Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSION
De multiples descentes sur le terrain et la mise en oeuvre de
l'approche participative et celle de l'EE ont permis de collecter des
données qui vont faire l'objet des résultats et de discussion
dans ce chapitre.
4.1- PRSENTATION DES RESULTATS
4.1.1 - Activités anthropiques relevées sur
les collines de Yaoundé
Les activités anthropiques ici concernent toute action
ou opération humaine dirigée vers une finalité et qui
provoque directement ou indirectement un élément tel que
l'érosion des sols, la pollution de l'eau, de l'air et des sols, la
végétation naturelle, le relief, etc.
4.1.1.1- Description des principales activités
humaines sur les collines de Yaoundé
Diverses activités humaines sont présentes sur
toutes les collines étudiées. Parmi ces activités
perturbatrices du milieu, les plus importantes en termes d'occupation spatiale
et meme de leur impact sur l'environnement sont :
- L'agriculture itinérante sur brûlis :
Elle se pratique sur les flancs des collines et leurs terrains
attenants. Elle se fait de manière traditionnelle ; sans aucune
technique culturale qui prenne en compte la fragilité du milieu. Les
sommets des monts Messa, Akok Ndoué, Ebaminala et même la poche de
forêt sommitale du massif rocheux de Minloa sont totalement
dégradées du fait de l'agriculture. Les produits de cette
agriculture essentiellement vivrière sont destinés à
l'autoconsommation et les petits marchés locaux (Nkolbisson, Mbankolo,
Carrière) et dans les grands marchés tels que Madagascar et
Mokolo. A côté des arbres fruitiers et des bananiers, il existe
des champs de maïs, d'arachides, de haricot, de patate et de manioc (voir
photo 4.1a) qui sont les plus prisés. A Ebaminala, nous avons
visité un champ d'ananas (voir photo 4.1b). A Mbog Ndum (colline la
moins humanisée), les champs de maïs et de manioc commencent
à coloniser le versant Nord jusqu'à 812 m d'altitude au point de
coordonnées GPS 03°51'38,4» latitude Nord,
11°26'36,8»longitude Est. Cette pratique culturale inadaptée
s'accompagne de la destruction des arbres, favorisant le ruissellement des eaux
de pluie. L'utilisation des feux de brousse (Akok Ndoué, Messa,
Ebaminala) expose la roche mère.
4.1b
4.1a
Photo 4.1a : Champs de maïs et de manioc au pied
de Minloa. (Source : Fékoua, déc.
2010).
Sur la photo 4.1a, N : 03°53'00,4»E :
11°26'16,7»on voit bien les champs de maïs, de manioc, et
des arbres fruitiers au pied du massif rocheux de Minloa. Sur la photo 4.1b,
E : 03°53'39,0»E : 11°27'59,9» nous avons un champ
d'ananas à Ebaminala. Observez la grosseur d'un fruit au premier
plan.
4.1b : Champs d'ananas à
Ebaminala.
- I <1Eit1t sommaire qu'on rencontre sur
les flancs des collines découle de l'urbanisation
désordonnée observée sur le terrain. Des maisons
construites sur des sites précaires et parfois à plus de 850
mètres d'altitude, colonisent les flancs des monts Akok Ndoué
(photo 4.2), Messa, Ebaminala et Mbankolo. Les cases sont pour la
majorité en briques de terre et en planches ; d'où leur
caractère précaire. La construction de ces cases est
précédée de terrassement et de fouille qui contribue
à fragiliser et à déstabiliser le versant. Cette
occupation anarchique des zones non-constructibles par les populations ne se
fait pas sans conséquences : érosion et mouvement de terrain
installent la désolation dans les familles et causent des
dégâts importants. A Mbog Ndum, nous avons compté trois
maisons situées dans la zone non-constructible. A Minloa, il n'y a pas
de maison ni de construction sur la colline et ses terrains attenants.
Photo 4.2 : Les maisons sur le flanc d'Akok
Ndoué. (Source : Fekoua, décembre
2010).
Sur cette image, seul cet affleurement rocheux visible
à l'Ouest d'Akok Ndoé empêche encore les constructions qui
sont déjà à plus de 850 mètres d'atteindre le
sommet.
- L'exploitation illégale du bois et du gravier
: Cette exploitation socio-économique a profondément
marqué le cours de l'évolution des collines de Yaoundé en
général et particulièrement celui des produits forestiers
ligneux (PFL) et non-ligneux. Les besoins des ménages urbains en bois de
chauffage, en matériaux locaux de construction se sont
intensifiés et le chômage des jeunes ont conduit à une
déforestation et un décapage accéléré des
collines, exposant les sols à l'érosion (Tagboka, 2009). Les
arbres, tels que nous avons observé sur le terrain sont coupés
pour le bois d'oeuvre et la construction (photo 4.3a). Seuls les riverains
prélèvent encore le bois directement sur les collines pour
l'auto-chauffage et moins pour la vente. Les activités d'exploitation de
graviers qui consistent à casser des morceaux de roches par
thermoclastie15 sur les collines et à les concasser avec un
matériel rudimentaire pour en faire du gravier ont été
identifiées à Akok Ndoué (photo 4.3b), Minloa, Messa et
Mbankolo. A côté de ces activités majeures, s'exercent
d'autres exploitations qui participent à la dégradation de ces
écosystèmes à écologie fragile. La liste de
contrôle ci-dessous (tableau 4.1) nous présente l'ensemble des
activités recensées sur les collines de Yaoundé.
