Problématique de gestion des latrines dans les institutions supérieures et universitaires( Télécharger le fichier original )par Trésor Mumbere kihimba ULPGL/Goma - Graduat 2012 |
II.2. OPERATIONNALISATION DU CADRE DE LA RECHERCHEII.2.1. Cadre conceptuelMauvais conditions hygiéniques rencontrées par les étudiants dans la gestion des latrines au sein de l'institut supérieur de commerce de Goma(ISC) Mauvais stratégies utilisées pour la gestion des latrines au sein de l'institut supérieur de commerce de Goma Problématique de la gestion des latrines dans les institutions supérieures de la ville de Goma, cas de l'ISC Utilisation ineffective des dispositifs et d'hygiène individuelle Variables indépendantes
Variable dépendante
II.2.2. Cadre opérationnelVariables indépendantes Les mauvaises conditions : hygiéniques : satisfaisantes, médiocres, manque des matériels nécessaires, manque d'entretien, mauvaise gestion par les usagers. Les mauvaises stratégies : la non information, manque de communication, la non sensibilisation,... Problématique de la gestion des latrines dans les institutions supérieures de la ville de Goma, cas de l'ISC Utilisation ineffective des dispositifs et d'hygiène individuelle : papiers hygiéniques, savon, lave main, désinfections, trous à ordures et autres produits chimiques
Variable dépendante II.2.3. Définitions des variables indépendantes1. Conditions hygiéniques des latrines dans les institutions supérieures û Modes de gestion D'après la source du WSP, la couverture de l'assainissement de base dans les pays en développement atteignait 73% dans les zones urbaines et 31% dans les zones rurales pour une moyenne de 48%, en 2002 ; mais seuls 18% des institutions supérieures disposaient d'une connexion à un égout. Selon cette même source, dans les pays les moins avancés, la couverture tombe à 57% dans les zones urbaines et 27% dans les zones rurales pour une moyenne de 35%, et 2% de connexions à un égout. Au total, cela représente plus de 2,5 milliards de personnes dont le corps académique, les assistants, travailleurs et les étudiants des institutions supérieures non desservies par un système amélioré dans l'ensemble des pays en développement. Les conséquences sont désastreuses tant au niveau sanitaire qu'au niveau de la dignité humaine. Les méthodes de défécation non améliorées sont les principales responsables de maladies féco-orales telles que la diarrhée : les 4,4 milliards de cas de diarrhée rapportés annuellement entraînent plus de 2,2 millions de morts par an, principalement des enfants de moins de 5 ans 22. Selon les Objectifs du Millénaire pour le Développement fixés en 2002 à Johannesburg avaient pour but de réduire de moitié la proportion de personnes sans assainissement de base en 1990 (soit 51%) d'ici 2015, et d'assurer l'accès à tous en 2025. Pour les objectifs de 2015, ceci signifierait non seulement construire 378 000 latrines par jour, mais également assurer l'entretien et la maintenance des structures existantes : la réalité en est encore loin16(*)[]. Dans les pays en développement, l'extension de la couverture des latrines n'est pas du ressort unique des individus mais fait souvent partie d'un programme national, souvent soutenu par des ONG locales et internationales. On observe cependant que l'assainissement est fréquemment un parent pauvre d'autres ministères, divisé entre la santé publique, les travaux publics, l'eau, etc. Selon Ludovic Alves Miranda, au Burkina Faso le nettoyage des latrines est effectué 1 à 2 fois par semaine. Sur l'ensemble des institutions supérieures visitées, les deux tiers confient le nettoyage des latrines aux étudiants. Généralement chaque auditoire se voit confier une cabine à entretenir, l'objectif étant d'inciter les usagers à en prendre soin. Cela peut avoir un effet pervers car si les enfants ne les nettoient pas, les installations seront sales et donc ils ne les utiliseront pas. De plus, dans certaines institutions, le nettoyage des latrines fait office de priorité, ternissant à long terme l'assainissement, d'autant plus que les étudiants ne disposent pas de matériel de protection et sont ainsi directement exposés aux éléments pathogènes. Dans d'autres institutions supérieures, l'APE s'est opposée à ce que les élèves assurent l'entretien des cabines pour des raisons d'hygiène. Dans ces cas, l'entretien est souvent confié au gardien des lieux. A l'institution supérieure Eben Ezir (institution supérieure privée protestante), ce sont les religieuses de l'Eglise dont l'institution dépend qui sont en charge du nettoyage des latrines scolaires. La stratégie selon laquelle la construction de latrines dans les institutions supérieures permet aux étudiants d'apprendre les bonnes pratiques d'hygiène et ensuite de les transmettre à l'ensemble du foyer est un échec dû surtout au manque d'entretien. 