Section 2 : Principales contraintes de la production
de l'échalote
Malgré les immenses potentialités dont dispose
le Mali, le développement de la production et de la filière de
l'échalote se heurte à un ensemble de contraintes dont les
principales se présentent comme suit :
2.1 Au niveau du m a i llon de l a p roduc t i on
· Faible disponibilité et coût
élevé des semences en début de campagne
maraîchère, difficultés d'accès au crédit
;
· Qualité douteuse et coût élève
des engrais. Les engrais disponibles sont généralement de
formulation destinée aux céréales et cultures
industrielles, les petits commerçants qui en assurent la distribution
sont des non professionnels de surcroît analphabètes (ignorant
provenance et formules etc.) ;
· Surproduction saisonnière ;
· Sous-équipement des producteurs, manque et/ou
insuffisance de formation, de suivi et d'appui conseil ;
· Insuffisance de personnel d'encadrement et manque de
moyens de travail au niveau des services techniques ;
·Dégradation et difficultés d'entretien
des infrastructures hydro agricoles (cas du plateau Dogon) d'où
réduction du temps de la disponibilité d'eau ;
· Inexistence ou insuffisance d'aménagements dans
beaucoup de zones propices ;
· Manque d'organisation des producteurs, le
maraîchage étant une activité essentiellement individuelle
etc....
2.2 Au niveau du m ai ll on c o n s e r va t io n / t r a
n s f o r m a t ion
· Inexistence d'infrastructures performantes et
adaptées de stockage et de conservation ;
· Très mauvaise qualité hygiénique et
sanitaire des produits issus des techniques traditionnelles de transformation
;
· Inexistence de technologies performantes et
adaptées de transformation / valorisation, ce qui aurait
contribué logiquement au développement de la production en amont
;
· Faible niveau d'organisation des producteurs /
transformateurs ;
· Faible niveau d'encadrement des producteurs/
transformateurs ;
2.3 Au niveau du maillon de la commercialisation
Il constitue à notre avis le maillon le plus important de
la filière. En effet, il est le trait d'union entre besoin (demande) et
offre (production). Il contribue donc au développement de ces deux
pôles constituant ses centres d'intérêt
(intérêt bipolaire).
Les principales contraintes au niveau de ce maillon sont :
· Inexistence de commerçants
spécialisés exclusivement dans la filière. En effet, s'il
existe de nombreux commerçants expérimentés dans la
filière traditionnelle de l'échalote (écoulement de
l'échalote fraîche et des produits de sa transformation
traditionnelle), en raison du caractère saisonnier et sensible
(périssable) de la production, son commerce ne constitue
l'activité principale continue d'aucun d'entre eux. Ceci est une
contrainte réelle à la fidélisation desdits
opérateurs saisonniers souvent opportunistes (n'étant
intéressés que lorsque le marché leur est favorable) ;
· Engorgement saisonnier des marchés engendrant
l'effondrement des prix ;
· Insuffisance d'infrastructures adaptées de
stockage au niveau des principaux centres de collecte et d'écoulement
des produits ;
·Éloignement, dispersion et /ou enclavement
des sites de production et des points (centres) de collecte. Ceci alourdit les
charges de commercialisation au détriment des producteurs en particulier
(bas prix aux producteurs) ;
· Insuffisance d'organisations au niveau des producteurs.
Il en découle une atomisation des offres au niveau des points primaires
de collecte (marchés hebdomadaires des zones de grande production) ;
· Sous-équipement des producteurs en moyens de
transport et défectuosité des pistes d'accès (quand elles
existent) aux points de collecte ;
· Méconnaissance des informations relatives aux
différents marchés d'écoulement (évolution des prix
des différents produits échalote sur les marchés nationaux
et sous régionaux évolution des stocks et de la demande par
nature de produit etc..) ;
· Inexistence d'une stratégie de régulation
du marché (réguler l'offre en fonction de la demande pour une
stabilisation optimale du prix) ;
· Inexistence d'un système adapté et
opérationnel de collecte et de diffusion d'information relatives aux
marchés nationaux et sous régionaux au profit des acteurs de la
filière ;
· Inexistence d'un cadre de concertation en vue de
l'instauration d'un partenariat loyal dynamique entre les différents
acteurs de la filière tant au niveau des principales zones de grande
production, qu'au niveau national et sous régional ;
· Inexistence d'emballages appropriés à un
bon marketing des produits échalotes et à leurs bonnes
conservations pendant le transport ;
· Inexistence d'un système de labellisation pouvant
permettre aux consommateurs d'apprécier la qualité et la zone de
provenance des différents produits etc. 2.4 Contraintes
inhérentes à tous les maillons
Certaines contraintes sont inhérentes à la
production, à la commercialisation, au transport et à la
recherche :
2.4.1 Difficultés d ' a ccê s à u
n cr é d i t a d a p t é :
« L'argent est le nerf de la guerre » dit un dicton.
En effet, aucune activité économique ne saurait se
développer sur un fond de contraintes financières.
2.4.2 Les p r o du c t e u r s :
paysans généralement pauvres, désorganisés et
analphabètes ont besoin d'intrants (importés et coûteux)
pour produire, d'équipements
et d'argent pour transformer et conserver, l'accès au
crédit leur est difficile ou impossible.
2.4.3 Le s c o m m e r ç a n ts :
Producteurs/commerçants pour la plupart et analphabètes, ils
n'ont pas une couverture financière suffisante. C e qui les oblige
à utiliser généralement la collecte des produits à
crédit auprès des producteurs qui devront attendre la vente
desdits produits (cas très répandu sur le plateau). Ceci est de
nature à aggraver la situation de précarité des
producteurs.
2.4.4 Le s t r a n s p o r t e u r s : L'utilisation de
véhicules vétuste constamment en panne avec les produits et la
pratique de transport mixte sont des indicateurs éloquents d'un manque
de moyens financiers de ces acteurs, mais aussi d'une attitude de « non
regard » ou de négligence des autorités vis-à-vis du
secteur des transports.
2.4.5 La r ec h e r c h e : Moteur
et phare de tout secteur de développement, la recherche est une
activité très coûteuse et de longue haleine que nos
États peuvent difficilement soutenir individuellement à hauteur
de souhait sans appuis extérieurs.
Malheureusement la disponibilité des partenaires
extérieurs à apporter ces appuis est liée à
l'intérêt que leurs industries pourraient tirer des
retombées des programmes de recherche à financer.
Donc, le développement des marchés africains au
profit des économies africaines et des peuples africains passe par une
conjugaison des efforts des Etats africains dans les domaines des
filières porteuses (à identifier et prioriser) par la
création de « fonds africain de recherche ».
Un tel fonds devra être ouvert aux industriels et
opérateurs économiques. Ainsi, on peut imaginer par exemple
« Le fonds Ouest Africain de Recherche » pour l'Espace CEDAO en vue
de financer des programmes de recherche pour le développement des
filières pertinentes et opportunes pour le marché sous
régional.
Section 3 : Les potentialités pour un
développement durable du maraichage
Elles ont déjà été suffisamment
évoquées. Si les chiffres de production présentés
sont des indicateurs éloquents des potentialités dont dispose le
Mali, il convient, en
raison de la batterie de contraintes évoquées
qu'ils engendrent une certaine sous- estimation des potentialités
réelles.
Si au Mali, à l'exception des zones des Offices, les
producteurs souffrent aujourd'hui du manque d'encadrement en raison des
contraintes déjà évoquées plus haut, des efforts
sont en cours en direction de certaines filières jugées porteuses
dont celle de l'échalote.
Conclusion sur l'étude
maraîchère
Cette étude a fait l'état des lieux de
l'échalote de la région de Mopti (potentialités,
contraintes, atouts et faiblesses, opportunités).
À la lumière de ce qui a été
développé tout au long de cette réflexion, nous pouvons
affirmer que les opportunités de développement du marché
de l'échalote à Bandiagara sont nombreuses. Il reste une
volonté politique réelle de les identifier, les étudier,
les sélectionner, les concevoir et mettre en oeuvre de véritables
programmes sous- régionaux de leur valorisation au profit des
populations et des économies des pays de cet espace.
Pour susciter cette volonté politique au niveau des
différents États, une véritable campagne de plaidoyer doit
être menée en direction de tous les acteurs clés du
développement:
- dirigeants politiques, institutions financières
nationales et /ou régionales, institutions de recherche et
universités, industriels etc....
Un consortium d'ONG à audience bien établie
pourrait être d'une grande utilité pour une telle entreprise qui
ne sera pas certainement des plus aisées.
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