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Les ressources en eau et leur gestion par les communautés rurales de la commune de Boukombé (Nord- Ouest du Bénin )

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par M'Po Edouard IDIETI
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise 2004
  

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5.6- Contraintes et limites liées à la gestion des ressources en eau

Les contraintes et les limites liées à la gestion des ressources en eau dans la commune de Boukombé sont de plusieurs ordres.

5.6.1- Contraintes liées à la gestion des ressources en eau 5.6.1.1- Contraintes liées au climat et à l'eau de pluie

La saisonnalité du climat pose le problème de la répartition des ressources en eau dans le temps :

- surabondance en saison des pluies avec des inondations qui détruisent les cultures, les maisons, les routes ~etc.,

- pénurie en saison sèche avec de longs parcours et attroupement autour des points d'eau résiduels,

- les toitures des habitations sont pour la plupart en paille et non en tôle ; l'eau de pluies ne peut donc pas être recueillie correctement et ne peut être propre avec la paille,

- l'érosion hydrique entretenue par les fortes pentes et la destruction des végétaux au profit des champs constitue des contraintes pertinentes dans la commune de Boukombé,

- la profondeur trop grande des nappes d'eau souterraines, le problème de pendage des couches aquifères. Comme exemple une bonne couche de nappe aquifère a été repérée dans un village de Manta à l'Est, le forage a été à sec pour la simple raison que cette couche est inclinée vers l'Ouest et son eau est accumulée vers cette extrémité dans un autre village.

- les cours d'eau connaissent un écoulement régulier en saison humide avec l'alimentation des nappes souterraines qui peuvent couler par des sources de résurgence. Par contre, en période sèche, tous les cours d'eau s'assèchent en laissant dans leur lit quelques mares et marigots.

5.6.1.2- Contraintes liées aux ressources en eau de surface et souterraine

Elles sont multiples et diverses :

- la distance à parcourir pour atteindre les points d'eau est un problème majeur pour les populations de Boukombé. Cette situation est due à deux phénomènes majeurs : la dispersion des habitations et la répartition naturellement aléatoire des nappes d'eau souterraine et des cours d'eau. Le tableau XXXI ci-dessous montre la répartition des distances par types de ressource en eau.

Tableau XXXI : Distances pour l'accessibilité des ressources en eau

Ressource en eau

Proche
(0 à 100 m)

Loin
(100 à 500 m)

Trop loin
(plus 500 m)

AEV

100%

0%

0%

Pompe-forage

67%

18%

16%

Puits moderne

55%

35%

11%

Puits traditionnel

84%

11%

5%

Retenue d'eau

56%

44%

0%

Cours d'eau

59%

37%

4%

Source

64%

29%

7%

Marigot

57%

35%

8%

Mare

67%

22%

11%

 

Source : Résultat d'enquête, 2003

Mis à part les pompes, les puits modernes et les mares qui sont à distance d'accessibilité 16% et 11% trop loin (plus de 500 m), le reste des ressources d'approvisionnement en eau est à distance d'accessibilité proche de 0 à 100 m et loin de 100 à 500 m.

- les voies d'accès surtout celles qui mènent vers les cours et plans d'eau sont souvent couvertes d'herbe et jonchées de cailloux et de trou. Le tableau XXXII cidessous montre la répartition des états des voies d'accès par types de ressource en eau.

Tableau XXXII : Répartition des états de voies d'accès aux ressources en eau.

Ressources en eau

Bonnes

Passables

Mauvaises

AEV

100%

0%

0%

Pompe-forage

62%

33%

4%

Puits moderne

48%

38%

14%

Puits traditionnel

58%

18%

24%

Barrage

36%

57%

7%

Cours d'eau

24%

49%

27%

Source

26%

48%

26%

Marigot

18%

63%

20%

Mare

24%

65%

12%

 

Source : Résultat d'enquête, 2003

Il en résulte du tableau XXXII que seul l'adduction d'eau villageoise a une bonne accessibilité en matière de voie d'accès ensuite viennent les pompes-forages et puits traditionnels.

- l'assèchement ou le tarissement précoce de l'eau des cours et plan d'eau est aussi un problème préoccupant les populations de Boukombé. Le tableau ci-dessous illustre ces préoccupations par type de ressources en eau dans la commune de Boukombé.

Tableau XXXIII : Caractères des ressources en eau selon le type

 

Ne tarit pas / ne s'assèche
pas du tout

Tarit / s'assèche par
endroit

S'assèche
entièrement

AEV

100%

 

0%

 

0%

 

Pompe-forage

 

100%

 

0%

 

0%

Puits moderne

 

67%

 

32%

 

2%

Puits traditionnel

 

34%

 

58%

 

8%

Barrage

 

28%

 

22%

 

50%

Cours d'eau

 

5%

 

41%

 

54%

Source

 

47%

 

26%

 

26%

Marigot

 

50%

 

20%

 

30%

Mare

 

84%

 

16%

 

0%

 

Source : Résultat d'enquête, 2003

Il ressort de l'analyse du tableau XXXIII que l'adduction d'eau villageoise (AEV), les pompes, les puits modernes et les mares ne tarissent pas ou résistent à l'assèchement. Quant aux cours d'eau, les retenues d'eau appelées barrages et les puits traditionnels s'assèchent en

majorité rapidement à la fin des pluies. Certains des marigots et sources résistent dans les zones oü ils sont mieux aménagés.

