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Les impacts du maraàŪchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales (Mboro- Diogo ) au Sénégal

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par Sierge NDJEKOUNEYOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2007
  

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PREMIERE PARTIE

Cadre de l'étude

Chapitre I : CADRE CONCEPTUEL

I. LA PROBLEMATIQUE

La région des Niayes située sur la Grande Côte sénégalaise offre un paysage particulièrement individualisé à travers une succession de dépressions inter-dunaires. Ce milieu marqué par des conditions hydro-climatiques et floristiques plus favorables que d'autres espaces situés à la même latitude a répondu favorablement à sa vocation maraîchère. Longtemps considéré comme un espace inhospitalier au Sénégal il a connu, à la faveur de la sécheresse de 1970, un regain d'intérêt. D'inhospitalier, il est passé à très attractif, les pressions se sont multipliées et diversifiées d'autant plus que le milieu d'origine était vulnérable.

Ces pressions diverses exercent sur la végétation un gradient sélectif de plus en plus significatif. La végétation des niayes qui avait déjà été sévèrement affectée par la péjoration des conditions climatiques et l'assèchement des nappes phréatiques se trouve confrontée à une réduction importante de sa composition floristique et de ses aires d'extension du fait de l'ampleur que prend le maraîchage. Commandé par un contexte économique extérieur influent et une réalité locale pesante (le besoin des populations locales de tirer partie des potentialités de leurs terroirs), le maraîchage participe jour après jour à l'appauvrissement du couvert végétal naturel.

Le déficit pluviométrique et la libération des cuvettes par l'assèchement des nappes de ces dernières années ont conduit cette région jadis déserte (en terme d'occupation humaine) à être l'un des pôles d'accueil des populations en provenance de l'intérieur, du sud et du nord du pays. Si partout la sécheresse du début des années 1970 a été un motif à l'émigration, dans cette zone au contraire elle a été la raison de l'intensification des activités agricoles (maraîchage). En effet depuis la Deuxième Guerre mondiale et l'introduction véritable du maraîchage par l'administration coloniale, la région des Niayes a connu un aménagement humain considérable qui en a fait un espace agricole à part entière. Très vite les terres disponibles pour cette activité deviennent insuffisantes pour contenter tout le monde, on procéda alors à un morcellement des cuvettes puis finalement à une extension des cultures dans d'autres compartiments du paysage (haut-versants) à tel enseigne que la végétation naturelle (et notamment les ligneux) se réfugie à présent sur les hauteurs où d'ailleurs elle n'est plus épargnée.

Le contexte économique dans lequel est placée la région, encadrée par de puissants centres urbains s'imprime de plus en plus sur la morphologie agraire des espaces ruraux que l'on y rencontre. Le secteur compris entre Mboro et Diogo abrite une population au comportement de plus en plus urbain à travers le mode vie et surtout le mode de consommation. Aussi cherche t-elle à accroître sa source de revenus en sollicitant autant que possible les terres de culture maraîchère. Or les surfaces les plus adaptées à cette culture sont également celles qui correspondent à la zone de concentration de la végétation typique des niayes.

Cette région qui, du fait de son originalité, notamment floristique, et de sa vulnérabilité, a fait l'objet d'un décret le classant en «périmètre de restauration « depuis 1957, subit de plus en plus l'influence d'une activité économique dont l'ampleur est dictée par l'importance des besoins et la rareté des alternatives viables. Le contexte à la fois géographique, économique et juridique de cette région la rend intéressante pour une étude des relations entre une ressource (la végétation) et une activité(le maraîchage).

En effet les pratiques maraîchères ont atteint une envergure inquiétante pour la préservation de certaines essences naturelles. Il a été constaté une disparition des essences naturelles dans les secteurs dépressionnaires et un regroupement de celles-ci sur les hauteurs, la difficulté d'utilisation des sommets constituent leur seul rempart.

Il est à noter également que la végétation ligneuse qui disparaît dans les bas-fonds (du fait du maraîchage) est de nature différente de celle qui se retranche sur les hauteurs d'où une véritable réduction de la diversité floristique. Il importe si cette intuition - issue de nos premiers travaux - est fondée de savoir au juste quelles sont les surfaces et les espèces concernées par cette réduction. Nous nous trouvons en fait devant une agriculture intensive pratiquée dans un environnement sensible et qui ne tolère que les espèces qui n'entravent pas son extension spatiale.

La concurrence spatiale entre végétation ligneuse naturelle (ou même parfois les essences du reboisement) et les cultures maraîchères prend une autre envergure dès lors que les techniques de culture sont systématiquement révolutionnées (par les progrès agronomiques et la motorisation entre autres).

L'intensification culturale n'affecte pas la végétation en terme uniquement quantitatif mais également en terme sélectif, donc qualitatif. Si certains individus d'espèces sont délibérément maintenus dans le paysage, beaucoup d'autres considérés comme encombrants pour le maraîchage sont décimés. Raynal2 exprimait déjà depuis 1963 cette préoccupation en ces termes : « Certains milieux sont floristiquement très appauvris en raison soit d'un facteur local soit d'une dégradation par l'homme dans ce cas le jeu différentiel de la concurrence entre espèces aboutit à rendre provisoirement l'une dominante ». Ce constat se confirme de plus en plus aujourd'hui et il serait intéressant de vérifier le degré d'anthropisation de la végétation et les risques qu'il comporte.

Les essences spontanées qui sont aujourd'hui les plus fréquentes dans les niayes ne le sont pas simplement du fait de la nature ou de ses effets mais aussi par l'action humaine qui contribue au remaniement de la végétation.

Au delà de l'enjeu purement écologique qui consiste à conserver à cette zone son originalité floristique, il est question ici de surveiller les variations de la végétation naturelle dans la mesure où elles peuvent induire, en cas de réduction sévère, des processus de dégradation irréversibles (ensablement). Il s'agit aussi de contrôler l'intensification du maraîchage qui peut introduire d'importantes quantités de toxines dans l'environnement. En effet, face au caractère discontinu et irrégulier des activités de reboisement et aux limites des essences choisies, il s'avère nécessaire de conserver quantitativement (et peut-être aussi qualitativement) certaines espèces. Le milieu choisi se présente comme un agroécosystème dans lequel le maintien de proportions écologiquement équilibrées de végétation naturelle est nécessaire à la pérennisation même du maraîchage. Eu égard au caractère dynamique de cet environnement dunaire, il importe donc de prendre au sérieux le rôle fondamental joué par la végétation ligneuse dans la stabilisation du matériel sableux afin de ne pas courir à une catastrophe écologique dans la zone.

2 Flore et végétation des environs de Kayar (Sénégal)

La problématique peut également poser d'autres questions, car beaucoup d'espaces abandonnés en raison de l'approfondissement de la nappe ou de sa pollution sont-ils aptes à accueillir à nouveau des essences naturelles ou sont ils dégradés au point que leur régénération ne s'envisage que dans un futur lointain ?

1.1 Objectifs

-L'objectif fondamental de cette étude est de mettre en évidence le fonctionnement de cet « agroécosystème », ses règles et ses limites ainsi que les processus socioéconomiques qui la soutiennent.

-Actualiser les informations sur la dynamique associative de la flore des Niayes à travers des inventaires et une analyse phytosociologique.

-Montrer les effets directs et indirects du maraîchage sur la végétation ligneuse (en termes de réduction spatiale et floristique) et les conséquences prévisibles de cette intensification de cultures.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault