REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Quelques définitions
Les légumes désignent les plantes (herbe,
lianes, arbuste, arbre) dont les feuilles, les tiges, les fleurs, les fruits,
les graines, les racines, les bulbes et les tubercules sont utilisés
dans la préparation de sauce (Westphal et al., 1985 ; FAO, 1988 ; CTA,
2004).
Les légumes-feuilles (LF) sont les plantes (herbe,
liane, arbustre, arbre) dont les feuilles sont utilisées dans la
préparation de sauce (Westphal et al., 1985 ; FAO, 1988 ; Chweya and
Eyzaguirre 1999 ; CTA, 2004). Ils sont constitués d'espèces
modernes du type européen comme le chou (Brassica oleracea
Linn) et la laitue (Lactuca sativa Linn) et d'espèces
traditionnelles comme Talinum triangulare (Jacq.).
Les LFT désignent les espèces
végétales cultivées ou sauvages originaires de l'Afrique
(ou qui se sont naturalisés dans différents pays africains) dont
les feuilles sont utilisées dans l'alimentation (Ogoye, 2003 ; CTA,
2004). En Afrique subsaharienne, il existe plus de 45 000 espèces
végétales dont un millier peuvent être consommé
comme tel (Maundu et al., 1993).
2. Importance des LFT 2.1. Importance
nutritionnelle
Ce sont des aliments de haute valeur nutritive. Le tableau I
présente les résultats des analyses biochimiques
effectuées sur 21 espèces de LF cultivés et sauvages
(Busson, 1965 ; Waithaka et Chweya 1991). Il montre que ceux issus de
cueillette sont aussi riches en éléments nutritifs que les
cultivés.
Les LF constituent des sources précieuses de vitamines
tels que la vitamine A, la riboflavine, la thiamine et les acides ascorbique et
folique. Par exemple les feuilles de Manihot esculentus, Moringa
oleifera et de Vigna unguiculata sont de meilleures sources de
vitamines C. Okigbo (1990) montre que dans les zones de savane sèche,
leur insuffisance dans l'alimentation humaine peut être une des causes du
déficit en vitamine A.
Ils peuvent apporter de nombreux minéraux
nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme. Les minéraux
les plus importants qu'on y retrouvent sont : le calcium, le fer et le
phosphore. Dans les pays subsahariens où les populations souffrent
d'anémies fréquentes causées par le paludisme, l'apport du
fer est très important (OMS, 1972). En effet 100 g de feuilles fournit
journellement 4 à 7 mg de fer suffisant pour un enfant et constitue un
apport non négligeable pour un adulte (Diouf et al., 1999).
Certains sont relativement riches en protéines et
apportent des protéines nécessaires aux populations surtout aux
femmes enceintes ou nourrices et aux enfants en période de croissance.
Les feuilles d'Amaranthus hybridus L., Gynandropsis gynandra
L., Manihot esculentus Crantz. et Vigna unguiculata (L.)
Walp. contiennent respectivement 28,3 % ; 16,6% ; 36,8% et 30,6% de
protéines (Maundu et al., 1999). Par ailleurs, ils renferment en
quantités importantes de l'amidon et des polymères de glucose et
constituent de bonnes sources énergétiques. Ils sont
particulièrement riches en carbohydrates et fibres qui ont un effet
laxatif doux (Davidson et Passmore, 1972). En effet les feuilles sèches
de Celosia argentea possèdent 48.3% de glucides.
Ils contiennent très peu de lipides. Toutefois
l'alimentation végétale à base de LF apporte à
l'organisme la quantité indispensable de lipides grâce à la
consommation élevée des corps gras qui rentrent dans la
préparation des sauces. Les lipides jouent un rôle essentiel dans
la constitution des membranes cellulaires. On observe une faible teneur soit
4.0% et 5.8 % de lipides respectivement dans les feuilles de Amaranthus
hybridus L. et Celosia argentea L. (Grubben, 1975).
Ils sont caractérisés par une forte teneur en
eau. Corchorus olitorius, Amaranthus cruentus, Celosia argentea, Solanum
aethiopicum, Basella alba et Talinum triangulare par exemple ne renferment
respectivement que 26.4%, 20.0%, 13.8%, 13.5%, 9.9% et 9.9 % de matière
sèche (Grubben 1971).
Les diverses composantes biochimiques (protéines bien
équilibrées, lipides riches en acides gras polyinsaturés,
glucides riches en fibres et nombreuses vitamines) favorisent leurs effets
positifs sur l'organisme.
Ils doivent être cuits avant la consommation. En effet,
la consommation de LF non cuits peut avoir des inconvénients sur le
fonctionnement de l'organisme. Des études ont
révélé que des LFT (Amaranthus hibridus L.,
Celosia argentea L., Solanum macrocarpum L.,
Cucurbita maxima Duchesne ex Lam., Manihot esculentus
Crantz, Sesamum calycimum Welw., etc.) contiennent des substances
antinutritives telles que les acides cyanhydriques, les acides oxaliques, les
alcaloïdes, les saponines, les cardénolides, les flavonoïdes
et les polyphénols (tableau II). Ceux-ci peuvent présenter des
risques pour la santé des consommateurs (Srivastava et al., 1959 ; Oke
et al., 1968 ; Schmidt et al., 1971 ; Grubben, 1975 ; Wolters, 1992 ; Orech et
al. 2005). Par exemple la présence d'acide oxalique dans les
légumes-feuilles empêche l'absorption des ions calcium. Il se lie
à celui-ci dans le sang en formant des calculs rénaux (Grubben,
1975). La cuisson suivie de l'élimination de l'eau de cuisson les
débarrasse partiellement ou totalement de leurs substances nocives
(Grubben, 1975 ; Westphal et al., 1985 ; Sorensen et al, 1994 ; Babik et al.,
1996).
Tableau I: Composition chimique de quelques
légumes-feuilles (pour 100g de feuilles)
Espèces
|
Fer (mg)
|
Calcium (mg)
|
Phosphore (mg)
|
Vit C (mg)
|
Vit A (mg)
|
Protéine (g)
|
Amaranthus hybridus
|
4.1
|
320
|
86
|
44
|
5.7
|
4.58
|
Cassia tora
|
6
|
608
|
95
|
120
|
3.7
|
5.66
|
Hibiscus sabdariffa
|
4.9
|
214
|
88
|
50
|
1.9
|
3.50
|
Leptadenia hastata
|
5.4
|
417
|
94
|
78
|
4.9
|
5.0
|
Manihot utilissima
|
8.5
|
382
|
130
|
370
|
6
|
8.50
|
Moringa pterygosperma
|
11.7
|
531
|
142
|
220
|
5.6
|
8.10
|
Ipomoea batatas
|
4
|
168
|
89
|
72
|
3.45
|
4.8
|
Vigna unguiculata
|
6
|
295
|
58
|
60
|
3.774
|
4.8
|
Adansonia digitata
|
25
|
2266
|
261
|
traces
|
4.9
|
12.5
|
Corchorus olitorius
|
8
|
380
|
133
|
100
|
3.04
|
5.1
|
Basella alba
|
1.2
|
109
|
52
|
102
|
8.0
|
1.8
|
Triantherma portulacastrum
|
4
|
195
|
77
|
30
|
2.860
|
3.2
|
Ficus gnaphalocarpa
|
15.8
|
74
|
163
|
35
|
-
|
6.1
|
Arachis hypogea
|
4
|
249
|
92
|
112
|
3.94
|
5.4
|
Sesamum radiatum
|
-
|
77
|
203
|
-
|
-
|
3.4
|
Cerathoteca sesamoïdes
|
-
|
174
|
75
|
28
|
Traces
|
4.4
|
Spinacia oleracea
|
0.8-4.5
|
6-595
|
-
|
1-59
|
2.8-7.4
|
2.3-3.3
|
Lactuca sativa
|
0.5-4
|
17-107
|
-
|
3-33
|
0.15-7.8
|
0.8-1.6
|
Brassica oleracea
|
0.9-1.9
|
30-204
|
-
|
20-220
|
Tr-4.8
|
1.4-3.3
|
Lycopersicon esculentum
|
2
|
15
|
23
|
31
|
0.18
|
0.7
|
Gynandropsis gynandra
|
6.0
|
288
|
111
|
13
|
-
|
4.8
|
Source: Busson 1965; Source: Waithaka et Chweya
1991
Tableau II: Toxicité de quelques LF consommés au
Kenya d'après Orech (2005) (+ présent ; - absent)
Espèces
|
Phytochimiques toxiques
|
Alkaloïdes
|
Saponines
|
Cardénolides
|
flavonoïdes
|
Polyphenols
|
Amaranthus hybridus
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Asystasia mysorensis
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Coccinia grandis
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Crotalaria ochroleuca
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Cucurbita maxima
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Portulaca quadrifida
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Sesamum calycimum
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Senna occidentalis
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Sida acuta
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
2.2. Importance socio-économique
a. Importance socio-économique au niveau des zones
rurales
Dans les zones rurales, les LFT sont cultivés ou
ceuillis. Près de 90% de la production ou de la ceuillette est
destinée à l'autoconsommation et le reste est vendu aussi bien
dans les marchés locaux que dans les marchés urbains
environnants. Le niveau de consommation annuelle en LF au Bénin serait
de 6 kg par personne en 1975 (Grubben, 1975) et de 12 kg par personne en 1995
(Mbaye et al., 1997).
Leurs prix subissent de très fortes variations
saisonnières. Au cours de la saison sèche, les femmes se
regroupent parfois pour les cultiver dans les bas-fonds. Selon Grubben (1971),
la période séche comprise entre deux saisons pluvieuses constitue
le moment où les cultures contre saison sont très rentables. En
saison pluvieuse, leurs prix baissent considérablement sur les
marchés (Matlhare et al., 1999).
Leur commerce dans les zones rurales n'est pas très
florissant compte tenu des difficultés que rencontrent les producteurs.
Sur les marchés locaux, la demande en LF est souvent faible car chaque
ménage tend à assurer plus ou moins ses propres besoins (Maundu,
1999). Le mauvais état des pistes en saison pluvieuse, période
d'abondance constitue une autre contrainte pour les zones de production de LF.
Une autre contrainte majeure est la difficulté de conservation
post-récolte. Ce sont des denrées périssables dont le
non-écoulement peut entraîner de lourdes pertes
financières.
Malgré les nombreuses difficultés
énumérées ci-dessus, leur commerce est une source de
revenus non négligeables pour les ménages (Hessou, 1995 ; Mbaye
et al., 1997). Cette activité est presque exclusivement assurée
par les femmes, mais les revenus qui en sont issus sont souvent destinés
aux besoins de toute la famille (Maundu et al., 1999).
b. Importance socio-économique au niveau des zones
urbaines
Dans les grandes villes, le maraîchage est
générateur d'emplois et de revenus. Au Sud Bénin, environs
85.000 emplois directs et indirects ont été créés
dans ce secteur en 2002 (PADAF, 2003). Dans la ville de Cotonou, le revenu net
global de l'ensemble des maraîchers est de l'ordre de 300 millions FCFA
par an en dehors de leur propre consommation. Assogba-Komlan (2002) estime que
le revenu des maraîchers peut atteindre 16,395 millions FCFA par ha soit
4,31 milliards pour les 236 hectares exploités en 2002. Les
enquêtes socio-économiques conduites au Brazzaville (Congo)
évaluent à 200 000 FCFA le revenu mensuel moyen d'un
maraîcher (Torreille, 1989).
Les activités maraîchères résolvent
donc d'énormes problèmes de chômage et
d'insécurité alimentaire auxquels sont confrontés les
populations (Moustier et al., 2005). Dans les zones urbaines et
périurbaines, leur culture n'est pas l'apanage des femmes. On rencontre
sur les nombreux sites maraîchers autant de femmes que d'hommes. Parfois
les hommes dépassent les femmes en effectif comme c'est le cas en
Côte d'Ivoire où plus de 90 % des producteurs maraîchers
sont du sexe masculin (Moustier et al., 2005). Parmi ces hommes
maraîchers, figurent de nombreux adolescents qui partent des villages
à la recherche du travail.
Margiotta (1997) montre que les activités de
maraîchage permettent de nourrir les familles toute l'année
puisque la période d'approvisionnement en LF est plus longue en
agriculture urbaine (9 mois sur 12) qu'en agriculture rurale (3 mois sur 12).
En Côte d'Ivoire, la persistance du
maraîchage urbain et péri-urbain s'explique par
le fait que c'est une activité de survie pour de nombreux ménages
(Yappi Affou, 1999). Il permet aux ménages les plus
défavorisés de s'alimenter en légumes frais et
d'améliorer la valeur des repas en protéines et en vitamines,
tout en réalisant des économies (Moustier et David, 1997 ; Jacobi
et al., 2000 ; Mougeot, 2000).
Le tableau III présente les atouts et les contraintes
liés aux cultures maraîchères dans les zones urbaines et
péri-urbaines et montre qu'en ville, les maraîchers sont aussi
confrontés à d'énormes difficultés dans la
production. La pression parasitaire constitue par exemple un goulot
d'étranglement particulièrement pendant la saison des pluies
(Jansen et al., 1994 ; Moustier et Essang, 1996 ; Gockowski, 1999).
Malgré l'utilisation des pesticides les dégâts sont
importants. Ils sont aussi confrontés aux problèmes de vols, de
divagations et de pollution de l'air, du sol et surtout de l'eau qui sert
à arroser les légumes (De Bon et al., 1999 ; Sanny, 2002). Comme
atouts, les maraîchers des villes sont par exemple situés à
proximité des marchés si bien que le transport et
l'écoulement de la production ne leur constituent plus de soucis majeurs
(Grubben, 1971 ; Moustier, 1997). Les grossistes viennent eux-mêmes
s'approvisionner dans les jardins.
Tableau III : Atouts et contraintes du maraîchage urbain et
périurbain (Moustier et David 1997)
|
Production
|
Commercialisation
|
Atouts
|
Flux d'intrants et de savoir-faire
|
Proximité du marché
|
|
Accès aux intrants
|
Faibles coûts de transport
|
|
Accès aux déchets urbains
|
Accès à l'information commerciale
|
|
Diversité des savoir-faire
|
Relations de confiance entre producteurs et vendeurs
|
|
Diversité des sources de revenus
|
|
|
Diversité de capital (fonctionnaires, commerçants,
expatriés...)
|
|
|
Accès à l'appui technique
|
|
Contraintes
|
Risque de production
|
Risque de commercialisation
|
|
Accès précaire au foncier
|
Caractères périssable et instable de l'offre
|
|
Manque de reconnaissance institutionnelle
|
Forte élasticité de la demande (légumes
tempérés)
|
|
Pollution du sol, de l'air et de l'eau
|
Risques sanitaires
|
|
Vols et divagations
|
Entreprises dispersées
|
|
Menaces sur la fertilité des sols
|
|
|
Pression phytosanitaire
|
|
c. Importances culturelle et
médicinale
- Importance culturelle
Les populations ont recours aux LFT non seulement pour assurer
leur survie mais aussi à des fins culturelles. Sur le plan culturel, il
existe des interdits, des rituels ou certaines anecdotes liées à
la consommation de certains LF. Batawila (2005) rapporte que chez les Mossi du
Togo, des rituels précèdent d'abord la consommation de feuilles
d'Adansonia digitata. Selon les Kabyè de la région Nord
Togo, les feuilles de Bombax costatum et de Cerathoteca
sesamoides anéantissent les pouvoirs mystiques et ne doivent pas
être consommées par les hommes qui en possèdent. Dans
l'aire culturelle Ouatchi au Sud-Est du Togo, les adeptes du fétiche
Tchabaga ne consomment pas
Corchorus aestuans L. Au Bénin, Lactuca
taraxacifolia L. est formellement interdit aux adeptes du fétiche
Sagbata (Dieu de la terre).