2. Gestion des latrines dans les institutions supérieures et universitaires Depuis quelques années, un programme à la fois de réhabilitation et de construction est mené par l'ONEA dans les institutions supérieures publiques mais aussi privées dans le cadre du Plan Stratégique d'Assainissement de Ouagadougou. Des agents de l'ONEA ont réalisé un état des lieux de l'assainissement en dans les institutions supérieures. Une proposition d'intervention est faite aux agents de ces institutions supérieures, mais l'action n'est enclenchée qu'après que l'établissement ait retourné une fiche de manifestation d'intérêt. La construction ou réhabilitation est donc motivée à la fois par l'ONEA et par le responsable de l'établissement. Sur les 11 instituts supérieurs visités à Ouagadougou, sept ont bénéficié de ce programme dont deux instituts supérieurs privés. L'ONEA installe dans chaque établissement une connexion au réseau d'eau potable et réhabilité ou plus souvent construire de nouveaux blocs de latrines. Aucun dispositif de lave-main n'est envisagé. En effet, l'ONEA a expliqué que les dispositifs de lave-mains installés par le passé étaient endommagés rapidement et que, par conséquent, ils revenaient désormais à la charge des établissements scolaires. Un souci technologique existe à ce niveau là17(*). La priorité est donnée aux institutions n'ayant pas de latrines ou des latrines totalement hors d'usage. La direction ou le corps enseignant n'est consulté que pour l'emplacement des latrines. En revanche le choix technologique est pris par l'ONEA. Au niveau des institutions privées, tout frais de réhabilitation ou de construction est assumé par l'institution en charge de l'établissement, qui est généralement une institution religieuse. Les coûts dépendent évidemment du type de latrine implanté. Dans la région Centre-Est, l'Agence Danoise de Développement DANIDA finance à 100% les latrines des institutions supérieures dans le cadre de son Programme d'Appui au Développement du secteur de l'Eau et de l'Assainissement (PADSEA II). Ce sont des blocs comprenant la gestion des dépenses et dépend du statut de l'institution public ou privée. Il s'agit là d'une des rares dépenses liées à l'assainissement au niveau des instituts supérieurs. En effet, comme il sera expliqué dans la prochaine partie, aucun nettoyage anal (papier, bouilloire ou récipient pour l'eau) n'est fourni aux élèves qui sont obligés d'utiliser des feuilles de papier arrachées de leur cahier. De même, le savon n'est pas fourni par l'institution. Les étudiants n'ont donc que de l'eau pour se laver les mains. Une des institutions visitées proposait du savon mais de manière occasionnelle seulement. Deux types de latrines ont été rencontrés au cours des visites : des latrines traditionnelles et des latrines VIP (Ventilated Improved Pit latrine) avec fosse commune ou double fosse. Le dimensionnement est classique, aucune spécificité liée à la population cible (les étudiants) n'a été envisagée. Les dalles sont les mêmes que celles installées dans les latrines VIP double fosse destinées aux travailleurs et professeurs. Les murs sont en parpaings (aucun en banco n'a été observé). Il a été observé des blocs double fosse pour lesquels, dans chaque cabine, les deux trous étaient ouverts. Le concept des latrines double fosse, qui veut qu'une fois une des fosses pleine, le trou soit bouché pour permettre aux éléments pathogènes présents dans les excréta d'être naturellement éliminés avant la vidange de la fosse, n'est pas compris. Plus complexes à construire et plus chères, ces latrines ne sont pas exploitées comme elles le devraient et il est clair que des latrines VIP avec fosse commune suffiraient. De plus, il n'existe aucune filière de revalorisation des boues. Cette technologie n'est clairement pas adaptée en milieu urbain. Les autres institutions ont été équipées de latrines traditionnelles ou VIP avec fosse commune, le plus souvent construites en même temps que l'établissement. 