3.3 Interprétations et recommandations
Au vue de ces résultats, nous pouvons faire un certain
nombre de commentaires concernant l'impact de la mesure sur la pauvreté.
En effet, on constate que si la mesure permet globalement un accroissement des
revenus des ménages, la répartition du surplus de revenu est
non
1données provenant des statistiques du commerce
extérieur pour 2002
seulement tributaire du milieu de résidence (Urbain ou
Rural), mais aussi du niveau de vie du ménage (Pauvre,
Intermédiaire, Non-pauvre).
Suivant le milieu de résidence:
Tableau 21 : Variation des revenus des
ménages suivant le milieu de résidence
Milieu
|
Rural
|
Urbain
|
National
|
part du revenu (%)
|
11
|
89
|
100
|
croissance du revenu (%)
|
0.37
|
0.043
|
0.041
|
Croissance démographique (%)
|
1
|
4.23
|
2.8
|
Source: nos calculs
Les ménages urbains absorbent près de 70% de
l'augmentation des revenus, celle-ci correspond à une croissance de
près de 0.043% des revenus en zone urbaine contre 0.037% en zone
rurale.
Suivant le niveau de vie:
Tableau 22 : Variation des revenus des
ménages suivant le niveau de vie
Niveau de vie
|
Pauvre
|
Intermédiaire
|
Non pauvre
|
part du revenu (%)
|
16
|
43
|
41
|
croissance du revenu (%)
|
0.05
|
0.032
|
0.077
|
D'après le tableau 22 ci-dessus, on peut noter que plus
de 80% de l'accroissement des revenus est absorbée par les
ménages les moins pauvres (Intermédiaires et Non pauvres), soit
43% pour les ménages Intermédiaires et 41% pour les
ménages non pauvres. Les ménages pauvres qui sont pourtant ceux
visés en priorité par la mesure fiscale ne
bénéficient que de 16% de l'augmentation des revenus.
Toujours sur ce même tableau, on note que la plus forte
croissance des revenus s'observe chez les ménages non pauvres (0.77%)
suivi par les ménages Non pauvres avec une croissance des revenus de
0.064%. Les ménages pauvres quant à eu ne verront leur revenus
augmenter que de 0.022%.
On peut donc s'attendre à ce que la mesure en question
ait un impact peu significatif en termes
d'amélioration des conditions de vie des plus
démunis, mais par contre contribue à accroitre l'écart
entre les plus riches et les plus pauvres.
Suivant le milieu de résidence et le niveau de
vie Il est important de relever que les ménages pauvres en zone
urbaine ne bénéficient que de 7.8% de cette augmentation contre
environ 52% au profit des ménages non-pauvres urbains. Donc en zone
urbaine comme au niveau national, la mesure profite le moins au ménage
pauvre. On peut penser que ceci s'explique par les mécanismes de
redistribution inadéquats. Dans les zones rurales en revanche, les
ménages pauvres reçoivent une part plus importante du surplus,
soit 34%.
Au niveau national, il ressort que les ménages pauvres
n'absorbent que 16% de l'accroissement des revenus consécutif à
la réduction de la fiscalité. On en déduit donc que la
mesure en question bien qu'ayant permis effectivement une amélioration
des revenus risque fort de ne pas atteindre les objectifs escompté, en
l'occurrence améliorer de façon significative les conditions de
vie des ménages. Ceci parce que les couches les plus
défavorisées ne sont pas les principales
bénéficiaires des améliorations de revenus.
Il semblerait donc que l'enjeu de la lutte pour
l'amélioration des conditions de vie des ménages pauvre ne puisse
être résolu par une simple réduction d'impôt, car il
est avéré que dans pareille situation, et surtout en zone
urbaine, de telles mesures profitent bien plus aux ménages les moins
pauvres. Pour s'assurer que de telle mesure atteignent effectivement les
populations cibles, elles devraient être accompagnées de mesures
d'accompagnement. Une question nouvelle est alors celle de savoir quels
dispositifs d'accompagnement peuvent être associés à de
telles mesures?
En l'absence de dispositif d'accompagnement quel serait le
niveau de réduction fiscale à consentir par le gouvernement pour
avoir une amélioration substantielle des revenus des plus
démunis? Après plusieurs simulations on se rend compte que la
répartition des revenus supplémentaire n'est pas liée au
niveau du surplus, mais plutôt à la structure de
répartition en vigueur dans le pays.
|