécologiques), le dépistage de cas de cancer de sein et de
tuberculose, sont d'autres formes d'interventions des entreprises.
Le tableau N°3 témoigne de l'intérêt
des entreprises à améliorer la santé des populations. Sur
sept entreprises, six y compris LEMATEKI qui n'est qu'une petite entreprise
encore en constitution, dépensent annuellement plus de dix millions de
francs CFA dans la santé. C'est un effort non négligeable,
surtout quand on sait que, dans un contexte africain économiquement
contraignant et difficile, les entreprises en général sont plus
focalisées sur la recherche de profit que sur tout autre objectif.
Mais cet effort demeure encore insuffisant pour plusieurs
raisons :
1- Les entreprises n'ont pas en leur sein, une réelle
politique de santé qui justifie leurs choix stratégiques des
maladies auxquelles elles veulent s'attaquer. De même, elles ne
planifient par leurs actions pour la santé. Seule EIFFAGE a un
comité de santé en interne, pour définir
méthodiquement les choix de la société en termes de
domaines d'interventions en santé, en tenant compte des moyens
financiers et humains de l'entreprise. De plus, l'enquête a
révélé qu'elles ignorent même les OMD et autres axes
de priorité de l'Etat en matière de santé ; ainsi, leurs
actions peuvent présenter le risque d'être peu efficaces ou en
déphasage avec la politique publique sanitaire.
2- A l'exception d'EIFFAGE, les autres entreprises ne
budgétisent pas leurs dépenses pour la santé, ce qui
limite la portée et l'efficacité de leurs actions.
3- Enfin, les entreprises affichent un défaut de
communication avec des parties prenantes (surtout publiques) du domaine de la
santé. A la question de savoir si elles pouvaient citer les acteurs
publics du domaine de la santé, elles répondent presque toutes
par la négation, sans même mentionner le Ministère de la
Santé. Ceci est d'autant plus grave, que l'espoir de PPP Santé
fructueux, devrait passer par une collaboration efficace entre ces entreprises
et le Ministère de la Santé ; est-ce dernier qui ne se rend pas
assez
48
visible auprès des entreprises comme étant un
acteur primordial du domaine de la santé, ou est-ce le fait d'une
négligence de la part des entreprises ?
Ces interrogations posent le problème de
l'expérience partenariale des entreprises en matière de PPP
Santé.
|