15 Effets produits sur les roches par les brusques
changements de température. Il s'agit notamment d'éclatement.
Ici, on brule les vieux pneus et les morceaux de bois pour fragiliser la
roche.
4.3a 4.3b
Photos 4.3a : Exploitation de pierres à Akok
Ndoué. N : 03°51'07,9»E :
11°27'56,1» 4.3b : Coupe ilégale du bois au
sommet d'Ebaminala. N :
03°54'04,0»E :
11°27'50,2» (Source : Fekoua,
décembre 2010).
La photo 4.3a montre des blocs de pierres arrachés
sur le mont Akok Ndoué à plus de 850 mètres d'altitude,
qu'on fait rouler jusqu'à cet endroit pour être concassés
et vendus sous forme de graviers ou de moellons. La photo 4.3b quant à
elle présente l'exploitation anarchique du bois à plus de 900
mètres au sommet du mont Ebaminala. On voit bien ici un arbre abattu et
scié sous forme de débités.
Tableau 4.1 : Liste de contrôle des
différentes activités encours sur les collines
de Yaoundé.
Activités potentielles
|
Présence effective de l'activité
(1)
|
1- Agriculture
|
X
|
2- Habitat
|
X
|
3- Industrie
|
|
4- Compostage
|
|
5- Secteur informel
|
X
|
6- Construction
|
X
|
7- Energie
|
|
8- Foresterie
|
X
|
9- Elevage
|
X
|
10- Tourisme
|
|
11- Zones vertes
|
|
12- Education
|
X
|
13- Santé
|
X
|
14- Activités religieuses
|
X
|
15- Infrastructure hydraulique
|
|
16- Infrastructure communication
|
X
|
17- Chasse
|
X
|
|
Source : enquête de terrain, décembre
2010.
(1) : Cocher veut dire que l'activité existe
effectivement sur le terrain.
Il ressort de ce tableau que onze activités ont
été recensées sur les collines visitées et leurs
terrains attenants. Les principales activités sont :
- l'agroforesterie, qui se pratique sur tous les sites.
- l'habitat et la construction sont présents à
Messa, Akok Ndoué, Mbankolo et dans une moindre mesure à
Fébé, Ebaminala et Mbog Ndum. Il n'en existe pas à
Minloa.
- la chasse aux rongeurs tels que le rat, le porc-épic,
l'hérisson et l'écureuil se fait périodiquement sur
presque tous les sites.
- l'éducation (écoles privées), la
santé (centres de santé clandestins), les infrastructures de
communication (antennes), les activités religieuses (Eglises et sites de
recueillement) ont été observées à des altitudes de
plus de 800m à Akok Ndoué, Ebaminala, Messa, Fébé
et Mbankolo.
- L'exploitation de pierre et de sable est visible à
Akok Ndoué, Minloa et Mbankolo. L'importance spatiale des
activités humaines sur les collines de Yaoundé estimée sur
la base des observations faites sur le terrain est présentée
à la figure 4.1.
Habitat, construction
Figure 4.1 : Répartition spatiale des
activités humaines sur les coiines de Yaoundé.
Source : enquête de terrain, décembre
2010.
De manière globale, l'agroforesterie constitue 78% des
activités, l'habitat et la construction 12%, l'exploitation de pierres
et de sable 3% (photo 4.4a), la chasse 2% et les autres activités telles
que la pisciculture (photo 4.4b), la communication (antennes), la religion, la
santé, l'éducation et l'élevage 5%. Ces activités
impactent sur les ressources naturelles.
|
Le cliché 4.4a ci-contre montre de l'eau stagnant
dans un trou creusé pour extraire du sable. Cette activité
perturbe l'environnement et crée de véritable gite à
moustiques. N : 03°53'00,4»E : 11°26'16,7»
4.4a
|
|
Le cliché 4.4b présente un étang
piscicole sur le cours d'une rivière. Cette activité est
pratiquée ici dans des conditions naturelles. Seul le débit de la
rivière a été modifié. N :
03°53'60,6»E : 11°26'19,2»
4.4b
|
Photo 4.4a : Carrière de sable et 4.4b : Etang
de poissons au pied du Mont Minloa.
(Source : Fekoua, décembre 2010).
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