II- BILAN DES OMD SANTE AU SENEGAL
A- PERFOMANCES REALISEES
Les performances du secteur de la santé au
Sénégal, réalisées par rapport aux trois objectifs
de santé pour le millénaire sont :
? OMD 4 : Réduire la
mortalité infantile et post-infantile
Le taux de mortalité infanto-juvénile
est passé de 150%o en 1997 à 121%o en 2005 ; le taux de
mortalité infantile de 70,1%o en 1997 à 61%o en 2005.
Dans le domaine de la survie de l'enfant, la
mortalité néonatale reste très élevée, ce
qui explique l'insuffisance du recul de la mortalité infantile.
Plus de la moitié des décès avant 1 an interviennent avant
les vingt huitième jours. L'insuffisance de prise en charge des soins
postnatals participe à l'aggravation de ce
phénomène. Selon l'EDS IV moins de 3 femmes sur 10 en ont
bénéficié dans les deux jours ayant suivi l'accouchement
et une sur 10 entre le septième et le quarante deuxième
jour.
La mortalité infanto juvénile est de 91
%o en zone urbaine et 160 %o en zone rurale. En outre, la malnutrition
contribue pour près de 50% des décès chez les enfants de
moins de cinq ans.25
Dans un souci de rationalisation et
d'intégration des activités dans les formations
sanitaires de premier niveau, la Prise en Charge
Intégrée des Maladies de l'Enfant (PCIME) est mise en
oeuvre depuis 1998. En fin 2007, plus de 60% des districts ont
formé la plupart de leurs agents de santé
à la PCIME dont la composante communautaire s'installe
progressivement sur l'ensemble du territoire national (55
districts sur 65). L'enquête PCIME de 2006 confirme que les
maladies les plus courantes sont le paludisme (72%), les IRA (47%) et la
diarrhée (23%) sur fond de malnutrition. Les résultats montrent
une prise en charge correcte du paludisme (95%), des IRA (35%) et de la
diarrhée (56%), un index de disponibilité des huit
médicaments oraux de 0,63 (l'optimum étant de 1).
? OMD 5 : Améliorer la
santé maternelle
Le taux de mortalité maternelle est passé de
510/100 000 naissances vivantes en 1992 à 401/100 000 naissances
vivantes en 2005.
La mortalité maternelle est de 309 pour 100.000
naissances vivantes en milieu urbain contre 472 en milieu rural (EDS
IV). L'indice synthétique de fécondité est passé de
6,0 en 1992 à 5,3 en 2005.
25 Lancet (2005)
26
Selon l'EDS IV, la proportion de femmes enceintes ayant
effectué au moins une consultation prénatale auprès de
personnel de santé qualifié est passée de 82% en 1997
à 87% en 2005 avec un taux d'achèvement (4CPN) de 40%. Au cours
de la même période, la proportion de femmes dont l'accouchement
s'est déroulé en structure sanitaire est passée de 48%
à 62% avec 52% d'accouchements assistés par un personnel
qualifié.
Le taux de césarienne est de 3% inférieur au
seuil de 5% recommandé dans le cadre de la lutte contre la
mortalité maternelle.
La planification familiale connaît une progression
lente, passant de 8,1% en 1997 à 10,3% en 2005 (EDS IV) alors que
l'objectif était de 16%.
? OMD 6 : Combattre le
VIH/sida, le paludisme, et d'autres maladies
En ce qui concerne la lutte contre la maladie, le Programme
Elargi de Vaccination (PEV) enregistre, depuis 2001 une performance qui se
consolide d'année en année. Ainsi, la couverture au DTC3 est
passée de 45,3% en 2001 à 93% en 2007 au niveau national. Ces
résultats expliquent, entre autres, le recul des maladies cibles du PEV
telles que la rougeole et la poliomyélite dont le dernier cas remonte
à 1998.
Les autres priorités sanitaires concernent le SIDA, le
paludisme et la tuberculose.