3. Utilisation effective des dispositifs d'assainissement et d'hygiène individuelle Selon Ludovic Alves Miranda enquêteur du programme de la santé publique à Ouagadougou, 76 étudiants ont été interrogés au total, soit en moyenne 8 étudiants par promotion. Les entretiens ont tous été menés dans des institutions supérieures. Il a été difficile de les mettre en confiance, surtout lorsque la présence d'un enseignant les incitait à modifier leur réponse. Près de la moitié des étudiants a indiqué avoir été malade au cours du dernier mois (en particulier des maux de ventre, infections urinaires et diarrhées) ce qui montre l'importance de l'hygiène et de l'assainissement, même si les enseignants nous ont confié ne pas avoir d'importants problèmes d'absentéisme. On trouve des dispositifs de lave-mains dans trois établissements. Les étudiants désirant se laver les mains ne disposent généralement que de robinets sans savon. De plus, comme indiqué plus haut, ces lave-mains sont parfois condamnés. Les lave-mains rencontrés étaient soit des structures en ciment (cas de l'institut supérieur à Tenkodogo), soit des canaris (récipient traditionnel pour le stockage de l'eau) disposés dans chaque auditoire. Seuls 5% des étudiants interrogés indiquent avoir, à leur disposition, du matériel pour se laver les mains. Du savon n'a été trouvé que dans un seul institut supérieur. Une étudiante souligne avoir dans son sac du savon acheté par ses parents. Une pratique assez répandue veut que les enseignants demandent aux étudiants de se laver les mains avant de rentrer dans l'auditoire après chaque pause. Cette pratique ne se résume généralement qu'à passer les mains sous l'eau, sans savon. De même, aucun matériel n'est mis à disposition pour le nettoyage anal. Il y a bien de l'eau, mais aucun récipient pour en amener dans la latrine. Les étudiants utilisent donc des feuilles de papier arrachées de leurs notes. Certains utilisent même des cailloux ou des morceaux de bois lorsqu'ils défèquent en plein air. La moitié des étudiants se sont déjà retenus d'aller déféquer à la latrine, préférant attendre de rentrer chez eux. Ils sont tout de même 70% à avoir déjà été à la latrine pour déféquer. Ce qui signifie que 30% des élèves n'y vont jamais. Une légère différence existe selon le genre. 21% des garçons et 39% des filles n'utilisent jamais les latrines dans les institutions supérieures. Elles sont 11% à avoir déjà déféqué en plein air alors qu'aucun garçon n'a admis ce fait. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, plus de garçons (55%) disent se retenir que des filles (42%). En revanche, les étudiants sont moins réfractaires à utiliser les latrines lorsqu'il s'agit d'uriner, mais pour déféquer c'est encore mieux pour eux. En effet, 91% d'entre eux utilisent les latrines à cette occasion. Dans le même temps, il est plus simple pour les filles et les garçons d'uriner en plein air en raison de l'attente créée par l'utilisation presque exclusive au moment des pauses. Ainsi 37% des garçons et 45% des filles disent avoir déjà uriné en plein air. Ces étudiants refusant d'utiliser les latrines évoquent à l'unanimité le manque de propreté comme première et principale raison, et le risque contaminations en deuxième lieu. Près de la moitié évoquent également le manque d'intimité, la sécurité (présence de serpents par exemple) et l'absence des dispositifs pour le nettoyage anal. L'absence des dispositifs pour se laver les mains est pour un quart d'entre eux l'une des raisons de leur désaffection. Matériel pour le nettoyage anal 50 %, dispositif de lave-mains 25 %. Les professeurs ont généralement une cabine qui leur est réservée et fermée à clé. Il a été difficile de parler avec eux de ce sujet. Néanmoins, ils n'ont pas concédé de problèmes particuliers. Etant les seuls à utiliser leur cabine, elle est plutôt bien entretenue. Contrairement aux étudiants, les professeurs et les travailleurs ont souvent du savon à leur disposition entre le confort (32%) le lavage des mains (30%) et le nettoyage anal (22%). 4. Les stratégies d'une bonne gestion des latrines dans les institutions supérieures Il est aussi possible de mettre en place des stratégies en fonction de la technologie utilisée afin de déterminer si oui ou non le modèle choisi a une gestion rationnelle des latrines dans les institutions supérieures. Il semblerait aussi que les utilisateurs quotidiens de ces latrines de la soient plus enclins à comprendre les dépenses de nettoyage pour diminuer le risque de contamination dont l'information, la sensibilisation et la communication. * 16 B. Fawcett, Water & Sanitation for Developing Countries, Lectures Notes, University of Southampton, 2005. * 17 Rapport ONEA, Gestion des latrines publiques et institutionnelles au Burkinafaso : cas d'Ouagadougou, inédit, 2010 |
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