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Les impacts du maraàŪchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales (Mboro- Diogo ) au Sénégal

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par Sierge NDJEKOUNEYOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2007
  

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3.5 Les différentes étapes de l'abandon des cuvettes

L'abandon d'une cuvette devrait permettre dans des délais plus ou moins longs une recolonisation du site par une végétation similaire dont les caractéristiques ne devraient pas trop s'éloigner de celles de la végétation ayant précédemment occupé la cuvette. Mais ce processus généralement observé dans le cas d'un arrêt prolongé des cultures ne semble pas être le cas pour les cuvettes du nord de Mboro. Il semble que chaque cuvette évolue ici suivant un cycle qui le conduit inexorablement à l'épuisement de ses potentialités et à son abandon.

Avant de poursuivre cette réflexion signalons d'abord que plusieurs motifs peuvent conduire à l'abandon d'une cuvette.

-Le motif le plus fréquent est l'épuisement de la ressource hydrique ou sa pollution. -La perte de la fertilité.

-L'assèchement du fond de la cuvette du fait de l'importance de la fraction argileuse suite à l'aridité.

-D'autres cuvettes sont abandonnées sans raisons apparentes60.

Mais de manière générale l'abandon d'une cuvette reste lié à sa perte de productivité et à son mode d'exploitation anarchique.

L'abandon d'une cuvette n'est jamais brutal mais progressif, se faisant par étapes successives. La végétation sert facilement d'indicateur dans ce cas.

Photo 2 : (Mboro)-2007 Photo 3 : (Mboro)-2007 Photo 4 :(Mboro)-2007

Première phase : fragmentation et éclaircissement progressif du paysage

Photo 5 : (Mboro)-2007 Photo 6 : (Diogo)-2007 Photo7 :(Diogo)

Deuxième phase : réduction de la végétation et utilisation maximale des potentialités culturales de la cuvette

60 -Nous les rattachons à des causes humaines comme l'incapacité financières ou l'incompétence technique des propriétaires (souvent externe à la communauté) à le mettre en valeur.

Photo 8: (Diogo)-2007 Photo 9: (Diogo)-2007 Photo 10: (Diogo)-2007

Troisième phase : délaissement de certains secteurs, appauvrissement du sol et épuisement de la nappe.

Photo 11: (Diogo)-2007 Photo 12: (Diogo)-2007

Source: S. NDJEKOUNEYOM -2007

Quatrième phase : abandon total de la cuvette, disparition de la couverture végétale ligneuse et agricole.

Nous avons conscience que cette démonstration par étapes successives n'a aucune valeur chronologique dans la mesure où il ne s'agit pas de la même cuvette. Elle a néanmoins le mérite de permettre une lecture dynamique finalement assez proche de la réalité. Toutes ces situations existent simultanément et correspondent à une phase ou à une autre de l'évolution qui conduit les cuvettes à leur «terme«, leur abandon intégral.

Les cuvettes abandonnées ont des compositions floristiques très différentes qui définissent leur état. Ce dernier est souvent le résultat de pratiques qui ont précédées leur abandon. Ainsi une cuvette en phase d'abandon qui porterait encore des individus d'Elaeis ou de Cocos, même en dégénérescence, n'est pas dans les mêmes conditions écologiques que celle qui n'en à plus.

Il faut aussi distinguer les cuvettes qui ont fonctionné exclusivement comme dépression maraîchère de celles qui ont été par la suite utilisées pour des cultures pluviales ou pour la culture de l'arachide. Dans le premier cas l'exploitation se poursuivra jusqu'à épuisement des ressources et dans le second l'abandon est plus précoce.

Dans certaines cuvettes de Mboro, de Touba Ndiaye et une grande partie de celles de Darou Diouf une typhaie (Typha australis) vigoureuse apparaît. Cette formation est considérée par certains auteurs comme l'indice d'une niaye en dégradation.

La grande question qui anime toutes ces observations est de savoir si une cuvette par suite de son exploitation puis de son abandon peut enregistrer un retour de la végétation? La plupart des cuvettes abandonnées que nous avons visitées permettent de le confirmer mais il semble que le contraste qu'il y a entre les conditions d'avant et celles d'aujourd'hui soit tel que la végétation qui apparaît après tarissement des nappes affleurentes, exploitation et abandon n'est plus du tout atypique. Il s'agit au contraire d'une flore sèche et bien adaptée au domaine climatique.

Notons par ailleurs que le retour de la végétation est assez lent. On a constaté dans ces cuvettes que si certaines essences s'éloignent de leur optimum climatique à mesure que l'abandon dure, d'autres au contraire s'en rapproche. C'est ce qui explique le renforcement des essences sahéliennes avec une descente d'Euphorbia, d'Acacia albida, d'Acacia ataxacantha, dans les parties basses à mesure que s'affirme l'aridité dans la cuvette.

Malgré l'intensité des processus de dégradation du couvert végétal que nous avons observés, il importe de nuancer les conclusions car les seuls états de surfaces ne peuvent nous permettre d'affirmer une perte définitive de la diversité et de la densité végétale dans la mesure où nous sommes ignorants des capacités d'adaptation de graines dans le sol.

D'ailleurs Raynal relevant à la faveur d'un maximum de crue l'apparition d'un contingent d'espèces extrêmement rares affirme que « certaines espèces n'apparaissent qu'a la suite d'une inondation et que leurs graines doivent avoir la possibilité d'attendre plusieurs années le retour de conditions favorables. »

Malheureusement même si le potentiel biologique est théoriquement conservé, il ne peut s'exprimer que lors que le bilan hydrique est favorable et l'écosystème peu perturbé. D'ailleurs la mise en défens de certains sites à Mboro, où la nappe phréatique est parfois très accessible, a généré des peuplements plus denses et une richesse floristique accrue. Mais la même expérience réalisée à Diogo notamment entre les cuvettes abandonnées de Darou Fal et la route de Fas Boye (avant d'arriver à la cuvette de Mbeul) reste pour l'heure improductive. En définitive on peut dire que « l'écosystème des Niayes possède une plasticité et une rusticité qui lui confère un certain pouvoir de maintient même si d'autres facteurs déstabilisants continuent à agir sur lui »61. Par conséquent la notion d'irréversibilité des phénomènes de dégradation doit être manipulée ici avec beaucoup de prudence.

61 Pratique de conservation de l'eau et des sols dans la région des Niayes- ENDA -1999

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