6. Production, cueillette et conservation
post-récolte des LFT
6.1. La production et cueillette des LF
Leur production est une activité essentiellement
féminine et a lieu surtout pendant la saison pluvieuse. Certaines
espèces comme Sesamum radiatum et Solanum macrocarpum
sont produites uniquement pour leurs feuilles. D'autres espèces
comme Vigna unguiculata et Ipomea batatas sont
cultivées notamment pour les racines, les fruits ou les fleurs et
secondairement pour les feuilles. Pendant la saison sèche, les champs de
LF sont installés le long des cours d'eau, dans les marécages ou
les bas-fonds. En effet, Moustier et al. (2005) révèlent que les
zones rurales sont caractérisées par une production en plein
champ de LF en saison humide et seuls les cultivateurs disposant des parcelles
près des cours d'eau s'y consacrent pendant la saison chaude.
A l'échelle du village, les semences sont
prélevées sur les productions précédentes et sont
rarement achetées au marché local. L'investissement financier est
quasiment nul puisque les populations rurales ne disposent et n'utilisent ni
d'engrais, ni de pesticides pour la culture des LF aussi bien dans les jardins
de case que dans les champs. Cependant les sols autour des
agglomérations ou les jardins de case sont enrichis par les ordures
ménagères et le fumier des animaux domestiques qui constituent
généralement les seuls éléments organiques
fertilisants. Ainsi les LF produits dans ces conditions sont alors des
légumes biologiques exempts d'éléments indésirables
tels que les nitrates, les résidus de pesticides et de métaux
lourds (Barcker, 1975 ; Tittonell et al., 2003). Par ailleurs, ils sont
cultivés en association avec d'autres cultures vivrières dans les
champs. Ils ont une croissance rapide, ne demandent pas beaucoup d'entretien et
de plus, sont très productifs. Selon Westphal et al. (1985), une petite
parcelle de 50 m2 fournit suffisamment de LF.
La récolte de LF cultivés comme Amaranthus
hybridus, est échelonnée dans les champs et se fait par
coupes régulières et au fur et à mesure des besoins. Pour
d'autres d'espèces comme Acmella uliginosa, les femmes vont les
cueillir en arrachant toute la plante avec les racines. Les espèces
sauvages sont cueillies dans la brousse (ensemble des formations
végétales comprenant les jachères, les milieux savanicoles
et les milieux forestiers) soit en élaguant les branches pour cueillir
les jeunes feuilles ( cas des plantes ligneuses comme Ceiba pentandra,
Ficus sycomorus, Vitex doniana) soit en déterrant la plante
entière (cas des plantes herbacées comme Talinum triangulare,
Jacquemontia tamnifolia, Cerathoteca sesamoides), des lianes
(Lagenaria siceraria, Luffa cylindrica).
La figure 9 montre que les femmes s'approvisionnent surtout
dans les jardins de case (55% de réponse) et dans les champs (27% de
réponse). Une proportion non négligeable (18% de réponse)
de LF est cueillie dans les jachères, les milieux savanicoles et
forestiers et aussi dans les bas-fonds
18%
27%
Jardins de case Champ
Brousse
55%
Figure 9: Différents lieux de prélèvement
des LF
Les jardins de case se trouvent à proximité des
habitations et jouent un rôle très important dans l'alimentation
des communautés rurales. Ils occupent des espaces plus limités
que les champs et on y retrouve un nombre indéfini de légumes,
des arbres fruitiers, de cultures vivrières, des plantes
médicinales et aussi des arbres à ombrages comme le souligne
Rubaihayo (2002). Ce sont en fait des micro-environnements renfermant une
multitude de diversité génétique, culturale et agronomique
(Engels, 2002 ; Eyzaguirre, 2002). La composition des jardins de case varie
suivant les productions agronomiques des différentes zones
agro-écologiques (Rubaihayo 2002 ; Engels, 2002 ; Eyzaguirre, 2002).
Ainsi ceux rencontrés dans la zone d'étude renferment les
cultures vivrières spécifiques à la zone d'étude
à savoir le sorgho, le taro, le colas, le maïs, le
niébé, l'igname, les LF tels que Solanum sp.,
Amaranthus sp., Ocimum sp., Hibiscus sp. ; certains
ligneux dont les feuilles sont utilisées comme des légumes tels
que Adansonia digitata et quelques espèces herbacées
spontanées utilisées comme des LF surtout pendant les
périodes de soudure.
Ces jardins de case ressemblent à ceux
étudiés au Togo, qui sont de micro-écosystèmes
près des cases (Padakalé, 2003 ; Tata, 2004). Ce type
d'exploitation permet d'assurer une certaine subsistance pour les
ménages les plus défavorisés. Ils sont installés
pour permettre à la femme de s'approvisionner à proximité
afin d'apprêter assez tôt le repas familial. Des travaux
effectués en Bangui montre que 99% des ménages subviennent en
partie à leurs besoin en légumes et en condiments grâce
à leurs jardins de case (Villien, 1987). On qualifie donc les jardins de
case de garde-manger car ils renferment en partie tous les produits
nécessaires à la femme de ménage et représentent
des sources de réserves des espèces (Leiva, 2002).
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