5.6.1.3- Contraintes liées à la topographie et à la géologie

La morphologie du territoire de la commune de Boukombé décrite plus haut constitue une contrainte naturelle à la disponibilité des ressources en eau. En effet le relief accidenté et incliné ne donne aucune chance à l'eau de stagner et de s'infiltrer même s'il pleut abondamment. Il en résulte une forte érosion ; le vidage par écoulement des cours d'eau vers le sud-est et leur assèchement précoce juste après les pluies.

- La morphologie particulière de certaines zones de la commune rend difficile l'acheminement de l'eau à la maison (zone moutonnée : kounawhongou, koutagou, kounayingou et flanc de montagne : Koussoukouangou centre, Kouwéntakouangou).

- les formations géologiques de la commune de Boukombé sont caractérisées par des roches métamorphiques, des schistes et des quartzites. Ces roches dures se décomposent peu et ne favorisent pas l'infiltration.

- la nature des roches rend difficile le creusement des puits (surtout traditionnels qui se fait sans utilisation de machines). Ceux qui sont facilement faits dans les altérites voient leurs parois s'ébouler en saison de pluie, faute de buses ou leur fond asséché en saison sèche.

5.6.1.4- Contraintes technologiques et sociales

Dans la société traditionnelle otammari comme en Afrique, chercher de l'eau à la source, au marigot, mare ou autre point d'eau est toujours l'une des nombreuses tâches réservées aux femmes.

- L'approvisionnement traditionnelle de l'eau consiste à (aller au marigot ou à la source) recueillir de l'eau avec un canari (Didou en Ditammari).

- En saison pluvieuse, les points d'eau se multiplient. Mais dès l'installation de la saison sèche, commence la pénurie d'eau avec attroupements autour des points d'eau qui ont encore de l'eau; et quand la pluie tarde à venir plusieurs tarissent et les femmes sont obligées de parcourir de grandes distances pour chercher une eau parfois de mauvaise qualité.

- En milieu otammari en général et à Boukombé en particulier, un point d'eau (mare ou marigot) qui abrite un "fétiche" ou qui est consacré aux rites coutumiers est interdit d'y accéder pour un quelconque usage domestique. C'est le cas de Taworiminta18, mare sacrée dans laquelle les jeunes filles ou garçons en cérémonie de dikuntri ou difëni19 se baignent à une étape donnée de la cérémonie pour être béni(e)s et purifié(e)s.

- Il n'est pas rare d'entendre dire à l'endroit de certains marigots, mares et sources qui ne tarissent pas, que ces points d'eau n'aiment pas "de récipient métallique", "de canari neuf" ou "d'y aller faire la lessive".

- Une femme en menstrues ne doit pas aller chercher de l'eau au marigot, à la mare ou à la source sous prétexte qu'elle perturberait les dieux de ces points d'eau.

5.6.2- Les maladies liées à l'eau à Boukombé

On distingue deux catégories de maladies à savoir les maladies dues à l'eau consommée et les maladies dues à la cohabitation de l'eau avec les habitations.

18 Taworiminta est une mare que possède chaque territoire d'un peuple de même dialectes et faisant en commun les cérémonies. Ce n'est pas une seule mare commune à tout le peuple Otammari.

19 dikuntri et difëni sont des cérémonies consacrées aux jeunes filles (pour dikuntri) et jeunes garçons (pour difëni) et qui sert de classification en classes d'âges ou de générations en pays Otammari.

5.6.2.1- Les maladies dues à l'eau consommée

Il s'agit des affections gastro-intestinales et diarrhées dues aux microbes pathogènes introduits dans l'eau par manque d'hygiène. Le tableau XXXIV récapitule les cas de maladies hydriques dues à l'eau consommée dans la commune de Boukombé.

Tableau XXXIV : Nombre de cas de maladies hydriques dues à l'eau consommée à Boukombé en 2001

Maladies

Nombre de cas en 2001

Diarrhée (Choléra, autres diarrhées)

1

181

Autres affections gastro-intestinales (Parasitose intestinale, dysenterie, bilharziose)

1

627

Total

2

808

 

Source : MSP /SNIGS, Cotonou 2003

5.6.2.2- Les maladies dues à la cohabitation de l'eau avec les habitations

Il s'agit du paludisme et des affections oculaires dus aux piqûres des insectes vivant dans les endroits humides (cours d'eau, marigots, mare, bas-fond). Le tableau 35 récapitule les cas de maladies hydriques dues à la cohabitation de l'eau avec les habitations.

Tableau XXXV : Nombre de cas de maladies hydriques dues à la cohabitation de l'eau

avec les habitations à Boukombé en 2001

Maladies

Nombre de cas en 2001

Paludisme

5

588

Affection oculaires (Conjonctivite, onchocercose, autres affections oculaires)

 

242

Total

5

830

 

Source : MSP /SNIGS, Cotonou 2003

Ces différentes catégories de maladies ont été citées par les populations de la commune de Boukombé. Le tableau 36 récapitule la fréquence de réponses des populations rurales par maladie.

Tableau XXXVI : Etude fréquentielle des maladies à Boukombé

Maladies

Pourcentages de réponses

Diarrhée

26%

Maux de ventre

38%

Maux d'yeux

14%

Bilharziose

14%

Ver de guinée

9%

 

Source : Résultats d'enquête 2003

Le tableau XXXVI montre que les populations rurales de Boukombé distinguent la diarrhée, la bilharziose mais regroupent les affections gastro-intestinales sous l'appellation "maux de ventre" et les affections oculaires "maux d'yeux". Le paludisme n'est pas évoqué par la population parce qu'elle ne perçoit pas la relation de cette maladie à l'eau. L'ulcère de burili (ver de guinée) est évoqué rarement et est souvent rapporté au passé.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry