2.7 Les limites de l'analyse des groupements par la
méthode différentielle
La comparaison de la composition floristique de
différents groupements d'un espace donné fait ressortir la
localisation ou la simple préférence de certaines espèces
pour des groupements particuliers. L'appartenance d'une espèce à
un groupement peut donc relever d'une raison évidente comme la nature du
biotope, les conditions hydrologiques ou d'une raison plus complexe liée
aux différentes espèces présentes dans le groupement
à leur taux de recouvrement respectif ou aux contraintes qu'elles
s'imposent les unes aux autres, bref à un ensemble de paramètres
difficilement mesurables.
Les groupements qui émergent de notre analyse
différentielle présentent naturellement quelques
incohérences liées essentiellement à l'action
réorganisatrice de l'homme qui perturbe les associations naturelles. En
raison de cette action anthropique et dans une autre mesure de la
mobilité des sables et de l'assèchement des nappes, les
associations qui se constituent peuvent être amputées d'un certain
nombre d'espèces ou au contraire enrichies de quelques unes. Ce qui
conduit le plus souvent à ne percevoir soit que des fragments
d'associations soit au contraire des groupements emboités les uns dans
les autres qu'une analyse plus affinée pourrait permettre de mettre en
évidence.
Les correspondances entre les groupements définis et
les unités topographiques qui ont été
considérées ne sont pas toujours indiscutables. A l'exception du
groupement I (tableau 5) dont les espèces semblent
préférer des secteurs dépressionnaires la plupart des
groupements s'accommodent, à un degré ou à un autre, des
variations topographiques. Cela peut s'expliquer en partie par le fait que la
surface retenue pour les placettes est relativement grande et que le plus
souvent les relevés étaient faits dans des espaces de transition
entre soit le bas-versant et le haut-versant soit entre le fond de la cuvette
et le bas-versant ou encore entre le sommet et le haut-versant.
L'analyse met en évidence une autre
réalité en montrant que la proximité géographique
n'est pas gage de similitude des relevés qui peuvent être
très dissemblables (même en considérant les mêmes
types d'unités topographiques) à l'intérieur d'un
même site et inversement très ressemblant malgré la
distance.
2.8 Les groupements23
Le groupement à Elaeis guineensis
essentiellement localisé dans les bas-fonds et les bas-versants
constitue la relique d'une végétation autrefois luxuriante qui a
tendance aujourd'hui à disparaître. Il est floristiquement et
physionomiquement facile à identifier. Le peuplement d'Elaeis
guineensis qui en est l'élément le plus
caractéristique conserve, malgré une forte pression, une bonne
vigueur dans les relevés 39-38 et 33 correspondant à la partie
méridionale de notre zone d'étude. Ce groupement forme le plus
souvent des galeries forestières dont les individus présentent
une bonne stature à l'exemple de Cocos nucifera, de
Borassus aethiopum ou encore d'Adansonia ou
d'Eucalyptus.
Le groupement à Acacia albida est ici
plus typique des sables dunaires mais il peut se rencontrer sur le bas-versant
lorsque la dénivellation n'est pas trop importante ou à
l'occasion d'un versant plat et allongé. Ce qui explique d'ailleurs
certaines de ses compagnes comme Mangifera, Azadirachta indica ou
même la présence accidentelle d'Elaeis guineensis comme
espèces occasionnelle.
Un découpage plus méticuleux de la matrice
d'analyse ferrait apparaître dans ce groupements deux unités de
niveau hiérarchique plus fins avec d'une part Piliostigma
reticulatum, Dichrostachys cinerea, Adansonia digitata, Calotropis
procera et Lawsonia inermis et d'autre part Tamarindus
indica, Acacia ataxacantha et pour faire la liaison entre les deux
sous-groupements Acacia albida. Ce dernier est ici une espèce
caractéristique exclusive du groupement, il n'apparaît dans les
autres que comme compagne et le plus souvent occasionnelle.
