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Les impacts du maraàŪchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales (Mboro- Diogo ) au Sénégal

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par Sierge NDJEKOUNEYOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2007
  

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INTRODUCTION

Occupant la frange littorale nord du Sénégal, les niayes sont des dépressions interdunaires marquant un contraste topographique avec les systèmes dunaires au creux desquels se pratique une intense activité maraichère. Cette étroite bande abrite une végétation typique par sa composition floristique complexe et colonisant un substrat particulièrement sableux.

Soumise à des conditions climatiques relativement modérées (au niveau de la température) notamment grâce à une humidité relative qui est toujours supérieur à 50%, la zone des Niayes est propice au maintien d'une végétation à affinité plus méridionale et à des cultures de légumes étalées sur toute l'année. La région qui fait l'objet de cette étude se présente donc comme un milieu au potentiel floristique important avec plus d'une trentaine de familles représentées renfermant pas moins de 80 espèces ligneuses et sous ligneuses, soit un total de 419 espèces si l'on considère toutes les strates.1Cette richesse végétale (20% de la flore du Sénégal) est d'autant plus spectaculaire que la bande considérée est d'une surprenante étroitesse.

A ce cortège floristique se superpose ou plutôt se substitue de plus en plus une activité maraîchère, elle aussi, nécessiteuse d'espace. Les périodes successives de sécheresse conjuguées à l'accroissement galopante des centres urbains consommateurs de légumes finissent par exercer sur ce milieu une pression de plus en plus insoutenable dont la diversité biologique est la première à pâtir.

En raison du caractère atypique de cette zone sur le plan géomorphologique et phytogéographique, elle a fait l'objet d'un intérêt particulier pour les premiers investigateurs qui s'y sont exprimés. C'est le lieu de rappeler ici, à titre indicatif, les travaux d'Aubréville, de Giffard, d'Adam, de Trochain ou encore de Raynal qui en ont étudié la végétation entre la période de 1940 à 1980. Mais les enjeux économiques grandissant ont mis un accent particulier sur les activités horticoles qui représentent, selon les études menées par le CDH (ISRA), 80% du total national. En dépit de cette riche documentation, les rapports entre la végétation naturelle et le maraîchage n'ont été que succinctement abordés d'où la nécessité pour nous aujourd'hui de mettre un accent plus prononcé sur les liens de cause à effet qui unissent sur un espace restreint, une activité en extension et un potentiel en régression.

Nous entendons, à travers cette étude, mettre en lumière les mécanismes complexes qui lient les différents acteurs aux composantes naturelles et artificielles dans cet espace que nous avons convenu d'appeler un agroécosystème. Il s'agit de proposer une lecture articulée d'une réalité spatiale qui s'étudie souvent de manière distincte (le maraîchage d'un côté et la végétation de l'autre).

Le premier intérêt accordé à un tel objectif est bien sûr de vouloir mettre en évidence les relations entre le maraîchage et au moins une strate de la végétation. Car bien souvent pour expliquer la régression du couvert végétal ou la raréfaction de certaines espèces de l'intérieur des cuvettes, on allègue volontiers la péjoration climatique ou l'érosion éolienne, or notre conviction est qu'il est plus facile d'agir sur des causes humaines que de vouloir contrôler les effets désastreux de la nature. La réduction floristique dans les niayes plus particulièrement, nous apparaît comme une conséquence (au moins en partie) de la mauvaise coordination et du

1 -Monographie nationale sur la biodiversité au Sénégal (ministère de l'environnement et de la protection de la nature)

manque de planification entre les services des Eaux et Forêts et des programmes de développement agricole qui semblent se complaire à fonctionner dans l'indifférence les uns des autres

L'augmentation de la pression humaine sur cet espace sous diverses formes provoque une importante dépendance de l'écosystème vis-à-vis des apports extérieurs (de nature anthropique) pour son fonctionnement. L'autorégulation inhérente à tout écosystème naturel disparaît progressivement, fragilisant énormément le milieu puisque celui-ci devient victime d'une intervention humaine qui elle-même n'est entretenue que par une ressource (la nappe phréatique) qui s'amenuise dangereusement. La végétation dans son évolution est sans doute ici l'un des indicateurs les plus fiables non seulement de la variabilité climatique mais aussi de la dégradation environnementale et du malaise social qu'il sous entend.

D'un point de vue méthodologique, la présente étude s'appuiera sur une approche phytosociologique en ce qui concerne la végétation suivie par la cartographie des surfaces maraîchères. A cela seront associés d'autres travaux de terrain avec notamment l'application de questionnaires et de guides d'entretien pour les aspects socioéconomiques et les pratiques paysannes.

Nous nous inscrivons d'emblée dans une démarche néopositiviste ou plus simplement une démarche déductive qui nous permettra de partir de la formulation d'hypothèses pour observer les processus en cours. La logique de cette démarche nous conduira avant tout à préciser le cadre d'ensemble de l'étude, nous aborderons par la suite plus spécifiquement la végétation ligneuse et l'activité maraîchère. La dernière partie de cette réflexion nous conduira à étudier les rapports qui existent entre cette végétation ligneuse et le maraîchage.

En dépit de cette approche quelque peu réductionniste notre sujet se veut fondamentalement systémique considérant le fonctionnement plus que les parties de cet agroécosystème.

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