En ce qui concerne le Sida, le Sénégal est
cité comme un pays de référence en Afrique dans la lutte
contre ce fléau. En effet, la séroprévalence au sein de la
population générale est estimée à 0,7% par l'EDS
IV(2005). Il faut, toutefois, rappeler que le Plan Stratégique de Lutte
contre le SIDA 2007-2011 a pour objectif de maintenir la prévalence du
VIH à moins de 2%. En 2008, près de 7000 personnes ont
bénéficié d'un traitement antirétroviral (ARV)
gratuit.
L'épidémie du VIH est de type concentré
avec au sein des groupes à risque des taux de prévalence de 20%
notamment chez les travailleuses du sexe et les hommes ayant des rapports avec
les hommes. En outre, il existe une féminisation de
l'épidémie avec un ratio Femme/Homme de 2,25. Des
disparités régionales sont également notées avec
des prévalences fortes dans les régions de Ziguinchor (2,2%) et
de Kolda (2%) d'après l'EDS IV.
Par rapport au paludisme, la tendance observée à
partir de 2001 est plutôt favorable, avec un taux de morbidité qui
est passé de 33,6 % en 2001 à 22,25 % en 2007. Quant à la
létalité hospitalière, elle est passée de 6,20% en
2006 à 3,36 % en 2007.
L'évaluation finale du Plan stratégique
2001-2005, réalisée en 2005, montre une amélioration des
taux d'utilisation des moustiquaires imprégnées entre 2000 et
2005.
27
Ainsi, le taux d'utilisation chez les enfants de moins de 5
ans passe de 1,2% à 18%, et chez les femmes enceintes de 1,7% à
39%. En 2006, l'enquête de couverture réalisée par le
Programme National de lutte contre le Paludisme (PNLP) révèle des
taux d'utilisation des moustiquaires de 32,6 % chez les femmes enceintes et de
45,6 chez les enfants de moins de 5ans. La même enquête a
montré un taux de couverture en traitement préventif intermittent
(TPI) à la SP (Sulfadoxine Pyrimétamine) en prise observée
de 64,3%.
Pour améliorer le dépistage et la prise en
charge des cas, les tests diagnostics rapides sont
généralisés à l'ensemble des districts sanitaires.
En outre, les Artémisinine Combined Treatment sont rendus disponibles et
accessibles à tous les niveaux de la pyramide sanitaire.
Dans le cadre de la lutte contre la tuberculose, on note une
lente évolution des indicateurs malgré les efforts consentis pour
assurer la gratuité du traitement. En effet, en 2006, le taux de
détection est estimé à 60% pour un objectif de 70% et le
taux de guérison de 76% pour un objectif de 85%. Par ailleurs, nous
assistons à un accroissement des cas multi résistants aux
anti-tuberculeux majeurs.
Quant aux Maladies Tropicales Négligées (MTN),
il convient de souligner que l'onchocercose n'est plus un problème de
santé publique au Sénégal. Toutefois, la prévalence
encore élevée dans certains pays de la sous région
constitue une menace d'une réinfestation. Pour le ver de Guinée,
la certification de l'interruption de la transmission par l'OMS a
été faite depuis mars 2004. Il importe, toutefois, de renforcer
la surveillance épidémiologique surtout celle à base
communautaire. Concernant le trachome, 2ème cause de
cécité après la cataracte, le traitement de masse par
l'Azithromycine ainsi que la chirurgie du trichiasis ont démarré
depuis 2004 dans les régions prioritaires. Quant à la
bilharziose, des campagnes de traitement de masse au Praziquantel ont
été initiées dans le cadre du Projet de Lutte contre les
Maladies Endémiques (PLCME) depuis 1997. Le seuil d'élimination
de la lèpre de 1 pour 10000 est atteint depuis une dizaine
d'années (en 2009, il à 1 pour 25 000). Les maladies à
potentiel épidémique, en particulier le choléra,
connaissent depuis 2004 une recrudescence avec une tendance endémique.
Les maladies non transmissibles chroniques à soins coûteux (le
cancer, l'insuffisance rénale et le diabète) sont de plus en plus
fréquentes dans toutes les couches de la population ; elles posent des
problèmes de prise en charge en termes de coûts, et les
interventions y afférentes restent encore timides.
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