Le groupement à Parinari macrophylla
est ici celui qui a la plus large extension avec une préférence
toute fois pour les fonds de cuvettes asséchées. Le groupement
pourrait être caractérisé par Eucalyptus dont
l'abondance-dominance est nettement supérieure à celle de
Parinari (même si ce dernier est plus fréquent) mais en
raison de la difficulté de germination naturelle de cette essence nous
l'avons écarté pour designer le groupement. Elaeis
guineensis est dans cette association une espèce
différentielle puisqu'elle est très bien
représentée tout en étant caractéristique du
groupement I.
Le groupement à Maytenus senegalensis
montre par sa composition une certaine filiation avec le groupement à
Elaeis guineensis dont il semble être l'étape suivante
lorsque les conditions hydrologiques se dégradent. Cocos
nucifera et Mangifera indica qui sont également
caractéristiques du groupement à Elaeis font preuve ici
d'une vigueur intéressante en compagnie d'essences plus typiques des
conditions de déficit hydrique comme Acacia et
Parinari.
Il faut reconnaître dans cette analyse que, abstraction
faite des facteurs locaux, la dégradation par l'homme peut conduire
à la domination d'une espèce qui dans des conditions normales ne
tient qu'une place modeste.
En plus de cela l'analyse met en évidence un nombre
important d'espèces compagnes et un nombre encore plus
élevé d'espèces occasionnelles qui n'apparaissent qu'une
fois dans les relevés du groupement considéré. Mais en
appliquant à la fois les deux critères24
utilisés pour qualifier une espèce de «compagne «, on
se rend compte que seul trois espèces peuvent être
considérées comme telle ici : Borassus aethiopum, Adansonia
digitata et Calotropis
procera.
24 -Espèce présente dans un groupement
mais pas caractéristiques -Espèce fréquente dans tous les
groupements
Tableau 5: Groupements identifiés
GROUPEMENT
|
classe
I
|
classe II
|
classe III
|
classe IV
|
Relevés
|
2, 33, 9, 26, 38, 37, 28, 39, 36 ,4
|
40, 31, 25,3, 1, 10, 21, 12, 30
|
18, 23, 24, 27, 22, 8, 13, 16, 5
|
11, 14, 20, 19, 32, 29
|
Esp. Caractéristiques
|
Elaeis guineensis Mangifera
indica Cocos nucifera Ficus dicranostyla Azadirachta
indica Phyllanthus reticularus
|
Piliostigma reticulatum Dichrostachys
cinerea Acacia albida Tamarindus indica Acacia
ataxacantha
|
Eucalyptus camaldulensis Elaeis guineensis Anacardium
occidentale Parinari macrophylla
|
Cocos nucifera Mangifera indica Zizyphus
mucronata Maytenus senegalensis Parinari
macrophylla Citrus limon
|
Esp. compagne
|
Borassus aethiopum Capparis tomentosa Adansonia
digitata Calotropis procera Eucalyptus camaldulensis Zizyphus
mucronata
|
Adansonia digitata Lawsonia inermis Calotropis procera
Mangifera indica Capparis tomentosa Azadirachta indica Borassus
aethiopum
|
Borasus aethiopum Euphorbia balsamifera Balanites
aegyptiaca
Tamarindus indica Maytenus senegalensis
Adansonia digitata
|
Acacia albida Borassus aethiopum Elaeis
guineensis Calotropis procera
|
Esp. occasionnelles
|
Citrus limon Acacia albida Lawsonia
inermis Tamarindus indica Maytenus senegalensis
|
Elaeis guineensis Phyllanthus riticularus Citrus
limon Euphorbia balsamifera Balanites aegyptiaca Maytenus
senegalensis Parinari macrophylla Anacardium occidentale
|
Dichrostachys cinerea Ficus dicranostyla Zizyphus
mucronata Calotropis procera Acacia ataxacantha Piliostigma
reticulatum Acacia albida Lawsonia inermis
|
Piliostigma reticulatum Tamarindus
indica Dichrostachys cinerea Capparis tomentosa Eucalyptus
camaldulensis Euphorbia balsamifera Adansonia digitata
|
Environnement
|
Bas-versant Fond de cuvette
|
Sommet
Haut-versant Bas-versant
|
Haie
Haut-versant
Fond de cuvette Bas versant
|
Sommet
Haut-versant
Bas-versant
Fond de cuvette
|
|