- Importance médicinale
Beaucoup de LF ont des vertus médicinales et peuvent
servir d'alicaments. En effet, leur consommation, à travers la sauce,
pourrait permettre de prevenir ou de traiter beaucoup de maladies ainsi que des
insuffisances nutritionnelles. Par exemple, les feuilles de Moringa
oleifera sont efficaces contre l'anémie, le diabète et
l'hypertension artérielle (Diouf et al., 1999) ; l'infusion des feuilles
de bissap (Hibiscus sabdariffa) peut être utilisée en
lutte préventive contre le paludisme. Les feuilles séchées
et réduites en poudre de Cerathoteca sesamoides, Adansonia
digitata, Corchorus tridens, Cassia tora, Hibiscus
sabdariffa et Vigna unguiculata sont utilisées contre la
constipation (Diouf et al., 1999). Le jus des feuilles de Jacquemontia
tamnifolia est absorbé comme antidote pour traiter les morsures des
serpents et l'infusion des feuilles est utilisée pour soigner les plaies
(Grubben et al, 2004). Au Congo, les jeunes feuilles de Corchorus
olitorus sont utilisées contre les troubles cardiaques (Grubben et
al, 2004). L'infusion des feuilles de Gynandropsis gynandra est
efficace contre l'anémie (Grubben et al, 2004). La macération des
feuilles de Cerathoteca sesamoides facilite l'accouchement et traite
la conjonctivite. Une infusion froide de feuilles de Sesamum radiatum
facilite également la délivrance chez la femme enceinte. Au
Kenya, les feuilles de Basella alba sont utilisées pour traiter
les maux de ventre et la constipation après l'accouchement. Les feuilles
de Talinum triangulare sont utilisées pour soigner la rougeole
au Cameroun (Grubben et al, 2004).
3. Etat actuel des connaissances sur les LFT
Des études ethnobotaniques ont été
réalisées dans certains pays africains (Botswana, Cameroun,
Kenya, Sénégal, Togo, Zimbabwe) dans le cadre d'un projet
régional initié par l'IPGRI (Chweya and Eyzaguirre 1999). Les
résultats de ces études ont montré que l'Afrique est un
réservoir d'une forte diversité. En effet, plus d'un millier
d'espèces végétales sont utilisées à des
fins alimentaires (Maundu, 1993) mais le nombre de LF locaux consommés
habituellement varient d'un pays à un autre. Au Botswana et au cameroun,
62 et 67 espèces ont été respectivement identifiés
(Matlhare et al., 1999 ; Poubom et al., 1999). Au Sénégal plus de
1500 espèces ont été retrouvées mais seulement 38
sont régulièrement consommés (Diouf et al., 1999). Au
Zimbabwe et au Kenya, respectivement 36 et 220 espèces ont
été dénombrées (Ngwerume et Mvere, 1999 ; Maundu et
al., 1999). Les travaux de Batawila et al. (2005) montrent que la
végétation togolaise est dotée d'une importante richesse
en plantes légumières. En dehors des espèces
cultivées, 105
espèces légumières regroupées en
82 genres et 45 familles sont cueillis dans les différentes formations
végétales, les champs et les jardins de case localisés
dans les différentes aires ethnoculturelles du Togo.
Au Bénin, les différents travaux
effectués sur les LFT concernent surtout les espèces
cultivées sur les sites maraîchers. Grubben (1975) a montré
l'existence d'une diversité intraspécifique au sein des amarantes
cultivées dans le sud Bénin. Assogba-Komlan (2003) signale la
présence d'éléments anti-nutritionnels tels que les
nitrates, les résidus de pesticides, les métaux lourds et les
glucosides cyanogènes dans les feuilles de la grande morelle
(Solanum macrocarpum) et celles d'autres légumes du type
européen comme le chou (Brassica oleracea) cultivés sur
les sites maraichers de Cotonou.
Dans le cadre du projet "Healthy Vegetable Through Participary
Integrated Pest Management in Urban and Peri-urban Gardens of Benin",
l'Institut International de l'Agriculture Tropicale (IITA), après avoir
identifié les ravageurs et les maladies des légumes auxquels sont
confrontés les maraîchers, a mis au point les stratégies de
lutte biologique contre ceux-ci comme alternative aux pesticides chimiques. Des
biopesticides tels que des virus ou des champignons entomopathogènes ont
été mises au point pour lutter contre l'espèce
Plutella xylostella qui est un parasite du chou (Atcha-Ahowe et al.,
2005).
Les espèces de LFT utilisées au Bénin ont
fait l'objet de peu de recherche et sont peu connues. Une attention
particulière doit leur être accordée.
|