Chapitre IV : ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA VEGETATION
La description de la végétation contrairement
aux analyses statistiques des communautés végétales
s'appuiera préalablement sur des observations empiriques faites au cours
des nombreux transects et en second lieu seulement sur une analyse des
différentes classes et de la densité de recouvrement
végétal.
La végétation dans la zone des Niayes
présente à tout égard une forte diversité. Les
variations que l'on enregistre d'un système dunaire à un autre et
plus spécifiquement d'un compartiment de la toposéquence à
un autre se répercutent directement sur la composition de la
végétation et à une plus grande échelle sur sa
structuration. Les particularités édaphiques et hydrologiques
dont découle cette diversité ainsi que la nature et
l'intensité de l'utilisation par l'homme de l'espace sont les
déterminants véritables de la végétation et de ses
conditions d'évolution.
D'un point de vue dynamique, l'évaluation des
données relatives à l'impact du maraîchage sur la
végétation nécessite d'abord l'acquisition d'informations
précises sur l'écosystème des niayes avant et après
la perturbation qu'implique cette activité. Si les données
post-perturbation ont pu être en partie rassemblées par le travail
de terrain, il n'en va de même des données
pré-perturbation. Il est en effet bien rare qu'un milieu ait
été correctement échantillonné avant que la
pérennité de ses différentes composantes ne se pose en
termes de problème. Et quant bien même cela aurait
été fait, les données peuvent être difficiles
d'accès comme c'est le cas ici26.
C'est pour contourner cet obstacle que la zone d'étude
à été délibérément élargie
jusqu'à Mboro27 où il faut admettre une plus forte
densité de la couverture végétale28et
corrélativement une meilleure conservation des essences. Cette approche
comparative, que nous adoptons par ailleurs dans tout le travail, nous
permettra d'identifier dans l'activité maraichère les facteurs
exacerbant la dégradation de la végétation ligneuse. Il
s'agit de saisir l'amplitude des variations du couvert végétal
sous l'influence de facteurs favorables et défavorables et d'apparenter
le stade actuel de la végétation à une formation
originelle.29
I. LA DESCRIPTION DU PAYSAGE VEGETAL ENTRE DIOGO ET
MBORO
Par commodité nous avons subdivisé notre zone
d'étude en trois secteurs pour en faciliter l'observation et
éventuellement la comparaison (Figure 8)30.
1.1 Le secteur de Diogo
Les formes et les dimensions des cuvettes varient
énormément dans ce secteur. La plupart d'entre elles sont
actuellement fonctionnelles en termes d'exploitation maraîchère.
Ce qui se
26- Référence à la revue documentaire.
27- Au départ il était question de s'en tenir au
terroir de Diogo.
28- En dépit, il faut le reconnaître, de la
proximité urbaine.
29- Tout en ayant conscience qu'un groupement vraiment originel
serait difficile, voir impossible à trouvé aujourd'hui.
Néanmoins certains s'en rapprochent plus que d'autres et c'est tout
l'intérêt de l'exercice.
30-Andal, Diogo et Mboro seront de fait souvent
employés pour designer les secteurs et non seulement l'entité
territoriale (terroir ou commune).
répercute immédiatement sur la
végétation dont l'organisation régulière en
auréoles concentriques si caractéristique des niayes
inondées se perd progressivement.
1 0 1 2 3 4 Kilomètres
N
Beno
~~~~ ~~ ~~~~~~ ~~~~~ ~~
~~ ~~ ~~ ~
MBORO
~~
(secteur)
~~ ~~~~ ~~
Golgaindé
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~~
·
· ·
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~~
Santhie touba Ndiaye
E N
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~~
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~~~~
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~~
~~~~ ~~
Touba Ndiaye
Fas Boye
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~~
~~
~~
ANDAL
~~
~~
Diogo sur Mer
(secteur)
~~ ~~
~~~~ ~~ ~~
~~ti
~~ ~~ ~~
Darou diouf
~~
·
·
~~ ~~ ~~
~~
~~~~~~ ~~ ~~
~~ ~~ ~~ al
~~
~~
~~ ~~
~~
Darou Guèye
~~ ~~ ~~ ~~
Route régionale 70 bis
Darou Ndiaye
· · ~~
~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~
Darou Ndoye
~~
~~
~~
~~ ~~ Ndjiligne
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· Etablisement humain
~~
. · ·
~~
~~~~
~~ ~~
Darou Fal Diogo
~~
Sol nu
Savane
ligne de separation des secteurs étudiés
Culture maraîchère associée aux arbres
Culture maraîchère pure
Piste
Route
Plantation (projet UTP)
~~
Bande de filao
Pseudo-steppe
DIOGO
(secteur)
Route Régionale 70 bis
Figure 8 : Carte de l'occupation de l'espace par secteur
Source : Image Landsat 2002- Traitement : S.
Ndjekouneyom
Les boisements denses sont devenus de fait très rares
et n'excédent pas 20% du couvert végétal ligneux. Les
plantes sont plutôt distribuées de manière très
isolée sur les versants et dans le fond des cuvettes. L'organisation du
toit de la végétation reste inversement proportionnelle à
la topographie, exception faite d'Adansonia digitata dont l'imposante
silhouette ne passe pas inaperçu sur certains haut-versants. Sur ces
dernières on rencontre généralement une
végétation très basse, le plus souvent buissonnante
à l'image de Lawsonia inermis, Commiphora africana et
surtout d'Euphorbia balsamifera qui est ici l'essence la plus typique
des sommets. En atteste d'ailleurs le relevé 7 qui en mentionne 113
individus. Des espèces comme de Guiera senegalensis qui
préfèrent coloniser les espaces dégarnis sablonneux
à tendance stérile prolifèrent aisément dans
certains creux dunaires. Mais lorsque les dénivellations
s'atténuent Dichrostachys cinerea, Piliostigma reticulatum et
Tamarindus indica deviennent les incontournables associés
d'Euphorbia balsamifera.
A la croisée de certains chemins apparaissent sur le
tiérangal31 des espaces trop petits pour être
mis en valeur. Ils abritent par conséquent des espèces assez
exceptionnelles par leur rareté ici, comme Acacia ehrenbergiana
ou Bauhinia rufescens en compagnie de Capparis tomentosa
et d'Acacia albida qui bénéficient d'un
égard particulier de la part des paysans.
Sur les bas-versants où règnent des conditions
d'humidité plus intéressantes apparaissent des individus
d'Elaeis guineensis et de Cocos nucifera. Lorsque la
dépression est moins étroite et moins humide donc moins
exploité on rencontre une plus grande richesse floristique. Outre
Mangifera et Azadirachta indica, on croise un certain nombre
de Ficus qui sont ici les indicateurs le plus souvent conservés
d'un facies beaucoup plus riche et à forte connotation guinéenne.
Dans ces mêmes bas-fonds on à pu observer à
proximité du relevé 4 un peuplement intéressant
d'Acacia holosericea dont le reflet argenté contraste bien avec
ce paysage verdoyant.
Dans la grande dépression de Darou Fal dont le fond est
plus ou moins plat, on note la prépondérance des espèces
comme Anacardium occidentale, Eucalyptus et Casuarina
equisetifolia dont l'agencement régulier en ligne droite trahit la
main de l'homme. Vers Darou Ndoye on peut apercevoir une plantation
dégradée d'Eucalyptus de 80 ha dont les individus sont
dans un état précaire.
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