2.1.3 - Blocs forestiers en voie de disparition
Jusque dans les années 80, période où de
grands changements vont se faire sentir sur les plans démographique et
spatial, les hauts reliefs de Yaoundé notamment ceux des parties
Nord-Ouest et ouest de la ville, d'altitude variant entre 700 et 1200
mètres que nous appelons symboliquement « la dorsale
yaoundéenne », étaient véritablement verts
composés de massifs forestiers en altitude. Ces hauts reliefs
constituaient un important cordon forestier allant du Nord (Mont Nkolondom) au
Sud-ouest (Mont Eloundem), en passant par l'Ouest (Monts Messa). Parce que
difficilement urbanisables, ces hauts sommets ont été
constitués en trois réserves naturelles présentant une
multitude d'intérêts pour la capitale politique à savoir :
touristique, climatique et scientifique. Il s'agit de :
- La réserve naturelle du mont Fébé et des
Monts Messa d'une superficie d'environ 4000 ha. - La réserve du barrage
de la Mefou de 10 500 ha.
- La réserve du Massif de l'Eloundem de 4300 ha environ
prévue pour devenir un parc zoologique et botanique (figure 2.4).
Figure 2.4 : Les hauts sommets constitués en
réserves naturelles à Yaoundé.
(Fékoua, 2010).
Aujourd'hui, le cordon forestier des années 80
perceptible à travers « la dorsale Yaoundéenne » est
brisé par une urbanisation incontrôlée. En effet, la
plupart de ces hauts reliefs sont colonisés par une urbanisation
anarchique dont les conséquences sont sans précèdent pour
l'ensemble de la ville de Yaoundé. Les réserves qui couvraient
cette « barrière montagneuse occidentale » sont en voie
d'être profondément modifiées par l'action humaine
(culture, pâturages, carrières de prélèvement de
pierres), malgré la présence d'une forêt
dégradée en régression continue (PDL, 2001). Des
aménagements avaient été programmés sur ces sites
dits inconstructibles et protégés10 (reboisement de 78
ha). Face à l'inertie des pouvoirs publics, les populations riveraines
ont lancé un véritable assaut sur les forêts
préexistantes qui ont pratiquement disparu.
La verdure perçue à distance n'est qu'apparente.
Elle est formée de mousses et groupements saxicoles qui poussent sur des
rochers dénudés par l'érosion, de recrues et de quelques
îlots d'arbres et d'arbustes (Mandengue, 2009). Toutes les collines de
Yaoundé sont aujourd'hui menacées ; bien qu'il y ait quelques
unes qui conservent encore des reliques forestières. Si rien n'est fait,
« les hauts reliefs et leurs réserves qui constituaient jadis
l'essentiel du grand cordon forestier de la ville de Yaoundé » vont
disparaître.
La vaste campagne de reconquête des milieux
naturels11 et d'amélioration du cadre de vie lancée
par la CUY et dans laquelle s'intègre notre étude, sont autant
d'initiatives pouvant permettre d'explorer les voies et moyens pour redonner
à Yaoundé sa verdure et sa fraicheur d'antan. Après cette
analyse documentaire qui nous a donné une idée précise sur
ce que nous pouvons faire compte tenu des travaux précédents, et
la connaissance du cadre d'étude, il est question dans ce qui suit, de
dire un mot sur les matériels et la méthode les mieux
adaptés pour aborder une telle étude.
10 La Convention sur la diversité biologique
définit en son article 2, une zone protégée comme «
toute zone géographiquement délimitée qui est
désignée, ou réglementée, et gérée en
vue d'atteindre des objectifs spécifiques de conservation ».
11 La CUY a demandé et obtenu du
Ministère compétent, que ces zones soient déclarées
d'utilité publique. Voir l'Arrêté du Ministre des domaines
et des affaires foncières en annexe.
|